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Ensorcelé !
Heureux !
Imprimé dans mon fondement
De la marque indélébile
De ma diablesse
Marqué tel un zombie dans la fesse gauche
Marqué tel un zombie dans le blanc de l 'oeil gauche
Marqué tel un zombie dans le pied gauche
Du sceau de luxure
J 'ai juré allégeance à mon ange,
Ma soeur, ma mère, ma fille,
Mon épouse, ma reine, ma déesse.
Mon Ombre satanément fidèle,
J'ai signé un pacte avec Elle
Un pacte de non agression
Et de secours mutuel
Et ne comptez pas sur moi
Pour que je commette
Ni sororicide, ni matricide, ni infanticide
Ni uxoricide, ni régicide, ni déicide.
Ce ne serait que tentative de suicide,
Ombricide lâche, poltron
Voué à pendaison, géhenne,
Noyade et démembrement.
Ensorcelé !
Marabouté !
Morfoisé !
Vampirisé !
A d'autres les zombicides, les soukouyancides
Et chaque jour que ma Muse fait
J'honore de sa signature le chant du coq
Et la rosée sur le sang des coquelicots
Et le ballet des balais et des chapeaux pointus
Par delà les nuages comme des i accent circonflexe
Ou des parapluies ballottés par nos peurs archaïques.
Entre le sac et le ressac
Ma muse nage nue
Au cœur des vagues
De neige immortelle
De la nuit tropicale.
C'est un mélange de sirène
Et de sauterelle
A la queue papillonnante bleue verte et grise
Qui plonge à intervalles réguliers
Dans le sauna des abysses
A la recherche des sources chaudes
Des volcans sous-marins
Où dorment les champignons sauvages
Et où paissent les rennes
En attendant le moka saveur airelles
D'un Petit Prince abscons portant masque, palmes et tuba
Qui danse la rumba cubaine.
Quand ma très chère se déhanche
Elle skie elle patine elle surfe
Elle nage elle plonge elle sue
Entre les battements de conga,
Les glissés et les déliés de son partenaire
Tout en tricotant des pas humides de calypso vierge
Ad libitum.
Envers et contre
L'oeil de ton cyclone
Je me fraie un chemin
Entre les eaux qui montent
Entre les eaux qui courent
Entre les vents qui noient
Irresistiblement.
Envers et contre
Le néant du cataclysme qui s' annonce
Dans mon bathyscaphe j'avance
Je ne distingue plus terre
C'est la pleine mer
Et pourtant je suis en haut des terres
Sur la ligne de crête frêle
En équilibre précaire
Envers et contre l'abîme.
Envers et contre le roulis
J'avance millimétriquement
Lentement mais sûrement
Le navire tangue sans cris
Et l'horizon est invisible et muet
Et tel un scaphandrier
Je cingle en eaux profondes
Envers et contre tout
Envers et contre toi
Dans un silence sans clapotis
J'abandonne la distance :
Je sourds.
Bahamas. Cyclone Dorian 2019 septembre
En vertu des pouvoirs qui leur sont conférés
Les muses réunies en conclave extraordinaire
Sous le très haut patronage de la révérende muse
Dérébénale
M'ont défait chevalier de la Calypso
Baron du Tiers-Ordre de l'Impénétrable
Avec pour mission expresse la Jouissance plénière
De l'Obéissance et de la Chasteté.
Ainsi investi de Toute Puissance
J'ai usé abusé de mes prérogatives
Pour adouber de mes oxymores
La virginité froissée des muses désabusées.
Or de même que ce n'est pas le bonheur
Mais la quête du bonheur qui nous vivifie
C'est non pas l'orgasme mais la quête de l'orgasme qui sanctifie les muses.
Les muses ne connaissent ni frustration
Ni dégoût ni appétence particulière.
Les muses ont toujours envie
Et offrent tous leurs orifices avides à l'exploration,
Au boire et au manger
Des poètes maudits.
C'est sans peur et sans reproches
Qu'elles cèdent et rient aux éclats
Sous les coups de boutoir des mots
Qui giclent au fond de leur labyrinthe
Et qui les fertilisent et les parfument
De leur piment infiniment précieux.
Les muses sont des hydres gourmandes 
À la fois clitoridiennes, anales
Buccales, vaginales, lustrales,
Visuelles, olfactives, auditives
Et zygomatiques
Et c'est en cela qu'elles sont en même temps inverties
Tendres et cruelles
En dedans et en dehors d'elles mêmes
Fatalement soumises à la passion
Et hystériquement libérées
Par effraction symbolique.
Tu meurs d'envie de moi
Et tu me dis tout de go
J'ai envie de toi

