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I.

Canaris ! Canaris ! pleure ! cent vingt vaisseaux !
Pleure ! Une flotte entière ! - Où donc, démon des eaux,
Où donc était ta main hardie ?
Se peut-il que sans toi l'ottoman succombât ?
Pleure ! comme Crillon exilé d'un combat,
Tu manquais à cet incendie !

Jusqu'ici, quand parfois la vague de tes mers
Soudain s'ensanglantait, comme un lac des enfers,
D'une lueur large et profonde,
Si quelque lourd navire éclatait à nos yeux
Couronné tout à coup d'une aigrette de feux,
Comme un volcan s'ouvrant dans l'onde ;

Si la lame roulait turbans, sabres courbés,
Voiles, tentes, croissants des mâts rompus tombés,
Vestiges de flotte et d'armée,
Pelisses de vizirs, sayons de matelots,
Rebuts stigmatisés de la flamme et des flots,
Blancs d'écume et noirs de fumée ;

Si partait de ces mers d'Egine ou d'Iolchos
Un bruit d'explosion, tonnant dans mille échos
Et roulant au **** dans l'espace,
L'Europe se tournait vers le rougo Orient ;
Et, sur la poupe assis, le nocher souriant
Disait : - C'est Canaris qui passe !

Jusqu'ici quand brûlaient au sein des flots fumants
Les capitans-pachas avec leurs armements,
Leur flotte dans l'ombre engourdie,
On te reconnaissait à ce terrible jeu ;
Ton brûlot expliquant tous ces vaisseaux en feu ;
Ta torche éclairait l'incendie !

Mais pleure aujourd'hui, pleure, on s'est battu sans toi !
Pourquoi, sans Canaris, sur ces flottes, pourquoi
Porter la guerre et ses tempêtes ?
Du Dieu qui garde Hellé n'est-il plus le bras droit ?
On aurait dû l'attendre ! Et n'est-il pas de droit
Convive de toutes ces fêtes ?

II.

Console-toi ! la Grèce est libre.
Entre les bourreaux, les mourants,
L'Europe a remis l'équilibre ;
Console-toi ! plus de tyrans !
La France combat : le sort change.
Souffre que sa main qui vous venge
Du moins te dérobe en échange
Une feuille de ton laurier.
Grèces de Byron et d'Homère,
Toi, notre sœur, toi, notre mère,
Chantez ! si votre voix amère
Ne s'est pas éteinte à crier.

Pauvre Grèce, qu'elle était belle,
Pour être couchée au tombeau !
Chaque vizir de la rebelle
S'arrachait un sacré lambeau.
Où la fable mit ses ménades,
Où l'amour eut ses sérénades,
Grondaient les sombres canonnades
Sapant les temps du vrai Dieu ;
Le ciel de cette terre aimée
N'avait, sous sa voûte embaumée,
De nuages que la fumée
De toutes ses villes en feu.

Voilà six ans qu'ils l'ont choisie !
Six ans qu'on voyait accourir
L'Afrique au secours de l'Asie
Contre un peuple instruit à mourir.
Ibrahim, que rien ne modère,
Vole de l'Isthme au Belvédère,
Comme un faucon qui n'a plus d'aire,
Comme un loup qui règne au bercail ;
Il court où le butin le tente,
Et lorsqu'il retourne à sa tente,
Chaque fois sa main dégouttante
Jette des têtes au sérail !

III.

Enfin ! - C'est Navarin, la ville aux maisons peintes,
La ville aux dômes d'or, la blanche Navarin,
Sur la colline assise entre les térébinthes,
Qui prête son beau golfe aux ardentes étreintes
De deux flottes heurtant leurs carènes d'airain.

Les voilà toutes deux ! - La mer en est chargée,
Prête à noyer leurs feux, prête à boire leur sang.
Chacune par son dieu semble au combat rangée ;
L'une s'étend en croix sur les flots allongée,
L'autre ouvre ses bras lourds et se courbe en croissant.

Ici, l'Europe : enfin ! l'Europe qu'on déchaîne,
Avec ses grands vaisseaux voguant comme des tours.
Là, l'Egypte des Turcs, cette Asie africaine,
Ces vivaces forbans, mal tués par Duquesne,
Qui mit en vain le pied sur ces nids de vautours.

IV.

Ecoutez ! - Le canon gronde.
Il est temps qu'on lui réponde.
Le patient est le fort.
Eclatent donc les bordées !
Sur ces nefs intimidées,
Frégates, jetez la mort !
Et qu'au souffle de vos bouches
Fondent ces vaisseaux farouches,
Broyés aux rochers du port !

La bataille enfin s'allume.
Tout à la fois tonne et fume.
La mort vole où nous frappons.
Là, tout brûle pêle-mêle.
Ici, court le brûlot frêle
Qui jette aux mâts ses crampons
Et, comme un chacal dévore
L'éléphant qui lutte encore,
Ronge un navire à trois ponts.

- L'abordage ! l'abordage ! -
On se suspend au cordage,
On s'élance des haubans.
La poupe heurte la proue.
La mêlée a dans sa roue
Rameurs courbés sur leurs bancs
Fantassins cherchant la terre,
L'épée et le cimeterre,
Les casques et les turbans.

La vergue aux vergues s'attache ;
La torche insulte à la hache ;
Tout s'attaque en même temps.
Sur l'abîme la mort nage.
Epouvantable carnage !
Champs de bataille flottants
Qui, battus de cent volées,
S'écroulent sous les mêlées,
Avec tous les combattants.

V.

Lutte horrible ! Ah ! quand l'homme, à l'étroit sur la terre,
Jusque sur l'Océan précipite la guerre,
Le sol tremble sous lui, tandis qu'il se débat.
La mer, la grande mer joue avec ses batailles.
Vainqueurs, vaincus, à tous elle ouvre ses entrailles.
Le naufrage éteint le combat.

Ô spectacle ! Tandis que l'Afrique grondante
Bat nos puissants vaisseaux de sa flotte imprudente,
Qu'elle épuise à leurs flancs sa rage et ses efforts,
Chacun d'eux, géant fier, sur ces hordes bruyantes,
Ouvrant à temps égaux ses gueules foudroyantes,
***** tranquillement la mort de tous ses bords.

Tout s'embrase : voyez ! l'eau de centre est semée,
Le vent aux mâts en flamme arrache la fumée,
Le feu sur les tillacs s'abat en ponts mouvants.
Déjà brûlent les nefs ; déjà, sourde et profonde,
La flamme en leurs flancs noirs ouvre un passage à l'onde ;
Déjà, sur les ailes des vents,

L'incendie, attaquant la frégate amirale,
Déroule autour des mâts sont ardente spirale,
Prend les marins hurlants dans ses brûlants réseaux,
Couronne de ses jets la poupe inabordable,
Triomphe, et jette au **** un reflet formidable
Qui tremble, élargissant ses cercles sur les eaux.

VI.

Où sont, enfants du Caire,
Ces flottes qui naguère
Emportaient à la guerre
Leurs mille matelots ?
Ces voiles, où sont-elles,
Qu'armaient les infidèles,
Et qui prêtaient leurs ailes
A l'ongle des brûlots ?

Où sont tes mille antennes,
Et tes hunes hautaines,
Et tes fiers capitaines,
Armada du sultan ?
Ta ruine commence,
Toi qui, dans ta démence,
Battais les mers, immense
Comme Léviathan !

Le capitan qui tremble
Voit éclater ensemble
Ces chébecs que rassemble
Alger ou Tetuan.
Le feu vengeur embrasse
Son vaisseau dont la masse
Soulève, quand il passe,
Le fond de l'Océan.

Sur les mers irritées,
Dérivent, démâtées,
Nefs par les nefs heurtées,
Yachts aux mille couleurs,
Galères capitanes,
Caïques et tartanes
Qui portaient aux sultanes
Des têtes et des fleurs.

Adieu, sloops intrépides,
Adieu, jonques rapides,
Qui sur les eaux limpides
Berçaient les icoglans !
Adieu la goëlette
Dont la vague reflète
Le flamboyant squelette,
Noir dans les feux sanglants !

Adieu la barcarolle
Dont l'humble banderole
Autour des vaisseaux vole,
Et qui, peureuse, fuit,
Quand du souffle des brises
Les frégates surprises,
Gonflant leurs voiles grises,
Déferlent à grand bruit !

Adieu la caravelle
Qu'une voile nouvelle
Aux yeux de **** révèle ;
Adieu le dogre ailé,
Le brick dont les amures
Rendent de sourds murmures,
Comme un amas d'armures
Par le vent ébranlé !

Adieu la brigantine,
Dont la voile latine
Du flot qui se mutine
Fend les vallons amers !
Adieu la balancelle
Qui sur l'onde chancelle,
Et, comme une étincelle,
Luit sur l'azur des mers !

Adieu lougres difformes,
Galéaces énormes,
Vaisseaux de toutes formes,
Vaisseaux de tous climats,
L'yole aux triples flammes,
Les mahonnes, les prames,
La felouque à six rames,
La polacre à deux mâts !

Chaloupe canonnières !
Et lanches marinières
Où flottaient les bannières
Du pacha souverain !
Bombardes que la houle,
Sur son front qui s'écroule,
Soulève, emporte et roule
Avec un bruit d'airain !

Adieu, ces nefs bizarres,
Caraques et gabarres,
Qui de leurs cris barbares
Troublaient Chypre et Délos !
Que sont donc devenues
Ces flottes trop connues ?
La mer les jette aux nues,
Le ciel les rend aux flots !

VII.

