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Andy Hunter  Oct 2016
Tod lieder
Andy Hunter Oct 2016
6 happy songs

1. Oui hear
What we appear
What, we appear?
What
Where

Capturing the in
The expressable in it
Capped in it
In
Into

Together to gather
To Get Her - To Gat Her
Two Gets-together
Gether
Glather

Troubling isn't it
Very troubling
Trouble some
Some troubles in ning
Inklings
Inner rings

Der Rinks
Der

2. Vert
Over therr
Overt therr
Knew a woman who was livin
Oh Vert Herr!

Oh Vert Herr!
Over therr
Err a woman who is livin
Oh Vert therr!
Err
Err

3. Bleu
A cloud farmer
I eye the sky
Eye the sky
Eye the sky
A cloud farmer
I eye the skye
Eye the sky
Wide

4. Blanc
Here is the blank
The blanking blank
The blanking blank
The blanking blank
Here is the blank
The blanking blank
The blanking blanking blank
Blank


5. Rouge
They come to me in ones and twos
Ones and twos
Ones and twos
They come to me in
Ones and twos
Ones and twos it's
True


6. Noir
Brush away noir noir
Brush away noir
Brush away noir noir
Noir noir no
More No more
Noir noir no
Moe
Qu'es-tu, passant ? Le bois est sombre,
Les corbeaux volent en grand nombre,
Il va pleuvoir.
- Je suis celui qui va dans l'ombre,
Le Chasseur Noir !

Les feuilles des bois, du vent remuées,
Sifflent... on dirait
Qu'un sabbat nocturne emplit de huées
Toute la forêt ;
Dans une clairière au sein des nuées
La lune apparaît.

- Chasse le daim, chasse la biche,
Cours dans les bois, cours dans la friche,
Voici le soir.
Chasse le czar, chasse l'Autriche,
Ô Chasseur Noir !

Les feuilles des bois -

Souffle en ton cor, boucle ta guêtre,
Chasse les cerfs qui viennent paître
Près du manoir.
Chasse le roi, chasse le prêtre,
Ô Chasseur Noir !

Les feuilles des bois -

Il tonne, il pleut, c'est le déluge.
Le renard fuit, pas de refuge
Et pas d'espoir !
Chasse l'espion, chasse le juge,
Ô Chasseur Noir !

Les feuilles des bois -

Tous les démons de saint-Antoine
Bondissent dans la folle avoine
Sans t'émouvoir ;
Chasse l'abbé, chasse le moine,
Ô Chasseur Noir !

Les feuilles des bois -

Chasse les ours ! ta meute jappe.
Que pas un sanglier n'échappe !
Fais ton devoir !
Chasse César, chasse le pape,
Ô Chasseur Noir !

Les feuilles des bois -

Le loup de ton sentier s'écarte.
Que ta meute à sa suite parte !
Cours ! fais-le choir !
Chasse le brigand Bonaparte,
Ô Chasseur Noir !

Les feuilles des bois, du vent remuées,
Tombent... on dirait
Que le sabbat sombre aux rauques huées
À fui la forêt ;
Le clair chant du coq perce les nuées ;
Ciel ! l'aube apparaît !

Tout reprend sa forme première.
Tu redeviens la France altière
Si belle à voir,
L'ange blanc vêtu de lumière,
Ô Chasseur Noir !

Les feuilles des bois, du vent remuées,
Tombent... on dirait
Que le sabbat sombre aux rauques huées
À fui la forêt ;
Le clair chant du coq perce les nuées,
Ciel ! l'aube apparaît !

Jersey, le 22 octobre 1852.
Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

J'aime le vrai soldat, effroi de Bélial.
Son turban évasé rend son front plus sévère,
Il baise avec respect la barbe de son père,
Il voue à son vieux sabre un amour filial,
Et porte un doliman, percé dans les mêlées
De plus de coups, que n'a de taches étoilées
La peau du tigre impérial.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Un bouclier de cuivre à son bras sonne et luit,
Rouge comme la lune au milieu d'une brume.
Son cheval hennissant mâche un frein blanc d'écume ;
Un long sillon de poudre en sa course le suit.
Quand il passe au galop sur le pavé sonore,
On fait silence, on dit : C'est un cavalier maure !
Et chacun se retourne au bruit.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Quand dix mille giaours viennent au son du cor,
Il leur répond ; il vole, et d'un souffle farouche
Fait jaillir la terreur du clairon qu'il embouche,
Tue, et parmi les morts sent croître son essor,
Rafraîchit dans leur sang son caftan écarlate,
Et pousse son coursier qui se lasse, et le flatte
Pour en égorger plus encor !

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

J'aime, s'il est vainqueur, quand s'est tû le tambour,
Qu'il ait sa belle esclave aux paupières arquées,
Et, laissant les imans qui prêchent aux mosquées
Boire du vin la nuit, qu'il en boive au grand jour ;
J'aime, après le combat, que sa voix enjouée
Rie, et des cris de guerre encor tout enrouée,
Chante les houris et l'amour !

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Qu'il soit grave, et rapide à venger un affront ;
Qu'il aime mieux savoir le jeu du cimeterre
Que tout ce qu'à vieillir on apprend sur la terre ;
Qu'il ignore quel jour les soleils s'éteindront ;
Quand rouleront les mers sur les sables arides ;
Mais qu'il soit brave et jeune, et préfère à des rides
Des cicatrices sur son front.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Tel est, coparadgis, spahis, timariots,
Le vrai guerrier croyant ! Mais celui qui se vante,
Et qui tremble au moment de semer l'épouvante,
Qui le dernier arrive aux camps impériaux,
Qui, lorsque d'une ville on a forcé la porte,
Ne fait pas, sous le poids du butin qu'il rapporte,
Plier l'essieu des chariots ;

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Celui qui d'une femme aime les entretiens ;
Celui qui ne sait pas dire dans une orgie
Quelle est d'un beau cheval la généalogie ;
Qui cherche ailleurs qu'en soi force, amis et soutiens,
Sur de soyeux divans se couche avec mollesse,
Craint le soleil, sait lire, et par scrupule laisse
Tout le vin de Chypre aux chrétiens ;

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Celui-là, c'est un lâche, et non pas un guerrier.
Ce n'est pas lui qu'on voit dans la bataille ardente
Pousser un fier cheval à la housse pendante,
Le sabre en main, debout sur le large étrier ;
Il n'est bon qu'à presser des talons une mule,
En murmurant tout bas quelque vaine formule,
Comme un prêtre qui va prier !

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Du 1 au 2 mai 1828.
Emma Pickwick  Nov 2014
Film Noir
Emma Pickwick Nov 2014
Babe called me Film Noir
Said my head was darker than onyx, ashes and ebony,
And I was soaking in a solace that was felt with my presence,
Like hot candle wax dripped down the spine.

Film Noir with more than fifty shades of grey,
And messages I liked to leave in his pants pocket
"God is Dead" to deepen his uncertainty of faith.
Merlot on my tongue like a mouthful of blood while I watch him unravel.

Babe called me Film Noir
Said I always felt like home,
Like home was hell and made you anxious and suicidal,
Like a door with nothing behind it.

Film Noir that was art and lovely and terrifying.
And appreciated for it's talent of deepening wounds that were thought to be already healed.
Then kissed them apologetically, stitching them closed,
But so insincere.

Maybe now he's my Film Noir,
So tragically ending our love.
Like broken china on the floor of the parlor,
So precious to look at, but unusable and a waste.
Till the day he took his life
Babe called me Film Noir.
first step

when he looks at a woman he searches for qualities that attract him because he wants to desire her yet this tendency creates an imbalance or disadvantage he is rendered weak to a woman’s beauty or whatever traits he idealizes self-realizing this propensity he looks away from women years of disappointment neglect change him he becomes afraid of women gynophobic

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when she looks at a man she searches for qualities she is critical of because she wants to be impervious to his power she is suspicious of all men their upper body strength penchant to be in control misperception of women as property misogyny emotional immaturity neediness to be mommyed selfishness insensitivity or over-sensitivity depending she wants to be treated with equal respect a loving nurturing relationship she is suspicious of all people their alternate realities passive aggressive behavior co-dependence craziness

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he sees her then looks away she suspiciously notices nothing happens they go back to their separate homes alone always home alone grown calm in resignation yet disbelieving of this destiny saddened by this fate both worry about future she looks at her face naked body in mirror her stomach churns feels sad sickening remembers time when she was more carefree he puts one foot in front of other then walks tries to remember who taught him to walk how many times did he fall who taught him to laugh where did his sense of humor go

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he sees her thinks she is lovely resists the urge to turn away he smiles says hello she notices nervously smiles her shaky voice articulates louder than a whisper hi

Tucson 2-step

they are standing in line at a café on 4th avenue he is directly behind her she is lanky wearing white background faded colors patterned summer dress thin straps over bare shoulders long brown hair few gray strands small unfinished tattoo on left calf leather slip-ons 1 inch heals he is at a complete loss for words thinks to make remark about the weather decides not to overhead fan stirs hot humid July air barista girl asks what she would like her eyes scan blackboard menu behind counter she hesitates remarks help him i need an extra moment to decide he steps up to counter money in hand orders small to go Arnold Palmer half black current lays $3 on counter mentions change goes in tip jar thank you barista girl moves fast he lifts cup from counter glances at woman still deciding then at barista girl says have a wonderful day turns walks out door dawns on him woman grows hair under her arms his 2nd most compelling female physique adornment fetish oh god he thinks to himself should i wait for her to make up her mind then approach try to craft conversation at least find out her name no i’m too weak in this moment she is so lovely let her go

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she orders double Americana in small cup to go room for soy milk thinks to herself he did greet her perhaps their paths will cross on street why did he run off so fast she glances toward front of café notices window seat changes her mind instructs barista ******* 2nd thought make it for here digs through purse realizes she left wallet in truck explains to barista girl she needs to run out to her vehicle to retrieve wallet forgotten under front seat the air on the street is heavy dense she smells her own perspiration looks north then south does not see him walks to truck feels exhausted appetiteless almost nauseous wishes she did not order a drink thinks to get behind wheel drive home go to sleep

Tucson 3-step tango

she feels disappointment by her recent writings as if she is reaching a more sophisticated audience and setting a higher standard for her work yet she is not living up to her ambitions her recent writings smell of her past writings too emotional the damaged woman wounded child she wants to write more introspectively with detached humor that only comes from keener intelligence she slams her laptop shut decides to go to Club Congress for a ****** mary or margarita but Club Congress is haunted with small town cretins losers wannabes she considers Maynard’s decides Maynard’s is too safe suburban yuppyish finally gives in to thought of glass of pinot noir at Plush next comes what to wear jeans in mid-July desert heat is unacceptable perhaps loose fitting thin cotton white summer dress thin leather belt ankle high indian moccasins hair in ponytail no pigtail braids no ponytail no makeup maybe little ylang ylang oil no she thinks about her recent writings

