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Muse méduse, vierge et tremblante séductrice
Tu m'as demandé de te conter fleurette
Avec des mots fleuris
Avec des mots obscènes
Une fois qu'on serait intimes
Des mots cochons
Des mots sales, crus, cuits et recuits
Des mots tabous, interdits
Indécents et lubriques
Et je t'ai demandé de me fournir un échantillon
Et tu m'as dit que tu n'en possédais aucun.

J'ai cherché en vain un mot qui pourrait te plaire à entendre,
Ma chérie miel
Et aussi bien me plaire à te murmurer à l'oreille
En plein badinage et tripotage
Quelque chose qui véhicule l'idée de muse
Et dans allumeuse il y a muse
Mais allumeuse n 'est pas cochon
J 'ai pensé à fille de joie, fille de vie, traînée, souillon,
Ma cochonne, ma gueuse
Obscènes d'un tout autre âge
Et c'est alors que j'ai entrevu un instant
De te chuchoter catin à l'oreille.
Catin ça fait penser à câlin c'est un avantage
Mais ça fait aussi penser à salope et ça je n 'ai pas trouvé très élégant,
Même quitte à ajouter merveilleuse juste devant,
Ni putain ni **** d'ailleurs, même avec magnifique ou tendre,
Je suis donc revenu en catimini à catin.
Catin de katharina la parfaite, de katharos, pur en grec
Catin de Catherine le diminutif
Ma petite muse catin à moi, ma poupée dévote orthodoxe
Et perverse juste à point comme j'aime
Catin precieuse comme Manon Lescaut, soprano
Et j 'ai laissé le mot tabou macérer dans ma bouche vile quatre jours et quart.
Un jour peut-être j'aurai l 'envie et le courage de te le dire en plein déluge.
Peut-être dans une autre langue.
En anglais par exemple strumpet, trollop, bawd
En portugais meretriz
En roumain cocota
En allemand wanderhure
Tu m'appelleras alors fripon, chevalier des Grieux, ténor,
Tu me demanderas alors de te chanter des chansons cochonnes
Sur des airs de Massenet ou de Puccini
Des chansons à boire, polissonnes
Que je te chanterai à tue-tête pendant l'acte.
Tu voudras me cravacher avec une plume de paon
Pendant que tu me monteras
Ou joueras à l'infirmière
On fera l'amour sur les bancs publics
Discrètement et sûrement
Et tu ne porteras pas ta petite culotte bleue
Imprimée de rares papillons morpho
On échangera nos fantasmes
Comme quand petits on échangeait nos images ou nos billes
Tout ce que nous n'avons jamais fait
Tout ce que nous rêvons de faire ensemble
On parlera de se baîllonner, de s'entraver, de s'attacher
de se mettre un bandeau sur les yeux
On improvisera
Tu seras Poppy la cosmonaute
Et moi E.T. le martien.
Tu seras Apollo VIII
Et moi Cap Canaveral
Obscènes et heureux
Complices
Nus et sincères et amoureux
Dans un voyage intersidéral d'aller-retours
Entre la Terre et la Lune
Saturne et ses lunes
En apesanteur
Pour deux éternités.
Fable V, Livre IV.


Don pourceau, lâché dans la plaine,
S'émancipait à travers choux,
Flairant, fouillant dans tous les trous,
Et, dans l'espoir de quelque aubaine,
Mettant tout sens dessus dessous.
Du fait sa noble espèce est assez coutumière.
Or donc, après avoir ravagé maint terrier,
Saccagé mainte fourmilière,
Ecrasé mainte taupinière,
Mon galant va dans un guêpier
Donner la tête la première.
Vous devinez comment il y fut accueilli.
En un clin d'œil son nez immonde,
Par la peuplade furibonde,
De toutes parts est assailli.
Malgré l'épais abri du lard qui l'environne,
Ce pauvre nez paya pour toute la personne,
Et fut par l'aiguillon chatouillé jusqu'au bout.
Étourdis, prenez-y donc garde !
Vous voyez que l'on se hasarde
À mettre ainsi le nez partout.
Travis Hornsby Oct 2014
You called me “Cochon”
The night you told me
So I hit you hard
I hit you so hard
The tumour felt it
I woke up crying
Face up in your lap
Lapping up your tears
Like a young swallow
Swallows its mother’s
Face-full of bile-worm
And I said to you
I don’t want to love
A living headstone

