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Paul d'Aubin Nov 2015
Sonnets pour treize  amis Toulousains  

Sonnet pour l’ami Alain  

Il est malin et combatif,
Autant qu’un malin chat rétif,
C’est Alain le beau mécano,
Exilé par la poste au tri.

Avec Nicole, quel beau tapage,
Car il provoque non sans ravages
Quand il en a marre du trop plein
A naviguer il est enclin.

Alain, Alain, tu aimes le filin
Toi qui es un fier mécano,  
A la conscience écolo.

Alain, Alain, tu vas finir  
Par les faire devenir «cabourds [1]»,  
Aux petits chefs à l’esprit lourd.
Paul     Aubin


Sonnet pour l’ami Bernard
  
Cheveux cendrés, yeux noirs profonds
Bernard, surplombe de son balcon.
Son esprit vif est aiguisé
Comme silex entrechoqués.

Sous son sérieux luit un grand cœur
D’humaniste chassant le malheur.
Très attentif à ses amis,
Il rayonne par son l’esprit.

Bernard, Bernard, tu es si sérieux,
Mais c’est aussi ton talisman
Qui pour tes amis est précieux.

Bernard, Bernard, tu es généreux,
Avec ce zeste de passion,  
Qui réchauffe comme un brandon.
Paul     Aubin

Sonnet pour l’ami Christian  

Sous l’apparence de sérieux  
Par ses lunettes un peu masqué.
C’est un poète inspiré,
Et un conférencier prisé.

Dans Toulouse il se promène  
Aventurier en son domaine.
Comme perdu dans la pampa
Des lettres,   il a la maestria

Christian, Christian, tu es poète,
Et ta poésie tu la vis.
Cette qualité est si rare.

Christian, Christian, tu es lunaire.
Dans les planètes tu sais aller
En parcourant Toulouse à pied.
Paul d’   Aubin

Sonnet pour l’ami José
  
Le crâne un peu dégarni
Dans son regard, un incendie.
Vif, mobile et électrisé,
Il semble toujours aux aguets.

Des « hidalgos » des temps jadis
Il a le verbe et l’allure.
Il donne parfois le tournis,
Mais il possède un cœur pur.

José, José, tu as horreur,
De l’injustice et du mépris,
C’est aussi ce qui fait ton prix.

José, José, tu es un roc
Un mousquetaire en Languedoc
Un homme qui sait résister.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami  Jean-Pierre  

Subtil et sage, jamais hautain,
C’est Jean-Pierre,  le Toulousain,
qui de son quartier, Roseraie
apparaît détenir les clefs.

Pensée précise d’analyste,  
Il  est savant et optimiste,
Épicurien en liberté,
magie d’  intellectualité.

Jean-Pierre, Jean-Pierre, tu es plus subtil,
Que l’écureuil au frais babil,  
Et pour cela tu nous fascines.

Jean-Pierre, Jean-Pierre, tu es trop sage,
C’est pour cela que tu es mon ami
A cavalcader mes folies.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Henry  

Henry  est un fougueux audois  
de la variété qui combat.
Dans ses yeux flamboie l’âpre alcool,
du tempérament espagnol.

Henry est un fidèle  ami
Mais en «section» comme «Aramits».
dans tous  les  recoins,  il frétille,
comme dans les torrents l’anguille.

Henry,  Henry, tu es bouillant
Et  te moques  des cheveux gris,
Sans toi même être prémuni.

Henry,  Henry, tu t’ingénies  
A transformer  ce monde gris
dans notre   époque de clinquant.
Paul   d’  Aubin

Sonnet pour l’ami Olivier  

Olivier l’informaticien    
à   un viking me fait penser.
Il aime d’ailleurs les fest noz,
Et  boit la bière autant qu’on ose

Olivier, roux comme  un flamand  
arpente Toulouse, à grand pas
avec cet  air énigmatique
qui nous le rend si sympathique

Olivier, tu es bretteur
dans le monde informatique,  
Tu gardes  un côté sorcier.

Olivier, tu as un grand cœur,
Tu réponds toujours, je suis là,  
Pour nous tirer de l’embarras.
Paul  d’   Aubin


Sonnet pour l’ami  Philippe  

Cheveux  de geai, les yeux luisants
Voici, Philippe le toulousain.
de l’ «Arsenal» à «Saint Sernin»
Il vous  salut de son allant.

Il est cordial et enjoué,
mais son esprit est aux aguets.
C’est en fait un vrai militant,
traçant sa   vie en se battant.

Philippe, Philippe, tu es partout,
Avec tes gestes du Midi
qui te valent  bien   des  amis.

Philippe, Philippe, tu es batailleur,
Et  ta voix chaude est ton atout,  
Dans notre  Toulouse frondeur.
Paul   d’  Aubin


Sonnet pour l’ami Pierre
  
Pierre est un juriste fin
Qui ne se prend pas au sérieux.
Et sait garder  la tête froide,
Face aux embûches et aux fâcheux.

Surtout, Pierre est humaniste
Et sait d’un sourire allumer.
le cœur  humains et rigoler,
Il doit être un peu artiste.

Pierre,  Pierre, tu es indulgent,
Mais tu as aussi un grand talent,
De convaincre et puis d’enseigner.

Pierre,  Pierre, tu manquerais
A l’ambiance du Tribunal
Quittant le «vaisseau amiral».
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Pierre-Yves    

Pierre-Yves est fin comme un lapin
mais c’est un si  gentil goupil,
à l’œil vif,  au regard malin;
en plus pense  européen.

Pierre-Yves est un fils d’historien,  
qui goûte  à la philosophe,
usant des plaisirs de la vie
en prisant le bon vin, aussi.

Pierre-Yves,   tu les connais bien,
tous nos notables toulousains,

Pierre-Yves,   tu nous as fait tant rire,
En parlant gaiement  des «pingouins»,
du Capitole,  avec ses  oies.
Paul  d’   Aubin


Sonnet pour l’ami  Rémy    
De son haut front, il bat le vent,
Son bras pointé, comme l’espoir,
C’est notre, Rémy, l’occitan,
Vigoureux comme un « coup à boire ».

De sa chemise rouge vêtue,
Il harangue tel un  Jaurès,
dans les amphis et dans les rues,
pour la belle Clio, sa déesse.

Olivier, Olivier,  ami  
Dans un bagad tu as ta place,  
Mais à Toulouse, on ne connait pas.

Rémy, Rémy, ils ne t’ont pas
Car tout Président  qu’ils t’ont fait,  
Tu gardes en toi, ta liberté.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Sylvain    

Sylvain est un perpignanais
mais plutôt secret qu’enjoué.
N’allez pas croire cependant,
qu’il  vous serait indifférent.

Sylvain,   a aussi le talent  
de savoir diriger les gens,
simple, précis et amical,
il pourrait être cardinal.

Sylvain,   Sylvain,    tu es très fin
et dans la «com..» est ton destin,
sans être en rien superficiel.

Sylvain,   Sylvain,    tu es en  recherche
d’une excellence  que tu as.
Il faut que tu la prennes en toi.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Toinou    

Tonnerre et bruits, rires et paris,
«Toinou » est fils de l’Oranie,
Quand sur Toulouse, il mit le cap,
On le vit,   entre houle et ressacs.

Dans la cité «Deromedi»
Au Mirail ou à Jolimont,
Emporté par un hourvari
On le connaît tel le « loup gris ».  

Toinou, Toinou, à la rescousse !
Dans la ville, y’a de la secousse!
Chez les «archis», dans les «amphis.»

Toinou, Toinou, encore un verre   !
Tu as oublié de te taire,
Et tes amis viennent tantôt.
Paul d’   Aubin
I.

One night at the Troubadour I spotted this extraordinary girl.

So I asked who she was.

‘A professional,’

That was my introduction that on a scale of one to ten

there were women who were fifteens—beautiful, bright, witty, and

oh, by the way, they worked.

Once I became aware,

I saw these women everywhere.

And I came to learn that most of them were connected to Alex



II.

She had a printer engrave a calling card

that featured a bird of paradise

borrowed from a Tiffany silver pattern

and,
under it,

Alex’s Aviary,

Beautiful and Exotic birds.



A few were women you’d see lunching at Le Dôme:

pampered arm pieces with expensive tastes

and a hint of a delicious but remote sexuality.

Many more were fresh-faced, athletic, tanned, freckled

the quintessential California girl

That you’d take for sorority queens or future BMW owners.





III.

The mechanism of Alex’s sudden notoriety is byzantine,

as these things always are.

One of her girls took up with a rotter,

the couple had a fight,

he went to the police,

the police had an undercover detective visit

(who just happened to be an attractive woman)

and ask to work for her,

she all but embraced her

—and by April of 1988 the district attorney had enough evidence

to charge her with two counts of pandering

and one of pimping.

For Alex, who is fifty-six

and has a heart condition and diabetes,

the stakes may be high.

A conviction carries the guarantee of incarceration.

For the forces of law and order,

the stakes may be higher.

Alex has let it be known that she will subpoena

every cop she’s ever met to testify at her trial.

And the revelations this might produce

—perhaps that Alex compromised policemen

by making girls available to them,

—perhaps that Alex had a deal with the police to provide information

in exchange for their blind eye to her activities

—could be hugely embarrassing to the police and the district attorney.

For Alex’s socially correct clients and friends,

for the socially correct wives of her clients and friends

and for a handful of movie and television executives

who have no idea they are dating or

married to former Alex girls,

the stakes are highest of all.



IV.

Alex’s black book is said to be a catalogue of
Le Tout Los Angeles.

In her head are the ****** secrets

of many of the city’s most important men,

to say nothing of visiting businessmen and Arab princes.

If she decides to warble,

either at her trial or in a book,

her song will shatter more than glass.





V.

A decade ago, I went to lunch at Ma Maison,

There were supposed to have been ten people there,

but only four came.

One of them was a short woman

who called me a few days later and invited me to lunch.

When I arrived, the table was set for two.

I didn’t know who Alex was or what she did,

but she knew the important facts of my situation:

I was getting divorced from a very wealthy man

and doing the legal work myself

to avail lawyers who wanted to get a big settlement for me.


Occasionally, she said, I get a call for a tall, dark-haired,

slender, flat-chested woman

—and I don’t have any.

It wouldn’t be a frequent thing.

There’d be weekends away, sometimes in Palm Springs,

sometimes in Europe.

The men will be elegant,

you’ll have your own room

—there would be no outward signs of impropriety.

And you’d get $10,000 to $20,000 for a weekend.





VI.

The tall, slender, flat-chested brunette

didn’t think it was right for her.

Alex handed her a business card

and suggested that she think about it.

To her surprise, she did

—for an entire week.

This was 1978, and $20,000 then

was like $40,000 now,

I knew it was hooking,

but Alex had never mentioned ***.



Our whole conversation seemed to be about something else.



VII.

I was born in Manila

to a Spanish-Filipina mother and German father,

and when I was twelve

a Japanese soldier came into our house

with his bayonet pointed at us,

ready to do us in.

He locked us in and set the house on fire.

I haven’t been scared by much since that.



My mother always struck me as goofy,

so I jumped on a bus and ran away,

I got off in Oakland,

saw a help-wanted sign on a parish house,

and went in.

I got $200 a month for taking care of four priests.

I spent all the money on pastries for the parish house.

But I didn’t care.

It felt safe.

And the priests sparked my interest in the domestic arts

—in linen, in crystal.



A new priest arrived.

He was unpleasant,

so on a vacation in Los Angeles I took a pedestrian job,

still a teenager,

married a scientist.

We separated eight years later,

he took our two sons to another state

threatened to keep them if I didn’t agree to a divorce.

Keep them I said and hung up.

It’s not that I don’t have a maternal instinct

—though I don’t,

I just hate to be manipulated.



My second husband,

an alcoholic,

had Frank Sinatra blue eyes, and possibly

—I never knew for sure—

had a big career in the underworld

as a contract killer.

Years before we got serious,

he was going out with a famous L.A. ******,

She and her friends were so elegant

that I started spending time with them in beauty salons.

They were so fancy,

so smart

—and they knew incredible people,

like the millionaire who sat in his suite all day

just writing $5,000 checks to girls.



VIII.

I was a florist.

We got to talking.

She was a madam from England

who wanted to sell her book and go home.

I bought it for $5,000.

My husband thought it was cute.

Now you’re getting your feet wet.

Three months later,

he died.

After eleven years of marriage,

just like that.

And of the names in the book

it turned out

that half of the men were also dead.

When I began the men were old and the women were ugly.



IX.

It was like a lunch party you or I would give,

Great food Alex had cooked herself.

Major giggles with old pals.

And then,

instead of chocolate After Eight,

she served three women After Three



This man has seen a bit of life

beyond Los Angeles,

so I asked him how Alex’s stable

compared with that of Madam Claude,

the legendary Parisian procuress.

Oh, these aren’t at all like Claude’s girls,

A Claude girl was perfectly dressed and multilingual

—you could take her to the opera

and she’d understand it.





He told me that when she was 40

she looked at herself in the mirror

and said

Disgusting.

People over 40

should not have ***.

But She Was Clear That She Never Liked It

even when she was young.

Besides, she saw all the street business

go to the tall,

beautiful girls.

She thought that she never had a chance

competing against them.

Instead,

she would take their money by managing them.





X.

Going to a ****** was not looked down upon then.

It was before the pill;

Girls weren’t giving it away.

Claude specialized in

failed models and actresses,

ones who just missed the cut.

But just because they failed

in those impossible professions

didn’t mean they weren’t beautiful,

fabulous.



Like Avis

in those days,

those girls tried harder.

Her place was off the Champs,

just above a branch of the Rothschild bank, where I had an account.

Once I met her,

I was constantly making withdrawals and heading upstairs.





XI.

We took the lift

and Claude greeted us at the door.

My impression was that of the director

of an haute couture house,

very subdued,

beige and gray, very little makeup.

She took us into a lounge and made us drinks,

Whiskey,

Cognac.

There was no maid.

We made small talk for 15 minutes.

How was the weekend?

What’s the weather like in Deauville?

Then she made the segue. ‘I understand you’d like to see some jeunes filles?’

She always used ‘jeunes filles.’

This was Claude’s polite way of saying 18 to 25.

She left and soon returned

with two very tall

jeunes filles,

One was blonde.

This is Eva from Austria.

She’s here studying painting.

And a brunette,

very different,

but also very fine.

This is Claudia from Germany.

She’s a dancer.

She took the girls back into the apartment and returned by herself.

I gave my English guest first choice.

He picked the blonde.

And wasn’t disappointed.

Each bedroom had its own bidet.

There was some nice

polite conversation, and then



It was slightly formal,

but it was high-quality.

He paid Claude

200 francs,

not to the girls

In 1965, 200 francs was about $40.

Pretty girls on Rue Saint-Denis

could be had for 40 francs

so you can see the premium.

Still, it wasn’t out of reach for mere mortals.

You didn’t have to be J. Paul Getty.





XII.

A lot of them

were models at

Christian Dior

or other couture houses.

She liked Scandinavians.

That was the look then

—cold, tall, perfect.

It was cheap for the quality.

They all used her.

The best people wanted

the best women.

Elementary supply and demand.



XIII.

She had a camp number tattooed on her wrist. I saw it.

She showed it to me and Rubi.

She was proud she had survived.

We talked about the camp for hours.

It was even more fascinating than the girls.



She was Jewish

I’m certain of that.

She was horrified at the Jewish collaborators

at the camp who herded

their fellow Jews

into the gas chambers.

That was the greatest betrayal in her life.



XIV.

She was this sad,

lonely little woman.

Later, Patrick told me who she was.

I was bowled over.

It was like meeting Al Capone.

I met two of the girls

who worked for her.

One was what you would expect

Tall

Blonde

Model.

But the other looked like a Rat

Then one night

she came out

all dressed up,

I didn’t even recognize her.

She was even better than the first girl.

Claude liked to transform women like that.

That was her art.

It was very odd,

my cousin told me.

There was not much furniture

and an awful lot of telephones.

“Allô oui,”



XV.

I had so many lunches

with Claude at Ma Maison

She was vicious.

One day,

Margaux Hemingway,

at the height of her beauty, walked by.

Une bonne

—the French for maid

was how Claude cut her dead.

She reduced

the entire world

to rich men wanting *** and

poor women wanting money.

She’d love to page through Vogue and see someone

and say,

When I met her

she was called

Marlene

and she had a hideous nose

and now she’s a princess.

Or she’d see someone and say

Let’s see if she kisses me or not.

It was like

I made her,

and I can destroy her.

She was obsessed

with “fixing” people

—with Saint Laurent clothes,

with Cartier watches,

with Winston jewels,

with Vuitton luggage,

with plastic surgeons.



XVI.

Her prison number was

888

which was good luck in China

but not in California.

‘Ocho ocho ocho,’ she liked to repeat

Even in jail, she was always working,

always recruiting stunning women.

She had a beautiful Mexican cellmate

and gave her Robert Evans’s number

as the first person she should call

when she was released.



XVII.

Never have *** on the first date.



XVIII.

There will always be prostitution,

The prostitution of misery.

And the prostitution of bourgeois luxury.

They will both go on forever.



“Allô oui,”



It was so exciting to hear a millionaire

or a head of state ask,

in a little boy’s voice,

for the one thing

that only you could provide

It's not how beautiful you are, it's how you relate

--it's mostly dialogue.



She was tiny, blond, perfectly coiffed and Chanel-clad.

The French Woman: The Arab Prince, the Japanese Diplomat, the Greek Tycoon, the C.I.A. Bureau Chief — She Possessed Them All!



XIX.

She was like a slave driver in the American South

Once she took a *******,

the makeover put the girl in debt,

because Claude paid all the bills to

Dior,

Vuitton,

to the hairdressers,

to the doctors,

and the girls had to work to pay them off.

It was ****** indentured servitude.



My Swans.



It reached the point

where if you walked into a room

in London

or Rome

as much as Paris

because the girls were transportable,

and saw a girl who was

better-dressed,

better-looking,

and more distinguished than the others

you presumed

it was a girl from Claude.

It was, without doubt,

the finest *** operation ever run in the history of mankind.



**.

The girl had to be

exactly what was needed

so I had to teach her everything she didn’t know.

I played a little the role of Pygmalion.

There were basic things that absolutely had to be done.

It consisted

at the start

of the physical aspect

“surgical intervention”

to give this way of being

that was different from other girls.

Often they had to be transformed

into dream creatures

because at the start

they were not at all



Often I had to teach them how to dress.

Often they needed help

to repair

what nature had given them

which was not so beautiful.

At first they had to be tall,

with pretty gestures,

good manners.

I had lots of noses done,

chins,

teeth,

*******.

There was a lot to do.



Eight times out of ten

I had to teach them how to behave in society.

There were official dinners, suppers, weekends,

and they needed to have conversation.

I insisted they learn to speak English,

read

certain books.

I interrogated them on what they read.

It wasn’t easy.

Each time something wasn’t working,

I was obliged to say so.



You were very demanding?

I was ferocious.



It’s difficult

to teach a girl how to walk into Maxim’s

without looking

ill at ease

when they’ve never been there,

to go into an airport,

to go to the Ritz,

or the Crillon

or the Dorchester.

To find yourself

in front of a king,

three princes,

four ministers,

and five ambassadors at an official dinner.

There were the wives of those people!

Day after day

one had to explain,

explain again,

start again.

It took about two years.

There would always be a man

who would then say of her,

‘But she’s absolutely exceptional. What is that girl doing here?’ ”





XXI.

A New York publisher who visited

the Palace Hotel

in Saint Moritz

in the early seventies told me,

I met a whole bunch of them there.

They were lovely.

The johns wanted everyone to know who they were.

I remember it being said

Giovanni’s Madame Claude girl is going to be there.

You asked them where they came from and they all said

Neuilly.

Claude liked girls from good families.

More to the point she had invented their backgrounds.



I have known,

because of what I did,

some exceptional and fascinating men.

I’ve known some exceptional women too,

but that was less interesting

because I made them myself.



Ah, this question of the handbag.

You would be amazed by how much dust accumulates.

Or how often women’s shoe heels are scuffed.





XXII.

She would examine their teeth and finally she would make them undress.



That was a difficult moment

When they arrived they were very shy,

a bit frightened.

At the beginning when I take a look,

it’s a question of seeing if the silhouette

and the gestures are pretty.

Then there was a disagreeable moment.

I said,

I’m sorry about this unpleasantness,

but I have to ask you to get undressed,

because I can’t talk about you unless I see you.

Believe me, I was embarrassed,

just as they were,

but it had to be done,

not out of voyeurism, not at all

—I don’t like les dames horizontales.



It was very funny

because there were always two reactions.

A young girl,

very sure of herself,

very beautiful,

très bien,

would say

Yes,

Get up, and get undressed.

There was nothing to hide, everything was perfect.



There were those who

would start timidly

to take off their dress

and I would say

I knew already.

The rest is not sadism, but nearly.

I knew what I was going to find.

I would say,

Maybe you should take off your bra,

and I knew it wasn’t going to be

beautiful.

Because otherwise she would have taken it off easily.

No problem.

There were damages that could be mended.

There were some ******* that could be redone,

some not

Sometimes it can be deceptive,

you know,

you see a pretty girl,

a pretty face,

all elegant and slim,

well dressed,

and when you see her naked

it is a catastrophe.



I could judge their physical qualities,

I could judge if she was pretty, intelligent, and cultivated,

but I didn’t know how she was in bed.