Silence ! Tout est fait. Tout retombe à l'abîme.
L'écume des hauts mâts a recouvert la cime.
Des vaisseaux du sultan les flots se sont joués.
Quelques-uns, bricks rompus, prames désemparées,
Comme l'algue des eaux qu'apportent les marées,
Sur la grève noircie expirent échoués.

Ah ! c'est une victoire ! - Oui, l'Afrique défaite,
Le vrai Dieu sous ses pieds foulant le faux prophète,
Les tyrans, les bourreaux criant grâce à leur tour,
Ceux qui meurent enfin sauvés par ceux qui règnent,
Hellé lavant ses flancs qui saignent,
Et six ans vengés dans un jour !

Depuis assez longtemps les peuples disaient : « Grèce !
Grèce ! Grèce ! tu meurs. Pauvre peuple en détresse,
A l'horizon en feu chaque jour tu décroîs.
En vain, pour te sauver, patrie illustre et chère,
Nous réveillons le prêtre endormi dans sa chaire,
En vain nous mendions une armée à nos rois.

« Mais les rois restent sourds, les chaires sont muettes.
Ton nom n'échauffe ici que des cœurs de poètes.
A la gloire, à la vie on demande tes droits.
A la croix grecque, Hellé, ta valeur se confie.
C'est un peuple qu'on crucifie !
Qu'importe, hélas ! sur quelle croix !

« Tes dieux s'en vont aussi. Parthénon, Propylées,
Murs de Grèce, ossements des villes mutilées,
Vous devenez une arme aux mains des mécréants.
Pour battre ses vaisseaux du haut des Dardanelles,
Chacun de vos débris, ruines solennelles,
Donne un boulet de marbre à leurs canons géants ! »

Qu'on change cette plainte en joyeuse fanfare !
Une rumeur surgit de l'Isthme jusqu'au Phare.
Regardez ce ciel noir plus beau qu'un ciel serein.
Le vieux colosse turc sur l'Orient retombe,
La Grèce est libre, et dans la tombe
Byron applaudit Navarin.

Salut donc, Albion, vieille reine des ondes !
Salut, aigle des czars qui planes sur deux mondes !
Gloire à nos fleurs de lys, dont l'éclat est si beau !
L'Angleterre aujourd'hui reconnaît sa rivale.
Navarin la lui rend. Notre gloire navale
A cet embrasement rallume son flambeau.

Je te retrouve, Autriche ! - Oui, la voilà, c'est elle !
Non pas ici, mais là, - dans la flotte infidèle.
Parmi les rangs chrétiens en vain on te cherchera.
Nous surprenons, honteuse et la tête penchée,
Ton aigle au double front cachée
Sous les crinières d'un pacha !

C'est bien ta place, Autriche ! - On te voyait naguère
Briller près d'Ibrahim, ce Tamerlan vulgaire ;
Tu dépouillais les morts qu'il foulait en passant ;
Tu l'admirais, mêlée aux eunuques serviles
Promenant au hasard sa torche dans les villes,
Horrible et n'éteignant le feu qu'avec du sang.

Tu préférais ces feux aux clartés de l'aurore.
Aujourd'hui qu'à leur tour la flamme enfin dévore
Ses noirs vaisseaux, vomis des ports égyptiens,
Rouvre les yeux, regarde, Autriche abâtardie !
Que dis-tu de cet incendie ?
Est-il aussi beau que les siens ?

Le 23 novembre 1827.
Fernanda Savaris Dec 2015
Do vazio é que tens medo.

E da pedra que cai e ecoa
num mundo cheio de nadas, salas vazias
onde uma vez já habitou uma alma quase bem amada.

É isso que te aperreia
que aperta, te sufoca,
tanto espaço
pra tanta falta.

Sabes da aflição
de não ter pra onde correr
quando estiver assustada
com medo, ansiosa,

Então tentes buscar um sentido
e entender
que isso só se deu
porque tentastes apalpar
e sentir, e apreciar
aquilo que não é real,
que não aquece, não preenche

E a alma sente

E você

Vazia.
Rui Serra Mar 2015
não olhes para o meu rosto
não tentes descobrir quem sou
não me peças um sorriso
não apontes os meus defeitos
não me condenes
não me enalteças
não me aprisiones
não me tentes dominar
porque só assim poderás ser feliz
À Mme de P*.

Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
De l'absence du jour pour consoler les cieux,
Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
Comme les bords flottants d'une robe qui traîne,
Balayer lentement le firmament obscur,
Où les astres ternis revivent dans l'azur.
Alors ces globes d'or, ces îles de lumière,
Que cherche par instinct la rêveuse paupière,
Jaillissent par milliers de l'ombre qui s'enfuit
Comme une poudre d'or sur les pas de la nuit ;
Et le souffle du soir qui vole sur sa trace,
Les sème en tourbillons dans le brillant espace.
L'oeil ébloui les cherche et les perd à la fois ;
Les uns semblent planer sur les cimes des bois,
Tel qu'un céleste oiseau dont les rapides ailes
Font jaillir en s'ouvrant des gerbes d'étincelles.
D'autres en flots brillants s'étendent dans les airs,
Comme un rocher blanchi de l'écume des mers ;
Ceux-là, comme un coursier volant dans la carrière,
Déroulent à longs plis leur flottante crinière ;
Ceux-ci, sur l'horizon se penchant à demi,
Semblent des yeux ouverts sur le monde endormi,
Tandis qu'aux bords du ciel de légères étoiles
Voguent dans cet azur comme de blanches voiles
Qui, revenant au port, d'un rivage lointain,
Brillent sur l'Océan aux rayons du matin.

De ces astres brillants, son plus sublime ouvrage,
Dieu seul connaît le nombre, et la distance, et l'âge ;
Les uns, déjà vieillis, pâlissent à nos yeux,
D'autres se sont perdus dans les routes des cieux,
D'autres, comme des fleurs que son souffle caresse,
Lèvent un front riant de grâce et de jeunesse,
Et, charmant l'Orient de leurs fraîches clartés,
Etonnent tout à coup l'oeil qui les a comptés.
Dans la danse céleste ils s'élancent... et l'homme,
Ainsi qu'un nouveau-né, les salue, et les nomme.
Quel mortel enivré de leur chaste regard,
Laissant ses yeux flottants les fixer au hasard,
Et cherchant le plus pur parmi ce choeur suprême,
Ne l'a pas consacré du nom de ce qu'il aime ?
Moi-même... il en est un, solitaire, isolé,
Qui, dans mes longues nuits, m'a souvent consolé,
Et dont l'éclat, voilé des ombres du mystère,
Me rappelle un regard qui brillait sur la terre.
Peut-être ?... ah ! puisse-t-il au céleste séjour
Porter au moins ce nom que lui donna l'Amour !

Cependant la nuit marche, et sur l'abîme immense
Tous ces mondes flottants gravitent en silence,
Et nous-même, avec eux emportés dans leur cours
Vers un port inconnu nous avançons toujours !
Souvent, pendant la nuit, au souffle du zéphire,
On sent la terre aussi flotter comme un navire.
D'une écume brillante on voit les monts couverts
Fendre d'un cours égal le flot grondant des airs ;
Sur ces vagues d'azur où le globe se joue,
On entend l'aquilon se briser sous la proue,
Et du vent dans les mâts les tristes sifflements,
Et de ses flancs battus les sourds gémissements ;
Et l'homme sur l'abîme où sa demeure flotte
Vogue avec volupté sur la foi du pilote !
Soleils ! mondes flottants qui voguez avec nous,
Dites, s'il vous l'a dit, où donc allons-nous tous ?
Quel est le port céleste où son souffle nous guide ?
Quel terme assigna-t-il à notre vol rapide ?
Allons-nous sur des bords de silence et de deuil,
Echouant dans la nuit sur quelque vaste écueil,
Semer l'immensité des débris du naufrage ?
Ou, conduits par sa main sur un brillant rivage,
Et sur l'ancre éternelle à jamais affermis,
Dans un golfe du ciel aborder endormis ?

Vous qui nagez plus près de la céleste voûte,
Mondes étincelants, vous le savez sans doute !
Cet Océan plus pur, ce ciel où vous flottez,
Laisse arriver à vous de plus vives clartés ;
Plus brillantes que nous, vous savez davantage ;
Car de la vérité la lumière est l'image !
Oui : si j'en crois l'éclat dont vos orbes errants
Argentent des forêts les dômes transparents,
Qui glissant tout à coup sur des mers irritées,
Calme en les éclairant les vagues agitées ;
Si j'en crois ces rayons dont le sensible jour
Inspire la vertu, la prière, l'amour,
Et quand l'oeil attendri s'entrouvre à leur lumière,
Attirent une larme au bord de la paupière ;
Si j'en crois ces instincts, ces doux pressentiments
Qui dirigent vers nous les soupirs des amants,
Les yeux de la beauté, les rêves qu'on regrette,
Et le vol enflammé de l'aigle et du poète !
Tentes du ciel, Edens ! temples! brillants palais !
Vous êtes un séjour d'innocence et de paix !
Dans le calme des nuits, à travers la distance,
Vous en versez sur nous la lointaine influence !
Tout ce que nous cherchons, l'amour, la vérité,
Ces fruits tombés du ciel dont la terre a goûté,
Dans vos brillants climats que le regard envie
Nourrissent à jamais les enfants de la vie,
Et l'homme, un jour peut-être à ses destins rendu,
Retrouvera chez vous tout ce qu'il a perdu ?
Hélas ! combien de fois seul, veillant sur ces cimes
Où notre âme plus libre a des voeux plus sublimes,
Beaux astres ! fleurs du ciel dont le lis est jaloux,
J'ai murmuré tout bas : Que ne suis-je un de vous ?
Que ne puis-je, échappant à ce globe de boue,
Dans la sphère éclatante où mon regard se joue,
Jonchant d'un feu de plus le parvis du saint lieu,
Eclore tout à coup sous les pas de mon Dieu,
Ou briller sur le front de la beauté suprême,
Comme un pâle fleuron de son saint diadème ?

