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judy smith Jul 2015
Getting married on a beach, mountaintop, remote villa or rustic rural setting is a romantic ideal for many brides.

But what does that mean for the wedding dress?

Should you go formal or footloose? Will your gown fit in your suitcase?

A bride having a "destination wedding" should think about versatility when choosing a gown. She must be "concerned about being comfortable, more so than your typical bride. She has to contend with weather and terrain, making her gown choice critical to how at-ease she feels on her special day," says Lori Conley, senior buyer for David's Bridal.

Christine Pagulayan of Toronto and her fiancé, Ian McIntyre, jetted to Costa Rica in 2013 for a resort wedding.

"I had a (dress) style in mind: strapless, low back, white with ruching. Initially, I thought about going short, since we were going to get married on a beach, but I then realized that even if it may be heavy or sweaty, I wanted a real wedding dress. So we found one that had a gorgeous train, but it also had a bustle so I could dance," Pagulayan says.

Some dress trends for destination brides:

• LIGHT FABRICS AND SHORT HEMS: Many traveling brides favor lightweight, airy fabrics.

"Chiffon and organza are always favorites. Full trains can be cumbersome if you're navigating sand or grass," says Conley, of David's.

"A lot of brides opt for the ease of a sweep train," which just grazes the floor.

David's destination-friendly dresses include styles in full or tea-length tulle, soft lace or chiffon, Conley says. Fabrics that travel well for brides wanting a more structured gown include silk gazar, georgette and crepe, which are "lighter-weight versions of silk faille and Mikado," says Carrie Goldberg, associate fashion editor for Martha Stewart Weddings.

J. Crew's Karina short dress, for instance, has a flapper-esque fringe, and is covered in corded lace. • SEPARATES: "Tops and bottoms are not only easier to pack, they allow for mixing and matching fabric and fit to get a silhouette that feels unique to your personal style," says Goldberg.

Separates work for any destination, she says: "A full organza skirt may appeal to a bride getting married on the beach; pairing it with a delicate silk camisole suits the location. The same skirt would suit a mountaintop affair when paired with a fur bolero or a fine knit."

J.Crew's Sloane poly-cotton long skirt has a simple, draped profile; a silk cami top embellished with beads, crystals, sequins and paillettes in a floral motif creates a dressy look.

At David's Bridal, there's the crisp Mikado cropped top balanced by a flowing, organza ball-gown skirt, creating a modern silhouette.

• COLOR: Let the venue inform your choice of hue, Goldberg says.

"A sunset wedding in Napa pairs beautifully with a blush gown, while the colors of an Amalfi Coast wedding may inspire the bride to opt for something blue."

• VERSATILITY: For bridesmaids — or perhaps even the bride — White House Black Market has a clever option: a short or long pull-on gown with a customizable top. You can adjust the straps on the "Genius" dress to make a halter, one-shoulder or cap-sleeved version. Easy to pack, affordable and available in a range of colors, these might be a good option for a group of bridesmaids.

• FOOTWEAR: Flats or wedges are ideal for beach or garden: "The more surface area the sole of your shoes have, the easier it will be to walk," says Conley.

Keep in mind that satin or grosgrain might get stained by grass or sand.

Another option for beach brides is "foot jewelry," an accessory that does away with the need for an actual shoe.

read more:www.marieaustralia.com/formal-dresses-adelaide

www.marieaustralia.com/plus-size-formal-dresses
ryn Nov 2014
Je suis exatlé de voir dans ce ciel de nuit,
Auquel je dois cette plaisante fortune.
En compagnie d’étoiles clignotantes,
Subjugué par ce spectacle, j’admire ma Lune.

Lave-moi dans ton eau argentée, translucide.
Sois près de moi lors de mes blanches nuits.
Veille sur moi tel un garde sans faille.
Enveloppe-moi de murmures, un calme répit.

Ô comme tu guides les flots ardents de mon âme!
Baisse les yeux, les eaux abordent ma plage…
Érode le fardeau qui étouffe mes écueils brûlants,
Des sables noyés, oppressé, tendres otages.

Peu de nuits à présent… Épris alors que tu t’en vas.
Des brins épais et sombres de cheveux en cascades,
Dissimulent ton visage d’une manière séduisante.
Il n’en reste qu’un croissant, qui s’efface dans le noir.

Les nuits s’écoulent… Maintenant la lune se délite
M’en laissant qu’une moitié; la nuit le veut ainsi.
Reste encore, plus longtemps; ne pars pas si tôt,
Je ne me sens pas prêt à être anéanti.

Je lève la tête sans dire un mot, alors que les nuits passent.
J’ai vu mon amour lunaire se dissoudre dans l’espace.
My coeur, aussi, déchiré bout par bout…
Enfin, elle était partie; partie, sans laisser de trace.

Depuis, chaque nuit abonde de vide et de souffrance.
Je supplie les étoiles d’apaiser le vide en moi…
Mais ils se contenteraient de briller, indifférents…
Même suite à tous mes appels, mes émois.

