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Paul d'Aubin Mar 2017
« Des Hommes prophétiques en face de leurs époques face à la souffrance causée par les périodes de réaction et de reflux »

(Relation d’une conférence donnée le 13 janvier 1940 à Toulouse par Silvio Trentin sur le principal Poète romantique Italien Giacomo Leopardi)

Prélude à une commémoration

C'est à la bibliothèque interuniversitaire de l’Université de Toulouse-Capitole alors que je me plongeais avec ferveur dans la lecture des ouvrages sur les « fuorusciti » (appellation donnée aux exilés politiques Italiens) que je découvris un opuscule de 118 pages, issue d'une conférence prononcée à Toulouse, le 13 janvier 1940 devant le « Cercle des intellectuels Républicains espagnols » par Silvio Trentin. Cette conférence fut prononcée avec la gorge nouée, devant un public d'intellectuels espagnols et catalans, la plupart exilés depuis 1939, et quelques-uns de leurs amis toulousains non mobilisés.
L'intense gravité du moment ne les empêchait pas de partager une ferveur commune ce haut moment de culture la culture Européenne intitulée par Silvio Trentin : « D’un poète qui nous permettra de retrouver l'Italie Giacomo Leopardi »
L'émotion fut grande pour moi car cet ouvrage me parut comme le frêle esquif rescapé d'un temps de défaites, de souffrances, rendu perceptible par le crépitement des balles de mitrailleuses, des explosions d’obus s'abattant sur des soldats républicains écrasés par la supériorité des armes et condamnés à la défaite par le mol et lâche abandon des diplomaties. Silvio Trentin avait gravé dans sa mémoire des images récentes qui n'avaient rien à envier aux tableaux grimaçants de nouveaux Goya. Il avait tant vu d'images d'avions larguant leurs bombes sur les populations terrifiées et embraser les charniers de Guernica. Il venait de voir passer les longues files de civils, toujours harassés, souvent blessés, emportant leurs rares biens ainsi que les soldats vaincus mais fiers de «la Retirada ». Il venait de visiter ces soldats dont parmi eux bon nombre de ses amis de combat, parqués sommairement dans des camps d'infortune.
Ces Catalans et Espagnols, qui s'étaient battus jusqu'au bout des privations et des souffrances endurées, étaient comme écrasés par le sentiment d'avoir été laissés presque seuls à lutter contre les fascismes, unis et comme pétrifiés par un destin d'injustice et d'amertume.
Mais ces premiers déchainements impunis d'injustices et de violences avaient comme ouverts la porte aux «trois furies» de la mythologie grecque et une semaine exactement après la conclusion du pacte de non-agression germano-soviétique, signé le 23 août 1939, par Molotov et Ribbentrop, les troupes allemandes se jetaient, dès le 1er septembre, sur la Pologne qu'elles écrasaient sous le nombre des stukas et des chars, en raison ce que le Général de Gaulle nomma ultérieurement « une force mécanique supérieure».
Une armée héroïque, mais bien moins puissante, était défaite. Et il ne nous en reste en guise de témoignage dérisoire que les images du cinéaste Andrei Wajda, nous montrant de jeunes cavaliers munis de lances se rendant au combat, à cheval, à la fin de cet été 1939, images d'une fallacieuse et vénéneuse beauté. Staline rendu avide par ce festin de peuples attaqua la Finlande, un mois après, le 30 septembre 1940, après s'être partagé, avec l'Allemagne hitlérienne, une partie de la Pologne. Depuis lors la « drôle de guerre » semblait en suspension, attendant pétrifiée dans rien faire les actes suivants de la tragédie européenne.

- Qu'est ce qui pouvait amener Silvio Trentin en ces jours de tragédie, à sacrifier à l'exercice d'une conférence donnée sur un poète italien né en 1798, plus d'un siècle avant ce nouvel embrasement de l'Europe qui mourut, si jeune, à trente-neuf ans ?
- Comment se fait-il que le juriste antifasciste exilé et le libraire militant devenu toulousain d'adoption, plus habitué à porter son éloquence reconnue dans les meetings organisés à Toulouse en soutien au Front à s'exprimer devant un cercle prestigieux de lettrés, comme pour magnifier la poésie même parmi ses sœurs et frères d'armes et de malheurs partagés ?
I °) L’opposition de tempéraments de Silvio Trentin et Giacomo Leopardi
L'intérêt porté par Silvio Trentin aux textes de Percy Shelley et au geste héroïco-romantique du poète Lauro de Bosis qui dépeignit dans son dernier texte le choix de sa mort héroïque pourrait nous laisser penser que le choix, en 1940, de Giacomo Leopardi comme sujet de médiation, s'inscrivait aussi dans une filiation romantique. Certes il y a bien entre ces deux personnalités si différentes que sont Giacomo Leopardi et Silvio Trentin une même imprégnation romantique. Le critique littéraire hors pair que fut Sainte-Beuve ne s'y est pourtant pas trompé. Dans l'un des premiers portraits faits en France de Leopardi, en 1844, dans la ***** des deux Mondes, Sainte-Beuve considère comme Leopardi comme un « Ancien » : (...) Brutus comme le dernier des anciens, mais c'est bien lui qui l'est. Il est triste comme un Ancien venu trop **** (...) Leopardi était né pour être positivement un Ancien, un homme de la Grèce héroïque ou de la Rome libre. »
Giacomo Leopardi vit au moment du plein essor du romantisme qui apparaît comme une réaction contre le formalisme de la pâle copie de l'Antique, de la sécheresse de la seule raison et de l'occultation de la sensibilité frémissante de la nature et des êtres. Mais s'il partage pleinement les obsessions des écrivains et poètes contemporains romantiques pour les héros solitaires, les lieux déserts, les femmes inaccessibles et la mort, Leopardi, rejette l'idée du salut par la religion et tout ce qui lui apparaît comme lié à l'esprit de réaction en se plaignant amèrement du caractère étroitement provincial et borné de ce qu'il nomme « l’aborrito e inabitabile Recanati ». En fait, la synthèse de Giacomo Leopardi est bien différente des conceptions d'un moyen âge idéalisé des romantiques. Elle s'efforce de dépasser le simple rationalisme à l'optimisme naïf, mais ne renie jamais l'aspiration aux « Lumières » qui correspond pour lui à sa passion tumultueuse pour les sciences. Il s'efforce, toutefois, comme par deux ponts dressés au travers de l'abime qui séparent les cultures et les passions de siècles si différents, de relier les idéaux des Antiques que sont le courage civique et la vertu avec les feux de la connaissance que viennent d'attiser les encyclopédistes. A cet effort de confluence des vertus des langues antiques et des sciences nouvelles se mêle une recherche constante de la lucidité qui le tient toujours comme oscillant sur les chemins escarpés de désillusions et aussi du rejet des espoirs fallacieux dans de nouvelles espérances d'un salut terrestre.
De même Silvio Trentin, de par sa haute formation juridique et son engagement constant dans les tragédies et péripéties quotidienne du militantisme, est **** du secours de la religion et de toute forme d'idéalisation du passé. Silvio Trentin reste pleinement un homme de progrès et d'idéal socialiste fortement teinté d'esprit libertaire pris à revers par la barbarie d'un siècle qui s'ouvre par la première guerre mondiale et la lutte inexpiable engagée entre la réaction des fascismes contre l'esprit des Lumières.
Mais, au-delà d'un parcours de vie très éloigné et d'un pessimisme historique premier et presque fondateur chez Leopardi qui l'oppose à l'obstination civique et démocratique de Silvio Trentin qui va jusqu'à prôner une utopie sociétale fondée sur l'autonomie, deux sentiments forts et des aspirations communes les font se rejoindre.

II °) Le même partage des désillusions et de la douleur :
Ce qui relie les existences si différentes de Giacomo Leopardi et de Silvio Trentin c'est une même expérience existentielle de la désillusion et de la douleur. Elle plonge ses racines chez Giacomo Leopardi dans une vie tronquée et comme recroquevillée par la maladie et un sentiment d'enfermement. Chez Silvio Trentin, c'est l'expérience historique même de la première moitié du vingtième siècle dont il est un des acteurs engagés qui provoque, non pas la désillusion, mais le constat lucide d'un terrible reflux historique qui culmine jusqu'à la chute de Mussolini et d'Hilter. A partir de retour dans sa patrie, le 4 septembre 1943, Silvio Trentin débute une période de cinq jours de vie intense et fiévreuse emplie de liberté et de bonheur, avant de devoir replonger dans la clandestinité, en raison de la prise de contrôle du Nord et du centre de l'Italie par l'armée allemande et ses alliés fascistes. Bien entendu il n'y a rien de comparable en horreur entre le sentiment d'un reflux des illusions causé par l'échec historique de la Révolution française et de son héritier infidèle l'Empire et le climat de réaction qui suit le congrès de Vienne et la violence implacable qui se déchaine en Europe en réaction à la tragédie de la première mondiale et à la Révolution bolchevique.


III °) Le partage de la souffrance par deux Esprits dissemblables :
Silvio Trentin retrace bien le climat commun des deux périodes : « Son œuvre se situe bien (...) dans cette Europe de la deuxième décade du XIXe siècle qui voit s'éteindre les dernières flammèches de la Grand Révolution et s'écrouler, dans un fracas de ruines, la folle aventure tentée par Bonaparte et se dresser impitoyablement sur son corps, à l'aide des baïonnettes et des potences, les solides piliers que la Sainte Alliance vient d'établir à Vienne. »
C'est donc durant deux périodes de reflux qu'ont vécu Giacomo Leopardi et Silvio Trentin avec pour effet d'entrainer la diffusion d'un grand pessimisme historique surtout parmi celles et ceux dont le tempérament et le métier est de penser et de décrire leur époque. Silvio Trentin a vu démocratie être progressivement étouffée, de 1922 à 1924, puis à partir de 1926, être brutalement écrasée en Italie. En 1933, il assisté à l'accession au gouvernement d'****** et à l'installation rapide d'un pouvoir impitoyable ouvrant des camps de concentration pour ses opposants et mettant en œuvre un antisémitisme d'Etat qui va basculer dans l'horreur. Il a personnellement observé, puis secouru, les républicains espagnols et catalans si peu aidés qu'ils ont fini par ployer sous les armes des dictatures fascistes, lesquelles ne ménagèrent jamais leurs appuis, argent, et armes et à leur allié Franco et à la « vieille Espagne ». Il a dû assurer personnellement la pénible tâche d'honorer ses amis tués, comme l'avocat républicain, Mario Angeloni, le socialiste Fernando de Rosa, son camarade de « Giustizia e Libertà », Libero Battistelli. Il a assisté à l'assassinat en France même de l'économiste Carlo Rosselli qui était son ami et qu'il estimait entre tous.