Dans le limpide azur de ces flots de cristal,
Me souvenant encor de mon globe natal,
Je viendrais chaque nuit, tardif et solitaire,
Sur les monts que j'aimais briller près de la terre ;
J'aimerais à glisser sous la nuit des rameaux,
A dormir sur les prés, à flotter sur les eaux ;
A percer doucement le voile d'un nuage,
Comme un regard d'amour que la pudeur ombrage :
Je visiterais l'homme ; et s'il est ici-bas
Un front pensif, des yeux qui ne se ferment pas,
Une âme en deuil, un coeur qu'un poids sublime oppresse,
Répandant devant Dieu sa pieuse tristesse ;
Un malheureux au jour dérobant ses douleurs
Et dans le sein des nuits laissant couler ses pleurs,
Un génie inquiet, une active pensée
Par un instinct trop fort dans l'infini lancée ;
Mon rayon pénétré d'une sainte amitié
Pour des maux trop connus prodiguant sa pitié,
Comme un secret d'amour versé dans un coeur tendre,
Sur ces fronts inclinés se plairait à descendre !
Ma lueur fraternelle en découlant sur eux
Dormirait sur leur sein, sourirait à leurs yeux :
Je leur révélerais dans la langue divine
Un mot du grand secret que le malheur devine ;
Je sécherais leurs pleurs ; et quand l'oeil du matin
Ferait pâlir mon disque à l'horizon lointain,
Mon rayon en quittant leur paupière attendrie
Leur laisserait encor la vague rêverie,
Et la paix et l'espoir ; et, lassés de gémir,
Au moins avant l'aurore ils pourraient s'endormir !

Et vous, brillantes soeurs! étoiles, mes compagnes,
Qui du bleu firmament émaillez les campagnes,
Et cadençant vos pas à la lyre des cieux,
Nouez et dénouez vos choeurs harmonieux !
Introduit sur vos pas dans la céleste chaîne,
Je suivrais dans l'azur l'instinct qui vous entraîne,
Vous guideriez mon oeil dans ce brillant désert,
Labyrinthe de feux où le regard se perd !
Vos rayons m'apprendraient à louer, à connaître
Celui que nous cherchons, que vous voyez peut-être !
Et noyant dans son sein mes tremblantes clartés,
Je sentirais en lui.., tout ce que vous sentez !
I.

Aimez bien vos amours ; aimez l'amour qui rêve
Une rose à la lèvre et des fleurs dans les yeux ;
C'est lui que vous cherchez quand votre avril se lève,
Lui dont reste un parfum quand vos ans se font vieux.

Aimez l'amour qui joue au soleil des peintures,
Sous l'azur de la Grèce, autour de ses autels,
Et qui déroule au ciel la tresse et les ceintures,
Ou qui vide un carquois sur des coeurs immortels.

Aimez l'amour qui parle avec la lenteur basse
Des Ave Maria chuchotés sous l'arceau ;
C'est lui que vous priez quand votre tête est lasse,
Lui dont la voix vous rend le rythme du berceau.

Aimez l'amour que Dieu souffla sur notre fange,
Aimez l'amour aveugle, allumant son flambeau,
Aimez l'amour rêvé qui ressemble à notre ange,
Aimez l'amour promis aux cendres du tombeau !

Aimez l'antique amour du règne de Saturne,
Aimez le dieu charmant, aimez le dieu caché,
Qui suspendait, ainsi qu'un papillon nocturne,
Un baiser invisible aux lèvres de Psyché !

Car c'est lui dont la terre appelle encore la flamme,
Lui dont la caravane humaine allait rêvant,
Et qui, triste d'errer, cherchant toujours une âme,
Gémissait dans la lyre et pleurait dans le vent.

Il revient ; le voici : son aurore éternelle
A frémi comme un monde au ventre de la nuit,
C'est le commencement des rumeurs de son aile ;
Il veille sur le sage, et la vierge le suit.

Le songe que le jour dissipe au coeur des femmes,
C'est ce Dieu. Le soupir qui traverse les bois,
C'est ce Dieu. C'est ce Dieu qui tord les oriflammes
Sur les mâts des vaisseaux et des faîtes des toits.

Il palpite toujours sous les tentes de toile,
Au fond de tous les cris et de tous les secrets ;
C'est lui que les lions contemplent dans l'étoile ;
L'oiseau le chante au loup qui le hurle aux forêts.

La source le pleurait, car il sera la mousse,
Et l'arbre le nommait, car il sera le fruit,
Et l'aube l'attendait, lui, l'épouvante douce
Qui fera reculer toute ombre et toute nuit.

Le voici qui retourne à nous, son règne est proche,
Aimez l'amour, riez ! Aimez l'amour, chantez !
Et que l'écho des bois s'éveille dans la roche,
Amour dans les déserts, amour dans les cités !

Amour sur l'Océan, amour sur les collines !
Amour dans les grands lys qui montent des vallons !
Amour dans la parole et les brises câlines !
Amour dans la prière et sur les violons !

Amour dans tous les coeurs et sur toutes les lèvres !
Amour dans tous les bras, amour dans tous les doigts !
Amour dans tous les seins et dans toutes les fièvres !
Amour dans tous les yeux et dans toutes les voix !

Amour dans chaque ville : ouvrez-vous, citadelles !
Amour dans les chantiers : travailleurs, à genoux !
Amour dans les couvents : anges, battez des ailes !
Amour dans les prisons : murs noirs, écroulez-vous !

II.

Mais adorez l'Amour terrible qui demeure
Dans l'éblouissement des futures Sions,
Et dont la plaie, ouverte encor, saigne à toute heure
Sur la croix, dont les bras s'ouvrent aux nations.
Mariana Seabra Jul 2023
Chegaste a mim em forma de argila, num balde de plástico furado.  
Apanhei-te, de surpresa, embrulhada nas ondas do meu mar salgado.  
Estavas escondida, por entre os rochedos, rodeada pelas habituais muralhas que te aconchegam,  
                                                   ­     as mesmas que me atormentam,  
quando levantas uma barreira que me impede de chegar a ti.  

Segurei-te nos braços, como quem se prepara para te embalar. Sacudi-te as algas, e encostei o meu ouvido à casca que te acolhia no seu ventre.  
Não conseguia decifrar o som que escutava, muito menos controlar a vontade de o querer escutar mais. Algo ecoava num tom quase inaudível. Sentia uma vida...uma vida fraca, sim...mas, havia vida a pulsar. Podia jurar que conseguia sentir-te, para lá da barreira, como se me tivesses atravessado corpo adentro.
Ainda não conhecia o som da tua voz, e ela já me fazia sonhar.  

Pulsavas numa frequência tão semelhante à minha!... não resisti,  
fui impelida a chegar mais perto. Precisava de te tocar, precisava de te ver,
     só para ter a certeza se eras real,
                           ou se, finalmente, tinha terminado de enlouquecer.

Se tinha perdido os meus resquícios de sanidade,  
                                                     ­                                   consciência,
                                                                ­                        lucidez,                              
ou se era verdade que estávamos ambas a vibrar,
no mesmo espaço, ao mesmo tempo, no mesmo ritmo de frequência, uma e outra e outra...e outra vez.  

Vieste dar à costa na minha pequena ilha encantada. Na ilha onde, de livre vontade, me isolava.  
Na ilha onde me permitia correr desafogadamente,  

                                             ­                            ser besta e/ou humana,  
                                                       ­                  ser eu,  
                                                           ­              ser tudo,
                                                                ­         ser todos,  
                                                        ­                 ou ser nada.  

Na mesma ilha onde só eu decidia, quem ou o que é que entrava. Não sabia se estava feliz ou assustada! Mais tarde, interiorizei que ambos podem coexistir. Por agora, sigo em elipses temporais. Longos anos que tentei suprimir num poema, na esperança que ele coubesse dentro de ti.

(…)

“Como é que não dei pela tua entrada? Ou fui eu que te escondi aqui? Será que te escondi tão bem, que até te consegui esconder de mim? És uma estranha oferenda que o mar me trouxe? Ou és só uma refugiada que ficou encalhada? Devo ficar contigo? Ou devolver-te às correntes? Como é que não dei pela tua entrada...? Que brecha é que descobriste em mim? Como é que conseguiste chegar onde ninguém chegou? Como é que te vou tirar daqui?”.  

Não precisei de te abrir para ver o que tinha encontrado, mas queria tanto descobrir uma brecha para te invadir! Não sabia de onde vinha esse louco chamamento. Sei que o sentia invadir-me a mim. Como se, de repente, chegar ao núcleo que te continha fosse cada vez menos uma vontade e, cada vez mais uma necessidade.

Cheiravas-me a terra molhada,  
                                                      ­   depois de uma chuva desgraçada. Queria entrar em ti! Mesmo depois de me terem dito que a curiosidade matava. Queria tanto entrar em ti! Ser enterrada em ti!  

A arquiteta que desenhou aquele balde estava mesmo empenhada                                                        ­                                                             
                                 em manter-te lá dentro,  
e manter tudo o resto cá fora. A tampa parecia bem selada.  

Admirei-a pela inteligência. Pelo simples que tornou complexo.  
Pela correta noção de que, nem toda a gente merece ter o teu acesso.

(...)