Maintenant
Bande
Bande
Bande
Et tu chronomètres le temps
Qu'il me faudra pour atteindre
La taille exacte que tu désires
Et quand le petit soldat s'exécute
Au quart de tour comme tu l'exiges
Quand il pointe l'arme vers tes neiges éternelles
Tu dis : Garde à vous, fixe
Tu condamnes mes fesses au peloton d'exécution
Au clic de ton appareil photo
Tu tires à vue
Tu mitrailles à bout portant
Et quand tu es enfin satisfaite de la pose
Tu dis :
Déposez arme
Et je me dégonfle
Instantanément

Et tu exaltes, tu jubiles
De ta toute puissance
Je suis ta chose, ton pantin
Ton esclave
Tu es ma maîtresse
Et tu me flagelles à distance de ton flash.

Et tu exiges des photos explicites
Des gros plans, des détails intimes
De mes parties honteuses
Tu veux la vulve qui dort paisiblement sous mon aisselle
Tu veux la raie du cul qui se dessine dans le creux de mon coude

Tu veux la trique qui ronfle
Au coeur de la mangrove du mont de Venus

Tu veux le trou de mon cul dans le nombril béant
Que je forme de mes plantes de pied jointes
Tu veux que mon sein gauche secrète
A gogo des tasse de café chaud arabica

Tu veux tout
Tout de suite
Le tout et les parties
Sans filtre
Sans retouches

Tu dis que mains et mes doigts t'excitent
Et tu suces mes ongles pour en soutirer
Les envies et les cuticules

Et tu mordilles mes orteils
Lentement l'un après l'autre
Tu croques
Histoire de voir si je suis chatouilleux
Ou si je ne suis pas déjà mort

Et tu veux que je me batte en douce
Comme on bat la campagne
Comme on bat un cil et les cartes
Comme on bat le fer quand il est chaud
Comme on bat le grain pour le moudre
Comme on bat sa coulpe
Comme on bat la mesure
Et comme on bat son coeur
Je me bats en douce
Je te baptises de mon foutre
Je te fais des messes basses
Et je fais main basse sur tes envies
A voix basse
Je m'exécute
Je t'exécute
Car tu reignes vierge souveraine,
En sourdine, Osmose et Extase,
Dans mon royaume tantrique.
Mon aimée, ma presque feue
Chatte masquée
Qui se délecte à se faire désirer !
Je veux te mater.
Je suis désolé d'avoir à te le dire
Mais je vais devoir, oui, te mater
Avec et sans accent circonflexe
Ou plutôt te démâter d'abord
De poupe en proue
Pour te remâter ensuite.
Seul ainsi entre nous
L'extase sera envisageable.
Tu dis que tu m'aimes malgré toi
Mais tu refuses obstinément
De te montrer nue à distance
La nudité selon toi est affaire de présence
Quand je serai physiquement à portée de tes lèvres
Tu exauceras toutes mes volontés
Te bornes-tu à ma dire.
Tu m'invites même à venir sans tarder
Auprès de toi et là tu te montreras sous toutes les coutures
Et je pourrai te prendre sans limite, c'est promis.