And you called me “Chatte”
Practicing naked
Downward-facing dog
Before your pelvis
With less fur, more *****
Regurgitating
***** of skin, of taint,
Tainted skin, birthmark
Marked malignant skin
Like a mother bird
For her naked chick
Shed of its cancer
By my grating tongue
And I called you “Chien”  

You called me for help
Through your sealed eyelids
Enveloping eyes
You no longer own
Only for a kiss
And so I kiss you
I kiss you so hard
On your cataract
It clears your socket
Now bloodied, benign
Like a cuckoo’s nest
And I said to you
I had hated it
When you spoke in French
Donc, c'est moi qui suis l'ogre et le bouc émissaire.
Dans ce chaos du siècle où votre coeur se serre,
J'ai foulé le bon goût et l'ancien vers françois
Sous mes pieds, et, hideux, j'ai dit à l'ombre : « Sois ! »
Et l'ombre fut. -- Voilà votre réquisitoire.
Langue, tragédie, art, dogmes, conservatoire,
Toute cette clarté s'est éteinte, et je suis
Le responsable, et j'ai vidé l'urne des nuits.
De la chute de tout je suis la pioche inepte ;
C'est votre point de vue. Eh bien, soit, je l'accepte ;
C'est moi que votre prose en colère a choisi ;
Vous me criez : « Racca » ; moi je vous dis : « Merci ! »
Cette marche du temps, qui ne sort d'une église
Que pour entrer dans l'autre, et qui se civilise ;
Ces grandes questions d'art et de liberté,
Voyons-les, j'y consens, par le moindre côté,
Et par le petit bout de la lorgnette. En somme,
J'en conviens, oui, je suis cet abominable homme ;
Et, quoique, en vérité, je pense avoir commis,
D'autres crimes encor que vous avez omis.
Avoir un peu touché les questions obscures,
Avoir sondé les maux, avoir cherché les cures,
De la vieille ânerie insulté les vieux bâts,
Secoué le passé du haut jusques en bas,
Et saccagé le fond tout autant que la forme.
Je me borne à ceci : je suis ce monstre énorme,
Je suis le démagogue horrible et débordé,
Et le dévastateur du vieil A B C D ;
Causons.

Quand je sortis du collège, du thème,
Des vers latins, farouche, espèce d'enfant blême
Et grave, au front penchant, aux membres appauvris ;
Quand, tâchant de comprendre et de juger, j'ouvris
Les yeux sur la nature et sur l'art, l'idiome,
Peuple et noblesse, était l'image du royaume ;
La poésie était la monarchie ; un mot
Était un duc et pair, ou n'était qu'un grimaud ;
Les syllabes, pas plus que Paris et que Londres,
Ne se mêlaient ; ainsi marchent sans se confondre
Piétons et cavaliers traversant le pont Neuf ;
La langue était l'état avant quatre-vingt-neuf ;
Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes :
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versailles aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqué d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : « Qu'il s'en aille ;  »
Et Voltaire criait :  « Corneille s'encanaille ! »
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins ; je m'écriai :  « Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ? »
Et sur l'Académie, aïeule et douairière,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,

Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis :  « Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur ! »
Discours affreux ! -- Syllepse, hypallage, litote,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns les Scythes et les Daces,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?
Guichardin a nommé le Borgia ! Tacite
Le Vitellius ! Fauve, implacable, explicite,
J'ôtai du cou du chien stupéfait son collier
D'épithètes ; dans l'herbe, à l'ombre du hallier,
Je fis fraterniser la vache et la génisse,
L'une étant Margoton et l'autre Bérénice.
Alors, l'ode, embrassant Rabelais, s'enivra ;
Sur le sommet du Pinde on dansait Ça ira ;
Les neuf muses, seins nus, chantaient la Carmagnole ;
L'emphase frissonna dans sa fraise espagnole ;
Jean, l'ânier, épousa la bergère Myrtil.
On entendit un roi dire : « Quelle heure est-il ? »
Je massacrais l'albâtre, et la neige, et l'ivoire,
Je retirai le jais de la prunelle noire,
Et j'osai dire au bras : « Sois blanc, tout simplement. »
Je violai du vers le cadavre fumant ;
J'y fis entrer le chiffre ; ô terreur! Mithridate
Du siège de Cyzique eût pu citer la date.
Jours d'effroi ! les Laïs devinrent des catins.
Force mots, par Restaut peignés tous les matins,

