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Ooolywoo Feb 2021
Il est 1h27 du matin à Dakar
Debout sur le balcon; un désir d'aventurier de l'inconnu m'envahit, de celle qui s'échappe du temps et de la terre mère qui l'étouffe ensevelie sous son noyau.
Le vent me caressant le visage, je l'entend m'inviter à l'hymne de ma liberté. Le bruit des avions m'emportent dans un monde d'aisance et d'émancipation, l'échos des Zikrs me tirent vers ma raison profonde et ma familiarité.
Je ferme les yeux en proie à la nostalgie. Essayant de me souvenir des beaux moments de ma vie; le vent me berce dans l'abstrait où mon âme se jette dans l'aura poétique de la magie des rêves.
Le marchand des rêves m'emporte sur une plage éclairée par la claire de lune et un feu de camp; jouissant d'un ciel dégagé et très étoilé.
La brise me mets à nu devant ses caresses ardentes et m'enivre de son odeur. Je me laisse flotter sur ses ondes.
Le sable en velours réchauffant mes pieds au rythme d'un Samba; riant de toute mon âme et transpirant au rythme de la danse. Nos âmes se transforment en une unité d'énergie donnant naissance à un cycle d'existence de désirs.
Je me confie à mon instinct comme pour consoler mon amour.
A l'horizon, la morosité morbide condamnée dans le concret. Aimant ardemment et follement cet abstrait merveilleux qui me berce.
Qui berce cet amour non réclamé, et cette liberté condamnée. Qui depuis longtemps poussent leur barque fragile à bout de force.
Aussi romantique que la poésie, je danse amoureusement et passionnément avec l'inconnu de mes pensées. Et dans cette passion insensée, de l'infini sublime rêve que cherche l'esprit, la réalité envahit l'abstrait et en fait un asile.
Un asile qui éveille mon cœur à chaque moment d'inattention ou de solitude. Un asile qui m'ouvre ses portes à ses extases fantaisistes quand l'ivresse de la réalité devient lourde et étouffante.
A poem I wrote in 2012 when all I wanted back then was to escape my life, travel around the world and see other realities, get away from everything. Translating in English will not give it justice.
Fable VII, Livre III.


« Au diable soient les étourdis
Qui m'ont fait une horrible tache !...
Qu'ai-je dit, une ? en voilà dix ;
Et c'est à mon velours pistache ! »
Ainsi parlait monsieur Denis,
Marchand fameux dès l'ancien règne,
Marchand connu de tout Paris,
Marchand de soie à juste prix,
Du moins si j'en crois son enseigne.
« Conçois-tu bien tout mon malheur,
Ma fille ! un velours magnifique,
Un velours de cette couleur,
Va donc rester dans ma boutique !
L'art du dégraisseur n'y peut rien.
L'eau de Dupleix, à qui tout cède,
Est sans vertu ! - Mon père ! - Eh bien ?
- Essayons un autre remède ;
Envoyons l'étoffe au brodeur.
- Elle a raison ! » - Notre grondeur
Suit le conseil de la fillette.

Amis, plus souvent qu'on ne croit,
La tache est tout juste à l'endroit
Où l'on voit briller la paillette.
Écoutez. Une femme au profil décharné,
Maigre, blême, portant un enfant étonné,
Est là qui se lamente au milieu de la rue.
La foule, pour l'entendre, autour d'elle se rue.
Elle accuse quelqu'un, une autre femme, ou bien
Son mari. Ses enfants ont faim. Elle n'a rien ;
Pas d'argent ; pas de pain ; à peine un lit de paille.
L'homme est au cabaret pendant qu'elle travaille.
Elle pleure, et s'en va. Quand ce spectre a passé,
Ô penseurs, au milieu de ce groupe amassé,
Qui vient de voir le fond d'un cœur qui se déchire,
Qu'entendez-vous toujours ? Un long éclat de rire.

Cette fille au doux front a cru peut-être, un jour,
Avoir droit au bonheur, à la joie, à l'amour.
Mais elle est seule, elle est sans parents, pauvre fille !
Seule ! - n'importe ! elle a du courage, une aiguille,
Elle travaille, et peut gagner dans son réduit,
En travaillant le jour, en travaillant la nuit,
Un peu de pain, un gîte, une jupe de toile.
Le soir, elle regarde en rêvant quelque étoile,
Et chante au bord du toit tant que dure l'été.
Mais l'hiver vient. Il fait bien froid, en vérité,
Dans ce logis mal clos tout en haut de la rampe ;
Les jours sont courts, il faut allumer une lampe ;
L'huile est chère, le bois est cher, le pain est cher.
Ô jeunesse ! printemps ! aube ! en proie à l'hiver !
La faim passe bientôt sa griffe sous la porte,
Décroche un vieux manteau, saisit la montre, emporte
Les meubles, prend enfin quelque humble bague d'or ;
Tout est vendu ! L'enfant travaille et lutte encor ;
Elle est honnête ; mais elle a, quand elle veille,
La misère, démon, qui lui parle à l'oreille.
L'ouvrage manque, hélas ! cela se voit souvent.
Que devenir ! Un jour, ô jour sombre ! elle vend
La pauvre croix d'honneur de son vieux père, et pleure ;
Elle tousse, elle a froid. Il faut donc qu'elle meure !
A dix-sept ans ! grand Dieu ! mais que faire ?... - Voilà
Ce qui fait qu'un matin la douce fille alla
Droit au gouffre, et qu'enfin, à présent, ce qui monte
À son front, ce n'est plus la pudeur, c'est la honte.
Hélas, et maintenant, deuil et pleurs éternels !
C'est fini. Les enfants, ces innocents cruels,
La suivent dans la rue avec des cris de joie.
Malheureuse ! elle traîne une robe de soie,
Elle chante, elle rit... ah ! pauvre âme aux abois !
Et le peuple sévère, avec sa grande voix,
Souffle qui courbe un homme et qui brise une femme,
Lui dit quand elle vient : « C'est toi ? Va-t-en, infâme ! »

Un homme s'est fait riche en vendant à faux poids ;
La loi le fait juré. L'hiver, dans les temps froids ;
Un pauvre a pris un pain pour nourrir sa famille.
Regardez cette salle où le peuple fourmille ;
Ce riche y vient juger ce pauvre. Écoutez bien.
C'est juste, puisque l'un a tout et l'autre rien.
Ce juge, - ce marchand, - fâché de perdre une heure,
Jette un regard distrait sur cet homme qui pleure,
L'envoie au bagne, et part pour sa maison des champs.
Tous s'en vont en disant : « C'est bien ! » bons et méchants ;
Et rien ne reste là qu'un Christ pensif et pâle,
Levant les bras au ciel dans le fond de la salle.

Un homme de génie apparaît. Il est doux,
Il est fort, il est grand ; il est utile à tous ;
Comme l'aube au-dessus de l'océan qui roule,
Il dore d'un rayon tous les fronts de la foule ;
Il luit ; le jour qu'il jette est un jour éclatant ;
Il apporte une idée au siècle qui l'attend ;
Il fait son œuvre ; il veut des choses nécessaires,
Agrandir les esprits, amoindrir les misères ;
Heureux, dans ses travaux dont les cieux sont témoins,
Si l'on pense un peu plus, si l'on souffre un peu moins !
Il vient. - Certe, on le va couronner ! - On le hue !
Scribes, savants, rhéteurs, les salons, la cohue,
Ceux qui n'ignorent rien, ceux qui doutent de tout,
Ceux qui flattent le roi, ceux qui flattent l'égout,
Tous hurlent à la fois et font un bruit sinistre.
Si c'est un orateur ou si c'est un ministre,
On le siffle. Si c'est un poète, il entend
Ce chœur : « Absurde ! faux ! monstrueux ! révoltant ! »
Lui, cependant, tandis qu'on bave sur sa palme,
Debout, les bras croisés, le front levé, l'œil calme,
Il contemple, serein, l'idéal et le beau ;
Il rêve ; et, par moments, il secoue un flambeau
Qui, sous ses pieds, dans l'ombre, éblouissant la haine,
Éclaire tout à coup le fond de l'âme humaine ;
Ou, ministre, il prodigue et ses nuits et ses jours ;
Orateur, il entasse efforts, travaux, discours ;
Il marche, il lutte ! Hélas ! l'injure ardente et triste,
À chaque pas qu'il fait, se transforme et persiste.
Nul abri. Ce serait un ennemi public,
Un monstre fabuleux, dragon ou basilic,
Qu'il serait moins traqué de toutes les manières,
Moins entouré de gens armés de grosses pierres,
Moins haï ! -- Pour eux tous et pour ceux qui viendront,
Il va semant la gloire, il recueille l'affront.
Le progrès est son but, le bien est sa boussole ;
Pilote, sur l'avant du navire il s'isole ;
Tout marin, pour dompter les vents et les courants,
Met tour à tour le cap sur des points différents,
Et, pour mieux arriver, dévie en apparence ;
Il fait de même ; aussi blâme et cris ; l'ignorance
Sait tout, dénonce tout ; il allait vers le nord,
Il avait tort ; il va vers le sud, il a tort ;
Si le temps devient noir, que de rage et de joie !
Cependant, sous le faix sa tête à la fin ploie,
L'âge vient, il couvait un mal profond et lent,
Il meurt. L'envie alors, ce démon vigilant,
Accourt, le reconnaît, lui ferme la paupière,
Prend soin de la clouer de ses mains dans la bière,
Se penche, écoute, épie en cette sombre nuit
S'il est vraiment bien mort, s'il ne fait pas de bruit,
S'il ne peut plus savoir de quel nom on le nomme,
Et, s'essuyant les yeux, dit : « C'était un grand homme ! »

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
« Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? Que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, saint, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !

Le pesant chariot porte une énorme pierre ;
Le limonier, suant du mors à la croupière,
Tire, et le roulier fouette, et le pavé glissant
Monte, et le cheval triste à le poitrail en sang.
Il tire, traîne, geint, tire encore et s'arrête ;
Le fouet noir tourbillonne au-dessus de sa tête ;
C'est lundi ; l'homme hier buvait aux Porcherons
Un vin plein de fureur, de cris et de jurons ;
Oh ! quelle est donc la loi formidable qui livre
L'être à l'être, et la bête effarée à l'homme ivre !
L'animal éperdu ne peut plus faire un pas ;
Il sent l'ombre sur lui peser ; il ne sait pas,
Sous le bloc qui l'écrase et le fouet qui l'assomme,
Ce que lui veut la pierre et ce que lui veut l'homme.
Et le roulier n'est plus qu'un orage de coups
Tombant sur ce forçat qui traîne des licous,
Qui souffre et ne connaît ni repos ni dimanche.
Si la corde se casse, il frappe avec le pié ;
Et le cheval, tremblant, hagard, estropié,
Baisse son cou lugubre et sa tête égarée ;
On entend, sous les coups de la botte ferrée,
Sonner le ventre nu du pauvre être muet !
Il râle ; tout à l'heure encore il remuait ;
Mais il ne bouge plus, et sa force est finie ;
Et les coups furieux pleuvent ; son agonie
Tente un dernier effort ; son pied fait un écart,
Il tombe, et le voilà brisé sous le brancard ;
Et, dans l'ombre, pendant que son bourreau redouble,
Il regarde quelqu'un de sa prunelle trouble ;
Et l'on voit lentement s'éteindre, humble et terni,
Son œil plein des stupeurs sombres de l'infini,
Où luit vaguement l'âme effrayante des choses.
Hélas !

Cet avocat plaide toutes les causes ;
Il rit des généreux qui désirent savoir
Si blanc n'a pas raison, avant de dire noir ;
Calme, en sa conscience il met ce qu'il rencontre,
Ou le sac d'argent Pour, ou le sac d'argent Contre ;
Le sac pèse pour lui ce que la cause vaut.
Embusqué, plume au poing, dans un journal dévot,
Comme un bandit tuerait, cet écrivain diffame.
La foule hait cet homme et proscrit cette femme ;
Ils sont maudits. Quel est leur crime ? Ils ont aimé.
L'opinion rampante accable l'opprimé,
Et, chatte aux pieds des forts, pour le faible est tigresse.
De l'inventeur mourant le parasite engraisse.
Le monde parle, assure, affirme, jure, ment,
Triche, et rit d'escroquer la dupe Dévouement.
Le puissant resplendit et du destin se joue ;
Derrière lui, tandis qu'il marche et fait la roue,
Sa fiente épanouie engendre son flatteur.
Les nains sont dédaigneux de toute leur hauteur.
Ô hideux coins de rue où le chiffonnier morne
Va, tenant à la main sa lanterne de corne,
Vos tas d'ordures sont moins noirs que les vivants !
Qui, des vents ou des cœurs, est le plus sûr ? Les vents.
Cet homme ne croit rien et fait semblant de croire ;
Il a l'œil clair, le front gracieux, l'âme noire ;
Il se courbe ; il sera votre maître demain.