Alors que nous pouvons rire à distance
Nous fâcher à distance, nous émouvoir et rêver de nous à distance
Tu te refuses à accéder à mon délire de te voir nue à distance
Nue et sincère nue et sincère nue et sincère.
Il te serait impossible de me montrer l'objet de mon désir fatal
Que je puisse boire des yeux jusqu'à la lie
Le calice de ta chatte démasquée, ta vulve fraîche et bombée
Nue et sincère
Dépouillée de toutes ses parures.

Sais tu ma chatte que l 'amour
C'est une steppe de petites morts
Et que pour chaque petite mort
Il faut franchir les sept portes de l'Enfer ?

Oui, je sais, tu te dis immortelle et divine
Tu es la Muse, les lois de l'Enfer ne s'appliquent pas à toi, penses-tu.

Voilà ce qu'il en coûte de s'acoquiner à un mortel !

En vue de notre premier congrès amoureux
Tu t'es déjà dépouillée de six de tes talismans
Tu as tour à tour,
Porte après porte,
Délaissé tes parures.

A la première porte tu m'as laissé
Ta couronne de buis odorant
Et j 'ai souri d'aise

A la deuxième porte tu m'as abandonné
Tes lunettes de vue et de soleil
Et j'ai souri d'aise

A la troisième porte tu t'es débarrassée
De tes boucles d'oreille en forme de piment rouge
Et j'ai souri d'aise

A la quatrième porte tu m'as décroché
Ton collier de perles noires
Et j'ai souri d'aise

A la cinquième porte tu as envoyé valdinguer
Ton soutien-gorge en velours côtelé
Et j'ai souri d'aise

A la sixième porte tu as désagrafé
Le collier de coquillages qui ceignait tes hanches
Et j'ai souri d'aise

Tu es désormais coincée entre la sixième et la septième porte
A cause de ce string où volettent de petits papillons farceurs
Ce string qui me prive de la jouissance visuelle de ton être intime.

Vas-tu enfin m'enlever cette toilette,
Prendre pied résolument dans l 'Enfer
Et laper les flammes de la petite mort primale ?

Vas-tu enfin me laisser m'assurer
Que tu n 'es ni satyre ni hermaphrodite
Mais au contraire femelle chatte muse
Dégoulinante de cyprine ?

Toi, tu me parles de blocage.
Moi, nue, au téléphone, jamais
Nu non niet
Moi, jouir, au téléphone, jamais
Nu non niet
retire ce cheval de la pluie !
Je t'aime malgré moi
C'est tout ce que tu trouves à me dire !
Accepte donc, ma chatte
Que je te mate malgré moi.
Car je te veux
Obéissante et docile
Apprivoisée
Je veux que tu couines, que tu miaules que tu frémisses
En te montrant à moi en tenue d'Eve
Je veux que tu t'exhibes à moi ton ******
Que tu sois impudique
Je veux j 'exige, ma presque feue,
Je suis Roi, souviens-toi !
Je ne te donne pas d'ultimatum !
Je suis avec mon temps ! Je suis post-moderne !
Car il est écrit dans les livres
Depuis plus de mille ans
Que les lois de l 'Amour
Sont comme les lois de l'Enfer
Incontournables et implacables :
En Enfer on arrive nu,
En Amour aussi !
Alors bien sûr je sais, tu trouveras bien quelque part
Une exégète pour me prouver l'exact contraire
Que l'amour c'est le paradis et la feuille de figuier
Et surtout pas l 'Enfer.
Alors explique-moi, je t'en conjure, mon archéologue,
Pourquoi l 'amour est fait de petites morts.

Moi, ma chatte, je te propose
Non pas une petite mort par ci, une petite mort par là
Mais un enterrement festif de première classe
Un Te Deum
Dans un sarcophage de marbre blanc
Sculpté de serpents et de figues
Evadés des prisons d'Eden.

Je veux t'aimer nue et sincère
Mortelle et vibrante de désir
Je veux jouir de toutes les parcelles de ta chair et de tes os
je veux pétrir ton sang sans artifices et sans blocages
Et je n 'ai d'autre choix
Que de te mater de ma fougue
A moins que tu ne préfères
Rester bloquée sempiternellement
Dans la solitude confortable
Entre la pénultième et l'ultime porte
Qui nous sépare de nos sourires d'aise

Complices et lubriques.
Bas le masque
Dulcinea del Toboso !
Bas le masque
Aldonza Lorenzo !
Bas le masque
Idolâtres !