Et de Louis-Quatorze ayant gardé l'allure,
Portaient encor perruque ; à cette chevelure
La Révolution, du haut de son beffroi,
Cria : « Transforme-toi ! c'est l'heure. Remplis-toi
- De l'âme de ces mots que tu tiens prisonnière ! »
Et la perruque alors rugit, et fut crinière.
Liberté ! c'est ainsi qu'en nos rébellions,
Avec des épagneuls nous fîmes des lions,
Et que, sous l'ouragan maudit que nous soufflâmes,
Toutes sortes de mots se couvrirent de flammes.
J'affichai sur Lhomond des proclamations.
On y lisait : « Il faut que nous en finissions !
- Au panier les Bouhours, les Batteux, les Brossettes
- A la pensée humaine ils ont mis les poucettes.
- Aux armes, prose et vers ! formez vos bataillons !
- Voyez où l'on en est : la strophe a des bâillons !
- L'ode a des fers aux pieds, le drame est en cellule.
- Sur le Racine mort le Campistron pullule ! »
Boileau grinça des dents ; je lui dis :  « Ci-devant,
Silence ! » et je criai dans la foudre et le vent :
« Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxe ! »
Et tout quatre-vingt-treize éclata. Sur leur axe,
On vit trembler l'athos, l'ithos et le pathos.
Les matassins, lâchant Pourceaugnac et Cathos,
Poursuivant Dumarsais dans leur hideux bastringue,
Des ondes du Permesse emplirent leur seringue.
La syllabe, enjambant la loi qui la tria,
Le substantif manant, le verbe paria,
Accoururent. On but l'horreur jusqu'à la lie.
On les vit déterrer le songe d'Athalie ;
Ils jetèrent au vent les cendres du récit
De Théramène ; et l'astre Institut s'obscurcit.
Oui, de l'ancien régime ils ont fait tables rases,
Et j'ai battu des mains, buveur du sang des phrases,
Quand j'ai vu par la strophe écumante et disant
Les choses dans un style énorme et rugissant,
L'Art poétique pris au collet dans la rue,
Et quand j'ai vu, parmi la foule qui se rue,
Pendre, par tous les mots que le bon goût proscrit,
La lettre aristocrate à la lanterne esprit.
Oui, je suis ce Danton ! je suis ce Robespierre !
J'ai, contre le mot noble à la longue rapière,
Insurgé le vocable ignoble, son valet,
Et j'ai, sur Dangeau mort, égorgé Richelet.
Oui, c'est vrai, ce sont là quelques-uns de mes crimes.
J'ai pris et démoli la bastille des rimes.
J'ai fait plus : j'ai brisé tous les carcans de fer
Qui liaient le mot peuple, et tiré de l'enfer
Tous les vieux mots damnés, légions sépulcrales ;
J'ai de la périphrase écrasé les spirales,
Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel
L'alphabet, sombre tour qui naquit de Babel ;
Et je n'ignorais pas que la main courroucée
Qui délivre le mot, délivre la pensée.

L'unité, des efforts de l'homme est l'attribut.
Tout est la même flèche et frappe au même but.

