Près des ruisseaux, près des cascades,
Dans les champs d'oliviers fleuris,
Sur les rochers, sous les arcades
Dont le temps sape les dΓ©bris,
Sous les murs du vieux monastère.
Dans le bois qu'aime le mystère,
Sous l'ombre du pin solitaire,
Sous le platane aux frais abris ;
A l'heure où, sous l'humble chaumière.
Le chevrier prend son repas,
A l'heure où brille la lumière,
A l'heure oΓΉ le jour ne luit pas ;
L'Γ©tΓ©, quand sous le vert ombrage
Tu viens t'asseoir après l'ouvrage :
L'hiver, par le froid, par l'orage ;
Toujours, partout, je suis tes pas.
Lorsque les cloches argentines
RΓ©veillent l'oiseau dans son nid,
C'est moi qui te suis Γ matines :
Et quand la prière finit.
Au sortir du temple gothique,
C'est moi qui vais sous le portique
T'offrir, suivant l'usage antique.
L'eau sainte et le rameau bΓ©nit.
Quand, vers la fin de la journΓ©e,
Tu vas près du saint tribunal,
Devant l'ermite prosternΓ©e.
Incliner ton front virginal,
C'est moi qui d'un air humble et tendre.
Quand l'AngΓ©lus s'est fait entendre,
Esclave assidu, vais t'attendre
Auprès du confessionnal.
Viens, je te dirai le cantique
Que je suis allΓ©, ce matin.
Choisir pour toi dans la boutique
D'un colporteur napolitain,
Et contre la dent meurtrière
Des loups errants dans la clairière,
Je t'apprendrai quelle prière
Il faut rΓ©citer en latin.
Je mettrai dans ton oratoire
Un missel Γ fermoirs dorΓ©s,
OΓΉ des moines ont peint l'histoire
De nos anciens livres sacrΓ©s ;
Des apΓ΄tres les douze images,
La bonne Vierge, et les trois Mages
Au Christ apportant leurs hommages,
Et baisant ses pieds adorΓ©s.
Oh, regarde-moi sans colère !
Promets-moi que tu m'aimeras :
Ne me dΓ©fends pas de te plaire,
Laisse-toi serrer dans mes bras !
Que cette froideur t'abandonne ;
A pΓ©chΓ© secret Dieu pardonne,
Et je mettrai sur ta madone
Le voile que tu quitteras.