Aphrodites  de tout acabit
Dames de mes pensées
Invisibles Dulcinées
Dont j 'essuie les refus
Pour chacune de mes avances !

Mes feuilles, mes flammes, mes âmes !
Vénérées comme je n 'ai jamais été aimé !
Priées comme je n 'ai jamais été désiré !
Chantées comme je n 'ai jamais été embrassé !
Caressées comme jamais on ne m'a honoré !


Vos panoplies diverses et variées de Muse de chevalier errant
Ont pu jadis faire illusion auprès des fous errants
De triste figure et autres Rocinantes
Mais don Quijote de la Mancha
Est transi dans la place !

Fuyez Aphrodites vulgaires
Venez à moi Aphrodites célestes
Déployez en moi animus et anima
L 'énergie d'Eros.

Défiez-moi par vos énigmes
Questionnez-moi, jouons
A qui sera le moins sage
A qui saura lire entre les lignes
Des lèvres philosophes de l 'autre
Les chemins de traverse qui mènent au bonheur

Je suis Philon ! Soyez donc ma Sophie !
Je suis Salomon ! Soyez donc ma reine de Saba !
Vous êtes Désirée ?  Et muse si affinités ?
Adoubez-moi  Napoléon, prince consort !
Et si sain de corps et d'esprit
Je donnais mon coeur à ta science ?
Par quoi commencerais-tu?
Me dissèquerais-tu à distance
En fredonnant
Au bistouri électronique
Sans gants et sans masque
Et sans anesthésie ?
Ou me mettrais-tu sous sérum
Pour recueillir mon consentement
LIBRE ET ÉCLAIRÉ
Avant d'opérer à coeur ouvert
De sang-froid, sans assistance ?

Et une fois prélevé ce coeur battant
Le conserverais-tu vitam aeternam
Dans le formol ou l 'azote liquide ?

Ou alors carrément la neige carbonique ?

Et si d'aventure tu procédais à la greffe
De mes veines et artères
Au C.H.U. de l'au-delà des mers
Me transplanterais-tu
Par avion sanitaire
Jusqu'à ce cocotier patient
Où repose depuis des lustres
Mon nombril séché ?

Si et seulement si c 'était toi la chirurgienne
Permets que je formule un voeu :
Prépare-moi avant l 'acte
Juste un plat fêté de riz galanga, pâtes, gombos
Et coquilles Saint-Jacques
Bien assaisonnées.
Non, merci, c'est gentil, mais pas de dessert !
Juste un dernier petit café pour la route
Avec un sucre de sourire-poème
Au goût de carotte et de pêche.
Don 't do that !
Don 't you try to eat me
I'm not real
Don 't squeeze
Don 't touch
I look real
And you might want a piece of me
I reckon
Don 't feed me either
with fake cooked shrimp or artificial cupcakes
I 'm no  endangered bird of  paradise
Those faux iridescent blue feathers I display
Can 't even fly me over the factice canopy
Of pseudo Papua New Guinea
Wanna enjoy a pretend dance
A simili nuptial parade ?
I 'm just a fraud of a plumage
A true faux extinct species :
Your dancing dandy.
Your *** toy !
C'était une fleur banale sans doute
Minuscule presque infinitésimale
Pourtant bien que je sois myope et astigmate
Je l'avais à travers mes lunettes de soleil repérée.
C'était une fleur de celles qu'on dit sauvage ou des champs
Et pourtant elle poussait tout juste en face de la gare de Biarritz
Près de l'arrêt du bus 10, quartier de la Négresse.
Ce n'était rien qu'un minuscule bouton rouge
Elle était entourée de fleurs bleues
Et jaunes
Et comme j'ignorais le nom d'elles toutes
J'interrogeai l'oeil de mon portable
Pour qu'il me souffle à l'oreille le nom de la belle.
Mais cet oeil n'avait d'yeux que pour les fleurs bleues et jaunes
S'extasiant que les premières possédaient toutes 4 pétales
Dont une blanche.
Et que les jaunes n'étaient à coup sûr pas des anémones.
Mais il ne me souffla mot de ma vagabonde.
Ainsi baptisai-je les bleues myosotis sans trop savoir.
Et les jaunes boutons d'or
Tout en sachant fort bien que ce n'en était pas.
Et du coup ma jolie fleur rouge sauvage minuscule toute gringalette
J'en fis une elfe des myosotis.