IV °) Sur le caractère de refuge ultime de la Poésie :
Silvio Trentin laisse percer la sensibilité et l'esprit d'un être sensible face aux inévitables limites des arts et techniques mises au service de l'émancipation humaine. A chaque époque pèsent sur les êtres humains les plus généreux les limites inévitables de toute création bridée par les préjugés, les égoïsmes et les peurs. Alors la poésie vient offrir à celles et ceux qui en souffrent le plus, une consolation et leur offre un univers largement ouvert à la magie créatrice des mots ou il n'est d'autres bornes que celles de la liberté et la créativité. C'est ce qui nous permet de comprendre qu'au temps où l'Espagne brulait et ou l'Europe se préparait à vivre l'une des époques les plus sombres de l'humanité, la fragile cohorte des poètes, tels Rafael Alberti, Juan Ramon Jiménez, Federico Garcia Lorca et Antonio Machado s'engagea comme les ruisseaux vont à la mer, aux côtés des peuples et des classes opprimées. Parmi les plus nobles et les plus valeureux des politiques, ceux qui ne se satisfont pas des effets de tribune ou des honneurs précaires, la poésie leur devient parfois indispensable ainsi que formule Silvio Trentin :
« [...] si la poésie est utile aux peuples libres, [...] elle est, en quelque sorte, indispensable — ainsi que l'oxygène aux êtres que menace l'asphyxie — aux peuples pour qui la liberté est encore un bien à conquérir] « [...] La poésie s'adresse aussi "à ceux parmi les hommes [...] qui ont fait l'expérience cruelle de la déception et de la douleur».
Le 16 03 2017 écrit par Paul Arrighi
I


Mon Dieu m'a dit : Mon fils, il faut m'aimer. Tu vois

Mon flanc percé, mon cœur qui rayonne et qui saigne,

Et mes pieds offensés que Madeleine baigne

De larmes, et mes bras douloureux sous le poids


De tes péchés, et mes mains ! Et tu vois la croix,

Tu vois les clous, le fiel, l'éponge et tout t'enseigne

À n'aimer, en ce monde où la chair règne.

Que ma Chair et mon Sang, ma parole et ma voix.


Ne t'ai-je pas aimé jusqu'à la mort moi-même,

Mon frère en mon Père, ô mon fils en l'Esprit,

Et n'ai-je pas souffert, comme c'était écrit ?


N'ai-je pas sangloté ton angoisse suprême

Et n'ai-je pas sué la sueur de tes nuits,

Lamentable ami qui me cherches où je suis ? »


II


J'ai répondu : Seigneur, vous avez dit mon âme.

C'est vrai que je vous cherche et ne vous trouve pas.

Mais vous aimer ! Voyez comme je suis en bas,

Vous dont l'amour toujours monte comme la flamme.


Vous, la source de paix que toute soif réclame,

Hélas ! Voyez un peu mes tristes combats !

Oserai-je adorer la trace de vos pas,

Sur ces genoux saignants d'un rampement infâme ?


Et pourtant je vous cherche en longs tâtonnements,

Je voudrais que votre ombre au moins vêtît ma houle,

Mais vous n'avez pas d'ombre, ô vous dont l'amour monte,


Ô vous, fontaine calme, amère aux seuls amants

De leur damnation, ô vous toute lumière

Sauf aux yeux dont un lourd baiser tient la paupière !


III


- Il faut m'aimer ! Je suis l'universel Baiser,

Je suis cette paupière et je suis cette lèvre

Dont tu parles, ô cher malade, et cette fièvre

Qui t'agite, c'est moi toujours ! il faut oser


M'aimer ! Oui, mon amour monte sans biaiser

Jusqu'où ne grimpe pas ton pauvre amour de chèvre,

Et t'emportera, comme un aigle vole un lièvre,

Vers des serpolets qu'un ciel cher vient arroser.


Ô ma nuit claire ! Ô tes yeux dans mon clair de lune !

Ô ce lit de lumière et d'eau parmi la brune !

Toute celle innocence et tout ce reposoir !


Aime-moi ! Ces deux mots sont mes verbes suprêmes,

Car étant ton Dieu tout-puissant, Je peux vouloir,

Mais je ne veux d'abord que pouvoir que tu m'aimes.


IV


- Seigneur, c'est trop ? Vraiment je n'ose. Aimer qui ? Vous ?

Oh ! non ! Je tremble et n'ose. Oh ! vous aimer je n'ose,

Je ne veux pas ! Je suis indigne. Vous, la Rose

Immense des purs vents de l'Amour, ô Vous, tous


Les cœurs des saints, ô vous qui fûtes le Jaloux

D'Israël, Vous, la chaste abeille qui se pose

Sur la seule fleur d'une innocence mi-close.

Quoi, moi, moi, pouvoir Vous aimer. Êtes-vous fous


Père, Fils, Esprit ? Moi, ce pécheur-ci, ce lâche,

Ce superbe, qui fait le mal comme sa tâche

Et n'a dans tous ses sens, odorat, toucher, goût.


Vue, ouïe, et dans tout son être - hélas ! dans tout

Son espoir et dans tout son remords que l'extase

D'une caresse où le seul vieil Adam s'embrase ?


V


- Il faut m'aimer. Je suis ces Fous que tu nommais,

Je suis l'Adam nouveau qui mange le vieil homme,

Ta Rome, ton Paris, ta Sparte et ta Sodome,

Comme un pauvre rué parmi d'horribles mets.


Mon amour est le feu qui dévore à jamais

Toute chair insensée, et l'évaporé comme

Un parfum, - et c'est le déluge qui consomme

En son Ilot tout mauvais germe que je semais.


Afin qu'un jour la Croix où je meurs fût dressée

Et que par un miracle effrayant de bonté

Je t'eusse un jour à moi, frémissant et dompté.


Aime. Sors de ta nuit. Aime. C'est ma pensée

De toute éternité, pauvre âme délaissée,

Que tu dusses m'aimer, moi seul qui suis resté !


VI


- Seigneur, j'ai peur. Mon âme en moi tressaille toute.

Je vois, je sens qu'il faut vous aimer. Mais comment

Moi, ceci, me ferais-je, ô mon Dieu, votre amant,

Ô Justice que la vertu des bons redoute ?


Oui, comment ? Car voici que s'ébranle la voûte

Où mon cœur creusait son ensevelissement

Et que je sens fluer à moi le firmament,

Et je vous dis : de vous à moi quelle est la route ?


Tendez-moi votre main, que je puisse lever

Cette chair accroupie et cet esprit malade.

Mais recevoir jamais la céleste accolade.


Est-ce possible ? Un jour, pouvoir la retrouver

Dans votre sein, sur votre cœur qui fut le nôtre,

La place où reposa la tête de l'apôtre ?


VII


- Certes, si tu le veux mériter, mon fils, oui,

Et voici. Laisse aller l'ignorance indécise

De ton cœur vers les bras ouverts de mon Église,

Comme la guêpe vole au lis épanoui.


Approche-toi de mon oreille. Épanches-y

L'humiliation d'une brave franchise.

Dis-moi tout sans un mot d'orgueil ou de reprise

Et m'offre le bouquet d'un repentir choisi.


Puis franchement et simplement viens à ma table.

Et je t'y bénirai d'un repas délectable

Auquel l'ange n'aura lui-même qu'assisté,


Et tu boiras le Vin de la vigne immuable,

Dont la force, dont la douceur, dont la bonté

Feront germer ton sang à l'immortalité.


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Puis, va ! Garde une foi modeste en ce mystère

D'amour par quoi je suis ta chair et ta raison,

Et surtout reviens très souvent dans ma maison,

Pour y participer au Vin qui désaltère.


Au Pain sans qui la vie est une trahison,

Pour y prier mon Père et supplier ma Mère

Qu'il te soit accordé, dans l'exil de la terre,

D'être l'agneau sans cris qui donne sa toison.


D'être l'enfant vêtu de lin et d'innocence,

D'oublier ton pauvre amour-propre et ton essence,

Enfin, de devenir un peu semblable à moi


Qui fus, durant les jours d'Hérode et de Pilate

Et de Judas et de Pierre, pareil à toi

Pour souffrir et mourir d'une mort scélérate !


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Et pour récompenser ton zèle en ces devoirs

Si doux qu'ils sont encore d'ineffables délices,

Je te ferai goûter sur terre mes prémices,

La paix du cœur, l'amour d'être pauvre, et mes soirs -


Mystiques, quand l'esprit s'ouvre aux calmes espoirs

Et croit boire, suivant ma promesse, au Calice

Éternel, et qu'au ciel pieux la lune glisse,

Et que sonnent les angélus roses et noirs,


En attendant l'assomption dans ma lumière,

L'éveil sans fin dans ma charité coutumière,

La musique de mes louanges à jamais,


Et l'extase perpétuelle et la science.

Et d'être en moi parmi l'aimable irradiance

De tes souffrances, enfin miennes, que j'aimais !


VIII


- Ah ! Seigneur, qu'ai-je ? Hélas ! me voici tout en larmes

D'une joie extraordinaire : votre voix

Me fait comme du bien et du mal à la fois,

Et le mal et le bien, tout a les mêmes charmes.


Je ris, je pleure, et c'est comme un appel aux armes

D'un clairon pour des champs de bataille où je vois

Des anges bleus et blancs portés sur des pavois,

Et ce clairon m'enlève en de fières alarmes.


J'ai l'extase et j'ai la terreur d'être choisi.

Je suis indigne, mais je sais votre clémence.

Ah ! quel effort, mais quelle ardeur ! Et me voici


Plein d'une humble prière, encore qu'un trouble immense

Brouille l'espoir que votre voix me révéla,

Et j'aspire en tremblant.


IX


- Pauvre âme, c'est cela !
John F McCullagh Oct 2015
Jeudi, 21 Février, 1788, NYC