Tu casses des cailloux, vieillard, sur le chemin ;
Ton feutre humble et troué s'ouvre à l'air qui le mouille ;
Sous la pluie et le temps ton crâne nu se rouille ;
Le chaud est ton tyran, le froid est ton bourreau ;
Ton vieux corps grelottant tremble sous ton sarrau ;
Ta cahute, au niveau du fossé de la route,
Offre son toit de mousse à la chèvre qui broute ;
Tu gagnes dans ton jour juste assez de pain noir
Pour manger le matin et pour jeûner le soir ;
Et, fantôme suspect devant qui l'on recule,
Regardé de travers quand vient le crépuscule,
Pauvre au point d'alarmer les allants et venants,
Frère sombre et pensif des arbres frissonnants,
Tu laisses choir tes ans ainsi qu'eux leur feuillage ;
Autrefois, homme alors dans la force de l'âge,
Quand tu vis que l'Europe implacable venait,
Et menaçait Paris et notre aube qui naît,
Et, mer d'hommes, roulait vers la France effarée,
Et le Russe et le *** sur la terre sacrée
Se ruer, et le nord revomir Attila,
Tu te levas, tu pris ta fourche ; en ces temps-là,
Tu fus, devant les rois qui tenaient la campagne,
Un des grands paysans de la grande Champagne.
C'est bien. Mais, vois, là-bas, le long du vert sillon,
Une calèche arrive, et, comme un tourbillon,
Dans la poudre du soir qu'à ton front tu secoues,
Mêle l'éclair du fouet au tonnerre des roues.
Un homme y dort. Vieillard, chapeau bas ! Ce passant
Fit sa fortune à l'heure où tu versais ton sang ;
Il jouait à la baisse, et montait à mesure
Que notre chute était plus profonde et plus sûre ;
Il fallait un vautour à nos morts ; il le fut ;
Il fit, travailleur âpre et toujours à l'affût,
Suer à nos malheurs des châteaux et des rentes ;
Moscou remplit ses prés de meules odorantes ;
Pour lui, Leipsick payait des chiens et des valets,
Et la Bérésina charriait un palais ;
Pour lui, pour que cet homme ait des fleurs, des charmilles,
Des parcs dans Paris même ouvrant leurs larges grilles,
Des jardins où l'on voit le cygne errer sur l'eau,
Un million joyeux sortit de Waterloo ;
Si bien que du désastre il a fait sa victoire,
Et que, pour la manger, et la tordre, et la boire,
Ce Shaylock, avec le sabre de Blucher,
A coupé sur la France une livre de chair.
Or, de vous deux, c'est toi qu'on hait, lui qu'on vénère ;
Vieillard, tu n'es qu'un gueux, et ce millionnaire,
C'est l'honnête homme. Allons, debout, et chapeau bas !

Les carrefours sont pleins de chocs et de combats.
Les multitudes vont et viennent dans les rues.
Foules ! sillons creusés par ces mornes charrues :
Nuit, douleur, deuil ! champ triste où souvent a germé
Un épi qui fait peur à ceux qui l'ont semé !
Vie et mort ! onde où l'hydre à l'infini s'enlace !
Peuple océan jetant l'écume populace !
Là sont tous les chaos et toutes les grandeurs ;
Là, fauve, avec ses maux, ses horreurs, ses laideurs,
Ses larves, désespoirs, haines, désirs, souffrances,
Qu'on distingue à travers de vagues transparences,
Ses rudes appétits, redoutables aimants,
Ses prostitutions, ses avilissements,
Et la fatalité des mœurs imperdables,
La misère épaissit ses couches formidables.
Les malheureux sont là, dans le malheur reclus.
L'indigence, flux noir, l'ignorance, reflux,
Montent, marée affreuse, et parmi les décombres,
Roulent l'obscur filet des pénalités sombres.
Le besoin fuit le mal qui le tente et le suit,
Et l'homme cherche l'homme à tâtons ; il fait nuit ;
Les petits enfants nus tendent leurs mains funèbres ;
Le crime, antre béant, s'ouvre dans ces ténèbres ;
Le vent secoue et pousse, en ses froids tourbillons,
Les âmes en lambeaux dans les corps en haillons :
Pas de cœur où ne croisse une aveugle chimère.
Qui grince des dents ? L'homme. Et qui pleure ? La mère.
Qui sanglote ? La vierge aux yeux hagards et doux.
Qui dit : « J'ai froid ? » L'aïeule. Et qui dit : « J'ai faim ? » Tous !
Et le fond est horreur, et la surface est joie.
Au-dessus de la faim, le festin qui flamboie,
Et sur le pâle amas des cris et des douleurs,
Les chansons et le rire et les chapeaux de fleurs !
Ceux-là sont les heureux. Ils n'ont qu'une pensée :
A quel néant jeter la journée insensée ?
Chiens, voitures, chevaux ! cendre au reflet vermeil !
Poussière dont les grains semblent d'or au soleil !
Leur vie est aux plaisirs sans fin, sans but, sans trêve,
Et se passe à tâcher d'oublier dans un rêve
L'enfer au-dessous d'eux et le ciel au-dessus.
Quand on voile Lazare, on efface Jésus.
Ils ne regardent pas dans les ombres moroses.
Ils n'admettent que l'air tout parfumé de roses,
La volupté, l'orgueil, l'ivresse et le laquais
Ce spectre galonné du pauvre, à leurs banquets.
Les fleurs couvrent les seins et débordent des vases.
Le bal, tout frissonnant de souffles et d'extases,
Rayonne, étourdissant ce qui s'évanouit ;
Éden étrange fait de lumière et de nuit.
Les lustres aux plafonds laissent pendre leurs flammes,
Et semblent la racine ardente et pleine d'âmes
De quelque arbre céleste épanoui plus haut.
Noir paradis dansant sur l'immense cachot !
Ils savourent, ravis, l'éblouissement sombre
Des beautés, des splendeurs, des quadrilles sans nombre,
Des couples, des amours, des yeux bleus, des yeux noirs.
Les valses, visions, passent dans les miroirs.
Parfois, comme aux forêts la fuite des cavales,
Les galops effrénés courent ; par intervalles,
Le bal reprend haleine ; on s'interrompt, on fuit,
On erre, deux à deux, sous les arbres sans bruit ;
Puis, folle, et rappelant les ombres éloignées,
La musique, jetant les notes à poignées,
Revient, et les regards s'allument, et l'archet,
Bondissant, ressaisit la foule qui marchait.
Ô délire ! et d'encens et de bruit enivrées,
L'heure emporte en riant les rapides soirées,
Et les nuits et les jours, feuilles mortes des cieux.
D'autres, toute la nuit, roulent les dés joyeux,
Ou bien, âpre, et mêlant les cartes qu'ils caressent,
Où des spectres riants ou sanglants apparaissent,
Leur soif de l'or, penchée autour d'un tapis vert,
Jusqu'à ce qu'au volet le jour bâille entr'ouvert,
Poursuit le pharaon, le lansquenet ou l'hombre ;
Et, pendant qu'on gémit et qu'on frémit dans l'ombre,
Pendant que le
Mateuš Conrad Apr 2016
Priti Patel's quote on EU migration - whatever it was...
list of common surnames: cropper, cross, crouch,
dabney, dalton, daniels, eads, easton, eccleston,
fairclough, farnham, fay, gardner, garey, garfield,
haight, hanes, hailey, ibbott, irvin, isaacson,
jack, jackson, jacobs, kay, keen, kelsey,
lacey, lacy, lamar, macey, mann, marchand,
neal, nelson, neville... sure pati japati patel -
i'll be an albino in Gujarat
if your play the sitar in a sari;
but your name sounds a bit migrant
revealing, what a weird 'back of the bus'
you seem to stand on -
you want the Mongolians resurrected?
i swear we were being ousted in line
of what Queen Sheba said to Solomon:
'olive skinned throughout the geography
and the unwelcome green men on
sponged-knickers creaming for an ******
a french dessert...'
yes pretty prior, you found home on a
continent when half of the european nations
didn't practice colonial antics -
i guess it's easier to pick on them.
but with a Patel surname you sound british
already, the great experiment worked
the anaesthetic of former colonialism
numbed via recreational Ketamine use
really numbed the skull and jaw mandibles -
i hate, i hate being conscripted into
post-colonial affairs of "why it all failed"
what a waste of the urban hubs of
Manchester or Liverpool -
where once artistic expression thrived -
i hate these post-colonial societies,
it's as if they were castrated en masse,
and they're wondering why no one has a permanent
suntan in scandinavia - maybe the raw herring diet -
cinnamon up your ***, magician's trick with
space between fudge of digestion, disappearing trick
but then the cough that blinds you sweetly -
i guess post-colonial nationalism wanted to
listen to non-colonial nationalism -
a former migrant like pretty plated smell
olive skinned exploited inversion of angers
but dunked a footstep into a trip-up
with non-colonial nations -
a bit like the greek bail-out - pretty patel
is a name least likely associated with migration;
you teasing the beast out?
jalalium Sep 2013
Jaques le fumeur aimait les rouler étroits
Et toujours en fumait deux a la fois
J'aime fumer disait il
Quelle excuse futile!
Le tabac et ce qu'il y ajoutait l'esclavagèrent
Depuis qu'il n'utilisait plus son briquet que pour les concerts
L'esclave jamais ne dort
Car même la nuit il en roulait encore
Dans sa chambre, à coté de la fenêtre
O marchand de sable, plongez moi dans le bien-être
repetait il quand il n'en pouvait plus
mais ce soir la quelque chose de nouveau l'avait déplu
la constatation d'un changement l'avait dégoûté
L'eau de la bouteille avait noircit et maintenant sentait
la bouteille qu'il prenait pour cendrier car il n'en avait pas un
Fixe sur la bouteille il était terrifie de ce que lui réservait son destin
Il tendit la main vers la bouteille pour alléger sa cigarette
Hélas il y fit tomber sa possession la plus précieuse
Il devait affronter son dégoût et chercher entre les cigarettes
sinon son existence ne serait plus jamais délicieuse
il coupa la bouteille en deux
il chercha, chercha et chercha encore
main dans le goudron
mains sur le nez
Maintenant Jacques pleure
Aucune trace de son espoir
hier, aujourd'hui et demain pour lui ont la même couleur
il mourut 60 ans avant ses dernières mémoires
car quand il ne pouvait plus espérer
il cessa de vivre
Feggyr Citack Oct 2016
-on seeing Yves Marchand's pictures of an
abandoned miners island near Nagasaki

What will remain of us,
industrious ants,
when all that we work for
comes to an end?

A dusty cupboard
in a murky corner.
Two empty bottles,
one for wine, one for apple juice.

No trace of our names.
Gone are the honours.
All that we strive for...
just thin air on an empty shelf.

It's peace again,
peace at last.
It's what we deserve,
our just reward.
In honour of the workers of Gunkanjima. Conditions were spartan, the work was exhausting, and several of them performed forced labour. Once on the island, they had no option but to be human ants in the hell of industrialism.

I wrote this little song with the athmospheric silence of those 'cosy' abandoned buildings in mind. The real melancholy of the site only occurred to me as I learned a bit more about the history of the place. That's the true weight lying on the empty shelves.
I.

Douce Vierge Marie, humble mère de Dieu
Que tout le ciel contemple,
Vous qui fûtes un lys debout dans l'encens bleu
Sur les marches du temple ;

Épouse agenouillée à qui l'ange parla ;
Ô divine accouchée,
Que virent les bergers, qu'une voix appela,
Sur la roche penchée ;

Qui regardiez dormir, l'abreuvant d'un doux lait,
L'adorant la première,
Un enfant frêle et nu, mais qui, la nuit, semblait
Être fait de lumière ;

Ô morte, qu'enleva dans les plis des rideaux
À la nuit de la tombe
L'essaim des chérubins, qui portent à leur dos
Des ailes de colombe,

Pour vous placer, au bruit de leurs psaltérions
Dont tressaillent les cordes,
Au Ciel où vous régnez, les doigts pleins de rayons
Et de miséricordes ;

Vous qu'un peuple sur qui votre bleu manteau pend
Doucement importune,
Vous qui foulez avec la tête du serpent
Le croissant de la lune ;

Vous à qui Dieu donna les grands voiles d'azur,
Le cortège des Vierges,
La cathédrale immense au maître-autel obscur
Étoilé par les cierges,

La couronne, le sceptre et les souliers bouffants,
Les cantiques en flammes,
Les baisers envoyés par la main des enfants,
Et les larmes des femmes ;

Vous dont l'image, aux jours gros d'orage et d'erreur,
Luisait sous mes paupières,
Et qui m'avez tendu sur les flots en fureur
L'échelle des prières ;

Vous qui m'avez cherché, portant votre fanal,
Aux pentes du Parnasse ;
Vous qui m'avez pêché dans les filets du mal
Et mis dans votre nasse ;

Que n'ai-je, pour le jour où votre fête aura
Mis les cloches en joie,
La règle du marchand qui pour vous aunera
Le velours et la soie !

Que n'ai-je les ciseaux sonores du tailleur,
Pour couper votre robe !
Et que n'ai-je le four qu'allume l'émailleur !
J'émaillerais le globe

Où votre pied se pose, ainsi qu'un oiseau blanc
Planant sur nos désastres,
Globe d'azur et d'or, frêle univers roulant
Son soleil et ses astres !