Je ne sais pas regarder une elfe des myosotis sans la cueillir.

Je n'ai su regarder mon brin de sauvageonne
Sans vouloir me l'offrir
Et je l'ai cueillie comme pour la desceller de son trône en la suppliant de m'épeler son nom.
Il n'y avait même pas d'effeuillage à faire
Juste quelques gouttes rouges de rosée versée
Avant que la friponne ne m'avoue son prénom:
Chabine !
For the sake of a stunt
For the stake of a thrill
Every single time I decipher
A metaphor or a puzzle
From way above the clouds
I rush a kamikaze rhyme
Into the open void
Near fatal crash
As if it were a drogue parachute...
Gaga, ma filleule,
C'est une chatte très artiste
Surdouée
Pour son âge,
Musicienne, écrivaine,
Indianiste, védisante
Elle miaule des dos parfaits
Comme des câlins de lynx sauvage.
Et chaque matin avant que le soleil s'étire
Et ne la lacère de ses griffes
Elle bâille de ses grand yeux
Et commence sa séance de yoga-sutra
Dans le silence éveillé,
Chemin de délivrance.
Esquissant, apsara féline
La posture du lotus,
Elle médite en roumain
Et me dicte en sanskrit
Son aphorisme du jour !
Elle me scande ce matin :
Kanthakûpe ksutpipâsâ nivrittih
Et elle plonge, turbulente, dans le puits de ma gorge
Et se fraie au fur et à mesure
Un passage secret dans le flux
Tiède de mon inconscient
Qui ronronne.
Je me laisse caboter dans ta mer noire.
Et j'aime le clapotis lent de tes vagues contre la godille.
Visez sa ma las purtat de valuri pe necunoscuta ta marea neagra,
Clipocitul bland al apei impotriva ramelor.
I let myself stream in your black sea
and I love the slow lapping of your waves against the scull.
Eu me deixo cabotar por seu mar *****
E amo o lento marulho das suas ondas contra a ginga.
Pour faire sourire ma muse
Malgré elle je fais le pitre :
Je me fais animal en extinction
Tamarin lion de jour
Et Ara cobalt de nuit
Et je fais constamment la mue
Entre Anodorhynchus leari
Et Leontopithecus rosalia
Et à force de mues
Je perds le Nord
Je me pends par la queue
Aux branches de mon nid
Je fais des grimaces
et je lèche le bec des femelles
En rut.
Mais ma muse raffole
Non pas de ma race folle
De tamarin-ara métis
Mais des gorilles, bonobos et magots
Et autre faune libertine...
Elle adore !
Elle est admirative !
J'ai beau lui sortir ma généalogie ascendante de mandrill
Mes trois seizièmes de sang bonobo,
Mes trois seizièmes de gènes de gorille,
Mes trois seizièmes d'âme de macaque de barbarie
Et mon blason d'argent à quatre fasces de gueules
Ma muse n'en a cure.
Elle n 'a d'yeux que pour ces bonobos,
Gorilles et magots légitimes
D'authentique Afrique mythique.
Jeter ma gourme
Voilà ce que je voudrais faire
Et surtout la jeter avec toi
Et commettre ainsi mes premières frasques
Ou plutôt les secondes
Car j'ai oublié les premières.

