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I.

Hélas ! que j'en ai vu mourir de jeunes filles !
C'est le destin. Il faut une proie au trépas.
Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles ;
Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles
Foulent des roses sous leurs pas.

Il faut que l'eau s'épuise à courir les vallées ;
Il faut que l'éclair brille, et brille peu d'instants,
Il faut qu'avril jaloux brûle de ses gelées
Le beau pommier, trop fier de ses fleurs étoilées,
Neige odorante du printemps.

Oui, c'est la vie. Après le jour, la nuit livide.
Après tout, le réveil, infernal ou divin.
Autour du grand banquet siège une foule avide ;
Mais bien des conviés laissent leur place vide.
Et se lèvent avant la fin.

II.

Que j'en ai vu mourir ! - L'une était rose et blanche ;
L'autre semblait ouïr de célestes accords ;
L'autre, faible, appuyait d'un bras son front qui penche,
Et, comme en s'envolant l'oiseau courbe la branche,
Son âme avait brisé son corps.

Une, pâle, égarée, en proie au noir délire,
Disait tout bas un nom dont nul ne se souvient ;
Une s'évanouit, comme un chant sur la lyre ;
Une autre en expirant avait le doux sourire
D'un jeune ange qui s'en revient.

Toutes fragiles fleurs, sitôt mortes que nées !
Alcyions engloutis avec leurs nids flottants !
Colombes, que le ciel au monde avait données !
Qui, de grâce, et d'enfance, et d'amour couronnées,
Comptaient leurs ans par les printemps !

Quoi, mortes ! quoi, déjà, sous la pierre couchées !
Quoi ! tant d'êtres charmants sans regard et sans voix !
Tant de flambeaux éteints ! tant de fleurs arrachées !...
Oh ! laissez-moi fouler les feuilles desséchées,
Et m'égarer au fond des bois !

Deux fantômes ! c'est là, quand je rêve dans l'ombre,
Qu'ils viennent tour à tour m'entendre et me parler.
Un jour douteux me montre et me cache leur nombre.
A travers les rameaux et le feuillage sombre
Je vois leurs yeux étinceler.

Mon âme est une sœur pour ces ombres si belles.
La vie et le tombeau pour nous n'ont plus de loi.
Tantôt j'aide leurs pas, tantôt je prends leurs ailes.
Vision ineffable où je suis mort comme elles,
Elles, vivantes comme moi !

Elles prêtent leur forme à toutes mes pensées.
Je les vois ! je les vois ! Elles me disent : Viens !
Puis autour d'un tombeau dansent entrelacées ;
Puis s'en vont lentement, par degrés éclipsées.
Alors je songe et me souviens...

III.

Une surtout. - Un ange, une jeune espagnole !
Blanches mains, sein gonflé de soupirs innocents,
Un œil noir, où luisaient des regards de créole,
Et ce charme inconnu, cette fraîche auréole
Qui couronne un front de quinze ans !

Non, ce n'est point d'amour qu'elle est morte : pour elle,
L'amour n'avait encor ni plaisirs ni combats ;
Rien ne faisait encor battre son cœur rebelle ;
Quand tous en la voyant s'écriaient : Qu'elle est belle !
Nul ne le lui disait tout bas.

Elle aimait trop le bal, c'est ce qui l'a tuée.
Le bal éblouissant ! le bal délicieux !
Sa cendre encor frémit, doucement remuée,
Quand, dans la nuit sereine, une blanche nuée
Danse autour du croissant des cieux.

Elle aimait trop le bal. - Quand venait une fête,
Elle y pensait trois jours, trois nuits elle en rêvait,
Et femmes, musiciens, danseurs que rien n'arrête,
Venaient, dans son sommeil, troublant sa jeune tête,
Rire et bruire à son chevet.

Puis c'étaient des bijoux, des colliers, des merveilles !
Des ceintures de moire aux ondoyants reflets ;
Des tissus plus légers que des ailes d'abeilles ;
Des festons, des rubans, à remplir des corbeilles ;
Des fleurs, à payer un palais !

La fête commencée, avec ses sœurs rieuses
Elle accourait, froissant l'éventail sous ses doigts,
Puis s'asseyait parmi les écharpes soyeuses,
Et son cœur éclatait en fanfares joyeuses,
Avec l'orchestre aux mille voix.