So I had some boys,

good friends,

who told me exactly.

I would ring them up and say,

There’s a new one.

And afterwards they’d ring back and say,

Not bad,

Could be better, or

Nulle.



Or,

on the contrary,

She’s perfect.

And I would sometimes have to tell the girls

what they didn’t know.

A pleasant assignment?

No.

They paid.



XXIII.

Often at the beginning

they had an ami de coeur

in other words,

oh,

a journalist, a photographer, a type like that,

someone in the cinema,

an actor, not very well known.

As time went by

It became difficult

because they didn’t have a lot of time for him.

The fact of physically changing,

becoming prettier,

changing mentally to live with millionaires,

produced a certain imbalance

between them

and the little boyfriend

who had not evolved

and had stayed in his milieu.

At the end of a certain time

she would say,

I’m so much better than him. Why am I with this boy?

And they would break up by themselves.



Remember,

this was instant elevation.

For most of them it was a dream existence,

provided they liked the ***,

and those that didn’t never lasted long.

A lot of the clients were young,

and didn’t treat them like tarts but like someone from their own class.

They would buy you presents,

take you on trips.



XXIV.

For me, *** was something very accessoire

I think after a certain age

there are certain spectacles one should not give to others

Now I have a penchant for solitude.

Love, it’s a complete destroyer,

It’s impossible,

a horror,

l’angoisse.

It’s the only time in my life I was jealous.

I’m not a jealous person, but I was épouvantable.

He was jealous too.

We broke plates over each other’s heads;

we became jealous about each other’s pasts.

I said one day

It’s finished.

Sometimes I look at myself in the mirror and say:

Break my legs,

give me scarlet fever,

an attack of TB, but never that.

Not that.



XXV.

I called her into my office

Let us not exaggerate,

I sent her away.

She came back looking for employment,

but was fired again, this time for drugs.

She made menacing phone calls.

Then she arrived at the Rue de Boulainvilliers with a gun.

She shot three bullets

I was dressed in the fashion of Courrèges at this moment

He did very padded things.

I had a padded dress with a little jacket on top.

The bullet

—merci, Monsieur Courrèges

—stuck in the padding.

I was thrown forward onto the telephone.

I had one thought which went through my head:

I will die like Kennedy.

I turned round and put my hand up in a reflex.

The second bullet went through my hand.

I have two dead fingers.

It’s most useful for removing bottle tops.

In the corridor I was saved from the third bullet

because she was very tall

and I am quite petite, so it passed over my head.



XXVI.

There were men

who could decapitate,

****, and bomb their rivals

who would be frightened of me.

I would ask them how was the girl,

and they’d say

Not bad

and then

But I’m not complaining.

I was a little sadistic to them sometimes.

Some women have known powerful men because they’re their lover.

But I’ve known them all.

I had them all

here.



She will take many state secrets with her.



XXVI.

I don’t like ugly people

probably because when I was young

I wasn’t beautiful at all.

I was ugly and I suffered for it,

although not to the point of obsession.

Now that I’m an old woman,

I’m not so bad.

And that’s why

I’ve always been surrounded by people

Who

were

beautiful.

And the best way to have beautiful people around me

was to make them.

I made them very pretty.





XXVII.

I wouldn’t call what Alex gives you

‘advice,’

She spares you Nothing.

She makes a list of what she wants done,

and she really gets into it

I mean, she wants you to get your arms waxed.

She gives you names of people who do good facials.

She tells you what to buy at Neiman Marcus.

She’s put off by anything flashy,

and if you don’t dress conservatively, she’s got no problem telling you,

in front of an audience,

You look like a cheap *****!

I used to wear what I wanted when I went out

then change in the car into a frumpy sweater

when I went to give her the money she’d always go,

Oh, you look beautiful!



Marry your boyfriend,

It’s better than going to prison.

When you go out with her,

she’ll buy you a present; she’s incredibly generous that way.

And she’ll always tell you to save money and get out.

It’s frustrating to her when girls call at the end of the month

and say they need rent money.

She wants to see you do well.





We had a schedule, with cards that indicated a client’s name,

what he liked,

the names of the girls he’d seen,

and how long he’d been with them.

And I only hired girls who had another career

—if my clients had a choice between drop-dead-gorgeous

and beautiful-and-interesting,

they’d tend to take beautiful-and-interesting.

These men wanted to talk.

If they spent two hours with a girl,

they usually spent only five or ten minutes in bed.



I get the feeling that in Los Angeles, men are more concerned with looks.



XXVIII.

That was my big idea

Not to expand the book by aggressive marketing

but to make sure that nobody

mistook my girls for run-of-the-mill hookers.

And I kept my roster fresh.

This was not a business where you peddle your ***,

get exploited,

and then are cast off.

I screen clients. I’ve never sent girls to weirdos.

I let the men know:

no violence,

no costumes,

no fudge-packing.

And I talked to my girls. I’d tell them:

Two and a half years and you’re burned out.

Save your money.

This is like a hangar

—you come in, refuel, and take off.

It’s not a vacation, it’s not a goof.

This buys the singing lessons,

the dancing lessons,

the glossies.

This is to help you pay for what your parents couldn’t provide.

It’s an honorable way station—a lot of stars did this.



XXIX.

To say someone was a Claude girl is an honour, not a slur.



Une femme terrible.

She despised men and women alike.

Men were wallets. Women were holes.



By the 80s,

if you were a brunette,

the sky was the limit.

The Saudis

They’d call for half a dozen of Alex’s finest,

ignore them all evening while they

chatted,

ate,

and played cards,

and then, around midnight,

take the women inside for a fast few minutes of ***.



They’d order women up like pizza.



Since my second husband died,

I only met one man who was right for me,

He was a sheikh.

I visited him in Europe

twenty-eight times

in the five years I knew him

and I never slept with him.

He’d say

I think you fly all the way here just to tease me,

but he introduced me

by phone

to all his powerful friends.

When I was in Los Angeles, he called me twice a day.

That’s why I never went out

he would have been disappointed.



***.

Listen to me

This is a woman’s business.

When a woman does it, it’s fun

there’s a giggle in it

when a man’s involved,

he’s ******,

he’s a ****.

He may know how to keep girls in line,

and he may make money,

but he doesn’t know what I do.

I tell guys: You’re getting a nice girl.

She’s young,

She’s pleasant,

She can do things

she can certainly make love.

She’s not a rocket scientist, but she’s everything else.



The world’s richest and most powerful men, the announcer teased.

An income “in the millions,” said the arresting officer.

Pina Colapinto

A petite call girl,

who once slid between the sheets of royalty,

a green-eyed blonde helped the police get the indictment.

They really dolled her up

She looks great.

Never!

What I told her was: ‘Wash that ******.’





XXXI.

Madam Alex died at 7 p.m.

Saturday at Cedars-Sinai Medical Center,

where she had been in intensive care after recent open heart surgery

We all held her hand when they took her off the life support

This was the passing of a legend.

Because she was the mother superior of prostitution.

She was one of the richest women on earth.

The world came to her.

She never had to leave the house.

She was like Hugh Hefner in that way.


It's like losing a friend

In all the years we played cat and mouse,

she never once tried to corrupt me.

We had a lot of fun.


To those who knew her

she was as constant

as she was colorful

always ready with a good tidbit of gossip

and a gourmet lunch for two.

She entertained, even after her conviction on pandering charges,

from the comfy depths of her blue four-poster bed at her home near Doheny Drive,

surrounded by knickknacks and meowing cats,

which she fed fresh shrimp from blue china plates.



XXXII.

She stole my business,

my books,

my girls,

my guys.

I had a good run.

My creatures.

Make Mommy happy

Oh! He is the most enchanting cat that I have ever known.



She was, how can I say it,

classy.

When she first hired me

she thought I was too young to take her case.

I was 43.

I'm going to give you some gray hairs by the time this is over.

She was right.





XXXIII.

I was fond of Heidi

But she has a streak that is so vindictive.



If there is pure evil, it is Madame Alex.





XXXIV.

I was born and raised in L.A.

My dad was a famous pediatrician.

When he died, they donated a bench to him at the Griffith Park Observatory.



I think that Heidi wanted to try her wings

pretty early,

and I think that she met some people

who sort of took all her potential

and gave it a sharp turn



She knew nothing.

She was like a little parrot who repeated what she was supposed to say.



Alex and I had a very intense relationship;

I was kind of like the daughter she loved and hated,

so she was abusive and loving at the same time.



Look, I know Madam Alex was great at what she did

but it's like this:

What took her years to build,

I built in one.

The high end is the high end,

and no one has a higher end than me.

In this business, no one steals clients.

There's just better service.



XXXV.

You were not allowed to have long hair

You were not allowed to be too pretty

You were not allowed to wear too much makeup or be too glamorous

Because someone would fall in love with you and take you away.

And then she loses the business



XXXVI.

I was pursued because

come on

in our lifetime,

we will never see another girl of my age

who lived the way I did,

who did what I did so quickly,

I made so many enemies.

Some people had been in this line of business

for their whole lives, 30 or 40 years,

and I came in and cornered the market.

Men don't like that.

Women don't like that.

No one liked it.



I had this spiritual awakening watching an Oprah Winfrey video.

I was doing this 500-hour drug class

and one day the teacher showed us this video,

called something like Make It Happen.

Usually in class I would bring a notebook

and write a letter to my brother or my journal,

but all of a sudden this grabbed my attention

and I understood everything she said.

It hit me and it changed me a lot.

It made me feel,

Accept yourself for who you are.

I saw a deeper meaning in it

but who knows, I might have just been getting my period that day!



XXXVII.

Hello, Gina!

You movie star!

Yes you are!

Gina G!

Hello my friend,

Hello my friend,

Hello my movie star,

Ruby! Ruby Boobie!

Braaawk!

Except so many women say,

Come on, Heidi

you gotta do the brothel for us; don't let us down.

It would be kind of fun opening up an exclusive resort,

and I'll make it really nice,

like the Beverly Hills Hotel

It'll feel private; you'll have your own bungalow.

The only problem out here is the climate—it's so brutal.

Charles Manson was captured a half hour from Pahrump.



I said, Joe! What are you doing?

You gotta get, like,

a garter belt and encase it in something

and write,

This belonged to Suzette Whatever,

who entertained the Flying Tigers during World War II.

Get, like, some weird tools and write,

These were the first abortion tools in the brothel,

you know what I mean?

Just make some **** up!

So I came out here to do some research

And then I realized,

What am I doing?

I'm Heidi Fleiss. I don't need anyone.

I can do this.

When I was doing my research, in three months

I saw land go from 30 thousand an acre

to 50 thousand an acre,

and then it was going for 70K!

It's urban sprawl

—we're only one hour from Las Vegas.

Out here the casinos are only going to get bigger,

prostitution is legal, it's only getting better.





XXXVIII.

The truth is

deep down inside,

I just can't do business with him

He's the type of guy who buys Cup o' Noodles soup for three cents

and makes his hookers buy it back from him for $5.

It's not my style at all.

Who wants to be 75 and facing federal charges?

It was different at my age when I

at least...come on, I lived really well.

I was 22,

25 at the time?

It was fun then, but now I wouldn't want

to deal with all that *******

—the girls and blah blah blah.

But the money was really good.



I would've told someone they were out of their ******* mind

if they'd said in five years I'd be living with all these animals like this.

It's hard-core; how I live;

It's totally a nonfunctional atmosphere for me

It's hard to get anything done because

It’s so time-consuming.

I feel like they're good luck though....

I do feel that if I ever get rid of them,

I will be jinxed and cursed the rest of my life

and nothing I do will ever work again.



Guys kind of are a hindrance to me

Certainly I have no problem getting laid or anything.

But a man is not a priority in my life.

I mean, it's crazy, but I really have fun with my parrots.



XXXIX.

I started a babysitting circle when I wasn't much older than 9

And soon all the parents in the neighborhood

wanted me to watch over their children.

Even then I had an innate business sense.

I started farming out my friends

to meet the demand.

My mother showered me with love and my father,

a pediatrician,

would ask me at the dinner table,

What did you learn today?

I ran my neighborhood.

I just pick up a hustle really easily,

I was a waitress and I met an older guy who looked like Santa Claus.



Alex was a 5' 3" bald-headed Filipina

in a transparent muu muu.

We hit it off.

I didn't know at the time that I was there to pay off the guy's gambling debt.

It's in and out,

over and out.

Do you think some big-time producer

or actor is going to go to the clubs and hustle?



Columbia Pictures executive says:

I haven’t done anything that should cause any concern.

Jeez, it's like the Nixon enemies list.

I hope I'm on it.

If I'm not, it means I must not be big enough

for people to gossip about me.



That's right ladies and gentlemen.

I am an alleged madam and that is a $25 *****!

If you live out here,

you've got to hate people.

You've got to be pretty antisocial

How you gonna come out here with only 86 people?

That's Fred.

He's digging to China.

You look good.

Yeah, you too.

It's coming along here.

Yeah, it is.

I wanted to buy that lot there, but I guess it's gone?

That's mine, man! That's all me.

Really?

I thought there was a lot between us.

No. We're neighbors.



He's a cute guy

He's entertaining.

See, I kind of did do something shady to him.

I thought my property went all the way back

and butted up against his.

But there was one lot between us right there.

He said he was buying it,

but I saw the 'For Sale' sign still up there,

So I went and called the broker and said,

I'm an all-cash buyer.

So I really bought it out from under him.

But he's got plenty of room, and I need the space for my parrots.

Pahrump will always be Pahrump, but Crystal is going to be nice

All you need are four or five fancy houses and it'll flush everyone out

and it'll be a nice area.

They're all kind of weird here, but these people will go.

Like this guy here,

someone needs to **** him.

I was just saying to my dad that these parrots are born to a really ******-up world

He goes, Heidi, no, no; the world is a beautiful garden.

It's just, people are destroying it.

I’m looking into green building options

I don't want anything polluting,

I want a huge auditorium,

but it'll be like a jungle where my birds can really fly!

Where they can really do what they're supposed to do.

There were over 300 birds in there!

That lady,

She ran the exotic-birds department for the Tropicana Hotel,

which is a huge job.

She called me once at 3:30 in the morning

Come over here and help me feed this baby!

Some baby parrot.

And I ran over there in my pajamas

—I knew there was something else wrong

and she was like

Get me my oxygen!

Get me this, get me that.

I called my dad; he was like,

I don't know, honey, you better call the paramedics.

They ended up getting a helicopter.

And they were taking her away

in the wind with her IV and blood and everything

and she goes, Heidi, you take care of my birds.

And she dies the next day.

She was just a super-duper person.



XL.

I relate to the lifestyle she had before,

Now, I'm just a citizen.

I'm clean,

I'm sober,

I'm married,

I work at Wal-Mart.

I'm proud to say I know her. I look into her eyes

and we relate.





I got out in 2000,

so I've been sending her money for seven years

She was…whatever.

Girlfriend?

Yeah, maybe.

But ***, I tried like two times,

and I'm just not gay.

She gets out in about eight or nine months

and I told her I would get her a house.

But nowhere near me.

I didn't touch her,

but I'd be, like...

a funny story:

I told her,

Don't you ever ******* think

about contacting me in the real world.

I'm not a lesbian.

Then about two years ago, I got an e-mail from her,

or she called me and said, 'Google my name.'

So I Googled her name,

and she has this huge company.

Huge!

She won, like, Woman of the Year awards.

So I called her and I go,

Not bad.

She goes, 'Well, I did all that because you called me a loser.'

I go, '****, I should've called you more names

you probably would've found the cure for cancer by now.



XLI.

No person shall be employed by the licensee

who has ever been convicted of

a felony involving moral turpitude

But I qualify,

I mean, big deal, so I'm a convicted felon.

Being in the *** industry, you can't be so squeaky-clean.

You've got to be hustling.

Nighttime is really enchanting here

It's like a whole 'nother world out here, it really is

I’m so far removed from my social life and old surroundings.

Who was it, Oscar Wilde, I think, who said

people can adjust to anything.

I was perfectly adjusted in the penitentiary,

and I was perfectly adjusted to living in a château in France.



We had done those drug addiction shows together

Dr. Drew.

Afterward we were friendly

and he'd call me every now and then.

He'd act like he had his stuff together.

But it was all a lie.

Everything is a lie.

I brought him to a Humane Society event at Paramount Studios last year.

He was just such a mess.

So out of it.

He stole money from my purse.

He's such a drug addict because he's so afraid of being fat.

He liked horse ****, though. He did like horse ****.

This one woman that would have *** with a horse on the internet,

He told me that’s his favorite actress.

Better than Meryl Streep.



XLII.

The cops could see

why these women were taking over trade.

Girls with these looks charged upwards of $500 an hour.

The Russians had undercut them with a bargain rate of $150 an hour.

One thing they are not is lazy.

In the USSR

they grew up with no religion, no morality.

Prostitution is not considered a bad thing.

In fact, it’s considered a great way to make money.

That’s why it’s exploding here.

What we saw was just a tip of the iceberg.

These girls didn’t come over here expecting to be nannies.

They knew exactly what they wanted and what they were getting into.

The madam who organized this raid

was making $4 million a year,

laundered through Russian-owned banks in New York City

These are brutal people.

They are all backstabbers.

They’re entrepreneurs.

They’re looking at $10,000 a month for turning tricks.

For them, that’s the American dream.



XLIII.

If you’re not into something,

don’t be into it

But,

if you want to take some whipped cream,

put it between your toes,

have your dog licking it up and,

at the same time,

have your girlfriend poke you in the eye,

then that’s fine.

That’s a little weird but we shouldn’t judge.



She was my best friend then

and I consider her one of my best friends now,

because when I was going through Riker’s

and everyone abandoned me,

including my boyfriend,

I was hysterical,

crying,

and she was the one that was there.

And, when somebody needed to step up to the plate,

that’s who did, and I have an immense amount of

loyalty, respect, and love for her.

And if she’s going to prison for eight years

—that’s what she’s sentenced for

—I’ll go there,

and I’ll go there every week,

for eight years.

That’s the type of person I am.
Paul Arrighi Mar 2014
Notre ami, le Mouflon

Parfois ses cornes tire-bouchon e font ressembler le mâle à un faune farceur,
Peu haut sur pattes mais véloce, le Mouflon se révèle un remarquable Athlète bondissant de rochers en rochers,
Escaladant les rocs avec effronterie, il se   rend parfois en été ou lorsque la nourriture se fait rare, au cœur des clairières et dans le creux des vals
Pour goûter avec gourmandise ces mets de choix que sont pour lui les baies, glands, faînes, châtaignes et surtout les mannes du frêne à fleurs,
Le Mouflon est, avant tout animal des cimes et des à-pics ; il est aimant de tous les lieux inaccessibles sans le secours de jumelles ou de téléobjectifs.

Pour Mouflons et Mouflonnes, la saison de l’amour est l’automne ce qui révèle un goût de seigneur,
Car la vêture des clairières est alors rougeoyante de beauté, à l’instar de tapis persans,
Le Mouflon ne serait-il pas animal sauvage certes mais romantique car il se plait à admirer l’encolure des Mouflonnes, qui s’harmonise si bien avec les couleurs automnales ;  
Mais pour les Mouflons, le plaisir d’amour doit rester subtil et ne pas verser dans ces luttes meurtrières : l’ami Mouflon est un épicurien qui donne leçon de sagesse à tous les jaloux.

Le Mouflon fut longtemps, le maître des Montagnes et du maquis Corse qu'il ne partageait qu'avec l’aigle royal, les sangliers les plus hardis et quelques bandits ou patriotes traqués,
Mais trop chassé par certains Hommes, dépourvus de sagesse et à la gâchette trop faciles, il faillit disparaître de son île emblématique.
Aujourd'hui il revient de l'île sœur, la Sardaigne, mais reste encore plus caché dans quelques massifs impénétrables comme le «Monte Cinto» et les «aiguilles de Bavella».
C’est ainsi que la Corse retrouve l'un de ses plus beaux animaux dont le nom de ses enfants, "I Muvrini", a fait le tour des scènes du Monde pour magnifier son emblème et sa terre nourricière, la Corse.
Paul Arrighi
Thapz Kolatsoeu Oct 2017
Ngiyakuthanda. Ukuba nginepeni nephepha ngabe ngihlezi phansi ngidansisa ipeni ngaphandle komculo ngikubhalela lenkondlo yothando!