Vinhas em forma de argila...e, retiradas as algas da frente, vi um labirinto para onde implorei ser sugada. Estava no epicentro de uma tempestade que ainda se estava a formar e, já se faziam previsões que ia ser violenta. O caos de uma relação! de uma conexão, onde o eu, o tu e o nós, onde o passado, o futuro e o presente, entram em conflito, até cada um descobrir onde se encaixa, até se sentirem confortáveis no seu devido lugar.  

Estava tão habituada a estar sozinha e isolada, apenas acompanhada pelo som da água, dos animais ou do vento, que não sabia identificar se estava triste ou contente. Não sabia como me sentir com a tua inesperada chegada. Não sabia o que era ouvir outro batimento cardíaco dentro da minha própria mente,  

e sentir uma pulsação ligada à minha, mesmo quando o teu coração está distante ou ausente.  

No começo, espreitava-te pelos buracos do balde, por onde pequenos feixes de luz entravam e, incandesciam a tua câmera obscura,  

                 e tu corrias para te esconder!
                 e eu corria para te apanhar!
                 e foi um esconde-esconde que durou-durou...
                 e nenhuma de nós chegou a ganhar.  

Quanto mais te estudava, menos de mim percebia. Mais admiração sentia por aquela pedra de argila tão fria. "Que presente é este que naufragou no meu mar? Como é que te vou abrir sem te partir?"

Retirei-te a tampa a medo,  
                                                a medo que o teu interior explodisse.  

E tu mal te mexeste.  
                                  E eu mexia-te,
                                                           remex­ia-te,
                                                           virava-te do direito e do avesso.  

És única! Fazias-me lembrar de tudo,
                                                          e não me fazias lembrar de nada.

És única! E o que eu adorava  
é que não me fazias lembrar de ninguém,  
                             ninguém que eu tivesse conhecido ou imaginado.

És única! A musa que me inspirou com a sua existência.  

“Como é que uma pedra tão fria pode causar-me esta sensação tão grande de ardência?”

(…)

Mesmo que fechasse os olhos, a inutilidade de os manter assim era evidente.  
Entravas-me pelos sentidos que menos esperava. Foi contigo que aprendi que há mais que cinco! E, que todos podem ser estimulados. E, que podem ser criados mais! Existem milhares de canais por onde consegues entrar em mim.  

A curiosidade que aquele teu cheiro me despertava era imensa,                                                          ­                                                

               ­                                                                 ­                  intensa,
                                                                ­                                                       
         ­                                                                 ­                         então,  
                                          
             ­                                                                 ­                    abri-te.

Abri-me ao meio,  
só para ver em quantas peças é que um ser humano pode ser desmontado.

Despi-te a alma com olhares curiosos. E, de cada vez que te olhava, tinha de controlar o tempo! Tinha de me desviar! Tinha medo que me apanhasses a despir-te com o olhar. Ou pior!  
Tinha medo que fosses tu a despir-me. Nunca tinha estado assim tão nua com alguém.  
Tinha medo do que os teus olhos poderiam ver. Não sabia se ficarias, mesmo depois de me conhecer. Depois de me tirares as algas da frente, e veres que não sou só luz, que luz é apenas a essência em que me prefiro converter. Que vim da escuridão, embrulhada nas ondas de um mar escuro e tenebroso, e é contra os monstros que habitam essas correntes que me debato todos os dias, porque sei que não os posso deixar tomar as rédeas do meu frágil navio.  

(...)

Vinhas em inúmeros pedaços rochosos,
                                                                ­             uns afiados,  
  
                                                   ­                          uns macios,

                                                               ­           todos partidos...

Sentia a tua dureza contra a moleza da minha pele ardente,  
E eu ardia.  
                    E tu não ardias,  
                                                 parecias morta de tão fria.  

Estavas tão endurecida pela vida, que nem tremias.  
Não importava o quanto te amasse,  
                                                       ­          que te atirasse à parede, 
                                                        ­         que te gritasse                                                         ­                                                                 ­                    
                                                                ­                            ou abanasse...

Não importava. Não tremias.  

Haviam demasiadas questões que me assombravam. Diria que, sou uma pessoa com tendência natural para se questionar. Não é motivo de alarme, é o formato normal do meu cérebro funcionar. Ele pega numa coisa e começa a rodá-la em várias direções, para que eu a possa ver de vários ângulos, seja em duas, três, quatro ou cinco dimensões.  

"Porque é que não reagias?"  
"Devia ter pousado o balde?"  
"Devia ter recuado?"
"Devia ter desviado o olhar,
                                                      em vez de te ter encarado?"  

Mas, não. Não conseguia. Existia algo! Algo maior que me puxava para os teus pedaços.  
Algo que me fervia por dentro, uma tal de "forte energia", que não se permitia ser domada ou contrariada. Algo neles que me atraía, na exata medida em que me repelia.

Olhava-te, observava-te,  
                                                absorvia-te...
e via além do que os outros viam.
Declarava a mim mesma, com toda a certeza, que te reconhecia.
Quem sabe, de uma outra vida.
Eras-me mais familiar à alma do que a minha própria família.  
Apesar de que me entristeça escrever isto.  

Eram tantas as mazelas que trazias...Reconhecia algumas delas nas minhas. Nem sabia por onde te pegar.
Nem sabia como manter os teus pedaços juntos. Nem sabia a forma certa de te amar.
Estava disposta a aprender,  
                                                   se estivesses disposta a ensinar.  

(…)

Descobri com a nossa convivência, que violência era o que bem conhecias,                                                       ­                                                         
                    então, claro que já não tremias!  
Um ser humano quebrado, eventualmente, habitua-se a esse estado. Até o amor lhe começa a saber a amargo.  

Só precisei de te observar de perto.  
Só precisei de te quebrar com afeto.

Culpei-me por ser tão bruta e desastrada, esqueci-me que o amor também vem com espinhos disfarçados. Devia ter percebido pelo teu olhar cheio e vazio, pelo reflexo meu que nele espelhava, que a semelhança é demasiada para ser ignorada.

Somos semelhantes.  

Tão diferentes! que somos semelhantes.  

Duas almas velhas e cansadas. Duas crianças ingénuas e magoadas. Duas pessoas demasiado habituadas à solidão.  

Só precisei de escavar através do teu lado racional.
Cegamente, mergulhei bem fundo, onde já nem a luz batia,

                                                               ­    e naveguei sem rumo certo  

nas marés turbulentas do teu emocional. E, algures dentro de ti,  
encontrei um portal que me levou a um outro mundo...

Um mundo onde eu nem sabia que uma outra versão de mim existia,                                                         ­                                                         
       ­       onde me escondias e cobrias com a lua.

Um mundo onde eu estava em casa, e nem casa existia,  
                                                      ­            
                       onde me deitava ao teu lado,                                          
                          onde te deitavas ao meu lado,                                                            ­                                            
                    ­            totalmente nua,
      debaixo da armadura que, finalmente, parecia ter caído.  

Creio que mergulhei fundo demais...  
Ultrapassei os limites terrestres,
                                 e fui embater contigo em terrenos espirituais.  

Cheguei a ti com muita paciência e ternura.
Tornei-me energia pura! Um ser omnipresente. Tinha uma vida no mundo físico e, uma dupla, que vivia contigo através da música, da escrita, da literatura…Tornei-me minha e tua!  
Eu sabia...
Há muito amor escondido atrás dessa falsa amargura.  
Então, parei de usar a força e, mudei de abordagem,  
para uma mais sossegada,
                                               uma que te deixasse mais vulnerável,                                                                    ­                                            
         em vez de assustada.  

(…)

“Minha pedra de argila, acho que estou a projetar. Estou mais assustada que tu! Estar perto de ti faz-me tremer, não me consigo controlar. Quero estar perto! Só quero estar perto! Mesmo que não me segure de pé. Mesmo que tenhas de me relembrar de respirar. Mesmo que me custem a sair as palavras, quando são atropeladas pela carrada de sentimentos que vieste despertar…”

És um livro aberto, com páginas escritas a tinta mágica.
A cada página que o fogo revelava, havia uma página seguinte que vinha arrancada. Mais um capítulo que ficava por ler. Outra incógnita sobre ti que me deixavas a matutar.

Soubeste como me despertar a curiosidade,
como a manter,
como me atiçar,
como me deixar viciada em ti,
como me estabilizar ou desestabilizar.  

E nem precisas de fazer nada! a tua mera existência abana a corda alta onde me tento equilibrar.

Segurei-te com todo o carinho! E, foi sempre assim que quis segurar-te.

Como quem procura
                                       amar-te.

Talvez transformar-te,  
                                        em algo meu,
                                        em algo teu,
                                                                ­ em algo mais,
                                                                ­                          em algo nosso.  

Oferecias resistência, e eu não entendia.  
A ausência de entendimento entorpecia-me o pensamento, e eu insistia...Não conseguia respeitar-te. Só queria amar-te!

Cada obstáculo que aparecia era só mais uma prova para superar,  
                    ou, pelo menos, era disso que me convencia.
Menos metros que tinha de fazer nesta maratona exaustiva!
onde a única meta consistia  
                                                   em chegar a ti.
Desse por onde desse, tivesse de suar lágrimas ou chorar sangue!

(...)

Olhava-te a transbordar de sentimentos! mal me conseguia conter! mal conseguia formar uma frase! mal conseguia esconder que o que tremia por fora, nem se comparava ao que tremia por dentro!
Afinal, era o meu interior que estava prestes a explodir.

"Como é que não te conseguiste aperceber?”