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i am one breath away from crying in every moment one breath away from flying m.i.a. in every moment one breath away from destroying everything there is beauty in ugliness beauty in decrepitude disease beauty in harm hurt suffering beauty in greed injustice betrayal beauty in corruption contamination pollution beauty in hate cruelty ignorance beauty in death we spend our whole lives searching for a good death we spend our whole lives searching for eternal love this modern world is too much for me over my head the horrors of this place are beyond words unspeakable voice inside maybe mom yells quit your whining or dad hollers stop complaining i am trying to smile through tears one breath away from giving in one breath away from becoming stranger to myself winter spring winter spring there is beauty in nothingness we spend our whole lives searching for ourselves learning who we are not finding grasping secrets from dark paths light trails winter spring winter spring i am one breath away

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she sits alone at bar at Plush glass of pinot noir glass of ice water in front of her 2 bearded older men eye her from other end of bar she ignores them glances at her wristwatch tries to look like she is waiting for someone music from speakers antiquated rock standard it is early friday hours from dusk moderate middle aged crowd mingle wait for local jazz trio to begin she thinks about her recent writings wonders is it too late for love considers lesbian affair from 5 different perspectives 5 woman’s voices each describing same lesbian affair in 5 opposing accounts hmmm she sips dark red wine from glass chases it with ice water she considers a story about a gang of female bikers who ride south to Mexico

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the Americans came through here last night crossing border illegally climbing over our fences digging tunnels beneath our barrier walls littering along their trail they travel in packs of every skin color carry guns knives explosives wear leather boots some are shirtless tattoos dyed hair mischievously smiling conceitedly stealing when in question murdering they rob our homes slaughter our chickens ransack gardens loot our harvest you can still smell the stink of their fast food breaths

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she swallows the last dark red wine from glass chases it with ice water local jazz trio begins to play as bar fills with more people she decides to walk home one foot in front of other wonders who taught her how to walk how many times did she fall she laughs to herself

Tucson square dance

TPD 10-18 unconfirmed data report

7 post-University of Arizona female graduates go to Cactus Moon for several drinks and dancing then drive to Bashful Bandit for more drinks and dancing 2 women get into scuffle victim Brittany Garner female 23 years of age race #5 (Native American, Eskimo, Middle -Eastern, Other) 5’ 2” long black hair cut-off blue jean shorts clingy light blue top falls hits head on side of bar dies of fatal blow to skull forensics report crushed occipital lobe assailant Stacy Won female 31 years of age race #4 (Asian) 5’6” black jeans black leather jacket red helmet Honda motorcycle still at large

witness accounts

Jess Delaney female 33 years of age race #2 (White) 6’ tight black pencil skirt white sleeveless undershirt no bra 3” heels blond ponytail “that squirting little **** deserves everything she got she lied told Stacy i’m a ***** i never cheated on Brittany i don’t understand we were all having a good time getting buzzed and dancing we should never have left Cactus Moon **** Kerrie thought some biker dude might be hanging around the Bandit hell maybe the Bandit was a biker bar once but now it’s just a college sink hole full of drunken frat boys when Monique flashed a little *** they went crazy cheering and buying us shots it just got out of hand never should have happened the way it happened Stacy didn’t mean to **** Brittany it’s ****** up i want to go home please let me go home”

Sabrina Starn female 29 years of age race #2 (White) 5’8” trendy corporate gray suit black pumps red shoulder length hair “i have to be at work at 8 AM Stacy was drunk out of control she gets crazy when she drinks Brittany was trash talking pushing all Stacy’s buttons then Stacy accused Brittany of sleeping with Monique and all hell broke loose i didn’t see what happened i was in the powder room it’s a terrible tragedy unfortunate accident can i please be released i need to sleep this is madness”

Kerrie Angeles female 27 years of age race #1 (Hispanic) 5’ 6” black pants white shirt black hair cut stylishly short silver crucifix around neck red fingernails “when we got to the Bashful Bandit i was ***** soaking between my legs thinking about a cowgirl at Cactus Moon ready to **** anyone i saw fantasized pulling a train with those frat boys Monique had been kind of quiet at Cactus Moon but when we got to the Bashful Bandit she lit up dancing wild unbuttoning her top jacket Sabrina went to the ladies room to snort coke with biker dude Kerrie wanted but he wasn’t into her then Brittany started saying crazy stuff accusing Stacy of stealing Monique from Jess Jessie goes through women heartlessly she doesn’t give a **** about Monique Jessie knows if she wants Monique back she can simply fiddle a finger my guess is Stacy is half way to Argentina she never meant to **** Brittany i’m going to miss her real bad she was a good kid”

Ann Skyler female 28 years of age race  #2 (White) 4’ 11’’ green white red Mexican peasant skirt black t-shirt black high-tops hair in messy bun “i’m confused i saw them dancing laughing grinding up against each other Rage Against the Machine came on then Nine Inch Nails the room felt quaking dizzy claustrophobic then they were pushing each other shoving yelling frat boys cheering the next thing i knew Brittany was supine on the floor blood pouring out maybe she just slipped hit her head i don’t know what to think i feel real sad confused sick to my stomach scared”

Monique Smithson female 24 years of age race # 3 (Black) 5’ 9” blue jeans jean jacket cowboy boots nose ring braided pigtails “Stacy had it in for Brittany from the start i saw it in her eyes at Cactus Moon she made several clever toxic remarks they snapped at each other i never thought it would escalate to ****** poor sweet Brittany was always so susceptible i was looking down adjusting my jeans over my boots when it happened i heard felt a big thump glanced up Brittany was lying there lifeless blood spilling everywhere Stacy ran out fast i heard her bike engine take off in a hurry”

Rodeo Drive Tucson

matt’s hats tom’s tools & tobacco lou’s liquors fred’s beds frank’s planks bill’s drills jane’s drains & panes chuck’s check cashing cheryl’s barrels hank’s tanks tina’s trucks & tractors walt’s asphalt sean’s pawn rick’s rifles mom’s guns terry’s tires charlie’s harleys rhonda’s hondas jim’s rims art’s parts gus’s gasoline mike’s bikes frank’s feed gwen’s pens ann’s cans nancy’s nursery joes‘s clothes jess’s dresses bert’s skirts steve’s sleeves paul’s shawls michelle’s shells & bells al’s pails & snails sam’s hams & jams patty’s pancakes phil’s chili don’s donuts betty’s spaghetti bob’s burgers alycia’s quiches jean’s beans jerry’s berries anna’s bananas andy’s candies cathy’s taffies tony’s ponies roy’s toys kim’s whims marty’s parties jill’s pills rick’s tricks alice’s palace debbie’s disposal dave’s graves

Quinta Waltz de Tucson

she is definitely displeased profoundly disappointed in her latest literary efforts she dreams aches to create deeper discourse higher insight more thoughtful philosophical inquiries about life’s challenges beauty a better world overpowering love inspiration instead she writes paperback television trash stupid inadequate answers to solemn questions she wonders if she is too scratched dented to find love her ******* are definitely changing she is deeply disturbed not ready for menopause too young for menopause she wants to remain a fertile woman with smooth skin wet ******

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her neighbor Leslie awoke to horrible morning Leslie’s 6 chickens were assaulted overnight precious Mabel dragged off feathers everywhere trail down the street other hens cowering slumped together with wilted necks 3 of them with puncture wounds Leslie carried them one by one inside washed their wounds hugged them cried who did this terrible act a neglected abusive neighborhood cat or some desert predator why didn’t Leslie wake to sounds of savage marauding now this creature knows hen’s whereabouts when will it return for more massacre what modifications need to be enforced to ensure their coup before nightfall

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she wants to remain a hen keep producing eggs does not want is not ready to enter the next **** stage of this **** existence it was fun being pretty for men inspiring them to say do whacky things she wants to remain a hen she is definitely displeased profoundly disappointed in her latest literary attempts “Tucson square dance” (self-referential) ****** bit about Americans came through here last night in “Tucson 3-step” ****** "Rodeo Drive" tepid perhaps the pinot noir lowered her standards everything is becoming nothing she cannot sleep tosses turns thrashes sheets in humid heat of her lonesome bed is she is too scratched dented to find love she worries for Leslie

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tomorrow is another day they say the rain will come last year’s monsoon never came the baking sun smothered her garden died one by one sleepless she will miss tomorrow’s pilates class the infrequent delightful chatty breakfast afterwards she dreams aches of deeper discourse higher insight with detached humor that only comes from keener intelligence more thoughtful philosophical inquiries about life’s challenges beauty a better world overpowering love inspiration she crossed the line tonight her ******* are definitely changing

Tucson 666

he decides to shave eighth to quarter inch length salt and pepper beard a.k.a. unshaven look he has worn for years and grow full mustache the whiskers on his upper lip are darker with sparse gray at first no one notices after weeks the mustache gradually fills evoking many contrasting remarks several women loath it several men admire it girl at grocery store suggests he grow Fu Manchu so she can tug on it shopgirl says he looks like Charlie Chaplin downstairs neighbor from Turkey explains most Turkish men traditionally wear mustaches he read mustaches masculinize and empower men especially men in authoritative positions he thinks back to the 1960’s when many hippie males grew mustaches then in the 70’s gay men fashioned mustaches then in the 80’s cops adopted mustaches he wonders why a swatch of hair beneath nose is so provoking examines his visage in mirror discerns the mustache confers a Pepé le Pew quality or European accent to his appearance he remembers when he was young hippie with many amorous episodes how his mustache preserved the scent of a woman but there are no women in his life for many years do post-menopausal women possess scent? he feels indecisive whether to retain it or be rid of it

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she observes her figure in mirror thinks to herself maybe her ******* are not changing perhaps it’s all in her head she inspects the little lines forming near her eyelids studies her features for signs of aging hardly any silver strands in long brown hair she examines neck ******* arms elbows fingers tummy hips pelvic region thighs knees shins calves ankles feet detects subtle changes thinks to herself my ******* are possibly slightly changing turned 40 in March married briefly in late teens no children a 15 year old dog beginning to suffer veterinarian promises to warn her when the time comes she wonders why it is so difficult finding fitting mate men sleep with her several times then move on maybe she is not such a great lover perhaps she would be better if one of them stuck around perhaps she is a lesbian the whole ide
Le poète.

Du temps que j'étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s'asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau :
À la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu'au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j'allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d'un arbre vint s'asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d'une main,
De l'autre un bouquet d'églantine.
Il me fit un salut d'ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.