Jeter sa gourme
Ce n'est pas se gourmer
Ce n'est pas un duel
C'est faire exploser sa pureté séminale
Et vouloir semer sa semence
Aux quatre vents
Mais moi ma semence telle une pivoine sauvage
Vole légère et virginale pour se blottir en toi
Te pénétrer, te fertiliser, ma méduse pélagique, à l'ombrelle bleue et rose,
Jusqu'aux derniers interstices
Accepte ma gourme, translucide et molle
Je ne la jette pas
Je te l'offre, cette efflorescence,
Je te la destine
Je te l'adresse dans tes eaux.
Je suis dans ma seconde jeunesse
Et je te prie de croire que cette gourme
Est un précipité pimenté de cheval, d'hippocampe et d'hippopotame
Même si elle n 'a rien d'un mastodonte.

Et non seulement je veux qu'elle te fertilise
Mais je veux que tu la goûtes
Et la savoure comme un bon bourgogne
Ou beaujolais nouveau
Je veux que tu t'en badigeonnes
Le corps et l'âme
Je veux que tu t'en maquilles
Les lèvres et les paupières
Et que ce fluide soit ta crème de beauté permanente.

Je veux que dans chaque café du petit matin
Une deux ou trois gouttelettes de cette gourme vienne sucrer ta journée
Et l'égayer de délicieuses bandaisons intimes
Et invisibles mais réelles
Lèche, prends, c'est de la tendresse liquide
De la chaleur liquide
De l'amour liquide
C'est ma cyprine à moi
Et comme je suis bavard et volubile
Je m'en sers pour t'écrire
En hiéroglyphes dont seule toi peut lire
Les encres sympathiques
Et je te dis :
Ma gourme t'aime maintenant
Ma douce, torride et brûlante Pelagia noctulica.
Gilgamesh chavire
Dans les eaux de Dyonissia
Nage In extremis.
Un mot peut en cacher un autre !
É pericoloso sporgersi !
L 'homme-scorpion écoutait
Sans trop comprendre la justesse
Du chant mélodieux des mots
Qui défilaient à toute vitesse
Au bout de leurs laisses.
Mots muselés, mots castrés, mots

Bâtards croisés de bichon avec griffon
Qui aboyaient et miaulaient
En rongeant les trognons d'hommes
Laissés au bord de la fenêtre entrouverte
Par la femme-bufflesse .
Huit millisecondes
Huit infimes millisecondes
Voici tout ce que Muse
M'a laissé entrevoir
De sa vulve.
Etait-ce par inadvertance
Par bravade ou en toute innocence
Qu'elle m'a autorisé ce jour-là
A me rincer l 'oeil
A travers le trou de la serrure
De mon portable
Alors qu'elle finissait son bain
Et allait se sécher?
Huit millisecondes
De peep show
Qui ont effacé tous les nu non niet
Nee nein não no
Huit millisecondes
Que depuis j'essaie de visualiser à nouveau au ralenti.

En vain.
Rien n'y fait
Muse est de marbre de Carrare.
Inflexible. Intransigeante.
Décidément Muse n 'est pas exhibitionniste.

J 'ai pourtant tout fait pour l 'amadouer.
Je lui dis je veux j 'exige
je la supplie, je lui joue de ma cornemuse
je me mets à genoux, je boude
je lui promets l'enfer et le paradis
Je fais ma grosse voix
je suis saint Thomas
je ne crois que ce que je vois
J 'ai tout fait pour la convaincre.
C'est une chatte comme toutes les chattes, me dit-elle
et moi je lui réponds : non c'est une sainte chatte diablesse
Elle me parle de foi et me jure qu'on ne voit bien qu'avec le coeur.
et pas avec la queue.
Fort bien. J 'ai donc décidé
De regarder la chatte de Muse avec le coeur
Aveugle et scientifique
Au ralenti de mon télescope électronique .
Et savez-vous ce que j 'ai découvert ?
Je vous le donne en mille.
La vulve de ma muse est un vrai diaporama !
La vulve de ma muse est écomorphe !
En un mot pour faire court
La vulve de ma muse a 88 nuances de vulve !
Du mons ***** aux ***** minora
Des ***** majora au *******
des glandes de Bartholin à l 'introïtus
Ma muse c'est quatre-vingt-huit vulves en une !
Toutes de la même espèce rare de vulvae anolis
Mais aux niches, couleurs, mucus et formes fort différents
En fonction de leur environnement et de leurs prédateurs.