Que ne suis-je de ceux dont les rois font grand cas,
Et qui sont des orfèvres !
Je vous cisèlerais des bijoux délicats,
Moins vermeils que nos lèvres ;

Mais, puisque je ne suis ni l'émailleur plaisant,
Ni le marchand notable,
Ni l'orfèvre fameux, ni le tailleur croisant
Les jambes sur sa table ;

Que je n'ai nul vaisseau sur les grands océans,
Nul trésor dans mon coffre,
J'ai rimé ce bouquet de vertus que céans
De bon coeur je vous offre.

Je vous offre humblement ce bouquet que voici :
La couleur en est franche
Et le parfum sincère, et ce bouquet choisi
C'est la chasteté blanche ;

C'est l'humilité bleue et douce, et c'est encor
Fleur du coeur, non du bouge,
La pauvreté si riche et toute jaune d'or
Et la charité rouge.

Ce n'est pas que je croie habiter les sommets
De la science avare,
Et je n'ai pas le fruit de la sagesse, mais
L'amour de ce fruit rare ;

Au surplus, je n'ai pas l'améthyste à mon doigt,
Je ne suis pas du temple,
Et je sais qu'un chrétien pur et simple ne doit
À tous que son exemple.

Je ne suis pas un prêtre arrachant au plaisir
Un peuple qu'il relève ;
Je ne suis qu'un rêveur et je n'ai qu'un désir :
Dire ce que je rêve.

II.

Aimez : l'amour vous met au cœur un peu de jour ;
Aimez, l'amour allège ;
Aimez, car le bonheur est pétri dans l'amour
Comme un lys dans la neige !

L'amour n'est pas la fleur facile qu'au printemps
L'on cueille sous son aile,
Ce n'est pas un baiser sur tes lèvres du temps :
C'est la fleur éternelle.

Nous faisons pour aimer d'inutiles efforts,
Pauvres cœurs que nous sommes !
Et nous cherchons l'amour dans l'étreinte des corps,
Et l'amour fuit les hommes !

Et c'est pourquoi l'on voit la haine dans nos yeux
Et dans notre mémoire,
Et ce vautour ouvrir sur nos front soucieux
Son affreuse aile noire ;

Et c'est pourquoi l'on voit jaillir de leur étui
Tant de poignards avides ;
Et c'est pourquoi l'on voit que les cœurs d'aujourd'hui
Sont des sépulcres vides.

Voici l'éternel cri que je sème au vent noir,
Sur la foule futile ;
Tel est le grain d'encens qui fume en l'encensoir
De ma vie inutile.

III.

Cependant bien que j'eusse encor peu combattu
Pour sa sainte querelle,
Mes yeux, l'ayant fixée, ont vu que la vertu
Est étrangement belle ;

Que son corps s'enveloppe en de puissants contours,
Et que sa joue est pleine ;
Qu'elle est comme une ville, assise avec ses tours,
Au milieu de la plaine ;

Que ses yeux sont sereins, ignorant l'éclair vil,
Ainsi que les pleurs lâches ;
Que son sourire est *** comme une aube en avril,
Que, pour de nobles tâches,

Les muscles de ses bras entrent en mouvement,
Comme un arc qui s'anime,
Pendant que son cou porte impérialement
Sa tête magnanime ;

Qu'un astre sur son front luit plus haut que le sort,
Et que sa lèvre est grasse,
Et qu'elle est dans le calme, enveloppant l'effort,
L'autre nom de la grâce ;

Qu'elle est comme le chêne en qui la sève bout
Jusqu'à rompre l'écorce ;
Et qu'elle est, dans l'orage, indomptable et debout,
L'autre nom de la force ;

Que sa mamelle est vaste et pleine d'un bon lait,
Et que le mal recule
Comme une feuille au vent de son geste, et qu'elle est
La compagne d'Hercule.

Et je vous dis : Ô vous qui comme elle régnez,
Ô vierge catholique !
Les saints joyeux sont morts, nos temps sont condamnés !
Au mal mélancolique ;

La joie et la vertu se sont voilé le front,
Ces sœurs sont exilées ;
Et je ne vois pas ceux qui les rappelleront
Avec des voix ailées !

Ô Vierge! Hâtez-vous! Déjà l'ange s'enfuit
Sous le ciel noir qui gronde,
Et le monde déjà s'enfonce dans la nuit,
Comme un noyé dans l'onde !

Tout ce qui fleurissait et parfumait l'été
De la vie et de l'âme,
L'amour loyal de l'homme et la fidélité
Pieuse de la femme,

Ces choses ne sont plus, l'haleine des autans
A balayé ces roses,
Et l'homme a changé l'homme, et les gens de nos temps
Sont repus et moroses ;

Oui, c'est la nuit qui vient, la nuit qui filtre au fond
De l'âme qui décline,
Et grelotte déjà dans cet hiver profond,
Comme une ombre orpheline.

Aussi je crie ; Ô Vous, n'aurez-vous pas pitié
De notre temps qui souffre,
Naufragé qui s'aveugle et qui chante, à moitié
Dévoré par le gouffre ?

Ô vite, envoyez-nous, le cœur plein de pardons
Et les yeux pleins de flammes,
Celui qui doit venir, puisque nous l'attendons :
Lui seul prendra les âmes ;

Sa main se lèvera seulement sur les fronts
Noirs de gloire usurpée,
Et les divins conseils de Dieu lui donneront
La parole et l'épée ;

Il sera le pasteur, il sera le nocher ;
Il fera pour l'Église
Jaillir le sentiment, comme l'eau du rocher
Sous la main de Moïse.

Car rien ne sert d'avoir, pour fonder sur le cœur
Incertain de la foule,
Un monument qui monte et qui sorte vainqueur
Du siècle qui s'écroule,

Une lyre géante, et des lauriers autour
D'un front lourd de conquêtes,
Et les rimes du vers, dramatique tambour
Que frappent deux baguettes ;

De mouvoir une lèvre allumée au soleil,
D'éloquente frottée,
D'où s'échappe un torrent de paroles, pareil
À la lave irritée,

Ni même de tenir à son poing souverain
Le glaive à lame amère
Qu'Achille ramassa sur l'enclume d'airain
Du forgeron Homère,

Qu'Alexandre saisit, qui le passe aux Césars
Dont la gloire est jalouse,
Et que Napoléon cueille dans les hasards,
Aux pieds de Charles douze ;

Tandis qu'il suffira, sous le regard de feu
De l'amour qui féconde,
D'un seul Juste, sur qui souffle l'esprit de Dieu,
Pour transformer le monde.
Fable IX, Livre V.


Fier de sa charge magnifique,
Fier de porter, je ne sais où,
Pour je ne sais qui, l'or du Chili, du Pérou,
Et du Potose et du Mexique,
Un gros vaisseau marchand revenait d'Amérique.
Le joyeux équipage était des plus complets :
Passagers, matelots, soldats, maîtres, valets,
Favoris de Plutus, de Mars ou de Neptune,
L'emplissaient, l'encombraient de la cave au grenier
Ou du fond de cale à la hune,
Pour parler en vrai marinier.
De Noé l'arche était moins pleine.
Un rat cependant grimpe à bord,
Et, sans montrer de passe-port,
Sans saluer le capitaine,
S'établit parmi les agrès.
Un pareil commensal ne vit pas à ses frais.
Aussi s'aperçoit-on, tant au lard qu'au fromage,
Grignotés, écornés par l'animal rongeur,
Qu'on nourrissait un voyageur,
Qui n'avait pas payé passage.
Le conseil de guerre entendu,
Vu l'urgence, un décret rendu
Hors la loi met la pauvre bête.
En maint lieu maint piège est tendu,
Et des mâts maint chat descendu
De maint côté se met en quête ;
Le proscrit, qui d'un coin oyait et voyait tout,
Et tremblait un peu pour sa tête,
Dès que le conseil se dissout,
Au patron, d'un peu ****, présente sa requête.
« Pitié, pardon, grâce, seigneur !
« Je renonce à la friandise.
« Foi de rat, foi d'homme d'honneur,
« Je vous paierai le tort qu'a fait ma gourmandise.
« Seigneur, qu'on me débarque au port le plus voisin,
« J'y trouverai quelque cousin,
« Ou rat de cave ou rat d'église,
« Mais gens à vous payer tout prêts.
« Le continent doit être près.
« Que ce soit Angleterre, ou Chine, ou France, ou Perse,
« J'ai partout là des intérêts
« Ou de famille ou de commerce ;
« J'ai partout là crédit. - Ni crédit, ni pardons
« Pour les escroqueurs de lardons,
Dit en jurant l'homme à moustache.
« Force à la loi : Raton ! Minet ! » Le rat se cache.
Gascon, fils de Normand, il savait plus d'un tour.
Mais à quoi bon ? La nuit, le jour,
Cerné, guetté, chassé, harcelé sans relâche,
Il ne mange, boit, ni ne dort.
Peut-il échapper à son sort ?
Partout on a mis des ratières,
Partout on a fait des chatières,
Partout la peur, partout la mort !
Elle est préférable à la vie,
De terreurs ainsi poursuivie !
Mourons donc, mais en homme, et vengeons-nous d'abord.
Il dit, et de ses dents, meilleures que les nôtres,
Usant, limant, rongeant, perçant en maint endroit
La nef qui sur le Styx s'en va voguer tout droit,
Dans l'abîme qu'il s'ouvre il entraîne les autres.
Je tiens même d'un souriceau,
Qu'heureux plus que Samson au jour de sa revanche,
À la ruine du vaisseau
Il échappa sur une planche.

En préceptes, lecteur ami,
Ce petit apologue abonde.
Si je l'en crois, en ce bas monde
Il n'est pas de faible ennemi.
De plus, le sage en peut induire,
Et l'homme puissant doit y voir
Qu'il est dangereux de réduire
Le petit même au désespoir.
Puisque c'est ton métier, misérable poète,
Même en ces temps d'orage, où la bouche est muette,
Tandis que le bras parle, et que la fiction
Disparaît comme un songe au bruit de l'action ;
Puisque c'est ton métier de faire de ton âme
Une prostituée, et que, joie ou douleur,
Tout demande sans cesse à sortir de ton coeur ;
Que du moins l'histrion, couvert d'un masque infâme,
N'aille pas, dégradant ta pensée avec lui,
Sur d'ignobles tréteaux la mettre au pilori ;
Que nul plan, nul détour, nul voile ne l'ombrage.
Abandonne aux vieillards sans force et sans courage
Ce travail d'araignée, et tous ces fils honteux
Dont s'entoure en tremblant l'orgueil qui craint les yeux.
Point d'autel, de trépied, point d'arrière aux profanes !
Que ta muse, brisant le luth des courtisanes,
Fasse vibrer sans peur l'air de la liberté ;
Qu'elle marche pieds nus, comme la vérité.

O Machiavel ! tes pas retentissent encore
Dans les sentiers déserts de San Casciano.
Là, sous des cieux ardents dont l'air sèche et dévore,
Tu cultivais en vain un sol maigre et sans eau.
Ta main, lasse le soir d'avoir creusé la terre,
Frappait ton pâle front dans le calme des nuits.
Là, tu fus sans espoir, sans proches, sans amis ;
La vile oisiveté, fille de la misère,
A ton ombre en tous lieux se traînait lentement,
Et buvait dans ton coeur les flots purs de ton sang :
"Qui suis-je ? écrivais-tu; qu'on me donne une pierre,
"Une roche à rouler ; c'est la paix des tombeaux
"Que je fuis, et je tends des bras las du repos."

C'est ainsi, Machiavel, qu'avec toi je m'écrie :
O médiocre, celui qui pour tout bien
T'apporte à ce tripot dégoûtant de la vie,
Est bien poltron au jeu, s'il ne dit : Tout ou rien.
Je suis jeune; j'arrive. A moitié de ma route,
Déjà las de marcher, je me suis retourné.
La science de l'homme est le mépris sans doute ;
C'est un droit de vieillard qui ne m'est pas donné.
Mais qu'en dois-je penser ? Il n'existe qu'un être
Que je puisse en entier et constamment connaître
Sur qui mon jugement puisse au moins faire foi,
Un seul !... Je le méprise. - Et cet être, c'est moi.

Qu'ai-je fait ? qu'ai-je appris ? Le temps est si rapide !
L'enfant marche joyeux, sans songer au chemin ;
Il le croit infini, n'en voyant pas la fin.
Tout à coup il rencontre une source limpide,
Il s'arrête, il se penche, il y voit un vieillard.
Que me dirai-je alors ? Quand j'aurai fait mes peines,
Quand on m'entendra dire : Hélas ! il est trop **** ;
Quand ce sang, qui bouillonne aujourd'hui dans mes veines
Et s'irrite en criant contre un lâche repos,
S'arrêtera, glacé jusqu'au fond de mes os...
O vieillesse ! à quoi donc sert ton expérience ?
Que te sert, spectre vain, de te courber d'avance
Vers le commun tombeau des hommes, si la mort
Se tait en y rentrant, lorsque la vie en sort ?
N'existait-il donc pas à cette loterie
Un joueur par le sort assez bien abattu
Pour que, me rencontrant sur le seuil de la vie,
Il me dît en sortant : N'entrez pas, j'ai perdu !