À l'âge où l'on croit à l'amour,
J'étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s'asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux ;
D'une main il montrait les cieux,
Et de l'autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu'un soupir,
Et s'évanouit comme un rêve.

À l'âge où l'on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s'asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.

Un an après, il était nuit ;
J'étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s'asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d'épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.

Je m'en suis si bien souvenu,
Que je l'ai toujours reconnu
À tous les instants de ma vie.
C'est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J'ai vu partout cette ombre amie.

Lorsque plus ****, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J'ai voulu m'exiler de France ;
Lorsqu'impatient de marcher,
J'ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d'une espérance ;

À Pise, au pied de l'Apennin ;
À Cologne, en face du Rhin ;
À Nice, au penchant des vallées ;
À Florence, au fond des palais ;
À Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;

À Gênes, sous les citronniers ;
À Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l'Atlantique ;
À Venise, à l'affreux Lido,
Où vient sur l'herbe d'un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;

Partout où, sous ces vastes cieux,
J'ai lassé mon cœur et mes yeux,
Saignant d'une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M'a promené sur une claie ;

Partout où, sans cesse altéré
De la soif d'un monde ignoré,
J'ai suivi l'ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J'ai revu ce que j'avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;

Partout où, le long des chemins,
J'ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j'ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;

Partout où j'ai voulu dormir,
Partout où j'ai voulu mourir,
Partout où j'ai touché la terre,
Sur ma route est venu s'asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j'aime la Providence.
Ta douleur même est sœur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l'Amitié.

Qui donc es-tu ? - Tu n'es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m'avertir.
Tu vois mes maux (c'est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t'appeler.
Qui donc es-tu, si c'est Dieu qui t'envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !

Ce soir encor je t'ai vu m'apparaître.
C'était par une triste nuit.
L'aile des vents battait à ma fenêtre ;
J'étais seul, courbé sur mon lit.
J'y regardais une place chérie,
Tiède encor d'un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.

Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d'amour.

Tout ce passé me criait à l'oreille
Ses éternels serments d'un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du cœur par le cœur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !

J'enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu'ici-bas ce qui dure,
C'est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d'oubli.
De tous côtés j'y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, **** des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.

J'allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J'allais le rendre, et, n'y pouvant pas croire,
En pleurant j'en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t'en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n'aimais pas ?

Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce cœur de glace
Emportez l'orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m'avez fait.

Partez, partez ! la Nature immortelle
N'a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n'a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j'ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m'aimes-tu ?

Mais tout à coup j'ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j'ai vu passer une ombre ;
Elle vient s'asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j'aperçois dans ce miroir ?

Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n'a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l'ombre où j'ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu'as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n'apparais qu'au jour des pleurs ?

La vision.

- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l'ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j'aime, je ne sais pas
De quel côté s'en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m'as nommé par mon nom
Quand tu m'as appelé ton frère ;
Où tu vas, j'y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j'irai m'asseoir sur ta pierre.

Le ciel m'a confié ton cœur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Victor Hugo  Jun 2017
Melancholia
Écoutez. Une femme au profil décharné,
Maigre, blême, portant un enfant étonné,
Est là qui se lamente au milieu de la rue.
La foule, pour l'entendre, autour d'elle se rue.
Elle accuse quelqu'un, une autre femme, ou bien
Son mari. Ses enfants ont faim. Elle n'a rien ;
Pas d'argent ; pas de pain ; à peine un lit de paille.
L'homme est au cabaret pendant qu'elle travaille.
Elle pleure, et s'en va. Quand ce spectre a passé,
Ô penseurs, au milieu de ce groupe amassé,
Qui vient de voir le fond d'un cœur qui se déchire,
Qu'entendez-vous toujours ? Un long éclat de rire.

Cette fille au doux front a cru peut-être, un jour,
Avoir droit au bonheur, à la joie, à l'amour.
Mais elle est seule, elle est sans parents, pauvre fille !
Seule ! - n'importe ! elle a du courage, une aiguille,
Elle travaille, et peut gagner dans son réduit,
En travaillant le jour, en travaillant la nuit,
Un peu de pain, un gîte, une jupe de toile.
Le soir, elle regarde en rêvant quelque étoile,
Et chante au bord du toit tant que dure l'été.
Mais l'hiver vient. Il fait bien froid, en vérité,
Dans ce logis mal clos tout en haut de la rampe ;
Les jours sont courts, il faut allumer une lampe ;
L'huile est chère, le bois est cher, le pain est cher.
Ô jeunesse ! printemps ! aube ! en proie à l'hiver !
La faim passe bientôt sa griffe sous la porte,
Décroche un vieux manteau, saisit la montre, emporte
Les meubles, prend enfin quelque humble bague d'or ;
Tout est vendu ! L'enfant travaille et lutte encor ;
Elle est honnête ; mais elle a, quand elle veille,
La misère, démon, qui lui parle à l'oreille.
L'ouvrage manque, hélas ! cela se voit souvent.
Que devenir ! Un jour, ô jour sombre ! elle vend
La pauvre croix d'honneur de son vieux père, et pleure ;
Elle tousse, elle a froid. Il faut donc qu'elle meure !
A dix-sept ans ! grand Dieu ! mais que faire ?... - Voilà
Ce qui fait qu'un matin la douce fille alla
Droit au gouffre, et qu'enfin, à présent, ce qui monte
À son front, ce n'est plus la pudeur, c'est la honte.
Hélas, et maintenant, deuil et pleurs éternels !
C'est fini. Les enfants, ces innocents cruels,
La suivent dans la rue avec des cris de joie.
Malheureuse ! elle traîne une robe de soie,
Elle chante, elle rit... ah ! pauvre âme aux abois !
Et le peuple sévère, avec sa grande voix,
Souffle qui courbe un homme et qui brise une femme,
Lui dit quand elle vient : « C'est toi ? Va-t-en, infâme ! »

Un homme s'est fait riche en vendant à faux poids ;
La loi le fait juré. L'hiver, dans les temps froids ;
Un pauvre a pris un pain pour nourrir sa famille.
Regardez cette salle où le peuple fourmille ;
Ce riche y vient juger ce pauvre. Écoutez bien.
C'est juste, puisque l'un a tout et l'autre rien.
Ce juge, - ce marchand, - fâché de perdre une heure,
Jette un regard distrait sur cet homme qui pleure,
L'envoie au bagne, et part pour sa maison des champs.
Tous s'en vont en disant : « C'est bien ! » bons et méchants ;
Et rien ne reste là qu'un Christ pensif et pâle,
Levant les bras au ciel dans le fond de la salle.

Un homme de génie apparaît. Il est doux,
Il est fort, il est grand ; il est utile à tous ;
Comme l'aube au-dessus de l'océan qui roule,
Il dore d'un rayon tous les fronts de la foule ;
Il luit ; le jour qu'il jette est un jour éclatant ;
Il apporte une idée au siècle qui l'attend ;
Il fait son œuvre ; il veut des choses nécessaires,
Agrandir les esprits, amoindrir les misères ;
Heureux, dans ses travaux dont les cieux sont témoins,
Si l'on pense un peu plus, si l'on souffre un peu moins !
Il vient. - Certe, on le va couronner ! - On le hue !
Scribes, savants, rhéteurs, les salons, la cohue,
Ceux qui n'ignorent rien, ceux qui doutent de tout,
Ceux qui flattent le roi, ceux qui flattent l'égout,
Tous hurlent à la fois et font un bruit sinistre.
Si c'est un orateur ou si c'est un ministre,
On le siffle. Si c'est un poète, il entend
Ce chœur : « Absurde ! faux ! monstrueux ! révoltant ! »
Lui, cependant, tandis qu'on bave sur sa palme,
Debout, les bras croisés, le front levé, l'œil calme,
Il contemple, serein, l'idéal et le beau ;
Il rêve ; et, par moments, il secoue un flambeau
Qui, sous ses pieds, dans l'ombre, éblouissant la haine,
Éclaire tout à coup le fond de l'âme humaine ;
Ou, ministre, il prodigue et ses nuits et ses jours ;
Orateur, il entasse efforts, travaux, discours ;
Il marche, il lutte ! Hélas ! l'injure ardente et triste,
À chaque pas qu'il fait, se transforme et persiste.
Nul abri. Ce serait un ennemi public,
Un monstre fabuleux, dragon ou basilic,
Qu'il serait moins traqué de toutes les manières,
Moins entouré de gens armés de grosses pierres,
Moins haï ! -- Pour eux tous et pour ceux qui viendront,
Il va semant la gloire, il recueille l'affront.
Le progrès est son but, le bien est sa boussole ;
Pilote, sur l'avant du navire il s'isole ;
Tout marin, pour dompter les vents et les courants,
Met tour à tour le cap sur des points différents,
Et, pour mieux arriver, dévie en apparence ;
Il fait de même ; aussi blâme et cris ; l'ignorance
Sait tout, dénonce tout ; il allait vers le nord,
Il avait tort ; il va vers le sud, il a tort ;
Si le temps devient noir, que de rage et de joie !
Cependant, sous le faix sa tête à la fin ploie,
L'âge vient, il couvait un mal profond et lent,
Il meurt. L'envie alors, ce démon vigilant,
Accourt, le reconnaît, lui ferme la paupière,
Prend soin de la clouer de ses mains dans la bière,
Se penche, écoute, épie en cette sombre nuit
S'il est vraiment bien mort, s'il ne fait pas de bruit,
S'il ne peut plus savoir de quel nom on le nomme,
Et, s'essuyant les yeux, dit : « C'était un grand homme ! »

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
« Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? Que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, saint, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !

Le pesant chariot porte une énorme pierre ;
Le limonier, suant du mors à la croupière,
Tire, et le roulier fouette, et le pavé glissant
Monte, et le cheval triste à le poitrail en sang.
Il tire, traîne, geint, tire encore et s'arrête ;
Le fouet noir tourbillonne au-dessus de sa tête ;
C'est lundi ; l'homme hier buvait aux Porcherons
Un vin plein de fureur, de cris et de jurons ;
Oh ! quelle est donc la loi formidable qui livre
L'être à l'être, et la bête effarée à l'homme ivre !
L'animal éperdu ne peut plus faire un pas ;
Il sent l'ombre sur lui peser ; il ne sait pas,
Sous le bloc qui l'écrase et le fouet qui l'assomme,
Ce que lui veut la pierre et ce que lui veut l'homme.
Et le roulier n'est plus qu'un orage de coups
Tombant sur ce forçat qui traîne des licous,
Qui souffre et ne connaît ni repos ni dimanche.
Si la corde se casse, il frappe avec le pié ;
Et le cheval, tremblant, hagard, estropié,
Baisse son cou lugubre et sa tête égarée ;
On entend, sous les coups de la botte ferrée,
Sonner le ventre nu du pauvre être muet !
Il râle ; tout à l'heure encore il remuait ;
Mais il ne bouge plus, et sa force est finie ;
Et les coups furieux pleuvent ; son agonie
Tente un dernier effort ; son pied fait un écart,
Il tombe, et le voilà brisé sous le brancard ;
Et, dans l'ombre, pendant que son bourreau redouble,
Il regarde quelqu'un de sa prunelle trouble ;
Et l'on voit lentement s'éteindre, humble et terni,
Son œil plein des stupeurs sombres de l'infini,
Où luit vaguement l'âme effrayante des choses.
Hélas !