Il a été dit que la science progresse un décès à la fois. Pour Jeune Docteur Richard Bayley, professeur aspirant des études anatomiques, ce fut littéralement le cas. Il avait besoin d'un approvisionnement constant de cadavres récemment décédés pour ses recherches, et ce fut la raison pour laquelle il était là, la négociation avec les trois voleurs de corps dans le sous-sol de l'hôpital de New York.
"Il ya une jeune femme, Margaret La Stella, décédé jeudi dernier, et qui repose dans le complot de sa famille dans le cimetière de l'église de la Trinité." Ceci est le corps, je dois, pour ma recherche, et je suis prêt à payer le taux en vigueur pour vos services. "
Quel improbable trio étaient ces hommes debout avec lui. Leur chef, James, était un géant d'un homme robuste, près de six pieds de haut, ses deux compagnons étaient des nains par comparaison, à peine cinq pieds chacun. "Rafe ici est un bon pour crocheter les serrures sur les portes de fer et Alfie est rapide avec une pelle en bois. Il les ressuscite dans une hâte: «Je vais pousser le corps dans une brouette et de vous rencontrer de retour ici pour livrer la marchandise et récupérer notre argent. Vous aurez à payer un peu plus que vous le feriez pour un pauvre ou un nègre ".
Il était une négociation rapide et le docteur assez rapidement convenu à son prix, laissant James à se demander si il aurait dû demander plus. Eh bien, une bonne affaire est une bonne affaire, et une médaille d'or chacun Guinée était bon salaire pour un travail obscur de la nuit.
Ils défilaient sur puis, laissant le jeune Richard à ses pensées. Bientôt, très bientôt, il serait de nouveau afficher Margaret. Bientôt son corps allait abandonner ses secrets pour lui et il serait apprendre la mort avait pris celle qui avait été si belle et si jeune. Il n'y avait rien à faire pour lui maintenant, sauf à attendre. Il est assis avec une tasse de thé et a tenté de se distraire avec le journal du soir.
Body Snatchers, ou Resurrectionists, comme ils préfèrent être appelés, sont en mauvaise réputation en cette année de notre Seigneur 1788. gens souhaitent en général tourner un oeil aveugle quand le corps de certains pauvre a fini sur la table de dissection. Un bien faire femme blanche avec une famille était généralement prévu pour se reposer tranquillement. Encore James et ses deux petits complices connaissaient leur entreprise et vous faire le travail rapide de celui-ci sur cette nuit.
James arrêta son cheval et le chariot bien en deçà de la Trinité, ne voulant pas porter trop d'attention à eux. Il serait monter la garde à la porte du cimetière avec une brouette tandis que ses deux complices petits glissa à l'intérieur et fixés au corps.
Trinity Church cimetière était à côté du site de l'ancienne église qui avait brûlé dans le grand incendie de New York du 76 '. Le doyen actuel de l'église avait accumulé des fonds destinés à la construction d'un second, plus grandiose église de la Trinité, mais encore la construction avait pas encore commencé. L'absence de l'église physique devrait signifier pas de gardien et un cimetière qui serait totalement déserte sur une nuit la mi-hiver froid. Avec seulement une lune décroissante pour l'éclairage, les trois hommes étaient dépendants de lanternes à main qui ont donné peu de lumière et à côté de pas de chaleur lorsque les vents du sud de Manhattan serraient à la gorge comme un spectre vengeur.
"Et c'est parti. Rafe se rendre au travail cueillette de la serrure, tandis que je l'aide avec Alfe la bêche et les couvertures. "
«Je vais avoir besoin d'une longueur de corde, trop mate, à nouer autour du corps et le faire glisser le long de la tombe."
Ils ont été surpris par le cri plaintif d'un grand corbeau noir qui a été perché sur la porte du cimetière de fer et qui semblait être en regardant leurs activités avec curiosité et méfiance.
«Je dois la porte ouverte, allez, Alfe, je ne veux pas être là plus longtemps que je le dois."
James regarda les deux hommes petits happés leurs lanternes et des outils et ont disparu dans les ombres du cimetière de Trinity.
Ils ont trouvé la tombe récemment fini de la fille La Stella rapidement, et Alfe commencé tout de suite avec sa pelle de bois pour creuser le cercueil de son lieu de repos temporaire. Il a travaillé tranquillement, mais ses travaux ne vont pas complètement inaperçu.
"Mate, Prêtez-moi un coup de main et nous allons la faire sortir d'ici. Jetez la corde ".
Rafe a fait comme il a été soumissionné. Il a également ouvert sa lanterne et l'agita en un signal à James que le travail était presque terminé. James n'a cependant pas été le seul qui a vu le signal.
Comme le corps a été exhumé une lueur d'or attira l'attention de Alfe. Je t avais un anneau sur les cadavres quitté l'annulaire.
Grave voler était considéré comme une infraction plus grave que trafic de cadavres, mais sûrement pas l'un allait remarquer petit anneau d'or disparu. Quoi qu'il en soit ce corps allait retrouver tell disséqué et articulé, il avait entendu on fait bouillir la chair de l'os de fournir un squelette complet pour l'étude. Personne ne les payait pas assez d'argent à son retour ici quand le bon docteur avait fini avec son travail.

Était-ce juste imagination- de Alfe ou fait froid main morte des cadavres lui semblent se battre pour l'anneau avant qu'il arracha libre. Immédiatement, cependant, toutes les pensées de l'or est devenu secondary- il y avait des problèmes en cours de réalisation
"Vous là, montrez-moi vos mains!" Il y avait un garde dans les motifs de la chancellerie, un peu de malchance qu'ils avaient pas compté sur. Rafe, pas un héros, sa réaction immédiate a été de tourner et courir. Il lâcha la corde et le corps de la jeune fille se laissa retomber dans le trou, près de piégeage Alfe dans une étreinte indésirables.
Alfe bondit de la tombe ouverte et renversé le grand mince tombe garde qui semblait un peu plus d'un squelette lui-même. Il a entendu le crieur public dans la distance la sonnette d'alarme. Alfe a abandonné toute idée de récupérer le corps de la jeune fille et avait l'intention d'évasion. Comme il sauta de la porte, il pouvait entendre la garde frénétiquement essayant de charger son fusil. Alfe besoin de plus de distance. Il a dû se rendre à James à la porte.

Un fusil à âme lisse est une arme la plus fiable et à beaucoup plus que 100 verges pour atteindre un succès était plus de chance que d'habileté. Alfe entendit à peine la décharge de l'arme, mais la douleur dans son dos était difficile à ignorer. James l'a attrapé avant qu'il ne tombe, mais il est vite devenu évident pour les deux que Alfe ne fallut pas longtemps pour ce monde.
James et Rafe ont travaillé rapidement pour obtenir Alfe dans la brouette et le roue de l'écart. Le gardien tentait de recharger mais la distance et l'obscurité devenait leur ami. Il ne serait pas obtenir un deuxième coup avant qu'ils ont fait à la voiture.
Pour le docteur Bayley il semblait que les Resurrectionists étaient de retour plus tôt que prévu il, mais le corps dans la couverture était pas le corps qu'il avait prévu de recevoir.

«Il y avait un garde posté à la chancellerie en face du cimetière. Il faut avoir vu l'un de nos lanternes et est sorti pour enquêter. Il descendit un coup à nous pauvres Alfe obtenu dans le dos. "
Richard regarda par-dessus le corps de Alfe, le nouveau sujet du Royaume des morts. «Combien voulez-vous pour ce corps?" Ils ont conclu rapidement leur affaire, James ne fait pas tout à fait aussi bien qu'il aurait pour le corps de la jeune femme, mais divisées deux façons il serait suffisant pour obtenir de lui un endroit pour dormir et nourriture et la boisson en plus. Alfe allait être un homme difficile à remplacer, mais il y avait beaucoup d'hommes durs bas près des docks qui feraient le travail et ne pas trop parler aux mauvaises personnes.
Il pensait qu'il ne serait pas bientôt d'accord pour ouvrir la tombe d'un dame. Les corps des pauvres ne sont pas si étroitement participé.

Bientôt Docteur Bayley avait le corps d'Alfe déshabillé et lavé et prêt sur la table. Dans sa vie relativement brève ce corps avait rarement eu assez à manger et trop de gin à boire. Les dents qui lui restaient étaient jauni et il y avait des signes de maladie des gencives. Richard était sur le point de faire la première incision dans la poitrine quand il a remarqué une lueur d'or dans la main droite crispée.

Il était un anneau; il était la même bague qu'il avait donné sa Margaret quelques semaines avant. Juste quelques semaines avant la mort l'avait prise de lui. Il ne savait pas qu'elle avait été enterré avec lui. Richard a tenu le petit anneau dans sa main et a commencé à pleurer amèrement, dans la connaissance cruelle qu'il ne reverrait jamais son visage, pas dans cette vie ou la prochaine.
A short story, in French, based on a grave robbery that took place on Thursday February 21, 1788 in Trinity graveyard in New York City.
Bouazizi, conduisant l’avion simple roue,
S’aperçoit de ces flics et entend leur sifflet.
Il songe à s’en voler, ce garçon maigrelet,
Craignant se retrouver bientôt sous les verrous.

Hélas ! il ne peut pas. Il pense sur le coup
Qu’ils seraient plus rapides ou bien que ses bons fruits,
Légumes et L'avion seraient vite détruits
Après son escapade, alors que d’aucun coup

Ou vol quoique ce soit il ne serait chargé.
Où est ce qu’il trouverait de quoi faire et manger ?
Le sang froid garde-t-il, sachant que nulle part

Il n’y aurait de refuge : chez eux il y a la faim,
Des tortures, et chez lui il serait sans rempart.
Il attend ou le fouet ou aux douleurs la fin.
chimaera Jun 2014
Petit à petit,
je rentre
dans mon cercueil en fer.

Essoufflée,
à bout de larmes,
épuisée par l'attente,
ce souhait impossible
de le voir
en courant
pour me retrouver,
je chavire
en rêvant
de son sourire.

A bout de larmes,
étourdie
par cette peine aiguillée,
je bégaie,
sûre que mes mots
ne servent plus à rien.
Je rentre dans mon cercueil,
tout en disposant du barbelé
autour.