Kondlo lena akuyona inkondlo.
Lena into ephuma kimi uqobo.
Ngoba inkondlo ikhuluma ngamaphupho necabango engasoze yafezeka nothando oluhambiselana nemigomo nemibandela.
Manje mina angiluphuphi uthando lwami ngawe ngiyalwazi lukhona. Angicabangi ukuthi ngyakuthanda kodwa ngyazi ngyakuthanda ingakoke ngi
Ngeke ngiqambe amanga kuwe ngithi ngeke ngiphile ngaphandle kwakho, ngingaphile, ukuthi nje impilo ingaphileka kangcono nginawe.
Ngeke ngikuqambele amanga ngithi ayikho enye into engiyicabangayo ngaphandle kwakho ekubeni kukuningi okunye engikucabangayo, ukuthi nje imicabango enawe iyintokozo nenjabulo kimina.
Ngeke ngiqambe amanga ngithi akulaleki ngicabanga wena, ukuthi nje ngilala kangcono ngicabanga wena. Ngeke ngiqamba amanga ngithi, ngendlela engikuthanda ngayo ngingatshela umhlaba wonke ngoba angeke ngikwenze lokho, kodwa umhlaba ozozibonela wona ukuthi ngiyakuthanda.
Ngalokho futhi ngizishaya isifuba. Empelini mina engizama ukukusho ukuthi ngyakuthanda.
Uyihlolo nonyoko bazala ingelosi sekusele nje ungivezele lezimpiko ozifihlile.
Sthandwa sami ngiyakuthanda, angizenzisi, kodwa kusuka ngaphakathi kimi.
Ngaso sonke isikhathi wakhumbula la mazwi ami, ngiyakuthanda.
Love expressed in isizulu.
Paul d'Aubin Dec 2014
Elégie poue notre ami Roland

Oh, mon ami, Roland Tu n’es plus désormais, Et il nous manque tant Ton regard colère Ta gouaille malicieuse Le feu de te propos De « pionnier » écolos
Que tu fus bien avant Que la mode s’en mêle. Cher Roland nous parlions Nous refaisions le Monde A torts et à travers. Mais puissants et fâcheux Etaient parmi les cibles Préférés de nos traits insolents De nos hardis propos. Roland, tu n’es plus là Et, ils ont prospéré, Les moutons, les dociles Qui suivent les bergers par trop intéressés. Cher Roland, reviens nous ! Pour les piquer encore, Ces satisfaits de peu, Ces traitres à leurs rêves. Reviens, Roland, Reviens ! Car nous avons besoin De l’esprit ironique De ta verve d’antan Et de tes polémiques Qui nous élèvent un peu De la médiocrité.

Paul Arrighi  – Toulouse
An elegy for my best friend Roland, on cooledge
Sreeja Banerjee Dec 2015
Ami
I believe in love
not a bickering of the broken heart
I believe in love
with the tangled emotions overwhelming me
I believe in love
though there is someone who can see a cynic in me

I’m beautiful
not to the masses
I’m beautiful
to the ones I choose to show this trait in me
I’m beautiful
to those who choose to see this trait in me

I’m a poet
not by writing rhyming verses
I’m a poet
with the numbness, dullness of the poetic verses in me
I’m a poet
by being the person that is me
The word 'Ami'  means 'me' in my vernacular language, Bengali.
Kabataa’y minsan lamang kung dumalaw,
Kaligayaha’t halakhaka’y umaalingawngaw
Oras ay tumatakbo
singbilis ng tibok ng puso

Oras ang kumakain sa tanan
Pagbabago’y siyang tahanan
Paglayo’y di man dama
Agwat ay di kayang hilai’t isama

Noon at ngayong panahon
Kayo’y narito, ako’y naroon
Aking nasilaya’y di niyo maikukumpara
Sa inyong mundong bumubungad sa tuwina

Pangaral ay mano po at opo
Pagluhod sa butyl ng monggo
Pag uwi bago ang ala-sais
Mga tamis anghang na pulang dilis!

Pag-akyat ng matarik na bundok
Tuhod na kung lakas sumuntok
Kalarong di makatiis
Sa pagtakbo’y humahagibis

Langit, lupa, mahuli ang taya,
Sing saya tuwing gunita.
Paglalaro ng apir-apiran at teks,
Ice tubig, sili…. Ngeks!

Ganyan ang aming buhay noon
Nakasakay sa ulap nang mga hamon
Kayo ngayo’s nasaan,
Mga batang sa ami’y nakipaghalinhinan?


Kompyuter, telebisyon, at Nintendo Wii,
Cellphone at iPad para sa sarili
Sining ng pagtula’t musika,
Nakaliligtaan na!

Sa mga mata ng panahon,
Makikita ang salamin ng kahapon
Di man naabot ng inyong kamalayan
Sapat nang silipin ang nakaraan

Inyong panaho’y ‘wag sayangin
Darating din ang araw ng mabilis na hangin
Magdadala sa inyo sa malayong himpapawirin
At nakaraa’y inyong lubos na nanaisin.

Sng oras ay oras,
Sa kanya, tayo’y patas
Sa buhay, tayo’y maglalaro
Sa kanyang mga hintuturo.

Lahat ng nawala sa dagat ng panahon,
Kailanma’y din a ibabalik pa ng mga alon
Mga isda nga’y nagpapailalim
Kaya’t marahas na kinabukasa’y wag suungin

Magngyari’t lasapin ang halakhakan,
Takbuhan sa piling ng mga kaibigan
Wag sayangin sa pagkukulong
sa mundo ng pag-ibig, gadgets at pagsulong!
Steph Dionisio Jul 2014
Ang totoo 'di tunay na alam,
sa kung paanong nito'y paraan, paano ipaparamdam,
itong pasasalamat na mula sa puso,
na ikaw rin mismo ang humubog at bumuo.

Sino ka nga ba sa aking buhay?
Anong katangian ang iyong itinataglay?
Bakit sa buhay, ika'y mahalaga?
Bakit kita kinakailangan sa tuwina?

Ako'y 'di mo lamang inilabas sa sinapupunan.
Sa akin ika'y nagmahal, nag-aruga, nagbigay ng aral.
Sa araw-araw na ika'y nakikita,
walang katumbas na saya ang tawagin kang "mama".

Kami'y walang kasing palad na mabiyayaan,
isang inang maganda, busilak ang kalooban.
Sa mga pagkakataon na ika'y nagalit,
Ni minsan sa ami'y 'di nagmalupit.

Pagod, hirap, sakripisyo, sa ami'y inilalaan,
walang pag-aalinlangang, ikaw ang ilaw ng tahanan.
O ano ang buhay kung wala ka?
Sa amin hatid mo ay labis na ligaya.

Di man masabi ang lahat sa munting tula,
'di man ito galing sa dalubhasa,
sa ikabuturan ng puso, ito'y nanggaling,
para sa isang dakilang inang wala ng niningning.
Paul d'Aubin Mar 2014
Le Whippet de  mon ami Bernard

Tu es entre chien et coursier
Avec ton museau effilé
Tes oreilles se dressent hauts
Comme le Dieu-Chien égyptien Anubis
Ton pelage ras fait penser
A un Kangourou tigré
Ou à un Léopard satiné.
Tes pattes de coureur de fond
Te donnent un air d'Antilope
Prêt à disputer une course.

Tu es de la race des lévriers
Si prisée par les princes Arabes
Et aussi les Lords anglais.
Ces lévriers qui fendent l’air
Comme les gazelles d’Afrique.
Tout en toi est fait pour la course
Ton corps est sculpté pour courir
Ton museau est comme un drakkar
Qui fend l’air pour gagner la course
Dans les prairies et les déserts.

Tu es un des chiens bienveillants
Si gentil avec les enfants
Qui prend des airs de Patricien
Quand sur le sofa il se tient.
Mais tu sais aussi rester sage
Veillant sur la paix de tes maîtres
Et apportant à la maison
«Inédit» est ton nom d’année
Un «grand cru» pour les Lévriers.

Paul d’Aubin (Paul Arrighi)
Le poète

Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve.
Je n'en puis comparer le lointain souvenir
Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève,
Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.

La muse

Qu'aviez-vous donc, ô mon poète !
Et quelle est la peine secrète
Qui de moi vous a séparé ?
Hélas ! je m'en ressens encore.
Quel est donc ce mal que j'ignore
Et dont j'ai si longtemps pleuré ?

Le poète

C'était un mal vulgaire et bien connu des hommes ;
Mais, lorsque nous avons quelque ennui dans le coeur,
Nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes,
Que personne avant nous n'a senti la douleur.

La muse

Il n'est de vulgaire chagrin
Que celui d'une âme vulgaire.
Ami, que ce triste mystère
S'échappe aujourd'hui de ton sein.
Crois-moi, parle avec confiance ;
Le sévère dieu du silence
Est un des frères de la Mort ;
En se plaignant on se console,
Et quelquefois une parole
Nous a délivrés d'un remord.

Le poète

S'il fallait maintenant parler de ma souffrance,
Je ne sais trop quel nom elle devrait porter,
Si c'est amour, folie, orgueil, expérience,
Ni si personne au monde en pourrait profiter.
Je veux bien toutefois t'en raconter l'histoire,
Puisque nous voilà seuls, assis près du foyer.
Prends cette lyre, approche, et laisse ma mémoire
Au son de tes accords doucement s'éveiller.

La muse

Avant de me dire ta peine,
Ô poète ! en es-tu guéri ?
Songe qu'il t'en faut aujourd'hui
Parler sans amour et sans haine.
S'il te souvient que j'ai reçu
Le doux nom de consolatrice,
Ne fais pas de moi la complice
Des passions qui t'ont perdu,

Le poète

Je suis si bien guéri de cette maladie,
Que j'en doute parfois lorsque j'y veux songer ;
Et quand je pense aux lieux où j'ai risqué ma vie,
J'y crois voir à ma place un visage étranger.
Muse, sois donc sans crainte ; au souffle qui t'inspire
Nous pouvons sans péril tous deux nous confier.
Il est doux de pleurer, il est doux de sourire
Au souvenir des maux qu'on pourrait oublier.

La muse

Comme une mère vigilante
Au berceau d'un fils bien-aimé,
Ainsi je me penche tremblante
Sur ce coeur qui m'était fermé.
Parle, ami, - ma lyre attentive
D'une note faible et plaintive
Suit déjà l'accent de ta voix,
Et dans un rayon de lumière,
Comme une vision légère,
Passent les ombres d'autrefois.

Le poète

Jours de travail ! seuls jours où j'ai vécu !
Ô trois fois chère solitude !
Dieu soit loué, j'y suis donc revenu,
À ce vieux cabinet d'étude !
Pauvre réduit, murs tant de fois déserts,
Fauteuils poudreux, lampe fidèle,
Ô mon palais, mon petit univers,
Et toi, Muse, ô jeune immortelle,
Dieu soit loué, nous allons donc chanter !
Oui, je veux vous ouvrir mon âme,
Vous saurez tout, et je vais vous conter
Le mal que peut faire une femme ;
Car c'en est une, ô mes pauvres amis
(Hélas ! vous le saviez peut-être),
C'est une femme à qui je fus soumis,
Comme le serf l'est à son maître.
Joug détesté ! c'est par là que mon coeur
Perdit sa force et sa jeunesse ;
Et cependant, auprès de ma maîtresse,
J'avais entrevu le bonheur.
Près du ruisseau, quand nous marchions ensemble,
Le soir, sur le sable argentin,
Quand devant nous le blanc spectre du tremble
De **** nous montrait le chemin ;
Je vois encore, aux rayons de la lune,
Ce beau corps plier dans mes bras...
N'en parlons plus... - je ne prévoyais pas
Où me conduirait la Fortune.
Sans doute alors la colère des dieux
Avait besoin d'une victime ;
Car elle m'a puni comme d'un crime
D'avoir essayé d'être heureux.

La muse

L'image d'un doux souvenir
Vient de s'offrir à ta pensée.
Sur la trace qu'il a laissée
Pourquoi crains-tu de revenir ?
Est-ce faire un récit fidèle
Que de renier ses beaux jours ?
Si ta fortune fut cruelle,
Jeune homme, fais du moins comme elle,
Souris à tes premiers amours.

Le poète

Non, - c'est à mes malheurs que je prétends sourire.  
Muse, je te l'ai dit : je veux, sans passion,
Te conter mes ennuis, mes rêves, mon délire,
Et t'en dire le temps, l'heure et l'occasion.
C'était, il m'en souvient, par une nuit d'automne,
Triste et froide, à peu près semblable à celle-ci ;
Le murmure du vent, de son bruit monotone,
Dans mon cerveau lassé berçait mon noir souci.
J'étais à la fenêtre, attendant ma maîtresse ;
Et, tout en écoutant dans cette obscurité,
Je me sentais dans l'âme une telle détresse
Qu'il me vint le soupçon d'une infidélité.
La rue où je logeais était sombre et déserte ;
Quelques ombres passaient, un falot à la main ;
Quand la bise sifflait dans la porte entr'ouverte,
On entendait de **** comme un soupir humain.
Je ne sais, à vrai dire, à quel fâcheux présage
Mon esprit inquiet alors s'abandonna.
Je rappelais en vain un reste de courage,
Et me sentis frémir lorsque l'heure sonna.
Elle ne venait pas. Seul, la tête baissée,
Je regardai longtemps les murs et le chemin,
Et je ne t'ai pas dit quelle ardeur insensée
Cette inconstante femme allumait en mon sein ;
Je n'aimais qu'elle au monde, et vivre un jour sans elle
Me semblait un destin plus affreux que la mort.
Je me souviens pourtant qu'en cette nuit cruelle
Pour briser mon lien je fis un long effort.
Je la nommai cent fois perfide et déloyale,
Je comptai tous les maux qu'elle m'avait causés.
Hélas ! au souvenir de sa beauté fatale,
Quels maux et quels chagrins n'étaient pas apaisés !
Le jour parut enfin. - Las d'une vaine attente,
Sur le bord du balcon je m'étais assoupi ;
Je rouvris la paupière à l'aurore naissante,
Et je laissai flotter mon regard ébloui.
Tout à coup, au détour de l'étroite ruelle,
J'entends sur le gravier marcher à petit bruit...
Grand Dieu ! préservez-moi ! je l'aperçois, c'est elle ;
Elle entre. - D'où viens-tu ? Qu'as-tu fait cette nuit ?
Réponds, que me veux-tu ? qui t'amène à cette heure ?
Ce beau corps, jusqu'au jour, où s'est-il étendu ?
Tandis qu'à ce balcon, seul, je veille et je pleure,
En quel lieu, dans quel lit, à qui souriais-tu ?
Perfide ! audacieuse ! est-il encor possible
Que tu viennes offrir ta bouche à mes baisers ?
Que demandes-tu donc ? par quelle soif horrible
Oses-tu m'attirer dans tes bras épuisés ?
Va-t'en, retire-toi, spectre de ma maîtresse !
Rentre dans ton tombeau, si tu t'en es levé ;
Laisse-moi pour toujours oublier ma jeunesse,
Et, quand je pense à toi, croire que j'ai rêvé !

La muse

Apaise-toi, je t'en conjure ;
Tes paroles m'ont fait frémir.
Ô mon bien-aimé ! ta blessure
Est encor prête à se rouvrir.
Hélas ! elle est donc bien profonde ?
Et les misères de ce monde
Sont si lentes à s'effacer !
Oublie, enfant, et de ton âme
Chasse le nom de cette femme,
Que je ne veux pas prononcer.

Le poète

Honte à toi qui la première
M'as appris la trahison,
Et d'horreur et de colère
M'as fait perdre la raison !
Honte à toi, femme à l'oeil sombre,
Dont les funestes amours
Ont enseveli dans l'ombre
Mon printemps et mes beaux jours !
C'est ta voix, c'est ton sourire,
C'est ton regard corrupteur,
Qui m'ont appris à maudire
Jusqu'au semblant du bonheur ;
C'est ta jeunesse et tes charmes
Qui m'ont fait désespérer,
Et si je doute des larmes,
C'est que je t'ai vu pleurer.
Honte à toi, j'étais encore
Aussi simple qu'un enfant ;
Comme une fleur à l'aurore,
Mon coeur s'ouvrait en t'aimant.
Certes, ce coeur sans défense
Put sans peine être abusé ;
Mais lui laisser l'innocence
Était encor plus aisé.
Honte à toi ! tu fus la mère
De mes premières douleurs,
Et tu fis de ma paupière
Jaillir la source des pleurs !
Elle coule, sois-en sûre,
Et rien ne la tarira ;
Elle sort d'une blessure
Qui jamais ne guérira ;
Mais dans cette source amère
Du moins je me laverai,
Et j'y laisserai, j'espère,
Ton souvenir abhorré !

La muse

Poète, c'est assez. Auprès d'une infidèle,
Quand ton illusion n'aurait duré qu'un jour,
N'outrage pas ce jour lorsque tu parles d'elle ;
Si tu veux être aimé, respecte ton amour.
Si l'effort est trop grand pour la faiblesse humaine
De pardonner les maux qui nous viennent d'autrui,
Épargne-toi du moins le tourment de la haine ;
À défaut du pardon, laisse venir l'oubli.
Les morts dorment en paix dans le sein de la terre :
Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints.
Ces reliques du coeur ont aussi leur poussière ;
Sur leurs restes sacrés ne portons pas les mains.
Pourquoi, dans ce récit d'une vive souffrance,
Ne veux-tu voir qu'un rêve et qu'un amour trompé ?
Est-ce donc sans motif qu'agit la Providence
Et crois-tu donc distrait le Dieu qui t'a frappé ?
Le coup dont tu te plains t'a préservé peut-être,
Enfant ; car c'est par là que ton coeur s'est ouvert.
L'homme est un apprenti, la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert.
C'est une dure loi, mais une loi suprême,
Vieille comme le monde et la fatalité,
Qu'il nous faut du malheur recevoir le baptême,
Et qu'à ce triste prix tout doit être acheté.
Les moissons pour mûrir ont besoin de rosée ;
Pour vivre et pour sentir l'homme a besoin des pleurs ;
La joie a pour symbole une plante brisée,
Humide encor de pluie et couverte de fleurs.
Ne te disais-tu pas guéri de ta folie ?
N'es-tu pas jeune, heureux, partout le bienvenu ?
Et ces plaisirs légers qui font aimer la vie,
Si tu n'avais pleuré, quel cas en ferais-tu ?
Lorsqu'au déclin du jour, assis sur la bruyère,
Avec un vieil ami tu bois en liberté,
Dis-moi, d'aussi bon coeur lèverais-tu ton verre,
Si tu n'avais senti le prix de la gaîté ?
Aimerais-tu les fleurs, les prés et la verdure,
Les sonnets de Pétrarque et le chant des oiseaux,
Michel-Ange et les arts, Shakspeare et la nature,
Si tu n'y retrouvais quelques anciens sanglots ?
Comprendrais-tu des cieux l'ineffable harmonie,
Le silence des nuits, le murmure des flots,
Si quelque part là-bas la fièvre et l'insomnie
Ne t'avaient fait songer à l'éternel repos ?
N'as-tu pas maintenant une belle maîtresse ?
Et, lorsqu'en t'endormant tu lui serres la main,
Le lointain souvenir des maux de ta jeunesse
Ne rend-il pas plus doux son sourire divin ?
N'allez-vous pas aussi vous promener ensemble
Au fond des bois fleuris, sur le sable argentin ?
Et, dans ce vert palais, le blanc spectre du tremble
Ne sait-il plus, le soir, vous montrer le chemin ?
Ne vois-tu pas alors, aux rayons de la lune,
Plier comme autrefois un beau corps dans tes bras,
Et si dans le sentier tu trouvais la Fortune,
Derrière elle, en chantant, ne marcherais-tu pas ?
De quoi te plains-tu donc ? L'immortelle espérance
S'est retrempée en toi sous la main du malheur.
Pourquoi veux-tu haïr ta jeune expérience,
Et détester un mal qui t'a rendu meilleur ?
Ô mon enfant ! plains-la, cette belle infidèle,
Qui fit couler jadis les larmes de tes yeux ;
Plains-la ! c'est une femme, et Dieu t'a fait, près d'elle,
Deviner, en souffrant, le secret des heureux.
Sa tâche fut pénible ; elle t'aimait peut-être ;
Mais le destin voulait qu'elle brisât ton coeur.
Elle savait la vie, et te l'a fait connaître ;
Une autre a recueilli le fruit de ta douleur.
Plains-la ! son triste amour a passé comme un songe ;
Elle a vu ta blessure et n'a pu la fermer.
Dans ses larmes, crois-moi, tout n'était pas mensonge.
Quand tout l'aurait été, plains-la ! tu sais aimer.

Le poète

Tu dis vrai : la haine est impie,
Et c'est un frisson plein d'horreur
Quand cette vipère assoupie
Se déroule dans notre coeur.
Écoute-moi donc, ô déesse !
Et sois témoin de mon serment :
Par les yeux bleus de ma maîtresse,
Et par l'azur du firmament ;
Par cette étincelle brillante
Qui de Vénus porte le nom,
Et, comme une perle tremblante,
Scintille au **** sur l'horizon ;
Par la grandeur de la nature,
Par la bonté du Créateur,
Par la clarté tranquille et pure
De l'astre cher au voyageur.
Par les herbes de la prairie,
Par les forêts, par les prés verts,
Par la puissance de la vie,
Par la sève de l'univers,
Je te bannis de ma mémoire,
Reste d'un amour insensé,
Mystérieuse et sombre histoire
Qui dormiras dans le passé !
Et toi qui, jadis, d'une amie
Portas la forme et le doux nom,
L'instant suprême où je t'oublie
Doit être celui du pardon.
Pardonnons-nous ; - je romps le charme
Qui nous unissait devant Dieu.
Avec une dernière larme
Reçois un éternel adieu.
- Et maintenant, blonde rêveuse,
Maintenant, Muse, à nos amours !
Dis-moi quelque chanson joyeuse,
Comme au premier temps des beaux jours.
Déjà la pelouse embaumée
Sent les approches du matin ;
Viens éveiller ma bien-aimée,
Et cueillir les fleurs du jardin.
Viens voir la nature immortelle
Sortir des voiles du sommeil ;
Nous allons renaître avec elle
Au premier rayon du soleil !
À Madame *.