Cet avocat plaide toutes les causes ;
Il rit des généreux qui désirent savoir
Si blanc n'a pas raison, avant de dire noir ;
Calme, en sa conscience il met ce qu'il rencontre,
Ou le sac d'argent Pour, ou le sac d'argent Contre ;
Le sac pèse pour lui ce que la cause vaut.
Embusqué, plume au poing, dans un journal dévot,
Comme un bandit tuerait, cet écrivain diffame.
La foule hait cet homme et proscrit cette femme ;
Ils sont maudits. Quel est leur crime ? Ils ont aimé.
L'opinion rampante accable l'opprimé,
Et, chatte aux pieds des forts, pour le faible est tigresse.
De l'inventeur mourant le parasite engraisse.
Le monde parle, assure, affirme, jure, ment,
Triche, et rit d'escroquer la dupe Dévouement.
Le puissant resplendit et du destin se joue ;
Derrière lui, tandis qu'il marche et fait la roue,
Sa fiente épanouie engendre son flatteur.
Les nains sont dédaigneux de toute leur hauteur.
Ô hideux coins de rue où le chiffonnier morne
Va, tenant à la main sa lanterne de corne,
Vos tas d'ordures sont moins noirs que les vivants !
Qui, des vents ou des cœurs, est le plus sûr ? Les vents.
Cet homme ne croit rien et fait semblant de croire ;
Il a l'œil clair, le front gracieux, l'âme noire ;
Il se courbe ; il sera votre maître demain.

Tu casses des cailloux, vieillard, sur le chemin ;
Ton feutre humble et troué s'ouvre à l'air qui le mouille ;
Sous la pluie et le temps ton crâne nu se rouille ;
Le chaud est ton tyran, le froid est ton bourreau ;
Ton vieux corps grelottant tremble sous ton sarrau ;
Ta cahute, au niveau du fossé de la route,
Offre son toit de mousse à la chèvre qui broute ;
Tu gagnes dans ton jour juste assez de pain noir
Pour manger le matin et pour jeûner le soir ;
Et, fantôme suspect devant qui l'on recule,
Regardé de travers quand vient le crépuscule,
Pauvre au point d'alarmer les allants et venants,
Frère sombre et pensif des arbres frissonnants,
Tu laisses choir tes ans ainsi qu'eux leur feuillage ;
Autrefois, homme alors dans la force de l'âge,
Quand tu vis que l'Europe implacable venait,
Et menaçait Paris et notre aube qui naît,
Et, mer d'hommes, roulait vers la France effarée,
Et le Russe et le *** sur la terre sacrée
Se ruer, et le nord revomir Attila,
Tu te levas, tu pris ta fourche ; en ces temps-là,
Tu fus, devant les rois qui tenaient la campagne,
Un des grands paysans de la grande Champagne.
C'est bien. Mais, vois, là-bas, le long du vert sillon,
Une calèche arrive, et, comme un tourbillon,
Dans la poudre du soir qu'à ton front tu secoues,
Mêle l'éclair du fouet au tonnerre des roues.
Un homme y dort. Vieillard, chapeau bas ! Ce passant
Fit sa fortune à l'heure où tu versais ton sang ;
Il jouait à la baisse, et montait à mesure
Que notre chute était plus profonde et plus sûre ;
Il fallait un vautour à nos morts ; il le fut ;
Il fit, travailleur âpre et toujours à l'affût,
Suer à nos malheurs des châteaux et des rentes ;
Moscou remplit ses prés de meules odorantes ;
Pour lui, Leipsick payait des chiens et des valets,
Et la Bérésina charriait un palais ;
Pour lui, pour que cet homme ait des fleurs, des charmilles,
Des parcs dans Paris même ouvrant leurs larges grilles,
Des jardins où l'on voit le cygne errer sur l'eau,
Un million joyeux sortit de Waterloo ;
Si bien que du désastre il a fait sa victoire,
Et que, pour la manger, et la tordre, et la boire,
Ce Shaylock, avec le sabre de Blucher,
A coupé sur la France une livre de chair.
Or, de vous deux, c'est toi qu'on hait, lui qu'on vénère ;
Vieillard, tu n'es qu'un gueux, et ce millionnaire,
C'est l'honnête homme. Allons, debout, et chapeau bas !

Les carrefours sont pleins de chocs et de combats.
Les multitudes vont et viennent dans les rues.
Foules ! sillons creusés par ces mornes charrues :
Nuit, douleur, deuil ! champ triste où souvent a germé
Un épi qui fait peur à ceux qui l'ont semé !
Vie et mort ! onde où l'hydre à l'infini s'enlace !
Peuple océan jetant l'écume populace !
Là sont tous les chaos et toutes les grandeurs ;
Là, fauve, avec ses maux, ses horreurs, ses laideurs,
Ses larves, désespoirs, haines, désirs, souffrances,
Qu'on distingue à travers de vagues transparences,
Ses rudes appétits, redoutables aimants,
Ses prostitutions, ses avilissements,
Et la fatalité des mœurs imperdables,
La misère épaissit ses couches formidables.
Les malheureux sont là, dans le malheur reclus.
L'indigence, flux noir, l'ignorance, reflux,
Montent, marée affreuse, et parmi les décombres,
Roulent l'obscur filet des pénalités sombres.
Le besoin fuit le mal qui le tente et le suit,
Et l'homme cherche l'homme à tâtons ; il fait nuit ;
Les petits enfants nus tendent leurs mains funèbres ;
Le crime, antre béant, s'ouvre dans ces ténèbres ;
Le vent secoue et pousse, en ses froids tourbillons,
Les âmes en lambeaux dans les corps en haillons :
Pas de cœur où ne croisse une aveugle chimère.
Qui grince des dents ? L'homme. Et qui pleure ? La mère.
Qui sanglote ? La vierge aux yeux hagards et doux.
Qui dit : « J'ai froid ? » L'aïeule. Et qui dit : « J'ai faim ? » Tous !
Et le fond est horreur, et la surface est joie.
Au-dessus de la faim, le festin qui flamboie,
Et sur le pâle amas des cris et des douleurs,
Les chansons et le rire et les chapeaux de fleurs !
Ceux-là sont les heureux. Ils n'ont qu'une pensée :
A quel néant jeter la journée insensée ?
Chiens, voitures, chevaux ! cendre au reflet vermeil !
Poussière dont les grains semblent d'or au soleil !
Leur vie est aux plaisirs sans fin, sans but, sans trêve,
Et se passe à tâcher d'oublier dans un rêve
L'enfer au-dessous d'eux et le ciel au-dessus.
Quand on voile Lazare, on efface Jésus.
Ils ne regardent pas dans les ombres moroses.
Ils n'admettent que l'air tout parfumé de roses,
La volupté, l'orgueil, l'ivresse et le laquais
Ce spectre galonné du pauvre, à leurs banquets.
Les fleurs couvrent les seins et débordent des vases.
Le bal, tout frissonnant de souffles et d'extases,
Rayonne, étourdissant ce qui s'évanouit ;
Éden étrange fait de lumière et de nuit.
Les lustres aux plafonds laissent pendre leurs flammes,
Et semblent la racine ardente et pleine d'âmes
De quelque arbre céleste épanoui plus haut.
Noir paradis dansant sur l'immense cachot !
Ils savourent, ravis, l'éblouissement sombre
Des beautés, des splendeurs, des quadrilles sans nombre,
Des couples, des amours, des yeux bleus, des yeux noirs.
Les valses, visions, passent dans les miroirs.
Parfois, comme aux forêts la fuite des cavales,
Les galops effrénés courent ; par intervalles,
Le bal reprend haleine ; on s'interrompt, on fuit,
On erre, deux à deux, sous les arbres sans bruit ;
Puis, folle, et rappelant les ombres éloignées,
La musique, jetant les notes à poignées,
Revient, et les regards s'allument, et l'archet,
Bondissant, ressaisit la foule qui marchait.
Ô délire ! et d'encens et de bruit enivrées,
L'heure emporte en riant les rapides soirées,
Et les nuits et les jours, feuilles mortes des cieux.
D'autres, toute la nuit, roulent les dés joyeux,
Ou bien, âpre, et mêlant les cartes qu'ils caressent,
Où des spectres riants ou sanglants apparaissent,
Leur soif de l'or, penchée autour d'un tapis vert,
Jusqu'à ce qu'au volet le jour bâille entr'ouvert,
Poursuit le pharaon, le lansquenet ou l'hombre ;
Et, pendant qu'on gémit et qu'on frémit dans l'ombre,
Pendant que le
Jenny  Jul 2018
Noir
Jenny Jul 2018
the electricity runs through our veins
and past the street signs we rumble by
in the car you stole, we go fifty above the speed limit,
the roof of the car is the noir sky above
and the midnight rain pelts our upturned faces
the dancing drops of water drip onto our smiling lips
the sound of the sky collapsing
echoes the flashes that streak the sky,
the flickering light casts paved roads with a brief brightness
(as if god were wearing light up sketchers)
the lacy brallette that wears me
gives me the bravery to stand up in the speeding car
the velvet pants that ripple with the wind
drink up the nighttime rain
and the rare headlights race past us,
heading into homes and hearts
the mellow playlist that connects the aux cord to our ears blasts
so loud, we can no longer hear our insecurity
the mascara that once clung to my eyelashes
now streams down my face.
on a two way street,
we drive down the middle
unafraid in the face of direct dangers
so unaware of the towering empty skyscrapers
and instead highly exhilarated
from the street signs we drive by
too fast to read the blocky lettering
the road signs glint, smiling as we wave and reach towards them
the cigarettes you smoked are thrown through the open window,
still smothering slightly.
i can still taste the smoke on your lips
and your hand tucks my hair behind my ear
and as the wind objects and inhales
unreal in the hazy a.m. car trip
the tunnel rushes towards us,
and we both hold our breaths,
as if breathing would contaminate us.
the lights that glint, cast a yellow-white glow
and for once, i see you for who you are
a boy too buzzed to feel
a kid who only felt "sort of"
a person who couldn't heal
and a lover who could never give love
about a boy who was my living teenage dream // nothing scarier than finding a broken loveless boy who makes you the same
I

Mets-toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange
Ce drap glacé qui fait des plis sur ton front d'ange,
Ouvre tes mains, et prends ce livre : il est à toi.