Et je ne regrette que
cette brillance
dans mon coeur,
son sourire,
qui est venu
sans que je ne l'attende
me rendre amoureuse
à jamais.

~~~~~~~

ON THE EDGE OF TEARS

Little by little,
I go back
into my iron box.

Breathless,
on the edge of tears,
torned by the waiting,
this impossible wish
to see him
running
to meet me,
I sink
dreaming
of his smile.

On the edge of tears,
dizzy
by this stinging pain,
I stutter,
certain that my words
are no longer meaningful.
I go back
into my iron box,
barbwiring
all around.

And all I will miss
is that glow
in my heart,
his smile,
that came unexpectedly
making me fall
forever in love.
(À M. de la Mennais)

Oui, mon âme se plaît à secouer ses chaînes :
Déposant le fardeau des misères humaines,
Laissant errer mes sens dans ce monde des corps,
Au monde des esprits je monte sans efforts.
Là, foulant à mes pieds cet univers visible,
Je plane en liberté dans les champs du possible,
Mon âme est à l'étroit dans sa vaste prison :

Il me faut un séjour qui n'ait pas d'horizon.
Comme une goutte d'eau dans l'Océan versée,
L'infini dans son sein absorbe ma pensée ;
Là, reine de l'espace et de l'éternité,
Elle ose mesurer le temps, l'immensité,
Aborder le néant, parcourir l'existence,
Et concevoir de Dieu l'inconcevable essence.
Mais sitôt que je veux peindre ce que je sens,
Toute parole expire en efforts impuissants.
Mon âme croit parler, ma langue embarrassée
Frappe l'air de vingt sons, ombre de ma pensée.
Dieu fit pour les esprits deux langages divers :
En sons articulés l'un vole dans les airs ;
Ce langage borné s'apprend parmi les hommes,
Il suffit aux besoins de l'exil où nous sommes,
Et, suivant des mortels les destins inconstants
Change avec les climats ou passe avec les temps.
L'autre, éternel, sublime, universel, immense,
Est le langage inné de toute intelligence :
Ce n'est point un son mort dans les airs répandu,
C'est un verbe vivant dans le coeur entendu ;
On l'entend, on l'explique, on le parle avec l'âme ;
Ce langage senti touche, illumine, enflamme ;
De ce que l'âme éprouve interprètes brûlants,
Il n'a que des soupirs, des ardeurs, des élans ;
C'est la langue du ciel que parle la prière,
Et que le tendre amour comprend seul sur la terre.
Aux pures régions où j'aime à m'envoler,
L'enthousiasme aussi vient me la révéler.
Lui seul est mon flambeau dans cette nuit profonde,
Et mieux que la raison il m'explique le monde.
Viens donc ! Il est mon guide, et je veux t'en servir.
A ses ailes de feu, viens, laisse-toi ravir !
Déjà l'ombre du monde à nos regards s'efface,
Nous échappons au temps, nous franchissons l'espace.
Et dans l'ordre éternel de la réalité,
Nous voilà face à face avec la vérité !
Cet astre universel, sans déclin, sans aurore,
C'est Dieu, c'est ce grand tout, qui soi-même s'adore !
Il est ; tout est en lui : l'immensité, les temps,
De son être infini sont les purs éléments ;
L'espace est son séjour, l'éternité son âge ;
Le jour est son regard, le monde est son image ;
Tout l'univers subsiste à l'ombre de sa main ;
L'être à flots éternels découlant de son sein,
Comme un fleuve nourri par cette source immense,
S'en échappe, et revient finir où tout commence.
Sans bornes comme lui ses ouvrages parfaits
Bénissent en naissant la main qui les a faits !
Il peuple l'infini chaque fois qu'il respire ;
Pour lui, vouloir c'est faire, exister c'est produire !
Tirant tout de soi seul, rapportant tout à soi,
Sa volonté suprême est sa suprême loi !
Mais cette volonté, sans ombre et sans faiblesse,
Est à la fois puissance, ordre, équité, sagesse.
Sur tout ce qui peut être il l'exerce à son gré ;
Le néant jusqu'à lui s'élève par degré :
Intelligence, amour, force, beauté, jeunesse,
Sans s'épuiser jamais, il peut donner sans cesse,
Et comblant le néant de ses dons précieux,
Des derniers rangs de l'être il peut tirer des dieux !
Mais ces dieux de sa main, ces fils de sa puissance,
Mesurent d'eux à lui l'éternelle distance,
Tendant par leur nature à l'être qui les fit ;
Il est leur fin à tous, et lui seul se suffit !
Voilà, voilà le Dieu que tout esprit adore,
Qu'Abraham a servi, que rêvait Pythagore,
Que Socrate annonçait, qu'entrevoyait Platon ;
Ce Dieu que l'univers révèle à la raison,
Que la justice attend, que l'infortune espère,
Et que le Christ enfin vint montrer à la terre !
Ce n'est plus là ce Dieu par l'homme fabriqué,
Ce Dieu par l'imposture à l'erreur expliqué,
Ce Dieu défiguré par la main des faux prêtres,
Qu'adoraient en tremblant nos crédules ancêtres.
Il est seul, il est un, il est juste, il est bon ;
La terre voit son oeuvre, et le ciel sait son nom !
Heureux qui le connaît ! plus heureux qui l'adore !
Qui, tandis que le monde ou l'outrage ou l'ignore,
Seul, aux rayons pieux des lampes de la nuit,
S'élève au sanctuaire où la foi l'introduit
Et, consumé d'amour et de reconnaissance,
Brûle comme l'encens son âme en sa présence !
Mais pour monter à lui notre esprit abattu
Doit emprunter d'en haut sa force et sa vertu.
Il faut voler au ciel sur des ailes de flamme :
Le désir et l'amour sont les ailes de l'âme.
Ah ! que ne suis-je né dans l'âge où les humains,
Jeunes, à peine encore échappés de ses mains,
Près de Dieu par le temps, plus près par l'innocence,
Conversaient avec lui, marchaient en sa présence ?
Que n'ai-je vu le monde à son premier soleil ?
Que n'ai-je entendu l'homme à son premier réveil ?
Tout lui parlait de toi, tu lui parlais toi-même ;
L'univers respirait ta majesté suprême ;
La nature, sortant des mains du Créateur,
Etalait en tous sens le nom de son auteur ;
Ce nom, caché depuis sous la rouille des âges,
En traits plus éclatants brillait sur tes Ouvrages ;
L'homme dans le passé ne remontait qu'à toi ;
Il invoquait son père, et tu disais : C'est moi.
Longtemps comme un enfant ta voix daigna l'instruire,
Et par la main longtemps tu voulus le conduire.
Que de fois dans ta gloire à lui tu t'es montré,
Aux vallons de Sennar, aux chênes de Membré,
Dans le buisson d'Horeb, ou sur l'auguste cime
Où Moïse aux Hébreux dictait sa loi sublime !
Ces enfants de Jacob, premiers-nés des humains,
Reçurent quarante ans la manne de tes mains
Tu frappais leur esprit par tes vivants oracles !
Tu parlais à leurs yeux par la voix des miracles !
Et lorsqu'ils t'oubliaient, tes anges descendus
Rappelaient ta mémoire à leurs coeurs éperdus !
Mais enfin, comme un fleuve éloigné de sa source,
Ce souvenir si pur s'altéra dans sa course !
De cet astre vieilli la sombre nuit des temps
Eclipsa par degrés les rayons éclatants ;
Tu cessas de parler ; l'oubli, la main des âges,
Usèrent ce grand nom empreint dans tes ouvrages ;
Les siècles en passant firent pâlir la foi ;
L'homme plaça le doute entre le monde et toi.
Oui, ce monde, Seigneur, est vieilli pour ta gloire ;
Il a perdu ton nom, ta trace et ta mémoire
Et pour les retrouver il nous faut, dans son cours,
Remonter flots à flots le long fleuve des jours !
Nature ! firmament ! l'oeil en vain vous contemple ;
Hélas ! sans voir le Dieu, l'homme admire le temple,
Il voit, il suit en vain, dans les déserts des cieux,
De leurs mille soleils le cours mystérieux !
Il ne reconnaît plus la main qui les dirige !
Un prodige éternel cesse d'être un prodige !
Comme ils brillaient hier, ils brilleront demain !
Qui sait où commença leur glorieux chemin ?
Qui sait si ce flambeau, qui luit et qui féconde,
Une première fois s'est levé sur le monde ?
Nos pères n'ont point vu briller son premier tour
Et les jours éternels n'ont point de premier jour.
Sur le monde moral, en vain ta providence,
Dans ces grands changements révèle ta présence !
C'est en vain qu'en tes jeux l'empire des humains
Passe d'un sceptre à l'autre, errant de mains en mains ;
Nos yeux accoutumés à sa vicissitude
Se sont fait de ta gloire une froide habitude ;
Les siècles ont tant vu de ces grands coups du sort :
Le spectacle est usé, l'homme engourdi s'endort.
Réveille-nous, grand Dieu ! parle et change le monde ;
Fais entendre au néant ta parole féconde.
Il est temps ! lève-toi ! sors de ce long repos ;
Tire un autre univers de cet autre chaos.
A nos yeux assoupis il faut d'autres spectacles !
A nos esprits flottants il faut d'autres miracles !
Change l'ordre des cieux qui ne nous parle plus !
Lance un nouveau soleil à nos yeux éperdus !
Détruis ce vieux palais, indigne de ta gloire ;
Viens ! montre-toi toi-même et force-nous de croire !
Mais peut-être, avant l'heure où dans les cieux déserts
Le soleil cessera d'éclairer l'univers,
De ce soleil moral la lumière éclipsée
Cessera par degrés d'éclairer la pensée ;
Et le jour qui verra ce grand flambeau détruit
Plongera l'univers dans l'éternelle nuit.
Alors tu briseras ton inutile ouvrage :
Ses débris foudroyés rediront d'âge en âge :
Seul je suis ! hors de moi rien ne peut subsister !
L'homme cessa de croire, il cessa d'exister !
Triste et soudain fracas d'un trône héréditaire,

Profond enseignement aux puissants de la terre,

Qui vous eût pu prévoir, et dire : Dans trois jours,

Cette tige de rois par les siècles blanchie

Et ce vaste pouvoir et cette monarchie

Auront fui sans espoir et croulé pour toujours ?


Et toi qui n'es plus rien et qui fus roi naguère,

Charles ! n'avais-tu pas ton droit de paix, de guerre.

Ta large part d'impôts, tes châteaux à choisir,

Tes veneurs, tes laquais, tes chiens, tes équipages,

Tes chambellans dorés, tes hérauts et tes pages

Et tes vastes forêts où chasser à loisir ?


T'empêchait-on d'aller au sein des basiliques,

Courbant ton front royal et baisant les reliques.

Garder, comme un soldat, un prêtre à tes côtés.

Et, du ministre saint implorant l'assistance,

Consumer dans le jeûne et dans la pénitence

Tout le restant des jours que le ciel t'a comptés ?


On t'entourait d'honneurs, de respects, et la France,

Qui voyait tout cela d'un air d'indifférence.

T'eût laissé jusqu'au bout, sans haine et sans effroi.

Saluer de la main du haut des galeries,

Sourire à tes valets et dans tes Tuileries

Mourir tranquillement sur ton fauteuil de roi !


Mais des hommes t'ont dit : « Sire, l'heure est venue,

Où votre volonté, trop longtemps méconnue.

Doit être apprise à tous et s'ouvrir un chemin ;

Et si quelque mutin se dresse et se récrie.

Nous avons-là Foucault et sa gendarmerie ;

C'est l'affaire d'un coup de main.


« On en eut bon marché sous l'autre ministère.

Quelques coups de mitraille à propos l'ont fait taire,

Ce peuple ; il faut qu'il sache, au moins, si c'est en vain

Que Charles Xdix est roi de France et de Navarre

Et si d'un peu de sang il lui sied d'être avare

Pour soutenir le droit divin,


« Et si des gens venaient, artisans d'imposture,