Grèce, ô mère des arts, terre d'idolâtrie,
De mes voeux insensés éternelle patrie,
J'étais né pour ces temps où les fleurs de ton front
Couronnaient dans les mers l'azur de l'Hellespont.
Je suis un citoyen de tes siècles antiques ;
Mon âme avec l'abeille erre sous tes portiques.
La langue de ton peuple, ô Grèce, peut mourir ;
Nous pouvons oublier le nom de tes montagnes ;
Mais qu'en fouillant le sein de tes blondes campagnes
Nos regards tout à coup viennent à découvrir
Quelque dieu de tes bois, quelque Vénus perdue...
La langue que parlait le coeur de Phidias
Sera toujours vivante et toujours entendue ;
Les marbres l'ont apprise, et ne l'oublieront pas.
Et toi, vieille Italie, où sont ces jours tranquilles
Où sous le toit des cours Rome avait abrité
Les arts, ces dieux amis, fils de l'oisiveté ?
Quand tes peintres alors s'en allaient par les villes,
Elevant des palais, des tombeaux, des autels,
Triomphants, honorés, dieux parmi les mortels ;
Quand tout, à leur parole, enfantait des merveilles,
Quand Rome combattait Venise et les Lombards,
Alors c'étaient des temps bienheureux pour les arts !
Là, c'était Michel-Ange, affaibli par les veilles,
Pâle au milieu des morts, un scalpel à la main,
Cherchant la vie au fond de ce néant humain,
Levant de temps en temps sa tête appesantie,
Pour jeter un regard de colère et d'envie
Sur les palais de Rome, où, du pied de l'autel,
A ses rivaux de **** souriait Raphaël.
Là, c'était le Corrège, homme pauvre et modeste,
Travaillant pour son coeur, laissant à Dieu le reste ;
Le Giorgione, superbe, au jeune Titien
Montrant du sein des mers son beau ciel vénitien ;
Bartholomé, pensif, le front dans la poussière,
Brisant son jeune coeur sur un autel de pierre,
Interrogé tout bas sur l'art par Raphaël,
Et bornant sa réponse à lui montrer le ciel...
Temps heureux, temps aimés ! Mes mains alors peut-être,
Mes lâches mains, pour vous auraient pu s'occuper ;
Mais aujourd'hui pour qui ? dans quel but ? sous quel maître ?
L'artiste est un marchand, et l'art est un métier.
Un pâle simulacre, une vile copie,
Naissent sous le soleil ardent de l'Italie...
Nos oeuvres ont un an, nos gloires ont un jour ;
Tout est mort en Europe, - oui, tout, - jusqu'à l'amour.

Ah ! qui que vous soyez, vous qu'un fatal génie
Pousse à ce malheureux métier de poésie
Rejetez **** de vous, chassez-moi hardiment
Toute sincérité; gardez que l'on ne voie
Tomber de votre coeur quelques gouttes de sang ;
Sinon, vous apprendrez que la plus courte joie
Coûte cher, que le sage est ami du repos,
Que les indifférents sont d'excellents bourreaux.

Heureux, trois fois heureux, l'homme dont la pensée
Peut s'écrire au tranchant du sabre ou de l'épée !
Ah ! qu'il doit mépriser ces rêveurs insensés
Qui, lorsqu'ils ont pétri d'une fange sans vie
Un vil fantôme, un songe, une froide effigie,
S'arrêtent pleins d'orgueil, et disent : C'est assez !
Qu'est la pensée, hélas ! quand l'action commence ?
L'une recule où l'autre intrépide s'avance.
Au redoutable aspect de la réalité,
Celle-ci prend le fer, et s'apprête à combattre ;
Celle-là, frêle idole, et qu'un rien peut abattre,
Se détourne, en voilant son front inanimé.

Meurs, Weber ! meurs courbé sur ta harpe muette ;
Mozart t'attend. - Et toi, misérable poète,
Qui que tu sois, enfant, homme, si ton coeur bat,
Agis ! jette ta lyre; au combat, au combat !
Ombre des temps passés, tu n'es pas de cet âge.
Entend-on le nocher chanter pendant l'orage ?
A l'action ! au mal ! Le bien reste ignoré.
Allons ! cherche un égal à des maux sans remède.
Malheur à qui nous fit ce sens dénaturé !
Le mal cherche le mal, et qui souffre nous aide.
L'homme peut haïr l'homme, et fuir; mais malgré lui,
Sa douleur tend la main à la douleur d'autrui.
C'est tout. Pour la pitié, ce mot dont on nous leurre,
Et pour tous ces discours prostitués sans fin,
Que l'homme au coeur joyeux jette à celui qui pleure,
Comme le riche jette au mendiant son pain,
Qui pourrait en vouloir ? et comment le vulgaire,
Quand c'est vous qui souffrez, pourrait-il le sentir,
Lui que Dieu n'a pas fait capable de souffrir ?

Allez sur une place, étalez sur la terre
Un corps plus mutilé que celui d'un martyr,
Informe, dégoûtant, traîné sur une claie,
Et soulevant déjà l'âme prête à partir ;
La foule vous suivra. Quand la douleur est vraie,
Elle l'aime. Vos maux, dont on vous saura gré,
Feront horreur à tous, à quelques-uns pitié.
Mais changez de façon : découvrez-leur une âme
Par le chagrin brisée, une douleur sans fard,
Et dans un jeune coeur des regrets de vieillard ;
Dites-leur que sans mère, et sans soeur, et sans femme,
Sans savoir où verser, avant que de mourir,
Les pleurs que votre sein peut encor contenir,
Jusqu'au soleil couchant vous n'irez point peut-être...
Qui trouvera le temps d'écouter vos malheurs ?
On croit au sang qui coule, et l'on doute des pleurs.
Votre ami passera, mais sans vous reconnaître.

Tu te gonfles, mon coeur?... Des pleurs, le croirais-tu,
Tandis que j'écrivais ont baigné mon visage.
Le fer me manque-t-il, ou ma main sans courage
A-t-elle lâchement glissé sur mon sein nu ?
Non, rien de tout cela. Mais si **** que la haine
De cette destinée aveugle et sans pudeur
Ira, j'y veux aller. - J'aurai du moins le coeur
De la mener si bas que la honte l'en prenne.
À Madame *.

Il est donc vrai, vous vous plaignez aussi,
Vous dont l'oeil noir, *** comme un jour de fête,
Du monde entier pourrait chasser l'ennui.
Combien donc pesait le souci
Qui vous a fait baisser la tête ?
C'est, j'imagine, un aussi lourd fardeau
Que le roitelet de la fable ;
Ce grand chagrin qui vous accable
Me fait souvenir du roseau.
Je suis bien **** d'être le chêne,
Mais, dites-moi, vous qu'en un autre temps
(Quand nos aïeux vivaient en bons enfants)
J'aurais nommée Iris, ou Philis, ou Climène,
Vous qui, dans ce siècle bourgeois,
Osez encor me permettre parfois
De vous appeler ma marraine,
Est-ce bien vous qui m'écrivez ainsi,
Et songiez-vous qu'il faut qu'on vous réponde ?
Savez-vous que, dans votre ennui,
Sans y penser, madame et chère blonde,
Vous me grondez comme un ami ?
Paresse et manque de courage,
Dites-vous ; s'il en est ainsi,
Je vais me remettre à l'ouvrage.
Hélas ! l'oiseau revient au nid,
Et quelquefois même à la cage.
Sur mes lauriers on me croit endormi ;
C'est trop d'honneur pour un instant d'oubli,
Et dans mon lit les lauriers n'ont que faire ;
Ce ne serait pas mon affaire.
Je sommeillais seulement à demi,
À côté d'un brin de verveine
Dont le parfum vivait à peine,
Et qu'en rêvant j'avais cueilli.
Je l'avouerai, ce coupable silence,
Ce long repos, si maltraité de vous,
Paresse, amour, folie ou nonchalance,
Tout ce temps perdu me fut doux.
Je dirai plus, il me fut profitable ;
Et, si jamais mon inconstant esprit
Sait revêtir de quelque fable
Ce que la vérité m'apprit,
Je vous paraîtrai moins coupable.
Le silence est un conseiller
Qui dévoile plus d'un mystère ;
Et qui veut un jour bien parler
Doit d'abord apprendre à se taire.
Et, quand on se tairait toujours,
Du moment qu'on vit et qu'on aime,
Qu'importe le reste ? et vous-même,
Quand avez-vous compté les jours ?
Et puisqu'il faut que tout s'évanouisse,
N'est-ce donc pas une folle avarice,
De conserver comme un trésor
Ce qu'un coup de vent nous enlève ?
Le meilleur de ma vie a passé comme un rêve
Si léger, qu'il m'est cher encor.
Mais revenons à vous, ma charmante marraine.
Vous croyez donc vous ennuyer ?
Et l'hiver qui s'en vient, rallumant le foyer,
A fait rêver la châtelaine.
Un roman, dites-vous, pourrait vous égayer ;
Triste chose à vous envoyer !
Que ne demandez-vous un conte à La Fontaine ?
C'est avec celui-là qu'il est bon de veiller ;
Ouvrez-le sur votre oreiller,
Vous verrez se lever l'aurore.
Molière l'a prédit, et j'en suis convaincu,
Bien des choses auront vécu
Quand nos enfants liront encore
Ce que le bonhomme a conté,
Fleur de sagesse et de gaieté.
Mais quoi ! la mode vient, et tue un vieil usage.
On n'en veut plus, du sobre et franc langage
Dont il enseignait la douceur,
Le seul français, et qui vienne du cœur ;
Car, n'en déplaise à l'Italie,
La Fontaine, sachez-le bien,
En prenant tout n'imita rien ;
Il est sorti du sol de la patrie,
Le vert laurier qui couvre son tombeau ;
Comme l'antique, il est nouveau.
Ma protectrice bien-aimée,
Quand votre lettre parfumée
Est arrivée à votre. enfant gâté,
Je venais de causer en toute liberté
Avec le grand ami Shakespeare.
Du sujet cependant Boccace était l'auteur ;
Car il féconde tout, ce charmant inventeur ;
Même après l'autre, il fallait le relire.
J'étais donc seul, ses Nouvelles en main,
Et de la nuit la lueur azurée,
Se jouant avec le matin,
Etincelait sur la tranche dorée
Du petit livre florentin ;
Et je songeais, quoi qu'on dise ou qu'on fasse,
Combien c'est vrai que les Muses sont sœurs ;
Qu'il eut raison, ce pinceau plein de grâce,
Qui nous les montre au sommet du Parnasse,
Comme une guirlande de fleurs !
La Fontaine a ri dans Boccace,
Où Shakespeare fondait en pleurs.
Sera-ce trop que d'enhardir ma muse
Jusqu'à tenter de traduire à mon tour
Dans ce livre amoureux une histoire d'amour ?
Mais tout est bon qui vous amuse.
Je n'oserais, si ce n'était pour vous,
Car c'est beaucoup que d'essayer ce style
Tant oublié, qui fut jadis si doux,
Et qu'aujourd'hui l'on croit facile.

