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Messieurs les beaux esprits dont la prose et les vers
Sont d'un style pompeux et toujours admirable,
Mais que l'on n'entend point, écoutez cette fable,
Et tâchez de devenir clairs.
Un homme qui montrait la lanterne magique
Avait un singe dont les tours
Attiraient chez lui grand concours.
Jacqueau, c'était son nom, sur la corde élastique
Dansait et voltigeait au mieux,
Puis faisait le saut périlleux,
Et puis sur un cordon, sans que rien le soutienne,
Le corps droit, fixe, d'aplomb,
Notre Jacqueau fait tout du long
L'exercice à la prussienne.
Un jour qu'au cabaret son maître était resté
(C'était, je pense, un jour de fête),
Notre singe en liberté
Veut faire un coup de sa tête.
Il s'en va rassembler les divers animaux
Qu'il petit rencontrer dans la ville ;
Chiens, chats, poulets, dindons, pourceaux,
Arrivent bientôt à la file.
Entrez, entrez, messieurs, criait notre Jacqueau,
C'est ici, c'est ici qu'un spectacle nouveau
Vous charmera gratis.
Oui, messieurs, à la porte
On ne prend point d'argent ; je fais tout pour l'honneur.
A ces mots, chaque spectateur
Va se placer, et l'on apporte
La lanterne magique ; on ferme les volets,
Et par un discours fait exprès Jacqueau prépare l'auditoire.
Ce morceau vraiment oratoire
Fit bâiller, mais on applaudit.
Content de son succès, notre singe saisit
Un verre peint qu'il met dans sa lanterne.
Il sait comment on le gouverne,
Et crie, en le poussant : Est-il rien de pareil ?
Messieurs, vous voyez le soleil,
Ses rayons et toute sa gloire.
Voici présentement la lune, et puis l'histoire
D'Adam, d'Ève et des animaux ...
Voyez, messieurs, comme ils sont beaux !
Voyez la naissance du monde ;
Voyez ... Les spectateurs, dans une nuit profonde,
Écarquillaient leurs yeux et ne pouvaient rien voir,
L'appartement, le mur, tout était noir.
Ma foi, disait un chat, de toutes les merveilles
Dont il étourdit nos oreilles,
Le fait est que je ne vois rien.
Ni moi non plus, disait un chien.
Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose
Mais je ne sais pour quelle cause
Je ne distingue pas très bien.
Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne
Parlait éloquemment, et ne se lassait point.
Il n'avait oublié qu'un point :
C'était d'éclairer sa lanterne.
Paul d'Aubin Feb 2016
Trois Poèmes sur l’été en Corse et Letia
L’été Corse

L'été est la saison bleue
tant attendue, tant espérée
quand le froid de l'hiver vous glace,
quand le printemps pleure à grands eaux.
L'été s'installe quand le soleil
brule, hardi, de tous ses feux,
que la lumière devient reine de jour
et que les soirs s'étirent et se prélassent
Les fleurs et plantes du Maquis
ne sont pas encoure roussies
et forment comme un tapis bariolé de couleurs.
Les senteurs nous embaument
de leurs sucs capiteux
et nous nous croirons presque
dans une vaste parfumerie à ciel ouvert.
La mer parfois ridée de mousse blanche
devient parfois turquoise, émeraude ou bleu outre-mer.
Mais le soir venu le soleil se plonge
dans des rougeoiements varies
qui irritent et bariolent l'horizon.
Alors que s'assombrit ces curieuses tours génoises trapues ou rondes qui faisaient mine de protéger les anciens.
Et sont autant de rappels des périls barbaresques durant les temps médiévaux et modernes



                                                      *
Le café de Letia Saint Roch

Il est dans ce gracieux village de Letia, à flanc de Rocher, un endroit ayant résisté à la disparition des commerces. C'est le café de Toussaint Rossi, placé au cœur du village et tenant lieu de salle commune. Ce centre de vies, de rires et de joie comporte un antique et majestueux poêle en fonte, et des décors muraux faits de multiples coupes d'anciennes victoires aux tournois de boules et de foot et chargé des espoirs à venir. Surtout, les murs sont décorés de gravures austères de Sanpiero Corsu et de Pascal Paoli, attestant de l'attachement des villageois aux temps forts de l'histoire Corse. L'hospitalité est depuis bien longtemps assurée par l'excellent Toussaint Rossi, lequel fait aussi le partenaire des parties de belotes contrées. Maintenant sa nièce Emmanuelle apporte aujourd'hui, à ce café,  son dynamisme souriant et son sourire enjôleur. A l'occasion de la Saint-Roch et du tournoi de boules, «Vincent Battesti»,  la salle prend des airs de café-concert et cousins, amis et villageois entonnent le répertoire des chants «nustrale», lequel dure parfois **** dans la nuit quand scintille un peu l'Esprit du village. Aux anciennes chansons de nos parents : «la boudeuse» et «Il pescatore dell'onda» s’ajoutent les succès nouveaux comme «Amerindianu» et l'admirable chant du Catalan, Lluis Llach,  «l'Estaca», traduit en langue Corse. Les voix s'accordent et les chœurs vibrent à l'unisson, sur ce répertoire commun qui arrive à élever le sentiment d'unité et à souder les valeurs des êtres.

                                                               *


Le pont de l’embouchure du Liamone,

Sous la fausse apparence d'une large rivière tranquille se perdant dans les sables,
Le «Liamone», prenant sa source sur les montagnes de Letia peut se révéler torrent furieux.
Cependant il se jette mollement dans le grand bleu en s’infiltrant par un mole de sable.
Cet endroit est magique car il mêle, mer et rivière, poissons d'eau douce et de mer,
La plaine alluviale qui l'entoure est large et propice aux cultures,
ce qui est rare dans cette partie de la Corse aux côtes déchiquetés.
Il annonce les vastes plages de Sagone dont la plus belle,
mais non la moins dangereuse fait face à l'hôtel «Santana».
Le nouveau pont du Liamone a des formes de grand oiseau bleu,
Et déploie des deux ailes blanches sur les eaux vertes de la rivière.
Cet endroit peu hospitalier aux nageurs car l’on à pied que peu de temps sur de fins galets tranchants
Il l'est en revanche très agréable aux poissons et aux pêcheurs,
car il mêle les eaux et le plancton
C’est aussi un endroit magique pour celles et ceux qui goûtent par-dessus tout,
La Liberté sans contrainte, le soleil, une vaste étendue de sable et les points de vue,
car plusieurs promontoires ou collines inspirées sont encore coiffées de vestiges de tour,
et le regard porte **** comme pour surveiller et protéger les populations des antiques razzias barbaresques.

Paul Arrighi.
Pour savoir le jour et l'heure
Où tu es plus portée à l'amour
J'ai entrepris la lecture des Secrets de l'Amour, du poète Koka
Et je sais désormais que tu es femme-lotus
Volupté Parfaite comme il n'en existe qu'une sur un million
Tu me provoques, tu me charmes, tu me fascines
Tu me subjugues, tu es ma Muse, ma courtisane de haut rang
Tu possèdes les soixante-quatre arts libéraux
Et les trente-deux modes musicaux de Radha,
Amante de Krishna,
Tu es multiple de huit, ma biche-jument-éléphante
Tu es magique et ensorceleuse
Tu t'appelles Padmini, Ganika
Tu es espiègle , tu es folâtre, ma Nanyika
Avec toi je peux m'unir sans péché
Ma pudique impudique
Car tu sais tout ce qu'on peut faire
Quand les lumières sont éteintes
Et les passions enflammées.
Tu sais apprendre à parler aux perroquets et aux sansonnets
Tu pratiques les combats de coqs, de cailles et de pigeons
Tout comme les combats de la langue
Tu sais faire un carrosse avec des fleurs.
Je ne sais encore si je suis homme-bleu, Homme-lièvre ou homme-cerf
Moi qui me croyais homme-raccoon,
Homme-orphie et homme-mangouste
J'ai baisé l'image de ton ombre portée
Sur l'oreiller rose ce matin
Un baiser de déclaration
Un plaisir sans merci et sans trève
Que ton ombre m'a rendu
En me besognant
De la langue, des mains et des pieds
Et de toutes nos parties honteuses comme honnêtes
Baiser pour baiser,
Caresse pour caresse,
Coup pour coup,
Corps pour corps,
Yoni pour lingam !
Que d'égratignures tu m'as infligées de tes ongles acérés
La patte de paon et le saut du lièvre
Me marquent à jamais
Et je t'ai imprimé sur ta chair la feuille de lotus bleu.
Et de morsures en morsures
J'ai saisi avec mes lèvres tes deux lèvres
Tandis que tu jouais à me saisir la lèvre inférieure.
Si tu rêves comme moi d'impudiques amours
Si tu rêves comme moi d'écrire un nouveau chapitre
Aux huit cents vers du Ratira-Hasya,
Les Secrets de l'Amour, du poète Koka,
Retrouvons nous en congrès, veux-tu,
Avant que l'été ne s'achève
Au congrès de la femme-lynx-lotus et de l'homme-raccoon-mangouste
Si tu rêves d'impudiques amours
Si tu veux que je chante ta semence d'amour
Ton kama solila, mélange de lys et de musc.
Kiagen McGinnis Dec 2011
i miss riding my bike down 13th south listening to hip hop with my yellow dress flapping everywhere

i miss the moment when i couldn’t see the end of the irish sea

i miss the full moon in zion and swimming naked in a river

i miss twilight yoga where every part of me pulsed with the foggy coast and that beach i will always dream of


glimpses

of

*******

infinity.
Paul d'Aubin Nov 2013
Les être, le cosmos, la terre et le vin
(Dédié à l’incomparable génie Charles Baudelaire)

Les ceps murissent longuement sous l’énigmatique lueur des cieux,
irisés par les ondes astrales du Cosmos et ses grands vents de feu.  
Des gelées de janvier aux averses d’avril, le vigneron soigne ses vignes.  
qui souffrent des fournaises de l’été jusqu’à la bouilloire dorée de l’automne.
Le vin est d’abord fruit des astres et des cieux, mais aussi de la patience et de l’art du vigneron.

Il y a une magie du vin qui vient sceller les noces mystiques de l’azur, de la terre, du cosmos et des graves.
Il existe dans le vin comme une consécration des noces d’or de la terre, des pierres et de l’azur,
Qui lui donne son caractère âpre ou velouté, son goût inimitable, sa vraie signature, son héraldique.
Un palais exercé saura toujours en déceler l’empreinte pour y trouver sa genèse et gouter ses merveilles.
Mais c’est le vigneron qui consacre ces noces avec son savoir, son doigté, sa manière d’opérer le grand œuvre des vendanges.


Le choix de la date des vendanges dépend de l’intuition humaine et correspond au sacre de l’automne.
Au moment où les grappes pèsent et ou les raisins sont gonflés comme de lourds pendentifs,
alors que les raisins mûrs sont prêts à sortir de leur enveloppe dorée pour se transformer en élixir.
Le vigneron prend la décision sacrale de celle dont dépend la qualité du vin à naître.
Et les vendanges vont se mener dans une atmosphère d’excitation et de sentiment de franchissement du danger.

Désormais le vin sorti du pressoir va murir dans des barriques de chêne
Le bois peut apporter sa chauffe méthodique afin que se mêlent au jus   des arômes de bois et de forêts,
C’est sûr, cette année, les forces de la nature et de l’Homme nous préparent un grand vin.
Aussi quel honneur et quel rite magique que d’en boire les premières gorgées dans des coupes d’argent ou des verres de cristal,
avant même que le vin ne soit fait et tiré pour en détecter les grands traits et les failles.

Enfin, vient le moment de boire, comme une élévation des cœurs et des esprits.
L’on ne boit bien qu’en groupe, qu’avec de vrais amis, sa chérie ou des belles.
Boire c’est d’abord humer et découvrir par le nez les secrets d’un terroir et des pampres,
puis humecter ses lèvres afin de s’imprégner des sucs et des saveurs,  
et puis boire surtout, c’est œuvre de finesse, d’expression de l’Esprit et de bonne humeur; qu’il y ait de l’ivresse, fort bien, mais jamais d’ivrognerie

Paul Arrighi ; Toulouse(France), le 3 novembre 2013
marriegegirl Jun 2014
Bien que la pluie le jour de votre mariage est l'une des choses les mariées stressent le plus.la neige le jour de votre mariage .bien disons juste que c'est magique .Surtout quand c'est une de ces belles neiges d'automne du Colorado.où les feuilles sont encore accrochés mais les petites averses de neige descendent du ciel .Brinton Studios capturé un jour et c'est tout à fait un euphémisme de dire que c'est parfait .mais là vous l'avez .Il est excellent.\u003cp\u003e

ColorsSeasonsFallSettingsRanchStylesRust­ic Elegance

De la photographe .Elyse et Chris ont.Avez- ce robes demoiselles d honneur que vous demandez ?Ils ont ce facteur X dans une relation où vous pourriez presque tangible

http://modedomicile.com/goods.php?id=2778

de ce lien mélancolique derrière leurs mots et le langage corporel .Nous鈥 檝e n'a jamais eu plus de facilité à obtenir un couple pour nous montrer comment robe de soirée grande taille ils se sentent sur l'autre .De plus .les amis de ces gars sont juste amusant !Nous avons eu un temps à robe de soirée grande taille danser incroyable et obtenir au milieu d'une petite bataille de neige impromptue qui a éclaté .Thumb Ranch du diable et de la planification enlacés fait un travail fantastique réglage de la magnifique toile de fond pour cet événement magnifique Photographie
: Brinton Studios | Wedding Planner : planification enlacés | Cérémonie Lieu: Thumb Ranch du Diable | Réception Lieu: Thumb Ranch du
Anais Vionet Jan 2022
Snow began in mordant gray dusk,
a silent sprinkle of crystal light twinkle,
attaché charm to the simply ordinary.