Vous parler de promesse et que c'est forfaiture

Que manquer de la sorte à la foi des serments

Jurés, devant l'autel, sur les saints Évangiles,

Et qu'après tout, la terre a des trônes fragiles,

Et l'avenir des châtiments ;


« Sophismes dangereux, maximes immorales !

Propos séditieux de feuilles libérales !

Mais seulement un mot, un signe de la main,

Et vous verrez pâlir tous ces faiseurs d'émeute,

Comme un gibier peureux qui fuit devant la meute,

Dans les forêts de Saint-Germain. »


Et toi, tu les as crus et, risquant la partie,

Sur un seul coup de dé perdu ta dynastie,

Bien puni maintenant, ô roi, pour avoir mis

Tant d'espoir dans ton Dieu, tant de foi dans sa grâce,

Et compté, pour ton trône et les gens de ta race,

Sur l'avenir sans fin qui leur était promis !


Mais comme au premier coup du marteau populaire

Ta vieille royauté, masure séculaire.

Lézardée et disjointe et qui n'en pouvait plus,

A craqué jusqu'au fond, tant l'heure était critique.

Tant sa chute était mûre et de ce dais gothique

La toile était usée et les ais vermoulus !


Et pour baisser si bas des têtes couronnées,

Qu'a-t-il fallu de temps au peuple ? Trois journées

D'ouvriers descendus en hâte des faubourgs,

Qui couraient sans savoir, au fort de la mêlée,

Ce que c'est qu'une marche, et comme elle est réglée

Sur les sons plus pressés ou plus lents des tambours.


Trois jours, et tout fut dit ; et la pâle bannière

Du faîte des palais a roulé dans l'ornière.

Et les trois fleurs de lis, honneur de ta maison,

N'ont d'asile aujourd'hui, tristes et détrônées,

Que dans quelques foyers de vieilles cheminées.

Ou les feuillets jaunis d'un traité de blason.


Eh quoi ! de tes malheurs le rude apprentissage

N'avait-il pu t'instruire et te faire assez sage,

Sans qu'il fallût encor, vieillard en cheveux gris,

Entendre le fracas de ton trône qui tombe.

Et retrouver si **** et si près de la tombe.

Ces leçons de l'exil qui ne t'ont rien appris ?


Tu l'as voulu pourtant ! Aussi bien, à ton âge.

Quand la mort à ce point est dans le voisinage,

A tout prendre, il vaut mieux, de tous ces vains joyaux

Débarrasser un front qu'a touché le Saint-Chrême,

Car pour qui va paraître au tribunal suprême.

Les plis sont bien persans des ornements royaux !


Va, mais ne songe plus, Majesté solitaire,

Qu'à ce royaume saint qui n'est plus de la terre ;

Songe au soin de ton âme, et, déchargé du faix

De cette royauté dont t'a perdu l'envie,

Songe à bien profiter, au moins pour l'autre vie,

De ces derniers loisirs que le peuple t'a faits.
Jeune homme ! je te plains ; et cependant j'admire
Ton grand parc enchanté qui semble nous sourire,
Qui fait, vu de ton seuil, le tour de l'horizon,
Grave ou joyeux suivant le jour et la saison,  
Coupé d'herbe et d'eau vive, et remplissant huit lieues
De ses vagues massifs et de ses ombres bleues.
J'admire ton domaine, et pourtant je te plains !
Car dans ces bois touffus de tant de grandeur pleins,
Où le printemps épanche un faste sans mesure,
Quelle plus misérable et plus pauvre masure
Qu'un homme usé, flétri, mort pour l'illusion,
Riche et sans volupté, jeune et sans passion,  
Dont le coeur délabré, dans ses recoins livides,
N'a plus qu'un triste amas d'anciennes coupes vides,  
Vases brisés qui n'ont rien gardé que l'ennui,
Et d'où l'amour, la joie et la candeur ont fui !

Oui, tu me fais pitié, toi qui crois faire envie !
Ce splendide séjour sur ton coeur, sur ta vie,
Jette une ombre ironique, et rit en écrasant
Ton front terne et chétif d'un cadre éblouissant.

Dis-moi, crois-tu, vraiment posséder ce royaume
D'ombre et de fleurs, où l'arbre arrondi comme un dôme,
L'étang, lame d'argent que le couchant fait d'or,
L'allée entrant au bois comme un noir corridor,
Et là, sur la forêt, ce mont qu'une tour garde,
Font un groupe si beau pour l'âme qui regarde !
Lieu sacré pour qui sait dans l'immense univers,
Dans les prés, dans les eaux et dans les vallons verts,
Retrouver les profils de la face éternelle
Dont le visage humain n'est qu'une ombre charnelle !

Que fais-tu donc ici ? Jamais on ne te voit,
Quand le matin blanchit l'angle ardoisé du toit,
Sortir, songer, cueillir la fleur, coupe irisée
Que la plante à l'oiseau tend pleine de rosée,
Et parfois t'arrêter, laissant pendre à ta main
Un livre interrompu, debout sur le chemin,
Quand le bruit du vent coupe en strophes incertaines
Cette longue chanson qui coule des fontaines.

Jamais tu n'as suivi de sommets en sommets
La ligne des coteaux qui fait rêve ; jamais
Tu n'as joui de voir, sur l'eau qui reflète,
Quelque saule noueux tordu comme un athlète.
Jamais, sévère esprit au mystère attaché,
Tu n'as questionné le vieux orme penché
Qui regarde à ses pieds toute la pleine vivre
Comme un sage qui rêve attentif à son livre.

L'été, lorsque le jour est par midi frappé,
Lorsque la lassitude a tout enveloppé,
A l'heure où l'andalouse et l'oiseau font la sieste,
Jamais le faon peureux, tapi dans l'antre agreste,
Ne te vois, à pas lents, **** de l'homme importun,
Grave, et comme ayant peur de réveiller quelqu'un,
Errer dans les forêts ténébreuses et douces
Où le silence dort sur le velours des mousses.

Que te fais tout cela ? Les nuages des cieux,
La verdure et l'azur sont l'ennui de tes yeux.
Tu n'est pas de ces fous qui vont, et qui s'en vantent,
Tendant partout l'oreille aux voix qui partout chantent,
Rendant au Seigneur d'avoir fait le printemps,
Qui ramasse un nid, ou contemple longtemps
Quelque noir champignon, monstre étrange de l'herbe.
Toi, comme un sac d'argent, tu vois passer la gerbe.
Ta futaie, en avril, sous ses bras plus nombreux
A l'air de réclamer bien des pas amoureux,
Bien des coeurs soupirants, bien des têtes pensives ;

Toi qui jouis aussi sous ses branches massives,
Tu songes, calculant le taillis qui s'accroît,
Que Paris, ce vieillard qui, l'hiver, a si froid,
Attend, sous ses vieux quais percés de rampes neuves,
Ces longs serpents de bois qui descendent les fleuves !
Ton regard voit, tandis que ton oeil flotte au ****,
Les blés d'or en farine et la prairie en foin ;
Pour toi le laboureur est un rustre qu'on paie ;
Pour toi toute fumée ondulant, noire ou gaie,
Sur le clair paysage, est un foyer impur
Où l'on cuit quelque viande à l'angle d'un vieux mur.
Quand le soir tend le ciel de ses moires ardentes
Au dos d'un fort cheval assis, jambes pendantes,
Quand les bouviers hâlés, de leur bras vigoureux
Pique tes boeufs géants qui par le chemin creux
Se hâtent pêle-mêle et s'en vont à la crèche,
Toi, devant ce tableau tu rêves à la brèche
Qu'il faudra réparer, en vendant tes silos,
Dans ta rente qui tremble aux pas de don Carlos !

Au crépuscule, après un long jour monotone,
Tu t'enfermes chez toi. Les tièdes nuits d'automne
Versent leur chaste haleine aux coteaux veloutés.
Tu n'en sais rien. D'ailleurs, qu'importe ! A tes côtés,
Belles, leur bruns cheveux appliqués sur les tempes,
Fronts roses empourprés par le reflet des lampes,
Des femmes aux yeux purs sont assises, formant
Un cercle frais qui borde et cause doucement ;
Toutes, dans leurs discours où rien n'ose apparaître,
Cachant leurs voeux, leur âmes et leur coeur que peut-être
Embaume un vague amour, fleur qu'on ne cueille pas,
Parfum qu'on sentirait en se baissant tout bas.
Tu n'en sais rien. Tu fais, parmi ces élégies,
Tomber ton froid sourire, où, sous quatre bougies,
D'autres hommes et toi, dans un coin attablés
Autour d'un tapis vert, bruyants, vous querellez
Les caprices du whist, du brelan ou de l'hombre.
La fenêtre est pourtant pleine de lune et d'ombre !

Ô risible insensé ! vraiment, je te le dis,
Cette terre, ces prés, ces vallons arrondis,
Nids de feuilles et d'herbe où jasent les villages,
Ces blés où les moineaux ont leurs joyeux pillages,
Ces champs qui, l'hiver même, ont d'austères appas,
Ne t'appartiennent point : tu ne les comprends pas.

Vois-tu, tous les passants, les enfants, les poètes,
Sur qui ton bois répand ses ombres inquiètes,
Le pauvre jeune peintre épris de ciel et d'air,
L'amant plein d'un seul nom, le sage au coeur amer,
Qui viennent rafraîchir dans cette solitude,
Hélas ! l'un son amour et l'autre son étude,
Tous ceux qui, savourant la beauté de ce lieu,
Aiment, en quittant l'homme, à s'approcher de Dieu,
Et qui, laissant ici le bruit vague et morose
Des troubles de leur âme, y prennent quelque chose
De l'immense repos de la création,
Tous ces hommes, sans or et sans ambition,
Et dont le pied poudreux ou tout mouillé par l'herbe
Te fait rire emporté par ton landau superbe,
Sont dans ce parc touffu, que tu crois sous ta loi,
Plus riches, plus chez eux, plus les maîtres que toi,
Quoique de leur forêt que ta main grille et mure
Tu puisses couper l'ombre et vendre le murmure !

Pour eux rien n'est stérile en ces asiles frais.
Pour qui les sait cueillir tout a des dons secrets.
De partout sort un flot de sagesse abondante.
L'esprit qu'a déserté la passion grondante,
Médite à l'arbre mort, aux débris du vieux pont.
Tout objet dont le bois se compose répond
A quelque objet pareil dans la forêt de l'âme.
Un feu de pâtre éteint parle à l'amour en flamme.
Tout donne des conseils au penseur, jeune ou vieux.
On se pique aux chardons ainsi qu'aux envieux ;
La feuille invite à croître ; et l'onde, en coulant vite,
Avertit qu'on se hâte et que l'heure nous quitte.
Pour eux rien n'est muet, rien n'est froid, rien n'est mort.
Un peu de plume en sang leur éveille un remord ;
Les sources sont des pleurs ; la fleur qui boit aux fleuves,
Leur dit : Souvenez-vous, ô pauvres âmes veuves !

Pour eux l'antre profond cache un songe étoilé ;
Et la nuit, sous l'azur d'un beau ciel constellé,
L'arbre sur ses rameaux, comme à travers ses branches,
Leur montre l'astre d'or et les colombes blanches,
Choses douces aux coeurs par le malheur ployés,
Car l'oiseau dit : Aimez ! et l'étoile : Croyez !

Voilà ce que chez toi verse aux âmes souffrantes
La chaste obscurité des branches murmurantes !
Mais toi, qu'en fais tu ? dis. - Tous les ans, en flots d'or,
Ce murmure, cette ombre, ineffable trésor,
Ces bruits de vent qui joue et d'arbre qui tressaille,
Vont s'enfouir au fond de ton coffre qui bâille ;
Et tu changes ces bois où l'amour s'enivra,
Toute cette nature, en loge à l'opéra !

Encor si la musique arrivait à ton âme !
Mais entre l'art et toi l'or met son mur infâme.
L'esprit qui comprend l'art comprend le reste aussi.
Tu vas donc dormir là ! sans te douter qu'ainsi
Que tous ces verts trésors que dévore ta bourse,
Gluck est une forêt et Mozart une source.

Tu dors ; et quand parfois la mode, en souriant,
Te dit : Admire, riche ! alors, joyeux, criant,