C'était plaisir de voir danser la jeune fille !
Sa basquine agitait ses paillettes d'azur ;
Ses grands yeux noirs brillaient sous la noire mantille.
Telle une double étoile au front des nuits scintille
Sous les plis d'un nuage obscur.

Tout en elle était danse, et rire, et folle joie.
Enfant ! - Nous l'admirions dans nos tristes loisirs ;
Car ce n'est point au bal que le cœur se déploie,
La centre y vole autour des tuniques de soie,
L'ennui sombre autour des plaisirs.

Mais elle, par la valse ou la ronde emportée,
Volait, et revenait, et ne respirait pas,
Et s'enivrait des sons de la flûte vantée,
Des fleurs, des lustres d'or, de la fête enchantée,
Du bruit des vois, du bruit des pas.

Quel bonheur de bondir, éperdue, en la foule,
De sentir par le bal ses sens multipliés,
Et de ne pas savoir si dans la nue on roule,
Si l'on chasse en fuyant la terre, ou si l'on foule
Un flot tournoyant sous ses pieds !

Mais hélas ! il fallait, quand l'aube était venue,
Partir, attendre au seuil le manteau de satin.
C'est alors que souvent la danseuse ingénue
Sentit en frissonnant sur son épaule nue
Glisser le souffle du matin.

Quels tristes lendemains laisse le bal folâtre !
Adieu parure, et danse, et rires enfantins !
Aux chansons succédait la toux opiniâtre,
Au plaisir rose et frais la fièvre au teint bleuâtre,
Aux yeux brillants les yeux éteints.

IV.

Elle est morte. - A quinze ans, belle, heureuse, adorée !
Morte au sortir d'un bal qui nous mit tous en deuil.
Morte, hélas ! et des bras d'une mère égarée
La mort aux froides mains la prit toute parée,
Pour l'endormir dans le cercueil.

Pour danser d'autres bals elle était encor prête,
Tant la mort fut pressée à prendre un corps si beau !
Et ces roses d'un jour qui couronnaient sa tête,
Qui s'épanouissaient la veille en une fête,
Se fanèrent dans un tombeau.

V.

Sa pauvre mère ! - hélas ! de son sort ignorante,
Avoir mis tant d'amour sur ce frêle roseau,
Et si longtemps veillé son enfance souffrante,
Et passé tant de nuits à l'endormir pleurante
Toute petite en son berceau !

A quoi bon ? - Maintenant la jeune trépassée,
Sous le plomb du cercueil, livide, en proie au ver,
Dort ; et si, dans la tombe où nous l'avons laissée,
Quelque fête des morts la réveille glacée,
Par une belle nuit d'hiver,

Un spectre au rire affreux à sa morne toilette
Préside au lieu de mère, et lui dit : Il est temps !
Et, glaçant d'un baiser sa lèvre violette,
Passe les doigts noueux de sa main de squelette
Sous ses cheveux longs et flottants.

Puis, tremblante, il la mène à la danse fatale,
Au chœur aérien dans l'ombre voltigeant ;
Et sur l'horizon gris la lune est large et pâle,
Et l'arc-en-ciel des nuits teint d'un reflet d'opale
Le nuage aux franges d'argent.

VI.

Vous toutes qu'à ses jeux le bal riant convie,
Pensez à l'espagnole éteinte sans retour,
Jeunes filles ! Joyeuse, et d'une main ravie,
Elle allait moissonnant les roses de la vie,
Beauté, plaisir, jeunesse, amour !

La pauvre enfant, de fête en fête promenée,
De ce bouquet charmant arrangeait les couleurs ;
Mais qu'elle a passé vite, hélas ! l'infortunée !
Ainsi qu'Ophélia par le fleuve entraînée,
Elle est morte en cueillant des fleurs !

Avril 1828.

The breeze made an impression through the night
That of a warrior back from a fight
The place all glorious by its precious presence
The winds had no say tonight
The breeze was gentle
Tenderly it spoke to the million leaves
The street lights glimmered
The crickets sung their song
Like the jingling anklets of a danseuse
On a musical night