Purple skies drew black as dreary fought back
to obscure winter’s mask of ceramic magique.

Yellow sodium campus lights slow ignite to golden
halo bright, their intense, saintly glows casting rivers
of shadow and a golden glisten to the snowflakes that fall
twisting, in silence, in grace, to present winter's face.
I love the snow (is that because I’m from the south?)
st64 Aug 2013
take a chance
on .... the unlikely
and wake unto
deliverable posts
to magique


cyber dream to life
green grid illumines
when portal's engaged
in tele-heartbeats
well beyond sky-wishes

rise
go forward
think openly
touch the improbable


no holds barred
as con-tac-tix
spells
pure contact //
tactile pleasure
and
lively ... tactics*



S T, 14 August 2013
imagine a time ...when little is impossible.
Paul d'Aubin Dec 2013
La bibliothèque solaire de Périgord à Toulouse

Il est en notre belle cité Raymondine
de beaux monuments d'une beauté si fine.
Bien sûr, le Capitole, dominant la grand place,
conservant à la ville un charme très Latin.
Et puis, Saint-Sernin d'or, beauté incomparable
véritable navire de briques sur la ville.
dressant son clocher effilé sur les arabesques
du ciel, le tournoiement du soleil et des nuages.

Mais il est un curieux temple nommé, «Périgord»
construit par Jean Montariol et porté  par Billieres,
comme un lieu d'exception voué à la lecture,
au beau, aux arts, à la lumière et à l'esprit.
Entre deux rues étroites, l’oratoire et «Le printemps»,
le chantier fut immense, désormais habité,
par deux magnolias et deux nymphes pimpantes.
Sur le porche est écrit le mot : «Bibliothèque.».

Trois salles de lecture, une immense réserve
vous baignent de lumière, de calme et de paix.
Quoiqu'ait écrit le maître Borges. sur l’ «octogone»,
la salle principale est immense rectangle,
chapeautée d'un dôme sur fonds bleu, jaune, blanc,
d'où descend la lumières et montent les pensées.
C'est ici, que le choc du livre s'accomplit
que le citoyen s'ouvre au monde de l'esprit.

Rien de plus essentiel que trois panneaux muraux,
peints par Marc Saint-Saëns, donnant à voir
le «parnasse Occitan», la grandeur du Midi,
avec comme devise : «FE SENS OBRAS MORTA ES».
Et Camille Soula pensif, aux côtés de Vaudoyer,
sont comme des vigies veillant sur la pensée,
sur l'art et la culture de notre Languedoc.
alors qu'Apollon gambade et joue de la lyre.

Le lecteur moins pressé, fixant la grand ‘horloge
aux chiffres romains dorés, peut laisser ses soucis
se plonger dans ce mode de vivre intemporel
et s’imprégner d’une atmosphère murmurante,
faite de chuchotis, de chaises déplacées.
Enfin, pouvoir penser, et avoir comme amis,
les grands anciens, à la pensée de bronze,
les jeunes écrivains qui tissent l’avenir.

Mais c’est rêve fugace, surtout, quand le soir tombe ;
que les lampes aux tiges d’argent se font étoiles,
une étrange magie vous aimante
et vous saisit comme sirènes en mer.
C’est là, à ce moment, que comme une étincelle,
un séisme profond secoue votre quiétude
et guide la conscience vers des endroits de feu,
où brûlent les pensées et jaillit l’écriture.
C’est le moment magique que l’on voudrait figer.

L’on fait le rêve absurde, d’être enfermé la nuit,
parmi cet océan de livres et de décors.
Cela serait une expérience existentielle
que partager,  de nuit, des siècles de pensée
et se sentir veilleur de l’espérance humaine.
Mais c’est rêve fugace et à l’heure donnée,
ayant rendu vos livres, sourit aux bibliothécaires
vous sortez lentement, pensant à revenir.

Paul d’Aubin (Paul Arrighi)- Toulouse- France
, décembre 2013.
Dancing Desire/Désire dansant_

Chest to chest
I gently rest
My heart
On the beat
Of your heartbeat

Peau contre peau
Mon coeur, doucement
Se repose contre
Le rythme
De ton coeur

My secrets shine
Enchanted music
Along the symphonic
Mild and melodic
Lines of your lips

Mes secrets brillent
Musique magique
Le long des symphoniques
Douces et mélodiques
Lignes de tes lèvres

The handsomeness
Of your proud eyes
Pierces the skies
Of my pleasures
Tender treasures

La délicatesse
De tes yeux fiers
Perce les ciels
De mes plaisirs
Trésors de tendresses

Passionately
And endlessly
In this blissful
Embrace I trace
Your soft face

Passionnément
Et éternellement
Dans ce paysage
Je trace les traits
De ton doux  visage

The dance goes on
Over and over
Oh my lover
As we hold on
To each other

On danse encore
Encore et encore
Oh mon amour
En se tenant
L’un contre l’autre

The night draws near
So do her sands
We touch this time
With our hands
Realm of the rhyme

La nuit est proche
Ses sables approchent
Nous touchons de nos doigts
Le temps, royaume
De la rime

My secrets shine
Enchanted music
Along the symphonic
Mild and melodic
Lines of your lips

Mes secrets brillent
Musique magique
Le long des symphoniques
Douces et mélodiques
Lignes de tes lèvres


The stars cannot
The dust will not
Or so it seems
Destroy our dreams
Lost in the streams


Les étoiles ne vont pas
La poussière ne va pas
Il semblerait du moins
Détruire nos lendemains
Perdus dans les courants

In the motion
Of this passion
In your fusion
You feel the heat
Hold to the beat

En mouvement
De cette passion
Dans ta fusion
Suis le rythme
De cette heure

Let the peaceful
Night wrap its shade
So we can fade
Away graceful
Within our bodies.

Laisse la calme nuit
Nous voiler
Gracieusement nous laisser
Disparaitre au **** dans l’or
De nos corps.

February, 23 2015
23 Février 2015
University of California, Riverside
Université de Californie, Riverside
This poem was simultaneously written in English and in French. You'll notice, I can't decide whether to write in English or French so what I tend to do is translate into either French or English. :)
Egg

[This is my hatching
thought, which you cannot
see.]

2. Larva

The moon shines,
a pretty pill.
It couldn’t fill me with more.
It couldn’t
spill its light more
brightly or cover me more
tenderly. My chalky
smile smiles back at her more
sweetly for the pain-killing.
It’s magic.

3. Pupa

La lune brille,
une pilule assez.
Il ne pouvait pas me remplir de plus.
Il ne pouvait pas
répandre sa lumière plus
vives ou me couvrir plus
tendrement. Mon calcaires
sourire sourires de retour à son plus
doucement pour la douleur-massacre.
C'est magique.

4. Imago**

The moon shines,
a pretty pill.
He could not fill me with more.
He could not
spread its light over-
bright, or cover me more
tenderly. My limestone
smile smiles back at its,
gently. To the pain-killing,
it's magical.
French translation, and translation back into English courtesy of Google's online translator, with only punctuation altered.
Paul d'Aubin Jan 2016
Prolégomènes à un poème sur la disparition de notre Chienne cocker Laïka

Les Chiens et nous-mêmes
Je vous ferais parvenir le poème presque prémonitoire écrit, cet été à Letia en Corse , intitule «notre chien a onze ans»  (en fait elle en avait dix ans et demi).
Ayant déjà eu, un chien cocker de couleur noire; lors mon enfance passée en Kabylie, répondant au nom de «Bambi» (le Faon de la bande dessinée de Walt Disney) j'ai appris à adorer nos meilleurs compagnons avec les chevaux et compte désormais les temps de la vie humaine en durées moyennes de vie passée en compagnie avec ce merveilleux et surtout si fidèle compagnon et ami de l'homme.
C'est à dire que pour une durée de vie moyenne de soixante-quinze ans, au mieux, je considère qu'elle correspond à cinq temps possibles de compagnonnages et d'histoire d'amitié avec un chien (d'un âge maximal au mieux de 15 ans)
Par conséquent, cinq longs temps de bonheurs nous sont donnés par la Nature pour que nous puissions bénéficier des bienfaits et de la compagnie de cet «animal», souvent bien plus «humain» et «gentil» ;  hélas il faut bien l'avouer, que nombre de prétendus humains d'une cruauté inconnu dans la faune dite sauvage.
Nous allons demain et dans les jours qui viennent rechercher, un nouveau compagnon pour rester dans ce cycle de vie magique que je viens de vous révéler.

                                                          *
Notre chienne Cocker a déjà onze ans

Elle a parcouru onze ans de sa vie de Reine,
sans les soucis de l'étiquette et du labeur.
Notre chienne Laïka savoure sa quiétude,
mais se tient toujours près des valises et des sacs,
dès qu'elle observe un zéphyr de départ,
sa courte queue frétille devant sa laisse,
qu’elle prend dans sa gueule comme pour nous montrer le chemin,
car la « meute » doit se rendre ensemble sans jamais l'abandonner.
Ses deux pattes avec lesquelles elle se hisse sur les rebords de la table pour humer les plats.
Et son museau qu’elle love dans le coup de ta maîtresse pour lui signifier son amour.
Chère Laïka quand tes yeux attendrissants de cocker nous fixent je demande au Destin que tu puisses nous accompagner longtemps pour notre bonheur du présent et le demain de nos vies.
Seuls, ton museau blanchi et ta démarche moins vive, nous rappellent tes onze ans.

Paul Arrighi.
À Manoel de Barros

PSAUME I

Tapi dans la mangrove, bondissant...sautant-matant

Le ciel aux trois-quarts nu

De giraumon, de pissat et de sang...

Assis sur le trottoir, le ciel tousse

Kein-hein kein-hein

Ivre de parfums rouges errants,

De brocarts et de confettis à ses trousses.

Assis à marée basse, électrique...

Insensible aux chevaux des dieux

Qui tournoient

Au-dessus des tambours

Qui chavirent

Insensibles

Aux orgues charnelles

Des moites guérisseuses...

Le ciel caracole,

Glisse, contorsionniste,

Mascarade immobile

Démêlant le cours des amours burlesques

Entre les atolls obscurs

De pistaches et de bonbons,

D’anges et de démons...

Cabriole, tiède et poisseux,

Cisaille à contre-jour

L’orpailleur en transe

Aboyant dans le sérail de mes âmes

Sevrées, esseulées...

L’aube culbute

Dans les lambeaux du gouffre

Dans les calypsos du soleil

D’où sourdent, dégénérées,

Les jambes et les larmes

Qui fraient encore, exotiques

Sur les pilotis

Du carnaval nocturne

D’où va saillir le jour.

PSAUME II

Il pleut sur le kiosque des songes

Des encres mornes

Comme des brindilles

Enfantées de l’œuf tiède

Où s’aimante

Délicieusement noire

La mygale

Fleuve des nuages

Qui emballe

De son ouate ludique

Le rayon nain

Dérobé

Au serpent arc-en-ciel

Enfin rassasié

PSAUME III

Tellurique, dame Terre esquive les amarres

Effervescentes. Le ciel, hameçon entre les îles,

Rayonne, entonne l’odyssée perpétuelle,

Pion libre dans l’espace

Sempiternellement baigné par les baumes

Incendiaires du soleil obèse, son jumeau

Complice des moissons violées, œcuménique,

Humble, jadis et toujours, Terre :

Oasis, océan, oxygène, oeil

Revêtu d’or, jardin où les ombres basses

Exultent, balbutiant des airs amnésiques..."

PSAUME IV

Rebelle lascive

Telle la lune blette

Suçant les corps subtils

Des mangues sauvages

Enroulées dans la pluie d’obsidienne...

Courtisane de toutes les brousses

Avaleuse de poisson vivant

Pour mieux apprendre à nager

Dans les moues du fleuve douillet...

Les lacets se cabrent, dans un baiser de peaux, de tôles et de croix

Les laves du dernier décan affleurent,

Saupoudrent l’écloserie de marbre humide

Et la pellicule humide de feu cru

Enfouit les dieux écartelés

Aux moues du fleuve endiablé..."

PSAUME V

Soudain pagayer dans le vent et découdre l’odeur légère de la forêt

Chasser les désirs cueillis dans la poudre des oiseaux rares

Et repriser dans les entrailles des pétales juteux...

Puis amarrer à la lumière verticale des matins

Un éclair avec le mot “boum”.

PSAUME VI

"Nomades, où sont les nuits ?"

Grince l’arc débandé du soleil

Embrassé à la portée de cristal

Des nuages en menstrues...

Peut-être que la nuit décante
Blottie dans le nid du large

Faite une enfant, se vautre

Sous les flottilles de jasmin

Dévastant les marées,

Traquant le ressac du temps...

Peut-être que la nuit accouche
Bien après les chaleurs

Faite une gueuse, brise

De son cœur de soprano

Les rames de glace de la lune qui s’épand

Dans un banc d’aquarelles...

Ou peut-être, la nuit, peut-être

La nuit, lisse et lasse,

Allaite les étoiles prises

Aux moustiquaires de cendre

Où le ciel foudroyé

Bat en retraite la chamade.

Peut-être qu’elle arraisonne
Les frêles écailles de l’orgasme total

Pour que nul ne sache

Qu’elle est née sans nombril,

Pour que nul ne sache

Qu’elle est grosse d’un jour

Au goût de sel...