Tu surgis, demandant comment l'auteur se nomme,
Pourvu que toutefois la muse soit un homme !
Car tu te roidiras dans ton étrange orgueil
Si l'on t'apporte, un soir, quelque musique en deuil,
Urne que la pensée a chauffée à sa flamme,
Beau vase où s'est versé tout le coeur d'une femme.

Ô seigneur malvenu de ce superbe lieu !
Caillou vil incrusté dans ces rubis en feu !
Maître pour qui ces champs sont pleins de sourdes haines !
Gui parasite enflé de la sève des chênes !
Pauvre riche ! - Vis donc, puisque cela pour toi
C'est vivre. Vis sans coeur, sans pensée et sans foi.
Vis pour l'or, chose vile, et l'orgueil, chose vaine.
Végète, toi qui n'as que du sang dans la veine,
Toi qui ne sens pas Dieu frémir dans le roseau,
Regarder dans l'aurore et chanter dans l'oiseau !

Car, - et bien que tu sois celui qui rit aux belles
Et, le soir, se récrie aux romances nouvelles, -
Dans les coteaux penchants où fument les hameaux,
Près des lacs, près des fleurs, sous les larges rameaux,
Dans tes propres jardins, tu vas aussi stupide,
Aussi peu clairvoyant dans ton instinct cupide,
Aussi sourd à la vie à l'harmonie, aux voix,
Qu'un loup sauvage errant au milieu des grands bois !

Le 22 mai 1837.
Ma muse, j'ai un tout petit dilemne.
Il est écrit qu'il y a en tout et pour tout neuf muses
Qui ont pour nom par ordre alphabétique
Calliope, Clio, Erato, Euterpe
Melpomène, Polymnie, Terspichore, Thalia et Uranie
Nulle trace d'Aura.

Es-tu vraiment celle que tu prétends être ?
Aimes-tu vraiment le chant de deux voix qui s'alternent ?

Et dans le cas où tu serais bien l'une des neuf
Pourquoi m'as-tu dit que tu étais le huit ?

Si je te pose la question
C'est que j'avais accès à ton site sur muses.com/aura
et j'ai égaré mon mot de passe.
Tu sais, ce mot de passe sécurisé
Qui nous permettait de nous exhiber tranquillement
A l'abri des regards indiscrets.
Je ne me souviens pas s'il y avait douze, quatorze ou vingt caractères.
mais il y en avait plus que huit
Il était fort et aléatoire
Entre majuscules, minuscules, symboles et chiffres
Impossible à craquer
C'était mieux que Fort Knox
Dedans tu avais mis ton âge, ton poids, ta taille, ta pointure
Et les lettres, arbmu et umz
Et un symbole étrange un t avec une virgule souscrite.
J'ai appelé à gauche et à droite les Muses pour retrouver ta trace,
Je t'ai googlisé. En vain.
Es tu vraiment ma Muse ou Furie ?
Par acquit de conscience j 'ai vérifié les noms des Furies
Tisiphone, Mégère et Alecton.
Et j'en reviens à la seule et unique question :
Qui es-tu ? Mon ombre, certes, mais encore ?

J'ai rêvé que tu étais astronaute et moi Martien.
Tu m'avais réduit de la taille d'un minuscule atome
Que tu gardais bien au chaud dans son berceau
Au fond de la planète Utérus.
Et tu m'allaitais d'eau de vie de mirabelle et me berçais
De câlins sucrés. Et je gazouillais
En regardant tes yeux, Aura,
A l'époque rouges jaunes orange bleus
Puis un jour tes yeux sont passé au vert
Et tu m'as sevré sans un mot, sans une parole.
Tu m'as mis hors du miroir
Et tu m'as dit d'aller caresser l'oiseau.

Et depuis j'erre comme un bateau ivre
Mais revenons à nos orphies :
Le mot de passe !!!
Pour simplifier je te propose
Qu'on efface tout ça et qu'on mette à la place
Juste une phrase comme :

Amant alterna camenae (Virg. egl III,59)
Lucas Pilleul Jun 2017
Quelle était belle, l'époque ou nous pouvions rêver.
Quelle était belle, l'époque ou nous nous entendions à merveille.
Ou est elle, d'ailleurs ? Depuis si longtemps que je l'ai perdue, et que je la cherche.

Pensant trouver mon bonheur dans le tiens, je t'ai demandé de partir.
Es tu plus heureuse ?
Moi non plus.
Pensant te retrouver un jour, mes espoirs de te revoir sont perdus.
Jamais, jamais, jamais, jamais, je ne recommencerais.

Et toi ?
Tant de lassitude entre nous. Cela ne pouvait plus durer. Rien ne pouvait me forcer à rester. Enfin si. Tout le pouvait. Mais la totalité, c'est le néant et je ne puis m'imaginer vivre sans cette faim inhumaine d'îvresse.
Si ce n'est pas de ta faute, est-ce celle du temps ?

Mais aussi, ne puis-je pas oublier une telle débauche. Une telle perte de temps.
Tant de larmes pour si peu de satisfaction.
Je n'en retiens qu'une chose, cetait une erreur. Mais comment la réparer ?
Je n'oserai plus croiser dans ton regard cet amour que tu me donnais.
Je ne pourrai plus imaginer subir telle honte.
Jalousie disais tu. Ce n'est pour moi pas une excuse. Rien ne t'excusera jamais plus.

Aurais-je au moins essayé de te sortir de ce trou si profond que même un géant parmi les géants ne saurait en sortir. Cette vie parsemée d'embûches ne me conviens plus, mais que puis je y faire.
#11
Le soleil de nos jours pâlit dès son aurore,
Sur nos fronts languissants à peine il jette encore
Quelques rayons tremblants qui combattent la nuit ;
L'ombre croit, le jour meurt, tout s'efface et tout fuit !
Qu'un autre à cet aspect frissonne et s'attendrisse,
Qu'il recule en tremblant des bords du précipice,
Qu'il ne puisse de **** entendre sans frémir
Le triste chant des morts tout prêt à retentir,
Les soupirs étouffés d'une amante ou d'un frère
Suspendus sur les bords de son lit funéraire,
Ou l'airain gémissant, dont les sons éperdus
Annoncent aux mortels qu'un malheureux n'est plus !
Je te salue, ô mort ! Libérateur céleste,
Tu ne m'apparais point sous cet aspect funeste
Que t'a prêté longtemps l'épouvante ou l'erreur ;
Ton bras n'est point armé d'un glaive destructeur,
Ton front n'est point cruel, ton oeil n'est point perfide,
Au secours des douleurs un Dieu clément te guide ;
Tu n'anéantis pas, tu délivres! ta main,
Céleste messager, porte un flambeau divin ;
Quand mon oeil fatigué se ferme à la lumière,
Tu viens d'un jour plus pur inonder ma paupière ;
Et l'espoir près de toi, rêvant sur un tombeau,
Appuyé sur la foi, m'ouvre un monde plus beau !
Viens donc, viens détacher mes chaînes corporelles,
Viens, ouvre ma prison ; viens, prête-moi tes ailes,
Que tardes-tu? Parais ; que je m'élance enfin
Vers cet être inconnu, mon principe et ma fin !
Qui m'en a détaché ? qui suis-je, et que dois-je être ?
Je meurs et ne sais pas ce que c'est que de naître.
Toi, qu'en vain j'interroge, esprit, hôte inconnu,
Avant de m'animer, quel ciel habitais-tu ?
Quel pouvoir t'a jeté sur ce globe fragile ?
Quelle main t'enferma dans ta prison d'argile ?
Par quels noeuds étonnants, par quels secrets rapports
Le corps tient-il à toi comme tu tiens au corps ?
Quel jour séparera l'âme de la matière ?
Pour quel nouveau palais quitteras-tu la terre ?
As-tu tout oublié ? Par-delà le tombeau,
Vas-tu renaître encor dans un oubli nouveau ?
Vas-tu recommencer une semblable vie ?
Ou dans le sein de Dieu, ta source et ta patrie,
Affranchi pour jamais de tes liens mortels,
Vas-tu jouir enfin de tes droits éternels ?
Oui, tel est mon espoir, ô moitié de ma vie !
C'est par lui que déjà mon âme raffermie
A pu voir sans effroi sur tes traits enchanteurs
Se faner du printemps les brillantes couleurs.
C'est par lui que percé du trait qui me déchire,
Jeune encore, en mourant vous me verrez sourire,
Et que des pleurs de joie à nos derniers adieux,
A ton dernier regard, brilleront dans mes yeux.
" Vain espoir ! " s'écriera le troupeau d'Epicure,
Et celui dont la main disséquant la nature,
Dans un coin du cerveau nouvellement décrit,
Voit penser la matière et végéter l'esprit ;
Insensé ! diront-ils, que trop d'orgueil abuse,
Regarde autour de toi : tout commence et tout s'use,
Tout marche vers un terme, et tout naît pour mourir ;
Dans ces prés jaunissants tu vois la fleur languir ;
Tu vois dans ces forêts le cèdre au front superbe
Sous le poids de ses ans tomber, ramper sous l'herbe ;
Dans leurs lits desséchés tu vois les mers tarir ;
Les cieux même, les cieux commencent à pâlir ;
Cet astre dont le temps a caché la naissance,
Le soleil, comme nous, marche à sa décadence,
Et dans les cieux déserts les mortels éperdus
Le chercheront un jour et ne le verront plus !
Tu vois autour de toi dans la nature entière
Les siècles entasser poussière sur poussière,
Et le temps, d'un seul pas confondant ton orgueil,
De tout ce qu'il produit devenir le cercueil.
Et l'homme, et l'homme seul, ô sublime folie !
Au fond de son tombeau croit retrouver la vie,
Et dans le tourbillon au néant emporté.
Abattu par le temps, rêve l'éternité !
Qu'un autre vous réponde, ô sages de la terre !
Laissez-moi mon erreur : j'aime, il faut que j'espère ;
Notre faible raison se trouble et se confond.
Oui, la raison se tait : mais l'Instinct vous répond.
Pour moi, quand je verrais dans les célestes plaines,
Les astres, s'écartant de leurs routes certaines,
Dans les champs de l'éther l'un par l'autre heurtés,
Parcourir au hasard les cieux épouvantés ;
Quand j'entendrais gémir et se briser la terre ;
Quand je verrais son globe errant et solitaire
Flottant **** des soleils, pleurant l'homme détruit,
Se perdre dans les champs de l'éternelle nuit ;
Et quand, dernier témoin de ces scènes funèbres,
Entouré du chaos, de la mort, des ténèbres,
Seul je serais debout : seul, malgré mon effroi,
Etre infaillible et bon, j'espérerais en toi,
Et, certain du retour de l'éternelle aurore,
Sur les mondes détruits, je t'attendrais encore !
Souvent, tu t'en souviens, dans cet heureux séjour
Où naquit d'un regard notre immortel amour,
Tantôt sur les sommets de ces rochers antiques,
Tantôt aux bords déserts des lacs mélancoliques,
Sur l'aile du désir, **** du monde emportés,
Je plongeais avec toi dans ces obscurités.
Les ombres à longs plis descendant des montagnes,
Un moment à nos yeux dérobaient les campagnes
Mais bientôt s'avançant sans éclat et sans bruit
Le choeur mystérieux des astres de la nuit,
Nous rendant les objets voilés à notre vue,
De ses molles lueurs revêtait l'étendue ;
Telle, en nos temples saints par le jour éclairés,
Quand les rayons du soir pâlissent par degrés,
La lampe, répandant sa pieuse lumière,
D'un jour plus recueilli remplit le sanctuaire.
Dans ton ivresse alors tu ramenais mes yeux,
Et des cieux à la terre, et de la terre aux cieux ;
Dieu caché, disais-tu, la nature est ton temple !
L'esprit te voit partout quand notre oeil la contemple ;
De tes perfections, qu'il cherche à concevoir,
Ce monde est le reflet, l'image, le miroir ;
Le jour est ton regard, la beauté ton sourire
Partout le coeur t'adore et l'âme te respire ;
Eternel, infini, tout-puissant et tout bon,
Ces vastes attributs n'achèvent pas ton nom ;
Et l'esprit, accablé sous ta sublime essence,
Célèbre ta grandeur jusque dans son silence.
Et cependant, ô Dieu! par sa sublime loi,
Cet esprit abattu s'élance encore à toi,
Et sentant que l'amour est la fin de son être,
