J’ai la couleur du café mal grillé Et celle du chocolat précocement Sevré, par les rayons du soleil du midi.
Mes cheveux évaporés, depuis des décennies, Me suscitent à être reconnaissant, Parce que je suis chanceux et fortuné, De voir tourner la terre pour tant d’années.
J’ai les lèvres d’un politicien giflé, Par les poêles d’un chef maltraité, Et les dents tachées par le sang coagulé.
Ma langue coupée, hachée et fracassée Sera avalée comme le rôti volé au marché Des esclaves morts pendus et torturés En plein air, sous les verrous des voitures.
J’ai la peau des vers de terre assassinés. Mon nom tachera la langue des oppresseurs Et anesthésiera la colère des fieffés menteurs.
Je porte avec fierté la couleur du café mal grillé Et celle du chocolat oublié dans les cafetières; Aucun humain ne mérite d’être classé parmi les ordures, Même si demain tout retournera en poussière.
Le marron inconnu est mon frère aîné; Les rayons solaires nous ont parfaitement flambés, Comme le café et cacao venus d’un pays émancipé.