Quand je fais l 'iguane
et que je m'approche trop d'elle
La vulve de Muse se perche
Dans les hautes sphères de la canopée
elle est verte alors et se confond avec le feuillage
Tel un zandoli vert
bien malin qui pourrait la voir.

Lors des grosses canicules elle devient marron
elle a soif , se faufile dans le tronc des arbres
A la recherche de la fraîcheur
et s'alimente de la maigre pitance
Du latex des sapotilliers

Et quand elle fait sa sieste
Elle est blanche et noire à la fois
fantomatique et phosphorescente
et elle se pend aux branches
Et est si vulnérable
offerte à tous vents
qu'on peut la capturer
l 'identifier
la mesurer la peser la baguer
et la photographier sous toutes les coutures
avant de la relâcher dans le flot de ses rêves.

Huit millisecondes
C 'est peu pour satisfaire
Même avec les yeux du coeur
Le désir du ******
Mais c'est assez pour alimenter
Les constellations de l 'écriture
Et n 'est-ce pas cela en fait la raison d'être des Muses :
Alimenter , nourrir, susciter l 'envie...d'avoir envie ?
Ma maîtresse, mon esclave, ma sans-rivale
Mon bienheureuse et peureuse idole
Mon biscuit, mon aphrodisiaque
Je chante aujourd'hui pour toi l'hybride
Le tout-monde, le divers
Je sais que tu trembles
A ce seul nom évoqué
Hybride
Mais en même temps il t'attire et te bouleverse
Il t'attise, il te brûle, il te prend, il te chavire
Il est multiple céramique polychrome
Il est faïence, il est glaise
Il est ombre, il t'assombre
Il est tout et toute et son contraire:
Il est pudique
De porcelaine et majolique impudique
Sublimé par l'émail, l'or et le zinc de tes fantasmes.
L'hybride idole te gouverne
Comme les astres et les lignes de ta main
Il t'oblige !
Hybride oblige !
Tu es chat et Ganesha
Eléphante et hippocampe,
Opaque et translucide
Exempte de toute déchirure,
Gerçure et boursouflure
Parfaite et vicieusement fatale
Blanche et noire et bleue
Musicale et cacophonique
Genghis Khan et Décébale
Tu es relecture antique et moderne
Mystique réincarnation des idoles
Mythiques
Et le masque de sourires malicieux que tu t'es approprié
Est un tableau vivant des hybridoles
Mi dragon mi ange
Mi vamp mi vampire
Qui tournoient en ton sang
Qui nagent dans tes eaux
Et te pourlèchent les lèvres de leur semence érotique.
Tu es Napoléon et Francesca de Rimini
Revus et corrigés par le lit de Jocuste,
Centaure aux vulve et verge mêlées
Livrant au Divin Matador
Queue et oreilles.
Forêt vierge jamais pénétrée
Dans son Saint des Saints
Par la verve de l'oeil du cyclone de Pharaon.
Dans le flot libre des mots
On voit parfois gazouiller
Entre les failles Corindon,
Hydre-Muse au sang impétueux
D'impur taureau
Mêlé à celui imparfait du pigeon,
Chanter les défauts, les venins
Et les vices de la gemme :
Les vicissitudes du poème de rubis.
If six were nine
And Jimi Hendrix a nun
Would nine be none
Null and nil ?
And if sixth were ninth
And Jimi Hendrix a ninja
Falling like a sun into the sea mountains
on Ninety-null street
The world famous Quatre-vingt-dix-nullième rue
Would you mind ? Would you mind ?
Would you mind if September stopped to exist
And all the dead of September came back from Null None or Nil
And Jimi Hendrix were seventy-six.
I'm not within 60 miles
And not even 600
But if you could see my barbaric eyes
When I look at your full figure silhouette
You'd be amazed how fire can burn
Even long distance.
Mon ombre, ma jumelle
A convaincre sans péril
On cède sans gloire.
Entre vaincre et céder
Il y a toute une armada de mots
Verbes adverbes proverbes
Fins limiers de mer
Qui s'insinuent à la poursuite
De l'onction
Du parfum indélébile
De tes phrases éparses
Comme des îles
Assoiffées de large...