Ce livre où vit mon âme, espoir, deuil, rêve, effroi,
Ce livre qui contient le spectre de ma vie,
Mes angoisses, mon aube, hélas ! de pleurs suivie,
L'ombre et son ouragan, la rose et son pistil,
Ce livre azuré, triste, orageux, d'où sort-il ?
D'où sort le blême éclair qui déchire la brume ?
Depuis quatre ans, j'habite un tourbillon d'écume ;
Ce livre en a jailli. Dieu dictait, j'écrivais ;
Car je suis paille au vent. Va ! dit l'esprit. Je vais.
Et, quand j'eus terminé ces pages, quand ce livre
Se mit à palpiter, à respirer, à vivre,
Une église des champs, que le lierre verdit,
Dont la tour sonne l'heure à mon néant, m'a dit :
Ton cantique est fini ; donne-le-moi, poëte.
- Je le réclame, a dit la forêt inquiète ;
Et le doux pré fleuri m'a dit : - Donne-le-moi.
La mer, en le voyant frémir, m'a dit : - Pourquoi
Ne pas me le jeter, puisque c'est une voile !
- C'est à moi qu'appartient cet hymne, a dit l'étoile.
- Donne-le-nous, songeur, ont crié les grands vents.
Et les oiseaux m'ont dit : - Vas-tu pas aux vivants
Offrir ce livre, éclos si **** de leurs querelles ?
Laisse-nous l'emporter dans nos nids sur nos ailes ! -
Mais le vent n'aura point mon livre, ô cieux profonds !
Ni la sauvage mer, livrée aux noirs typhons,
Ouvrant et refermant ses flots, âpres embûches ;
Ni la verte forêt qu'emplit un bruit de ruches ;
Ni l'église où le temps fait tourner son compas ;
Le pré ne l'aura pas, l'astre ne l'aura pas,
L'oiseau ne l'aura pas, qu'il soit aigle ou colombe,
Les nids ne l'auront pas ; je le donne à la tombe.

II

Autrefois, quand septembre en larmes revenait,
Je partais, je quittais tout ce qui me connaît,
Je m'évadais ; Paris s'effaçait ; rien, personne !
J'allais, je n'étais plus qu'une ombre qui frissonne,
Je fuyais, seul, sans voir, sans penser, sans parler,
Sachant bien que j'irais où je devais aller ;
Hélas ! je n'aurais pu même dire : Je souffre !
Et, comme subissant l'attraction d'un gouffre,
Que le chemin fût beau, pluvieux, froid, mauvais,
J'ignorais, je marchais devant moi, j'arrivais.
Ô souvenirs ! ô forme horrible des collines !
Et, pendant que la mère et la soeur, orphelines,
Pleuraient dans la maison, je cherchais le lieu noir
Avec l'avidité morne du désespoir ;
Puis j'allais au champ triste à côté de l'église ;
Tête nue, à pas lents, les cheveux dans la bise,
L'oeil aux cieux, j'approchais ; l'accablement soutient ;
Les arbres murmuraient : C'est le père qui vient !
Les ronces écartaient leurs branches desséchées ;
Je marchais à travers les humbles croix penchées,
Disant je ne sais quels doux et funèbres mots ;
Et je m'agenouillais au milieu des rameaux
Sur la pierre qu'on voit blanche dans la verdure.
Pourquoi donc dormais-tu d'une façon si dure
Que tu n'entendais pas lorsque je t'appelais ?

Et les pêcheurs passaient en traînant leurs filets,
Et disaient : Qu'est-ce donc que cet homme qui songe ?
Et le jour, et le soir, et l'ombre qui s'allonge,
Et Vénus, qui pour moi jadis étincela,
Tout avait disparu que j'étais encor là.
J'étais là, suppliant celui qui nous exauce ;
J'adorais, je laissais tomber sur cette fosse,
Hélas ! où j'avais vu s'évanouir mes cieux,
Tout mon coeur goutte à goutte en pleurs silencieux ;
J'effeuillais de la sauge et de la clématite ;
Je me la rappelais quand elle était petite,
Quand elle m'apportait des lys et des jasmins,
Ou quand elle prenait ma plume dans ses mains,
Gaie, et riant d'avoir de l'encre à ses doigts roses ;
Je respirais les fleurs sur cette cendre écloses,
Je fixais mon regard sur ces froids gazons verts,
Et par moments, ô Dieu, je voyais, à travers
La pierre du tombeau, comme une lueur d'âme !

Oui, jadis, quand cette heure en deuil qui me réclame
Tintait dans le ciel triste et dans mon coeur saignant,
Rien ne me retenait, et j'allais ; maintenant,
Hélas !... - Ô fleuve ! ô bois ! vallons dont je fus l'hôte,
Elle sait, n'est-ce pas ? que ce n'est pas ma faute
Si, depuis ces quatre ans, pauvre coeur sans flambeau,
Je ne suis pas allé prier sur son tombeau !

III

Ainsi, ce noir chemin que je faisais, ce marbre
Que je contemplais, pâle, adossé contre un arbre,
Ce tombeau sur lequel mes pieds pouvaient marcher,
La nuit, que je voyais lentement approcher,
Ces ifs, ce crépuscule avec ce cimetière,
Ces sanglots, qui du moins tombaient sur cette pierre,
Ô mon Dieu, tout cela, c'était donc du bonheur !

Dis, qu'as-tu fait pendant tout ce temps-là ? - Seigneur,
Qu'a-t-elle fait ? - Vois-tu la vie en vos demeures ?
A quelle horloge d'ombre as-tu compté les heures ?
As-tu sans bruit parfois poussé l'autre endormi ?
Et t'es-tu, m'attendant, réveillée à demi ?
T'es-tu, pâle, accoudée à l'obscure fenêtre
De l'infini, cherchant dans l'ombre à reconnaître
Un passant, à travers le noir cercueil mal joint,
Attentive, écoutant si tu n'entendais point
Quelqu'un marcher vers toi dans l'éternité sombre ?
Et t'es-tu recouchée ainsi qu'un mât qui sombre,
En disant : Qu'est-ce donc ? mon père ne vient pas !
Avez-vous tous les deux parlé de moi tout bas ?

Que de fois j'ai choisi, tout mouillés de rosée,
Des lys dans mon jardin, des lys dans ma pensée !
Que de fois j'ai cueilli de l'aubépine en fleur !
Que de fois j'ai, là-bas, cherché la tour d'Harfleur,
Murmurant : C'est demain que je pars ! et, stupide,
Je calculais le vent et la voile rapide,
Puis ma main s'ouvrait triste, et je disais : Tout fuit !
Et le bouquet tombait, sinistre, dans la nuit !
Oh ! que de fois, sentant qu'elle devait m'attendre,
J'ai pris ce que j'avais dans le coeur de plus tendre
Pour en charger quelqu'un qui passerait par là !

Lazare ouvrit les yeux quand Jésus l'appela ;
Quand je lui parle, hélas ! pourquoi les ferme-t-elle ?
Où serait donc le mal quand de l'ombre mortelle
L'amour violerait deux fois le noir secret,
Et quand, ce qu'un dieu fit, un père le ferait ?

IV

Que ce livre, du moins, obscur message, arrive,
Murmure, à ce silence, et, flot, à cette rive !
Qu'il y tombe, sanglot, soupir, larme d'amour !
Qu'il entre en ce sépulcre où sont entrés un jour
Le baiser, la jeunesse, et l'aube, et la rosée,
Et le rire adoré de la fraîche épousée,
Et la joie, et mon coeur, qui n'est pas ressorti !
Qu'il soit le cri d'espoir qui n'a jamais menti,
Le chant du deuil, la voix du pâle adieu qui pleure,
Le rêve dont on sent l'aile qui nous effleure !
Qu'elle dise : Quelqu'un est là ; j'entends du bruit !
Qu'il soit comme le pas de mon âme en sa nuit !

Ce livre, légion tournoyante et sans nombre
D'oiseaux blancs dans l'aurore et d'oiseaux noirs dans l'ombre,
Ce vol de souvenirs fuyant à l'horizon,
Cet essaim que je lâche au seuil de ma prison,
Je vous le confie, air, souffles, nuée, espace !
Que ce fauve océan qui me parle à voix basse,
Lui soit clément, l'épargne et le laisse passer !
Et que le vent ait soin de n'en rien disperser,
Et jusqu'au froid caveau fidèlement apporte
Ce don mystérieux de l'absent à la morte !

Ô Dieu ! puisqu'en effet, dans ces sombres feuillets,
Dans ces strophes qu'au fond de vos cieux je cueillais,
Dans ces chants murmurés comme un épithalame
Pendant que vous tourniez les pages de mon âme,
Puisque j'ai, dans ce livre, enregistré mes jours,
Mes maux, mes deuils, mes cris dans les problèmes sourds,
Mes amours, mes travaux, ma vie heure par heure ;
Puisque vous ne voulez pas encor que je meure,
Et qu'il faut bien pourtant que j'aille lui parler ;
Puisque je sens le vent de l'infini souffler
Sur ce livre qu'emplit l'orage et le mystère ;
Puisque j'ai versé là toutes vos ombres, terre,
Humanité, douleur, dont je suis le passant ;
Puisque de mon esprit, de mon coeur, de mon sang,
J'ai fait l'âcre parfum de ces versets funèbres,
Va-t'en, livre, à l'azur, à travers les ténèbres !
Fuis vers la brume où tout à pas lents est conduit !
Oui, qu'il vole à la fosse, à la tombe, à la nuit,
Comme une feuille d'arbre ou comme une âme d'homme !
Qu'il roule au gouffre où va tout ce que la voix nomme !
Qu'il tombe au plus profond du sépulcre hagard,
A côté d'elle, ô mort ! et que là, le regard,
Près de l'ange qui dort, lumineux et sublime,
Le voie épanoui, sombre fleur de l'abîme !

V

Ô doux commencements d'azur qui me trompiez,
Ô bonheurs ! je vous ai durement expiés !
J'ai le droit aujourd'hui d'être, quand la nuit tombe,
Un de ceux qui se font écouter de la tombe,
Et qui font, en parlant aux morts blêmes et seuls,
Remuer lentement les plis noirs des linceuls,
Et dont la parole, âpre ou tendre, émeut les pierres,
Les grains dans les sillons, les ombres dans les bières,
La vague et la nuée, et devient une voix
De la nature, ainsi que la rumeur des bois.
Car voilà, n'est-ce pas, tombeaux ? bien des années,
Que je marche au milieu des croix infortunées,
Échevelé parmi les ifs et les cyprès,
L'âme au bord de la nuit, et m'approchant tout près,
Et que je vais, courbé sur le cercueil austère,
Questionnant le plomb, les clous, le ver de terre
Qui pour moi sort des yeux de la tête de mort,
Le squelette qui rit, le squelette qui mord,
Les mains aux doigts noueux, les crânes, les poussières,
Et les os des genoux qui savent des prières !