Donc, j'en conviens, voilà, déduits en style honnête,
Plusieurs de mes forfaits, et j'apporte ma tête.
Vous devez être vieux, par conséquent, papa,
Pour la dixième fois j'en fais meâ culpâ.
Oui, si Beauzée est dieu, c'est vrai, je suis athée.
La langue était en ordre, auguste, époussetée,
Fleur-de-lys d'or, Tristan et Boileau, plafond bleu,
Les quarante fauteuils et le trône au milieu ;
Je l'ai troublée, et j'ai, dans ce salon illustre,
Même un peu cassé tout ; le mot propre, ce rustre,
N'était que caporal : je l'ai fait colonel ;
J'ai fait un jacobin du pronom personnel ;
Dur participe, esclave à la tête blanchie,
Une hyène, et du verbe une hydre d'anarchie.

Vous tenez le reum confitentem. Tonnez !
J'ai dit à la narine : « Eh mais ! tu n'es qu'un nez !  »
J'ai dit au long fruit d'or : « Mais tu n'es qu'une poire !  »
J'ai dit à Vaugelas : « Tu n'es qu'une mâchoire ! »
J'ai dit aux mots : « Soyez république ! soyez
La fourmilière immense, et travaillez ! Croyez,
Aimez, vivez ! » -- J'ai mis tout en branle, et, morose,
J'ai jeté le vers noble aux chiens noirs de la prose.

Et, ce que je faisais, d'autres l'ont fait aussi ;
Mieux que moi. Calliope, Euterpe au ton transi,
Polymnie, ont perdu leur gravité postiche.
Nous faisons basculer la balance hémistiche.
C'est vrai, maudissez-nous. Le vers, qui, sur son front
Jadis portait toujours douze plumes en rond,
Et sans cesse sautait sur la double raquette
Qu'on nomme prosodie et qu'on nomme étiquette,
Rompt désormais la règle et trompe le ciseau,
Et s'échappe, volant qui se change en oiseau,
De la cage césure, et fuit vers la ravine,
Et vole dans les cieux, alouette divine.

Tous les mots à présent planent dans la clarté.
Les écrivains ont mis la langue en liberté.
Et, grâce à ces bandits, grâce à ces terroristes,
Le vrai, chassant l'essaim des pédagogues tristes,
L'imagination, tapageuse aux cent voix,
Qui casse des carreaux dans l'esprit des bourgeois ;
La poésie au front triple, qui rit, soupire
Et chante, raille et croit ; que Plaute et Shakspeare
Semaient, l'un sur la plebs, et l'autre sur le mob ;
Qui verse aux nations la sagesse de Job
Et la raison d'Horace à travers sa démence ;
Qu'enivre de l'azur la frénésie immense,
Et qui, folle sacrée aux regards éclatants,
Monte à l'éternité par les degrés du temps,

La muse reparaît, nous reprend, nous ramène,
Se remet à pleurer sur la misère humaine,
Frappe et console, va du zénith au nadir,
Et fait sur tous les fronts reluire et resplendir
Son vol, tourbillon, lyre, ouragan d'étincelles,
Et ses millions d'yeux sur ses millions d'ailes.

Le mouvement complète ainsi son action.
Grâce à toi, progrès saint, la Révolution
Vibre aujourd'hui dans l'air, dans la voix, dans le livre ;
Dans le mot palpitant le lecteur la sent vivre ;
Elle crie, elle chante, elle enseigne, elle rit,
Sa langue est déliée ainsi que son esprit.
Elle est dans le roman, parlant tout bas aux femmes.
Elle ouvre maintenant deux yeux où sont deux flammes,
L'un sur le citoyen, l'autre sur le penseur.
Elle prend par la main la Liberté, sa soeur,
Et la fait dans tout homme entrer par tous les pores.
Les préjugés, formés, comme les madrépores,
Du sombre entassement des abus sous les temps,
Se dissolvent au choc de tous les mots flottants,
Pleins de sa volonté, de son but, de son âme.
Elle est la prose, elle est le vers, elle est le drame ;
Elle est l'expression, elle est le sentiment,
Lanterne dans la rue, étoile au firmament.
Elle entre aux profondeurs du langage insondable ;
Elle souffle dans l'art, porte-voix formidable ;
Et, c'est Dieu qui le veut, après avoir rempli
De ses fiertés le peuple, effacé le vieux pli
Des fronts, et relevé la foule dégradée,
Et s'être faite droit, elle se fait idée !