Il est donc vrai, vous vous plaignez aussi,
Vous dont l'oeil noir, *** comme un jour de fête,
Du monde entier pourrait chasser l'ennui.
Combien donc pesait le souci
Qui vous a fait baisser la tête ?
C'est, j'imagine, un aussi lourd fardeau
Que le roitelet de la fable ;
Ce grand chagrin qui vous accable
Me fait souvenir du roseau.
Je suis bien **** d'être le chêne,
Mais, dites-moi, vous qu'en un autre temps
(Quand nos aïeux vivaient en bons enfants)
J'aurais nommée Iris, ou Philis, ou Climène,
Vous qui, dans ce siècle bourgeois,
Osez encor me permettre parfois
De vous appeler ma marraine,
Est-ce bien vous qui m'écrivez ainsi,
Et songiez-vous qu'il faut qu'on vous réponde ?
Savez-vous que, dans votre ennui,
Sans y penser, madame et chère blonde,
Vous me grondez comme un ami ?
Paresse et manque de courage,
Dites-vous ; s'il en est ainsi,
Je vais me remettre à l'ouvrage.
Hélas ! l'oiseau revient au nid,
Et quelquefois même à la cage.
Sur mes lauriers on me croit endormi ;
C'est trop d'honneur pour un instant d'oubli,
Et dans mon lit les lauriers n'ont que faire ;
Ce ne serait pas mon affaire.
Je sommeillais seulement à demi,
À côté d'un brin de verveine
Dont le parfum vivait à peine,
Et qu'en rêvant j'avais cueilli.
Je l'avouerai, ce coupable silence,
Ce long repos, si maltraité de vous,
Paresse, amour, folie ou nonchalance,
Tout ce temps perdu me fut doux.
Je dirai plus, il me fut profitable ;
Et, si jamais mon inconstant esprit
Sait revêtir de quelque fable
Ce que la vérité m'apprit,
Je vous paraîtrai moins coupable.
Le silence est un conseiller
Qui dévoile plus d'un mystère ;
Et qui veut un jour bien parler
Doit d'abord apprendre à se taire.
Et, quand on se tairait toujours,
Du moment qu'on vit et qu'on aime,
Qu'importe le reste ? et vous-même,
Quand avez-vous compté les jours ?
Et puisqu'il faut que tout s'évanouisse,
N'est-ce donc pas une folle avarice,
De conserver comme un trésor
Ce qu'un coup de vent nous enlève ?
Le meilleur de ma vie a passé comme un rêve
Si léger, qu'il m'est cher encor.
Mais revenons à vous, ma charmante marraine.
Vous croyez donc vous ennuyer ?
Et l'hiver qui s'en vient, rallumant le foyer,
A fait rêver la châtelaine.
Un roman, dites-vous, pourrait vous égayer ;
Triste chose à vous envoyer !
Que ne demandez-vous un conte à La Fontaine ?
C'est avec celui-là qu'il est bon de veiller ;
Ouvrez-le sur votre oreiller,
Vous verrez se lever l'aurore.
Molière l'a prédit, et j'en suis convaincu,
Bien des choses auront vécu
Quand nos enfants liront encore
Ce que le bonhomme a conté,
Fleur de sagesse et de gaieté.
Mais quoi ! la mode vient, et tue un vieil usage.
On n'en veut plus, du sobre et franc langage
Dont il enseignait la douceur,
Le seul français, et qui vienne du cœur ;
Car, n'en déplaise à l'Italie,
La Fontaine, sachez-le bien,
En prenant tout n'imita rien ;
Il est sorti du sol de la patrie,
Le vert laurier qui couvre son tombeau ;
Comme l'antique, il est nouveau.
Ma protectrice bien-aimée,
Quand votre lettre parfumée
Est arrivée à votre. enfant gâté,
Je venais de causer en toute liberté
Avec le grand ami Shakespeare.
Du sujet cependant Boccace était l'auteur ;
Car il féconde tout, ce charmant inventeur ;
Même après l'autre, il fallait le relire.
J'étais donc seul, ses Nouvelles en main,
Et de la nuit la lueur azurée,
Se jouant avec le matin,
Etincelait sur la tranche dorée
Du petit livre florentin ;
Et je songeais, quoi qu'on dise ou qu'on fasse,
Combien c'est vrai que les Muses sont sœurs ;
Qu'il eut raison, ce pinceau plein de grâce,
Qui nous les montre au sommet du Parnasse,
Comme une guirlande de fleurs !
La Fontaine a ri dans Boccace,
Où Shakespeare fondait en pleurs.
Sera-ce trop que d'enhardir ma muse
Jusqu'à tenter de traduire à mon tour
Dans ce livre amoureux une histoire d'amour ?
Mais tout est bon qui vous amuse.
Je n'oserais, si ce n'était pour vous,
Car c'est beaucoup que d'essayer ce style
Tant oublié, qui fut jadis si doux,
Et qu'aujourd'hui l'on croit facile.

Il fut donc, dans notre cité,
Selon ce qu'on nous a conté
(Boccace parle ainsi ; la cité, c'est Florence),
Un gros marchand, riche, homme d'importance,
Qui de sa femme eut un enfant ;
Après quoi, presque sur-le-champ,
Ayant mis ordre à ses affaires,
Il passa de ce monde ailleurs.
La mère survivait ; on nomma des tuteurs,
Gens loyaux, prudents et sévères ;
Capables de se faire honneur
En gardant les biens d'un mineur.
Le jouvenceau, courant le voisinage,
Sentit d'abord douceur de cœur
Pour une fille de son âge,
Qui pour père avait un tailleur ;
Et peu à peu l'enfant devenant homme,
Le temps changea l'habitude en amour,
De telle sorte que Jérôme
Sans voir Silvia ne pouvait vivre un jour.
À son voisin la fille accoutumée
Aima bientôt comme elle était aimée.
De ce danger la mère s'avisa,
Gronda son fils, longtemps moralisa,
Sans rien gagner par force ou par adresse.
Elle croyait que la richesse
En ce monde doit tout changer,
Et d'un buisson peut faire un oranger.
Ayant donc pris les tuteurs à partie,
La mère dit : « Cet enfant que voici,
Lequel n'a pas quatorze ans, Dieu merci !
Va désoler le reste de ma vie.
Il s'est si bien amouraché
De la fille d'un mercenaire,
Qu'un de ces jours, s'il n'en est empêché,
Je vais me réveiller grand'mère.
Soir ni matin, il ne la quitte pas.
C'est, je crois, Silvia qu'on l'appelle ;
Et, s'il doit voir quelque autre dans ses bras,
Il se consumera pour elle.
Il faudrait donc, avec votre agrément,
L'éloigner par quelque voyage ;
Il est jeune, la fille est sage,
Elle l'oubliera sûrement ;
Et nous le marierons à quelque honnête femme. »
Les tuteurs dirent que la dame
Avait parlé fort sagement.
« Te voilà grand, dirent-ils à Jérôme,
Il est bon de voir du pays.
Va-t'en passer quelques jours à Paris,
Voir ce que c'est qu'un gentilhomme,
Le bel usage, et comme on vit là-bas ;
Dans peu de temps tu reviendras. »
À ce conseil, le garçon, comme on pense,
Répondit qu'il n'en ferait rien,
Et qu'il pouvait voir aussi bien
Comment l'on vivait à Florence.
Là-dessus, la mère en fureur
Répond d'abord par une grosse injure ;
Puis elle prend l'enfant par la douceur ;
On le raisonne, on le conjure,
À ses tuteurs il lui faut obéir ;
On lui promet de ne le retenir
Qu'un an au plus. Tant et tant on le prie,
Qu'il cède enfin. Il quitte sa patrie ;
Il part, tout plein de ses amours,
Comptant les nuits, comptant les jours,
Laissant derrière lui la moitié de sa vie.
L'exil dura deux ans ; ce long terme passé,
Jérôme revint à Florence,
Du mal d'amour plus que jamais blessé,
Croyant sans doute être récompensé.
Mais. c'est un grand tort que l'absence.
Pendant qu'au **** courait le jouvenceau,
La fille s'était mariée.
En revoyant les rives de l'Arno,
Il n'y trouva que le tombeau
De son espérance oubliée.
D'abord il n'en murmura point,
Sachant que le monde, en ce point,
Agit rarement d'autre sorte.
De l'infidèle il connaissait la porte,
Et tous les jours il passait sur le seuil,
Espérant un signe, un coup d'oeil,
Un rien, comme on fait quand on aime.
Mais tous ses pas furent perdus
Silvia ne le connaissait plus,
Dont il sentit une douleur extrême.
Cependant, avant d'en mourir,
Il voulut de son souvenir
Essayer de parler lui-même.
Le mari n'était pas jaloux,
Ni la femme bien surveillée.
Un soir que les nouveaux époux
Chez un voisin étaient à la veillée,
Dans la maison, au tomber de la nuit,
Jérôme entra, se cacha près du lit,
Derrière une pièce de toile ;
Car l'époux était tisserand,
Et fabriquait cette espèce de voile
Qu'on met sur un balcon toscan.
Bientôt après les mariés rentrèrent,
Et presque aussitôt se couchèrent.
Dès qu'il entend dormir l'époux,
Dans l'ombre vers Silvia Jérôme s'achemine,
Et lui posant la main sur la poitrine,
Il lui dit doucement : « Mon âme, dormez-vous ?
La pauvre enfant, croyant voir un fantôme,
Voulut crier ; le jeune homme ajouta
« Ne criez pas, je suis votre Jérôme.
- Pour l'amour de Dieu, dit Silvia,
Allez-vous-en, je vous en prie.
Il est passé, ce temps de notre vie
Où notre enfance eut loisir de s'aimer,
Vous voyez, je suis mariée.
Dans les devoirs auxquels je suis liée,
Il ne me sied plus de penser
À vous revoir ni vous entendre.
Si mon mari venait à vous surprendre,
Songez que le moindre des maux
Serait pour moi d'en perdre le repos ;
Songez qu'il m'aime et que je suis sa femme. »
À ce discours, le malheureux amant
Fut navré jusqu'au fond de l'âme.
Ce fut en vain qu'il peignit son tourment,
Et sa constance et sa misère ;
Par promesse ni par prière,
Tout son chagrin ne put rien obtenir.
Alors, sentant la mort venir,
Il demanda que, pour grâce dernière,
Elle le laissât se coucher
Pendant un instant auprès d'elle,
Sans bouger et sans la toucher,
Seulement pour se réchauffer,
Ayant au cœur une glace mortelle,
Lui promettant de ne pas dire un mot,
Et qu'il partirait aussitôt,
Pour ne la revoir de sa vie.
La jeune femme, ayant quelque compassion,
Moyennant la condition,
Voulut contenter son envie.
Jérôme profita d'un moment de pitié ;
Il se coucha près de Silvie.
Considérant alors quelle longue amitié
Pour cette femme il avait eue,
Et quelle était sa cruauté,
Et l'espérance à tout jamais perdue,
Il résolut de cesser de souffrir,
Et rassemblant dans un dernier soupir
Toutes les forces de sa vie,
Il serra la main de sa mie,
Et rendit l'âme à son côté.
Silvia, non sans quelque surprise,
Admirant sa tranquillité,
Resta d'abord quelque temps indécise.
« Jérôme, il faut sortir d'ici,
Dit-elle enfin, l'heure s'avance. »
Et, comme il gardait le silence,
Elle pensa qu'il s'était endormi.
Se soulevant donc à demi,
Et doucement l'appelant à voix basse,
Elle étendit la main vers lui,
Et le trouva froid comme glace.
Elle s'en étonna d'abord ;
Bientôt, l'ayant touché plus fort,
Et voyant sa peine inutile,
Son ami restant immobile,
Elle comprit qu'il était mort.
Que faire ? il n'était pas facile
De le savoir en un moment pareil.
Elle avisa de demander conseil
À son mari, le tira de son somme,
Et lui conta l'histoire de Jérôme,
Comme un malheur advenu depuis peu,
Sans dire à qui ni dans quel lieu.
« En pareil cas, répondit le bonhomme,
Je crois que le meilleur serait
De porter le mort en secret
À son logis, l'y laisser sans rancune,
Car la femme n'a point failli,
Et le mal est à la fortune.
- C'est donc à nous de faire ainsi, »
Dit la femme ; et, prenant la main de son mari
Elle lui fit toucher près d'elle
Le corps sur son lit étendu.
Bien que troublé par ce coup imprévu,
L'époux se lève, allume sa chandelle ;
Et, sans entrer en plus de mots,
Sachant que sa femme est fidèle,
Il charge le corps sur son dos,
À sa maison secrètement l'emporte,
Le dépose devant la porte,
Et s'en revient sans avoir été vu.
Lorsqu'on trouva, le jour étant venu,
Le jeune homme couché par terre,
Ce fut une grande rumeur ;
Et le pire, dans ce malheur,
Fut le désespoir de la mère.
Le médecin aussitôt consulté,
Et le corps partout visité,
Comme on n'y vit point de blessure,
Chacun parlait à sa façon
De cette sinistre aventure.
La populaire opinion
Fut que l'amour de sa maîtresse
Avait jeté Jérôme en cette adversité,
Et qu'il était mort de tristesse,
Comme c'était la vérité.
Le corps fut donc à l'église porté,
Et là s'en vint la malheureuse mère,
Au milieu des amis en deuil,
Exhaler sa douleur amère.
Tandis qu'on menait le cercueil,
Le tisserand qui, dans le fond de l'âme,
Ne laissait pas d'être inquiet :
« Il est bon, dit-il à sa femme,
Que tu prennes ton mantelet,
Et t'en ailles à cette église
Où l'on enterre ce garçon
Qui mourut hier à la maison.
J'ai quelque peur qu'on ne médise
Sur cet inattendu trépas,
Et ce serait un mauvais pas,
Tout innocents que nous en sommes.
Je me tiendrai parmi les hommes,
Et prierai Dieu, tout en les écoutant.
De ton côté, prends soin d'en faire autant
À l'endroit qu'occupent les femmes.
Tu retiendras ce que ces bonnes âmes
Diront de nous, et nous ferons
Selon ce que nous entendrons. »
La pitié trop **** à Silvie
Etait venue, et ce discours lui plut.
Celui dont un baiser eût conservé la vie,
Le voulant voir encore, elle s'en fut.
Il est étrange, il est presque incroyable
Combien c'est chose inexplicable
Que la puissance de l'amour.
Ce cœur, si chaste et si sévère,
Qui semblait fermé sans retour
Quand la fortune était prospère,
Tout à coup s'ouvrit au malheur.
À peine dans l'église entrée,
De compassion et d'horreur
Silvia se sentit pénétrée ;
L'ancien amour s'éveilla tout entier.
Le front baissé, de son manteau voilée,
Traversant la triste assemblée,
Jusqu'à la bière il lui fallut aller ;
Et là, sous le drap mortuaire
Sitôt qu'elle vit son ami,
Défaillante et poussant un cri,
Comme une sœur embrasse un frère,
Sur le cercueil elle tomba ;
Et, comme la douleur avait tué Jérôme,
De sa douleur ainsi mourut Silvia.
Cette fois ce fut au jeune homme
A céder la moitié du lit :
L'un près de l'autre on les ensevelit.
Ainsi ces deux amants, séparés sur la terre,
Furent unis, et la mort fit
Ce que l'amour n'avait pu faire.
Te referent fluctus.
HORACE.

Naguère une même tourmente,
Ami, battait nos deux esquifs ;
Une même vague écumante
Nous jetait aux mêmes récifs ;
Les mêmes haines débordées
Gonflaient sous nos nefs inondées
Leurs flots toujours multipliés,
Et, comme un océan qui roule,
Toutes les têtes de la foule
Hurlaient à la fois sous nos pieds !

Qu'allais-je faire en cet orage,
Moi qui m'échappais du berceau ?
Moi qui vivais d'un peu d'ombrage
Et d'un peu d'air, comme l'oiseau ?
A cette mer qui le repousse
Pourquoi livrer mon nid de mousse
Où le jour n'osait pénétrer ?
Pourquoi donner à la rafale
Ma belle robe nuptiale
Comme une voile à déchirer ?

C'est que, dans mes songes de flamme,
C'est que, dans mes rêves d'enfant,
J'avais toujours présents à l'âme
Ces hommes au front triomphant,
Qui tourmentés d'une autre terre,
En ont deviné le mystère
Avant que rien en soit venu,
Dont la tête au ciel est tournée,
Dont l'âme, boussole obstinée,
Toujours cherche un pôle inconnu.

Ces Gamas, en qui rien n'efface
Leur indomptable ambition,
Savent qu'on n'a vu qu'une face
De l'immense création.
Ces Colombs, dans leur main profonde,
Pèsent la terre et pèsent l'onde
Comme à la balance du ciel,
Et, voyant d'en haut toute cause,
Sentent qu'il manque quelque chose
A l'équilibre universel.

Ce contre-poids qui se dérobe,
Ils le chercheront, ils iront ;
Ils rendront sa ceinture au globe,
A l'univers sont double front.
Ils partent, on plaint leur folie.
L'onde les emporte ; on oublie
Le voyage et le voyageur... -
Tout à coup de la mer profonde
Ils ressortent avec leur monde,
Comme avec sa perle un plongeur !

Voilà quelle était ma pensée.
Quand sur le flot sombre et grossi
Je risquai ma nef insensée,
Moi, je cherchais un monde aussi !
Mais, à peine **** du rivage,
J'ai vu sur l'océan sauvage
Commencer dans un tourbillon
Cette lutte qui me déchire
Entre les voiles du navire
Et les ailes de l'aquilon.

C'est alors qu'en l'orage sombre
J'entrevis ton mât glorieux
Qui, bien avant le mien, dans l'ombre,
Fatiguait l'autan furieux.
Alors, la tempête était haute,
Nous combattîmes côte à côte,
Tous deux, mois barque, toi vaisseau,
Comme le frère auprès du frère,
Comme le nid auprès de l'aire,
Comme auprès du lit le berceau !

L'autan criait dans nos antennes,
Le flot lavait nos ponts mouvants,
Nos banderoles incertaines
Frissonnaient au souffle des vents.
Nous voyions les vagues humides,
Comme des cavales numides,
Se dresser, hennir, écumer ;
L'éclair, rougissant chaque lame,
Mettait des crinières de flamme
A tous ces coursiers de la mer.

Nous, échevelés dans la brume,
Chantant plus haut dans l'ouragan,
Nous admirions la vaste écume
Et la beauté de l'océan.
Tandis que la foudre sublime
Planait tout en feu sur l'abîme,
Nous chantions, hardis matelots,
La laissant passer sur nos têtes,
Et, comme l'oiseau des tempêtes,
Tremper ses ailes dans les flots.

Echangeant nos signaux fidèles
Et nous saluant de la voix,
Pareils à deux soeurs hirondelles,
Nous voulions, tous deux à la fois,
Doubler le même promontoire,
Remporter la même victoire,
Dépasser le siècle en courroux ;
Nous tentions le même voyage ;
Nous voyions surgir dans l'orage
Le même Adamastor jaloux !

Bientôt la nuit toujours croissante,
Ou quelque vent qui t'emportait,
M'a dérobé ta nef puissante
Dont l'ombre auprès de moi flottait.
Seul je suis resté sous la nue.
Depuis, l'orage continue,
Le temps est noir, le vent mauvais ;
L'ombre m'enveloppe et m'isole,
Et, si je n'avais ma boussole,
Je ne saurais pas où je vais.

Dans cette tourmente fatale
J'ai passé les nuits et les jours,
J'ai pleuré la terre natale,
Et mon enfance et mes amours.
Si j'implorais le flot qui gronde,
Toutes les cavernes de l'onde
Se rouvraient jusqu'au fond des mers ;
Si j'invoquais le ciel, l'orage,
Avec plus de bruit et de rage,
Secouait se gerbe d'éclairs.

Longtemps, laissant le vent bruire,
Je t'ai cherché, criant ton nom.
Voici qu'enfin je te vois luire
A la cime de l'horizon
Mais ce n'est plus la nef ployée,
Battue, errante, foudroyée
Sous tous les caprices des cieux,
Rêvant d'idéales conquêtes,
Risquant à travers les tempêtes
Un voyage mystérieux.

C'est un navire magnifique
Bercé par le flot souriant,
Qui, sur l'océan pacifique,
Vient du côté de l'orient.
Toujours en avant de sa voile
On voit cheminer une étoile
Qui rayonne à l'oeil ébloui ;
Jamais on ne le voit éclore
Sans une étincelante aurore
Qui se lève derrière lui.

Le ciel serein, la mer sereine
L'enveloppent de tous côtés ;
Par ses mâts et par sa carène
Il plonge aux deux immensités.
Le flot s'y brise en étincelles ;
Ses voiles sont comme des ailes
Au souffle qui vient les gonfler ;
Il vogue, il vogue vers la plage,
Et, comme le cygne qui nage,
On sent qu'il pourrait s'envoler.

Le peuple, auquel il se révèle
Comme une blanche vision,
Roule, prolonge, et renouvelle
Une immense acclamation.
La foule inonde au **** la rive.
Oh ! dit-elle, il vient, il arrive !
Elle l'appelle avec des pleurs,
Et le vent porte au beau navire,
Comme à Dieu l'encens et la myrrhe,
L'haleine de la terre en fleurs !

Oh ! rentre au port, esquif sublime !
Jette l'ancre **** des frimas !
Vois cette couronne unanime
Que la foule attache à tes mâts :
Oublie et l'onde et l'aventure.
Et le labeur de la mâture,
Et le souffle orageux du nord ;
Triomphe à l'abri des naufrages,
Et ris-toi de tous les orages
Qui rongent les chaînes du port !