Impatient d'aimer, brûle de te connaître.
Tu disais : et nos coeurs unissaient leurs soupirs
Vers cet être inconnu qu'attestaient nos désirs ;
A genoux devant lui, l'aimant dans ses ouvrages,
Et l'aurore et le soir lui portaient nos hommages,
Et nos yeux enivrés contemplaient tour à tour
La terre notre exil, et le ciel son séjour.
Ah! si dans ces instants où l'âme fugitive
S'élance et veut briser le sein qui la captive,
Ce Dieu, du haut du ciel répondant à nos voeux,
D'un trait libérateur nous eût frappés tous deux !
Nos âmes, d'un seul bond remontant vers leur source,
Ensemble auraient franchi les mondes dans leur course
A travers l'infini, sur l'aile de l'amour,
Elles auraient monté comme un rayon du jour,
Et, jusqu'à Dieu lui-même arrivant éperdues,
Se seraient dans son sein pour jamais confondues !
Ces voeux nous trompaient-ils? Au néant destinés,
Est-ce pour le néant que les êtres sont nés ?
Partageant le destin du corps qui la recèle,
Dans la nuit du tombeau l'âme s'engloutit-elle ?
Tombe-t-elle en poussière ? ou, prête à s'envoler,
Comme un son qui n'est plus va-t-elle s'exhaler ?
Après un vain soupir, après l'adieu suprême
De tout ce qui t'aimait, n'est - il plus rien qui t'aime ?
Ah ! sur ce grand secret n'interroge que toi !
Vois mourir ce qui t'aime, Elvire, et réponds-moi !
cindy Nov 2017
L'anesthésie mentale est terrible
Elle détend les muscles
Apaise le coeur
Elle apporte le sourire
Endort les peurs
Il suffit de se retrouver seul
Entre quatre murs
De prendre quelques petites secondes
Qui semblent s'étendre sur une éternité
Au point qu'elles deviennent étouffantes
La migraine arrive et le paysage tangue
La pièce est en mouvement et le corps en ébullition
Lorsque l'on prend conscience de tous nos travers
Et de tous nos défauts
Le Monde nous paraît bien moins beau.
sad
Quoi donc ! la vôtre aussi ! la vôtre suit la mienne !
Ô mère au coeur profond, mère, vous avez beau
Laisser la porte ouverte afin qu'elle revienne,
Cette pierre là-bas dans l'herbe est un tombeau !

La mienne disparut dans les flots qui se mêlent ;
Alors, ce fut ton tour, Claire, et tu t'envolas.
Est-ce donc que là-haut dans l'ombre elles s'appellent,
Qu'elles s'en vont ainsi l'une après l'autre, hélas ?

Enfant qui rayonnais, qui chassais la tristesse,
Que ta mère jadis berçait de sa chanson,
Qui d'abord la charmas avec ta petitesse
Et plus **** lui remplis de clarté l'horizon,

Voilà donc que tu dors sous cette pierre grise !
Voilà que tu n'es plus, ayant à peine été !
L'astre attire le lys, et te voilà reprise,
Ô vierge, par l'azur, cette virginité !

Te voilà remontée au firmament sublime,
Échappée aux grands cieux comme la grive aux bois,
Et, flamme, aile, hymne, odeur, replongée à l'abîme
Des rayons, des amours, des parfums et des voix !

Nous ne t'entendrons plus rire en notre nuit noire.
Nous voyons seulement, comme pour nous bénir,
Errer dans notre ciel et dans notre mémoire
Ta figure, nuage, et ton nom, souvenir !

Pressentais-tu déjà ton sombre épithalame ?
Marchant sur notre monde à pas silencieux,
De tous les idéals tu composais ton âme,
Comme si tu faisais un bouquet pour les cieux !

En te voyant si calme et toute lumineuse,
Les coeurs les plus saignants ne haïssaient plus rien.
Tu passais parmi nous comme Ruth la glaneuse,
Et, comme Ruth l'épi, tu ramassais le bien.

La nature, ô front pur, versait sur toi sa grâce,
L'aurore sa candeur, et les champs leur bonté ;
Et nous retrouvions, nous sur qui la douleur passe,
Toute cette douceur dans toute ta beauté !

Chaste, elle paraissait ne pas être autre chose
Que la forme qui sort des cieux éblouissants ;
Et de tous les rosiers elle semblait la rose,
Et de tous les amours elle semblait l'encens.

Ceux qui n'ont pas connu cette charmante fille
Ne peuvent pas savoir ce qu'était ce regard
Transparent comme l'eau qui s'égaie et qui brille
Quand l'étoile surgit sur l'océan hagard.

Elle était simple, franche, humble, naïve et bonne ;
Chantant à demi-voix son chant d'illusion,
Ayant je ne sais quoi dans toute sa personne
De vague et de lointain comme la vision.

On sentait qu'elle avait peu de temps sur la terre,
Qu'elle n'apparaissait que pour s'évanouir,
Et qu'elle acceptait peu sa vie involontaire ;
Et la tombe semblait par moments l'éblouir.

Elle a passé dans l'ombre où l'homme se résigne ;
Le vent sombre soufflait ; elle a passé sans bruit,
Belle, candide, ainsi qu'une plume de cygne
Qui reste blanche, même en traversant la nuit !

Elle s'en est allée à l'aube qui se lève,
Lueur dans le matin, vertu dans le ciel bleu,
Bouche qui n'a connu que le baiser du rêve,
Ame qui n'a dormi que dans le lit de Dieu !

Nous voici maintenant en proie aux deuils sans bornes,
Mère, à genoux tous deux sur des cercueils sacrés,
Regardant à jamais dans les ténèbres mornes
La disparition des êtres adorés !

Croire qu'ils resteraient ! quel songe ! Dieu les presse.
Même quand leurs bras blancs sont autour de nos cous,
Un vent du ciel profond fait frissonner sans cesse
Ces fantômes charmants que nous croyons à nous.

Ils sont là, près de nous, jouant sur notre route ;
Ils ne dédaignent pas notre soleil obscur,
Et derrière eux, et sans que leur candeur s'en doute,
Leurs ailes font parfois de l'ombre sur le mur.

Ils viennent sous nos toits ; avec nous ils demeurent ;
Nous leur disons : Ma fille, ou : Mon fils ; ils sont doux,
Riants, joyeux, nous font une caresse, et meurent.
Ô mère, ce sont là les anges, voyez-vous !

C'est une volonté du sort, pour nous sévère,
Qu'ils rentrent vite au ciel resté pour eux ouvert ;
Et qu'avant d'avoir mis leur lèvre à notre verre,
Avant d'avoir rien fait et d'avoir rien souffert,

Ils partent radieux ; et qu'ignorant l'envie,
L'erreur, l'orgueil, le mal, la haine, la douleur,
Tous ces êtres bénis s'envolent de la vie
A l'âge où la prunelle innocente est en fleur !

Nous qui sommes démons ou qui sommes apôtres,
Nous devons travailler, attendre, préparer ;
Pensifs, nous expions pour nous-même ou pour d'autres ;
Notre chair doit saigner, nos yeux doivent pleurer.

Eux, ils sont l'air qui fuit, l'oiseau qui ne se pose
Qu'un instant, le soupir qui vole, avril vermeil
Qui brille et passe ; ils sont le parfum de la rose
Qui va rejoindre aux cieux le rayon du soleil !

Ils ont ce grand dégoût mystérieux de l'âme
Pour notre chair coupable et pour notre destin ;
Ils ont, êtres rêveurs qu'un autre azur réclame,
Je ne sais quelle soif de mourir le matin !

Ils sont l'étoile d'or se couchant dans l'aurore,
Mourant pour nous, naissant pour l'autre firmament ;
Car la mort, quand un astre en son sein vient éclore,
Continue, au delà, l'épanouissement !

Oui, mère, ce sont là les élus du mystère,
Les envoyés divins, les ailés, les vainqueurs,
A qui Dieu n'a permis que d'effleurer la terre
Pour faire un peu de joie à quelques pauvres coeurs.

Comme l'ange à Jacob, comme Jésus à Pierre,
Ils viennent jusqu'à nous qui **** d'eux étouffons,
Beaux, purs, et chacun d'eux portant sous sa paupière
La sereine clarté des paradis profonds.

Puis, quand ils ont, pieux, baisé toutes nos plaies,
Pansé notre douleur, azuré nos raisons,
Et fait luire un moment l'aube à travers nos claies,
Et chanté la chanson du ciel dam nos maisons,

Ils retournent là-haut parler à Dieu des hommes,
Et, pour lui faire voir quel est notre chemin,
Tout ce que nous souffrons et tout ce que nous sommes,
S'en vont avec un peu de terre dans la main.

Ils s'en vont ; c'est tantôt l'éclair qui les emporte,
Tantôt un mal plus fort que nos soins superflus.
Alors, nous, pâles, froids, l'oeil fixé sur la porte,
Nous ne savons plus rien, sinon qu'ils ne sont plus.

Nous disons : - A quoi bon l'âtre sans étincelles ?
A quoi bon la maison où ne sont plus leurs pas ?
A quoi bon la ramée où ne sont plus les ailes ?
Qui donc attendons-nous s'ils ne reviendront pas ?

Ils sont partis, pareils au bruit qui sort des lyres.
Et nous restons là, seuls, près du gouffre où tout fuit,
Tristes ; et la lueur de leurs charmants sourires
Parfois nous apparaît vaguement dans la nuit.

Car ils sont revenus, et c'est là le mystère ;
Nous entendons quelqu'un flotter, un souffle errer,
Des robes effleurer notre seuil solitaire,
Et cela fait alors que nous pouvons pleurer.

Nous sentons frissonner leurs cheveux dans notre ombre ;
Nous sentons, lorsqu'ayant la lassitude en nous,
Nous nous levons après quelque prière sombre,
Leurs blanches mains toucher doucement nos genoux.

Ils nous disent tout bas de leur voix la plus tendre :
"Mon père, encore un peu ! ma mère, encore un jour !
"M'entends-tu ? je suis là, je reste pour t'attendre
"Sur l'échelon d'en bas de l'échelle d'amour.

"Je t'attends pour pouvoir nous en aller ensemble.
"Cette vie est amère, et tu vas en sortir.
"Pauvre coeur, ne crains rien, Dieu vit ! la mort rassemble.
"Tu redeviendras ange ayant été martyr."

Oh ! quand donc viendrez-vous ? Vous retrouver, c'est naître.
Quand verrons-nous, ainsi qu'un idéal flambeau,
La douce étoile mort, rayonnante, apparaître
A ce noir horizon qu'on nomme le tombeau ?

Quand nous en irons-nous où vous êtes, colombes !
Où sont les enfants morts et les printemps enfuis,
Et tous les chers amours dont nous sommes les tombes,
Et toutes les clartés dont nous sommes les nuits ?

Vers ce grand ciel clément où sont tous les dictames,
Les aimés, les absents, les êtres purs et doux,
Les baisers des esprits et les regards des âmes,
Quand nous en irons-nous ? quand nous en irons-nous ?

Quand nous en irons-nous où sont l'aube et la foudre ?
Quand verrons-nous, déjà libres, hommes encor,
Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre,
Et nos pieds faits de nuit éclore en ailes d'or ?

Quand nous enfuirons-nous dans la joie infinie
Où les hymnes vivants sont des anges voilés,
Où l'on voit, à travers l'azur de l'harmonie,
La strophe bleue errer sur les luths étoilés ?

Quand viendrez-vous chercher notre humble coeur qui sombre ?
Quand nous reprendrez-vous à ce monde charnel,
Pour nous bercer ensemble aux profondeurs de l'ombre,
Sous l'éblouissement du regard éternel ?
Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage,
Laisse à mes doigts brisés ton anneau d'esclavage !
Tu n'as que trop pleuré ton élément, l'amour ;
Sois heureux comme lui : sauve-toi sans retour !

Que tu montes la nue, ou que tu rases l'onde,
Souviens-toi de l'esclave en traversant le monde :
L'esclave t'affranchit pour te rendre à l'amour ;
Quitte-moi comme lui : sauve-toi sans retour !

Va retrouver dans l'air la volupté de vivre !
Va boire les baisers de Dieu, qui te délivre !
Ruisselant de soleil et plongé dans l'amour,
Va-t-en ! Va-t-en ! Va-t-en ! Sauve-toi sans retour !