PSAUME VII

"Abysses en vue !" vocifère l’huile en larmes

Faisant voler dans l’onguent vagabond

Les feux follets sortis de leur miroir,

Condors de phosphore, cyclones désemparés

Où se bousculent, palefrenières distraites,

Les couleurs qui rient en allant au supplice...

En chapelets, la lumière débouche, foule, broute,

S’autodévore sous la caresse des truelles,

Moud les étincelles, les taches, les brèches

En route vers le seuil du sacrifice,

Et dans l’embellie de l’œil

Éclot le prétendant buriné

Dans l’apothéose du matin soigneusement peint...

PSAUME VIII

Noyée dans la saumure en flammes

Du soir délicieusement grand ouvert, l’indicible lueur

Cloîtrée dans son écrin liquide

Jalonné de boues, moustiques et palétuviers,

Harponne la braise moribonde de charbon rose

Innombrable qui serpente dans le cirque de sable

A force de nager, à force de nager

Éternellement à joncher les grèves de l’arc-en-ciel.

PSAUME IX

Dans la baie, un sein vert flambe

Campant dans un bain de coton...

L’écho, hypnotique, tourne, tourne, prolifique...

Ô îles, les îles

Notes en menottes, ailes balafrées,

Miels de sel, fiels de ciel...

Ô îles, les îles

Filaments de mangue, eaux assoiffées

Larmes chaudes de tambours incoagulables...

Ô îles, les îles

D’où venez-vous, miettes de sang ?

Comment vous êtes-vous posés, papillons,

Au milieu de la grande termitière d’or bleu ?

PSAUME X

Kaki, dans le jour rectiligne,

Le soleil, bibelot tiède et omniprésent,

Affalé dans les sortilèges

De la pluie ensorceleuse..

.
Incrustée dans son terrier maternel,

Luciole équilibriste,

A demi ivre souffre l’espérance,

Soufflant des goélettes de papier...

Les lunes se rétractent lestes et faibles,

La visibilité est bonne

De chenaux en détroits, vont, naufragées,

En débandade, les voluptés,

Roues flamboyantes

Dilacérant les haillons allumés

Des orbites sismiques..

PSAUME XI

Zéro heure, la chauve cascade

Où le délire se découd

Dans les courbes de l’ennui...

Zéro heure, l’édentée

Déchirant les échos

Des obsèques de minuit...

Zéro heure, poupée

Aptère, assoupie

A l’ombre des rêves...

Cartomancienne hérétique

Châtrant les éruptions chagrines,

Châtrant, multipliant les yeux

Vers les plages pourpres...

Zéro heure, nymphe sourde

Défunte à la canne bossue,

Hissant le grand pavois

De la couleur polyphonique,

L’accord,

La peau du poète,

Éclipse magique

De tous les déluges...

PSAUME XII

Songes dans l’extrême sud

Monochromatique

Ancres tapissées,

Couples éteints, inflorescences...

Chevaux cardiaques

Occultés dans un nid lunaire...

Passager de la nef du fou

Fouetté par le roi si bémol

Qui monte à l’échafaud...

Battements rupestres,

Sentiers crevant les lieues

Au rythme des ailes de nuages...

La pluie soudain s’est tue

La liesse s’est tue soudain

Dilapidée dans ce jour rongé...

PSAUME XIII

Éteint dans la lumière, le portraitiste

Brûle l’absence mate,

La suie insolite...

La haute mer se dilue..

L’arche hiberne aussi **** que porte la vie

Dans son sanctuaire de sève

Où la terre saigne ses eaux bouclées

Qui écument des épaves de pierre

Aussi **** que porte la vie.

PSAUME XIV

Les îles du matin m’embrassent

Après une nuit de lune rase

Le ronflement du rayon

Macule en naissant le chœur torride

De l’alcôve qui s’écaille émaillée.

Entre traits, tracés et rayures

Flottent des oranges polymorphes

A portée des mains...

Sous la ménagerie de ses eaux poissonneuses

La gomme méthylique du soleil

Frotte dans le bassin d’étincelles

L’orchestre infime de ce lointain carnaval renié

Qui crépite, savonné...

Entre gravillons et bulles

Flottent des oranges polymorphes

A portée des mains...

Devant l’horloge en rut

Se signent les orangers...

Le soleil consent à la lune

La mare de feu

Greffée dans le pouls vivace de l’ombre ivre...

Entre ruines et volutes

Flottent des oranges polymorphes

Scandaleusement

A portée des mains...

PSAUME XV

Le matin nage, innombrable

Salamandre aux cent venins de verre

Qui se distillent dans une encre de cendres

Offertes au soleil insatiable...

Dans le calice débordant

Des récoltes que la nuit

Ne grignote qu’à moitié,

Les sargasses du désir plongent,

Cinglant le silence des incohérences...

Hilare, la lune

Se réveille et butine

Le nectar indigo

Qui s’attarde

Comme une musique rétinienne

Aux confins du jour...

Ainsi emmurés vifs

Dans le flux impénétrable des reflets,

Vont à l’aveuglette

Dans le palais des singes volants

L’amour et ses tribus aborigènes

Veillant sur la toison rouge du ciel...

PSAUME XVI

Mon deuil échoue à l’aube

Les yeux ouverts sur les laves

De ce volcan éteint

Où s’apaisent les étoiles...

La flèche de l’archer s’évanouit, fauchée...

Le licol de mousseline de l’archipel précieux

Vacille, se dissout,

Orphelin mélancolique

Murmurant des baisers d’aniline

Aux marges du rêve...

Insomnuit d’été

Si seulement je pouvais rêver !

PSAUME XVII

Sur l’échiquier, la nuit chancelle, vénéneuse...

Un vaisseau de pierre au galop s’envole

Au chevet de la mer noyée

Suant la résine...

Sifflotant, le saltimbanque

Éconduit les horizons pétales

Pris du soleil gemme étanche

Dans les écumes du ciel d’étain...

Bientôt, les lunes oscillent

Ondulent, se dérobent frivoles,

L’étalon noir se dissipe

Décochant des flèches en forme de cœur...

Quelque chose se brise dans le noir :

Était-ce un masque ou un miroir ?

Quand luit la dernière tranche d’ombre

Déboussolées, dans la dune de verre, les étoiles

Bégaient...

Les coquilles se détellent de la terre réfractaire...

Le soleil dévastateur s’abreuve de ciel

Cachant les antres de brai...

Tâtant les décadences nacrées

Ointes de sueurs salines

L’amazone enfin répudiée

Chantonne aux aguets

Dans la baie couleur sépia...

PSAUME XVIII

Clic
Hennissement aveugle, l’île

Se déhanche

Toute soie et serpent

Contre l’épi de maïs vert...

Clac
“Marée basse”, dit la reine-mère...

Aucune abeille ne rame,

Ne laboure les pollens de la mer...

Clic
**** des brise-lames

Lisses et bouillonnants

Des crinières sans fin et du goémon,

L’iguane sous la villa jaune...

Le long des bougies

Coule le gouvernail du silence...

Clic
Sous les fleurs délabrées de l’éclair

Dans leur hamac vert

Les vagues veuves, les vagues nues

Courent après les lunes

Et lentement chantent les araignées...

Clic
Parfums de lumière

Qui jouent, jouent, jouent

Se décomposent

Dans une brise d’alcools...

Clic
Chimères de la mer, coup de sifflet final

Rongeant les sables glauques

Les tranchées dans le ciel ouvert

Tapis du soleil et son essaim de sujets...

Clic
La nuit, la mer fructifie

Au ralenti...

PSAUME XIX

"Au feu, au feu !

Feu à la dérive !"

Scandent deux coléoptères...

Le feu fuit !

Le magicien s’est brûlé

A faire sa magie.

Le pôle s’évapore,

Le puits fait l’aumône,

L’enfant aboie,

La moto boite,

La forêt détale,

Le lion se vêt de singe

Noir et doré

Et petit à petit

Va planer

Au-dessus de l’autel fugace

Où gît

Hululant, pullulant, virulent,

Le vol agile craché

Du saxophone ténor...

L’hiver fouette le ciel,

La terre meurt prématurée,

Liane après liane,

Sécrétant comme vestiges

Le tapis de talc

D’une aile de sirène

Et le vertige nuptial

De deux notes jaunes inachevées

Au sein des similitudes.

PSAUME **

Prunelle de gris jaune
Prunelle nuit et mer
Bleu coursier d’argile
Tigresse à la crinière couleur de brume.
Dans le rare verger qu’est l’amour
Audacieuse, elle va, incendiaire
Empaillée dans un paquebot hystérique
Vers le hasard des quais identiques
Les yeux pleins de chaux.

Dans ce chant veuf, dans cette capitale pyromane
La voilà, légère,
Aspirant les équinoxes dans cet air enchaîné
En selle pour un bain d’herbes monastique
Geôlière verte
D’émeraude pure...

PSAUME XXI

L’accordéoniste des abysses
Peint dans l’œil de l’obscur :
Un nuage en zigzaguant
Ancre aux eaux du vide.

Et le gong sue...timide.
Et comme en un tango antique
S’écoule le cri acide

Des teintes atteintes par les balles,
Hoquet du temps incarné
A l’aube d’une pluie sèche de chaleurs vertes.
Et le gong sue...tumide.

Et comme en un tango marin
Caracole la pirogue étoilée du tigre intime
Renversant de son parapluie
Les certitudes les plus ensevelies de la peur.

Et le gong sue...tumide.
Et les papillons enfantent
Des flammes dans les sables mouvants,
Des harpes éoliennes
Comme des gymnastes hués par le soleil en ruines
A la recherche des marées sèches.

Et le gong sue... tumide.
Et comme en un tango de funambules
Les œillères des brebis galeuses
Traversent la toile, vieillissent, exhument le salpêtre
D’un bandonéon dont la sueur incendie les cernes
De la nuit qui jazze...

PSAUME XXII

Tendrement
Le messager lit
Les lignes du vent,
Prend le pouls
Du ventre jaspé
De la basilique d’encre de chine :

-Là-bas, sous les monts de Vénus
Rode le messager,
Troubadour englouti
Par une lave obscure,

Passager invisible
Des failles muettes
Qu’il restaure encore...

Tendrement
Le messager
Harponne
Les coquilles du temps...
A la pointe de l’hameçon,

Un morceau de vitrail
Où à peine filtre
La lueur des entrailles,
On devine soudain
La forme d’un cheval marron
Qui hennit.

PSAUME XXIII

Bleu roi
De ces couleurs pièges.
Bleu de ces teintes imprévisibles.
Issu du venin tribal
Des roses du désert
Le bleu tombe,
Comme un nuage de coton doux,
Sur la brousse atlantique des lèvres
Enflées de secrets,
Où, hystérique, il donne le jour
Sous le kiosque sympathique des pluies cyanes
A une larme de sang,
Daltonienne.

Bleu roi
De ces couleurs mutantes :
Seul le baiser de cobalt réchauffe
Les escales mélancoliques
De ces ailes closes,
Révèle les jeux d’artifice,
Et murmurant des flammes,
Fait évanouir
Le deuil magnétique
Des rênes d’ivoire...

La flèche de l’archer pénètre,
Débridée,
Le voile de mousseline de l’archipel précieux
Qui vacille, se dissout,
Orphelin en suspens, spectre d’aniline
Aux gants d’émeraude
Et aux chaussons d’améthyste...

PSAUME XXIV

Dormir, virgule,
Souffler doucement
Des cases jumelles,
Ramper à nouveau, gigoter,
Jusqu’à ce que tout ne soit plus
Qu’une seule immensité...

Au lieu de l’abîme
La clairière dans la caféière.
Dormir, virgule,
Ça et là,
Lune bleue
Embuée
Sous la baguette du silence...

Le rêve entre et sort

Et jusqu’aux nuages
Craignent la chute
Vers le sommeil...

PSAUME XXV

Les îles et une nuits
Me font chavirer,
Je fuis,
Naufragée inlassable,
Hors du clan tentaculaire
Vers la clarté volatile
Des voiles incendiaires...

Mes nerfs à la fleur du large
Bifurquent,
S’évaporent en filigranes
Plus **** encore...

Bleu nuit devient la mer
Aux portes de son repaire
Ancré à la rive gauche du cœur.

La crique n’est plus ce qu’elle était :
La neige reptile teint les dauphins de rose...
Éden ?
De temps à autre

Passe un trapèze
Balayant le silence.

PSAUME XXVI

Ô Reine, Notre Duc
Sous tes ongles laqués
J’imagine un ciel rouge
Aux parfums de lait de cobra...
Le soleil fait pleuvoir des sceptres sur le fleuve
Et des piranhas aux dents d’eau
Larguent des cerfs-volants sans fin...

“Chantez les très riches heures de l’En-Dehors !”
Crie à la face du levant
Un caméléon qui lisse les ailes du hasard
Planté dans le dédale de ta langue baccarat.

PSAUME XXVII

Près de la passerelle d’ivoire :
“Odyssées,
Métamorphoses,
Mues,
Je vous aime !” "
Une chambre qui ressemble à une rêverie, une chambre véritablement spirituelle, où l'atmosphère stagnante est légèrement teintée de rose et de bleu.

L'âme y prend un bain de paresse, aromatisé par le regret et le désir. - C'est quelque chose de crépusculaire, de bleuâtre et de rosâtre ; un rêve de volupté pendant une éclipse.

Les meubles ont des formes allongées, prostrées, alanguies. Les meubles ont l'air de rêver ; on les dirait doués d'une vie somnambulique, comme le végétal et le minéral. Les étoffes parlent une langue muette, comme les fleurs, comme les ciels, comme les soleils couchants.