Desormais je suis incertain sur le nombre de passages.
Les nuits n’amenèrent que l’assaut des étoiles moqueuses.
Cependant je joue des promesses celestes,
Pour le retour de ma folle quête amoureuse.

Je sais que c’est frivole de penser que je suis le seul…
C’est vrai, ils languissent; ma souffrance est la leur.
Mais c’est moi qui désire le plus ton fameux regard,
Car nos coeurs ont chanté dans toutes les couleurs.

Ma détresse à son zénith, emplis, presque brisé,
Lorsque soudain j’entends une belle chanson, lointaine.
Une chanson pareille à celle que l’on prononçât,
Encore garnie d’argent translucide, je soupire avec peine…,
“Te voilà....”
"Moongazer" in French!
Translation courtesy of the fabulous Mia Barrat!!!
cellobello  Feb 2012
Sans Faille
cellobello Feb 2012
Doucement, doucement,
il pleut de neige
un tapis blanc,
engourdissement
ma peau,
mes lèvres,
ma coeur.

Lentement, lentement,
je suis entourré,
je suis enterré
par la beauté.
Lorsque le grand Byron allait quitter Ravenne,
Et chercher sur les mers quelque plage lointaine
Où finir en héros son immortel ennui,
Comme il était assis aux pieds de sa maîtresse,
Pâle, et déjà tourné du côté de la Grèce,
Celle qu'il appelait alors sa Guiccioli
Ouvrit un soir un livre où l'on parlait de lui.

Avez-vous de ce temps conservé la mémoire,
Lamartine, et ces vers au prince des proscrits,
Vous souvient-il encor qui les avait écrits ?
Vous étiez jeune alors, vous, notre chère gloire.
Vous veniez d'essayer pour la première fois
Ce beau luth éploré qui vibre sous vos doigts.
La Muse que le ciel vous avait fiancée
Sur votre front rêveur cherchait votre pensée,
Vierge craintive encore, amante des lauriers.
Vous ne connaissiez pas, noble fils de la France,
Vous ne connaissiez pas, sinon par sa souffrance,
Ce sublime orgueilleux à qui vous écriviez.
De quel droit osiez-vous l'aborder et le plaindre ?
Quel aigle, Ganymède, à ce Dieu vous portait ?
Pressentiez-vous qu'un jour vous le pourriez atteindre,
Celui qui de si haut alors vous écoutait ?
Non, vous aviez vingt ans, et le coeur vous battait
Vous aviez lu Lara, Manfred et le Corsaire,
Et vous aviez écrit sans essuyer vos pleurs ;
Le souffle de Byron vous soulevait de terre,
Et vous alliez à lui, porté par ses douleurs.
Vous appeliez de **** cette âme désolée ;
Pour grand qu'il vous parût, vous le sentiez ami
Et, comme le torrent dans la verte vallée,
L'écho de son génie en vous avait gémi.
Et lui, lui dont l'Europe, encore toute armée,
Écoutait en tremblant les sauvages concerts ;
Lui qui depuis dix ans fuyait sa renommée,
Et de sa solitude emplissait l'univers ;
Lui, le grand inspiré de la Mélancolie,
Qui, las d'être envié, se changeait en martyr ;
Lui, le dernier amant de la pauvre Italie,
Pour son dernier exil s'apprêtant à partir ;
Lui qui, rassasié de la grandeur humaine,
Comme un cygne à son chant sentant sa mort prochaine,
Sur terre autour de lui cherchait pour qui mourir...
Il écouta ces vers que lisait sa maîtresse,
Ce doux salut lointain d'un jeune homme inconnu.
Je ne sais si du style il comprit la richesse ;
Il laissa dans ses yeux sourire sa tristesse :
Ce qui venait du coeur lui fut le bienvenu.

Poète, maintenant que ta muse fidèle,
Par ton pudique amour sûre d'être immortelle,
De la verveine en fleur t'a couronné le front,
À ton tour, reçois-moi comme le grand Byron.
De t'égaler jamais je n'ai pas l'espérance ;
Ce que tu tiens du ciel, nul ne me l'a promis,
Mais de ton sort au mien plus grande est la distance,
Meilleur en sera Dieu qui peut nous rendre amis.
Je ne t'adresse pas d'inutiles louanges,
Et je ne songe point que tu me répondras ;
Pour être proposés, ces illustres échanges
Veulent être signés d'un nom que je n'ai pas.
J'ai cru pendant longtemps que j'étais las du monde ;
J'ai dit que je niais, croyant avoir douté,
Et j'ai pris, devant moi, pour une nuit profonde
Mon ombre qui passait pleine de vanité.
Poète, je t'écris pour te dire que j'aime,
Qu'un rayon du soleil est tombé jusqu'à moi,
Et qu'en un jour de deuil et de douleur suprême
Les pleurs que je versais m'ont fait penser à toi.