Il fut donc, dans notre cité,
Selon ce qu'on nous a conté
(Boccace parle ainsi ; la cité, c'est Florence),
Un gros marchand, riche, homme d'importance,
Qui de sa femme eut un enfant ;
Après quoi, presque sur-le-champ,
Ayant mis ordre à ses affaires,
Il passa de ce monde ailleurs.
La mère survivait ; on nomma des tuteurs,
Gens loyaux, prudents et sévères ;
Capables de se faire honneur
En gardant les biens d'un mineur.
Le jouvenceau, courant le voisinage,
Sentit d'abord douceur de cœur
Pour une fille de son âge,
Qui pour père avait un tailleur ;
Et peu à peu l'enfant devenant homme,
Le temps changea l'habitude en amour,
De telle sorte que Jérôme
Sans voir Silvia ne pouvait vivre un jour.
À son voisin la fille accoutumée
Aima bientôt comme elle était aimée.
De ce danger la mère s'avisa,
Gronda son fils, longtemps moralisa,
Sans rien gagner par force ou par adresse.
Elle croyait que la richesse
En ce monde doit tout changer,
Et d'un buisson peut faire un oranger.
Ayant donc pris les tuteurs à partie,
La mère dit : « Cet enfant que voici,
Lequel n'a pas quatorze ans, Dieu merci !
Va désoler le reste de ma vie.
Il s'est si bien amouraché
De la fille d'un mercenaire,
Qu'un de ces jours, s'il n'en est empêché,
Je vais me réveiller grand'mère.
Soir ni matin, il ne la quitte pas.
C'est, je crois, Silvia qu'on l'appelle ;
Et, s'il doit voir quelque autre dans ses bras,
Il se consumera pour elle.
Il faudrait donc, avec votre agrément,
L'éloigner par quelque voyage ;
Il est jeune, la fille est sage,
Elle l'oubliera sûrement ;
Et nous le marierons à quelque honnête femme. »
Les tuteurs dirent que la dame
Avait parlé fort sagement.
« Te voilà grand, dirent-ils à Jérôme,
Il est bon de voir du pays.
Va-t'en passer quelques jours à Paris,
Voir ce que c'est qu'un gentilhomme,
Le bel usage, et comme on vit là-bas ;
Dans peu de temps tu reviendras. »
À ce conseil, le garçon, comme on pense,
Répondit qu'il n'en ferait rien,
Et qu'il pouvait voir aussi bien
Comment l'on vivait à Florence.
Là-dessus, la mère en fureur
Répond d'abord par une grosse injure ;
Puis elle prend l'enfant par la douceur ;
On le raisonne, on le conjure,
À ses tuteurs il lui faut obéir ;
On lui promet de ne le retenir
Qu'un an au plus. Tant et tant on le prie,
Qu'il cède enfin. Il quitte sa patrie ;
Il part, tout plein de ses amours,
Comptant les nuits, comptant les jours,
Laissant derrière lui la moitié de sa vie.
L'exil dura deux ans ; ce long terme passé,
Jérôme revint à Florence,
Du mal d'amour plus que jamais blessé,
Croyant sans doute être récompensé.
Mais. c'est un grand tort que l'absence.
Pendant qu'au **** courait le jouvenceau,
La fille s'était mariée.
En revoyant les rives de l'Arno,
Il n'y trouva que le tombeau
De son espérance oubliée.
D'abord il n'en murmura point,
Sachant que le monde, en ce point,
Agit rarement d'autre sorte.
De l'infidèle il connaissait la porte,
Et tous les jours il passait sur le seuil,
Espérant un signe, un coup d'oeil,
Un rien, comme on fait quand on aime.
Mais tous ses pas furent perdus
Silvia ne le connaissait plus,
Dont il sentit une douleur extrême.
Cependant, avant d'en mourir,
Il voulut de son souvenir
Essayer de parler lui-même.
Le mari n'était pas jaloux,
Ni la femme bien surveillée.
Un soir que les nouveaux époux
Chez un voisin étaient à la veillée,
Dans la maison, au tomber de la nuit,
Jérôme entra, se cacha près du lit,
Derrière une pièce de toile ;
Car l'époux était tisserand,
Et fabriquait cette espèce de voile
Qu'on met sur un balcon toscan.
Bientôt après les mariés rentrèrent,
Et presque aussitôt se couchèrent.
Dès qu'il entend dormir l'époux,
Dans l'ombre vers Silvia Jérôme s'achemine,
Et lui posant la main sur la poitrine,
Il lui dit doucement : « Mon âme, dormez-vous ?
La pauvre enfant, croyant voir un fantôme,
Voulut crier ; le jeune homme ajouta
« Ne criez pas, je suis votre Jérôme.
- Pour l'amour de Dieu, dit Silvia,
Allez-vous-en, je vous en prie.
Il est passé, ce temps de notre vie
Où notre enfance eut loisir de s'aimer,
Vous voyez, je suis mariée.
Dans les devoirs auxquels je suis liée,
Il ne me sied plus de penser
À vous revoir ni vous entendre.
Si mon mari venait à vous surprendre,
Songez que le moindre des maux
Serait pour moi d'en perdre le repos ;
Songez qu'il m'aime et que je suis sa femme. »
À ce discours, le malheureux amant
Fut navré jusqu'au fond de l'âme.
Ce fut en vain qu'il peignit son tourment,
Et sa constance et sa misère ;
Par promesse ni par prière,
Tout son chagrin ne put rien obtenir.
Alors, sentant la mort venir,
Il demanda que, pour grâce dernière,
Elle le laissât se coucher
Pendant un instant auprès d'elle,
Sans bouger et sans la toucher,
Seulement pour se réchauffer,
Ayant au cœur une glace mortelle,
Lui promettant de ne pas dire un mot,
Et qu'il partirait aussitôt,
Pour ne la revoir de sa vie.
La jeune femme, ayant quelque compassion,
Moyennant la condition,
Voulut contenter son envie.
Jérôme profita d'un moment de pitié ;
Il se coucha près de Silvie.
Considérant alors quelle longue amitié
Pour cette femme il avait eue,
Et quelle était sa cruauté,
Et l'espérance à tout jamais perdue,
Il résolut de cesser de souffrir,
Et rassemblant dans un dernier soupir
Toutes les forces de sa vie,
Il serra la main de sa mie,
Et rendit l'âme à son côté.
Silvia, non sans quelque surprise,
Admirant sa tranquillité,
Resta d'abord quelque temps indécise.
« Jérôme, il faut sortir d'ici,
Dit-elle enfin, l'heure s'avance. »
Et, comme il gardait le silence,
Elle pensa qu'il s'était endormi.
Se soulevant donc à demi,
Et doucement l'appelant à voix basse,
Elle étendit la main vers lui,
Et le trouva froid comme glace.
Elle s'en étonna d'abord ;
Bientôt, l'ayant touché plus fort,
Et voyant sa peine inutile,
Son ami restant immobile,
Elle comprit qu'il était mort.
Que faire ? il n'était pas facile
De le savoir en un moment pareil.
Elle avisa de demander conseil
À son mari, le tira de son somme,
Et lui conta l'histoire de Jérôme,
Comme un malheur advenu depuis peu,
Sans dire à qui ni dans quel lieu.
« En pareil cas, répondit le bonhomme,
Je crois que le meilleur serait
De porter le mort en secret
À son logis, l'y laisser sans rancune,
Car la femme n'a point failli,
Et le mal est à la fortune.
- C'est donc à nous de faire ainsi, »
Dit la femme ; et, prenant la main de son mari
Elle lui fit toucher près d'elle
Le corps sur son lit étendu.
Bien que troublé par ce coup imprévu,
L'époux se lève, allume sa chandelle ;
Et, sans entrer en plus de mots,
Sachant que sa femme est fidèle,
Il charge le corps sur son dos,
À sa maison secrètement l'emporte,
Le dépose devant la porte,
Et s'en revient sans avoir été vu.
Lorsqu'on trouva, le jour étant venu,
Le jeune homme couché par terre,
Ce fut une grande rumeur ;
Et le pire, dans ce malheur,
Fut le désespoir de la mère.
Le médecin aussitôt consulté,
Et le corps partout visité,
Comme on n'y vit point de blessure,
Chacun parlait à sa façon
De cette sinistre aventure.
La populaire opinion
Fut que l'amour de sa maîtresse
Avait jeté Jérôme en cette adversité,
Et qu'il était mort de tristesse,
Comme c'était la vérité.
Le corps fut donc à l'église porté,
Et là s'en vint la malheureuse mère,
Au milieu des amis en deuil,
Exhaler sa douleur amère.
Tandis qu'on menait le cercueil,
Le tisserand qui, dans le fond de l'âme,
Ne laissait pas d'être inquiet :
« Il est bon, dit-il à sa femme,
Que tu prennes ton mantelet,
Et t'en ailles à cette église
Où l'on enterre ce garçon
Qui mourut hier à la maison.
J'ai quelque peur qu'on ne médise
Sur cet inattendu trépas,
Et ce serait un mauvais pas,
Tout innocents que nous en sommes.
Je me tiendrai parmi les hommes,
Et prierai Dieu, tout en les écoutant.
De ton côté, prends soin d'en faire autant
À l'endroit qu'occupent les femmes.
Tu retiendras ce que ces bonnes âmes
Diront de nous, et nous ferons
Selon ce que nous entendrons. »
La pitié trop **** à Silvie
Etait venue, et ce discours lui plut.
Celui dont un baiser eût conservé la vie,
Le voulant voir encore, elle s'en fut.
Il est étrange, il est presque incroyable
Combien c'est chose inexplicable
Que la puissance de l'amour.
Ce cœur, si chaste et si sévère,
Qui semblait fermé sans retour
Quand la fortune était prospère,
Tout à coup s'ouvrit au malheur.
À peine dans l'église entrée,
De compassion et d'horreur
Silvia se sentit pénétrée ;
L'ancien amour s'éveilla tout entier.
Le front baissé, de son manteau voilée,
Traversant la triste assemblée,
Jusqu'à la bière il lui fallut aller ;
Et là, sous le drap mortuaire
Sitôt qu'elle vit son ami,
Défaillante et poussant un cri,
Comme une sœur embrasse un frère,
Sur le cercueil elle tomba ;
Et, comme la douleur avait tué Jérôme,
De sa douleur ainsi mourut Silvia.
Cette fois ce fut au jeune homme
A céder la moitié du lit :
L'un près de l'autre on les ensevelit.
Ainsi ces deux amants, séparés sur la terre,
Furent unis, et la mort fit
Ce que l'amour n'avait pu faire.
Ryan P Kinney Jan 2020
The first Holy Book of The Word
In Nonsense we Trust

Assembled from pre-existing works by John Burroughs, Ryan P. Kinney, Jack McGuane, Cee Williams, Don Lee, Susan Grimm, Joe Roarty, Russ Vidrick, Dianne Boresnik, Mitch James, Tanya Pilumeli, Julie Ursem Marchand, Vicki Acquah, Terry Provost, Adam Brodsky, Lennart Lundh, Raymond McNiece, Hannah Williams, MaxWell Shell, Tim Richards, Ayla Atash, RC (Bob Wilson), Chuck Joy, Katie Daley, Solomon Dixon, Mary Weems, and Gordon Downie
Mostly taken as quotes during live poetry readings. Some stolen from other sources.
Additional content from predictive text by JM Romig, Linkin Park “Powerless,” “Saga of the Swamp Thing” vol. 1, T.S. Eliot, Amalgam Mythos, Kurt Vonnegut, Kevin Smith, and Psalms (chap.):13
Added original content by Ryan P. Kinney, Lennart Lundh, Barbara Marie Minney, and Gabriella Ercolani

“Lords Temple Basement Men,” it says on the door in a badly photocopied sign, replaced freshly each week. The original was built from torn up pieces of bootleg band vinyl stickers left plastered all over the windows of some teenager, surely passed into decaying adulthood long ago.

They gather in the bottom of an abandoned house in the heart of mostly warehouses. Something, someone long ago forgot to bull doze in the wake of morbid industrialization and the zeal to just get more men more jobs while giving them no life, no place to live. They built in their own obsolescence

A Man stands outside; half catcalling, half showman barker; daring, tempting, bribing people to worship with him. In paint stained torn jeans, long shaggy hair with the bald spot landing pad directly in the center of his head, and shoes barely hanging together on his feet, he bellows out The Word. Somewhere between slam poetry performance and theology lesson, he entices and seduces people to enter. Here, they do not call him Father, or Brother, just person:  Man.  “Hey, Man,” is how they great him.

“This is the original Church of the world's scraps.
The body of the body of the body.
Burning in the sun.
‘Me and my son were born in the sun,’ They say.
He is willing to do it.”
The Man says, in a soothing voice.

People enter a crooked doorway. The Man pulls the peeling door behind them, scrapping the ground as he does so, and leads his flock down the concrete stairs to the basement. They come to a dingy dirt gravel floor and spread out; filling the space like gas expanding into a cylinder.

Background chatter already fills the room with low whispers before the performance-service,
“I am happy to hear that you are safe”.
“I am not sure that you are”
“You will be missed.”

The Man steps upon his usual milk crate to open the service. He intones the Capitalist Mantra,
“God Save the Queen
Long live the King
Hail to the Chief
The Lord of all Lies”

And the people chant, “I will not kiss you. I will not bow. I will not bow. I will not be moved.
I love the idea of what I have to be”

Mama Evil steps forward to explain their purpose here,
“This is a strange, mad religious service. Everything is out of place, nothing and no one seems to fit together. We all gather here, but no one seems to-gether. This is less a sermon and more a discussion where the gospel is debated. The Word is critiqued, modified, disputed, and changes between its members at each meeting. At any time for no reason, people can interrupt The Man to deny, confirm, suggest, or challenge his statements. The group then decides on the next bit of gospel to be made up on the spot or if what has already been said is still the current phase of perspective. There is no central thought or plan, just a plan for thoughts. We, people, call this Faith. Our membership makes up a multitude. There are Baptists, Catholics, Jews, Muslims, Agnostics, Atheists, Satanists, Buddhists, Capitalists, hippies, goth kids, Starbuck’s sipping bloggers, just plain weird kids in the back working on their latest D&D campaign. We are just people. And he, is just a Man. The only interconnecting philosophy among us is, ‘Anything is possible at any time for any reason.’”
“As the recovering Catholic Kevin Smith wrote, ‘It’s not important which faith you are, just that you have faith.’”

The People are ready to receive The Holy Spirit and his unique brand of performance poetry,

“In the beginning, there was only The Word, a word. And then more. Which were collected into a story; The Story. And from The Story came creation.
And then came the questions. And The Question was man. Who are we? What are we? Why? Who am I?”