Sur les murs nulle abomination artistique. Relativement au rêve pur, à l'impression non analysée, l'art défini, l'art positif est un blasphème. Ici, tout a la suffisante clarté et la délicieuse obscurité de l'harmonie.

Une senteur infinitésimale du choix le plus exquis, à laquelle se mêle une très-légère humidité, nage dans cette atmosphère, où l'esprit sommeillant est bercé par des sensations de serre-chaude.

La mousseline pleut abondamment devant les fenêtres et devant le lit ; elle s'épanche en cascades neigeuses. Sur ce lit est couchée l'Idole, la souveraine des rêves. Mais comment est-elle ici ? Qui l'a amenée ? quel pouvoir magique l'a installée sur ce trône de rêverie et de volupté ? Qu'importe ? la voilà ! je la reconnais.

Voilà bien ces yeux dont la flamme traverse le crépuscule ; ces subtiles et terribles mirettes, que je reconnais à leur effrayante malice ! Elles attirent, elles subjuguent, elles dévorent le regard de l'imprudent qui les contemple. Je les ai souvent étudiées, ces étoiles noires qui commandent la curiosité et l'admiration.

À quel démon bienveillant dois-je d'être ainsi entouré de mystère, de silence, de paix et de parfums ? Ô béatitude ! ce que nous nommons généralement la vie, même dans son expansion la plus heureuse, n'a rien de commun avec cette vie suprême dont j'ai maintenant connaissance et que je savoure minute par minute, seconde par seconde !

Non ! il n'est plus de minutes, il n'est plus de secondes ! Le temps a disparu ; c'est l'Éternité qui règne, une éternité de délices !

Mais un coup terrible, lourd, a retenti à la porte, et, comme dans les rêves infernaux, il m'a semblé que je recevais un coup de pioche dans l'estomac.

Et puis un Spectre est entré. C'est un huissier qui vient me torturer au nom de la loi ; une infâme concubine qui vient crier misère et ajouter les trivialités de sa vie aux douleurs de la mienne ; ou bien le saute-ruisseau d'un directeur de journal qui réclame la suite du manuscrit.La chambre paradisiaque, l'idole, la souveraine des rêves, la Sylphide, comme disait le grand René, toute cette magie a disparu au coup brutal frappé par le Spectre.

Horreur ! je me souviens ! je me souviens ! Oui ! ce taudis, ce séjour de l'éternel ennui, est bien le mien. Voici les meubles sots, poudreux, écornés ; la cheminée sans flamme et sans braise, souillée de crachats ; les tristes fenêtres où la pluie a tracé des sillons dans la poussière ; les manuscrits, raturés ou incomplets ; l'almanach où le crayon a marqué les dates sinistres !

Et ce parfum d'un autre monde, dont je m'enivrais avec une sensibilité perfectionnée, hélas ! il est remplacé par une fétide odeur de tabac mêlée à je ne sais quelle nauséabonde moisissure. On respire ici maintenant le ranci de la désolation.

Dans ce monde étroit, mais si plein de dégoût, un seul objet connu me sourit : la fiole de laudanum ; une vieille et terrible amie ; comme toutes les amies, hélas ! féconde en caresses et en traîtrises.

Oh ! oui ! Le Temps a reparu ; Le Temps règne en souverain maintenant ; et avec le hideux vieillard est revenu tout son démoniaque cortége de Souvenirs, de Regrets, de Spasmes, de Peurs, d'Angoisses, de Cauchemars, de Colères et de Névroses.

Je vous assure que les secondes maintenant sont fortement et solennellement accentuées, et chacune, en jaillissant de la pendule, dit : - « Je suis la Vie, l'insupportable, l'implacable Vie ! »

Il n'y a qu'une Seconde dans la vie humaine qui ait mission d'annoncer une bonne nouvelle, la bonne nouvelle qui cause à chacun une inexplicable peur.

Oui ! le Temps règne ; il a repris sa brutale dictature. Et il me pousse, comme si j'étais un bœuf, avec son double aiguillon. - « Et hue donc ! bourrique ! Sue donc, esclave ! Vis donc, damné ! »
On donnait à Favart Mosé. Tamburini,

Le basso cantante, le ténor Rubini,

Devaient jouer tous deux dans la pièce ; et la salle

Quand on l'eût élargie et faite colossale,

Grande comme Saint-Charle ou comme la Scala,

N'aurait pu contenir son public ce soir-là.

Moi, plus heureux que tous, j'avais tout à connaître,

Et la voix des chanteurs et l'ouvrage du maître.

Aimant peu l'opéra, c'est hasard si j'y vais,

Et je n'avais pas vu le Moïse français ;

Car notre idiome, à nous, rauque et sans prosodie,

Fausse toute musique ; et la note hardie,

Contre quelque mot dur se heurtant dans son vol,

Brise ses ailes d'or et tombe sur le sol.

J'étais là, les deux bras en croix sur la poitrine,

Pour contenir mon cœur plein d'extase divine ;

Mes artères chantant avec un sourd frisson,

Mon oreille tendue et buvant chaque son,

Attentif, comme au bruit de la grêle fanfare,

Un cheval ombrageux qui palpite et s'effare ;

Toutes les voix criaient, toutes les mains frappaient,

A force d'applaudir les gants blancs se rompaient ;

Et la toile tomba. C'était le premier acte.

Alors je regardai ; plus nette et plus exacte,

A travers le lorgnon dans mes yeux moins distraits,

Chaque tête à son tour passait avec ses traits.

Certes, sous l'éventail et la grille dorée,

Roulant, dans leurs doigts blancs la cassolette ambrée,

Au reflet des joyaux, au feu des diamants,

Avec leurs colliers d'or et tous leurs ornements,

J'en vis plus d'une belle et méritant éloge,

Du moins je le croyais, quand au fond d'une loge

J'aperçus une femme. Il me sembla d'abord,

La loge lui formant un cadre de son bord,

Que c'était un tableau de Titien ou Giorgione,

Moins la fumée antique et moins le vernis jaune,

Car elle se tenait dans l'immobilité,

Regardant devant elle avec simplicité,

La bouche épanouie en un demi-sourire,

Et comme un livre ouvert son front se laissant lire ;

Sa coiffure était basse, et ses cheveux moirés

Descendaient vers sa tempe en deux flots séparés.

Ni plumes, ni rubans, ni gaze, ni dentelle ;

Pour parure et bijoux, sa grâce naturelle ;

Pas d'œillade hautaine ou de grand air vainqueur,

Rien que le repos d'âme et la bonté de cœur.

Au bout de quelque temps, la belle créature,

Se lassant d'être ainsi, prit une autre posture :

Le col un peu penché, le menton sur la main,

De façon à montrer son beau profil romain,

Son épaule et son dos aux tons chauds et vivaces

Où l'ombre avec le clair flottaient par larges masses.

Tout perdait son éclat, tout tombait à côté

De cette virginale et sereine beauté ;

Mon âme tout entière à cet aspect magique,

Ne se souvenait plus d'écouter la musique,

Tant cette morbidezze et ce laisser-aller

Était chose charmante et douce à contempler,

Tant l'œil se reposait avec mélancolie

Sur ce pâle jasmin transplanté d'Italie.

Moins épris des beaux sons qu'épris des beaux contours

Même au parlar Spiegar, je regardai toujours ;

J'admirais à part moi la gracieuse ligne

Du col se repliant comme le col d'un cygne,

L'ovale de la tête et la forme du front,

La main pure et correcte, avec le beau bras rond ;

Et je compris pourquoi, s'exilant de la France,

Ingres fit si longtemps ses amours de Florence.

Jusqu'à ce jour j'avais en vain cherché le beau ;

Ces formes sans puissance et cette fade peau

Sous laquelle le sang ne court, que par la fièvre

Et que jamais soleil ne mordit de sa lèvre ;

Ce dessin lâche et mou, ce coloris blafard

M'avaient fait blasphémer la sainteté de l'art.

J'avais dit : l'art est faux, les rois de la peinture

D'un habit idéal revêtent la nature.

Ces tons harmonieux, ces beaux linéaments,

N'ont jamais existé qu'aux cerveaux des amants,

J'avais dit, n'ayant vu que la laideur française,

Raphaël a menti comme Paul Véronèse !

Vous n'avez pas menti, non, maîtres ; voilà bien

Le marbre grec doré par l'ambre italien

L'œil de flamme, le teint passionnément pâle,

Blond comme le soleil, sous son voile de hâle,

Dans la mate blancheur, les noirs sourcils marqués,

Le nez sévère et droit, la bouche aux coins arqués,

Les ailes de cheveux s'abattant sur les tempes ;

Et tous les nobles traits de vos saintes estampes,

Non, vous n'avez pas fait un rêve de beauté,

C'est la vie elle-même et la réalité.

Votre Madone est là ; dans sa loge elle pose,

Près d'elle vainement l'on bourdonne et l'on cause ;

Elle reste immobile et sous le même jour,

Gardant comme un trésor l'harmonieux contour.

Artistes souverains, en copistes fidèles,

Vous avez reproduit vos superbes modèles !

Pourquoi découragé par vos divins tableaux,

Ai-je, enfant paresseux, jeté là mes pinceaux,

Et pris pour vous fixer le crayon du poète,

Beaux rêves, possesseurs de mon âme inquiète,

Doux fantômes bercés dans les bras du désir,

Formes que la parole en vain cherche à saisir !

Pourquoi lassé trop tôt dans une heure de doute,

Peinture bien-aimée, ai-je quitté ta route !

Que peuvent tous nos vers pour rendre la beauté,

Que peuvent de vains mots sans dessin arrêté,

Et l'épithète creuse et la rime incolore.

Ah ! Combien je regrette et comme je déplore

De ne plus être peintre, en te voyant ainsi

A Mosé, dans ta loge, ô Julia Grisi !
SHAKESPEARE.
À lui la baguette magique
Le pouvoir de tout enchaîner ;
Il riva la Nature aux plis de sa tunique,
Et la Création a su le couronner.

MILTON.
Son esprit était un pactole
Dont les flots roulaient de l'or pur,
Un temple à la vertu dont la vaste coupole
Se perdait dans les cieux au milieu de l'azur.

THOMPSON.
Après le jour la nuit obscure,
Après les saisons les saisons,
Ses chants qui sont gravés au sein de la nature
Iront de l'avenir dorer les horizons.

GRAY.
D'un vol grandiose il s'élève,
La foudre il la brave de l'œil,
Le nuage orageux il le passe, puis s'enlève
Lumineuse trainée au sein de son orgueil.

BURNS.
De la lyre de sa patrie
Il fit vibrer les plus doux sons,
Et son âme de feu, céleste rêverie
Se fondit dans des flots d'admirables chansons.

SOUTHEY.
Où règne la nécromancie
Dans les pays orientaux,
Il aimait promener sa riche fantaisie,
Son esprit à cheval sur les vieux fabliaux.

COLERIDGE.
Par le charme de sa magie
Au clair de la lune le soir
Il évoquait le preux, et du preux la vigie,
La superstition, hôte du vieux manoir.

WORDSWORTH.
Au livre de philosophie
Il suspendit sa harpe un jour,
Là, placé près des lacs, il chante, il magnifie
Dans ses paisibles vers la nature et l'amour.

CAMPBELL.
Enfant gâté de la nature
L'art polit son vers enchanteur,
Il sut pincer sa lyre et gracieuse et pure,
Pour amuser l'esprit, et réchauffer le cœur.

SCOTT.
Il chante, et voyez ! là s'élance
Le Roman que l'on croyait mort,
Et la Chevalerie et la Dague et la Lance,
Sortent de l'Arsenal poussés par son ressort !

WILSON.
Son chant comme une hymne sacrée
S'infiltre de l'oreille au cœur ;
On croirait qu'il vous vient de la voûte éthérée
La voix d'un chérubin, d'un saint enfant de chœur.

HEMANS.
Elle ouvre la source des larmes
Et les fait doucement couler,
La pitié dans ses vers elle a les plus doux charmes
Et le lecteur ému s'y laisse affrioler.

SHELLEY.
Un rocher nu, bien solitaire
Au **** par de là l'océan,
Crévassé par le choc des volcans, du tonnerre,
Voilà quel fut Shelley, l'audacieux Titan !

HOGG.
Vêtu d'un rayon de lumière
Qu'il sut voler à l'arc-en-ciel,
Il voit fée et lutin danser dans la clairière,
Et faire le sabbat **** de tout œil mortel.

BYRON.
La tête ceinte de nuages,
Ses pieds étaient jonchés de fleurs,
L'ivresse et la gaité, le calme et les orages
Trouvent en ses beaux vers un écho dans les cœurs.

MOORE.
Couronné de vertes louanges
Et pour chaque œuvre tour à tour,
Moore dans les bosquets se plait avec les anges
À chanter les plaisirs de son Dieu... de l'Amour !
À Manoel de Barros

PSAUME I

Tapi dans la mangrove, bondissant...sautant-matant

Le ciel aux trois-quarts nu

De giraumon, de pissat et de sang...

Assis sur le trottoir, le ciel tousse

Kein-hein kein-hein

Ivre de parfums rouges errants,

De brocarts et de confettis à ses trousses.

Assis à marée basse, électrique...

Insensible aux chevaux des dieux

Qui tournoient

Au-dessus des tambours

Qui chavirent

Insensibles

Aux orgues charnelles

Des moites guérisseuses...

Le ciel caracole,

Glisse, contorsionniste,

Mascarade immobile

Démêlant le cours des amours burlesques

Entre les atolls obscurs

De pistaches et de bonbons,

D’anges et de démons...