Qui de nous, Lamartine, et de notre jeunesse,
Ne sait par coeur ce chant, des amants adoré,
Qu'un soir, au bord d'un lac, tu nous as soupiré ?
Qui n'a lu mille fois, qui ne relit sans cesse
Ces vers mystérieux où parle ta maîtresse,
Et qui n'a sangloté sur ces divins sanglots,
Profonds comme le ciel et purs comme les flots ?
Hélas ! ces longs regrets des amours mensongères,
Ces ruines du temps qu'on trouve à chaque pas,
Ces sillons infinis de lueurs éphémères,
Qui peut se dire un homme et ne les connaît pas ?
Quiconque aima jamais porte une cicatrice ;
Chacun l'a dans le sein, toujours prête à s'ouvrir ;
Chacun la garde en soi, cher et secret supplice,
Et mieux il est frappé, moins il en veut guérir.
Te le dirai-je, à toi, chantre de la souffrance,
Que ton glorieux mal, je l'ai souffert aussi ?
Qu'un instant, comme toi, devant ce ciel immense,
J'ai serré dans mes bras la vie et l'espérance,
Et qu'ainsi que le tien, mon rêve s'est enfui ?
Te dirai-je qu'un soir, dans la brise embaumée,
Endormi, comme toi, dans la paix du bonheur,
Aux célestes accents d'une voix bien-aimée,
J'ai cru sentir le temps s'arrêter dans mon coeur ?
Te dirai-je qu'un soir, resté seul sur la terre,
Dévoré, comme toi, d'un affreux souvenir,
Je me suis étonné de ma propre misère,
Et de ce qu'un enfant peut souffrir sans mourir ?
Ah ! ce que j'ai senti dans cet instant terrible,
Oserai-je m'en plaindre et te le raconter ?
Comment exprimerai-je une peine indicible ?
Après toi, devant toi, puis-je encor le tenter ?
Oui, de ce jour fatal, plein d'horreur et de charmes,
Je veux fidèlement te faire le récit ;
Ce ne sont pas des chants, ce ne sont pas des larmes,
Et je ne te dirai que ce que Dieu m'a dit.

Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière,
Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre,
Il croit d'abord qu'un rêve a fasciné ses yeux,
Et, doutant de lui-même, interroge les cieux.
Partout la nuit est sombre, et la terre enflammée.
Il cherche autour de lui la place accoutumée
Où sa femme l'attend sur le seuil entr'ouvert ;
Il voit un peu de cendre au milieu d'un désert.
Ses enfants demi-nus sortent de la bruyère,
Et viennent lui conter comme leur pauvre mère
Est morte sous le chaume avec des cris affreux ;
Mais maintenant au **** tout est silencieux.
Le misérable écoute et comprend sa ruine.
Il serre, désolé, ses fils sur sa poitrine ;
Il ne lui reste plus, s'il ne tend pas la main,
Que la faim pour ce soir et la mort pour demain.
Pas un sanglot ne sort de sa gorge oppressée ;
Muet et chancelant, sans force et sans pensée,
Il s'assoit à l'écart, les yeux sur l'horizon,
Et regardant s'enfuir sa moisson consumée,
Dans les noirs tourbillons de l'épaisse fumée
L'ivresse du malheur emporte sa raison.

Tel, lorsque abandonné d'une infidèle amante,
Pour la première fois j'ai connu la douleur,
Transpercé tout à coup d'une flèche sanglante,
Seul je me suis assis dans la nuit de mon coeur.
Ce n'était pas au bord d'un lac au flot limpide,
Ni sur l'herbe fleurie au penchant des coteaux ;
Mes yeux noyés de pleurs ne voyaient que le vide,
Mes sanglots étouffés n'éveillaient point d'échos.
C'était dans une rue obscure et tortueuse
De cet immense égout qu'on appelle Paris :
Autour de moi criait cette foule railleuse
Qui des infortunés n'entend jamais les cris.
Sur le pavé noirci les blafardes lanternes
Versaient un jour douteux plus triste que la nuit,
Et, suivant au hasard ces feux vagues et ternes,
L'homme passait dans l'ombre, allant où va le bruit.
Partout retentissait comme une joie étrange ;
C'était en février, au temps du carnaval.
Les masques avinés, se croisant dans la fange,
S'accostaient d'une injure ou d'un refrain banal.
Dans un carrosse ouvert une troupe entassée
Paraissait par moments sous le ciel pluvieux,
Puis se perdait au **** dans la ville insensée,
Hurlant un hymne impur sous la résine en feux.
Cependant des vieillards, des enfants et des femmes
Se barbouillaient de lie au fond des cabarets,
Tandis que de la nuit les prêtresses infâmes
Promenaient çà et là leurs spectres inquiets.
On eût dit un portrait de la débauche antique,
Un de ces soirs fameux, chers au peuple romain,
Où des temples secrets la Vénus impudique
Sortait échevelée, une torche à la main.
Dieu juste ! pleurer seul par une nuit pareille !
Ô mon unique amour ! que vous avais-je fait ?
Vous m'aviez pu quitter, vous qui juriez la veille
Que vous étiez ma vie et que Dieu le savait ?
Ah ! toi, le savais-tu, froide et cruelle amie,
Qu'à travers cette honte et cette obscurité
J'étais là, regardant de ta lampe chérie,
Comme une étoile au ciel, la tremblante clarté ?
Non, tu n'en savais rien, je n'ai pas vu ton ombre,
Ta main n'est pas venue entr'ouvrir ton rideau.
Tu n'as pas regardé si le ciel était sombre ;
Tu ne m'as pas cherché dans cet affreux tombeau !