Paris, janvier 1834.
Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats

Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique

Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments.
Bite Schoen, Fraulein !
Jouons avec les mots rébus
Nus et sincères.
Appelons une chatte une chatte
Et une bite une bite.
Mouillons et bandons
Suçons voluptueusement nos mots tabous
Jusqu'à la moelle
Appelons cul Luc
Et bite Tobie
Lâchons-nous
Sans laisse et sans harnais
Vive la bagatelle sans filet
Quand j'avance tu recules
Comment veux-tu comment veux-tu
Que je te culbute ?
Ou tu préfères encule
Soyons salaud féminin salope
Vicieuse masculin vicieux
Jouissons de toutes nos jutes
Buvons nos vins clairet
Et nos sirops typhon
Universels et panachés
Tu préfères à la cuillère ou directement au pis du mammifère ?
Jouissons, mignonne
Cochon cochonne
Allons voir si la rose
Qui ce matin avait éclose
N'a point perdu cette vesprée
Les plis de sa verge pourprée
Baisons Baisons
Qu'un sang impur arrose nos sillons.
Tu préfères zizi, anguille, oiseau ?
Moi je me présente quand même
Je m'appelle Orphie et si tu veux
Tu peux prononcer Orphée
Et toi ma chatte de lynx, ma pie qui chante,
Tu dis utérus comme si tu voulais me dire
Que tu es musicale et que je dois
Te prendre à la hussarde de ma clé d'ut
Ou ai-je mal compris, serait-ce ma clé de huit ?
Moi j'appelle ton repaire palourde,
Conque de lambi ou hortensia,
Zmeu, car tu te transformes quand tu veux
En nuage de cerfs-volants
Et tu m'emportes avec toi tourbillonneuse
Tourbillonneuse oui car tu réinventes la syntaxe et le lexique
Tourbillonneuse, adjectif qualificatif, féminin singulier
Dans le creux profond de tes dents acérées
Quand tu me suces j'oublie tout
J'oublie que tu t'appelles Eurydice
Et je jouis en Aura dans tous ses orifices
Ne sois pas vulgaire
Ne me dis pas je t'aime
Mais dis-moi chaque fois que ça te chatouille
J'ai envie de toi.
Ou baise-moi là tout de suite
Et tout de suite ne veut pas dire vite
C'est lentement que je veux t'administrer mon vit
A petites doses
Tu préfères devant ou derrière ?
En haut ou en bas ou côte à côte ?
A propos
Tu sais que lès ça veut dire à côté
Et que ça a la même racine latine que latéral ?

Lentement disais-je
Parcourons nos bréviaires
Et chantons nos poèmes lubriques
Et cantiques tantriques

Veux-tu que je te fouette de ma langue rose
Et que j'engloutisse de mes grosses lèvres tes petites lèvres
Fais couler ta liqueur que je m'en pourlèche
Suce-moi le sein
Je veux que mon aréole change de couleur
Et que mon mamelon devienne de la taille de mon dard.
J'aime quand tu dis ça
Tu dis fais moi ça
Ou j'aime ça, tu savoures
Et même dans un simple ça va chez toi
Je sens que tu es dans tous ses états.
Tu veux que je t'apaises et en même temps
Tu ne penses qu'à brûler de plus belle.

Et chaque fois que je renais des cendres de tes caresses
Tu as tes yeux d'anthropologue qui réclament encore le tout et les parties
Et je fais mine de me plaindre
Je te dis que tu es Insatiable
Mais déjà je bande Incurable
Car il suffit que tu me regardes
Avec ces yeux de chatte lynx de ces instants-là
Pour que je batte des cils.

Tu es caniculaire en permanence
Tu es humide et généreuse quand tu chantes
Je te prends, tu me prends par la barbichette
Le premier qui jouira
Aura une sucette
Et moi je tire la chevillette et la chevillette cherra
Car je sais que tu es mon ombre et que je suis la tienne
Nous nous fondons dans nos ombres respectives dans le miroir
Et c'est dans nos ombres que nous nous faisons tous ces câlins jouissifs
C'est à travers elles que nous montrons
Nos envies et désirs d'immortalité
A travers les petites morts répétées
Les petites extases quotidiennes
Des mots quels qu'il soient qui nous lient
En de petits cailloux sur la route qui mène aux neiges du parinirvana.