🌿🌿🌿🌿
Written 31st July
I was never told
To behold

The tears
Carrying all my fears

To let them flow
For the glow

To pay the price
For snatching the prize

To let someone die
On the mere roll of the die

I was never told
To behold

The dance of the fairies
Amongst fires in the prairies

Of the sacrifice
For the fool’s paradise

I was never told
To behold

The danseuse death
In her fight with fate

The glory bequeath
With the fory dead

I was never told

To prepare myself
To fight herself

To wrench my prize
From someone her size

I was never told
To behold

People’s fate
In someone’s gait

To let the decision
Be forsaken of vision

I was never told
To behold

The dance of the dead
As if they had never bled

Their waking up again
Out of deign not disdain

I was never told
To behold

The history being rewritten
And the mysteries being smitten..
I was never told.
Bilal Kaci Dec 2013
I put a cigarette between my teeth
While Hundreds of bats soared
Through the Brick wall corridors
Through the strobe of flashing signs
  “Danseuse nu”
And so I cupped my hands
Before my puckered lips
Shielding the dancing flame
As though it were an infant
Shivering in the wind
I am nocturnal as well
But I do not fly
Nor do I screech through the restless night
I watch, oh I watch
*And I write
Lately writing has been so ******* hard. ive got no motivation what so ever :(. I am not too proud of this but i decided to post it anyways
© 2013 Bilal Kaci (All rights reserved)
The energy of red and happiness of yellow combined
Light orange spilled on the pale blue sky

Tender green leaves, on brown twigs
Like  
Pretty fingers of a danseuse, striking a pose

Magnificent hotel Taj Mahal Palace
Ever so resplendent
Stands tall

Life passes by
A moment captured on lens
K Balachandran Dec 2011
1
Water lilies remembered her
as one of them, lotus buds nodded, jealousy set  thick in their eyes
her fingers were white lily buds
she balanced on the big, smooth, round
pebble stones, like a danseuse in an
under water ballet,you are buoyant here than anywhere,
as if you live a life after death
your bodies pale and water caressed, create an illusion of 'unliving'
2.
she tickled my skin-
goosebumps  appeared allover
as small bubbles going up..up till they burst above water
I can't forget her first  kiss , underwater
my lungs were filled with her feminine fragrance like  smoke of cannabis
an experience that sizzled the water, never to forget
(even if she would never come back from the unfathomable  love, water gives)
                                         3
                    I was naked, she too, like a lily in bloom that was raveling in love
                    as if it was the last season we had
                    she was magic in body and soul
                    I peeped in to the limitless with her entangling me and at the end,
                   I saw  halo around her pointed  *******,
                   that have become lotus buds.
                   I couldn't take my eyes off them
after the magical transformation.
                   The lake was totally out of the world
                    the mossy patch between her legs
                   had a fluorescent glow intermittent,
                   she was transforming every minute in to  a form of water life, I understood.
                   like a fish, coral, moss or water plant
                   I , for my dismay remained as before; nothing was to be done about it,
                   like many of the things brought change in a person's life.
                                             4.
                                                      Sun, in the voice of light
                                                      calle­d us from above,
                                                      his pranks tickled her and me
                                                       like ghosts of dead women,
                                                        fo­und their watery grave here,
                                                       we played with tortoises and frogs
                                                       made for us crowns with algae and water flowers.
                                                        ­                   5
                                                       A silvery  snake, thin, with some intent
                                                       coiled around her narrow waist.
                                                       eyes in its sharp pointed head,
                                                      inten­tly looked in to mine.
                                                      she was  now a dolphin without fins
                                                       then,  I received waves of clear foreboding
                                                      ­ time to return to the shores, I tried to tell
                                                      but massive sheets of water ate my muffled words!
                                                      Swim­ming up a water column, she smiled that detached smile
                                                      alrea­dy, she was a mermaid , I could see
                                                      I stammered"You..promised..
                                       ­                                      to come back..
                                                          ­                   we have promises to keep,
                                                           ­                  that we exchanged..."
                                                   ­   Under water time runs in a way we can't understand
                                                      ­one becomes a flow, one with altered time..
                                                       she was just a glow in the depth when I saw her last.
                                                          O­
my timid tournefortia,
whose peripatetic scent matadors
the mad men.
whose laughter veers away the impossible,
of whose flame will gander
like flotsam in a sea of aloneness,
you are a danseuse in the
misty moonlight.

     perpetual in the night illume,
    perched in the deepness of
      sad walls calling out the
   azure. my little tournefortia,
      it was such joy to have lived
   when you have blossomed.