Lamartine, c'est là, dans cette rue obscure,
Assis sur une borne, au fond d'un carrefour,
Les deux mains sur mon coeur, et serrant ma blessure,
Et sentant y saigner un invincible amour ;
C'est là, dans cette nuit d'horreur et de détresse,
Au milieu des transports d'un peuple furieux
Qui semblait en passant crier à ma jeunesse,
« Toi qui pleures ce soir, n'as-tu pas ri comme eux ? »
C'est là, devant ce mur, où j'ai frappé ma tête,
Où j'ai posé deux fois le fer sur mon sein nu ;
C'est là, le croiras-tu ? chaste et noble poète,
Que de tes chants divins je me suis souvenu.
Ô toi qui sais aimer, réponds, amant d'Elvire,
Comprends-tu que l'on parte et qu'on se dise adieu ?
Comprends-tu que ce mot la main puisse l'écrire,
Et le coeur le signer, et les lèvres le dire,
Les lèvres, qu'un baiser vient d'unir devant Dieu ?
Comprends-tu qu'un lien qui, dans l'âme immortelle,
Chaque jour plus profond, se forme à notre insu ;
Qui déracine en nous la volonté rebelle,
Et nous attache au coeur son merveilleux tissu ;
Un lien tout-puissant dont les noeuds et la trame
Sont plus durs que la roche et que les diamants ;
Qui ne craint ni le temps, ni le fer, ni la flamme,
Ni la mort elle-même, et qui fait des amants
Jusque dans le tombeau s'aimer les ossements ;
Comprends-tu que dix ans ce lien nous enlace,
Qu'il ne fasse dix ans qu'un seul être de deux,
Puis tout à coup se brise, et, perdu dans l'espace,
Nous laisse épouvantés d'avoir cru vivre heureux ?
Ô poète ! il est dur que la nature humaine,
Qui marche à pas comptés vers une fin certaine,
Doive encor s'y traîner en portant une croix,
Et qu'il faille ici-bas mourir plus d'une fois.
Car de quel autre nom peut s'appeler sur terre
Cette nécessité de changer de misère,
Qui nous fait, jour et nuit, tout prendre et tout quitter.
Si bien que notre temps se passe à convoiter ?
Ne sont-ce pas des morts, et des morts effroyables,
Que tant de changements d'êtres si variables,
Qui se disent toujours fatigués d'espérer,
Et qui sont toujours prêts à se transfigurer ?
Quel tombeau que le coeur, et quelle solitude !
Comment la passion devient-elle habitude,
Et comment se fait-il que, sans y trébucher,
Sur ses propres débris l'homme puisse marcher ?
Il y marche pourtant ; c'est Dieu qui l'y convie.
Il va semant partout et prodiguant sa vie :
Désir, crainte, colère, inquiétude, ennui,
Tout passe et disparaît, tout est fantôme en lui.
Son misérable coeur est fait de telle sorte
Qu'il fuit incessamment qu'une ruine en sorte ;
Que la mort soit son terme, il ne l'ignore pas,
Et, marchant à la mort, il meurt à chaque pas.
Il meurt dans ses amis, dans son fils, dans son père,
Il meurt dans ce qu'il pleure et dans ce qu'il espère ;
Et, sans parler des corps qu'il faut ensevelir,
Qu'est-ce donc qu'oublier, si ce n'est pas mourir ?
Ah ! c'est plus que mourir, c'est survivre à soi-même.
L'âme remonte au ciel quand on perd ce qu'on aime.
Il ne reste de nous qu'un cadavre vivant ;
Le désespoir l'habite, et le néant l'attend.

Eh bien ! bon ou mauvais, inflexible ou fragile,
Humble ou fier, triste ou ***, mais toujours gémissant,
Cet homme, tel qu'il est, cet être fait d'argile,
Tu l'as vu, Lamartine, et son sang est ton sang.
Son bonheur est le tien, sa douleur est la tienne ;
Et des maux qu'ici-bas il lui faut endurer
Pas un qui ne te touche et qui ne t'appartienne ;
Puisque tu sais chanter, ami, tu sais pleurer.
Dis-moi, qu'en penses-tu dans tes jours de tristesse ?
Que t'a dit le malheur, quand tu l'as consulté ?
Trompé par tes amis, trahi par ta maîtresse,
Du ciel et de toi-même as-tu jamais douté ?