Hélas ! j'ai fouillé tout. J'ai voulu voir le fond.
Pourquoi le mal en nous avec le bien se fond,
J'ai voulu le savoir. J'ai dit : Que faut-il croire ?
J'ai creusé la lumière, et l'aurore, et la gloire,
L'enfant joyeux, la vierge et sa chaste frayeur,
Et l'amour, et la vie, et l'âme, - fossoyeur.

Qu'ai-je appris ? J'ai, pensif , tout saisi sans rien prendre ;
J'ai vu beaucoup de nuit et fait beaucoup de cendre.
Qui sommes-nous ? que veut dire ce mot : Toujours ?
J'ai tout enseveli, songes, espoirs, amours,
Dans la fosse que j'ai creusée en ma poitrine.
Qui donc a la science ? où donc est la doctrine ?
Oh ! que ne suis-je encor le rêveur d'autrefois,
Qui s'égarait dans l'herbe, et les prés, et les bois,
Qui marchait souriant, le soir, quand le ciel brille,
Tenant la main petite et blanche de sa fille,
Et qui, joyeux, laissant luire le firmament,
Laissant l'enfant parler, se sentait lentement
Emplir de cet azur et de cette innocence !

Entre Dieu qui flamboie et l'ange qui l'encense,
J'ai vécu, j'ai lutté, sans crainte, sans remord.
Puis ma porte soudain s'ouvrit devant la mort,
Cette visite brusque et terrible de l'ombre.
Tu passes en laissant le vide et le décombre,
Ô spectre ! tu saisis mon ange et tu frappas.
Un tombeau fut dès lors le but de tous mes pas.

VI

Je ne puis plus reprendre aujourd'hui dans la plaine
Mon sentier d'autrefois qui descend vers la Seine ;
Je ne puis plus aller où j'allais ; je ne puis,
Pareil à la laveuse assise au bord du puits,
Que m'accouder au mur de l'éternel abîme ;
Paris m'est éclipsé par l'énorme Solime ;
La hauteNotre-Dame à présent, qui me luit,
C'est l'ombre ayant deux tours, le silence et la nuit,
Et laissant des clartés trouer ses fatals voiles ;
Et je vois sur mon front un panthéon d'étoiles ;
Si j'appelle Rouen, Villequier, Caudebec,
Toute l'ombre me crie : Horeb, Cédron, Balbeck !
Et, si je pars, m'arrête à la première lieue,
Et me dit: Tourne-toi vers l'immensité bleue !
Et me dit : Les chemins où tu marchais sont clos.
Penche-toi sur les nuits, sur les vents, sur les flots !
A quoi penses-tu donc ? que fais-tu, solitaire ?
Crois-tu donc sous tes pieds avoir encor la terre ?
Où vas-tu de la sorte et machinalement ?
Ô songeur ! penche-toi sur l'être et l'élément !
Écoute la rumeur des âmes dans les ondes !
Contemple, s'il te faut de la cendre, les mondes ;
Cherche au moins la poussière immense, si tu veux
Mêler de la poussière à tes sombres cheveux,
Et regarde, en dehors de ton propre martyre,
Le grand néant, si c'est le néant qui t'attire !
Sois tout à ces soleils où tu remonteras !
Laisse là ton vil coin de terre. Tends les bras,
Ô proscrit de l'azur, vers les astres patries !
Revois-y refleurir tes aurores flétries ;
Deviens le grand oeil fixe ouvert sur le grand tout.
Penche-toi sur l'énigme où l'être se dissout,
Sur tout ce qui naît, vit, marche, s'éteint, succombe,
Sur tout le genre humain et sur toute la tombe !

Mais mon coeur toujours saigne et du même côté.
C'est en vain que les cieux, les nuits, l'éternité,
Veulent distraire une âme et calmer un atome.
Tout l'éblouissement des lumières du dôme
M'ôte-t-il une larme ? Ah ! l'étendue a beau
Me parler, me montrer l'universel tombeau,
Les soirs sereins, les bois rêveurs, la lune amie ;
J'écoute, et je reviens à la douce endormie.

VII

Des fleurs ! oh ! si j'avais des fleurs ! si je pouvais
Aller semer des lys sur ces deux froids chevets !
Si je pouvais couvrir de fleurs mon ange pâle !
Les fleurs sont l'or, l'azur, l'émeraude, l'opale !
Le cercueil au milieu des fleurs veut se coucher ;
Les fleurs aiment la mort, et Dieu les fait toucher
Par leur racine aux os, par leur parfum aux âmes !
Puisque je ne le puis, aux lieux que nous aimâmes,
Puisque Dieu ne veut pas nous laisser revenir,
Puisqu'il nous fait lâcher ce qu'on croyait tenir,
Puisque le froid destin, dans ma geôle profonde,
Sur la première porte en scelle une seconde,
Et, sur le père triste et sur l'enfant qui dort,
Ferme l'exil après avoir fermé la mort,
Puisqu'il est impossible à présent que je jette
Même un brin de bruyère à sa fosse muette,
C'est bien le moins qu'elle ait mon âme, n'est-ce pas ?
Ô vent noir dont j'entends sur mon plafond le pas !
Tempête, hiver, qui bats ma vitre de ta grêle !
Mers, nuits ! et je l'ai mise en ce livre pour elle !

Prends ce livre ; et dis-toi : Ceci vient du vivant
Que nous avons laissé derrière nous, rêvant.
Prends. Et, quoique de ****, reconnais ma voix, âme !
Oh ! ta cendre est le lit de mon reste de flamme ;
Ta tombe est mon espoir, ma charité, ma foi ;
Ton linceul toujours flotte entre la vie et moi.
Prends ce livre, et fais-en sortir un divin psaume !
Qu'entre tes vagues mains il devienne fantôme !
Qu'il blanchisse, pareil à l'aube qui pâlit,
A mesure que l'oeil de mon ange le lit,
Et qu'il s'évanouisse, et flotte, et disparaisse,
Ainsi qu'un âtre obscur qu'un souffle errant caresse,
Ainsi qu'une lueur qu'on voit passer le soir,
Ainsi qu'un tourbillon de feu de l'encensoir,
Et que, sous ton regard éblouissant et sombre,
Chaque page s'en aille en étoiles dans l'ombre !

VIII

Oh ! quoi que nous fassions et quoi que nous disions,
Soit que notre âme plane au vent des visions,
Soit qu'elle se cramponne à l'argile natale,
Toujours nous arrivons à ta grotte fatale,
Gethsémani ! qu'éclaire une vague lueur !
Ô rocher de l'étrange et funèbre sueur !
Cave où l'esprit combat le destin ! ouverture
Sur les profonds effrois de la sombre nature !
Antre d'où le lion sort rêveur, en voyant
Quelqu'un de plus sinistre et de plus effrayant,
La douleur, entrer, pâle, amère, échevelée !
Ô chute ! asile ! ô seuil de la trouble vallée
D'où nous apercevons nos ans fuyants et courts,
Nos propres pas marqués dans la fange des jours,
L'échelle où le mal pèse et monte, spectre louche,
L'âpre frémissement de la palme farouche,
Les degrés noirs tirant en bas les blancs degrés,
Et les frissons aux fronts des anges effarés !

Toujours nous arrivons à cette solitude,
Et, là, nous nous taisons, sentant la plénitude !

Paix à l'ombre ! Dormez ! dormez ! dormez ! dormez !
Êtres, groupes confus lentement transformés !
Dormez, les champs ! dormez, les fleurs ! dormez, les tombes !
Toits, murs, seuils des maisons, pierres des catacombes,
Feuilles au fond des bois, plumes au fond des nids,
Dormez ! dormez, brins d'herbe, et dormez, infinis !
Calmez-vous, forêt, chêne, érable, frêne, yeuse !
Silence sur la grande horreur religieuse,
Sur l'océan qui lutte et qui ronge son mors,
Et sur l'apaisement insondable des morts !
Paix à l'obscurité muette et redoutée,
Paix au doute effrayant, à l'immense ombre athée,
A toi, nature, cercle et centre, âme et milieu,
Fourmillement de tout, solitude de Dieu !
Ô générations aux brumeuses haleines,
Reposez-vous ! pas noirs qui marchez dans les plaines !
Dormez, vous qui saignez ; dormez, vous qui pleurez !
Douleurs, douleurs, douleurs, fermez vos yeux sacrés !
Tout est religio
Lucy Tonic Nov 2011
The neo-noir carnival
The black light circus
Is pulling me into uncertainty
Stretching me like spaghetti
While their ******* defense
Goes twinkle twinkle on the patio
And I'm still on the fence
About everything
As Andromeda collides with the Milky Way
The people below think it's just
A very bright day
Victor Hugo  Jun 2017
Fantômes
I.

Hélas ! que j'en ai vu mourir de jeunes filles !
C'est le destin. Il faut une proie au trépas.
Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles ;
Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles
Foulent des roses sous leurs pas.

Il faut que l'eau s'épuise à courir les vallées ;
Il faut que l'éclair brille, et brille peu d'instants,
Il faut qu'avril jaloux brûle de ses gelées
Le beau pommier, trop fier de ses fleurs étoilées,
Neige odorante du printemps.

Oui, c'est la vie. Après le jour, la nuit livide.
Après tout, le réveil, infernal ou divin.
Autour du grand banquet siège une foule avide ;
Mais bien des conviés laissent leur place vide.
Et se lèvent avant la fin.

II.

Que j'en ai vu mourir ! - L'une était rose et blanche ;
L'autre semblait ouïr de célestes accords ;
L'autre, faible, appuyait d'un bras son front qui penche,
Et, comme en s'envolant l'oiseau courbe la branche,
Son âme avait brisé son corps.

Une, pâle, égarée, en proie au noir délire,
Disait tout bas un nom dont nul ne se souvient ;
Une s'évanouit, comme un chant sur la lyre ;
Une autre en expirant avait le doux sourire
D'un jeune ange qui s'en revient.

Toutes fragiles fleurs, sitôt mortes que nées !
Alcyions engloutis avec leurs nids flottants !
Colombes, que le ciel au monde avait données !
Qui, de grâce, et d'enfance, et d'amour couronnées,
Comptaient leurs ans par les printemps !