The Man explains,
“The whole point of The Word is to make up new ones. To defy God’s Word by creating ourselves.”
“Do you see the animal’s asking questions? Wondering who they are. They simply know that they are.
There are no fish in Purgatory. Only us.
The Garden of Eden is colonized by serpents
There was no place for the demons to go, but further in.”

A Hindu Yoga instructor rights himself from walking on his hands and decides to take the first initiative, “Puff the Magic Dragon says, ‘Jesus loves me, but I need to talk to a human.’”
A furry cosplayer responds, "I need to talk to a human."

A Wiccan Princess retorts, "Nature is not as inventive as she thinks she is; Neither is God"

The Man answers,
“We are a beautiful blasphemy to God’s word (because we question).”

“Heavy is the crown that wears the head,” says the child prince.

The Drag King quotes, “Psalms (chap.):13
You will tread on the lion and the cobra.
You will trample on the great lion and the serpent.”

"...And God teaches the cricket how to play his music," says the bookish-looking woman sitting in the corner, trailing off as she adjusts her literal Coke bottle frames.

A gym rat, wearing a holey muscle shirt, extends arm to point as he says,
“Humans begin as *******.”

“Humans are also stardust.
Which means we are golden,” replies the scientist

“I will show you fear in a handful of dust,” says the derelict businessman hobo hero,
“God made mud in his own image and we are the leftover **** that rose out of it.
And if all life is really God’s sacred mud, then every **** storm is God’s Wrath.”

The Man quotes T.S. Eliot,
“What are the roots that clutch. What branches grow out of this stony *******. Son of man, you cannot say or guess, for you know only a heap of broken images.”

"The grapes of wrath transmuted into the harvest of imagination,” illustrates the painter

The automaton states, “**** the earth, to make a certain sense of it all.”

The Man attempts to regain control,
“Some future digger after truth,
alien or human, kneeling with
trowel and brush at this grave,
will note in clear, careful script
the wonder that a people would
be so deliberate with the smallest
of their gods' creatures,
and so careless of themselves.”

A soccer Mom asks,
“They say I shouldn’t be so tired.
They say I should get a job.
They say I should get off this couch.
They say I shouldn’t be a blob.”

“It takes but one step to enter the grave,” says The Man.
“So much can be lost in crossing that threshold. How did your grandparents, born in separate countries, meet? Did your mother kiss your father first, or vice versa? These are questions we don't think to pose, but without the asking or other evidence, Death will redact the list of begettings. Are you prepared for that void in memory? Or have you made notes for your children to leave theirs?”

"My Dad keeps their honeymoon receipts in the family Bible,” says the Unknown.
“After Mom moved on, he would take the Bible off the shelf every evening after supper.  He would first stare at it for what seemed forever while pouring himself a huge tumbler of bourbon and lighting a huge cigar that smelled like month old underwear.  Eventually, he would open the gold clasp and raise the deeply cracked leather cover of the Bible and first look at the family history written inside the front cover in the delicate and intricate handwriting of Mom, before pulling out the well worn honeymoon receipts, which he would shuffle through like a deck of cards before spreading them out on the worn and scratched kitchen table like a kind of dead man’s hand.  Sometimes, he would weep quietly.  Other times, he would pound his fists violently on the table shaking the cans of beans and potatoes on the shelves above.  That is when I knew it was time to make myself scarce.  He never ever opened the Bible any further than the front cover, which made me wonder about the nature of the book itself.  I always pondered the same questions over and over.”  
“Is Bible a filthy word? Is it the animal? The Man, The Woman? Should we burn the book?”
“Is the Word filthy?”, asks The Man, “What are the filthy words? What are the power of Words mired in ****? Who do these words define? Who are you?”

Mama Evil commands a presence,
“****? ****? ****? *****? Broad? *****? Are these the words you use to define me? When that which defines me is the holy chalice, life's catalyst, mia figa, my ****: stand us all on our heads and we all look the same. Regardless of our skin color, or the shape of the bones in our face or the skin around our eyes or the texture of our hair, those folds of flesh, that tunnel to the precipice of the universe, that little happy happy joy joy button, these are what we all have in common and what the whole world simultaneously wants and reviles. It has that much power. A lexical reclamation is taking place. One that will lift up the collective feminine spirit instead of dragging it down to the depths of all pejoratives. ****! The taking back of all pejoratives is an essential part of the reclamation of the collective self-esteem of woman kind! She is a Hindu Goddess! She is the Roman Goddess who is the protector or newborn infants. She is cunctipotent. She is all powerful and creates and destroys the world with her blood sugar **** magic. She is the princess and savior of the Mahabharata, renowned for her hospitality, who willingly receives any traveler who requests food and lodging. She is that benevolent. Durvasas bestows upon her a powerful mantra as payment for that hospitality and with it, Princess Kunti has the power to call on any God in heaven to lie with her and she will bear a son then by the next day. When her husband is rendered sterile as punishment for shooting the Stag King as he mated with his queen, Princess Kunti bears three heirs for the kingdom. She saves the kingdom. She saves the day. She is **** magic at its finest hour and she dwells in all of us who have ever been slandered. So go on, you ignorant *******. Call me a ****. Only you in your infinite small stupidity are skint the knowledge that you have just called me a princess and a savior.”

A comic nerd asks, “What of Power? What is power?”

Mama Evil holds up a single flame, spewing from a cheap blue lighter in her hand. She asks, “What is the power of The Word.” Is it in the book? Or in the air.”

She answers, “The power to choose. Do I set the world on fire, or put out
the flames?”

The room goes dark as she abruptly steals The Man’s usual send off,
“The Word has evolved, my friends.”
Ryan P Kinney Oct 2019
Lords Temple Basement Men
The first Book of The Word
In Nonsense we Trust

Assembled from pre-existing works by John Burroughs, Ryan P. Kinney, Jack McGuane, Cee Williams, Don Lee, Susan Grimm, Joe Roarty, Russ Vidrick, Dianne Boresnik, Mitch James, Tanya Pilumeli, Julie Ursem Marchand, Vicki Acquah, Terry Provost, Adam Brodsky, Lennart Lundh, Raymond McNiece, Hannah Williams, MaxWell Shell, Tim Richards, Ayla Atash, RC (Bob Wilson), Chuck Joy, Katie Daley, Solomon Dixon, Mary Weems, and Gordon Downie
Mostly taken as quotes during live poetry readings. Some stolen from other sources.
Additional content from predictive text by JM Romig, Linkin Park “Powerless,” “Saga of the Swamp Thing” vol. 1, T.S. Eliot, Amalgam Mythos, Kurt Vonnegut, Kevin Smith, and Psalms (chap.):13
Added original content by Ryan P. Kinney, Dr. Benjamin Anthony, and Ayla Atash

“Lords Temple Basement Men,” it says on the door in a badly photocopied sign, replaced freshly each week. The original was built from torn up pieces of bootleg band vinyl stickers left plastered all over the windows of some teenager, surely passed into decaying adulthood long ago.

They gather in the bottom of an abandoned house in the heart of mostly warehouses. Something, someone long ago forgot to bull doze in the wake of morbid industrialization and the zeal to just get more men more jobs while giving them no life, no place to live. They built in their own obsolescence.

A Man stands outside; half catcalling, half showman barker; daring, tempting, bribing people to worship with him. In paint stained torn jeans, long shaggy hair with the bald spot landing pad directly in the center of his head, and shoes barely hanging together on his feet, he bellows out The Word. Somewhere between slam poetry performance and theology lesson, he entices and seduces people to enter. Here, they do not call him Father, or Brother, just person:  Man.  “Hey, Man,” is how they great him.

“Come in and be amongst our broken people (pieces).
Mingle with our shards.
See which cut is the deepest”

People enter a crooked doorway. The Man pulls the peeling door behind them, scrapping the ground as he does so, and leads his flock down the concrete stairs to the basement. They come to a dingy dirt gravel floor and spread out.
The people in the room greet one another, then swarm around one woman,
“You are a good worker.”
“You will be missed.”

The Man steps upon his usual milk crate to open the service. He intones the Capitalist Mantra,
“God Save the Queen
Long live the King
Hail to the Chief
The Lord of all Lies”

And the people chant, “I will not kiss you. I will not bow. I will not bow. I will not be moved.
I love the idea of what I have to be”

The woman swarm, Mama Evil, pushes her way to the front to explain their purpose here,
“This is a strange, mad religious service. Everything is out of place, nothing and no one seems to fit together. We all gather here, but no one seems to-gether. This is less a sermon and more a discussion where the gospel is debated. The (holy) Word is debated, discussed, dissected, compromised, altered, changed, shredded, reused, updated, recreated. It is burnt to cinders, then rises as a phoenix, built out of the broken pieces of all that was said before; what used to be true, but is now casually agreed to be fallacy. We, people, call this Faith. Our membership makes up a multitude. There are Baptists, Catholics, Jews, Muslims, Agnostics, Atheists, Satanists, Buddhists, Capitalists, hippies, goth kids, Starbuck’s sipping bloggers, just plain weird kids in the back working on their latest D&D campaign. We are just people. And he, is just a Man.”
“Dual Spirituality is a possibility. In fact, it is encouraged. Multiple realities are possible. Poly-spirituality is acceptable. The only interconnecting philosophy among us is, ‘Anything is possible at any time for any reason’.”

The People are ready to receive The Holy Spirit and his unique brand of performance poetry,

“In the beginning, there was only The Word, a word. And then more. Which were collected into a story; The Story. And from The Story came creation.
And then came the questions. And The Question was man. Who are we? What are we? Why? Who am I?”
The Man explains,
“We are a beautiful blasphemy to God’s word because we question.”

Let me start with a parable,
“Once upon a time…
There lived a shy little boy and a chatty little girl. Though the two lived really close they never knew each other. That was until one day, the girl entered high school. They met for the first time on the school bus. The boy eavesdropped on her and for the first time spoke to her. Although she was especially irritated, the boy responded. It was with those words that a lifelong love blossomed…
‘You love me, you just don’t know it yet.’

Through the many trials and errors of high school life they grew together. And so, They lived happily ever after.”
“…Except, she didn’t. In this reality, she ran off with a rich older man while taking care of his dying wife, 5 years after those high school sweethearts were married.”
Years later, he would lament,
“It started with a broken heart. Through the crack seeped liquid fire. It engulfed me, burning away all that I was. The flames shall purify me. Boil me down to my base components, and then rebuild me. From the ashes will rise a new entity.
Who am I?”

“What can we learn from this,” asks the Man.

The first interrupter states matter-of-factly, “You are fire. You are love.”
A tie-dyed burnout rants, “Love is fire, Man. It burns. But it also warms and protects… Praise Allah.”
“Amen.”
“Bless you my son.”
“Hail Satan.”

“The last time I hear my heart…” says the bookish-looking woman sitting in the corner, trailing off as she adjusts her literal Coke bottle frames.
Now with ignition to her words, she quotes, “The last time I hear my heart was like a galactic ******. The ****** that made you and touches everything you made. Faith is attempting to live as though we are loved.”

A Drag King high fives her and says, “I liked the galactic ******.”

A torn up, steel-studded, leather clad punk continues, “Promise me you will live…
For nothing…
But the next moment.
No forgiveness, no damnation, only the match I strike on the heel of my boot.”

And then the automaton asks, “What of the devil: the original corruptor, the source of all evil?”

A gym rat, wearing a holey muscle shirt, extends an arm to point as he half sings, “The devil is a wicked man and wears a suit and tie. The devil checked in at noon and asked us, ‘What is the sleep of reason?’ You woke the devil I thought you left behind.”

“The Devil is due; the Devils do,” coos his boyfriend, the semanticist-*******.

The Man answers, “Is not the source of evil the same as the source of creation. Is it not evil to be so selfish as to create, with no concern for how creation will change everything.”

The Wiccan Princess retorts,
“Creation can be bought and sold.
Motherhood is a commodity.
Venus is for sale.
The nativity is shrouded in black.

We've streamlined your desire.
She was only offering an apple anyways.
And filled in that hole in her heart.

Here, we give her to you totally domesticated.
This one is costly, but so worth it.

You never will be worth it.
Earn enough
Be enough

Taste the salt of her tears on your tongue;
the salt of the earth.
She refuses to wear this crown of thorns.

In the eyes of your maker.
You should be ashamed.
To look your Maker in the eyes.”

Mama Evil attempts to chill her blaze, “Dear, the Anger is caged. It is the custom to call children who go to war, men…children of war die like men.”

Their daughter, the littlest girl in the world, coughed. A runny nose explained it, she had the sniffles. Nothing to worry about normally, but here, now? Right now the end of the world was in front of her. Flying saucers were floating down to slaughter the entire world with burning laser jelly. She coughed and picked up a remote with a wheel shaped dial.
“i drank too much pop and i gotta ***.” She said to no one in particular.
She turned the wheel shaped dial and a chorus of voices sounded. The chorus formed itself into an immense wall of sound made of bureaucrats, lawyers and politicians from another dimension. The littlest girl in the world kept turning the dial and saw the bureaucrats wash over the saucers, sending them back into space. The earth was safe, the littlest girl in the world smiled in relief.
And coughed.  