Non, Alphonse, jamais. La triste expérience
Nous apporte la cendre, et n'éteint pas le feu.
Tu respectes le mal fait par la Providence,
Tu le laisses passer, et tu crois à ton Dieu.
Quel qu'il soit, c'est le mien ; il n'est pas deux croyances
Je ne sais pas son nom, j'ai regardé les cieux ;
Je sais qu'ils sont à Lui, je sais qu'ils sont immenses,
Et que l'immensité ne peut pas être à deux.
J'ai connu, jeune encore, de sévères souffrances,
J'ai vu verdir les bois, et j'ai tenté d'aimer.
Je sais ce que la terre engloutit d'espérances,
Et, pour y recueillir, ce qu'il y faut semer.
Mais ce que j'ai senti, ce que je veux t'écrire,
C'est ce que m'ont appris les anges de douleur ;
Je le sais mieux encore et puis mieux te le dire,
Car leur glaive, en entrant, l'a gravé dans mon coeur :

Créature d'un jour qui t'agites une heure,
De quoi viens-tu te plaindre et qui te fait gémir ?
Ton âme t'inquiète, et tu crois qu'elle pleure :
Ton âme est immortelle, et tes pleurs vont tarir.

Tu te sens le coeur pris d'un caprice de femme,
Et tu dis qu'il se brise à force de souffrir.
Tu demandes à Dieu de soulager ton âme :
Ton âme est immortelle, et ton coeur va guérir.

Le regret d'un instant te trouble et te dévore ;
Tu dis que le passé te voile l'avenir.
Ne te plains pas d'hier ; laisse venir l'aurore :
Ton âme est immortelle, et le temps va s'enfuir

Ton corps est abattu du mal de ta pensée ;
Tu sens ton front peser et tes genoux fléchir.
Tombe, agenouille-toi, créature insensée :
Ton âme est immortelle, et la mort va venir.

Tes os dans le cercueil vont tomber en poussière
Ta mémoire, ton nom, ta gloire vont périr,
Mais non pas ton amour, si ton amour t'est chère :
Ton âme est immortelle, et va s'en souvenir.
Sinite parvulos venire ad me.
JESUS.


Laissez. - Tous ces enfants sont bien là. - Qui vous dit
Que la bulle d'azur que mon souffle agrandit
A leur souffle indiscret s'écroule ?
Qui vous dit que leurs voix, leurs pas, leurs jeux, leurs cris,
Effarouchent la muse et chassent les péris ?... -
Venez, enfants, venez en foule !

Venez autour de moi. Riez, chantez, courez !
Votre œil me jettera quelques rayons dorés,
Votre voix charmera mes heures.
C'est la seule en ce monde où rien ne nous sourit
Qui vienne du dehors sans troubler dans l'esprit
Le chœur des voix intérieures !

Fâcheux : qui les vouliez écarter ! - Croyez-vous
Que notre cœur n'est pas plus serein et plus doux
Au sortir de leurs jeunes rondes ?
Croyez-vous que j'ai peur quand je vois au milieu
De mes rêves rougis ou de sang ou de feu
Passer toutes ces têtes blondes ?

La vie est-elle donc si charmante à vos yeux
Qu'il faille préférer à tout ce bruit joyeux
Une maison vide et muette ?
N'ôtez pas, la pitié même vous le défend,
Un rayon de soleil, un sourire d'enfant,
Au ciel sombre, au cœur du poète !

- Mais ils s'effaceront à leurs bruyants ébats
Ces mots sacrés que dit une muse tout bas,
Ces chants purs d'où l'âme se noie ?... -
Eh ! que m'importe à moi, muse, chants, vanité,
Votre gloire perdue et l'immortalité,
Si j'y gagne une heure de joie !

La belle ambition et le rare destin !
Chanter ! toujours chanter pour un écho lointain,
Pour un vain bruit qui passe et tombe !
Vivre abreuvé de fiel, d'amertume et d'ennuis !
Expier dans ses jours les rêves de ses nuits !
Faire un avenir à sa tombe !

Oh ! que j'aime bien mieux ma joie et mon plaisir,
Et toute ma famille avec tout mon loisir,
Dût la gloire ingrate et frivole,
Dussent mes vers, troublés de ces ris familiers,
S'enfuir, comme devant un essaim d'écoliers
Une troupe d'oiseaux s'envole !

Mais non. Au milieu d'eux rien ne s'évanouit.
L'orientale d'or plus riche épanouit
Ses fleurs peintes et ciselées,
La ballade est plus fraîche, et dans le ciel grondant
L'ode ne pousse pas d'un souffle moins ardent
Le groupe des strophes ailées.

Je les vois reverdir dans leurs jeux éclatants,
Mes hymnes, parfumés comme un champ de printemps.
Ô vous, dont l'âme est épuisée,
Ô mes amis ! l'enfance aux riantes couleurs
Donne la poésie à nos vers, comme aux fleurs
L'aurore donne la rosée.

Venez, enfants ! - A vous jardins, cours, escaliers !
Ebranlez et planchers, et plafonds, et piliers !
Que le jour s'achève ou renaisse,
Courez et bourdonnez comme l'abeille aux champs !
Ma joie et mon bonheur et mon âme et mes chants
Iront ou vous irez, jeunesse !