Moi, je garde l'anneau ; je suis l'oiseau sans ailes.
Les tiennes vont aux cieux ; mon âme est devant elles.
Va ! Je les sentirai frissonner dans l'amour !
Mon ramier, sois béni ! Sauve-toi sans retour !

Va demander pardon pour les faiseurs de chaînes ;
En fuyant les bourreaux, laisse tomber les haines.
Va plus haut que la mort, emporté dans l'amour ;
Sois clément comme lui... sauve-toi sans retour !
cindy Apr 2018
Destin et Instinct, ils ne peuvent se tromper  
Dans le gouffre de mes doutes j’ose espérer  
En ta présence retrouver l’espoir perdu  
En entourant la silhouette de ton corps
L’habitude fait que je l’ai tant parcouru
Condamne donc mes actes, ton regard m’honore

Les murmures des volontés inavouées,
Les passions insatiables à peine exprimées
Des gestes d’amour retenus à l’unisson
Confortés par notre peur des répercussions
Cédons le pas à l’immoral, et nous voilà
Dans la tumulte, le vent nous emportera

Si tu m’annonces qu’Euros et Zéphyr s’embrassent
Sache que d’un oeil envieux ils nous observent
Lorsque de mes bras, sans réserve je t’enlace
Une preuve que dans mon coeur je te préserve
Toi, la lumière qui obscurcit mes tourments
Au milieu d’une tempête de sentiments
Dante Rocío Jun 2020
[Pour Marie C.]
Tu te souviens de cette fois
Quand tu m’as demandé
Si j’ai jamais pleuré de la douleur ?
Car je te réponds
profondément et tendrement
que oui.
« Oui » vrai de nouveau chaque jour.
De supporter un nom
Un sexe
Un âge
Des vêtements qui me donnent
des descriptions
et m’emprisonnent en plus.
De la longueur de ma maison.
Et ça fait mal comme un pur viol.
Voir, sur les genoux parmi des bêtes,
devant soi-même tout ce qui t’admire,
ce qui te laisse respirer,
t’aime,
te donne l’identité
et vit en tes soupirs des yeux
et des larmes,
juste à la distance de la main
pour ne pas être jamais rendu à toi
en publique
et te tuant ainsi dans un pays étrange.
« Oui » de souffrance inédite.

Quand j’t’entends,
te vois en mon esprit,
Je nous demande
Combien de nuits sourdes,
trop silencieuses,
du goût du sang et du métal
as-tu passé séparé, tout en eau,
Sans air, les mélodies
comme la seule compagnie ?
Combien des choses y a-t-il
auxquels tu ne donne jamais la voix ?
Combien de masques as-tu créés
et détruits ?
Combien des portes as-tu claqué
devant les personnes
qui s’appelaient ta famille ?
Combien d’êtres as-tu blessé
pour te protéger ?
La masque de pierre n’endurcira
plus un jour
Et la pierre se cassera en porcelaine sanglante.

Je désire te voir te romper,
Toucher une corde sensible de ton piano,
Pour que tu meurtes et naisses de nouveau.
Pour que tu puisses authentiquement respirer.
Pour que tu te laisse pleurer sans cesse.
Pour que je puisse te tenir dans mes bras.
Comme si tu étais la chose plus valeureuse
et fragile du monde,
Et pour qu’on puisse se regarder
dans nos yeux pour des heures,
Sans mots ni pensées se retrouver,
Devenir fragiles tous les deux.

« T’es trop lumineux », tu dis,
« pour moi »,
Eh ben, t’es pas trop sombre
pour moi.

Tu t’emportes des écouteurs,
Ta barrière et ta rédemption.
Seule distraction et chemin au ciel.

On se rend tous les deux aux étoiles,
On peut s’y rencontrer un jour
et entrelacer les mains.
Peut-être même s’appeler
de derrière de nos miroirs étroits
Avec des nouveaux sons pour nos noms.

Je t’embrasse, observe
Et écris de là,
Marie.
I know you might never see the note here, Mary, but I wish you all the truth,
eyesight beyond
and your life given to you back.
Wish I could delve into you like God does
To make you out and hold your state
Like that of a broken child.
Pozdrawiam cię z tego miejsca powyżej zrodzonego w francuskim,
tak dawno a jednak wciąż.
Choćbyśmy miały się już nie zmówić.
Zaprawdę nasza relacja specyficzną jest i była.
Dans le beau siècle d'or, quand les premiers humains,
Au milieu d'une paix profonde,
Coulaient des jours purs et sereins,
La vérité courait le monde
Avec son miroir dans les mains.
Chacun s'y regardait, et le miroir sincère
Retraçait à chacun son plus secret désir
Sans jamais le faire rougir ;
Temps heureux, qui ne dura guère !
L'homme devint bientôt méchant et criminel.
La vérité s'enfuit au ciel,
En jetant de dépit son miroir sur la terre.
Le pauvre miroir se cassa.
Ses débris qu'au hasard la chute dispersa
Furent perdus pour le vulgaire.
Plusieurs siècles après on en connut le prix :
Et c'est depuis ce temps que l'on voit plus d'un sage
Chercher avec soin ces débris,
Les retrouver parfois ; mais ils sont si petits,
Que personne n'en fait usage.
Hélas ! Le sage le premier
Ne s'y voit jamais tout entier.
Quand la lune apparaît dans la brume des plaines,
Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix,
Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
Les pâles ténèbres des bois,

Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore
Pareil au vieux poète, accablé, triste et beau,
Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
Devant la porte du tombeau,

Si tu veux, nous irons errer dans les vallées,
Nous marcherons dans l'herbe à pas silencieux,
Et nous regarderons les voûtes étoilées ;
C'est dans les champs qu'on voit les cieux !

Nous nous promènerons dans les campagnes vertes ;
Nous pencherons, pleurant ce qui s'évanouit,
Nos âmes ici-bas par le malheur ouvertes,
Sur les fleurs qui s'ouvrent la nuit !

Nous parlerons tout bas des choses infinies.
Tout est grand, tout est doux, quoique tout soit obscur !
Nous ouvrirons nos coeurs aux sombres harmonies
Qui tombent du profond azur !

C'est l'heure où l'astre brille, où rayonnent les femmes !
Ta beauté vague et pâle éblouira mes yeux.
Rêveurs, nous mêlerons le trouble de nos âmes
A la sérénité des cieux !

La calme et sombre nuit ne fait qu'une prière
De toutes les rumeurs de la nuit et du jour,
Nous, de tous les tourments de cette vie amère
Nous ne ferons que de l'amour !

À l'Assemblée, le 15 juin 1849.
Virginie Jun 2017
Il n'y a rien de plus libre que d'être associal,
Dans cet univers de malade mental.

- Il n'y a rien de mieux que de se retrouver seul avec soi même
- A quoi bon vivre une grande vie de bohème ?

J'ai appris une seule chose dans mon ivresse :
J'aime la solitude autant que je la déteste.
C'était la plus belle soirée de ma vie
J'aimerais m'en rappeler comme si c'était hier
C'était la plus horrible journée de ma vie
J'aimerais oublier comme si ce n'était hier:

Je suis dans une gare, le train n'arrive pas
Je me soumet la question, ce que j'aimerais m’éviter
J'attend ma belle et elle n'arrive pas
Je perds le temps que j’essaie de gagner

Je parle aux voyageurs antipathiques
Pour tuer le temps perdu
Coincé dans ce gâchis esthétique.
Avant que le temps ne me tue
Je quitte ce café pathétique,
Purgatoire pour excommuniés
Avant, je commande un autre verre, foutu tic,
Foutue expatriation, je veux t'oublier

Je me retrouve donc dans un carrefour sombre
Où se rencontrent les civilisations
Pas un arbre pour profiter de l’ombre
Il n’y a plus de lumière ni plus de son
On me noie
Au milieu d’une mer de gens qui n’ont pas vécus
Je suis assoiffé d’un ami
Au milieu du désert avec personne en vue
Dans ma propre ville je suis intru.
L’anonymat de l’exil,
On me connait bien à l’institut,
Je m’y reconnais dans chaque tuile,
Dans ses murs peints à l’huile
Je suis ici, et je suis là
Je m’imagine ailleurs mais c’est futile
Détachez-moi, je ne fuirais pas !

Je suis rescapé,
Je suis perdu !
Les heures m’ont échappées,
Le temps m’est perdu
Comment s’en sortir quand on est un débauché ?
Je suis mort, je suis pendu !
Comment repartir quand le train a déraillé ?
Quel guet-apen l’on m’a tendu !

On me somme de rentrer chez moi,
Le dernier train est passé, et je ne l’ai pas pris
Mes oeufs dans le même panier, et j’ai fais le mauvais choix
Je ne me reconnais plus, qu’est-ce qui m’as pris ?

J’essaie de me souvenir
Ce n’est certes pas la dernière fois
On m’a pris mes souvenirs
Comment me suis-je retrouvé là ?

Au retour d'une aventure (rêverie) que je regrette
Mes amis me dévisagent en traître
Je me défend en phrases toutes faites
Ah, si j’avais appris de mes ancêtres...

J’y retourne chaque matin,
Dans l’espoir de retrouver celui-ci (l’espoir)
Pas de libre arbitre pour un pantin
Chaque fois on m’affirme que je ne viens pas d’ici (chaque soir).

L’élégance d’une mort heureuse
Je ne pense plus au car de la malheureuse,
J’attend celui qui me portera **** de ces malheurs;
Jamais n'est-il à l’heure.
Quand je touche rêveuse à ces feuilles sonores
D'où montent les parfums des divines amphores,
Prise par tout mon corps d'un long tressaillement,
Je m'incline, et j'écoute avec saisissement.
Ô fièvre poétique ! ô sainte maladie !
Ô jeunesse éternelle ! ô vaste mélodie !
Voix limpide et profonde ! Invisible instrument !
Nid d'abeille enfermé dans un livre charmant !
Trésor tombé des mains du meilleur de mes frères !
Doux Memnon ! Chaste ami de mes tendres misères,
Chantez, nourrissez-moi d'impérissable miel ;
Car je suis indigente à me nourrir moi-même !
Source fraîche, ouvrez-vous à ma douleur suprême
Et m'aidez, par ce monde, à retrouver mon ciel !
Gorba Aug 2020
Resplendissante, enjouée, elle paraît insouciante
Les traits de son visage sont des monts et des collines que j’arpente
Délesté de tout équipement mais toujours habillé chaudement de mon imagination
J’explore ce magnifique paysage avec délectation

Nos regards se croisent, l’espace d’un instant
Me donnant l’impression de voyager à la vitesse de la lumière
Un flot infatigable d’images et de sons défile mais pas le temps
Ni mes souvenirs que je porte inlassablement en bandoulière

Perdu dans mes pensées
Elle se rapproche ensuite de moi à pas feutrés
Jusqu’à se retrouver à une distance de moins d’un pied
Sans que je ne puisse le remarquer

Soudain, derrière moi, elle me susurre à l’oreille quelques paroles frivoles
Une séquence de mots et de phrases qui me fait penser qu’elle est folle
Je réponds d’un sourire et d’un hochement de tête approbateur
Je sais qu’à cet instant, elle vient de s’accaparer mon cœur

J’entends maintenant au **** le chant des oiseaux
Qui semble rythmer la dance des papillons qui peuplent désormais mon ventre
La rosée du matin égrène des gouttes d’eau
Qui se frayent un chemin à travers une foule compacte et invisible de molécules, puis entre
En contact avec ma peau, éclaboussent mon front avant de ruisseler sur mes joues
J’ouvre finalement les yeux et me réveille, déçu, un peu, mais avec le sourire aux lèvres, surtout.
Espérant secrètement un rêve prémonitoire,
Un rêve en amont d’une hypothétique future très belle histoire.
Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

— The End —