Tu reviens de ton Amérique !
Ton monde est trouvé ! - Sur les flots
Ce monde, à ton souffle lyrique,
Comme un oeuf sublime est éclos !
C'est un univers qui s'éveille !
Une création pareille
A celle qui rayonne au jour !
De nouveaux infinis qui s'ouvrent !
Un de ces mondes que découvrent
Ceux qui de l'âme ont fait le tour !

Tu peux dire à qui doute encore :
"J'en viens ! j'en ai cueilli ce fruit.
Votre aurore n'est pas l'aurore,
Et votre nuit n'est pas la nuit.
Votre soleil ne vaut pas l'autre.
Leur jour est plus bleu que le vôtre.
Dieu montre sa face en leur ciel.
J'ai vu luire une croix d'étoiles
Clouée à leurs nocturnes voiles
Comme un labarum éternel."

Tu dirais la verte savane,
Les hautes herbes des déserts,
Et les bois dont le zéphyr vanne
Toutes les graines dans les airs ;
Les grandes forêts inconnues ;
Les caps d'où s'envolent les nues
Comme l'encens des saints trépieds ;
Les fruits de lait et d'ambroisie,
Et les mines de poésie
Dont tu jettes l'or à leurs pieds.

Et puis encor tu pourrais dire,
Sans épuiser ton univers,
Ses monts d'agate et de porphyre,
Ses fleuves qui noieraient leurs mers ;
De ce monde, né de la veille,
Tu peindrais la beauté vermeille,
Terre vierge et féconde à tous,
Patrie où rien ne nous repousse ;
Et ta voix magnifique et douce
Les ferait tomber à genoux.

Désormais, à tous tes voyages
Vers ce monde trouvé par toi,
En foule ils courront aux rivages
Comme un peuple autour de son roi.
Mille acclamations sur l'onde
Suivront longtemps ta voile blonde
Brillante en mer comme un fanal,
Salueront le vent qui t'enlève,
Puis sommeilleront sur la grève
Jusqu'à ton retour triomphal.

Ah ! soit qu'au port ton vaisseau dorme,
Soit qu'il se livre sans effroi
Aux baisers de la mer difforme
Qui hurle béante sous moi,
De ta sérénité sublime
Regarde parfois dans l'abîme,
Avec des yeux de pleurs remplis,
Ce point noir dans ton ciel limpide,
Ce tourbillon sombre et rapide
Qui roule une voile en ses plis.

C'est mon tourbillon, c'est ma voile !
C'est l'ouragan qui, furieux,
A mesure éteint chaque étoile
Qui se hasarde dans mes cieux !
C'est la tourmente qui m'emporte !
C'est la nuée ardente et forte
Qui se joue avec moi dans l'air,
Et tournoyant comme une roue,
Fait étinceler sur ma proue
Le glaive acéré de l'éclair !

Alors, d'un coeur tendre et fidèle,
Ami, souviens-toi de l'ami
Que toujours poursuit à coups d'aile
Le vent dans ta voile endormi.
Songe que du sein de l'orage
Il t'a vu surgir au rivage
Dans un triomphe universel,
Et qu'alors il levait la tête,
Et qu'il oubliait sa tempête
Pour chanter l'azur de ton ciel !

Et si mon invisible monde
Toujours à l'horizon me fuit,
Si rien ne germe dans cette onde
Que je laboure jour et nuit,
Si mon navire de mystère
Se brise à cette ingrate terre
Que cherchent mes yeux obstinés,
Pleure, ami, mon ombre jalouse !
Colomb doit plaindre La Pérouse.
Tous deux étaient prédestinés !

Le 20 juin 1830.
O horrible ! o horrible ! most horrible !
Shakespeare, Hamlet.

On a cru devoir réimprimer cette ode telle qu'elle a été composée et publiée
en juin 1826, à l'époque du désastre de Missolonghi. Il est important de se rappeler,
en la lisant, que tous les journaux d'Europe annoncèrent alors la mort de Canaris,
tué dans son brûlot par une bombe turque, devant la ville qu'il venait secourir.
Depuis, cette nouvelle fatale a été heureusement démentie.


I.

Le dôme obscur des nuits, semé d'astres sans nombre,
Se mirait dans la mer resplendissante et sombre ;
La riante Stamboul, le front d'étoiles voilé,
Semblait, couchée au bord du golfe qui l'inonde,
Entre les feux du ciel et les reflets de l'onde,
Dormir dans un globe étoilé.

On eût dit la cité dont les esprits nocturnes
Bâtissent dans les airs les palais taciturnes,
À voir ses grands harems, séjours des longs ennuis,
Ses dômes bleus, pareils au ciel qui les colore,
Et leurs mille croissants, que semblaient faire éclore
Les rayons du croissant des nuits.

L'œil distinguait les tours par leurs angles marquées,
Les maisons aux toits plats, les flèches des mosquées,
Les moresques balcons en trèfles découpés,
Les vitraux, se cachant sous des grilles discrètes,
Et les palais dorés, et comme des aigrettes
Les palmiers sur leur front groupés.

Là, de blancs minarets dont l'aiguille s'élance
Tels que des mâts d'ivoire armés d'un fer de lance ;
Là, des kiosques peints ; là, des fanaux changeants ;
Et sur le vieux sérail, que ses hauts murs décèlent,
Cent coupoles d'étain, qui dans l'ombre étincellent
Comme des casques de géants !

II.

Le sérail...! Cette nuit il tressaillait de joie.
Au son des gais tambours, sur des tapis de soie,
Les sultanes dansaient sous son lambris sacré ;
Et, tel qu'un roi couvert de ses joyaux de fête,
Superbe, il se montrait aux enfants du prophète,
De six mille têtes paré !

Livides, l'œil éteint, de noirs cheveux chargés,
Ces têtes couronnaient, sur les créneaux rangées,
Les terrasses de rose et de jasmins en fleur :
Triste comme un ami, comme lui consolante,
La lune, astre des morts, sur leur pâleur sanglante
Répandait sa douce pâleur.

Dominant le sérail, de la porte fatale
Trois d'entre elles marquaient l'ogive orientale ;
Ces têtes, que battait l'aile du noir corbeau,
Semblaient avoir reçu l'atteinte meurtrière,
L'une dans les combats, l'autre dans la prière,
La dernière dans le tombeau.

On dit qu'alors, tandis qu'immobiles comme elles,
Veillaient stupidement les mornes sentinelles,
Les trois têtes soudain parlèrent ; et leurs voix
Ressemblaient à ces chants qu'on entend dans les rêves,
Aux bruits confus du flot qui s'endort sur les grèves,
Du vent qui s'endort dans les bois !

III.

La première voix.

« Où suis-je...? mon brûlot ! à la voile ! à la rame !
Frères, Missolonghi fumante nous réclame,
Les Turcs ont investi ses remparts généreux.
Renvoyons leurs vaisseaux à leurs villes lointaines,
Et que ma torche, ô capitaines !
Soit un phare pour vous, soit un foudre pour eux !

« Partons ! Adieu Corinthe et son haut promontoire,
Mers dont chaque rocher porte un nom de victoire,
Écueils de l'Archipel sur tous les flots semés,
Belles îles, des cieux et du printemps chéries,
Qui le jour paraissez des corbeilles fleuries,
La nuit, des vases parfumés !

« Adieu, fière patrie, Hydra, Sparte nouvelle !
Ta jeune liberté par des chants se révèle ;
Des mâts voilent tes murs, ville de matelots !
Adieu ! j'aime ton île où notre espoir se fonde,
Tes gazons caressés par l'onde,
Tes rocs battus d'éclairs et rongés par les flots !

« Frères, si je reviens, Missolonghi sauvée,
Qu'une église nouvelle au Christ soit élevée.
Si je meurs, si je tombe en la nuit sans réveil,
Si je verse le sang qui me reste à répandre,
Dans une terre libre allez porter ma cendre,
Et creusez ma tombe au soleil !

« Missolonghi ! - Les Turcs ! - Chassons, ô camarades,
Leurs canons de ses forts, leurs flottes de ses rades.
Brûlons le capitan sous son triple canon.
Allons ! que des brûlots l'ongle ardent se prépare.
Sur sa nef, si je m'en empare,
C'est en lettres de feu que j'écrirai mon nom.

« Victoire ! amis...! - Ô ciel ! de mon esquif agile
Une bombe en tombant brise le pont fragile...
Il éclate, il tournoie, il s'ouvre aux flots amers !
Ma bouche crie en vain, par les vagues couverte !
Adieu ! je vais trouver mon linceul d'algue verte,
Mon lit de sable au fond des mers.

« Mais non ! Je me réveille enfin...! Mais quel mystère ?
Quel rêve affreux...! mon bras manque à mon cimeterre.
Quel est donc près de moi ce sombre épouvantail ?
Qu'entends-je au ****...? des chœurs... sont-ce des voix de femmes ?
Des chants murmurés par des âmes ?
Ces concerts...! suis-je au ciel ? - Du sang... c'est le sérail ! »

IV.

La deuxième voix.

« Oui, Canaris, tu vois le sérail et ma tête
Arrachée au cercueil pour orner cette fête.
Les Turcs m'ont poursuivi sous mon tombeau glacé.
Vois ! ces os desséchés sont leur dépouille opime :
Voilà de Botzaris ce qu'au sultan sublime
Le ver du sépulcre a laissé !

« Écoute : Je dormais dans le fond de ma tombe,
Quand un cri m'éveilla : Missolonghi succombe !
Je me lève à demi dans la nuit du trépas ;
J'entends des canons sourds les tonnantes volées,
Les clameurs aux clameurs mêlées,
Les chocs fréquents du fer, le bruit pressé des pas.

« J'entends, dans le combat qui remplissait la ville,
Des voix crier : « Défends d'une horde servile,
Ombre de Botzaris, tes Grecs infortunés ! »
Et moi, pour m'échapper, luttant dans les ténèbres,
J'achevais de briser sur les marbres funèbres
Tous mes ossements décharnés.

« Soudain, comme un volcan, le sol s'embrase et gronde... -
Tout se tait ; - et mon œil ouvert pour l'autre monde
Voit ce que nul vivant n'eût pu voir de ses yeux.
De la terre, des flots, du sein profond des flammes,
S'échappaient des tourbillons d'âmes
Qui tombaient dans l'abîme ou s'envolaient aux cieux !

« Les Musulmans vainqueurs dans ma tombe fouillèrent ;
Ils mêlèrent ma tête aux vôtres qu'ils souillèrent.
Dans le sac du Tartare on les jeta sans choix.
Mon corps décapité tressaillit d'allégresse ;
Il me semblait, ami, pour la Croix et la Grèce
Mourir une seconde fois.

« Sur la terre aujourd'hui notre destin s'achève.
Stamboul, pour contempler cette moisson du glaive,
Vile esclave, s'émeut du Fanar aux Sept-Tours ;
Et nos têtes, qu'on livre aux publiques risées,
Sur l'impur sérail exposées,
Repaissent le sultan, convive des vautours !

« Voilà tous nos héros ! Costas le palicare ;
Christo, du mont Olympe ; Hellas, des mers d'Icare ;
Kitzos, qu'aimait Byron, le poète immortel ;
Et cet enfant des monts, notre ami, notre émule,
Mayer, qui rapportait aux fils de Thrasybule
La flèche de Guillaume Tell !

« Mais ces morts inconnus, qui dans nos rangs stoïques
Confondent leurs fronts vils à des fronts héroïques,
Ce sont des fils maudits d'Eblis et de Satan,
Des Turcs, obscur troupeau, foule au sabre asservie,
Esclaves dont on prend la vie,
Quand il manque une tête au compte du sultan !

« Semblable au Minotaure inventé par nos pères,
Un homme est seul vivant dans ces hideux repaires,
Qui montrent nos lambeaux aux peuples à genoux ;
Car les autres témoins de ces fêtes fétides,
Ses eunuques impurs, ses muets homicides,
Ami, sont aussi morts que nous.

« Quels sont ces cris...? - C'est l'heure où ses plaisirs infâmes
Ont réclamé nos sœurs, nos filles et nos femmes.
Ces fleurs vont se flétrir à son souffle inhumain.
Le tigre impérial, rugissant dans sa joie,
Tour à tour compte chaque proie,
Nos vierges cette nuit, et nos têtes demain ! »

V.

La troisième voix.

« Ô mes frères ! Joseph, évêque, vous salue.
Missolonghi n'est plus ! À sa mort résolue,
Elle a fui la famine et son venin rongeur.
Enveloppant les Turcs dans son malheur suprême,
Formidable victime, elle a mis elle-même
La flamme à son bûcher vengeur.

« Voyant depuis vingt jours notre ville affamée,
J'ai crié : « Venez tous ; il est temps, peuple, armée !
Dans le saint sacrifice il faut nous dire adieu.
Recevez de mes mains, à la table céleste,
Le seul aliment qui nous reste,
Le pain qui nourrit l'âme et la transforme en dieu ! »

« Quelle communion ! Des mourants immobiles,
Cherchant l'hostie offerte à leurs lèvres débiles,
Des soldats défaillants, mais encor redoutés,
Des femmes, des vieillards, des vierges désolées,
Et sur le sein flétri des mères mutilées
Des enfants de sang allaités !

« La nuit vint, on partit ; mais les Turcs dans les ombres
Assiégèrent bientôt nos morts et nos décombres.
Mon église s'ouvrit à leurs pas inquiets.
Sur un débris d'autel, leur dernière conquête,
Un sabre fit rouler ma tête...
J'ignore quelle main me frappa : je priais.

« Frères, plaignez Mahmoud ! Né dans sa loi barbare,
Des hommes et de Dieu son pouvoir le sépare.
Son aveugle regard ne s'ouvre pas au ciel.
Sa couronne fatale, et toujours chancelante,
Porte à chaque fleuron une tête sanglante ;
Et peut-être il n'est pas cruel !

« Le malheureux, en proie, aux terreurs implacables,
Perd pour l'éternité ses jours irrévocables.
Rien ne marque pour lui les matins et les soirs.
Toujours l'ennui ! Semblable aux idoles qu'ils dorent,
Ses esclaves de **** l'adorent,
Et le fouet d'un spahi règle leurs encensoirs.

« Mais pour vous tout est joie, honneur, fête, victoire.
Sur la terre vaincus, vous vaincrez dans l'histoire.
Frères, Dieu vous bénit sur le sérail fumant.
Vos gloires par la mort ne sont pas étouffées :
Vos têtes sans tombeaux deviennent vos trophées ;
Vos débris sont un monument !

« Que l'apostat surtout vous envie ! Anathème
Au chrétien qui souilla l'eau sainte du baptême !
Sur le livre de vie en vain il fut compté :
Nul ange ne l'attend dans les cieux où nous sommes ;
Et son nom, exécré des hommes,
Sera, comme un poison, des bouches rejeté !

« Et toi, chrétienne Europe, entends nos voix plaintives.
Jadis, pour nous sauver, saint Louis vers nos rives
Eût de ses chevaliers guidé l'arrière-ban.
Choisis enfin, avant que ton Dieu ne se lève,
De Jésus et d'Omar, de la croix et du glaive,
De l'auréole et du turban. »

VI.

Oui, Botzaris, Joseph, Canaris, ombres saintes,
Elle entendra vos voix, par le trépas éteintes ;
Elle verra le signe empreint sur votre front ;
Et soupirant ensemble un chant expiatoire,
À vos débris sanglants portant leur double gloire,
Sur la harpe et le luth les deux Grèces diront :

« Hélas ! vous êtes saints et vous êtes sublimes,
Confesseurs, demi-dieux, fraternelles victimes !
Votre bras aux combats s'est longtemps signalé ;
Morts, vous êtes tous trois souillés par des mains viles.
Voici votre Calvaire après vos Thermopyles ;
Pour tous les dévouements votre sang a coulé !

« Ah ! si l'Europe en deuil, qu'un sang si pur menace,
Ne suit jusqu'au sérail le chemin qu'il lui trace,
Le Seigneur la réserve à d'amers repentirs.
Marin, prêtre, soldat, nos autels vous demandent ;
Car l'Olympe et le Ciel à la fois vous attendent,
Pléiade de héros ! Trinité de martyrs ! »

Juin 1826.
Ami Z, tu m'es présent en cette solitude.
Quand le ciel, mon problème, et l'homme, mon étude,
Quand le travail, ce maître auguste et sérieux,
Quand les songes sereins, profonds, impérieux,
Qui tiennent jour et nuit ma pensée en extase,
Me laissent, dans cette ombre où Dieu souffle et m'embrase,
Un instant dont je puis faire ce que je veux,
Je me tourne vers toi, penseur aux blancs cheveux,
Vers toi, l'homme qu'on aime et l'homme qu'on révère,
Poète souriant, historien sévère !
Je repasse, bonheur pourtant bien incomplet,
Par tous les doux sentiers d'un souvenir qui plaît.
Ton Henri, - ton fils Pierre, ami de mon fils Charles,
- Et ta femme, - ange heureux qui rêve quand tu parles,
Je me rappelle tout : ton salon, tes discours,
Et nos longs entretiens qui font les soirs si courts,
Ton vénérable amour que jamais rien n'émousse
Pour toute belle chose et toute chose douce !
Maint poème charmant que nous disait ta voix
M'apparaît... - Mon esprit, admirant à la fois
Tant de jours sur ton front, tant de grâce en ton style,
Croit voir un patriarche au milieu d'une idylle !

Ainsi tu n'es jamais **** de mon âme, et puis
Tout me parle de toi dans ces champs où je suis ;
Je compare, en mon coeur que ton ombre accompagne,
Ta verte poésie et la fraîche campagne ;
Je t'évoque partout ; il me semble souvent
Que je vais te trouver dans quelque coin rêvant,
Et que, dans le bois sombre ouvrant ses ailes blanches,
Ton vers jeune et vivant chante au milieu des branches.
Je m'attends à te voir sous un arbre endormi.
Je dis : où donc est-il ? et je m'écrie : - Ami,
Que tu sois dans les champs, que tu sois à la ville,
Salut ! bois un lait pur, bénis Dieu, lis Virgile !
Que le ciel rayonnant, où Dieu met sa clarté,
Te verse au coeur la joie et la sérénité !

Qu'il fasse à tout passant ta demeure sacrée !
Qu'autour de ta vieillesse aimable et vénérée,
Il accroisse, tenant tout ce qu'il t'a promis,
Ta famille d'enfants, ta famille d'amis !
Que le sourire heureux, te soit toujours facile !
Doux vieillard ! noble esprit ! sage tendre et tranquille !
Santiago May 2015
"quiero cantar,
encontre que al cantar
me sentia mas cerca
de el, era algo indescriptible"

Yo te busco,
yo te busco,
con fuego en mi corazon.

Yo te busco,
yo te busco,
recibe mi adoracion.

CORO

Te anelo,
te necesito,
te AMO
mas q a mi ser.

.......................

"Yo te busco"

Yo te busco,
yo te busco,
con fuego en mi corazon

Yo te busco,
yo te busco,
revibe mi adoracion

Coro

Te anelo,
te necesito,
te AMO
mas q ami ser

Te anelo,
te necesito,
te AMO
mas q ami ser.
mas q ami ser.
mas q ami ser.
À Mademoiselle Contat.


Vos doigts de rose ont déchiré
Le crêpe étendu sur ma vie ;
Par vous, belle et sensible amie,
De mes fers je suis délivré.

Je ne suis plus seul sur la terre ;
Je redeviens, par vos bienfaits,
Fils, époux, citoyen et père,
Ami, frère, et surtout Français.

Me savaient-ils cette existence,
Ceux qui m'avaient calomnié ?
Riche et fier de votre amitié,
Pouvais-je abandonner la France ?

Ami de la tranquillité,
Je ne suis ni guerrier ni prêtre.
J'ai fait quelques héros peut-être ;
Mais je ne l'ai jamais été.

C'est depuis qu'elle m'est ravie
Que j'estime la liberté :
Elle ressemble à la santé,
Que le seul malade apprécie.

Mille fois heureux qui par vous
Recouvre ce bien que j'adore ;
Mille fois plus heureux encore
Qui peut le perdre à vos genoux !

À Dunkerque, le 9 décembre 1792
Le poète.

Du temps que j'étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s'asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau :
À la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu'au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j'allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d'un arbre vint s'asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d'une main,
De l'autre un bouquet d'églantine.
Il me fit un salut d'ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.

À l'âge où l'on croit à l'amour,
J'étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s'asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux ;
D'une main il montrait les cieux,
Et de l'autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu'un soupir,
Et s'évanouit comme un rêve.

À l'âge où l'on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s'asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.

Un an après, il était nuit ;
J'étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s'asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d'épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.

Je m'en suis si bien souvenu,
Que je l'ai toujours reconnu
À tous les instants de ma vie.
C'est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J'ai vu partout cette ombre amie.

Lorsque plus ****, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J'ai voulu m'exiler de France ;
Lorsqu'impatient de marcher,
J'ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d'une espérance ;

À Pise, au pied de l'Apennin ;
À Cologne, en face du Rhin ;
À Nice, au penchant des vallées ;
À Florence, au fond des palais ;
À Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;

À Gênes, sous les citronniers ;
À Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l'Atlantique ;
À Venise, à l'affreux Lido,
Où vient sur l'herbe d'un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;

Partout où, sous ces vastes cieux,
J'ai lassé mon cœur et mes yeux,
Saignant d'une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M'a promené sur une claie ;

Partout où, sans cesse altéré
De la soif d'un monde ignoré,
J'ai suivi l'ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J'ai revu ce que j'avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;

Partout où, le long des chemins,
J'ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j'ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;

Partout où j'ai voulu dormir,
Partout où j'ai voulu mourir,
Partout où j'ai touché la terre,
Sur ma route est venu s'asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j'aime la Providence.
Ta douleur même est sœur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l'Amitié.