--- as all flowers go, you too, have gone - flagrant grows regard, like a prancing flame
    of blue my eyes are frantic and
    anew --- i seek new flowers.
it is not the tier of enmeshed leaves
nor the zither of green. none is their duty
to discover the lunar hook of moon.
   — the old bamboo is the mistral
danseuse tonight.

whatever the etcetera
of it, whatever the birds demand from it.
a sling of breath is far-flung into the sky
announcing merriment before the child
beheads the tulip,
      before the creature chokes the pistil,
        before the light enters slow-churn
           of synthesis.
  
  hearing the giggling of bush in
  the mire of wind, heaving in all kinds
  of sleep, the children, the weather,
    together; synapses drunk in translation
  and we feel no longer the secret
    of a guerrilla behind the foliage.

  it is only the heraldry of the world
  when the morning unclips its wing,
  as monsoons continue their bushwhack
  amongst petty citations.
          past oceans gleaming and
    away from hills dreaming —  by the
river, dead of heart, riveting silence
    of land, past the battered bridge in Marilao tracing deathlier waters,
  
         all gone in recall, something
i scour to find only pining away from
scarcity of remember. it is never their
    duty to bring back its image
  to dance with me again.
JP Goss Sep 2014
Esoteria, this marble body wrought of burden
Of the Halcyon days, breathéd in these coarser ways
I peer rapture ‘pon the retina at what you sought
And won to capture.

I see my kind and its soul in artful craft and oil
Marvel at an author’s hand the suffuse horror
Beauty demands. How fickle the smoke of
Inspiration. My torture scratched half on leaf

Come as these came, fleeing we for it Eden
Burned and pacified this trembling hand needn’t pacify
The true desire of my own a prize for heart
‘gainst, I know the pillar lone.

So ebb and flow melancholia go, ‘twas that despair
Walked hand-in-hand down the ****** gates, no worse
For wear, that belle danseuse undone and bare
Morose lines drawn away in the scope of stare.

My future was so painted thus, these seconds were
A stronger pulse, no stranger to my wicked book
But I know difference; set I to find the charm and
Awe her radiance inspired.

Lo, it was not painting nor poetics, but the hand
Sleepy eyes, such confound this tongue and scene
Pathetic—this waylayer of my woe escaped
With the point of her toe, blind to things as I and drapes.

More joyous I couldn’t be, before aesthetics
As such let be and seeking to seek her out
As fiction demands content, I stay devout
Between pillar lone and the crashing wave of dreams

Come pouring forth. Shall I mar this angel,
Crestfallen, who, nay, suffers for awe?
Yes, I must for fear of my echo’s mate so cherished
Is fate for beauty so raw in moment’s time I’ll speak of love.

Her gaze is passed from room to wall as a spectre,
I, unseen and all, reach out, frozen as David to
Frustrate a period in done, unfinished verse
Still climbing, but to now a leveled curse.

‘T’is fitting a hand as mine would rightly ruin
No eye, nor brain, nor mouth a cage, my hex
An artist seeks Elysium so truth to coincide—
I’m vexed—as love and word step from my life
In tow, they from the page.

Perhaps even these can’t sustain the ecstacies
Ecstacies of the unlovely as I at portrait’s gaze
Stand and profane a sacred she or there,
Genius in the gallery still prey for Esoteria.
La doulour exiquise
Definition: the heart-wrenching pain of wanting someone you know you cannot have. This concept operates on two levels in this poem.
staring into the warm void this evening
i take my place within jarring volitions.

thought is volatile. a mason strikes
metal, revealing its malleability.

there is treason in thought of geography;
i will shatter the mooring and find myself

something the fluting wind is the muse
and echoing quiet, a ripple from stone-skip.

the next place to go is the beginning
stemming from a concatenation of ruins.

the thinning visage of masses crossing
the streets wary of collisions

is something realer than the wounded glaze
of asphalt and the mirage that goes along

tiptoeing like a danseuse through shards
of incandescent figures. fumes. sprawls.

untouched virgins. tacit stones. doves
perching on powerlines nestled like youth

suckling mothers. fathers facing telegraphs
and the sure machine of dearth.

stasis of peregrinations. peripatetic
crush of imminent homes.

this is to assuage its call, from nowhere
arrives the next train to Kamuning,

disappearing in a plethora of arms
sequined by sweat under the swelter of planets

unfurling a bent axis of tragedies. we are
fraternized to tracks, unyielding distances,

makeshift solaces serial, benign, tenured.
   belonging. unbelonging.