“It seems where demons fail and monsters falter, angels may prevail,” her mothers laughed.

Still incinerated, a goddess queen shouts, “We are the granddaughters of the witches you failed to burn.”

The crowd jostles and pulses like a living being. They are moved by the words they have heard. A chatter rises from them, much like the midnight sounds of the forest. "Who does she think she is?" "She said it. She sure said it." "I'm going to tell Moira all about it." An old woman near the back takes a swig from a bottle of wine she carries under her coat before passing it to a young woman in front of her.
"From fire, new life is born, too," she smiles, a crooked twist of the lips.

Rendered speechless and impotent, The Man abruptly closes this meeting with the usual send off,
“The Word has evolved, my friends.”
Partout pleurs, sanglots, cris funèbres.
Pourquoi dors-tu dans les ténèbres ?
Je ne veux pas que tu sois mort.
Pourquoi dors-tu dans les ténèbres ?
Ce n'est pas l'instant où l'on dort.
La pâle Liberté gît sanglante à ta porte.
Tu le sais, toi mort, elle est morte.
Voici le chacal sur ton seuil,
Voici les rats et les belettes,
Pourquoi t'es-tu laissé lier de bandelettes ?
Ils te mordent dans ton cercueil !
De tous les peuples on prépare
Le convoi... -
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !

Paris sanglant, au clair de lune,
Rêve sur la fosse commune ;
Gloire au général Trestaillon !
Plus de presse, plus de tribune.
Quatre-vingt-neuf porte un bâillon.
La Révolution, terrible à qui la touche,
Est couchée à terre ! un Cartouche
Peut ce qu'aucun titan ne put.
Escobar rit d'un rire oblique.
On voit traîner sur toi, géante République,
Tous les sabres de Lilliput.
Le juge, marchand en simarre,
Vend la loi... -
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !

Sur Milan, sur Vienne punie,
Sur Rome étranglée et bénie,
Sur Pesth, torturé sans répit,
La vieille louve Tyrannie,
Fauve et joyeuse, s'accroupit.
Elle rit ; son repaire est orné d'amulettes
Elle marche sur des squelettes
De la Vistule au Tanaro ;
Elle a ses petits qu'elle couve.
Qui la nourrit ? qui porte à manger à la louve ?
C'est l'évêque, c'est le bourreau.
Qui s'allaite à son flanc barbare ?
C'est le roi... -
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !

Jésus, parlant à ses apôtres,
Dit : Aimez-vous les uns les autres.
Et voilà bientôt deux mille ans
Qu'il appelle nous et les nôtres
Et qu'il ouvre ses bras sanglants.
Rome commande et règne au nom du doux prophète.
De trois cercles sacrés est faite
La tiare du Vatican ;
Le premier est une couronne,
Le second est le nœud des gibets de Vérone,
Et le troisième est un carcan.
Mastaï met cette tiare
Sans effroi... -
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !

Ils bâtissent des prisons neuves.
Ô dormeur sombre, entends les fleuves
Murmurer, teints de sang vermeil ;
Entends pleurer les pauvres veuves,
Ô noir dormeur au dur sommeil !
Martyrs, adieu ! le vent souffle, les pontons flottent ;
Les mères au front gris sanglotent ;
Leurs fils sont en proie aux vainqueurs ;
Elles gémissent sur la route ;
Les pleurs qui de leurs yeux s'échappent goutte à goutte
Filtrent en haine dans nos coeurs.
Les juifs triomphent, groupe avare
Et sans foi... -
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !

Mais il semble qu'on se réveille !
Est-ce toi que j'ai dans l'oreille,
Bourdonnement du sombre essaim ?
Dans la ruche frémit l'abeille ;
J'entends sourdre un vague tocsin.
Les Césars, oubliant qu'il est des gémonies,
S'endorment dans les symphonies
Du lac Baltique au mont Etna ;
Les peuples sont dans la nuit noire
Dormez, rois ; le clairon dit aux tyrans : victoire !
Et l'orgue leur chante : hosanna !
Qui répond à cette fanfare ?
Le beffroi... -
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !

Jersey, mai 1853.
Qu'il me soit arraché des tétins de sa mère
Ce jeune enfant Amour, et qu'il me soit rendu ;
II ne fait que de naître et m'a déjà perdu ;
Vienne quelque marchand, je le mets à l'enchère.

D'un si mauvais garçon la vente n'est pas chère,
J'en ferai bon marché. Ah ! j'ai trop attendu.
Mais voyez comme il pleure, il m'a bien entendu ;
Apaise-toi, mignon, j'ai passé ma colère,

Je ne te vendrai point : au contraire, je veux
Pour Page t'envoyer à ma maîtresse Hélène,
Qui toute te ressemble et d'yeux et de cheveux,

Aussi fine que toi, de malice aussi pleine,
Comme enfants vous croistrez, et vous jouerez tous deux ;
Quand tu seras plus grand, tu me payeras ma peine.


1. Croistrez : Grandirez.
Ryan P Kinney Oct 2019
Lords Temple Basement Men
The first Book of The Word
In Nonsense we Trust

Assembled from pre-existing works by John Burroughs, Ryan P. Kinney, Jack McGuane, Cee Williams, Don Lee, Susan Grimm, Joe Roarty, Russ Vidrick, Dianne Boresnik, Mitch James, Tanya Pilumeli, Julie Ursem Marchand, Vicki Acquah, Terry Provost, Adam Brodsky, Lennart Lundh, Raymond McNiece, Hannah Williams, MaxWell Shell, Tim Richards, Ayla Atash, RC (Bob Wilson), Chuck Joy, Katie Daley, Solomon Dixon, Mary Weems, and Gordon Downie
Mostly taken as quotes during live poetry readings. Some stolen from other sources.
Additional content from predictive text by JM Romig, Linkin Park “Powerless,” “Saga of the Swamp Thing” vol. 1, T.S. Eliot, Amalgam Mythos, Kurt Vonnegut, Kevin Smith, John A. Kinney Jr., and Psalms (chap.):13
Added original content by Ryan P. Kinney, Eli Williams, and Kadie Good

“Lords Temple Basement Men,” it says on the door in a badly photocopied sign, replaced freshly each week. The original was built from torn up pieces of bootleg band vinyl stickers left plastered all over the windows of some teenager, surely passed into decaying adulthood long ago.

They gather in the bottom of an abandoned house in the heart of mostly warehouses. Something, someone long ago forgot to bull doze in the wake of morbid industrialization and the zeal to just get more men more jobs while giving them no life, no place to live. They built in their own obsolescence.

A Man stands outside; half catcalling, half showman barker; daring, tempting, bribing people to worship with him. In paint stained torn jeans, long shaggy hair with the bald spot landing pad directly in the center of his head, and shoes barely hanging together on his feet, he bellows out The Word. Somewhere between slam poetry performance and theology lesson, he entices and seduces people to enter. Here, they do not call him Father, or Brother, just person:  Man.  “Hey, Man,” is how they great him.

"God not only loves a sinner, he prefers them.”
“Come to my parish. Sinners only”
“The lostness of the found, the blindness of the seeing, the spirituality of the atheist, the silence of the spoken.”
“The Covenant of the Sacred Heart.”

People enter a crooked doorway. The Man pulls the peeling door behind them, scrapping the ground as he does so, and leads his flock down the concrete stairs to the basement. Some newbie looks nervously into the stairwell.
From the rear, a maternal voice coos,
“You will be used to the treatments.
Don't worry about it.”
They come to a dingy dirt gravel floor and spread out; filling the space like gas expanding into a cylinder.

The Man steps upon his usual milk crate to open the service. He intones the Capitalist Mantra,
“God Save the Queen
Long live the King
Hail to the Chief
The Lord of all Lies”

And the people chant, “I will not kiss you. I will not bow. I will not bow. I will not be moved.
I love the idea of what I have to be”

The maternal voice steps up to explain their purpose here,
“This is a strange, mad religious service. Everything is out of place, nothing and no one seems to fit together. We all gather here, but no one seems to-gether. This is less a sermon and more a discussion where the gospel is debated. The Word is critiqued, modified, discussed, and changes between its members at each meeting. At any time for no reason, people can interrupt The Man to deny, confirm, suggest, or challenge his statements. The group then decides on the next bit of gospel to be made up on the spot or if what has already been said is still the current phase of perspective. There is no central thought or plan, just a plan for thoughts. We, people, call this Faith. Our membership makes up a multitude. There are Baptists, Catholics, Jews, Muslims, Agnostics, Atheists, Satanists, Buddhists, Capitalists, hippies, goth kids, Starbuck’s sipping bloggers, just plain weird kids in the back working on their latest D&D campaign. Dual Spirituality is a possibility. In fact, it is encouraged. Multiple realities are possible. Poly-spirituality is acceptable. The only interconnecting philosophy among us is, ‘Anything is possible at any time for any reason’.”

The People are ready to receive The Holy Spirit and his unique brand of performance poetry,

“In the beginning, there was only The Word, a word. And then more. Which were collected into a story; The Story. And from The Story came creation.
And then came the questions. And The Question was man. Who are we? What are we? Why? Who am I?”

The Man explains,
“The whole point of The Word is to make up new ones. To defy God’s Word by creating ourselves.”

The first interrupter asks, “How do you say No to God.”

The Man answers,
“You don’t like The Question. You are The Question.
We are relearning how to get lost, hoping to return to the birth of The Word.
Worship yourself and serve only humanity.
No one made you.
You created yourself.
It’s all the same story. The Story of I.”

“We are a beautiful blasphemy to God’s word (because we question).”

“How do you say No?
You don’t.
By understanding there is no such thing as,
No, I can’t. Only I won’t.
It was.
It is.”

A torn up, steel-studded, leather clad punk responds,
“we see others as they are
we see ourselves at every age
and all at once”

And the Man once again responds,
“All that we can think. All that we can imagine. All that we can write, paint, create, feel. All of this is real; somewhere. Depends on which universal perspective you are tuned to. Don’t like the current program playing. Change the channel.”

The professor sitting on the floor, shoeless, begins to riff,
“Yes, this is like that piece about imagination being the genesis of other worlds. About how imagination, all thought, is really tapping multiple frequencies from other universes. Our imaginative creations spawn, tap into, and play back all alternate universes in a non-linear time sense. Cause and effect are not in sequence. All that we think, all that we can come up with creates new worlds, but also accesses those already in effect and plays them. We create worlds that already existed by the time we come up with them in our imagination. They were already there and human minds are organic quantum analog receiving-broadcasting devices. We randomly switch channels with nonlinear frequency, simultaneously, and with varying signal strengths of each universe. We receive, but also feedback into a greater signal. So, we unknowingly create these universes, while also being fed from our own creations. Never, in order. We are the Father and the Son. Our own creators and creations. Our words are the genesis of all the other worlds, but also speak the gospel of the programs already in progress. All that we can imagine is as real as we can conjure.”

A black goddess queen asks, “Then, what do you call God?”

The Man retorts,
“You don't need his name, because you remember the man.
The idea of a memory of a man.
Perhaps the idea is better, stronger, more important than the man.
The idea of a man.
Sometimes, people are the absence of themselves.
And the absence of man is God.”

The semanticist-******* unzips its mask and chimes in, “When you name something you separate it and take ownership of it. We never name ourselves. So I ask you, what is your name? What do you own?”

A tie-dyed burnout rallies a battle cry protest chant,
“Who's the Boss?”
“You.”
“Who's God?”
“You.”
“Who are you?”
“I am (me).”

Another voice screams from the crowd, "I'm a monster, I admit it."

Like a rolling wave, the chatter once soft, “I’m a monster” becomes a chant. Faster and faster the adrenaline rises up, the voices rise up, thunderous shouting fills the room, threatening to burst through the walls and escape into the sky. No longer fearing what others might think they raise their fists and beat their chests, unleashing the monster they tried so hard to hide. Shrieks and guttural instinctual roars, animalistic crawling and seething anger, move through the crowd like a pack of wolves ripping apart a coyote.
The screaming voices spill out,
“God has left long ago and has taken no pity on the lonely wanderer.”
“We are not Abraham or Jesus. We are forgotten.”
“We are the forgotten demons pushed out of Heaven.”
“Or maybe we never belonged there in the first place.”

The maternal voice returns, feeling the scorch of the unrequited emotion, seeks to soothe, “Thus mollified she goes, harsh words forgiven, down highways in the dark by demons driven.”

The Man, the original instigator, adds more fuel to the fire,
“And what drive does she possess that we do not?  To seek out, to be blind to the trapping of the darkness within this corridor? We must look and see how we too can move past the shame and blame of others.  To move past the trappings of our own guilt.  To take within ourselves, our demons, true, but take and guide and build the new.  A new life that we can’t ignore, and when we fall, we feel the scorn.  We feel the bad faith and lies that keep us entangled in the want-to-be-with, the fear to be-without. But we also have a fear to be, to exist in the place of a true “self” and live out our dreams. Though time keeps happening, we remain stagnant, we remain in the place of an inauthentic being, a being-for, not a being-with.  We must seek to be-with.  To be-with our demons, our past, and our temptations toward the dark, toward the place in which the I becomes.  To be. To exist. In this.  That is the place where the divine can breathe.  Though we must remember to always embrace change, for everything is temporary, including our own pain.”