Il est pour les cœurs sourds aux vulgaires clameurs
D'harmonieuses voix, des accords, des rumeurs,
Qu'on n'entend que dans les retraites,
Notes d'un grand concert interrompu souvent,
Vents, flots, feuilles des bois, bruits dont l'âme en rêvant
Se fait des musiques secrètes.

Moi, quel que soit le monde et l'homme et l'avenir,
Soit qu'il faille oublier ou se ressouvenir,
Que Dieu m'afflige ou me console,
Je ne veux habiter la cité des vivants
Que dans une maison qu'une rumeur d'enfants
Fasse toujours vivante et folle.

De même, si jamais enfin je vous revois,
Beau pays dont la langue est faite pour ma voix,
Dont mes yeux aimaient les campagnes,
Bords où mes pas enfants suivaient Napoléon,
Fortes villes du Cid ! ô Valence, ô Léon,
Castille, Aragon, mes Espagnes !

Je ne veux traverser vos plaines, vos cités,
Franchir vos ponts d'une arche entre deux monts jetés,
Vois vos palais romains ou maures,
Votre Guadalquivir qui serpente et s'enfuit,
Que dans ces chars dorés qu'emplissent de leur bruit
Les grelots des mules sonores.

Le 11 mai 1830.
M Solav Dec 2019
Vous a-t-on parlé déjà
D’un temple sans nom -
Sans mémoire et sans nom?

Il fût oublié et pourtant
Quelques-un croient encore
Que le temple existe bel et bien;

Qu’il se trouve juste ici,
Entre le jour et la nuit,
Entre le soleil et la pluie,
Entre le silence et le bruit;

Et que lorsqu’on s’y rend,
Lorsque l’on ouvre,
Lorsque l’on entre,
On y entre toujours;

Et que l’on vienne de ****,
Que l’on vienne d’ailleurs,
Que l’on prenne son temps,
On y est toujours à l’heure;

Et quand enfin l'on s’y trouve,
Quand enfin l'on y est,
Entre et parmis ses infinis murs,
On n’en sort jamais;

Si l'on ose y discuter,
Que l'on ne prononce qu’un mot,
Celui-ci devient discours,
Interminable fardeau;

Et l'en son sein une seule pensée
Bien que plutôt éphémère,
Se transforme en grand brasier,
En immense calvaire;

Et que si l'on regarde,
L'on peut voir très bien
Que ce que l'on observe
N’est à peu près rien;

Et si l'on prête oreille, que l'on écoute,
Qu’un seul son enfin résonne,
Ce bruit sourd que l'on espionne
N'est nul autre que l'écho du doute;

Et quand finalement l'on oublie,
Qu'à tout jamais l'on s’y perd,
Lorsqu'enfin l'on s'y abandonne,
Se trace béante le contour d'une sortie;

Et que cela exige de souffrir,
De s'y faire saint, s'y faire martyre,
Qu’il nous faille le supplice d'y périr,
Finira-t-on au moins par en finir;

Et lorsqu'un jour l'on en sort,
Lorsque que le voudra enfin notre sort,
Ce n'est qu'alors, seulement qu'alors
Que sauront coexister vie et mort.

Et ce jour-là, cette nuit-là, dira-t-on,
Que l'existence fût un temple -
Un temple sans nom.
Écrit en juin 2017.


— Droits d'auteur © M. Solav —
www.msolav.com

Cette oeuvre ne peut être utilisée ni en partie ni dans son intégrité sans l'accord préalable de l'auteur. Veuillez s'il vous plaît contacter marsolav@outlook.com pour toute requête d'usage. Merci beaucoup.
__________
NC  Feb 2018
Why
NC Feb 2018
Why
Masques de visages crispés
Pour embellir la réalité
Le monde entier est berné
La carapace commence à se fissurer

Renfermés dans leur coin
Regardant de ****
En simple témoin  
Tout ce dont ils ont besoin

La faille s'agrandit
La volonté faiblit
Mais personne ne lit
La détresse d'une âme noircie