A tua boca dizia uma coisa que, rapidamente, os teus olhos vinham contrariar. "Voa, sê livre”. Era o que a tua boca pregava em mim, parecia uma cruz que eu estava destinada a carregar. Mas, quando eu voava, ficava o meu mar salgado marcado no teu olhar.  
Não quero estar onde não estás! Não quero voar! quero deitar-me ao teu lado! quero não ter de sair de lá! e só quero voar ao teu lado quando nos cansarmos de viajar no mundo de cá.  

“Porque é que fazemos o oposto daquilo que queremos? Porque é que é mais difícil pedir a alguém para ficar? Quando é que a necessidade do outro começou a parecer uma humilhação? Quando é que o mundo mudou tanto, que o mais normal é demonstrar desapego, em vez daquela saudável obsessão? Tanta questão! Também gostava que o meu cérebro se conseguisse calar. Também me esgoto a mim mesma de tanto pensar.”

(...)

O amor bateu em ti e fez ricochete,  
                                                    ­                acertou em mim,  
quase nos conseguiu despedaçar.  

Até hoje, és uma bala de argila, perdida no fluxo das minhas veias incandescentes. O impacto não me matou, e o buraco já quase sarou com a minha própria carne à tua volta. Enquanto for viva, vou carregar-te para onde quer que vá. Enquanto for viva, és carne da minha própria carne, és uma ferida aberta que me recuso a fechar.
Quero costurar-me a ti! para que não haja possibilidade de nos voltarmos a separar.

Não sei se te cheguei a ensinar alguma coisa, mas ansiava que, talvez, o amor te pudesse ensinar.  

Oferecias resistência, e eu não entendia.  
Então, eu insistia...
                                   Dobrava-te e desdobrava-me.
Fazia origami da minha própria cabeça  
                                                e das folhas soltas que me presenteavas,
escritas com os teus pensamentos mais confusos. Pequenos pedaços de ti!  
Estava em busca de soluções para problemas que nem existiam.  

"Como é que vou tornar esta pedra áspera, numa pedra mais macia? Como é que chego ao núcleo desta pedra de argila? Ao sítio onde palpita o seu pequeno grande coração?
Querias que explorasse os teus limites,  
                                                      ­      ou que fingisse que não os via?”

Querias ser pedra de gelo,  
                                                  e eu, em chamas,  
queria mostrar-te que podias ser pedra vulcânica.

(...)

Estudei as tuas ligações químicas, cada partícula que te constituía.
Como se misturavam umas com as outras para criar  

                 a mais bela sinestesia

que os meus olhos tiveram o prazer de vivenciar.


Tornaste-te o meu desafio mais complicado.  
“O que raio é suposto eu fazer com tantos bocados afiados?”.  
Sinto-os espalhados no meu peito, no sítio onde a tua cabeça deveria encaixar, e não há cirurgia que me possa salvar. Não sei a que médico ir.  Não sei a quem me posso queixar.
São balas fantasma, iguais às dores que sinto quando não estás.  
A dor aguda e congruente que me atormenta quando estás ausente.
Como se me faltasse um pedaço essencial, que torna a minha vida dormente.

Perdoa-me, por nunca ter chegado a entender que uso lhes deveria dar.  

(...)

Reparei, por belo acaso! no teu comportamento delicado  
quando te misturavas com a água salgada, que escorria do meu olhar esverdeado,
                                  quando te abraçava,  
                                  quando te escrevia,  
                          em dias de alegria e/ou agonia.
Como ficavas mais macia, maleável e reagias eletricamente.  
Expandias-te,  
                          tornav­as-te numa outra coisa,  
                                                        ­              um novo eu que emergia,  

ainda que pouco coerente.  


Peguei-te com cuidado. Senti-te gélida, mas tranquila...
"Minha bela pedra de argila..."
Soube logo que te pertencia,  
                                                    ­   soube logo que me pertencias.  
Que o destino, finalmente, tinha chegado.
E soube-o, mesmo quando nem tu o sabias.

A estrada até ti é longa, prefiro não aceitar desvios.  
É íngreme o caminho, e raramente é iluminado...
muito pelo contrário, escolheste construir um caminho escuro,  
cheio de perigos e obstáculos,  
                                                   ­      um caminho duro,  
feito propositadamente para que ninguém chegue a ti...
Então, claro que, às vezes, me perco. Às vezes, também não tenho forças para caminhar. E se demoro, perdoa-me! Tenho de encontrar a mim mesma, antes de te ir procurar.  

No fim da longa estrada, que mais parece um labirinto perfeitamente desenhado,
                                      sem qualquer porta de saída ou de entrada,
estás tu, lá sentada, atrás da tua muralha impenetrável, a desejar ser entendida e amada, e simultaneamente, a desejar nunca ser encontrada.  

“Como é que aquilo que eu mais procuro é, simultaneamente, aquilo com que tenho mais medo de me deparar?”

Que ninguém venha quebrar a tua solidão!  
Estás destinada a estar sozinha! É isso que dizes a ti mesma?
Ora, pois, sei bem o que é carregar a solidão às costas,  
a beleza e a tranquilidade de estar sozinha.

Não vim para a quebrar,  
                                   vim para misturar a tua solidão com a minha.

Moldei-te,  
                     e moldei-me a ti.

Passei os dedos pelas fissuras. Senti todas as cicatrizes e, beijei-te as ranhuras por onde escapavam alguns dos teus bocados. Tentei uni-los num abraço.
Eu sabia...
Como se isto fosse um conto de fadas…
Como se um beijo pudesse acordar…
Como se uma chávena partida pudesse voltar atrás no tempo,  
                                                        ­      
                                                         segundo­s antes de se estilhaçar.  

O tempo recusa-se a andar para trás.
Então, tive de pensar numa outra solução.
Não te podia deixar ali, abandonada, partida no chão.

Todo o cuidado! E mesmo assim foi pouco.  
Desmoronaste.  
Foi mesmo à frente dos meus olhos que desmoronaste.  

Tive tanto cuidado! E mesmo assim, foi pouco.
Não sei se te peguei da forma errada,  
                            
                              ou se já chegaste a mim demasiado fragilizada…

Não queria acreditar que, ainda agora te segurava...
Ainda agora estavas viva…
Ainda agora adormecia com o som do teu respirar…

Agora, chamo o teu nome e ninguém responde do lado de lá…
Agora, já ninguém chama o meu nome do lado de cá.

Sou casmurra. Não me dei por vencida.
Primeiro, levantei-me a mim do chão, depois, quis regressar a ti
                            e regressei à corrida.  
Recuperei-me, e estava decidida a erguer-te de novo.
Desta vez tive a tua ajuda,
                                                   estavas mais comprometida.
Tinhas esperança de ser curada.
Talvez, desta vez, não oferecesses tanta resistência!
Talvez, desta vez, aceitasses o meu amor!
Talvez, desta vez, seja um trabalho a dois!
Talvez, desta vez, possa estar mais descansada.
Talvez, desta vez, também eu possa ser cuidada.

Arrumei os pedaços, tentei dar-lhes uma outra figura.
Adequada à tua beleza, ao teu jeito e feitio. Inteligente, criativa, misteriosa, divertida, carismática, observadora, com um toque sombrio.

Despertaste em mim um amor doentio!  
Ou, pelo menos, era assim que alguns lhe chamavam.
Admito, a opinião alheia deixa-me mais aborrecida do que interessada. A pessoas incompreensivas, não tenho vontade de lhes responder. Quem entende, irá entender. Quem sente o amor como uma brisa, não sabe o que é senti-lo como um furacão. Só quem ama ou já amou assim, tem a total capacidade de compreender, que nem tudo o que parece mau, o chega realmente a ser.

Às vezes, é preciso destruir o antigo, para que algo novo tenha espaço para aparecer. Um amor assim não é uma doença, não mata, pelo contrário, deu-me vontade de viver. Fez-me querer ser melhor, fez-me lutar para que pudesse sentir-me merecedora de o ter.

Sim, pode levar-nos à loucura. Sei que, a mim, me leva ao desespero. O desespero de te querer apertar nos meus braços todos os dias. O desespero de te ter! hoje! amanhã! sempre! O desespero de viver contigo já! agora! sempre! O desespero de não poder esperar! O desespero de não conseguir seguir indiferente depois de te conhecer! O desespero de não me conseguir conter! Nem a morte me poderia conter!  
E , saber que te irei amar, muito depois de morrer.  

Quem nunca passou de brasa a incêndio, não entende a total capacidade de um fogo. Prefiro renascer das cinzas a cada lua nova, do que passar pela vida sem ter ardido.  

Já devia ter entendido, as pessoas só podem mergulhar fundo em mim se já tiverem mergulhado fundo em si. Quem vive à superfície, não sabe do que falo quando o assunto é o inconsciente.  
Se os outros não se conhecem sequer a si mesmos, então, a opinião deles deveria mesmo importar? Há muito já fui aclamada de vilã, por não ser mais do que mera gente. E, como qualquer gente, sou simples e complexa. A realidade é que, poucos são os que se permitem sentir todo o espectro de emoções humanas, genuinamente, e eu, felizmente e infelizmente, sou gente dessa.

(…)

Descobriste um oceano escondido e inexplorado.  
Um Mar que se abriu só para ti, como se fosse Moisés que se estivesse a aproximar. Um Mar que só existia para ti. Um Mar que mais ninguém via, onde mais ninguém podia nadar. Um Mar reservado para ti. Parecia que existia com o único propósito de fazer o teu corpo flutuar.  

Deste-lhe um nome, brincaste com ele, usaste-o, amassaste-o, engoliste-o
                      e, cuspiste-o de volta na minha cara.