Having spent all his feeling and words carelessly and frivolously, The Man abruptly closes this meeting with the usual send off,
“The Word has evolved, my friends.”
Ryan P Kinney May 2019
By Ryan P. Kinney
A Jigsaw poem adapted from quotes taken at the 50th Anniversary Hessler Street Fair Poetry Competition Judging; Cleveland, OH 5/11/19

A snake crawls about his bleached skull.
Frosted night pales the moon.
(lets dive into his dreams. Will this dead man tell us his tales of madness and delight?)
Mysterious, smoky eyes look back at me.
The very breath of time
A deep breathe for those unafraid to leave the sun behind
It’s just a matter of time. We all fall down.
Quarterly tides that lift my spirit
The truth changes with the promise that nothing can ever remain the same.

Rhymes out of time
Where I can see the truth in each brush stroke.
What would I do with such knowledge, but to ask for more
There ain’t ever going to be a perfect audience
His book will never be bargain basement; overstock.
I’ll never live that long
Poetry isn’t produce
Almost nobody is looking to buy local.

He is part of the people who chose to be lost
Parents often struggle to teach their children how to choose.
Millennials are the forgotten ones
A generation that has no tolerance for *******
He figured it out long ago
He was a captain without a ship.
Burned the ship to save the crew

His tactics had not matured.
He wailed, “I want to feed my mind beauty.”
“I could eat up the kisses you lay on me each day.”
“Chocolate love can correct a lot of mistakes…”
“I need to eat healthier.”

The music rocks me with desolation
Microphone to inform underground
In the morning, still angry with power
I stop and ponder at what I thought was the immaculate conception.
Unshattered crystal can be torn between love me and love me not.
Anywhere is better than the empty side of your bed.

What is the consensus on nonabusive drunks?
The woman with medicine in her voice, she wanted to heal him
However, He was a dog not easily brought to heel.
The salt of the Earth tastes different than the kind Morton makes.

When standing in your sand I feel glass shards cutting into my feet.
Punctured with track marks from an older compass, lifting rose buds through the empty pores.
A life made from the finest threads of silk; gossamer quickly torn asunder.
I don’t want to die at the hands of someone else’s creation. I create my own life
Will she bet hers or mine?

They call me a murderer, but all I’ve killed is a lie.
Undeterred by my hacking
Cutting never worked.
They cut her open, replaced broken parts
She lived, in fact she thrived
While I will remain my shape.

Burial lands are for the living.
The largest human hole ever dug.
Where she could rust in piece with friends and we could finally let go.
There is holiness there in those subtle, dark places

Be bold she whispered, scribbled on the pages of her soul
Follow your wandering heart.

Each aware of the wings blooming ****** and wet; from the other’s shoulders
Flower crowns are essential.
Bathing in sweet feral rain
Pine sap running through his veins
Dining on nature’s primal fruits
While we lie among the roots

The change that never came
At least as a zombie I don't feel my mind rotting
Imagine ******* out bits of dark matter into an open sewer through the center of the city
Our baptism by fire, need not be theirs.

Original quotes from Ryan P. Kinney, Lori Ann Kusterbeck, Barbara Marie Minney, anitakeys, Lorianne Arwood, Audamatik, Jeremy Jusek, Ralph Pittman, Valentine Ventura,Casey Krysztofik, Kevin F. Smith, Kelly Hambly, Diane Ferri, Michael Ceraolo, Maeve Kroeger, Ariel Alexander Fiore, Hannah Gates, Georgia Reash, Eli Hawkins, Shivla Shikwana, Frank Thomas Rosen, Rob Smith, Tam Polzer, Elizabeth Burnette, Julie Ursem Marchand, Nancy Brady, Christine Donofrio, Cat Russell, Keith Allison, Sara Minges, Joan Perkins, Aubrey Crosbey, Tim Richards, Jill Lange, Ashley Pacholewski, Krystal Evans, John Burroughs, Renee Sanders, Azriel Johnson
Ryan P Kinney Jan 2020
The first Book of The Word
In Nonsense we Trust

Assembled from pre-existing works by John Burroughs, Ryan P. Kinney, Jack McGuane, Cee Williams, Don Lee, Susan Grimm, Joe Roarty, Russ Vidrick, Dianne Boresnik, Mitch James, Tanya Pilumeli, Julie Ursem Marchand, Vicki Acquah, Terry Provost, Adam Brodsky, Lennart Lundh, Raymond McNiece, Hannah Williams, MaxWell Shell, Tim Richards, Ayla Atash, RC (Bob Wilson), Chuck Joy, Katie Daley, Solomon Dixon, Mary Weems, Cat Russell, and Gordon Downie
Mostly taken as quotes during live poetry readings. Some stolen from other sources.
Additional content from predictive text by JM Romig, Linkin Park “Powerless,” “Saga of the Swamp Thing” vol. 1, T.S. Eliot, Amalgam Mythos, Kurt Vonnegut, Kevin Smith, and Psalms (chap.):13
Added original content by Ryan P. Kinney, Mitch James, Ellie St. Cyr, and Evan Spooner

“Lords Temple Basement Men,” it says on the door in a badly photocopied sign, replaced freshly each week. The original was built from torn up pieces of bootleg band vinyl stickers left plastered all over the windows of some teenager, surely passed into decaying adulthood long ago.

They gather in the bottom of an abandoned house in the heart of mostly warehouses. Something, someone long ago forgot to bull doze in the wake of morbid industrialization and the zeal to just get more men more jobs while giving them no life, no place to live. They built in their own obsolescence.

A Man stands outside; half catcalling, half showman barker; daring, tempting, bribing people to worship with him. In paint stained torn jeans, long shaggy hair with the bald spot landing pad directly in the center of his head, and shoes barely hanging together on his feet, he bellows out The Word. Somewhere between slam poetry performance and theology lesson, he entices and seduces people to enter. Here, they do not call him Father, or Brother, just person:  Man.  “Hey, Man,” is how they great him.

“But when your empty heart is weighed”
"What are you really worth?
These people call this Faith,
bring them to my table
the next bit of gospel
I wrote on a napkin”

People enter a crooked doorway. The Man pulls the peeling door behind them, scrapping the ground as he does so, and leads his flock down the concrete stairs to the basement. They come to a dingy dirt gravel floor and spread out.
The people in the room greet one another, then swarm around one woman,
“You will be used to the treatments.”
“I am not sure that you are.”
“You will be missed.”

The Man steps upon his usual milk crate to open the service. He intones the Capitalist Mantra,
“God Save the Queen
Long live the King
Hail to the Chief
The Lord of all Lies”

And the people chant, “I will not kiss you. I will not bow. I will not bow. I will not be moved.
I love the idea of what I have to be”

Princess Mommy steps up to explain their purpose here,
“This is a strange, mad religious service. Everything is out of place, nothing and no one seems to fit together. We all gather here, but no one seems to-gether. This is less a sermon and more a discussion where the gospel is debated. The (holy) Word is debated, discussed, dissected, compromised, altered, changed, shredded, reused, updated, recreated. It is burnt to cinders, then rises as a phoenix, built out of the broken pieces of all that was said before; what used to be true, but is now casually agreed to be fallacy. This Faith makes up a multitude. There are Baptists, Catholics, Jews, Muslims, Agnostics, Atheists, Satanists, Buddhists, Capitalists, hippies, goth kids, Starbuck’s sipping bloggers, just plain weird kids in the back working on their latest D&D campaign. We are just people. And he, is just a Man.”
“As the recovering Catholic Kevin Smith wrote, It’s not important which faith you are, just that you have faith.”

The People are ready to receive The Holy Spirit and his unique brand of performance poetry,

“In the beginning, there was only The Word, a word. And then more. Which were collected into a story; The Story. And from The Story came creation.
And then came the questions. And The Question was man. Who are we? What are we? Why? Who am I?”

“I am the mask wearing the man of eternity. In me, you see the face of history. A history we make up as we go.
The God of fallen leaves, leaves us... waiting for eternity to begin.
The Prophet Vonnegut says, ‘The question echoes back through time and disappears.
History. Read it and weep.
Tonight is a verb.”

From the crowd come the First voice, reading from his screenplay, "I was the table of contents, a footnote... running away from the beginning of the book. Perhaps no one knew we were living happily ever after until the book was over."

The Mallrat replies,
“Of all the words of Mice and Men the saddest words are ‘It Might’ve been.’
No need to despair
It was
It has
Somewhere else
Your soul is saved
All that Might’ve has already happened. ‘

“We are charming little liars,” retorts The Man, “We are a beautiful blasphemy to God’s word.”

The comic nerd slowly whispers, “All is truth, but every man is a liar. Sell me another artificially-derived slow suicide.”

A scientist cleans his glasses as he recites, “A world full of smoke and mirror nonsense -
It’s a religion of smoke and mirror nonsense
Only The Word is true and we make it up as we go.
In Nonsense is strength”

“So it is spoken, so it is true,” The Man energetically agrees.

An alien voice asks choppily, “Touch me
if you want to
believe in me
and the nothing I know”

“Sing the praises of the Holy Unknowing,” croons The Man, “We know nothing, therefore, we know all.”

And then, he drops into a haiku,


A bi-gender beauty asks no one (for permission), “Let me sling a little freestyle verse,

I'm steeple chased because some animal church wants to make me foxtrot in tempo with the braying boy
Pinnochio wants to make me hog its slops like Pigpen McSomething grateful and dead.
A fountain of youthful talent chemically imbalanced.
...with a grey skull full of He-man."

"Look at him!" they say.
"Give him a gun!" says another.
"A bomb!" a third spurts.
"Shows us your trigger finger!" they yell.

"My little boy," Princess Mommy whispers below the rush of gruff voices, her words staccato.

They answer her, "So I CAN taste the infernal darkness,” as the crowd falls silent

Princess Mommy chides them, “We know there is a sweetness in that which we cannot see. We know there is danger in that which we cannot hear.
Our bodies shake, our minds quake in anticipation of his words. It is almost time.”

The Man speaks again.
"Surely it is known, my brethren, that we are the Third Coming, the Breaking of the Seventh Seal that will signal the end of our oppressors. When we emerge victorious from the fires of battle, there will be no value left in the binary. No twos, only two or more. The Old Ways shall perish. We will shake off the chains, pull out the nails from our hands and feet, and the world which rejected us will rise anew under our leadership. Surely, it is known. Surely, it has been spoken. Jesus themself is at our back, and therefore we shall not fail."

“What a wealthy country, but no one’s coming to pay my bail,” sings the rainbow man, “They’re bragging they own my soul.”

"I don't want to bother anyone with my prayers,” prays the bi-gender person, secretly proud of leading the riot.

Sensing it is time to take to the streets, The Man closes the meeting with the same send off,
“The Word has evolved, my friends.”
Un jeune grand seigneur à des jeux de hasard
Avait perdu sa dernière pistole,
Et puis joué sur sa parole :
Il fallait payer sans ****** ;
Les dettes du jeu sont sacrées.
On peut faire attendre un marchand,
Un ouvrier, un indigent,
Qui nous a fourni ses denrées ;
Mais un escroc ? L'honneur veut qu'au même moment
On le paye, et très poliment.
La loi par eux fut ainsi faite.
Notre jeune seigneur, pour acquitter sa dette,
Ordonne une coupe de bois.
Aussitôt les ormes, les frênes,
Et les hêtres touffus, et les antiques chênes,
Tombent l'un sur l'autre à la fois.
Les faunes, les sylvains, désertent les bocages ;
Les dryades en pleurs regrettent leurs ombrages ;
Et le dieu Pan, dans sa fureur,
Instruit que le jeu seul a causé ces ravages,
S'en prend à la Fortune : ô mère du malheur,
Dit-il, infernale furie,
Tu troubles à la fois les mortels et les dieux,
Tu te plais dans le mal, et ta rage ennemie...
Il parlait, lorsque dans ces lieux
Tout-à-coup paraît la déesse.
Calme, dit-elle à Pan, le chagrin qui te presse ;
Je n'ai point causé tes malheurs :
Même aux jeux de hasard, avec certains joueurs,
Je ne fais rien. - Qui donc fait tout ? - L'adresse.
Ryan O'Leary Sep 2018
Ce matin a la Coustellet Marche
(this morning at the Coustellet market)
Un marchand me donne, une Rose Rouge.
(A stall holder gave me a red rose)
J'ai pensee que c'etait bazaar!
(I thought it was a bit strange)
A cause de ca, je lui demande, expliquer?
(Because of that, I asked him to explain?)
Excusez moi Monsieur, mais pourquoi?
(Excuse me sir, but why did you give it to me?)

"Parce que monsieur, vous etes un vrai Mother-******"
(Because you are a proper *******)

                           <>


Mother's Day in 2018 was on Sunday, the 13th of May (13/5/2018)
In France on mothers day, all women
are given a red rose at the markets.

— The End —