Cabriole, tiède et poisseux,

Cisaille à contre-jour

L’orpailleur en transe

Aboyant dans le sérail de mes âmes

Sevrées, esseulées...

L’aube culbute

Dans les lambeaux du gouffre

Dans les calypsos du soleil

D’où sourdent, dégénérées,

Les jambes et les larmes

Qui fraient encore, exotiques

Sur les pilotis

Du carnaval nocturne

D’où va saillir le jour.

PSAUME II

Il pleut sur le kiosque des songes

Des encres mornes

Comme des brindilles

Enfantées de l’œuf tiède

Où s’aimante

Délicieusement noire

La mygale

Fleuve des nuages

Qui emballe

De son ouate ludique

Le rayon nain

Dérobé

Au serpent arc-en-ciel

Enfin rassasié

PSAUME III

Tellurique, dame Terre esquive les amarres

Effervescentes. Le ciel, hameçon entre les îles,

Rayonne, entonne l’odyssée perpétuelle,

Pion libre dans l’espace

Sempiternellement baigné par les baumes

Incendiaires du soleil obèse, son jumeau

Complice des moissons violées, œcuménique,

Humble, jadis et toujours, Terre :

Oasis, océan, oxygène, oeil

Revêtu d’or, jardin où les ombres basses

Exultent, balbutiant des airs amnésiques..."

PSAUME IV

Rebelle lascive

Telle la lune blette

Suçant les corps subtils

Des mangues sauvages

Enroulées dans la pluie d’obsidienne...

Courtisane de toutes les brousses

Avaleuse de poisson vivant

Pour mieux apprendre à nager

Dans les moues du fleuve douillet...

Les lacets se cabrent, dans un baiser de peaux, de tôles et de croix

Les laves du dernier décan affleurent,

Saupoudrent l’écloserie de marbre humide

Et la pellicule humide de feu cru

Enfouit les dieux écartelés

Aux moues du fleuve endiablé..."

PSAUME V

Soudain pagayer dans le vent et découdre l’odeur légère de la forêt

Chasser les désirs cueillis dans la poudre des oiseaux rares

Et repriser dans les entrailles des pétales juteux...

Puis amarrer à la lumière verticale des matins

Un éclair avec le mot “boum”.

PSAUME VI

"Nomades, où sont les nuits ?"

Grince l’arc débandé du soleil

Embrassé à la portée de cristal

Des nuages en menstrues...

Peut-être que la nuit décante
Blottie dans le nid du large

Faite une enfant, se vautre

Sous les flottilles de jasmin

Dévastant les marées,

Traquant le ressac du temps...

Peut-être que la nuit accouche
Bien après les chaleurs

Faite une gueuse, brise

De son cœur de soprano

Les rames de glace de la lune qui s’épand

Dans un banc d’aquarelles...

Ou peut-être, la nuit, peut-être

La nuit, lisse et lasse,

Allaite les étoiles prises

Aux moustiquaires de cendre

Où le ciel foudroyé

Bat en retraite la chamade.

Peut-être qu’elle arraisonne
Les frêles écailles de l’orgasme total

Pour que nul ne sache

Qu’elle est née sans nombril,

Pour que nul ne sache

Qu’elle est grosse d’un jour

Au goût de sel...

PSAUME VII

"Abysses en vue !" vocifère l’huile en larmes

Faisant voler dans l’onguent vagabond

Les feux follets sortis de leur miroir,

Condors de phosphore, cyclones désemparés

Où se bousculent, palefrenières distraites,

Les couleurs qui rient en allant au supplice...

En chapelets, la lumière débouche, foule, broute,

S’autodévore sous la caresse des truelles,

Moud les étincelles, les taches, les brèches

En route vers le seuil du sacrifice,

Et dans l’embellie de l’œil

Éclot le prétendant buriné

Dans l’apothéose du matin soigneusement peint...

PSAUME VIII

Noyée dans la saumure en flammes

Du soir délicieusement grand ouvert, l’indicible lueur

Cloîtrée dans son écrin liquide

Jalonné de boues, moustiques et palétuviers,

Harponne la braise moribonde de charbon rose

Innombrable qui serpente dans le cirque de sable

A force de nager, à force de nager

Éternellement à joncher les grèves de l’arc-en-ciel.

PSAUME IX

Dans la baie, un sein vert flambe

Campant dans un bain de coton...

L’écho, hypnotique, tourne, tourne, prolifique...

Ô îles, les îles

Notes en menottes, ailes balafrées,

Miels de sel, fiels de ciel...

Ô îles, les îles

Filaments de mangue, eaux assoiffées

Larmes chaudes de tambours incoagulables...

Ô îles, les îles

D’où venez-vous, miettes de sang ?

Comment vous êtes-vous posés, papillons,

Au milieu de la grande termitière d’or bleu ?

PSAUME X

Kaki, dans le jour rectiligne,

Le soleil, bibelot tiède et omniprésent,

Affalé dans les sortilèges

De la pluie ensorceleuse..

.
Incrustée dans son terrier maternel,

Luciole équilibriste,

A demi ivre souffre l’espérance,

Soufflant des goélettes de papier...

Les lunes se rétractent lestes et faibles,

La visibilité est bonne

De chenaux en détroits, vont, naufragées,

En débandade, les voluptés,

Roues flamboyantes

Dilacérant les haillons allumés

Des orbites sismiques..

PSAUME XI

Zéro heure, la chauve cascade

Où le délire se découd

Dans les courbes de l’ennui...

Zéro heure, l’édentée

Déchirant les échos

Des obsèques de minuit...

Zéro heure, poupée

Aptère, assoupie

A l’ombre des rêves...

Cartomancienne hérétique

Châtrant les éruptions chagrines,

Châtrant, multipliant les yeux

Vers les plages pourpres...

Zéro heure, nymphe sourde

Défunte à la canne bossue,

Hissant le grand pavois

De la couleur polyphonique,

L’accord,

La peau du poète,

Éclipse magique

De tous les déluges...

PSAUME XII

Songes dans l’extrême sud

Monochromatique

Ancres tapissées,

Couples éteints, inflorescences...

Chevaux cardiaques

Occultés dans un nid lunaire...

Passager de la nef du fou

Fouetté par le roi si bémol

Qui monte à l’échafaud...

Battements rupestres,

Sentiers crevant les lieues

Au rythme des ailes de nuages...

La pluie soudain s’est tue

La liesse s’est tue soudain

Dilapidée dans ce jour rongé...

PSAUME XIII

Éteint dans la lumière, le portraitiste

Brûle l’absence mate,

La suie insolite...

La haute mer se dilue..

L’arche hiberne aussi **** que porte la vie

Dans son sanctuaire de sève

Où la terre saigne ses eaux bouclées

Qui écument des épaves de pierre

Aussi **** que porte la vie.

PSAUME XIV

Les îles du matin m’embrassent

Après une nuit de lune rase

Le ronflement du rayon

Macule en naissant le chœur torride

De l’alcôve qui s’écaille émaillée.

Entre traits, tracés et rayures

Flottent des oranges polymorphes

A portée des mains...

Sous la ménagerie de ses eaux poissonneuses

La gomme méthylique du soleil

Frotte dans le bassin d’étincelles

L’orchestre infime de ce lointain carnaval renié

Qui crépite, savonné...

Entre gravillons et bulles

Flottent des oranges polymorphes

A portée des mains...

Devant l’horloge en rut

Se signent les orangers...

Le soleil consent à la lune

La mare de feu

Greffée dans le pouls vivace de l’ombre ivre...

Entre ruines et volutes

Flottent des oranges polymorphes

Scandaleusement

A portée des mains...

PSAUME XV

Le matin nage, innombrable

Salamandre aux cent venins de verre

Qui se distillent dans une encre de cendres

Offertes au soleil insatiable...

Dans le calice débordant

Des récoltes que la nuit

Ne grignote qu’à moitié,

Les sargasses du désir plongent,

Cinglant le silence des incohérences...

Hilare, la lune

Se réveille et butine

Le nectar indigo

Qui s’attarde

Comme une musique rétinienne

Aux confins du jour...

Ainsi emmurés vifs

Dans le flux impénétrable des reflets,

Vont à l’aveuglette

Dans le palais des singes volants

L’amour et ses tribus aborigènes

Veillant sur la toison rouge du ciel...

PSAUME XVI

Mon deuil échoue à l’aube

Les yeux ouverts sur les laves

De ce volcan éteint

Où s’apaisent les étoiles...

La flèche de l’archer s’évanouit, fauchée...

Le licol de mousseline de l’archipel précieux

Vacille, se dissout,

Orphelin mélancolique

Murmurant des baisers d’aniline

Aux marges du rêve...

Insomnuit d’été

Si seulement je pouvais rêver !

PSAUME XVII

Sur l’échiquier, la nuit chancelle, vénéneuse...

Un vaisseau de pierre au galop s’envole

Au chevet de la mer noyée

Suant la résine...

Sifflotant, le saltimbanque

Éconduit les horizons pétales

Pris du soleil gemme étanche

Dans les écumes du ciel d’étain...

Bientôt, les lunes oscillent

Ondulent, se dérobent frivoles,

L’étalon noir se dissipe

Décochant des flèches en forme de cœur...

Quelque chose se brise dans le noir :

Était-ce un masque ou un miroir ?

Quand luit la dernière tranche d’ombre

Déboussolées, dans la dune de verre, les étoiles

Bégaient...

Les coquilles se détellent de la terre réfractaire...

Le soleil dévastateur s’abreuve de ciel

Cachant les antres de brai...

Tâtant les décadences nacrées

Ointes de sueurs salines

L’amazone enfin répudiée

Chantonne aux aguets

Dans la baie couleur sépia...

PSAUME XVIII

Clic
Hennissement aveugle, l’île

Se déhanche

Toute soie et serpent

Contre l’épi de maïs vert...

Clac
“Marée basse”, dit la reine-mère...

Aucune abeille ne rame,

Ne laboure les pollens de la mer...

Clic
**** des brise-lames

Lisses et bouillonnants

Des crinières sans fin et du goémon,

L’iguane sous la villa jaune...

Le long des bougies

Coule le gouvernail du silence...

Clic
Sous les fleurs délabrées de l’éclair

Dans leur hamac vert

Les vagues veuves, les vagues nues

Courent après les lunes

Et lentement chantent les araignées...

Clic
Parfums de lumière

Qui jouent, jouent, jouent

Se décomposent

Dans une brise d’alcools...

Clic
Chimères de la mer, coup de sifflet final

Rongeant les sables glauques

Les tranchées dans le ciel ouvert

Tapis du soleil et son essaim de sujets...

Clic
La nuit, la mer fructifie

Au ralenti...

PSAUME XIX

"Au feu, au feu !

Feu à la dérive !"

Scandent deux coléoptères...

Le feu fuit !

Le magicien s’est brûlé

A faire sa magie.

Le pôle s’évapore,

Le puits fait l’aumône,

L’enfant aboie,

La moto boite,

La forêt détale,

Le lion se vêt de singe

Noir et doré

Et petit à petit

Va planer

Au-dessus de l’autel fugace

Où gît

Hululant, pullulant, virulent,

Le vol agile craché

Du saxophone ténor...

L’hiver fouette le ciel,

La terre meurt prématurée,

Liane après liane,

Sécrétant comme vestiges

Le tapis de talc

D’une aile de sirène

Et le vertige nuptial

De deux notes jaunes inachevées

Au sein des similitudes.

PSAUME **

Prunelle de gris jaune
Prunelle nuit et mer
Bleu coursier d’argile
Tigresse à la crinière couleur de brume.
Dans le rare verger qu’est l’amour
Audacieuse, elle va, incendiaire
Empaillée dans un paquebot hystérique
Vers le hasard des quais identiques
Les yeux pleins de chaux.

Dans ce chant veuf, dans cette capitale pyromane
La voilà, légère,
Aspirant les équinoxes dans cet air enchaîné
En selle pour un bain d’herbes monastique
Geôlière verte
D’émeraude pure...

PSAUME XXI

L’accordéoniste des abysses
Peint dans l’œil de l’obscur :
Un nuage en zigzaguant
Ancre aux eaux du vide.

Et le gong sue...timide.
Et comme en un tango antique
S’écoule le cri acide

Des teintes atteintes par les balles,
Hoquet du temps incarné
A l’aube d’une pluie sèche de chaleurs vertes.
Et le gong sue...tumide.

Et comme en un tango marin
Caracole la pirogue étoilée du tigre intime
Renversant de son parapluie
Les certitudes les plus ensevelies de la peur.

Et le gong sue...tumide.
Et les papillons enfantent
Des flammes dans les sables mouvants,
Des harpes éoliennes
Comme des gymnastes hués par le soleil en ruines
A la recherche des marées sèches.

Et le gong sue... tumide.
Et comme en un tango de funambules
Les œillères des brebis galeuses
Traversent la toile, vieillissent, exhument le salpêtre
D’un bandonéon dont la sueur incendie les cernes
De la nuit qui jazze...

PSAUME XXII

Tendrement
Le messager lit
Les lignes du vent,
Prend le pouls
Du ventre jaspé
De la basilique d’encre de chine :

-Là-bas, sous les monts de Vénus
Rode le messager,
Troubadour englouti
Par une lave obscure,

Passager invisible
Des failles muettes
Qu’il restaure encore...

Tendrement
Le messager
Harponne
Les coquilles du temps...
A la pointe de l’hameçon,

Un morceau de vitrail
Où à peine filtre
La lueur des entrailles,
On devine soudain
La forme d’un cheval marron
Qui hennit.