our destination: an impending sojourn,
   the verdigris taking form.
Fisherman’s net spread
No shoals
Transparent its soul, shiny sheen
The ocean dances to a rhythm known
Its own
Eclectic muse
Moves like a danseuse
Like the flowers in spring
Under the morning sun
Luminous
The ocean swells
Scattering gems
Sparkling diamonds
Embers of sapphire
Slivers of gold
Secrets of the ocean
Never held
Sunrise to sunset
Serendipitous moments
Gently unfold
Was inspired by the music and the sea

https://www.facebook.com/share/v/Qv7uF5kW34Fx3Ezh/?mibextid=CTbP7E
chimaera Mar 2015
frozen flow in
walls of liquid ice

my hands
whose hands

time in tip toes
round and round

musical box
turned over

the tin soldier
sails his boat

steadfastly
for a danseuse

mirrors shed
who i see
9.3.2015
00:47
Vanessa Johnston Dec 2020
Promène-moi au long du fleuve
Inonde-moi à la rive
La reliure du livre,
Mainte fois épanoui comme
L'envergure d'une danseuse,
Déchirée par la pluie

Interpelle mon nom
Sur tes lèvres noyés,
et que je ne manque le chaos qui
m'attendait d'ailleurs, hier soir

Hommage d'un papillon,
Choyé par la lueur clignotante,
Un mensonge, une trahison atroce
Que quiconque n'essaie de dévorer ma démise

Je ne suis que vent, tempête, ouragan
Une bête ensorcelée,
Éternelle à la douleur

Puisse que tenace de jeunesse,
Et crise de nulle part,
Nous entrelace les mains dans la terre
Faites que je me retrouve six pieds sous la mer

Perdre sa langue,
Que sois chose plus pire
Que perdre sa voix,
Et ne plus pouvoir dormir

Toute qu'une brume
Triomphant l'aube, et
La chair de mon sang
Aussi fatal que le sifflement,
Le sifflement du vent
J'aime le carillon dans tes cités antiques,
Ô vieux pays gardien de tes moeurs domestiques,
Noble Flandre, où le Nord se réchauffe engourdi
Au soleil de Castille et s'accouple au Midi !
Le carillon, c'est l'heure inattendue et folle,
Que l'oeil croit voir, vêtue en danseuse espagnole,
Apparaître soudain par le trou vif et clair
Que ferait en s'ouvrant une porte de l'air.
Elle vient, secouant sur les toits léthargiques
Son tablier d'argent plein de notes magiques,
Réveillant sans pitié les dormeurs ennuyeux,
Sautant à petits pas comme un oiseau joyeux,
Vibrant, ainsi qu'un dard qui tremble dans la cible ;
Par un frêle escalier de cristal invisible,
Effarée et dansante, elle descend des cieux ;
Et l'esprit, ce veilleur fait d'oreilles et d'yeux,
Tandis qu'elle va, vient, monte et descend encore,
Entend de marche en marche errer son pied sonore !

Malines, août 1837.
Une fois, une seule, aimable et douce femme,
A mon bras votre bras poli
S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme
Ce souvenir n'est point pâli) ;

Il était **** ; ainsi qu'une médaille neuve
La pleine lune s'étalait,
Et la solennité de la nuit, comme un fleuve,
Sur Paris dormant ruisselait.

Et le long des maisons, sous les portes cochères,
Des chats passaient furtivement,
L'oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,
Nous accompagnaient lentement.

Tout à coup, au milieu de l'intimité libre
Éclose à la pâle clarté,
De vous, riche et sonore instrument où ne vibre
Que la radieuse gaieté,

De vous, claire et joyeuse ainsi qu'une fanfare
Dans le matin étincelant,
Une note plaintive, une note bizarre
S'échappa, tout en chancelant

Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde,
Dont sa famille rougirait,
Et qu'elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,
Dans un caveau mise au secret.

Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde :
" Que rien ici-bas n'est certain,
Et que toujours, avec quelque soin qu'il se farde,
Se trahit l'égoïsme humain ;

Que c'est un dur métier que d'être belle femme,
Et que c'est le travail banal
De la danseuse folle et froide qui se pâme
Dans un sourire machinal ;

Que bâtir sur les coeurs est une chose sotte ;
Que tout craque, amour et beauté,
Jusqu'à ce que l'Oubli les jette dans sa hotte
Pour les rendre à l'Éternité ! "

J'ai souvent évoqué cette lune enchantée,
Ce silence et cette langueur,
Et cette confidence horrible chuchotée
Au confessionnal du coeur.

— The End —