Les yeux volontairement fermés
Ignorant la triste vérité
Un mode de vie arriéré
Pour une société d'acteurs nés.
Ton corps est devenu falaise
Insufflée de ton aura
Et pour en escalader les parois
Je contemple la pierre abrupte
Et ses labyrinthes infranchissables
J'envoie des papillons en éclaireurs
Tout autour du précipice
A la recherche d'une faille,
D'un interstice infime
Où je pourrais m'introduire
En catimini et partir
A l'assaut de tes cimes
Les rochers se dérobent,
S'effritent, se désagrègent
Mes mains n'adhèrent plus à ta surface
Mes mains sont moites
Je suis humide
Je grimpe à même la roche
Pendant des années-lumière
Les mains blanchies de craie
Je suis comme une exoplanète
Autour d'une naine rouge
Toutes mes rivières
Tous mes océans
Toutes mes eaux
Gravitent vers toi,
Ma petite étoile sacrée
Ma Muse constellée de Mer Noire.
Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux.
Comme le soleil fait serein ou pluvieux
L'azur dont il est l'âme et que sa clarté dore,
Tu peux m'emplir de brume ou m'inonder d'aurore.
Du haut de ta splendeur, si pure qu'en ses plis,
Tu sembles une femme enfermée en un lys,
Et qu'à d'autres moments, l'oeil qu'éblouit ton âme
Croit voir, en te voyant, un lys dans une femme.
Si tu m'as souri, Dieu ! tout mon être bondit !
Si, Madame, au milieu de tous, vous m'avez dit,
A haute voix : « Bonjour, Monsieur, », et bas : « Je t'aime ! »
Si tu m'as caressé de ton regard suprême,
Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand ;
Ta prunelle m'éclaire en me transfigurant ;
J'ai le reflet charmant des yeux dont tu m'accueilles ;
Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles,
On sent de la gaîté sous chacun de mes mots ;
Je cours, je vais, je ris ; plus d'ennuis, plus de maux ;
Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse !
Mais que ton coeur injuste, un jour, me méconnaisse ;
Qu'il me faille porter en moi, jusqu'à demain,
L'énigme de ta main retirée à ma main ;
- Qu'ai-je fait ? qu'avait-elle ? Elle avait quelque chose.
Pourquoi, dans la rumeur du salon où l'on cause,
Personne n'entendant, me disait-elle vous ? -
Si je ne sais quel froid dans ton regard si doux
A passé comme passe au ciel une nuée,
Je sens mon âme en moi toute diminuée ;
Je m'en vais, courbé, las, sombre comme un aïeul ;
Il semble que sur moi, secouant son linceul,
Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre ;
Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre ;
Le chagrin - âge et deuil, hélas ! ont le même air, -
Assombrit chaque trait de mon visage amer,
Et m'y creuse une ride avec sa main pesante.
Joyeux, j'ai vingt-cinq ans ; triste, j'en ai soixante.

Paris, juin 18...
Emily Miller  Mar 2018
Ma Morte
Emily Miller Mar 2018
Ma faiblesse
C’est important a la structure de moi.
C’est la chair à mes os...
La faille dans ma structure
c'était ma mort.
Et maintenant, aux Fesses !

Je veux que tu confesses,

Muse, ces miens trésors

Pour quels - et tu t'y fies -

Je donnerais cent vies

Et, riche, tous mes ors

Avec un tas d'encors.


Mais avant la cantate

Que mes âme et prostate

Et mon sang en arrêt

Vont dire à la louange

De son cher Cul que l'ange,

O déchu ! saluerait,

Puis il l'adorerait,


Posons de lentes lèvres

Sur les délices mièvres

Du dessous des genoux,

Souple papier de Chine,

Fins tendons, ligne fine

Des veines sans nul pouls

Sensible, il est si doux !


Et maintenant, aux Fesses !

Déesses de déesses,

Chair de chair, beau de beau.

Seul beau qui nous pénètre

Avec les seins, peut-être.

D'émoi toujours nouveau,

Pulpe dive, alme peau !


Elles sont presques ovales,

Presque rondes. Opales,

Ambres, roses (très peu)

S'y fondent, s'y confondent

En blanc mat que répondent

Les noirs, roses par jeu,

De la raie au milieu.


Déesses de déesses !

Du repos en liesses,

De la calme gaîté,

De malines fossettes

Ainsi que des risettes,

Quelque perversité

Dans que de majesté... !


Et quand l'heure est sonnée

D'unir ma destinée

A Son Destin fêté,

Je puis aller sans crainte

Et bien tenter l'étreinte

Devers l'autre côté :

Leur concours m'est prêté.


Je me dresse et je presse

Et l'une et l'autre fesse

Dans mes heureuses mains.

Toute leur ardeur donne,

Leur vigueur est la bonne

Pour aider aux hymens

Des soirs aux lendemains...


Ce sont les reins ensuite,

Amples, nerveux qu'invite

L'amour aux seuls élans

Qu'il faille dans ce monde,

C'est le dos gras et monde,

Satin tiède, éclairs blancs.

Ondulements troublants.


Et c'est enfin la nuque

Qu'il faudrait être eunuque

Pour n'avoir de frissons,

La nuque damnatrice,

Folle dominatrice

Aux frisons polissons

Que nous reconnaissons.


Ô nuque proxénète,

Vaguement déshonnête

Et chaste vaguement,

Frisons, joli symbole

Des voiles de l'Idole

De ce temple charmant,

Frisons chers doublement !
J'ai dit à l'esprit vain, à l'ostentation,

L'Ilion de l'orgueil futile, le Sion

De la frivolité sans cœur et sans entrailles,

La citadelle enfin du Faux :

« Croulez, murailles

Ridicules et pis, remparts bêtes et pis.

Contrescarpes, sautez comme autant de tapis

Qu'un valet matinal aux fenêtres secoue,

Fossés que l'eau remplit, concrétez-vous en boue

Qu'il ne reste plus rien qu'un souvenir banal

De tout votre appareil, et que cet arsenal,

Chics fougueux et froids, mots secs, phrase redondante,

Et cætera, se rende à l'émeute grondante

Des sentiments enfin naturels et réels. »


Ah ! j'en suis revenu, des « dandysmes » « cruels »

Vrais ou faux, dans la vie (accident ou coutume)

Ou dans l'art ou tout bêtement dans le costume.