PSAUME XXIII

Bleu roi
De ces couleurs pièges.
Bleu de ces teintes imprévisibles.
Issu du venin tribal
Des roses du désert
Le bleu tombe,
Comme un nuage de coton doux,
Sur la brousse atlantique des lèvres
Enflées de secrets,
Où, hystérique, il donne le jour
Sous le kiosque sympathique des pluies cyanes
A une larme de sang,
Daltonienne.

Bleu roi
De ces couleurs mutantes :
Seul le baiser de cobalt réchauffe
Les escales mélancoliques
De ces ailes closes,
Révèle les jeux d’artifice,
Et murmurant des flammes,
Fait évanouir
Le deuil magnétique
Des rênes d’ivoire...

La flèche de l’archer pénètre,
Débridée,
Le voile de mousseline de l’archipel précieux
Qui vacille, se dissout,
Orphelin en suspens, spectre d’aniline
Aux gants d’émeraude
Et aux chaussons d’améthyste...

PSAUME XXIV

Dormir, virgule,
Souffler doucement
Des cases jumelles,
Ramper à nouveau, gigoter,
Jusqu’à ce que tout ne soit plus
Qu’une seule immensité...

Au lieu de l’abîme
La clairière dans la caféière.
Dormir, virgule,
Ça et là,
Lune bleue
Embuée
Sous la baguette du silence...

Le rêve entre et sort

Et jusqu’aux nuages
Craignent la chute
Vers le sommeil...

PSAUME XXV

Les îles et une nuits
Me font chavirer,
Je fuis,
Naufragée inlassable,
Hors du clan tentaculaire
Vers la clarté volatile
Des voiles incendiaires...

Mes nerfs à la fleur du large
Bifurquent,
S’évaporent en filigranes
Plus **** encore...

Bleu nuit devient la mer
Aux portes de son repaire
Ancré à la rive gauche du cœur.

La crique n’est plus ce qu’elle était :
La neige reptile teint les dauphins de rose...
Éden ?
De temps à autre

Passe un trapèze
Balayant le silence.

PSAUME XXVI

Ô Reine, Notre Duc
Sous tes ongles laqués
J’imagine un ciel rouge
Aux parfums de lait de cobra...
Le soleil fait pleuvoir des sceptres sur le fleuve
Et des piranhas aux dents d’eau
Larguent des cerfs-volants sans fin...

“Chantez les très riches heures de l’En-Dehors !”
Crie à la face du levant
Un caméléon qui lisse les ailes du hasard
Planté dans le dédale de ta langue baccarat.

PSAUME XXVII

Près de la passerelle d’ivoire :
“Odyssées,
Métamorphoses,
Mues,
Je vous aime !” "
I


Lorsque le jeune Edgard, après bien des années,

Au seuil de son château s'en vint heurter un soir,

Traversa lentement les cours abandonnées,

Et près du vieux foyer voulut enfin s'asseoir,


Il vit avec douleur au manoir de ses pères

Les créneaux sans soldats et les murs délabrés,

Et sentit en marchant se dresser les vipères

Que cachait sous ses pas la ronce des degrés.


Quoique le vieux Caleb, honteux de sa détresse,

La cachât de son mieux ; comme en un soir d'été,

Surprise au bord des eaux, la jeune chasseresse

Aux regards du passant voile sa nudité ;


Edgard vit bien au front de ces tours inclinées

Ce sillon que le temps avait fait si profond,

Et sentit d'un seul coup tout le poids des années

Retomber sur son cœur et bondir jusqu'au fond.


Pourtant c'était la loi. Dieu veut que sur sa trace,

Sans pitié ni remords, comme un vieux meurtrier,

Le temps entraîne tout : le peuple après la race,

L'arbuste après la fleur, l'œuvre après l'ouvrier.


II


Mais moi, qu'ai-je éprouvé, lorsque sous votre ombrage,

Après quatre ans passés, retraites de Bury,

Ainsi qu'un voyageur surpris par un orage.

Je vins, triste déjà, demander un abri ?


Enfans, durant l'hiver, pour égayer nos veilles,

On nous a tous conté que, dans cet heureux temps

Que Perrault a peuplé de naïves merveilles,

Une belle princesse avait dormi cent ans ;


Et lorsque la vertu de quelque anneau magique

Eut enfin secoué cet étrange sommeil,

Après ce siècle entier d'un repos léthargique,

Elle sortit du bois jeune et le teint vermeil ;


Oh ! moi j'ai cru renaître à ces jours de féerie,

Comme elle, à son réveil, voyant à mon retour

La demeure aussi neuve et l'herbe aussi fleurie,

Et l'ombrage aussi frais des arbres d'alentour.


Le Temps, ce vieux faucheur, qui renverse et qui passe.

Semblait avoir pour moi fixé ses pas errans.

Comme si dans ce coin oublié de l'espace

Quelque autre Josué l'eût arrêté quatre ans.


Les hôtes qui jadis accueillaient mon Jeune âge,

Paraissaient réunis pour attendre au festin

Le retour d'un enfant qui, pour le voisinage.

Voulant voir ses amis, est parti le matin.


Ils avaient parcouru cette vie escarpée

Exempts des noirs chagrins si prompts à l'assaillir.

Et, dans sa voie étroite et de ravins coupée,

Marché sans se lasser, et vécu sans vieillir.
Ô saisons ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?

Ô saisons, ô châteaux,

J'ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n'élude.

Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.

Mais ! je n'aurai plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.

Ce Charme ! il prit âme et corps.
Et dispersa tous efforts.

Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuie et vole !

Ô saisons, ô châteaux !

Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.

Il faut que son dédain, las !

Me livre au plus prompt trépas !

- Ô Saisons, ô Châteaux !
Here's a sigh to those who love me,
And a smile to those who hate ;
And whatever sky's above me,
Here's a heart for every fate.
BYRON.


Amis ! c'est donc Rouen, la ville aux vieilles rues,
Aux vieilles tours, débris des races disparues,
La ville aux cent clochers carillonnant dans l'air,
Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles,
Dont le front hérissé de flèches et d'aiguilles
Déchire incessamment les brumes de la mer ;

C'est Rouen qui vous a ! Rouen qui vous enlève !
Je ne m'en plaindrai pas. J'ai souvent fait ce rêve
D'aller voir Saint-Ouen à moitié démoli,
Et tout m'a retenu, la famille, l'étude,
Mille soins, et surtout la vague inquiétude
Qui fait que l'homme craint son désir accompli.

J'ai différé. La vie à différer se passe.
De projets en projets et d'espace en espace
Le fol esprit de l'homme en tout temps s'envola.
Un jour enfin, lassés du songe qui nous leurre,
Nous disons : " Il est temps. Exécutons! c'est l'heure. "
Alors nous retournons les yeux : la mort est là !

Ainsi de mes projets. Quand vous verrai-je, Espagne,
Et Venise et son golfe, et Rome et sa campagne,
Toi, Sicile que ronge un volcan souterrain,
Grèce qu'on connaît trop, Sardaigne qu'on ignore,
Cités de l'aquilon, du couchant, de l'aurore,
Pyramides du Nil, cathédrales du Rhin !

Qui sait ? Jamais peut-être. Et quand m'abriterai-je
Près de la mer, ou bien sous un mont blanc de neige,
Dans quelque vieux donjon, tout plein d'un vieux héros,
Où le soleil, dorant les tourelles du faîte,
N'enverra sur mon front que des rayons de fête
Teints de pourpre et d'azur au prisme des vitraux ?

Jamais non plus, sans doute. En attendant, vaine ombre,
Oublié dans l'espace et perdu dans le nombre,
Je vis. J'ai trois enfants en cercle à mon foyer ;
Et lorsque la sagesse entr'ouvre un peu ma porte,
Elle me crie : Ami ! sois content. Que t'importe
Cette tente d'un jour qu'il faut sitôt ployer !

Et puis, dans mon esprit, des choses que j'espère
Je me fais cent récits, comme à son fils un père.
Ce que je voudrais voir je le rêve si beau !
Je vois en moi des tours, des Romes, des Cordoues,
Qui jettent mille feux, muse, quand tu secoues
Sous leurs sombres piliers ton magique flambeau !

Ce sont des Alhambras, de hautes cathédrales,
Des Babels, dans la nue enfonçant leurs spirales,
De noirs Escurials, mystérieux séjour,
Des villes d'autrefois, peintes et dentelées,
Où chantent jour et nuit mille cloches ailées,
Joyeuses d'habiter dans des clochers à jour !

Et je rêve ! Et jamais villes impériales  
N'éclipseront ce rêve aux splendeurs idéales.
Gardons l'illusion ; elle fuit assez tôt.
Chaque homme, dans son coeur, crée à sa fantaisie
Tout un monde enchanté d'art et de poésie.
C'est notre Chanaan que nous voyons d'en haut.

Restons où nous voyons. Pourquoi vouloir descendre,
Et toucher ce qu'on rêve, et marcher dans la cendre ?
Que ferons-nous après ? où descendre ? où courir ?
Plus de but à chercher ! plus d'espoir qui séduise !
De la terre donnée à la terre promise
Nul retour ; et Moïse a bien fait de mourir !

Restons **** des objets dont la vue est charmée.
L'arc-en-ciel est vapeur, le nuage est fumée.
L'idéal tombe en poudre au toucher du réel.
L'âme en songes de gloire ou d'amour se consume.
Comme un enfant qui souffle en un flocon d'écume,
Chaque homme enfle une bulle où se reflète un ciel !

Frêle bulle d'azur, au roseau suspendue,
Qui tremble au moindre choc et vacille éperdue !
Voilà tous nos projets, nos plaisirs, notre bruit !
Folle création qu'un zéphyr inquiète !
Sphère aux mille couleurs, d'une goutte d'eau faite !
Monde qu'un souffle crée et qu'un souffle détruit !

Le saurons-nous jamais ? Qui percera nos voiles,
Noirs firmaments, semés de nuages d'étoiles ?
Mer, qui peut dans ton lit descendre et regarder ?
Où donc est la science ? Où donc est l'origine ?
Cherchez au fond des mers cette perle divine,
Et, l'océan connu, l'âme reste à sonder !

Que faire et que penser ? Nier, douter, ou croire ?
Carrefour ténébreux ! triple route! nuit noire !
Le plus sage s'assied sous l'arbre du chemin,
Disant tout bas : J'irai, Seigneur, où tu m'envoies.
Il espère, et, de ****, dans les trois sombres voies,
Il écoute, pensif, marcher le genre humain !

Mai 1830.
Avec ses nerfs rompus, une main écorchée,
Qui marche sans le corps dont elle est arrachée,
Crispe ses doigts crochus armés d'ongles de fer
Pour me saisir ; des feux pareils aux feux d'enfer
Se croisent devant moi ; dans l'ombre, des yeux fauves
Rayonnent ; des vautours, à cous rouges et chauves,
Battent mon front de l'aile en poussant des cris sourds ;
En vain pour me sauver je lève mes pieds lourds,
Des flots de plomb fondu subitement les baignent,
À des pointes d'acier ils se heurtent et saignent,
Meurtris et disloqués ; et mon dos cependant,
Ruisselant de sueur, frissonne au souffle ardent
De naseaux enflammés, de gueules haletantes :
Les voilà, les voilà ! dans mes chairs palpitantes
Je sens des becs d'oiseaux avides se plonger,
Fouiller profondément, jusqu'aux os me ronger,
Et puis des dents de loups et de serpents qui mordent
Comme une scie aiguë, et des pinces qui tordent ;
Ensuite le sol manque à mes pas chancelants :
Un gouffre me reçoit ; sur des rochers brûlants,
Sur des pics anguleux que la lune reflète,
Tremblant, je roule, roule, et j'arrive squelette.
Dans un marais de sang ; bientôt, spectres hideux,
Des morts au teint bleuâtre en sortent deux à deux,
Et, se penchant vers moi, m'apprennent les mystères
Que le trépas révèle aux pâles feudataires
De son empire ; alors, étrange enchantement,
Ce qui fut moi s'envole, et passe lentement
À travers un brouillard couvrant les flèches grêles
D'une église gothique aux moresques dentelles.
Déchirant une proie enlevée au tombeau,
En me voyant venir, tout joyeux, un corbeau
Croasse, et, s'envolant aux steppes de l'Ukraine,
Par un pouvoir magique à sa suite m'entraîne,
Et j'aperçois bientôt, non **** d'un vieux manoir,
À l'angle d'un taillis, surgir un gibet noir
Soutenant un pendu ; d'effroyables sorcières
Dansent autour, et moi, de fureurs carnassières
Agité, je ressens un immense désir
De broyer sous mes dents sa chair, et de saisir,
Avec quelque lambeau de sa peau bleue et verte,
Son cœur demi-pourri dans sa poitrine ouverte.
I dream and everything goes
Like in a movie
in my awakening
Or maybe  i am sleepping,
On the sreen of that dream
A beautiful and rebellious woman
With harmonious magique curves
That magique round show
My eyes  and soul are in delight
While  my heart  beats
And goes the drums
The music is rejoycing my being
Those vibrations move
Through the blood  veins
The dream sails  it boat
On waves of tenderness
That bohemian sea of love
My friend i should say it
I love you  and more  
And besides the love
the desire is stronger
Near my fleshly soul
My friend is a wonderful source
Where I will quench my thirst
My dream is a sweet feast
where I'll drown
My ultimate hunger
NGANGO HONORÉ Aug 2021
La vie un dessein
La vie une peinture
La vie deux façade
La vie des vœux intérieures
La vie des défis surmontables
Rien de bien magique
juste persévérer pour ceux en quoi on a espérer
Mes récits sur la vie continuent 🤩🤩
Sonnet.

Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d'encens qui remplit une église,
Ou d'un sachet le musc invétéré ?

Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
Ainsi l'amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.

De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l'alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,

Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.
J'ai naguère habité le meilleur des châteaux

Dans le plus fin pays d'eau vive et de coteaux :

Quatre tours s'élevaient sur le front d'autant d'ailes,

Et j'ai longtemps, longtemps habité l'une d'elles.

Le mur, étant de brique extérieurement,

Luisait rouge au soleil de ce site dormant,

Mais un lait de chaux, clair comme une aube qui pleure,

Tendait légèrement la voûte intérieure.

Ô diane des yeux qui vont parler au cœur,

Ô réveil pour les sens éperdus de langueur,

Gloire des fronts d'aïeuls, orgueil jeune des branches,

Innocence et fierté des choses, couleurs blanches !

Parmi des escaliers en vrille, tout aciers

Et cuivres, luxes brefs encore émaciés,

Cette blancheur bleuâtre et si douce, à m'en croire,

Que relevait un peu la longue plinthe noire,

S'emplissait tout le jour de silence et d'air pur

Pour que la nuit y vînt rêver de pâle azur.

Une chambre bien close, une table, une chaise,

Un lit strict où l'on pût dormir juste à son aise,

Du jour suffisamment et de l'espace assez,

Tel fut mon lot durant les longs mois là passés,

Et je n'ai jamais plaint ni les mois ni l'espace,

Ni le reste, et du point de vue où je me place,

Maintenant que voici le monde de retour,

Ah vraiment, j'ai regret aux deux ans dans la tour !

Car c'était bien la paix réelle et respectable,

Ce lit dur, cette chaise unique et cette table,

La paix où l'on aspire alors qu'on est bien soi,

Cette chambre aux murs blancs, ce rayon sobre et coi,

Qui glissait lentement en teintes apaisées,

Au lieu de ce grand jour diffus de vos croisées.

Car à quoi bon le vain appareil et l'ennui

Du plaisir, à la fin, quand le malheur a lui,

(Et le malheur est bien un trésor qu'on déterre)

Et pourquoi cet effroi de rester solitaire

Qui pique le troupeau des hommes d'à présent,

Comme si leur commerce était bien suffisant ?

Questions ! Donc j'étais heureux avec ma vie,

Reconnaissant de biens que nul, certes, n'envie.

(Ô fraîcheur de sentir qu'on n'a pas de jaloux !

Ô bonté d'être cru plus malheureux que tous !)

Je partageais les jours de cette solitude

Entre ces deux bienfaits, la prière et l'étude,

Que délassait un peu de travail manuel.

Ainsi les Saints ! J'avais aussi ma part de ciel,

Surtout quand, revenant au jour, si proche encore,

Où j'étais ce mauvais sans plus qui s'édulcore

En la luxure lâche aux farces sans pardon,

Je pouvais supputer tout le prix de ce don :

N'être plus là, parmi les choses de la foule,

S'y dépensant, plutôt dupe, pierre qui roule,

Mais de fait un complice à tous ces noirs péchés,

N'être plus là, compter au rang des cœurs cachés,

Des cœurs discrets que Dieu fait siens dans le silence,

Sentir qu'on grandit bon et sage, et qu'on s'élance

Du plus bas au plus haut en essors bien réglés,

Humble, prudent, béni, la croissance des blés !

D'ailleurs nuls soins gênants, nulle démarche à faire.

Deux fois le jour ou trois, un serviteur sévère

Apportait mes repas et repartait muet.

Nul bruit. Rien dans la tour jamais ne remuait

Qu'une horloge au cœur clair qui battait à coups larges.

C'était la liberté (la seule !) sans ses charges,

C'était la dignité dans la sécurité !

Ô lieu presque aussitôt regretté que quitté,

Château, château magique où mon âme s'est faite,

Frais séjour où se vint apaiser la tempête

De ma raison allant à vau-l'eau dans mon sang,

Château, château qui luis tout rouge et dors tout blanc,

Comme un bon fruit de qui le goût est sur mes lèvres

Et désaltère encor l'arrière-soif des fièvres,

Ô sois béni, château d'où me voilà sorti

Prêt à la vie, armé de douceur et nanti

De la Foi, pain et sel et manteau pour la route

Si déserte, si rude et si longue, sans doute,

Par laquelle il faut tendre aux innocents sommets.

Et soit aimé l'Auteur de la Grâce, à jamais !
Une femme mystérieuse,
Dont la beauté trouble mes sens,
Se tient debout, silencieuse,
Au bord des flots retentissants.

Ses yeux, où le ciel se reflète,
Mêlent à leur azur amer,
Qu'étoile une humide paillette,
Les teintes glauques de la mer.

Dans les langueurs de leurs prunelles,
Une grâce triste sourit ;
Les pleurs mouillent les étincelles
Et la lumière s'attendrit ;

Et leurs cils comme des mouettes
Qui rasent le flot aplani,
Palpitent, ailes inquiètes,
Sur leur azur indéfini.

Comme dans l'eau bleue et profonde,
Où dort plus d'un trésor coulé,
On y découvre à travers l'onde
La coupe du roi de Thulé.

Sous leur transparence verdâtre,
Brille parmi le goémon,
L'autre perle de Cléopâtre
Prés de l'anneau de Salomon.

La couronne au gouffre lancée
Dans la ballade de Schiller,
Sans qu'un plongeur l'ait ramassée,
Y jette encor son reflet clair.

Un pouvoir magique m'entraîne
Vers l'abîme de ce regard,
Comme au sein des eaux la sirène
Attirait Harald Harfagar.

Mon âme, avec la violence
D'un irrésistible désir,
Au milieu du gouffre s'élance
Vers l'ombre impossible à saisir.

Montrant son sein, cachant sa queue,
La sirène amoureusement
Fait ondoyer sa blancheur bleue
Sous l'émail vert du flot dormant.

L'eau s'enfle comme une poitrine
Aux soupirs de la passion ;
Le vent, dans sa conque marine,
Murmure une incantation.

" Oh ! viens dans ma couche de nacre,
Mes bras d'onde t'enlaceront ;
Les flots, perdant leur saveur âcre,
Sur ta bouche, en miel couleront.

" Laissant bruire sur nos têtes,
La mer qui ne peut s'apaiser,
Nous boirons l'oubli des tempêtes
Dans la coupe de mon baiser. "

Ainsi parle la voix humide
De ce regard céruléen,
Et mon coeur, sous l'onde perfide,
Se noie et consomme l'*****.
La salle est magnifique et la table est immense.
Toujours par quelque bout le banquet recommence,
Un magique banquet, sans cesse amoncelé
Dans l'or et le cristal et l'argent ciselé.
A cette table auguste, où siègent peu de sages,
Tous les sexes ont place ainsi que tous les âges.
Guerrier de quarante ans au profil sérieux,
Jeune homme au blond duvet, jeune fille aux doux yeux,
Enfant qui balbutie et vieillard qui bégaye,
Tous mangent, tous ont faim, et leur faim les égaye,
Et les plus acharnés sont, autour des plats d'or,
Ceux qui n'ont plus de dents ou n'en ont pas encor !
Casques, cimiers, fleurons, bannières triomphales
Les lions couronnés, les vautours bicéphales,
Les étoiles d'argent sur le sinople obscur,
L'abeille dans la pourpre et le lys dans l'azur,
Les chaînes, les chevrons, les lambels, les losanges,
Tout ce que le blason a de formes étranges,
De léopards ailés, d'aigles et de griffons,
Tourbillonne autour d'eux, se cramponne aux plafonds,
Se tord dans l'arabesque entre leurs pieds jetée,
Plonge un bec familier dans leur coupe sculptée,
Et suspend aux lambris main drapeau rayonnant,
Qui, des poutres du toit jusqu'à leurs fronts traînant,
Les effleure du bout de sa frange superbe,
Comme un oiseau dont l'aile en passant touche l'herbe.

Et comme à ce banquet tout résonne ou reluit,
On y croit voir jouter la lumière et le bruit.

La salle envoie au ciel une rumeur de fête.
Les convives ont tous une couronne en tête,
Tous un trône sous eux où leur orgueil s'assied,
Tous un sceptre à la main, tous une chaîne au pied ;
Car il en est plus d'un qui voudrait fuir peut-être,
Et l'esclave le mieux attaché c'est le maître.

Le pouvoir enivrant qui change l'homme en dieu ;
L'amour, miel et poison, l'amour, philtre de feu
Fait du souffle mêlé de l'homme et de la femme,
Des frissons de la chair et des rêves de l'âme ;
Le plaisir, fils des nuits, dont l'œil brûlant d'espoir
Languit vers le matin et sa rallume au soir ;
Les meutes, les piqueurs, les chasses effrénées
Tout le jour par les champs au son du cor menées ;
La soie et l'or ; les lits de cèdre et de vermeil,
Faits pour la volupté plus que pour le sommeil,
Où, quand votre maîtresse en vos bras est venue,
Sur une peau de tigre on peut la coucher nue ;
Les palais effrontés, les palais imprudents
Qui, du pauvre enviées, lui font grincer des dents ;
Les parcs majestueux, pleins d'horizons bleuâtres,
Où l'œil sous le feuillage entrevoit des albâtres,
Où le grand peuplier tremble auprès du bouleau,
Où l'on entend la nuit des musiques sur l'eau ;
La pudeur des beautés facilement vaincue ;
La justice du juge à prix d'or convaincue ;
La terreur des petits, le respect des passants,
Cet assaisonnement du bonheur des puissants ;
La guerre ; le canon tout gorgé de mitrailles
Qui passe son long cou par-dessus les murailles ;
Le régiment marcheur, polype aux mille pieds ;
La grande capitale aux bruits multipliés ;
Tout ce qui jette au ciel, soit ville, soit armée,
Des vagues de poussière et des flots de fumée ;
Le budget, monstre énorme, admirable poisson
A qui de toutes parts on jette l'hameçon,
Et qui, laissant à flots l'or couler de ses plaies,
Traîne un ventre splendide, écaillé de monnaies ;
Tels sont les mets divins que sur des plats dorés
Leur servent à la fois cent valets affairés,
Et que dans son fourneau, laboratoire sombre,
Souterrain qui flamboie au-dessous d'eux dans l'ombre,
Prépare nuit et jour pour le royal festin
Ce morose alchimiste, appelé le Destin !

Le sombre amphitryon ne veut pas de plats vides,
Et la profusion lasse les plus avides ;
Et, pour choisir parmi tant de mets savoureux,
Pour les bien conseiller, sans cesse, derrière eux,
Ils ont leur conscience ou ce qu'ainsi l'on nomme,
Compagnon clairvoyant, guide sûr de tout homme,
A qui, par imprudence et dès les premiers jeux,
Les nourrices des rois crèvent toujours les yeux.

Oh ! ce sont là les grands et les heureux du monde !
Ô vie intarissable où le bonheur abonde !
Ô magnifique orgie ! ô superbe appareil !
Comme on s'enivre bien dans un festin pareil !
Comme il doit, à travers ces splendeurs éclatantes,
Vous passer dans l'esprit mille images flottantes !
Que les rires, les voix, les lampes et le vin
Vous doivent faire en l'âme un tourbillon divin !
Et que l'œil ébloui doit errer avec joie
De tout ce qui ruisselle à tout ce qui flamboie !

Mais tout à coup, tandis que l'échanson rieur
Leur verse à tous l'oubli du monde extérieur ;
A l'heure où table, et salle, et valets, et convives,
Et flambeaux couronnés d'auréoles plus vives,
Et l'orchestre caché qui chante jour et nuit,
Epanchent plus de joie, et de flamme, et de bruit,
Hélas ! à cet instant d'ivresse et de délire,
Où le banquet hautain semble éclater de rire,
Narguant le peuple assis à la porte en haillons,
Quelqu'un frappe soudain l'escalier des talons,
Quelqu'un survient, quelqu'un en bas se fait entendre,
Quelqu'un d'inattendu qu'on devrait bien attendre.

Ne fermez pas la porte. Il faut ouvrir d'abord.
Il faut qu'on laisse entrer. - Et tantôt c'est la mort,
Tantôt l'exil qui vient, la bouche haletante,
L'une avec un tombeau, l'autre avec une tente,
La mort au pied pesant, l'exil au pas léger,
Spectre toujours vêtu d'un habit étranger.

Le spectre est effrayant. Il entre dans la salle,
Jette sur tous les fronts son ombre colossale,
Courbe chaque convive ainsi qu'un arbre au vent,
Puis il en choisit un, le plus ivre souvent,
L'arrache du milieu de la table effrayée,
Et l'emporte, la bouche encor mal essuyée !

Le 20 août 1832.
Je t'aime à vol d'oiseau
Et j'évalue la distance
Qui nous sépare de l'irréversible,
De l'irréparable,
De l'incommensurable,
Ombre déplumée de nous-même.
Je t'aime à tire d'aile
Et de mots en mots je plane nu
Sur un tapis magique de nourritures lubriques
Vers des planètes volcaniques
Sans laves ni cratères.

Je t'aime comme l'alouette, gentille alouette,
Je te plume le bec divin
Je te plume le dos angélique
Je te plume le cou céleste
Et le cou et le dos et le bec
Je te plume la nuque diabolique
Je te plume les fossettes virginales
Et le talon d'Achille ensorceleur
Et la toison du Mont de Venus paradisiaque
Et les lèvres et les doigts féeriques
A distance réglementaire.