Uma outra definição. Um Mar de água doce, com a tua saliva misturada.
Uma outra versão de mim, desconhecida, até então.  
Um outro nome que eu preferia.
Um nome que só tu me chamavas, e mais ninguém ouvia,  
Um booboo que nasceu na tua boca e veio parar às minhas mãos, e delas escorria para um sorriso tímido que emergia.

(...)

E, de onde origina a argila?
Descobri que, pode gerar-se através de um ataque químico. Por exemplo, com a água. "A água sabe."  Era o que tu me dizias.  

Era com ela que nos moldavas.
Talvez com a água doce e salgada que escorria do teu rosto
                                                   e no meu rosto caía,
                                                   e no meu pescoço secava,

enquanto choravas em cima de mim,
                                                                ­abraçada a mim, na tua cama.

Enquanto tremias de receio, de que me desejasses mais a mim, do que aquilo que eu te desejava.

“Como não podias estar mais enganada!  
Como é que não vias todo o tempo e amor que te dedicava?  
Tinhas os olhos tapados pelo medo? Como é que me observavas e não me absorvias?”

O amor tem muito de belo e muito de triste.  A dualidade do mundo é tramada, mas não me adianta de nada fechar os olhos a tudo o que existe.  

Ah! Tantas coisas que nascem de um ataque químico! Ou ataque físico, como por exemplo, através do vulcanismo ou da erosão.
Quando moveste as placas que solidificavam as minhas raízes à Terra,  
           e chegaste a mim em forma de sismo silencioso,  
mandaste-me as ilusões e as outras estruturas todas abaixo, e sobrou uma cratera com a forma do meu coração, de onde foi cuspida a lava que me transmutou. A mesma lava que, mais tarde, usei para nos metamorfosear. Diria que, ser destruída e reconstruída por ti, foi a minha salvação.
Sobrei eu, debaixo dos destroços. Só não sei se te sobrevivi. Nunca mais fui a mesma desde que nos vi a desabar.  

E, são esses dois ataques que geram a argila. Produzem a fragmentação das rochas em pequenas partículas,  
                                                   ­                                                             
                                                                ­                         umas afiadas,  
                                                      ­                                                        
                                                                ­                         umas macias,
                                                                ­                                                       
         ­                                                                 ­               todas partidas.  

Gosto de pegar em factos e, aproximá-los da ficção na minha poesia.
Brinco com metáforas, brinco contigo, brinco com a vida...mas, sou séria em tudo o que faço. Só porque brinco com as palavras, não significa que te mentiria. A lealdade que me une a ti não o iria permitir.  

É belo, tão belo! Consegues ver? Fazes vibrar o meu mundo. Contigo dá-se a verdadeira magia! Também consegues senti-la?  
Tudo dá para ser transformado em algo mais. Nem melhor nem pior, apenas algo diferente.  

Das rochas vem a areia, da areia vem a argila, da argila vem o meu vaso imaginário, a quem dei um nome e uma nova sina.  

Viva a alquimia! Sinto a fluir em mim a alquimia!  
Tenho uma capacidade inata de romantizar tudo,  

                                                   de ver o copo meio cheio,  

                                                       ­                          e nem copo existia.  

Revelaste-me um amor que não sabia estar perdido.
Entendeste-me com qualidades e defeitos.
Graças a ti, fiquei esclarecida! Que melhor do que ser amada,
é ser aceite e compreendida.

Feita de barro nunca antes fundido.
Assim seguia a minha alma, antes de te ter conhecido.
Dá-me da tua água! Quero afogar-me em ti, todas as vidas!
E ter o prazer de conhecer-te, e ter o desprazer de esquecer-te, só para poder voltar a conhecer-te,
sentir-te, e por ti, só por ti, ser sentida.  

Toquei-te na alma nua! Ainda tenho as mãos manchadas com o sangue da tua carne crua. E a minha alma nua, foi tocada por ti. Provaste-me que não estava doida varrida. Soube logo que era tua!  

Nunca tinha trabalhado com o teu tipo de barro.
Ainda para mais, tão fraturado.
Peguei em ti, com todo o cuidado...

"Tive um pensamento bizarro,
Dos teus pedaços vou construir um vaso! Tem de caber água, búzios, algumas flores! Talvez o meu corpo inteiro, se o conseguir encolher o suficiente.

Recolho todos os teus bocados, mantenho-os presos, juntos por um fio vermelho e dourado. Ofereço-me a ti de presente."

(…)

Amei-te de forma sincera.  Às vezes errada, outras vezes certa, quem sabe incoerente. Mas o amor, esse que mais importa, ao contrário de nós, é consistente.  

Sobreviveu às chamas do inferno, às chuvas que as apagaram, a dezenas de enterros e renascimentos.  

Nem os anos que por ele passaram, o conseguiram romper. Nem o tempo que tudo desbota, o conseguiu reescrever.

Foi assim que me deparei com o presente agridoce que me aguardava. Descobriste um dos vazios que carrego cá dentro e, depositaste um pedaço de ti para o preencher.
Invadiste o meu espaço, sem que te tivesse notado, nem ouvi os teus passos a atravessar a porta.  
Confundiste-te com a minha solidão, sem nunca a ter mudado. Eras metade do que faltava em mim, e nem dei conta que me faltavas.

“Como poderia não te ter amado? …"

(…)

Minha bela pedra de argila,  
Ninguém me disse que eras preciosa.
Ninguém o sabia, até então.
Não te davam o devido valor,
e, para mim, sempre foste o meu maior tesouro.
Até a alma me iluminavas,
como se fosses uma pedra esculpida em ouro.

  
Meu vaso de barro banhado a fio dourado,  
Ninguém me avisou que serias tão cobiçado,  
                                                     ­             invejado,
                                                               desdenhado,
ou, até, a melhor obra de arte que eu nunca teria acabado.
Ninguém o poderia saber.  
Queria guardar-te só para mim!
Não por ciúmes, além de os ter.
Mas sim, para te proteger.
Livrar-te de olhares gananciosos e, pessoas mal-intencionadas.  
Livrar-te das minhas próprias mãos que, aparentemente, estão condenadas
                       a destruir tudo o que tanto desejam poder agarrar.  

Perdoa-me, ter achado que era uma benção.

Talvez fosse mais como a maldição  
de um Rei Midas virado do avesso.
Tudo o que toco, transforma-se em fumo dourado.
Vejo o futuro que nos poderia ter sido dado!
Vejo-te no fumo espesso,
                                               a dissipares-te à minha frente,
antes mesmo de te ter tocado.

Tudo o que os deuses me ofereceram de presente, vinha envenenado.

  
A eterna questão que paira no ar.  
É melhor amar e perder? Ou nunca chegar a descobrir a sensação de ter amado?

É melhor amar e ficar!

Há sempre mais opções, para quem gosta de se focar menos nos problemas
                     e mais nas soluções.

O amor é como o meu vaso de argila em processo de criação.  
Cuidado! Qualquer movimento brusco vai deixar uma marca profunda. Enquanto não solidificar, tens de ter cuidado! Muito cuidado para não o estragar. Deixa-o girar, não o tentes domar, toca-lhe com suavidade, dá-lhe forma gentilmente, decora os seus movimentos e, deixa-te ser levado, para onde quer que te leve a sua incerta corrente.

Enquanto não solidificar, é frágil! Muito frágil e, a qualquer momento, pode desabar.

Era isso que me estavas a tentar ensinar?  

Duas mãos que moldam a argila num ritmo exaltante!
E une-se a argila com o criador!
                                            E gira! E gira! num rodopio esmagador,  
                                                    ­  E gira! E gira! mas não o largues!
Segura bem os seus pedaços! Abraça-os com firmeza!

Porque erguê-lo é um trabalho árduo
                                                           ­      e se o largas, vai logo abaixo!

São horas, dias, meses, anos, atirados para o esgoto. Sobra a dor, para que nenhuma de nós se esqueça.

                                        E dança! E dança! E dança!...
                             Tento seguir os seus passos pela cintura...  
                                       Se não soubesse que era argila,  
                          diria que era a minha mão entrelaçada na tua.

Bato o pé no soalho.
                                    E acelero!
                                                      e acalmo o compasso...
A água escorre por ele abaixo.
Ressalta as tuas belas linhas à medida da sua descida,
como se fosse a tua pele suada na minha.  

No final, que me resta fazer? Apenas admirá-lo.

Reconstrui-lo. Delimitá-lo. Esculpi-lo. Colori-lo. Parti-lo, quem sabe. É tão simples! a minha humana de ossos e carne, transformada em pedra de argila, transformada em tesouro, transformada em pó de cinza que ingeri do meu próprio vulcão...

A destruição também é uma forma de arte, descobri isso à força, quando me deixaste.  

Acho que, no meu vaso de argila, onde duas mãos se entrecruzaram para o moldar, vou enchê-lo de areia, búzios, pedras e água dourada,
         talvez nasça lá um outro pedaço de ti, a meio da madrugada.
Vou metê-lo ao lado da minha cama, e chamar-lhe vaso de ouro. Porque quem pega num pedaço rochoso e consegue dar-lhe uma outra utilidade, já descobriu o que é alquimia,  

o poder de ser forjado pelo fogo e sair ileso,
renascido como algo novo.
Sonnet.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
I.