Alors pour résumer notre texte

Je commence par le titre,
A toi la dédicace et à moi la préface.
Préliminaires obligatoires.
Tu m''exposes les grandes lignes de notre mémoire
Et je procède à l'introduction et au développement.
A toi la thèse à moi l'antithèse ou vice et versa.
Avant de conclure par une virgule
Je récapitule et j'écris le mot faim
Et toi tu continues sur le même rythme
Car notre histoire n'a pas de fin,
Notre histoire est Insatiable et Immortelle.
Tu es la Muse je suis le Musc
Et notre film se lit non pas en noir et blanc
Mais en yin et yang,
Tu bois, c'est hideux ! presque autant que moi.

Je bois, c'est honteux, presque plus que toi,

Ce n'est plus ce qu'on appelle une vie...

Ah ! la femme, fol, fol est qui s'y fie !


Les hommes, bravo ! c'est fier et soumis,

On peut s'y fier, voilà des amis !

Nous buvons, mais, vous mesdames, l'ivresse

Vous va moins qu'à nous, - te change en tigresse.


Moi tout au plus en un simple cochon ;

Quelque idéal sot dans mon cabochon,

Quelque bêtise en sus, quelque sottise

En outre, - mais toi, la fainéantise,


La méchanceté, l'obstination,

Un peu le vice et beaucoup l'option,

Pour être plus folle, sur ma parole !

Que ma folie à moi déjà si folle.


Ces réflexions me coûtent beaucoup,

Mais ce soir je suis d'une humeur de loup.

Excuse, si mon discours va si rogue,

Mais ce soir je suis d'une humeur de dogue.


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Bah ! buvons pas trop (s'il nous est possible),

Ma bouche est un trou, la tienne est un crible.

Dieu saura bien reconnaître les siens.

Morale : surtout baisons-nous - et viens !
S’il m’était donné de choisir, comme une dernière bouée de sauvetage, au faîte de ma déréliction endémique, entre le pinacle à la française à Fontainebleau et la géhenne à deux encablures de la tour de Pise, je choisirais assurément, sans l’ombre d’un doute, sans l’ombre d’une hésitation, sans un cillement d’yeux, le paradis des hardis réprouvés dans la géhenne toscane.

Géhenne pour géhenne s’il m’était donné de choisir comme compagnons de noble moisissure entre Marie Joseph Rose (1763-1814) et Marie-Louise (1778-1851), j’opterais aussi vite que l’éclair qui zèbre l’oeil ivre des cyclones autistes pour l’épouse d’Henri (1767-1820) aux détriments de la créole impératrice et pour le Grenadien plus que pour le Corse (1769-1821).

Entre la géhenne aux relents de sangliers épicés de gui des druides rôtissant sous les langues de flammes du bûcher de Jeanne la Pucelle (1412-1431) et celle aux humeurs de sang du cochon noir scarifié par Cécile Fatiman (1775-1883) épouse Pierrot (Jean Louis Michel Paul) (1761-1857) qui vécut plus que centenaire, permettez que je préfère un bail de cent et quelques douze ans à vol d’oiseau de Bwa Kayiman.

Sur mon échafaud ce n’est pas Louis Le Dernier l’ex-Seizième (1754-1793) et sa fleur de lys que je pleure mais Boukman Dutty (?- 1791), le Jamaïquain et son cou coupé cloué!

S’il m’était donné de choisir à l’heure de mon dernier mercredi des Cendres entre extrême-onction de poussière boréale aux parfums de lavande et de papier bible et viatique de poussière volcanique aux fumets de soufre et de bay-rhum, ce ne serait aucun sacrifice que de faire libation des tourments d’amour et de feu de cette boue vavalesque des Bains Jaunes car je suis né par la volonté des cyclones de cette poussière rouge et noire à la fois, et de cette poussière kako je ne sortirai que par la force des genèses des cyclones-baïonnettes.

— The End —