Je te plume l'ombre et je garde mes écarts
Au pas cadencé de ma transe
Et chaque plume arrachée est comme un baiser
Sinon volé du moins emprunté
Aux mythes obscurs qui nous ont devancés.
Et chaque plume plongée dans l'encrier
S'imbibe des amours lubriques de jadis
Qui se nouèrent entre vie et trépas
Entre les draps et oreillers de la page blanche
Dont se nourrissent mutuellement les muses et les poètes.
La foule des vivants rit et suit sa folie,
Tantôt pour son plaisir, tantôt pour son tourment ;
Mais par les morts muets, par les morts qu'on oublie,
Moi, rêveur, je me sens regardé fixement.

Ils savent que je suis l'homme des solitudes,
Le promeneur pensif sous les arbres épais,
L'esprit qui trouve, ayant ses douleurs pour études,
Au seuil de tout le trouble, au fond de tout la paix !

Ils savent l'attitude attentive et penchée
Que j'ai parmi les buis, les fosses et les croix ;
Ils m'entendent marcher sur la feuille séchée ;
Ils m'ont vu contempler des ombres dans les bois,

Ils comprennent ma voix sur le monde épanchée,
Mieux que vous, ô vivants bruyants et querelleurs !
Les hymnes de la lyre en mon âme cachée,
Pour vous ce sont des chants, pour eux ce sont des pleurs.

Moi, c'est là que je vis ! - cueillant les roses blanches,
Consolant les tombeaux délaissés trop longtemps,
Je passe et je reviens, je dérange les branches,
Je fais du bruit dans l'herbe, et les morts sont contents.

Là je rêve ! et, rôdant dans le champ léthargique,
Je vois, avec des yeux dans ma pensée ouverts,
Se transformer mon âme en un monde magique,
Miroir mystérieux du visible univers.

Regardant sans les voir de vagues scarabées,
Des rameaux indistincts, des formes, des couleurs,
Là, j'ai dans l'ombre, assis sur des pierres tombées,
Des éblouissements de rayons et de fleurs.

Là, le songe idéal qui remplit ma paupière
Flotte, lumineux voile, entre la terre et nous ;
Là, mes doutes ingrats se fondent en prière ;
Je commence debout et j'achève à genoux.

Comme au creux du rocher vole l'humble colombe,
Cherchant la goutte d'eau qui tombe avant le jour,
Mon esprit altéré, dans l'ombre de la tombe,
Va boire un peu de foi, d'espérance et d'amour !

Mars 1840.
Les courses furent intrépides

(Comme aujourd'hui le repos pèse !)

Par les steamers et les rapides.

(Que me veut cet at home obèse ?)


Nous allions, - vous en souvient-il,

Voyageur où ça disparu ? -

Filant légers dans l'air subtil,

Deux spectres joyeux, on eût cru !


Car les passions satisfaites

Insolemment outre mesure

Mettaient dans nos têtes des fêtes

Et dans nos sens, que tout rassure,


Tout, la jeunesse, l'amitié,

Et nos cœurs, ah ! que dégagés

Des femmes prises en pitié

Et du dernier des préjugés,


Laissant la crainte de l'orgie

Et le scrupule au bon ermite,

Puisque quand la borne est franchie

Ponsard ne veut plus de limite.


Entre autres blâmables excès

Je crois que nous bûmes de tout,

Depuis les plus grands vins français

Jusqu'à ce faro, jusqu'au stout,


En passant par les eaux-de-vie

Qu'on cite comme redoutables,

L'âme au septième ciel ravie,

Le corps, plus humble, sous les tables.


Des paysages, des cités

Posaient pour nos yeux jamais las ;

Nos belles curiosités

Eussent mangé tous les atlas.


Fleuves et monts, bronzes et marbres,

Les couchants d'or, l'aube magique,

L'Angleterre, mère des arbres,

Fille des beffrois, la Belgique,


La mer, terrible et douce au point, -

Brochaient sur le roman très cher

Que ne discontinuait point

Notre âme, - et quid de notre chair ?... -


Le roman de vivre à deux hommes

Mieux que non pas d'époux modèles,

Chacun au tas versant des sommes

De sentiments forts et fidèles.


L'envie aux yeux de basilic

Censurait ce mode d'écot :

Nous dînions du blâme public

Et soupions du même fricot.


La misère aussi faisait rage

Par des fois dans le phalanstère :

On ripostait par le courage,

La joie et les pommes de terre.


Scandaleux sans savoir pourquoi,

(Peut-être que c'était trop beau)

Mais notre couple restait coi

Comme deux bons porte-drapeau,


Coi dans l'orgueil d'être plus libres

Que les plus libres de ce monde,

Sourd aux gros mots de tous calibres,

Inaccessible au rire immonde.


Nous avions laissé sans émoi

Tous impédiments dans Paris,

Lui quelques sots bernés, et moi

Certaine princesse Souris,


Une sotte qui tourna pire...

Puis soudain tomba notre gloire,

Tels, nous, des maréchaux d'empire

Déchus en brigands de la Loire,


Mais déchus volontairement !

C'était une permission,

Pour parler militairement,

Que notre séparation,


Permission sous nos semelles,

Et depuis combien de campagnes !

Pardonnâtes-vous aux femelles ?

Moi j'ai peu revu ces compagnes,


Assez toutefois pour souffrir.

Ah, quel cœur faible que mon cœur !

Mais mieux vaut souffrir que mourir

Et surtout mourir de langueur.


On vous dit mort, vous. Que le Diable

Emporte avec qui la colporte

La nouvelle irrémédiable

Qui vient ainsi battre ma porte !


Je n'y veux rien croire. Mort, vous,

Toi, dieu parmi les demi-dieux !

Ceux qui le disent sont des fous.

Mort, mon grand péché radieux,


Tout ce passé brûlant encore

Dans mes veines et ma cervelle

Et qui rayonne et qui fulgore

Sur ma ferveur toujours nouvelle !


Mort tout ce triomphe inouï

Retentissant sans frein ni fin

Sur l'air jamais évanoui

Que bat mon cœur qui fut divin !


Quoi, le miraculeux poème

Et la toute-philosophie,

Et ma patrie et ma bohème

Morts ? Allons donc ! tu vis ma vie !
Maître de boucan
Je construis mon ajoupa à flanc de montagne.
Il n 'y a cette nuit ni vent ni pluie
Dans ce pays en suspension
Entre bois, montagnes et précipices.

J'ai franchi avec toi sept rivières à gué
Escaladé les parois abruptes
Tandis que les diables faisaient grand bruit
Sortaient en miaulant et piaillant de leurs repaires
Pour aller voleter au-dessus de la mer.

Malgré leur chant d'effroi je ne désarmais pas, au contraire
C'était pour leur chair noire, douce et exquise
Que j'étais là en plein Carème
Dans cette montagne aux Diables.
Ni grives ni perroquets ni perdriques ni perdrix
Ne m'auraient fait dévier de ma chasse
Sans chiens et sans bâtons
A ce mets délicieux que sont les diablotins.

Je me voyais déjà les déloger de leurs terriers dans les falaises
Et les manger de broche en bouche
Selon les règles boucanières d'antan
Ou dans une feuille de cachibou ou de balisier
Quand tu m'as soufflé en me mordillant l'oreille
Ton envie urgente de pastrama fumé aux sarments de vigne.
Tes désirs sont des ordres
Mais comment trouver en pleine montagne aux Diables
A trois heures et quelques du matin un mouton sauvage,
Un agneau de pré-salé,
Un bélier broutant dans les vignes
Qui accepte de gaîté de coeur d'être sacrifié en holocauste
En pleine période de jeûne ?

Je me mis à prier le Révérend Père et la Vieille Dame
A qui je promis l'abstinence perpétuelle
De ces diablotins et autres cottous
Au goût de poisson
Pourvu qu'ils me fassent tomber du ciel
La divine pitance de tes ovins délicieux .

J'ai commencé à ramasser les herbes et les brindilles
Les branches de cannes sèches et les écorces de coco,
Les branches sèches de manguiers et de citronniers
Le chiendent, le *****-contra pour parfumer.
Et le silex et l'amadou pour mettre le feu.
Un peu d'alizé pour la fumée.
Et de la patience pour que le feu prenne.

Mais en lieu et place des moutons
Il se mit à pleuvoir sur notre bivouac
Une volée de cent un de ces volatiles blancs et noirs
Daciens comme Dalmatiens
Frais, séchés puis marinés aux rayons de lune
Tous volontaires et consentant à la dégustation magique
Du pastrama fumé de diablotins

Goûte-moi donc à ce vin de madère
De derrière les ******
Sans lequel je ne pars jamais en excursion
Et pardonne-moi pour le mouton
Si tu veux demain je te ferai un pastrama d'oies traditionnel
Voire un pastrama de voyelles
Marinées dans le miel, le thym, le sel
Le romarin, le laurier, le poivre et le piment
Le sel, l'ail et l'huile d'olive
La menthe, l 'oignon et le vin rouge à volonté
Ce que tu voudras, tant que tu voudras...

Mais goûte-moi ce matin avant que le jour ne se lève
Ce pastrama de diablotin fumé
Essaie et dis-moi !

Tout est affaire de goût et d'accoutumance !

Savourons ensemble le panorama et le pastrama
Savourons l'altitude de ces diablotins rôtis à la broche
Et fumés aux sarments de chiendent et *****-contra
Savourons la manne et l 'abstinence
De cette nuit étale de printemps-hiver
Au sommet de la Souphrière
Avant que conformément à ma parole
Je n'entre dans les Ordres.
Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre,
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !

Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l'horizon violet !

Le 5 septembre 1828.
Qualyxian Quest Jan 2020
dying in Time's ocean
leaving Fate to chance

words in local motion
like a solitary dance

Yes, a magic potion
while walking weary France

Emily's commotion
Alone the ponies prance


                                          Trance!
Mon île vierge,
Mon Aura,
Ma soeur de martyre,
J'ai nuitamment interrogé les astres,
Les constellations qui gouvernent
Ton port de tête.

J'ai tenté de débroussailler les lignes et les points
Où se cristallisent les pistes
Où se terrent tes gîtes et tes raisons d'être.
Ni microscope ni télescope ni longue vue
Ni jumelles n'ont permis que je cerne
Au détour d'un arbre renversé
Dans la chair de la nuit
Le sentier astral qui mène à ta comète .

Je te croyais Cassiopée
Au-dessus des Equateurs
C'est Lynx et Pollux que tu m'es apparue
Au-dessus de la Mer Noire
Et quand, photographe à l 'affût,
J'ai cru toucher le pelage de Pollux
C'est Lynx qui a hurlé du haut des crêtes
Et fait le gros dos dans le crépuscule.

Il ne m'est resté comme proie sur la pellicule
Que le regard magique de ton oeil de lynx
Où miroitaient les flots perçants de la Mer Noire.

J'ai pensé alors que ce n'est pas le ciel qui te gouverne
Mais la mer, inlassablement
Et dans chaque port de cette Mer Noire
Je cherche encore ton auréole martyre qui cabote.

Parfois je vois ton île vierge poindre,
Souveraine,
Comme une bouteille à la mer
Au détour d'un sourire-poème
Qui flaire tel un cerf-volant multicolore
Le vent d'Est du Tout-Monde.

Et j'essaie de décrypter à distance les indices
Qui mènent inexorablement à ta tanière karmique.
NGANGO HONORÉ Apr 2021
A des Jours Mémorables. .. Des choses Mémorables.
De Telle Jours Jouissent de Traits à characteristics Joignable et Juxtaposés À jamais qui forment ce qu'on appelle l'inoubliable.

A des Jours Mémorables des Actions Memorieux. Des Personnes Mémoriel, Des Actes de Bravoure bravé et gravé.

Des Jours Mémorables existe pour la mémoire,
Quand la Nostalgie Ne voulant pas Nuire. Vient appèsé nos Souffrance Nous faire Sourire, Nous Faire Rire,

La Mémoire Existe pour le futur, Rend Hommage au Passé et Sert  D'intermédiaire au Présent

Magnifique Magique, Mystérieux et Pourquoi Pas Mystique,

La mémoire sert de recueil ou alors de cahier de Notes pour des Jours qu'on ne veut pas Oublier ou ceux qu'on veut Oublier.  

Mais  Alors La mémoire n'es pas à Même de retenir son Choix de sentiments.

18/11/2018
La Mémoire un don Dieu
(A Germain Nouveau)


Dans une rue, au coeur d'une ville de rêve

Ce sera comme quand on a déjà vécu :

Un instant à la fois très vague et très aigu...

Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !


Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois !

Ce sera comme quand on ignore des causes ;

Un lent réveil après bien des métempsycoses :

Les choses seront plus les mêmes qu'autrefois


Dans cette rue, au coeur de la ville magique

Où des orgues moudront des gigues dans les soirs,

Où les cafés auront des chats sur les dressoirs

Et que traverseront des bandes de musique.


Ce sera si fatal qu'on en croira mourir :

Des larmes ruisselant douces le long des joues,

Des rires sanglotés dans le fracas des roues,

Des invocations à la mort de venir,


Des mots anciens comme un bouquet de fleurs fanées !

Les bruits aigres des bals publics arriveront,

Et des veuves avec du cuivre après leur front,

Paysannes, fendront la foule des traînées


Qui flânent là, causant avec d'affreux moutards

Et des vieux sans sourcils que la dartre enfarine,

Cependant qu'à deux pas, dans des senteurs d'*****,

Quelque fête publique enverra des pétards.


Ce sera comme quand on rêve et qu'on s'éveille,

Et que l'on se rendort et que l'on rêve encor

De la même féerie et du même décor,

L'été, dans l'herbe, au bruit moiré d'un vol d'abeille.

— The End —