Le vêtement de son état avec le moins

De taches et de trous possible, apte aux besoins,

Aux lies, aux chics qu'il faut, le linge, mal terrible

D'empois et d'amidon, le plus fréquent possible,

Et souple et frais autour du corps dispos aussi,

Voilà pour le costume, et quant à l'art, voici :


L'art tout d'abord doit être et paraître sincère

Et clair, absolument : c'est la loi nécessaire

Et dure, n'est-ce pas, les jeunes, mais la loi ;

Car le public, non le premier venu, mais moi,

Mais mes pairs et moi, par exemple, vieux complices,

Nous, promoteurs de vos, de nos pauvres malices.

Nous autres qu'au besoin vous sauriez bien chercher,

Le vrai, le seul Public qu'il faille raccrocher.

Le Public, pour user de ce mot ridicule,

Dorénavant il bat en retraite et recule

Devant vos trucs un peu trop niais d'aujourd'hui,

Tordu par le fou rire ou navré par l'ennui.

L'art, mes enfants, c'est d'être absolument soi-même,

Et qui m'aime me suive et qui me suit qu'il m'aime,

Et si personne n'aime ou me suit, allons seul.

Mais traditionnel et soyons notre aïeul !

Obéissons au sang qui coule dans nos veines

Et qui ne peut broncher en conjectures vaines.

Flux de verve gauloise et flot d'aplomb romain

Avec, puisqu'un peu Franc, de bon limon germain,

Moyennant cette allure et par cette assurance

Il pourra bien germer des artistes en France.

Mais, plus de fioritures, bons petits,

Ni de ce pessimisme et ni du cliquetis

De ce ricanement comme d'armes faussées,

Et ni de ce scepticisme en sottes fusées ;

Autrement c'est la mort et je vous le prédis

De ma voix de bonhomme, encore un peu. Jadis.

Foin ! d'un art qui blasphème et fi ! d'un art qui pose,

Et vive un vers bien simple, autrement c'est la prose.

La Simplicité, - c'est d'ailleurs l'avis rara, -

Ô la Simplicité, tout-puissant, qui l'aura

Véritable, au service, en outre, de la Vie

Elle vous rend bon, franc, vous demi-déifie.

Que dis-je ? elle vous déifie en Jésus-Christ

Par l'opération du même Saint-Esprit

Et l'humblesse sans nom de son Eucharistie,

Sur les siècles épand l'ordre et la sympathie,

Règne avec la candeur et lutte par la foi,

Mais la foi tout de go, sans peur et sans émoi

Ni de ces grands raffinements des exégètes,

Elle trempe les cœurs, rassérène les têtes,

Enfante la vertu, met en fuite le mal

Et fixerait le monde en son état normal

N'était la Liberté que Dieu dispense aux âmes

Et dont le premier homme et nous, nous abusâmes

Jusqu'aux tristes excès où nous nous épuisons

Dans des complexités comme autant de prisons.

Et puis, c'est l'unité désirable et suprême :

On vit simple, comme on naît simple, comme on aime

Quand on aime vraiment et fort, et comme on hait

Et comme l'on pardonne, au bout, lorsque l'on est

Purement, nettement simple et l'on meurt de même,

Comme on naît, comme on vit, comme on hait, comme on aime,


Car aimer c'est l'Alpha, fils, et c'est l'Oméga

Des simples que le Dieu simple et bon délégua

Pour témoigner de lui sur cette sombre terre

En attendant leur vol calme dans sa lumière.


Oui, d'être absolument soi-même, absolument !

D'être un brave homme épris de vivre, et réclamant

Sa place à toi, juste Soleil de tout le monde.

Sans plus se soucier, naïveté profonde !

De ce tiers, l'apparat, que du fracas, ce quart,

Pour le costume, dans la vie et quant à l'art ;

Dédaigneux au superlatif de la réclame,

Un digne homme amoureux et frère de la Femme,

Élevant ses enfants pour ici-bas et pour

Leur lot gagné dûment en le meilleur Séjour,

Fervent de la patrie et doux aux misérables,

Fier pourtant, partant, aux refus inexorables

Devant les préjugés et la banalité

Assumant à l'envi ce masque dégoûté

Qui rompt la patience et provoque la claque

Et, pour un peu, ferait défoncer la baraque !

Rude à l'orgueil tout en pitoyant l'orgueilleux,

Mais dur au fat et l'écrasant d'un mot joyeux

S'il juge toutefois qu'il en vaille la peine

Et que sa nullité soit digne de l'aubaine.


Oui, d'être et de mourir **** d'un siècle gourmé

Dans la franchise, ô vivre et mourir enfermé,

Et s'il nous faut, par surcroît, de posthumes socles,

Gloire au poète pur en ces jours de monocles !

— The End —