Qui donc es-tu ? - Tu n'es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m'avertir.
Tu vois mes maux (c'est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t'appeler.
Qui donc es-tu, si c'est Dieu qui t'envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !

Ce soir encor je t'ai vu m'apparaître.
C'était par une triste nuit.
L'aile des vents battait à ma fenêtre ;
J'étais seul, courbé sur mon lit.
J'y regardais une place chérie,
Tiède encor d'un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.

Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d'amour.

Tout ce passé me criait à l'oreille
Ses éternels serments d'un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du cœur par le cœur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !

J'enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu'ici-bas ce qui dure,
C'est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d'oubli.
De tous côtés j'y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, **** des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.

J'allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J'allais le rendre, et, n'y pouvant pas croire,
En pleurant j'en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t'en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n'aimais pas ?

Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce cœur de glace
Emportez l'orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m'avez fait.

Partez, partez ! la Nature immortelle
N'a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n'a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j'ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m'aimes-tu ?

Mais tout à coup j'ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j'ai vu passer une ombre ;
Elle vient s'asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j'aperçois dans ce miroir ?

Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n'a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l'ombre où j'ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu'as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n'apparais qu'au jour des pleurs ?

La vision.

- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l'ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j'aime, je ne sais pas
De quel côté s'en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m'as nommé par mon nom
Quand tu m'as appelé ton frère ;
Où tu vas, j'y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j'irai m'asseoir sur ta pierre.

Le ciel m'a confié ton cœur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Donall Dempsey Mar 2016
AHHH....AMI!

"Je cherche le mot..."

Her left foot
had gone

. . .asleep.

The rest of her
still

. . . wide awake.

The net curtains
she noticed idly

needed washing

blew back
in an almost

theatrical( how
dramatic)fashion

& there
stood Death

large as life
( so to speak ).

Death itself
like an old fashioned butler

"Almost a Jeeves!"
she chuckled softly

to her self.

"Madame, if I may
...have a word?"

"Oh, Mr. Death
surely not yet...not yet?"

Death smiled
obsequiously.

"Le Roi, s'amuse. . ."

The unfinished Maupassant
falling from her hand.
Ivie Wolfe May 2018
Faux Ami
By Ivie Wolfe

Hidden behind a fox mask,
in this non-masquerade ball.
A shadow that leaves me when its dark,
yet appears when all seems light.
A two-faced penny,
no longer worth a dime.
A leaf that only rides my wind.
A spoiled child that moves on
from old toy to new toy.
A faux ami, that was never once true.
A faux ami, that only knows how to use.
You have been at my ball for far too long,
now it is time for you to take off the mask,
leave and
never
crawl
back.
I.

Le ciel est calme et pur, la terre lui ressemble ;
Elle offre avec orgueil au soleil radieux
L'essaim tourbillonnant de ses enfants heureux.
Dans les parvis sacrés, la foule se rassemble.
Ô vous.... qui vous aimez et qui restez ensemble !
Vous qui pouvez encor prier en souriant,
Un mot à Dieu pour ceux qui pleurent en priant,
Vous qui restez ensemble !

Soleil ! du voyageur, toi, le divin secours,
En tous lieux brilles-tu comme au ciel de la France ?
N'as-tu pas en secret, parfois, de préférence,
Comme un cœur a souvent de secrètes amours ?
Ou, pour tous les pays, as-tu donc de beaux jours ?
Oh ! d'un rayon ami, protège le voyage !
Sur le triste exilé qui fuit **** du rivage,
Soleil, brille toujours !

Brise de nos printemps, qui courbes chaque branche,
Dont le souffle léger vient caresser les fleurs
Et s'imprègne en passant de leurs fraîches odeurs !
Au ****, du faible esquif qui s'incline et se penche,
Enfles-tu doucement l'humide voile blanche ?
Brise, sois douce et bonne au vaisseau qui s'enfuit ;
Comme un ange gardien, surveille jour et nuit
L'humide voile blanche.

Mer, dont l'immensité se dérobe à mes yeux !
Arrête la fureur de ta vague écumante,
Étouffe l'ouragan dont la voix se lamente,
Endors tes flots profonds, sombre miroir des cieux.
Que ton onde sommeille à l'heure des adieux ;
Renferme dans ton sein le vent de la tempête,
Et reçois mon ami, comme un ami qu'on fête,
À l'heure des adieux.

Mais pourquoi de la mer implorer la clémence,
Quand l'univers entier obéit au Seigneur ?
C'est lui qu'il faut prier quand se brise le cœur,
Quand sur nos fronts pâlis vient planer la souffrance,
Quand, pour nos yeux en pleurs, ton aurore commence,
Ô toi, de tous nos jours le jour le plus affreux,
- Que l'on achève seul, que l'on commence à deux
Premier jour de l'absence !

Mais n'est-il pas, mon Dieu ! dans tes divins séjours,
Un ange qui protège à l'ombre de ses ailes
Tous les amours bénis par tes mains paternelles :
Le bon ange, ô mon Dieu, des fidèles amours !
Il s'attriste aux départs et sourit aux retours,
Il rend au pèlerin la route plus unie ;
Oh ! veille donc sur lui, toi qui m'as tant bénie,
Bon ange des amours !

Le ciel est calme et pur, la terre lui ressemble ;
Elle offre avec orgueil au soleil radieux
L'essaim tourbillonnant de ses enfants heureux ;
Dans les parvis sacrés, la foule se rassemble.
Ô vous qui vous aimez et qui restez ensemble,
Vous qui pouvez encor prier en souriant,
Un mot à Dieu pour ceux qui pleurent en priant,
Vous qui restez ensemble !

II.

Voici l'heure du bal ; allez, hâtez vos pas !
De ces fleurs sans parfums couronnez voire tête ;
Allez danser ! mon cœur ne vous enviera pas.
Il est dans le silence aussi des jours de fête,
Et des chants intérieurs que vous n'entendez pas !...

Oh ! laissez-moi rêver, ne plaignez pas mes larmes !
Si souvent, dans le monde, on rit sans être heureux,
Que pleurer d'un regret est parfois plein de charmes,
Et vaut mieux qu'un bonheur qui ment à tous les yeux.

Je connais du plaisir le beau masque hypocrite,
La voix au timbre faux, et le rire trompeur
Que vos pleurs en secret vont remplacer bien vite,
Comme un fer retiré des blessures du cœur !

Pour moi, du moins, les pleurs n'ont pas besoin de voile ;
Sur mon front, ma douleur - comme au ciel, une étoile !

Béni sois-tu, Seigneur, qui vers de saints amours,
Toi-même, pour mon cœur, fraya la douce pente,
Comme en des champs fleuris, de l'onde murmurante
La main du laboureur sait diriger le cours !

Oh ! laissez-moi rêver **** du bal qui s'apprête ;
De ces fleurs sans parfums couronnez votre tête,
Allez danser ! mon cœur ne vous enviera pas.
Il est dans le silence aussi des jours de fête,
Et des chants intérieurs que vous n'entendez pas.

Oui, laissez-moi rêver, pour garder souvenance
Du dernier mot d'adieu qui précéda l'absence ;
Laissez vibrer en moi, dans l'ombre et **** du bruit,
Ce triste et doux écho qui me reste de lui !

Plus ****, on me verra me mêler à la foule ;
Mais dans son noir chaos où notre âme s'endort,
Où notre esprit s'éteint, - c'est un bonheur encor
D'espérer au delà de l'heure qui s'écoule,
D'attendre un jour parmi tous les jours à venir,
De marcher grave et triste au milieu de la foule,
Au front, une pensée ; au cœur, un souvenir !

III.

Tu me fuis, belle Étoile, Étoile du retour !
Toi, que mon cœur brisé cherchait avec amour,
Tu quittes l'horizon qu'obscurcit un nuage,
Tu disparais du ciel, tu fuis devant l'orage.
Depuis deux ans, pourtant, partout je te cherchais !
Les yeux fixés sur toi, j'espérais... je marchais.
Comme un phare brillant d'une lumière amie,
De ton espoir lointain, s'illuminait ma vie ;
J'avançais à ton jour, tu m'indiquais le port ;
Pour arriver vers toi, je redoublais d'effort.
De chacun de mes pas je comptais la distance,
Je disais : « C'est une heure ôtée à la souffrance ;
C'est une heure de moins, entre ce sombre jour
Et le jour radieux qui verra son retour ! »

Étoile d'espérance, appui d'une pauvre âme,
Pourquoi lui ravis-tu ta lumineuse flamme ?
Mon vol s'est arrêté dans ces obscurs déserts,
Mon aile vainement s'agite dans les airs ;
La nuit règne partout. - Sans lumière et sans guide,
En vain, vers l'Orient, de mon regard avide
J'appelle le soleil, qui chaque jour y luit...
Le soleil ne doit pas se lever aujourd'hui !
J'attends, et tour à tour ou je tremble ou j'espère.
Le vent souffle du ciel ou souffle de la terre ;
Il m'emporte à son gré dans son cours tortueux :
Ainsi, tourbillonnant, une feuille légère
Passe d'un noir ravin au calme azur des cieux.

Comme aux buissons l'agneau laisse un peu de sa laine,
Mon âme fatiguée, en sa course incertaine,
À force de douleurs perd l'espoir et la foi,
Et ne sait plus, mon Dieu, lever les yeux vers toi.
Étoile du retour, dissipe les orages !
Toi que j'ai tant priée, écarte les nuages !
Reviens à l'horizon me rendre le bonheur,
Et, du ciel où tu luis à côté du Seigneur,
Fais descendre, le soir, un rayon d'espérance
Sur les cœurs pleins d'amour que déchire l'absence !
Un ami me parlait et me regardait vivre :
Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre
De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ;
Et cet ami riait, car il était moqueur.

Il n'avait pas d'aimer la funeste science.
Son seul orage à lui, c'était l'impatience.
Léger comme l'oiseau qui siffle avant d'aimer,
Disant : « Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s'allumer ; »
Plein de chants, plein d'audace et d'orgueil sans alarme,
Il eût mis tout un jour à comprendre une larme.
De nos printemps égaux lui seul portait les fleurs ;
J'étais déjà l'aînée, hélas ! Par bien des pleurs.

Décorant sa pitié d'une grâce insolente,
Il disputait, joyeux, avec ma voix tremblante.
À ses doutes railleurs, je répondais trop bas...
Prouve-t-on que l'on souffre à qui ne souffre pas ?

Soudain, presque en colère, il m'appela méchante
De tromper la saison où l'on joue, où l'on chante :
« Venez, sortez, courez où sonne le plaisir !
Pourquoi restez-vous là navrant votre loisir ?
Pourquoi défier vos immobiles peines ?
Venez, la vie est belle, et ses coupes sont pleines ! ...
Non ? Vous voulez pleurer ? Soit ! J'ai fait mon devoir :
Adieu ! - quand vous rirez, je reviendrai vous voir. »

Et je le vis s'enfuir comme l'oiseau s'envole ;
Et je pleurai longtemps au bruit de sa parole.
Mais quoi ? La fête en lui chantait si haut alors
Qu'il n'entendait que ceux qui dansent au dehors.

Tout change. Un an s'écoule, il revient... qu'il est pâle !
Sur son front quelle flamme a soufflé tant de hâle ?
Comme il accourt tremblant ! Comme il serre ma main !
Comme ses yeux sont noirs ! Quel démon en chemin
L'a saisi ? - c'est qu'il aime ! Il a trouvé son âme.
Il ne me dira plus : « Que c'est lâche ! Une femme. »
Triste, il m'a demandé : « C'est donc là votre enfer ?
Et je riais... grand dieu ! Vous avez bien souffert ! »
Ami, j'ai quitté vos fêtes.
Mon esprit, à demi-voix,
Hors de tout ce que vous faites,
Est appelé par les bois.

J'irai, **** des murs de marbre,
Tant que je pourrai marcher,
Fraterniser avec l'arbre,
La fauvette et le rocher.

Je fuirai **** de la ville
Tant que Dieu clément et doux
Voudra me mettre un peu d'huile
Entre les os des genoux.

Ne va pas croire du reste
Que, bucolique et hautain,
J'exige, pour être agreste,
Le vieux champ grec ou latin ;

Ne crois pas que ma pensée,
Vierge au soupir étouffé,
Ne sachant où prendre Alcée,
Se rabatte sur d'Urfé ;

Ne crois pas que je demande
L'Hémus où Virgile erra.
Dans de la terre normande
Mon églogue poussera.

Pour mon vers, que l'air secoue,
Les pommiers sont suffisants ;
Et mes bergers, je l'avoue,
Ami, sont des paysans.

Mon idylle est ainsi faite ;
Franche, elle n'a pas besoin
D'avoir dans miel l'Hymète
Et l'Arcadie en son foin.

Elle chante, et se contente,
Sur l'herbe où je viens m'asseoir,
De l'haleine haletante
Du boeuf qui rentre le soir.

Elle n'est point misérable
Et ne pense pas déchoir
Parce qu'Alain, sous l'érable,
Ôte à Toinon son mouchoir.

Elle honore Théocrite ;
Mais ne se fâche pas trop
Que la fleur soit Marguerite
Et que l'oiseau soit Pierrot.

J'aime les murs pleins de fentes
D'où sortent les liserons,
Et les mouches triomphantes
Qui soufflent dans leurs clairons.

J'aime l'église et ses tombes,
L'invalide et son bâton ;
J'aime, autant que les colombes
Qui jadis venaient, dit-on,

Conter leurs métempsycoses
À Terpandre dans ******,
Les petites filles roses
Sortant du prêche en sabots.

J'aime autant Sedaine et Jeanne
Qu'Orphée et Pratérynnis.
Le blé pousse, l'oiseau plane,
Et les cieux sont infinis.
Michael R Burch Apr 2020
Ono no Komachi translations

These are my modern English translations of the ancient Japanese poems of Ono no Komachi…

As I slept in isolation
my desired beloved appeared to me;
therefore, dreams have become my reality
and consolation.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Submit to you, is that what you advise?
The way the ripples do
whenever ill winds arise?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Watching wan moonlight flooding tree limbs,
my heart also brims,
overflowing with autumn.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

If fields of autumn flowers
can shed their blossoms, shameless,
why can't I also frolic here ...
as fearless and as blameless?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

So cruelly severed,
a root-cut reed ...
if the river offered,
why not be freed?
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

I had thought to pluck
the flower of forgetfulness
only to find it
already blossoming in his heart.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

The wildflowers and my love
wilted with the rain
as I idly wondered
where in the past does love remain?
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

I nodded off thinking about you
only to have you appear in my dreams.
Had I known that I slept,
I'd have never awakened!
—Ono no Komachi (KKS XII:552), loose translation/interpretation by Michael R. Burch

That which men call "love" ...
is it not merely the chain
preventing our escape
from this world of pain?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Did you appear
only because I was lost in thoughts of love
when I nodded off, day-dreaming of you?
(If I had known that you
couldn't possibly be true,
I'd have never awakened!)
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Sad,
the end that awaits me ...
to think that before autumn yields
I'll be a pale mist
shrouding these rice fields.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

In this dismal world
the living decrease
as the dead increase...
oh, how much longer
must I bear this body of grief?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Once-colorful flowers faded,
while in my drab cell
life's impulse also abated
as the long dismal rains fell.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Now bitterly I watch fall winds
battering the rice stalks,
suspecting I'll never again
find anything to harvest.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

This abandoned mountain shack ...
how many nights
has autumn sheltered there?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Am I to spend the night alone
atop this summit,
cold and lost?
Won't you at least lend me
your robes of moss?
—Ono no Komachi (GSS XVII:1195), loose translation by Michael R. Burch

Two things wilt without warning,
bleeding away their colors:
a flower and a man's heart.
—Ono no Komachi (KKS XV:797), loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Alas, the beauty of the flowers came to naught
as I watched the rain, lost in melancholy thought ...
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Watching the long, dismal rains
inundating the earth,
my heart too is washed out, bleeds off
with the colors of the late spring flowers.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Wretched water-**** that I am,
severed from all roots:
if rapids should entice me,
why not welcome their lethal shoots?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Though I visit him
continually in my dreams,
the sum of all such ethereal trysts
is still less than one actual, solid glimpse.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

I feel desire so intensely
in the lily-seed darkness
that tonight I'll turn my robe inside-out
before donning it.
—Ono no Komachi (KKS XII:554), loose translation/interpretation by Michael R. Burch

This vain life!
My looks and talents faded
like these cherry blossoms inundated
by endless rains
that I now survey, alone.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Autumn nights are "long"
only in verse and song:
for we had just begun
to gaze into each other's eyes
when dawn immolated the skies!
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

I think of you ceaselessly, with love...
and so... come to me at night,
for in the flight
of dreams, no one can disapprove!
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

On nights such as these
when no moon lights your way to me,
I lie awake, my passion blazing,
my breast an inferno wildly raging,
while my heart chars within me.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Since my body
was neglected by the one
who had promised faithfully to come,
I now lie here questioning its existence.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Since there's obviously nothing to catch
in this barren bay,
how can he fail to understand:
the fisherman who persists in coming and going
until his legs collapse in the sand?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

What do I know of villages
where fisherfolk dwell?
Why do you keep demanding
that I show you the seashore,
lead you to some pearly shell?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Yielding to a love
that recognizes no boundaries,
I will approach him by night ...
for the world cannot despise
a wandering dreamer.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Now that I approach
life's inevitable winter
your ardor has faded
like blossoms devastated
by late autumn rains.
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Am I to spend another night alone
atop this ice-crag,
cold and lost?
Won't you at least lend me
your robes of moss?
―Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

"It's over!"
Your words drizzle like dismal rains,
bringing tears,
as I wilt with my years.
—Ono no Komachi (KKS XV:782), loose translation/interpretation by Michael R. Burch

I pursue you ceaselessly in my dreams ...
yet we've never met; we're not even acquainted!
—Ono no Komachi, loose translation by Michael R. Burch

Like flowers wilted by drenching rains,
my beauty has faded in the onslaught of my forlorn years.
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Fiery coals searing my body
hurt me far less than the sorrow of parting.
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Love is man's most unbreakable bond.
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

This moonless night,
with no way to meet him,
I grow restless with longing:
my breast’s an inferno,
my heart chars within me.
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

How brilliantly
tears rain upon my sleeve
in bright gemlets,
for my despair cannot be withstood,
like a surging flood!
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

This flower's color
has drained away,
while in idle thoughts
my life drained away
as the long rains fall.
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Fatal reality!
You must do what you must, I suppose.
But even hidden in my dreams
from all prying eyes,
to watch you still pains me so!
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

In eye-opening daylight
much stands revealed,
but when I see myself
reflected in hostile eyes
even dreams become nightmares.
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

I would meet him tonight
but the moon shows no path;
my desire for him,
smoldering in my breast,
burns my heart to ash!
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Sleepless with loneliness,
I find myself longing for the handsome moon.
—Ono no Komachi, loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Sotoba Komachi is a modern Noh play by Yukio Mishima (1925-1970). Mishima's play is based on an ancient work by Kan'ami Kiyotsugu (1333-1384). The first kanji means "stupa" (the dome of a shrine) while the second kanji means "belle" or "beautiful woman." So the title may be interpreted as something like "Beauty's Shrine" or "Shrine to Beauty." Kan'ami was the first playwright to incorporate the Kusemai song and dance style and Dengaku dances into plays. He founded a sarugaku theater group in the Kansai region of Honshu; the troupe later moved to Yamato and formed the Yuzaki theater company, which would become the school of Noh theater.

Excerpts from SOTOBA KOMACHI
by KWANAMI
loose translation/interpretation by Michael R. Burch

Priest of the Koyasan:

We who have built our homes on shallow slopes
now seek solitude in the heart's deep recesses.

Second Priest:

This single thought possessed me:
How I might bring a single seed to flower,
the wisdom of Buddha, the locus of our salvation,
until in despair I donned this dark cassock.

Ono no Komachi:

Lately so severed,
like a root-cut reed,
if the river offered,
why not be freed?

I would gladly go,
but here no wave stirs ...
I was once full of pride
now fled with the years,

gone with dark tresses
and with lustrous locks;
I was lithe as a willow
in my springtime frocks;

I once sang like a nightingale
sipping dew;
I was wild as the rose
when the skies shone blue ...
in those days before fall
when the long shadows grew.

But now I’ve grown loathsome
even to ******;
even urchins abhor me;
men treat me with scorn ...

Now I am nothing
but a poor, withered bough,
and yet there are wildflowers
in my heart, even now.

Only my body lingers, for my heart left this world long ago!

Priests (together):

O, piteous, piteous!
Is this the once-fabled flower-bright Komachi,
Komachi the Beautiful,
whose dark brows bridged eyes like young moons;
her face whitest alabaster forever;
whose many damask robes filled cedar-scented closets?



Ono no Komachi wrote tanka (also known as waka), the most traditional form of Japanese lyric poetry. She is an excellent representative of the Classical, or Heian, period (circa 794-1185 AD) of Japanese literature, and she is one of the best-known poets of the Kokinshu (circa 905), the first in a series of anthologies of Japanese poetry compiled by imperial order. She is also one of the Rokkasen — the six best waka poets of the early Heian period, during which poetry was considered the highest art. Renowned for her unusual beauty, Komachi has become a synonym for feminine beauty in Japan. She is also included among the thirty-six Poetry Immortals. It is believed that she was born sometime between 820-830 and that she wrote most of her poems around the middle of the ninth century. She is best known today for her pensive, melancholic and ****** poems. Keywords/Tags: Ono no Komachi waka tanka translation Japanese love women womanhood feminist feminism
Donall Dempsey Mar 2019
AHHH....AMI!