Quoi, mortes ! quoi, déjà, sous la pierre couchées !
Quoi ! tant d'êtres charmants sans regard et sans voix !
Tant de flambeaux éteints ! tant de fleurs arrachées !...
Oh ! laissez-moi fouler les feuilles desséchées,
Et m'égarer au fond des bois !

Deux fantômes ! c'est là, quand je rêve dans l'ombre,
Qu'ils viennent tour à tour m'entendre et me parler.
Un jour douteux me montre et me cache leur nombre.
A travers les rameaux et le feuillage sombre
Je vois leurs yeux étinceler.

Mon âme est une sœur pour ces ombres si belles.
La vie et le tombeau pour nous n'ont plus de loi.
Tantôt j'aide leurs pas, tantôt je prends leurs ailes.
Vision ineffable où je suis mort comme elles,
Elles, vivantes comme moi !

Elles prêtent leur forme à toutes mes pensées.
Je les vois ! je les vois ! Elles me disent : Viens !
Puis autour d'un tombeau dansent entrelacées ;
Puis s'en vont lentement, par degrés éclipsées.
Alors je songe et me souviens...

III.

Une surtout. - Un ange, une jeune espagnole !
Blanches mains, sein gonflé de soupirs innocents,
Un œil noir, où luisaient des regards de créole,
Et ce charme inconnu, cette fraîche auréole
Qui couronne un front de quinze ans !

Non, ce n'est point d'amour qu'elle est morte : pour elle,
L'amour n'avait encor ni plaisirs ni combats ;
Rien ne faisait encor battre son cœur rebelle ;
Quand tous en la voyant s'écriaient : Qu'elle est belle !
Nul ne le lui disait tout bas.

Elle aimait trop le bal, c'est ce qui l'a tuée.
Le bal éblouissant ! le bal délicieux !
Sa cendre encor frémit, doucement remuée,
Quand, dans la nuit sereine, une blanche nuée
Danse autour du croissant des cieux.

Elle aimait trop le bal. - Quand venait une fête,
Elle y pensait trois jours, trois nuits elle en rêvait,
Et femmes, musiciens, danseurs que rien n'arrête,
Venaient, dans son sommeil, troublant sa jeune tête,
Rire et bruire à son chevet.

Puis c'étaient des bijoux, des colliers, des merveilles !
Des ceintures de moire aux ondoyants reflets ;
Des tissus plus légers que des ailes d'abeilles ;
Des festons, des rubans, à remplir des corbeilles ;
Des fleurs, à payer un palais !

La fête commencée, avec ses sœurs rieuses
Elle accourait, froissant l'éventail sous ses doigts,
Puis s'asseyait parmi les écharpes soyeuses,
Et son cœur éclatait en fanfares joyeuses,
Avec l'orchestre aux mille voix.

C'était plaisir de voir danser la jeune fille !
Sa basquine agitait ses paillettes d'azur ;
Ses grands yeux noirs brillaient sous la noire mantille.
Telle une double étoile au front des nuits scintille
Sous les plis d'un nuage obscur.

Tout en elle était danse, et rire, et folle joie.
Enfant ! - Nous l'admirions dans nos tristes loisirs ;
Car ce n'est point au bal que le cœur se déploie,
La centre y vole autour des tuniques de soie,
L'ennui sombre autour des plaisirs.

Mais elle, par la valse ou la ronde emportée,
Volait, et revenait, et ne respirait pas,
Et s'enivrait des sons de la flûte vantée,
Des fleurs, des lustres d'or, de la fête enchantée,
Du bruit des vois, du bruit des pas.

Quel bonheur de bondir, éperdue, en la foule,
De sentir par le bal ses sens multipliés,
Et de ne pas savoir si dans la nue on roule,
Si l'on chasse en fuyant la terre, ou si l'on foule
Un flot tournoyant sous ses pieds !

Mais hélas ! il fallait, quand l'aube était venue,
Partir, attendre au seuil le manteau de satin.
C'est alors que souvent la danseuse ingénue
Sentit en frissonnant sur son épaule nue
Glisser le souffle du matin.

Quels tristes lendemains laisse le bal folâtre !
Adieu parure, et danse, et rires enfantins !
Aux chansons succédait la toux opiniâtre,
Au plaisir rose et frais la fièvre au teint bleuâtre,
Aux yeux brillants les yeux éteints.

IV.

Elle est morte. - A quinze ans, belle, heureuse, adorée !
Morte au sortir d'un bal qui nous mit tous en deuil.
Morte, hélas ! et des bras d'une mère égarée
La mort aux froides mains la prit toute parée,
Pour l'endormir dans le cercueil.

Pour danser d'autres bals elle était encor prête,
Tant la mort fut pressée à prendre un corps si beau !
Et ces roses d'un jour qui couronnaient sa tête,
Qui s'épanouissaient la veille en une fête,
Se fanèrent dans un tombeau.

V.

Sa pauvre mère ! - hélas ! de son sort ignorante,
Avoir mis tant d'amour sur ce frêle roseau,
Et si longtemps veillé son enfance souffrante,
Et passé tant de nuits à l'endormir pleurante
Toute petite en son berceau !

A quoi bon ? - Maintenant la jeune trépassée,
Sous le plomb du cercueil, livide, en proie au ver,
Dort ; et si, dans la tombe où nous l'avons laissée,
Quelque fête des morts la réveille glacée,
Par une belle nuit d'hiver,

Un spectre au rire affreux à sa morne toilette
Préside au lieu de mère, et lui dit : Il est temps !
Et, glaçant d'un baiser sa lèvre violette,
Passe les doigts noueux de sa main de squelette
Sous ses cheveux longs et flottants.

Puis, tremblante, il la mène à la danse fatale,
Au chœur aérien dans l'ombre voltigeant ;
Et sur l'horizon gris la lune est large et pâle,
Et l'arc-en-ciel des nuits teint d'un reflet d'opale
Le nuage aux franges d'argent.

VI.

Vous toutes qu'à ses jeux le bal riant convie,
Pensez à l'espagnole éteinte sans retour,
Jeunes filles ! Joyeuse, et d'une main ravie,
Elle allait moissonnant les roses de la vie,
Beauté, plaisir, jeunesse, amour !

La pauvre enfant, de fête en fête promenée,
De ce bouquet charmant arrangeait les couleurs ;
Mais qu'elle a passé vite, hélas ! l'infortunée !
Ainsi qu'Ophélia par le fleuve entraînée,
Elle est morte en cueillant des fleurs !

Avril 1828.
Mateuš Conrad Jun 2016
preliminary explanation

before i really begin the project i have a few scatterings
of thought that made me do this, without real planning,
a different sort of impromptu that poetry's good at,
less Dionysian spur-of-the-moment with an already
completed poem entwined to a perfect ensō,
as quick as the decapitation of Mary Boleyn with the
executioner fooling her which side the swing would
be cast by taking of his hard-soled-shoes -
i mean this in an Apollonian sense - i know, sharp contrasts
at first, but the need to fuse them - i said these are
preliminary explanations, the rest will not be as haphazardly
composed, after all, i see the triangle i'm interested it
but drawing a triangle without Pythagorean explanation
i'm just writing Δ - i'll unravel what my project is
about, just give me this opportunity to blah blah for a
while like someone from an existential novel;
what beckoned me was the dichotomy of styles,
i mean, **** me, you can read poetry while in an awkward
yoga position, you can read it standing up, sitting down,
eating or whatever you want - obviously on the throne
of thrones taking a **** is preferred - the point being
what's called serious literature is so condensed for
economic reasons, font small, never-ending paragraphs,
you need an easy-chair and a bottle of cognac to get
through a chapter sometimes - or at least freshly mowed
grass in a park in summer - it's really uncomfortable because
of that, and the fact that poets hardly wish upon you
to be myopic - just look at the spacing on the page,
constantly refreshing, open-plan condos, eye-to-eye -
but it's not about that... the different styles of writing,
prose and the novel, the historical essay / encyclopedia
or a work of philosophy - what style of writing can
be best evolutionary and undermine each? only poetry.
poetry is a ballerina mandible entity, plastic skeletons,
but that's beside the point, when journalism writes history
so vehemently... the study of history writes it nonchalantly,
it's the truth, journalism is bombastic, sensationalist
every but what courting history involves -
a journalist will write about the death of a 100 people
more vehemently than a historian writing about the Holocaust...
or am i missing something? i never understood this dichotomy
of prose - it's most apparent between journalism and history...
as far as i am concerned, the most pleasurable style of
prose is involved in the history of philosophy, or learning per se,
but i'll now reveal to you the project at hand -
it's a collage... the parameters?

the subject of the collage

it weighs 1614 grams, or 3 lb. and 8 7/8ths oz.,
it's a single volume edition, published by Pimlico,
it's slightly larger than an A5 format,
3/4 inches more in length, and ~1 centimetre in
width more, it has a depth of 1 and 3/4 inches in depth,
a bicep iron-pumping session with it in bed -
i was lying with this behemoth of a book
in bed soothing out a semi-delirium state
listening to Ola Gjeilo's *northern lights

and flicking through the appendix, and i started thinking,
no would read this giant fully, would they?
the reason it's a one volume edition is because
the only place you'd read such an edition would
be in a library, at a desk, and you'd be taking snippets
out from it, quotes, authentic references points
for an essay, esp. if you were a history student,
such books aren't exactly built for leisure, as my arms
could testify... after the appendix i started flicking
through as to what point of interest would spur me
onto this audacious (and perhaps auspicious)
act of renegading against writing a novel (in the moment,
in the moment, i can't imagine myself rereading plot-lines
after a day or two, adding to it - that's a collage too,
but of a different kind - and no, i won't be plagiarising
as such, after all i'll be citing parallel, but utilising
poetry as the driving revision dynamic compared
to the chronologically stale prose of history) - i'll be
extracting key points that are already referenced and not
using the style of the author - the book in question?
Europe: a history by Norman Davies prof. emeritus
at U.C.L. - the point of entry that made me mad enough
to condense this 1335 page book (excluding the index)?

point of incision

Voltaire (or the man suspected of Guy Fawkes-likes spreading
of volatility in others) -
un polonais - c'est un charmeur; deux polonais - une
bagarre; trois polonais, eh bien, c'est la question polonaise

(one pole - a charmer, two poles - a brawl, three poles -
the polish question) - mind you, the subtler and gentler
precursor of the Jewish question, because the Frenchman
mused, and not a German, or a Russian brute...
and i can testify, two Polish immigrants in a pub,
one senior, the other minor, one with 22 years under
his belt of the integration purpose, one with 12 years,
the minor says to the senior about how Poles bring
the village life to cities, brutish drunkards and what not,
it was almost a brawl, prior to the senior was charming
a Lithuanian girl, before the minor's emphasis on
such a choice of conversation turned into idiotic Lithuanian
nostalgia about the disintegration of the Polish-Lithuanian
commonwealth, primarily due to the Polish nobility.