Sur la terre, tantôt sable, tantôt savane,
L'un à l'autre liés en longue caravane,
Echangeant leur pensée en confuses rumeurs,
Emmenant avec eux les lois, les faits, les mœurs,
Les esprits, voyageurs éternels, sont en marche.
L'un porte le drapeau, les autres portent l'arche ;
Ce saint voyage a nom Progrès. De temps en temps,
Ils s'arrêtent, rêveurs, attentifs, haletants,
Puis repartent. En route ! ils s'appellent, ils s'aident,
Ils vont ! Les horizons aux horizons succèdent,
Les plateaux aux plateaux, les sommets aux sommets.
On avance toujours, on n'arrive jamais.
À chaque étape un guide accourt à leur rencontre ;
Quand Jean Huss disparaît, Luther pensif se montre
Luther s'en va, Voltaire alors prend le flambeau
Quand Voltaire s'arrête, arrive Mirabeau.
Ils sondent, pleins d'espoir, une terre inconnue
À chaque pas qu'on fait, la brume diminue ;
Ils marchent, sans quitter des yeux un seul instant
Le terme du voyage et l'asile où l'on tend,
Point lumineux au fond d'une profonde plaine,
La Liberté sacrée, éclatante et lointaine,
La Paix dans le travail, l'universel *****,
L'Idéal, ce grand but, Mecque du genre humain.

Plus ils vont, plus la foi les pousse et les exalte.

Pourtant, à de certains moments, lorsqu'on fait halte,
Que la fatigue vient, qu'on voit le jour blêmir,
Et qu'on a tant marché qu'il faut enfin dormir,
C'est l'instant où le Mal, prenant toutes les formes,
Morne oiseau, vil reptile ou monstre aux bonds énormes,
Chimère, préjugé, mensonge ténébreux,
C'est l'heure où le Passé, qu'ils laissent derrière eux,
Voyant dans chacun d'eux une proie échappée,
Surprend la caravane assoupie et campée,
Et, sortant hors de l'ombre et du néant profond,
Tâche de ressaisir ces esprits qui s'en vont.

II.

Le jour baisse ; on atteint quelque colline chauve
Que l'âpre solitude entoure, immense et fauve,
Et dont pas même un arbre, une roche, un buisson
Ne coupe l'immobile et lugubre horizon ;
Les tchaouchs, aux lueurs des premières étoiles,
Piquent des pieux en terre et déroulent les toiles ;
En cercle autour du camp les feux sont allumés,
Il est nuit. Gloire à Dieu ! voyageurs las, dormez.

Non, veillez ! car autour de vous tout se réveille.
Ecoutez ! écoutez ! debout ! prêtez l'oreille !
Voici qu'à la clarté du jour zodiacal,
L'épervier gris, le singe obscène, le chacal,
Les rats abjects et noirs, les belettes, les fouines,
Nocturnes visiteurs des tentes bédouines,
L'hyène au pas boiteux qui menace et qui fuit,
Le tigre au crâne plat où nul instinct ne luit,
Dont la férocité ressemble à de la joie,
Tous, les oiseaux de deuil et les bêtes de proie,
Vers le feu rayonnant poussant d'étranges voix,
De tous les points de l'ombre arrivent à la fois.
Dans la brume, pareils aux brigands qui maraudent,
Bandits de la nature, ils sont tous là qui rôdent.

Le foyer se reflète aux yeux des léopards.
Fourmillement terrible ! on voit de toutes parts
Des prunelles de braise errer dans les ténèbres.
La solitude éclate en hurlements funèbres.
Des pierres, des fossés, des ravins tortueux,
De partout, sort un bruit farouche et monstrueux.
Car lorsqu'un pas humain pénètre dans ces plaines,
Toujours, à l'heure où l'ombre épanche ses haleines,
Où la création commence son concert,
Le peuple épouvantable et rauque du désert,
Horrible et bondissant sous les pâles nuées,
Accueille l'homme avec des cris et des huées.
Bruit lugubre ! chaos des forts et des petits
Cherchant leur proie avec d'immondes appétits !
L'un glapit, l'autre rit, miaule, aboie, ou gronde.
Le voyageur invoque en son horreur profonde
Ou son saint musulman ou son patron chrétien.

Soudain tout fait silence et l'on n'entend plus rien.

Le tumulte effrayant cesse, râles et plaintes
Meurent comme des voix par l'agonie éteintes,
Comme si, par miracle et par enchantement,
Dieu même avait dans l'ombre emporté brusquement
Renards, singes, vautours, le tigre, la panthère,
Tous ces monstres hideux qui sont sur notre terre
Ce que sont les démons dans le monde inconnu.
Tout se tait.

Le désert est muet, vaste et nu.
L'œil ne voit sous les cieux que l'espace sans borne.

Tout à coup, au milieu de ce silence morne
Qui monte et qui s'accroît de moment en moment,
S'élève un formidable et long rugissement !

C'est le lion.

III.

Il vient, il surgit où vous êtes,
Le roi sauvage et roux des profondeurs muettes !

Il vient de s'éveiller comme le soir tombait,
Non, comme le loup triste, à l'odeur du gibet,
Non, comme le jaguar, pour aller dans les havres
Flairer si la tempête a jeté des cadavres,
Non, comme le chacal furtif et hasardeux,
Pour déterrer la nuit les morts, spectres hideux,
Dans quelque champ qui vit la guerre et ses désastres ;
Mais pour marcher dans l'ombre à la clarté des astres.
Car l'azur constellé plaît à son œil vermeil ;
Car Dieu fait contempler par l'aigle le soleil,
Et fait par le lion regarder les étoiles.
Il vient, du crépuscule il traverse les voiles,
Il médite, il chemine à pas silencieux,
Tranquille et satisfait sous la splendeur des cieux ;
Il aspire l'air pur qui manquait à son antre ;
Sa queue à coups égaux revient battre son ventre,
Et, dans l'obscurité qui le sent approcher,
Rien ne le voit venir, rien ne l'entend marcher.
Les palmiers, frissonnant comme des touffes d'herbe,
Frémissent. C'est ainsi que, paisible et superbe,
Il arrive toujours par le même chemin,
Et qu'il venait hier, et qu'il viendra demain,
À cette heure où Vénus à l'occident décline.

Et quand il s'est trouvé proche de la colline,
Marquant ses larges pieds dans le sable mouvant,
Avant même que l'œil d'aucun être vivant
Eût pu, sous l'éternel et mystérieux dôme,
Voir poindre à l'horizon son vague et noir fantôme,
Avant que dans la plaine il se fût avancé,
Il se taisait ; son souffle a seulement passé,
Et ce souffle a suffi, flottant à l'aventure,
Pour faire tressaillir la profonde nature,
Et pour faire soudain taire au plus fort du bruit
Toutes ces sombres voix qui hurlent dans la nuit.

IV.

Ainsi, quand, de ton antre enfin poussant la pierre,
Et las du long sommeil qui pèse à ta paupière,
Ô peuple, ouvrant tes yeux d'où sort une clarté,
Tu te réveilleras dans ta tranquillité,
Le jour où nos pillards, où nos tyrans sans nombre
Comprendront que quelqu'un remue au fond de l'ombre,
Et que c'est toi qui viens, ô lion ! ce jour-là,
Ce vil groupe où Falstaff s'accouple à Loyola,
Tous ces gueux devant qui la probité se cabre,
Les traîneurs de soutane et les traîneurs de sabre,
Le général Soufflard, le juge Barabbas,
Le jésuite au front jaune, à l'œil féroce et bas,
Disant son chapelet dont les grains sont des balles,
Les Mingrats bénissant les Héliogabales,
Les Veuillots qui naguère, errant sans feu ni lieu,
Avant de prendre en main la cause du bon Dieu,
Avant d'être des saints, traînaient dans les ribotes
Les haillons de leur style et les trous de leurs bottes,
L'archevêque, ouléma du Christ ou de Mahom,
Mâchant avec l'hostie un sanglant Te Deum,
Les Troplong, Les Rouher, violateurs de chartes,
Grecs qui tiennent les lois comme ils tiendraient les cartes,
Les beaux fils dont les mains sont rouges sous leurs gants.
Ces dévots, ces viveurs, ces bedeaux, ces brigands,
Depuis les hommes vils jusqu'aux hommes sinistres,
Tout ce tas monstrueux de gredins et de cuistres
Qui grincent, l'œil ardent, le mufle ensanglanté,
Autour de la raison et de la vérité,
Tous, du maître au goujat, du bandit au maroufle,
Pâles, rien qu'à sentir au **** passer ton souffle,
Feront silence, ô peuple ! et tous disparaîtront
Subitement, l'éclair ne sera pas plus prompt,
Cachés, évanouis, perdus dans la nuit sombre,
Avant même qu'on ait entendu, dans cette ombre
Où les justes tremblants aux méchants sont mêlés,
Ta grande voix monter vers les cieux étoilés !

Jersey, le 25 novembre 1852.
Non **** des rochers de l'Atlas,
Au milieu des déserts où cent tribus errantes
Promènent au hasard leurs chameaux et leurs tentes,
Un jour, certain enfant précipitait ses pas.
C'était le jeune fils de quelque musulmane
Qui s'en allait en caravane.
Quand sa mère dormait, il courait le pays.
Dans un ravin profond, **** de l'aride plaine,
Notre enfant trouve une fontaine,
Auprès, un beau dattier tout couvert de ses fruits.
Oh ! quel bonheur ! dit-il, ces dattes, cette eau claire,
M'appartiennent ; sans moi, dans ce lieu solitaire,
Ces trésors cachés, inconnus,
Demeuraient à jamais perdus.
Je les ai découverts, ils sont ma récompense.
Parlant ainsi, l'enfant vers le dattier s'élance,
Et jusqu'à son sommet tâche de se hisser.
L'entreprise était périlleuse :
L'écorce, tantôt lisse et tantôt raboteuse,
Lui déchirait les mains, ou les faisait glisser :
Deux fois il retomba : mais d'une ardeur nouvelle
Il recommence de plus belle,
Et parvient enfin, haletant,
A ces fruits qu'il désirait tant.
Il se jette alors sur les dattes.
Se tenant d'une main, de l'autre fourrageant.
Et mangeant,
Sans choisir les plus délicates.
Tout à coup voilà notre enfant
Qui réfléchit et qui descend.
Il court chercher sa bonne mère,
Prend avec lui son jeune frère,
Les conduit au dattier. Le cadet incliné,
S'appuyant au tronc qu'il embrasse,
Présente son dos à l'aîné ;
L'autre y monte, et de cette place,
Libre de ses deux bras, sans efforts, sans danger,
Cueille et jette les fruits ; la mère les ramasse,
Puis sur un linge blanc prend soin de les ranger :
La récolte achevée, et la nappe étant mise,
Les deux frères tranquillement,
Souriant à leur mère au milieu d'eux assise,
Viennent au bord de l'eau faire un repas charmant.
De la société ceci nous peint l'image :
Je ne connais de biens que ceux que l'on partage.
Coeurs dignes de sentir le prix de l'amitié,
Retenez cet ancien adage :
Le tout ne vaut pas la moitié.
Voilà que tout cela est passé... Mon enfance n'est plus ;
Elle est morte, pour ainsi dire, quoique je vive encore.
Saint Augustin, Confessions.