"Je cherche le mot..."

Her left foot
had gone

. . .asleep.

The rest of her
still

. . . wide awake.

The net curtains
she noticed idly

needed washing

blew back
in an almost

theatrical( how
dramatic)fashion

& there
stood Death

large as life
( so to speak ).

Death itself
like an old fashioned butler

"Almost a Jeeves!"
she chuckled softly

to her self.

"Madame, if I may
...have a word?"

"Oh, Mr. Death
surely not yet...not yet?"

Death smiled
obsequiously.

"Le Roi, s'amuse. . ."

The unfinished Maupassant
falling from her hand.
Steph Dionisio Jul 2014
Padre de pamilya kung ika'y tawagin,
sa amin ika'y laging nagbibigay pansin.
Pangaral dito, payo doon;
minsan pa nga'y nagbibigay leksyon.

Ang buhay mo'y lubos na pinagpala,
'di lamang sa dahilang buhay mo ay mahaba,
ngunit dahil ika'y nakakilala sa Maykapal;
buhay mo ngayo'y puno ng dasal.

Ilang beses mang mapagkamalan na ika'y aking lolo,
hindi mahihiyang sabihin, "Hindi ah, Daddy ko 'to!"
Dahil kung uulitin ang aking buhay,
ako'y 'di magdadalawang-isip, ikaw pa rin ang pipiliin kong tatay.

Aking dalangin sa Maykapal,
buhay mo pa'y dugtungan at hindi mapagal.
Sa iyong pagtanda,
'di magsasawang sayo'y mag-aruga.

Ngayong araw ng mga tatay,
nais kong sabihin, "Pagmamahal namin sayo'y walang humpay;
halaga mo sa ami'y 'di mababawasan,
ni hindi matutumbasan ng kahit anuman."
Fable V, Livre I.


Pataud jouait avec Raton,
Mais sans gronder, sans mordre ; en camarade, en frère.
Les chiens sont bonnes gens ; mais les chats, nous dit-on ?
Sont justement tout le contraire.
Aussi, bien qu'il jurât toujours
Avoir fait pate de velours,
Raton, et ce n'est pas une histoire apocryphe,
Dans la peau d'un ami, comme fait maint plaisant,
Enfonçait, tout en s'amusant,
Tantôt la dent, tantôt la griffe.
Pareil jeu dut cesser bientôt.
- Eh quoi, Pataud, tu fais la mine !
Ne sais-tu pas qu'il est d'un sot
De se fâcher quand on badine ?
Ne suis-je pas ton bon ami ?
- Prends un nom qui convienne à ton humeur maligne ;
Raton, ne sois rien à demi :
J'aime mieux un franc ennemi,
Qu'un bon ami qui m'égratigne.
Paul d'Aubin Oct 2013
Le cri d'Alep ; ce principe   d’égalité dénié entre les Humains qui nous interpelle  

Combien sont-ils réfugiés dans les caves
À tromper provisoirement la mort
en se promettant une vie meilleure, où leur voix soit entendue
ou en songeant au paradis promis aux martyrs ?

Et ce cinéaste kurde qui vivait à Paris et voulait voler des images à l’anonymat de la grande faucheuse.
Il est parti là-bas muni de l'espoir fou que parfois les images savent atteindre le cœur des hommes.
Certains les appellent des «Djihadistes» et tremblent pour leur propre liberté d’opinion, pour les femmes qui sont traitées comme moins que rien par une masculinité égarée et pour leur rêve d’un nouveau «Califat» qui relève plus d’une blessure historique que d’un projet concret et réalisable.

D’autres défendent tout simplement un même « droit des gens» pour tous les êtres sur la Planète
Pourquoi être né Arabe, Juif, Kurde ou noir ou même apatride, devrait-il à jamais vous rendre la vie plus précaire et vous priver du Droit de choisir vos gouvernants ?
Il fut un temps où des évêques catholiques bénissaient les armes des troupes de Franco et appelaient à libérer l’Espagne des «rouges».
Il fut un temps où l’on enfermait dans le camp du Vernet les courageux combattants des «brigades internationales» ; ceux venus de tous les lieux du Monde qui ne croyaient pas en Allah mais avaient bien une forme de foi terrestre.
Durant ce temps Orwell, Hemingway, Malraux, ceux de la brigade Lincoln, les poètes de vingt ans assassinés tels, Sam Levinger, mort à Belchite, et Joseph Seligman, lors de la bataille du Jarama. Ils avaient vingt ans. Et bien d’autres quittèrent leur quiétude pour défendre l’Humanisme et l’Humanité aux prises avec les cris du «Viva la Muerte» des fascistes.

Que l’on m’explique, aujourd’hui pourquoi, la circonstance de naître dans le croissant fertile devrait vous valoir la servitude à vie et supporter un dirigeant criminel qui va qu’à user du gaz «sarin» contre une partie de sa propre Peuple qui le ***** ?
Et de vivre perpétuellement et sans espoir que cela ne change dans le servage de régimes militaires et de tyrans corrompus ?
La question de la Religion et des «communautés» ne masque-t-elle pas une comptabilité inégalitaire et sordide faite entre les hommes qui vivent sur une même planète ?
Là, en terre d’Islam, vous seriez condamnés à courber le dos entre le bâton et les balles du policier ou la vision et les sermons réducteurs des théocrates et de ceux qui osent se nommer : «Le parti de Dieu» ?
Qui ose ainsi trancher dans l’Humain et réduire le besoin et le souffle des Libertés à certains Peuples ; blancs et riches, de préférence ?

Allons mes ami(e)s, n’oublions pas le message universel des Hume, Paine, Voltaire, Hugo, d’Hemingway qui permit à nos anciens de prendre les Bastilles.
Le Droit à la vie et à la liberté n’est pas d’un continent, ni d’une couleur de peau, ni d’une religion ; il est Universel comme le sourire du jeune enfant à sa mère.
Assez de discriminations et d’hypocrisies ; dénonçons l’imposture des tyrans et les veules par trop intéressés qui nous voudraient taisant et tranquilles.
Il est un «Monde nouveau» qui ne demande qu’à grandir et à vivre si bien sûr, on ne le tue pas avant ou si on ne lui met pas le bâillon.
Ami(e)s ne te fait pas dicter ta conduite par ceux qui sont payés pour écrire que l’ordre immuable doit toujours se perpétuer.
Ose ouvrir les yeux même aux spectacles les plus insoutenables et entendre ce long chœur de gémissements qui est l'Humanité souffrante dont tu fais intrinsèquement partie toi-même, avec les mêmes droits et devoirs.
C’est l’Humanité souffrante qui frappe, devant l’écran de ton téléviseur quand ta journée de travail finie tu t’assoupis et il est trop facile et fallacieux de te dire que des spécialistes vont régler les problèmes à ta place.
Hélas si tous raisonnent ainsi ; rien ne bougera et les Tyrans succéderont aux Tyrans comme les malédictions de Job.
Peut-être ta faible voix comme celle du rouge-gorge doit se mêler à la symphonie du Monde pour qu'enfin puissent tomber les préjugés entre les êtres et les murailles de Jéricho ?

Paul d’Aubin (Paul Arrighi (Historien, Homme de Lettres et Poète) - Toulouse, Toulouse (France) le mardi  1er  octobre  2013.

Paul Arrighi, à Toulouse, (Historien, Homme de Lettres et Poète)
lina marie Sep 2012
J'aurais t'aimer
Si tu aurais m'aimer,
Comme un garçon doit.

Mais tu m'as menti,
Tous les temps.
Toujours.
Sans explanation.

Parce que tu m'a aimé
Comme un père doit aimer
Sa fille.

Cet jour j'ai perdu
Mon coeur,
Mon meilleure ami,
Et toi.

Nous ne nous parlons jamais.
Et tu me manques.
Cedric McClester Mar 2017
By: Cedric McClester

It’s, “affordable housing,”
That we can’t afford
Our cries in vain
Go largely ignored
So please don’t ask us
Where the grapes of wrath are stored
If you don’t want us
To respond untoward

They show us an unaffordable
AMI
For people who barely
Are just getting by
So to call it affordable
Is a bold face lie
That try though they may
They cannot deny

We’re brought together
To plan and plot
Our community’s future
Are we not
But they won’t admit
To what’s already in place
Like a zoning change
What a disgrace

Ultimately we’re told our future’s
Up to us
And if we believe them
As they say we must
They seek our ideas
Like they really matter
But I know all that is
Is just chitter chatter






Cedric McClester, Copyright © 2017.  All rights reserved.
Paul d'Aubin Mar 2016
Littérature et Politique

(Prose poétique en  souvenir de la lecture de Carlo Levi docteur, peintre, militant antifasciste  et écrivain)

Je ne pourrais assez remercier mon père, André (Candria en Corse),  qui pour me permettre un jour de comprendre la langue Corse qu'il n'avait pas eu le temps de m'apprendre car il enseignait déjà l'anglais,  me fit choisir l'Italien, en seconde langue au Lycée Raymond Naves.
Cette classe d'Italien cristallise les meilleurs souvenirs que j'ai eus de ce Lycée qui n'était pas d'élite,  au sens  social de ce terme menteur mais bien plus important, jouait alors,  ce  rôle de creuset social dont nous semblons avoir quelque peu  perdu le secret. J’eus la grande chance d’y connaître  mon meilleur ami, Roland P.., qui aujourd’hui, hélas, n’est hélas plus  mais dont l’Esprit demeure et qui  fut  l'ami si compatissant et fraternel  de mon adolescence tourmentée,  quelque peu Rimbaldienne.  Mes Professeures d'Italien étaient toutes des passionnées et si nous ne nous mîmes pas suffisamment, par paresse, à la grammaire; elles réussirent, tout de même,  à nous  ouvrir grand la porte de cette langue somptueuse,  l’Italien,  si variée et l’amour  de la civilisation Italienne qui a tant irrigué l'art et le bonheur de vivre. Parmi les romans que ces professeures de ce Lycée Laïque  et quelque peu «contestataire» (encore un terme qui s’est évaporé sous la gangue de l’aigreur et de la passion funeste d’une nouvelle intolérance pseudo-jacobine et pseudo « nationaliste »  )  nous firent connaître, il y a  dans ma mémoire et au plus haut de mon panthéon personnel, «Le Christ s’est arrêté à Eboli» écrit par le docteur de Médecine,   devenu rapidement, peintre et militant antifasciste de «Giustizia e Libertà», l’ écrivain Carlo Levi. Son  chef d'œuvre incontesté : «Christo si é fermato a Eboli» («Le Christ s’est pas arrêté à Eboli.») a fait le tour du Monde.

Envoyé  en relégation par  le «Tribunal pour la sûreté de l’Etat» créé par les fascisme (dans ce que l’on nommait le  «confino», dans le petit village d’Aliano en Basilicate,  pour le punir de ses mauvaises pensées et  de ses quelques minuscules actions politiques menée sous la chape de plomb totalitaire en ce  lieu, si perdu que même le Christ, lui-même,  semble-t-il, avait oublié, tout au moins métaphoriquement de s’y arrêter, Carlo Levi, au travers d’un roman presque naturaliste fait un véritable reportage ethnologique sur la condition des paysans et journaliers pauvres que l’on nommait alors : «I cafoni», (les culs terreux, les humbles, les oubliés d'hier et  toujours).

Contrairement à trop d'écrivains contemporains qui fuient les questions qui fâchent et surtout la question sociale  ( il est vrai que j’entends dire même par nombre de mes chers amis d’aujourd’hui  qu’il n’y aurait plus d’ouvriers, ce qui est inexact ;  il est  hélas bien exact qu’il n’y a plus guère d’écrivains provenant des milieux ouvriers, paysans et plus largement populaires. ) A l'inverse de notre littérature européenne contemporaine, laquelle s'est très largement abimée dans le nombrilisme ou,  pire,  la rancœur racornie et nihiliste, Carlo Levi,  lui, a réussi à atteindre la profondeur la condition humaine  et la véracité des plus grands peintres de l'Esprit ,  tels les écrivains Russes comme Gogol , Gorki , Tolstoï et Soljenitsyne, dans «le pavillon des cancéreux» ainsi que les écrivains Méditerranéens à la « générosité solaire » comme le crétois Nikos Kazantzakis  (dans la liberté ou la mort), Albert Camus, dans «la Peste» et  Mouloud Feraoun  (dans son  «Journal»).  Bref dans son roman, Carlo Levi va au plus profond de la tragédie intime et collective des êtres et ne masque pas les ébranlements sociaux,  et les Révolutions à venir qui font tant peur à notre époque de «nouveaux rentiers» de la finance et de la pensée  sans jamais verser dans le prêchi-prêcha. Ce sont de tels écrivains, sortis du terreau de leurs Peuples,  le connaissant  et l’aimant profondément,  qui nous manquent tant aujourd’hui. Ces écrivains furent d’irremplaçables témoins de leur époque comme Victor Hugo, avec «Les Misérables» avec ses personnages  littérairement immortels comme  le forçat en rédemption,  Jean Valjean, la touchante Cosette et bien sûr le jeune et éclatant  Gavroche. Ils restent au-delà de toute mode et atteignent l'Universel en s’appropriant la vérité profonde de ce qu’en Occitan,  l’on nomme nos  «Pais» ou la diversité de nos terroirs. Encore un immense merci à mon père et à mes professeures; il faut lire ou relire : «Le Christ s'est arrêté à Eboli». Car si nous regardions un  peu au-delà de notre Europe  tétanisée de peur et barricadée,  il  y a encore bien d'autres Eboli et encore tant de «Cafoni » méprisés, brutalisés et tyrannisés dans le Monde d'aujourd'hui !
Paul Arrighi
PJ Jan 2012
Maybe I'm over thinking things
Or maybe I'm right on target
But I think I met you for a reason
...
I hope I did
Failure
Too familiar a sensation
One that I could use a vacation
From ASAP
Constantly flooded by thoughts and ways that
I could have done better
But these days that
Go by
In the blink of an eye
It seems that by
The time that I try
To do better I find
That I’ve failed
And if only I could say
that I’ve nailed
Down a way
to rise above that feeling of sadness
If only I could, just once, say I had this
All figured out
If only my actions matched my words in clout
I could, beyond a shadow of a doubt,
Make things right
Take things to new heights
Overcome the petty problems and plights
That plague my every day life
A life rife with strife
Rife with the pain of disappointment
Like a stab in the chest with a butter knife
C’est la vie
Such is life
Mon ami
My friend
But this isn’t the end
No
If you want we can pretend
Though
That it is for just a minute
So let’s stick a pin in it
And come back when we’re done
Because I won’t let it end ‘til I’ve won
At least one time
(Once is better but time rhymes)
Failure
Too familiar a sensation
One I view with indignation
Despite what good can come of failing
Don’t get me wrong though, I’m not hailing
Failure as some great thing
That we should all strive to bring
Into our lives and those around
All I’m saying is that failure is worth its weight in gold
Pound for pound
So I’m told
That failure is experience
Somewhere between godliness and expedience
Hastening our ability to grow
And adapt and come to know
The difference between wrong and right
But even if I know the difference I might
Still **** up and that’s okay
I remind myself every day
That it’s okay to fail
It’s okay that you’re in the part of this tale
Called life that you’ll make mistakes
Like rhyming the above with mushrooms known as shittakes
(Okay that was arguably bad
But sometimes bad rhymes are to be had
When you write at 3am despite needing sleep
But you compulsively keep
Writing; you can’t put down your pen and pad
Oh who am I to kid
Everyone knows that I did
This on my phone
Sitting at home eating garlic hummus alone)
Where was I?
Oh
Failure and success
A state of being best left to be assessed
By the one who seeks to turn his loss into a win
And that’s where we come back to that pin
From before
The one I said we’d later explore
So heed my words carefully
Or suffer more pain unendingly
Life will never treat you fair, fully
So it’s time to start acting comprehendingly
As in: comprehend what your failures will do
When you learn to use them to become a better you
Because life ain’t fair
Accept that and beware
That life may be unbearable
At times
(Just like some of these terrible rhymes)
But you have to find a way
To grin and bear it gleefully
Because as they say
Mon ami
C’est la vie
This is the end
Now
No more pins, rhymes, or lines
Just a bow
And an adieu
And a cow tow
From me to you
So that you take what I have written
And find the thing in life you’ve been smitten
By and do what you love even if you fail
Even if you whine and moan and wail
Until you’re sick and you grow pale
Until you learn to use your failure as a tool
As a unique stepping stool
Onto bigger and better things
Even if your failure stings
Don’t let it hold you down
Don’t let it make you sad and frown
Let it bolster you to try again
And then
When you inevitably succeed
When you’re at the top, when you’re in the lead
You’ll look back and wished you had read
This poem
So if you have sad friends
Show ‘em
This
And they won’t be sad for much more
(Just angry for rhymes made in poor
Taste)
But I promise this isn’t a waste
Of time
I promise this is more than a few words put into rhyme
There’s a point, which is this:
You’re going to try and you’re going to miss
Because failure is an option until it’s not
And when it’s not, there’s your shot
So have a positive attitude
Because life is as good as it’s viewed
—pin removed
Lorsque le grand Byron allait quitter Ravenne,
Et chercher sur les mers quelque plage lointaine
Où finir en héros son immortel ennui,
Comme il était assis aux pieds de sa maîtresse,
Pâle, et déjà tourné du côté de la Grèce,
Celle qu'il appelait alors sa Guiccioli
Ouvrit un soir un livre où l'on parlait de lui.

Avez-vous de ce temps conservé la mémoire,
Lamartine, et ces vers au prince des proscrits,
Vous souvient-il encor qui les avait écrits ?
Vous étiez jeune alors, vous, notre chère gloire.
Vous veniez d'essayer pour la première fois
Ce beau luth éploré qui vibre sous vos doigts.
La Muse que le ciel vous avait fiancée
Sur votre front rêveur cherchait votre pensée,
Vierge craintive encore, amante des lauriers.
Vous ne connaissiez pas, noble fils de la France,
Vous ne connaissiez pas, sinon par sa souffrance,
Ce sublime orgueilleux à qui vous écriviez.
De quel droit osiez-vous l'aborder et le plaindre ?
Quel aigle, Ganymède, à ce Dieu vous portait ?
Pressentiez-vous qu'un jour vous le pourriez atteindre,
Celui qui de si haut alors vous écoutait ?
Non, vous aviez vingt ans, et le coeur vous battait
Vous aviez lu Lara, Manfred et le Corsaire,
Et vous aviez écrit sans essuyer vos pleurs ;
Le souffle de Byron vous soulevait de terre,
Et vous alliez à lui, porté par ses douleurs.
Vous appeliez de **** cette âme désolée ;
Pour grand qu'il vous parût, vous le sentiez ami
Et, comme le torrent dans la verte vallée,
L'écho de son génie en vous avait gémi.
Et lui, lui dont l'Europe, encore toute armée,
Écoutait en tremblant les sauvages concerts ;
Lui qui depuis dix ans fuyait sa renommée,
Et de sa solitude emplissait l'univers ;
Lui, le grand inspiré de la Mélancolie,
Qui, las d'être envié, se changeait en martyr ;
Lui, le dernier amant de la pauvre Italie,
Pour son dernier exil s'apprêtant à partir ;
Lui qui, rassasié de la grandeur humaine,
Comme un cygne à son chant sentant sa mort prochaine,
Sur terre autour de lui cherchait pour qui mourir...
Il écouta ces vers que lisait sa maîtresse,
Ce doux salut lointain d'un jeune homme inconnu.
Je ne sais si du style il comprit la richesse ;
Il laissa dans ses yeux sourire sa tristesse :
Ce qui venait du coeur lui fut le bienvenu.

Poète, maintenant que ta muse fidèle,
Par ton pudique amour sûre d'être immortelle,
De la verveine en fleur t'a couronné le front,
À ton tour, reçois-moi comme le grand Byron.
De t'égaler jamais je n'ai pas l'espérance ;
Ce que tu tiens du ciel, nul ne me l'a promis,
Mais de ton sort au mien plus grande est la distance,
Meilleur en sera Dieu qui peut nous rendre amis.
Je ne t'adresse pas d'inutiles louanges,
Et je ne songe point que tu me répondras ;
Pour être proposés, ces illustres échanges
Veulent être signés d'un nom que je n'ai pas.
J'ai cru pendant longtemps que j'étais las du monde ;
J'ai dit que je niais, croyant avoir douté,
Et j'ai pris, devant moi, pour une nuit profonde
Mon ombre qui passait pleine de vanité.
Poète, je t'écris pour te dire que j'aime,
Qu'un rayon du soleil est tombé jusqu'à moi,
Et qu'en un jour de deuil et de douleur suprême
Les pleurs que je versais m'ont fait penser à toi.