10,000 b.c.

looking that far back i don't know why you even
bother to celebrate the weekend -
i mean, 10,000 years back Denmark was
still attached to Sweden,
England was attached to France,
and there was a weird looking Aquatic landmass
that would become a myth of Atlantis
in the Chronicles of Norwich,
speedy ******* Gonzales with the equivalent
of south america detaching itself from Africa...
mind you, i'm sure the Carpathian ranges are
mountains. they're noted here are hills or uplands,
by categorising them as such i'm surprised
the majority of Carpathian elevations as scolded
bald rocky faced, a hill i imagine to have some
vegetation on it, not mountain goats with rock and roof
for a blacksmith in a population of one hundred...
at this point Darwinism really becomes a disorientating
pinpoint of whatever history takes your fancy,
Europe - mother of Minos, lord of Crete,
progenitrix / ******* and the leather curtains
of Zeus's harem (jealous? no, just the sarcasm
dominates the immortal museum of attachable
****** to suit the perfect elephant **** of depth
the gods sided with, by choice, excusing the Suez
duct tightening of a prostate gland... to ease the pain
upon ******* rather than *******); mentioned by Homer
the Blind tooth-fairy, the Europe and the bull,
Europoeus and the swan, same father of wisdom to mind,
on the shores of Loch Lomond -
attributes a lover to the bull, Moschus of Syracuse,
who said earring Plato cured him of where the ****
should not enter even if it shines a welcome
in the disguise of Dionysius... revisionists bound to Pompeii
named Titian, Rembrandt, Rubens Veronese
and Claude Lorrain revived the bulging bull's *******
and her mm hmm mm, too gracious my kind, hehee...
Phonecians from Tyre and Io - so too the Sibyl of ****** -
and unlike the great river civilisations of the Nile,
the Ganges, soon to be the Danubian civilisations
and gorged-out-eyes-that-once-sore-colour-but-lost-sight-of-
colours-­after-seeing-the-murk-of-the-Thames...
soon the seas overcame civilisations of the rivers,
as Cadmus, brother of the thus stated harlot said:
i bring you orbe pererrato - hieroglyphics of the cage,
but not an owl or a hawk inside it -
so let's perfect speaking to an encoding by first
rummaging into learning how to procure the perfect
forms of counting - i say left, you say I, i say right
you say II, left right left right, what do you say?
VI. bravo! the Hellenic world just crossed the Aegean
and civilisation bore twins within the cult of a lunar-mother,
Islam of Romulus and Remus, a she-wolf
a canine of the night - according to another -
tremulae sinuantur flamine vestes - or so the myth goes -
a cherished phantom of what became the fabled story
of sole Odysseus with his ears open and the remnant
sailor's ears waxed shut - as if the bankers of this world,
revelling in culprit universal fancy than nonetheless
bred the particular oddities - lest we forget,
the once bountiful call of the sirens to the oceanic
is but a fraction of what today's sirens claim to be song,
a fraction of it remains in this world, the onomatopoeia
of the once maddening song, the crude *******
arrangement of vowels bound to the jealous god's
déjà vu of the compounding second H.

from myth to perpetuating a modern sentiment

you can jump from 10,000 b.c. to the Munich Crisis
of 1938 - 9 with a snap of the fingers,
imitating quantum phenomenons like gesticulating
a game of mime with Chinese whispers necessary,
if Europe is a nymph, Naples her azure eyes,
Warsaw her heart, Sebastopol and Azoff,
Petersburg, Mitau, Odessa - these the thorns
in her feet - Paris the head, London the starched collar,
and Rome - the sepulchre
.
or... die handbuch der europaischen geschichte
notably from Charlemagne (the Illiterate)
to the Greek colonels (as apart from Constantine to
Thomas More in eight volumes, via Cambridge mid
1930s)... these and some other books of urgency
e.g. Eugene Weber's H. A. L. Fisher's, Sr. Walter Ralegh,
Jacob Bronowski... elsewhere excavated noun-obscurities
like gattopardo and konarmya had their
circas extended like shelved vegetables in modern
supermarket isles, for one reason or another...
prado, sonata sovkino also... some also mention
Thomas Carlyle (i'd make it sound like carried-away isle,
but never mind); so in this intro much theory,
how to sound politically correct, verifiable to suit
a coercion for a status quo... Europe as a modern idea,
replacing Imperum Romanun came Christendom,
ugly Venetian Pirates at Constantinople,
Barbarossa making it in pickled herring juice
in a barrel to Jerusalem... once called the pinkish-***-fluff
of Saxony, now called the pickled cucumber,
drowning in his armour in some river or Brosphorus...
alchemists, Luther and Copernicus were invited on
the same occasion as the bow-tie was invented,
apparently it was a marriage made for the Noir cinema,
beats me - hence the new concept of Europe,
reviving the idea of Imperium Romanun
meant, somehow including Judea in the Euro
championship of footie gladiator ***** whipped
narcissists, rejecting the already banished Carthage
(Libya / Tunisia by Cato's standards) and encouraging
the Huns, the Goths and the even more distant Slavs and
Vikings to accept not so much the crucifix as
the revised spine of the serpent but as the geometry of
human limbs, well, not so much that, but forgetting
Norse myths of the one-eyed and the runic alphabet
and settling for ah be'h c'eh d'ah.
dissident frenche stink abbe, charles castel de st pierre
(1658 - 1743) aand this work projet d'une paix perpetuelle
(1713) versus Питер Великий who just said:
never mind the city, the Winter Palace... i have aborted
fetus pickles in my bedroom, lava lamps i call them.
the last remaining reference to Christianity?
Nietzsche was late, the public was certain,
it was the Treaty of Utrecht, 1713, with public reference
to the republica christiana / commonwealth was last made.
to Edmund Burke: well, i too wish no exile
upon any European on his continent of birth,
but invigorate a Muslim to give birth on it
and you invigorate an exile nonetheless:
Ezra expatriate Pound / sorry, if born in eastern
europe a ***** Romanian immigrant, pristine
expatriate in western Europe, fascist radio has
my tongue and *****, so let's play a game:
Russian roulette for the Chinese cos there's
a billion of them, and no one would really mind
a missing Chow Mein... chu shoo'ah shaolin moo'n'kah!
or a cappuccino whenever you'd like to watch
classic Italian pornographic cinema with dubbing
with nuns involved... Willaim Blake and his
stark naked prophesy, pope pius II (treatise 1458)
even though Transylvania, Tharce and Hungary
shared the same phonetic encoding with diacritical
distinctions like any Frenchman, German,
or Pole at the Siege of Vienna (1683)
to counter the antagonising Ottoman - i swear historians
do this one purpose, juggle dates and head-of-state figures
prior to entering a chronology - they must first try out
a ******* carousel before playing with the toy-train...
broadcasting to a defeated Germany public, T. S. Eliot
(1945) ****** import to into Western Germany
and talk of the failing moral fabric, China laughing
after the ***** intricacies of warfare of trade,
what was once wool we wished to be silk...
instead of silk we received vegetarian wool, namely
hemp, and Amsterdam is to blame... nuke 'em!
that's how it sounds, how a historian approaches
writing a history from the annals, from circa and
circumstance and actual history, foremost the abbreviations,
the fishing hook standards, the parameters,
the limits, and then the mathematics of history,
one thing culminating into another... contra Lenin
N. S. Trubetskoy, P. N. Savitsky, G. Vernadsky
Russian at the perks of the Urals - steppe Tartar shamans
or salon pranced pretty **** boys? where to put
the intoxicant and where to put the mascara... hmm,
god knows, or by 21st calculations, a meteor;
they say the history of nations is a history of women,
then at least the history of individuation
and of men who succumb to its proliferation
is astoundingly misogynistic.
Seton-Watson, among the the tombstones too reminded
of remarkable esteem and accomplishment
with only one gravedigger to claim as father...
as many death ears as on two giraffe skeletons
stood Guizot, men of many letter and few fortunes,
or v. v., incubators of cousin ***** and none the kippah
before the arrogant saintly diminished to
a justly cause of recession, ha ha,
by nature's grace, and with true advent of her progression
as guard-worthy pre- to each pro-
and suggested courteous of the ****** fibre,
oh hey, the advent of masqueraded woofing,
a Venetian high-brow, and jealousy out of a forgotten
spirit of adventure that once was bound
to hunting and foraging... forever lost to write  history of
a king dubbed Louis the XIV...
crucibles and distastes for the state to be pleased,
once removed from Paris, forever to Angevin womb
accustomed once more, at Versailles released -
as cake be sown so too the aristocratic swan necks
for worth of mock and scorn - and the dampening rain
rattle the blood-thirst of the St. Bartholomew's Day
slaughter, to date, the rebirth of Burgundy,
of Anjou, and with the dead king presiding, to be
of no worth in judging himself a king before god or pauper...
saluer Antoine Quentin Fouquier-Tinville!
that i might too in stead rattle a few bones prior to burial
with the jaw that will laugh and chatter least
had it been to my kingly-stead a birth so lowly.
then at least in satisfactory temperament i procure a
judgement of the noble like of a *****
for an hour's worth of pistons and jarring tongues...
as if from a nobleman then indeed as if from a *****,
for who sold Europe and said: Arabia, if not the
Frenchman, the Englishman, the Spaniard?
the former colonial conquests served you not enough?
i imagine the reinstatement of Israel like
the Frankish states under Philippe-August...
precursors to a cathedral dubbed Urban the 2nd's..
there were only Norwegian motives in the Ukraine
and the black sea... Israel to me is like plagiarism
of the Frankish states of the middle-east, with Europe
slightly... oom'pah loom'pah mongolian harmonica.
some said Rudyard Kipling poems,
some said Mr. Kipling's afternoon tea cakes -
whichever made it first on Coronation St.
some also say the Teutonic barbecues -
it was a matter of example to feed them hog
and cannibalise the peasants for ourselves,
a Prussian standard worth an army standard of
rigour - Ave Maria - letztre abendessen nahrung -
mein besitzen, wenn in die Aden, i'd be the last
talking carcass...
gottes ist der orient!
gottes ist der okzident!
nord - und sudliches gelande
ruht im frieden seiner hande.

germany's lebensraum, inferiority and classification,
inferior slavs and jews, genetics and why my
hatred of Darwinism is persistent, you need
an explanatory noting to make it auto-suggestive
for Queen & Country? diseased elements,
Jewish Bolshevism, Polish patriotism,
Soviets, Teutons, the grand alliances of 1918
or 1945? Wilsonian testimony of national self-determi

— The End —