I.

J'ai des rêves de guerre en mon âme inquiète ;
J'aurais été soldat, si je n'étais poète.
Ne vous étonnez point que j'aime les guerriers !
Souvent, pleurant sur eux, dans ma douleur muette,
J'ai trouvé leur cyprès plus beau que nos lauriers.

Enfant, sur un tambour ma crèche fut posée.
Dans un casque pour moi l'eau sainte fut puisée.
Un soldat, m'ombrageant d'un belliqueux faisceau,
De quelque vieux lambeau d'une bannière usée
Fit les langes de mon berceau.

Parmi les chars poudreux, les armes éclatantes,
Une muse des camps m'emporta sous les tentes ;
Je dormis sur l'affût des canons meurtriers ;
J'aimai les fiers coursiers, aux crinières flottantes,
Et l'éperon froissant les rauques étriers.

J'aimai les forts tonnants, aux abords difficiles ;
Le glaive nu des chefs guidant les rangs dociles ;
La vedette, perdue en un bois isolé ;
Et les vieux bataillons qui passaient dans les villes,
Avec un drapeau mutilé.

Mon envie admirait et le hussard rapide,
Parant de gerbes d'or sa poitrine intrépide,
Et le panache blanc des agiles lanciers,
Et les dragons, mêlant sur leur casque gépide
Le poil taché du tigre aux crins noirs des coursiers.

Et j'accusais mon âge : « Ah ! dans une ombre obscure,
Grandir, vivre ! laisser refroidir sans murmure
Tout ce sang jeune et pur, bouillant chez mes pareils,
Qui dans un noir combat, sur l'acier d'une armure,
Coulerait à flots si vermeils !

Et j'invoquais la guerre, aux scènes effrayantes ;
Je voyais en espoir, dans les plaines bruyantes,
Avec mille rumeurs d'hommes et de chevaux,
Secouant à la fois leurs ailes foudroyantes,
L'un sur l'autre à grands cris fondre deux camps rivaux.

J'entendais le son clair des tremblantes cymbales,
Le roulement des chars, le sifflement des balles,
Et de monceaux de morts semant leurs pas sanglants,
Je voyais se heurter au ****, par intervalles,
Les escadrons étincelants !

II.

Avec nos camps vainqueurs, dans l'Europe asservie
J'errai, je parcourus la terre avant la vie ;
Et, tout enfant encor, les vieillards recueillis
M'écoutaient racontant, d'une bouche ravie,
Mes jours si peu nombreux et déjà si remplis !

Chez dix peuples vaincus je passai sans défense,
Et leur respect craintif étonnait mon enfance.
Dans l'âge où l'on est plaint, je semblais protéger.
Quand je balbutiais le nom chéri de France,
Je faisais pâlir l'étranger.

Je visitai cette île, en noirs débris féconde,
Plus ****, premier degré d'une chute profonde.
Le haut Cenis, dont l'aigle aime les rocs lointains,
Entendit, de son antre où l'avalanche gronde,
Ses vieux glaçons crier sous mes pas enfantins.

Vers l'Adige et l'Arno je vins des bords du Rhône.
Je vis de l'Occident l'auguste Babylone,
Rome, toujours vivante au fond de ses tombeaux,
Reine du monde encor sur un débris de trône,
Avec une pourpre en lambeaux.

Puis Turin, puis Florence aux plaisirs toujours prête,
Naples, aux bords embaumés, où le printemps s'arrête
Et que Vésuve en feu couvre d'un dais brûlant,
Comme un guerrier jaloux qui, témoin d'une fête,
Jette au milieu des fleurs son panache sanglant.

L'Espagne m'accueillit, livrée à la conquête.
Je franchis le Bergare, où mugit la tempête ;
De ****, pour un tombeau, je pris l'Escurial ;
Et le triple aqueduc vit s'incliner ma tête
Devant son front impérial.

Là, je voyais les feux des haltes militaires
Noircir les murs croulants des villes solitaires ;
La tente, de l'église envahissait le seuil ;
Les rires des soldats, dans les saints monastères,
Par l'écho répétés, semblaient des cris de deuil.

III.

Je revins, rapportant de mes courses lointaines
Comme un vague faisceau de lueurs incertaines.
Je rêvais, comme si j'avais, durant mes jours,
Rencontré sur mes pas les magiques fontaines
Dont l'onde enivre pour toujours.

L'Espagne me montrait ses couvents, ses bastilles ;
Burgos, sa cathédrale aux gothiques aiguilles ;
Irun, ses toits de bois ; Vittoria, ses tours ;
Et toi, Valadolid, tes palais de familles,
Fiers de laisser rouiller des chaînes dans leurs cours.

Mes souvenirs germaient dans mon âme échauffée ;
J'allais, chantant des vers d'une voix étouffée ;
Et ma mère, en secret observant tous mes pas,
Pleurait et souriait, disant : « C'est une fée
Qui lui parle, et qu'on ne voit pas ! »

1823.
Si je n'étais captive,
J'aimerais ce pays,
Et cette mer plaintive,
Et ces champs de maïs,
Et ces astres sans nombre,
Si le long du mur sombre
N'étincelait dans l'ombre
Le sabre des spahis.

Je ne suis point tartare
Pour qu'un eunuque noir
M'accorde ma guitare,
Me tienne mon miroir.
Bien **** de ces Sodomes,
Au pays dont nous sommes,
Avec les jeunes hommes
On peut parler le soir.

Pourtant j'aime une rive
Où jamais des hivers
Le souffle froid n'arrive
Par les vitraux ouverts.
L'été, la pluie est chaude,
L'insecte vert qui rôde
Luit, vivante émeraude,
Sous les brins d'herbe verts.

Smyrne est une princesse
Avec son beau chapel ;
L'heureux printemps sans cesse
Répond à son appel,
Et, comme un riant groupe
De fleurs dans une coupe,
Dans ses mers se découpe
Plus d'un frais archipel.

J'aime ces tours vermeilles,
Ces drapeaux triomphants,
Ces maisons d'or, pareilles
A des jouets d'enfants ;
J'aime, pour mes pensées
Plus mollement bercées,
Ces tentes balancées
Au dos des éléphants.

Dans ce palais de fées,
Mon cœur, plein de concerts,
Croit, aux voix étouffées
Qui viennent des déserts,
Entendre les génies
Mêler les harmonies
Des chansons infinies
Qu'ils chantent dans les airs.

J'aime de ces contrées
Les doux parfums brûlants,
Sur les vitres dorées
Les feuillages tremblants,
L'eau que la source épanche
Sous le palmier qui penche,
Et la cigogne blanche
Sur les minarets blancs.

J'aime en un lit de mousses
Dire un air espagnol,
Quand mes compagnes douces,
Du pied rasant le sol,
Légion vagabonde
Où le sourire abonde,
Font tournoyer leur ronde
Sous un rond parasol.

Mais surtout, quand la brise
Me touche en voltigeant,
La nuit, j'aime être assise,
L'œil sur la mer profonde,
Tandis que, pâle et blonde,
La lune ouvre dans l'onde
Son éventail d'argent.

Le 7 juillet 1828.
Paysages belges


Briques et tuiles,

Ô les charmants

Petits asiles

Pour les amants !


Houblons et vignes,

Feuilles et fleurs,

Tentes insignes

Des francs buveurs !


Guinguettes claires,

Bières, clameurs,

Servantes chères

À tous fumeurs !


Gares prochaines,

Gais chemins grands...

Quelles aubaines,

Bons juifs errants !
Le meurtre aux mille bras comme un géant se lève ;
Les palais embrasés se changent en tombeaux ;
Prêtres, femmes, époux, tout tombe sous le glaive ;
Autour de la cité s'appellent les corbeaux.

Les mères ont frémi : les vierges palpitantes,
Ô calife ! ont pleuré leurs jeunes ans flétris,
Et les coursiers fougueux ont traîné hors des tentes
Leurs corps vivants, de coups et de baisers meurtris.

Vois d'un vaste linceul la ville enveloppée ;
Vois ! quand ton bras puissant passe, il faut tout plier,
Les prêtres qui priaient ont péri par l'épée,
Jetant leur livre saint comme un vain bouclier.

Les tout petits enfants, écrasés sous les dalles,
Ont vécu ; de leur sang le fer s'abreuve encor... -
Ton peuple baise, ô Roi, la poudre des sandales
Qu'à ton pied glorieux attache un cercle d'or !

Blois, le 30 avril 1825.
Sonnet.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

— The End —