Qui de nous, Lamartine, et de notre jeunesse,
Ne sait par coeur ce chant, des amants adoré,
Qu'un soir, au bord d'un lac, tu nous as soupiré ?
Qui n'a lu mille fois, qui ne relit sans cesse
Ces vers mystérieux où parle ta maîtresse,
Et qui n'a sangloté sur ces divins sanglots,
Profonds comme le ciel et purs comme les flots ?
Hélas ! ces longs regrets des amours mensongères,
Ces ruines du temps qu'on trouve à chaque pas,
Ces sillons infinis de lueurs éphémères,
Qui peut se dire un homme et ne les connaît pas ?
Quiconque aima jamais porte une cicatrice ;
Chacun l'a dans le sein, toujours prête à s'ouvrir ;
Chacun la garde en soi, cher et secret supplice,
Et mieux il est frappé, moins il en veut guérir.
Te le dirai-je, à toi, chantre de la souffrance,
Que ton glorieux mal, je l'ai souffert aussi ?
Qu'un instant, comme toi, devant ce ciel immense,
J'ai serré dans mes bras la vie et l'espérance,
Et qu'ainsi que le tien, mon rêve s'est enfui ?
Te dirai-je qu'un soir, dans la brise embaumée,
Endormi, comme toi, dans la paix du bonheur,
Aux célestes accents d'une voix bien-aimée,
J'ai cru sentir le temps s'arrêter dans mon coeur ?
Te dirai-je qu'un soir, resté seul sur la terre,
Dévoré, comme toi, d'un affreux souvenir,
Je me suis étonné de ma propre misère,
Et de ce qu'un enfant peut souffrir sans mourir ?
Ah ! ce que j'ai senti dans cet instant terrible,
Oserai-je m'en plaindre et te le raconter ?
Comment exprimerai-je une peine indicible ?
Après toi, devant toi, puis-je encor le tenter ?
Oui, de ce jour fatal, plein d'horreur et de charmes,
Je veux fidèlement te faire le récit ;
Ce ne sont pas des chants, ce ne sont pas des larmes,
Et je ne te dirai que ce que Dieu m'a dit.

Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière,
Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre,
Il croit d'abord qu'un rêve a fasciné ses yeux,
Et, doutant de lui-même, interroge les cieux.
Partout la nuit est sombre, et la terre enflammée.
Il cherche autour de lui la place accoutumée
Où sa femme l'attend sur le seuil entr'ouvert ;
Il voit un peu de cendre au milieu d'un désert.
Ses enfants demi-nus sortent de la bruyère,
Et viennent lui conter comme leur pauvre mère
Est morte sous le chaume avec des cris affreux ;
Mais maintenant au **** tout est silencieux.
Le misérable écoute et comprend sa ruine.
Il serre, désolé, ses fils sur sa poitrine ;
Il ne lui reste plus, s'il ne tend pas la main,
Que la faim pour ce soir et la mort pour demain.
Pas un sanglot ne sort de sa gorge oppressée ;
Muet et chancelant, sans force et sans pensée,
Il s'assoit à l'écart, les yeux sur l'horizon,
Et regardant s'enfuir sa moisson consumée,
Dans les noirs tourbillons de l'épaisse fumée
L'ivresse du malheur emporte sa raison.

Tel, lorsque abandonné d'une infidèle amante,
Pour la première fois j'ai connu la douleur,
Transpercé tout à coup d'une flèche sanglante,
Seul je me suis assis dans la nuit de mon coeur.
Ce n'était pas au bord d'un lac au flot limpide,
Ni sur l'herbe fleurie au penchant des coteaux ;
Mes yeux noyés de pleurs ne voyaient que le vide,
Mes sanglots étouffés n'éveillaient point d'échos.
C'était dans une rue obscure et tortueuse
De cet immense égout qu'on appelle Paris :
Autour de moi criait cette foule railleuse
Qui des infortunés n'entend jamais les cris.
Sur le pavé noirci les blafardes lanternes
Versaient un jour douteux plus triste que la nuit,
Et, suivant au hasard ces feux vagues et ternes,
L'homme passait dans l'ombre, allant où va le bruit.
Partout retentissait comme une joie étrange ;
C'était en février, au temps du carnaval.
Les masques avinés, se croisant dans la fange,
S'accostaient d'une injure ou d'un refrain banal.
Dans un carrosse ouvert une troupe entassée
Paraissait par moments sous le ciel pluvieux,
Puis se perdait au **** dans la ville insensée,
Hurlant un hymne impur sous la résine en feux.
Cependant des vieillards, des enfants et des femmes
Se barbouillaient de lie au fond des cabarets,
Tandis que de la nuit les prêtresses infâmes
Promenaient çà et là leurs spectres inquiets.
On eût dit un portrait de la débauche antique,
Un de ces soirs fameux, chers au peuple romain,
Où des temples secrets la Vénus impudique
Sortait échevelée, une torche à la main.
Dieu juste ! pleurer seul par une nuit pareille !
Ô mon unique amour ! que vous avais-je fait ?
Vous m'aviez pu quitter, vous qui juriez la veille
Que vous étiez ma vie et que Dieu le savait ?
Ah ! toi, le savais-tu, froide et cruelle amie,
Qu'à travers cette honte et cette obscurité
J'étais là, regardant de ta lampe chérie,
Comme une étoile au ciel, la tremblante clarté ?
Non, tu n'en savais rien, je n'ai pas vu ton ombre,
Ta main n'est pas venue entr'ouvrir ton rideau.
Tu n'as pas regardé si le ciel était sombre ;
Tu ne m'as pas cherché dans cet affreux tombeau !

Lamartine, c'est là, dans cette rue obscure,
Assis sur une borne, au fond d'un carrefour,
Les deux mains sur mon coeur, et serrant ma blessure,
Et sentant y saigner un invincible amour ;
C'est là, dans cette nuit d'horreur et de détresse,
Au milieu des transports d'un peuple furieux
Qui semblait en passant crier à ma jeunesse,
« Toi qui pleures ce soir, n'as-tu pas ri comme eux ? »
C'est là, devant ce mur, où j'ai frappé ma tête,
Où j'ai posé deux fois le fer sur mon sein nu ;
C'est là, le croiras-tu ? chaste et noble poète,
Que de tes chants divins je me suis souvenu.
Ô toi qui sais aimer, réponds, amant d'Elvire,
Comprends-tu que l'on parte et qu'on se dise adieu ?
Comprends-tu que ce mot la main puisse l'écrire,
Et le coeur le signer, et les lèvres le dire,
Les lèvres, qu'un baiser vient d'unir devant Dieu ?
Comprends-tu qu'un lien qui, dans l'âme immortelle,
Chaque jour plus profond, se forme à notre insu ;
Qui déracine en nous la volonté rebelle,
Et nous attache au coeur son merveilleux tissu ;
Un lien tout-puissant dont les noeuds et la trame
Sont plus durs que la roche et que les diamants ;
Qui ne craint ni le temps, ni le fer, ni la flamme,
Ni la mort elle-même, et qui fait des amants
Jusque dans le tombeau s'aimer les ossements ;
Comprends-tu que dix ans ce lien nous enlace,
Qu'il ne fasse dix ans qu'un seul être de deux,
Puis tout à coup se brise, et, perdu dans l'espace,
Nous laisse épouvantés d'avoir cru vivre heureux ?
Ô poète ! il est dur que la nature humaine,
Qui marche à pas comptés vers une fin certaine,
Doive encor s'y traîner en portant une croix,
Et qu'il faille ici-bas mourir plus d'une fois.
Car de quel autre nom peut s'appeler sur terre
Cette nécessité de changer de misère,
Qui nous fait, jour et nuit, tout prendre et tout quitter.
Si bien que notre temps se passe à convoiter ?
Ne sont-ce pas des morts, et des morts effroyables,
Que tant de changements d'êtres si variables,
Qui se disent toujours fatigués d'espérer,
Et qui sont toujours prêts à se transfigurer ?
Quel tombeau que le coeur, et quelle solitude !
Comment la passion devient-elle habitude,
Et comment se fait-il que, sans y trébucher,
Sur ses propres débris l'homme puisse marcher ?
Il y marche pourtant ; c'est Dieu qui l'y convie.
Il va semant partout et prodiguant sa vie :
Désir, crainte, colère, inquiétude, ennui,
Tout passe et disparaît, tout est fantôme en lui.
Son misérable coeur est fait de telle sorte
Qu'il fuit incessamment qu'une ruine en sorte ;
Que la mort soit son terme, il ne l'ignore pas,
Et, marchant à la mort, il meurt à chaque pas.
Il meurt dans ses amis, dans son fils, dans son père,
Il meurt dans ce qu'il pleure et dans ce qu'il espère ;
Et, sans parler des corps qu'il faut ensevelir,
Qu'est-ce donc qu'oublier, si ce n'est pas mourir ?
Ah ! c'est plus que mourir, c'est survivre à soi-même.
L'âme remonte au ciel quand on perd ce qu'on aime.
Il ne reste de nous qu'un cadavre vivant ;
Le désespoir l'habite, et le néant l'attend.

Eh bien ! bon ou mauvais, inflexible ou fragile,
Humble ou fier, triste ou ***, mais toujours gémissant,
Cet homme, tel qu'il est, cet être fait d'argile,
Tu l'as vu, Lamartine, et son sang est ton sang.
Son bonheur est le tien, sa douleur est la tienne ;
Et des maux qu'ici-bas il lui faut endurer
Pas un qui ne te touche et qui ne t'appartienne ;
Puisque tu sais chanter, ami, tu sais pleurer.
Dis-moi, qu'en penses-tu dans tes jours de tristesse ?
Que t'a dit le malheur, quand tu l'as consulté ?
Trompé par tes amis, trahi par ta maîtresse,
Du ciel et de toi-même as-tu jamais douté ?

Non, Alphonse, jamais. La triste expérience
Nous apporte la cendre, et n'éteint pas le feu.
Tu respectes le mal fait par la Providence,
Tu le laisses passer, et tu crois à ton Dieu.
Quel qu'il soit, c'est le mien ; il n'est pas deux croyances
Je ne sais pas son nom, j'ai regardé les cieux ;
Je sais qu'ils sont à Lui, je sais qu'ils sont immenses,
Et que l'immensité ne peut pas être à deux.
J'ai connu, jeune encore, de sévères souffrances,
J'ai vu verdir les bois, et j'ai tenté d'aimer.
Je sais ce que la terre engloutit d'espérances,
Et, pour y recueillir, ce qu'il y faut semer.
Mais ce que j'ai senti, ce que je veux t'écrire,
C'est ce que m'ont appris les anges de douleur ;
Je le sais mieux encore et puis mieux te le dire,
Car leur glaive, en entrant, l'a gravé dans mon coeur :

Créature d'un jour qui t'agites une heure,
De quoi viens-tu te plaindre et qui te fait gémir ?
Ton âme t'inquiète, et tu crois qu'elle pleure :
Ton âme est immortelle, et tes pleurs vont tarir.

Tu te sens le coeur pris d'un caprice de femme,
Et tu dis qu'il se brise à force de souffrir.
Tu demandes à Dieu de soulager ton âme :
Ton âme est immortelle, et ton coeur va guérir.

Le regret d'un instant te trouble et te dévore ;
Tu dis que le passé te voile l'avenir.
Ne te plains pas d'hier ; laisse venir l'aurore :
Ton âme est immortelle, et le temps va s'enfuir

Ton corps est abattu du mal de ta pensée ;
Tu sens ton front peser et tes genoux fléchir.
Tombe, agenouille-toi, créature insensée :
Ton âme est immortelle, et la mort va venir.

Tes os dans le cercueil vont tomber en poussière
Ta mémoire, ton nom, ta gloire vont périr,
Mais non pas ton amour, si ton amour t'est chère :
Ton âme est immortelle, et va s'en souvenir.
Paul d'Aubin Apr 2016
Éloge de Monsieur de Montaigne

(Dédié à Jean-Pierre)

Toi seigneur de Montaigne, au si beau nom d'Eyquem
que nul amateur de Bordeaux ne saurait négliger.
Tu fus l'ami de La Boétie et un sage joyeux,
Tu vécus en ton château, dont l'une des tours rondes,
contenait une bibliothèque fournie.
Toi, qui faisait cultiver ce vin de Bordeaux,
qui sied au palais et plait tant aux anglais.
Cher Montaigne ayant étudié à Bordeaux,
au collège de Guyenne,
Tu vécus en un temps empoisonné
par les guerres de religion et ses sombres fureurs.
Temps affreux ou l'homme égorgeait l'homme,
qui ne partageait pas sa même lecture de la  Bible.
Et dire que nous avions cru, ces temps-là, révolus !
C'est peut-être ce qui te poussa à choisir l'école stoïcienne,
Bien que par ton tempérament et ta vie.
Tu fus beaucoup plus proche des bonheurs de Lucrèce.
Tu fus, un long temps, magistrat au Parlement de Bordeaux,
bien que les chicaneries du Droit t'eussent vite lassées,
et plus encore, la cruauté de ses modes de preuve.
et cet acharnement infini des plaideurs,
à n'en jamais finir, à faire rebondir les procès
que tant d’énergie vaine te semblait pure perte.
Mais tu voulais être utile et l'égoïsme étroit de l' «otium»,
choquait ta conscience.
Tu eus un ami cher, Prince de Liberté et de distinction,
Etienne de la Boétie, qui réfléchit avec profondeur,
sur les racines de la tyrannie en nos propres faiblesses.
Et de cette amitié, en recherchant les causes,
Tu conclus et répondit ainsi :
«Parce que c’était lui, parce que c’était moi»
Révélant ainsi que la quintessence du bonheur de  vivre
luit au cœur  de cette amitié dont nous sommes,
à la fois, le réceptacle et l’offrande.
Cher Michel de Montaigne, je voulais,
te saluer ici et te faire savoir en quelle estime
Je te tiens avec  tes «Essais» d’une bienveillante sagesse
Qui font songer aux meilleurs vins mûris en barriques de chêne
Et à ces cognacs qui éveillent l’Esprit et les sens,
Même lorsque l’hiver nous pèse et nous engourdit
Je voulais aussi te dire que de ton surnom
J’ai nommé Jean-Pierre qui te ressemble si fort
Et apporte une douce ironie à mes passions tumultueuses.
Paul Arrighi
Tu sais l'amour et son ivresse
Tu sais l'amour et ses combats ;
Tu sais une voix qui t'adresse
Ces mots d'ineffable tendresse
Qui ne se disent que tout bas.

Sur un beau sein, ta bouche errante
Enfin a pu se reposer,
Et sur une lèvre mourante
Sentir la douceur enivrante
Que recèle un premier baiser...

Maître de ces biens qu'on envie
Ton cœur est pur, tes jours sont pleins !
Esclave à tes vœux asservie,
La fortune embellit ta vie
Tu sais qu'on t'aime, et tu te plains !

Et tu te plains ! et t'exagères
Ces vagues ennuis d'un moment,
Ces chagrins, ces douleurs légères,
Et ces peines si passagères
Qu'on ne peut souffrir qu'en aimant !

Et tu pleures ! et tu regrettes
Cet épanchement amoureux !
Pourquoi ces maux que tu t'apprêtes ?
Garde ces plaintes indiscrètes
Et ces pleurs pour les malheureux !

Pour moi, de qui l'âme flétrie
N'a jamais reçu de serment,
Comme un exilé sans patrie,
Pour moi, qu'une voix attendrie
N'a jamais nommé doucement,

Personne qui daigne m'entendre,
A mon sort qui saigne s'unir,
Et m'interroge d'un air tendre,
Pourquoi je me suis fait attendre
Un jour tout entier sans venir.

Personne qui me recommande
De ne rester que peu d'instants
Hors du logis ; qui me gourmande
Lorsque je rentre et me demande
Où je suis allé si longtemps.

Jamais d'haleine caressante
Qui, la nuit, vienne m'embaumer ;
Personne dont la main pressante
Cherche la mienne, et dont je sente
Sur mon cœur les bras se fermer !

Une fois pourtant - quatre années
Auraient-elles donc effacé
Ce que ces heures fortunées
D'illusions environnées
Au fond de mon âme ont laissé ?

Oh ! c'est qu'elle était si jolie !
Soit qu'elle ouvrit ses yeux si grands,
Soit que sa paupière affaiblie
Comme un voile qui se déplie
Éteignit ses regards mourants !

- J'osai concevoir l'espérance
Que les destins moins ennemis,
Prenant pitié de ma souffrance,
Viendraient me donner l'assurance
D'un bonheur qu'ils auraient permis :

L'heure que j'avais attendue,
Le bonheur que j'avais rêvé
A fui de mon âme éperdue,
Comme une note suspendue,
Comme un sourire inachevé !

Elle ne s'est point souvenue
Du monde qui ne la vit pas ;
Rien n'a signalé sa venue,
Elle est passée, humble, inconnue,
Sans laisser trace de ses pas.

Depuis lors, triste et monotone,
Chaque jour commence et finit :
Rien ne m'émeut, rien ne m'étonne,
Comme un dernier rayon d'automne
J'aperçois mon front qui jaunit.

Et **** de tous, quand le mystère
De l'avenir s'est refermé,
Je fuis, exilé volontaire !
- Il n'est qu'un bonheur sur la terre,
Celui d'aimer et d'être aimé.
AapkiHamesha Aug 2012
If only your few freckles were the few stars I can see outside my city window.

If only that crescent moon was your mischievous wink, or sly smile.

If only I could jump out of my window and hop upon the sky scrapers, higher and higher and rest upon that crescent, rest upon thine shut eye, thy lips.

If only this window, your glasses were gone. I could leap and show you how much I love you. I could show you how high and fast I would jump over the CN Tower and fall again just for you and kiss your freckles on my descent.

Just for you. Just for you.
Eleanor Sinclair Jul 2018
So it all fell apart again
My search history is full of numbers to overdose on
Maybe now it's the end
After all, I'm the irrational one
The world "revolves around me"
I think this time I'm done
The shattered pieces of my life slice deep
No one cares anymore how I feel
Every night recently I've cried myself to sleep
There is no point in trying to "prove them [everyone] wrong"
My heart has grown heavy and I see nothing to smile about
Regardless they'll still play my Funeral March song
And as they carry me away and into the ground
There will be music and my voice will ring in their minds
I will hear the cries screaming so loud
Mom, dad, brother, sister, boyfriend, mon ami, did I ever make you proud?
-
The beauty of Chopin and Beethoven in their minor keys is that the chords on the piano or the harmonics of the violin soothe my sorrowful soul with singing symphonic melodies that capture my sadness in a sometimes simple tune
-
To those who see this, will you tell them I never left a note?
I couldn't devote the time or bring myself to write to them a final goodbye
I want them to hang on to what ever words I last spoke to them
I want tears shed over my cheap gravestone that my parents didn't want to spend good money on
Especially for someone who was dead
Because they knew I couldn't complain if I never saw it
I want the "annoying" songs I used to play for them on the piano to fill their hearts with pain every time they hear them
I want the nostalgia and longing for me to linger in every lucid dream
I want my straight A report cards to receive a mere "good job" even if posthumously
-
There is pain in the most beautiful things in life
My eyes sparkle the most when I cry the hardest
The vibrant green becomes even more vivid with each swelling crystal drop
-
Tell them I was finally able to do something correctly
That I was finally able to succeed and go through with it
Tell them to wipe their tears with my lavender scented t-shirts
Tell them my love of pink and black was the weirdest thing about me
Although we know that wasn't quite the weirdest
Tell them whenever they see a butterfly or a flower or an animal crossing the street, that I would've shed a tear for its natural beauty
Tell them I tried my hardest to keep up with the rigor of life
Tell them that eventually every car runs out of gas
Tell them that the song, even if on repeat, will always end the same
Tell them to read my favourite books and try to understand why I loved the literature so much
Tell them not everyone is cut out for life and that sometimes people break and can't do it anymore
-
Towards the end my heart only struck dissonant chords
My fingers bled trying to pull the piano wire back into its proper position
I just wanted to be happy but the major chords and the consonance were out of reach
With my stick straight back I tried to fix the broken keys but nothing seemed to stay in place
-
I wonder what will happen now when I close my eyes and enter a deep sleep
Will I meet God or the Devil himself?
Or will it be just that... sleep
-
So many thoughts and so little time for me to complete them
The hourglass pours the sands of time too quickly now
The blurring ceiling sways in patterns, then up and down
I reach my hand to the sky as I lay on the ground
My tears cascade into the watery red pool around me
-
I don't want to bring this to an end
You who read this are my only friend
-
I said I'm tired and I should sleep
But you didn't know I meant I'd forever be done counting sheep
The moment I slip into an unconscious state
Saving me will already be too late
-
Play on repeat Chopin
Tell me how the song makes you feel now versus then
-
And only silence remained
As her tears still rained
And her last fleeting breath was drained
topaz oreilly Dec 2012
With cushions to embolden practice
his teeth chattered like a monkey
a juddery fall did him remarkably well,
he was like a comet awry
a soft landing edified his standing,
merriment down the chimney
depuis Decembre .
Butch Decatoria Dec 2015
WALLS (Verona)
Mon ami tu vas
where star-crossed hearts' confessions
hides your saint in bricks.

NAPE
Warm whispers of lips
down smooth meadows of your neck,
my familiar bed.


VATTO
Gang signs, ink, and blood
****** in a low beamer
Cool kissing his gun.

BIGOT
Burning up with hate
like an oil spill on one's soul
heartless mouths pollute.

NIJINSKY
So divine such grace
words not made to embody
Ballet when God speaks.

OSMOSIS
Blossoms in winter
bursts of Japanese kisses
how to love haiku.

BLUR
Tears are no longer
loose and quick to disarray
how sight understands.

BARRIER REEF
Great walls dividing
Vast cold deeps from Summer seas
"Hail Metropolis!"

— The End —