In Dyonissia Veritas
A mille lieues des trois Grâces en cage
Je retrouve ta trace invincible
Dans une échancrure de miroir
Dans l'oeil du cyclone
A perte de vue
Où s'étend ton repaire
Entre deux phases de lune
Et je te ceins de l'eau bénite des mots
et je te rebaptise Grâce !
Kamau Brathwaite wrote
That "the hurricane doesn't roar in pentameters"
And I really believed it could be true
That Caribbean hurricanes had their own cadences, their own dances :
Ida was reggae, Allen was merengue Brigitte was gwoka
David was cha cha cha and Edith was kadans rampa and Dorian calypso
All dactyls hatched instead of iambic pentameters
Out of each island Zeus 's head
Until i met the still eye of Hurricane Muse.

Muse was her nickname
Her real name was Shar
Named after shark and share and shear
and sharon,
Named after a calypso rose
Fearless except for lizards, a rose of  tiny thorns
With a taste of a stormy black coffee
Born to a dragon of Jade and a   white *** tigress
In the midst of the 1961
hurricane season.
Shar has the S of Sébastien Sally Sam Shary Sean and Sara
The H of Humberto Hanna Henri Hermine Harold and Hélène
The A of Andrea Arthur Ana Alex Arlene and Alberto
And the R of  Rebecca René Rose Richard Rina and Rafael
And she dances not only calypso
And quadrille and zouk
But a mix as well of Salsa Hustle Affranchi and Reggae
In iambic pentameters
While she gently paints fearless green lizards
Having her five iambs of coffee
First thing in the unstressed and stressed morning
Before she even opens the syllables of her still Muse eye.
You say God first !
I say Food first !
You say Pray !
I say Eat !

Initiate me ! Baptize me on your altar with my Sunday best.

Anoint me with my agape feast :

Five loaves of banana bread, a few smoked fish,

Lamb shanks, white hosts, yellow wheat and purple grapes or pomagranates.

Chalices of holy coconut water and sugar cane juice with lime and ice cubes

And braised manna and quail, and pelican and peacock !

And I'll be blessed !

Before my first communion let me have my first confession :

"I'm a greedy man, Lord Have mercy, I'm a greedy man

And I only go to church when they have food."

For first communion give me okra and ***** and conch and dasheen leaves. I want callaloo and nothing else.

Let it simmer, spice it, my mouth will be wide open

And i'll close my eyes when my first chunk of eucharistic purée starts to melt on my tongue.

And don't forget scottish bonnet for the creole flavor.

And I'll be blessed !

I'll wear white gloves and white dress and even a veil
For solemn communion as we start to dance
At Easter Vigil all three sacraments
Baptism, communion and confirmation
At the same time
Breakfast Lunch Dinner !

I want my Sauternes consecrated and don't feed me with baby bottle, will you !

I rather suckle it as baby from the tip of your finger

Let's celebrate, my goddess. Let's worship !

Today I'm seven again.

I've just reached the Age of Reason.

And I'm heading towards the Age of Discretion
Entre Muses et Furies
Il y a une seringue de cyprine amère
Où se coagule fréquemment ma Muse.
Elle entre dans tous ses états
M'injurie et me voue aux gémonies
En pleine crise de jalousie.

Ma muse est une guerrière blessée
D'une volée de bois vert et de cons
Elle veut me froisser, m'effacer, m'annihiler
Me priant de fourrer sa prétendue Rivale
De poèmes lubriques dans le trou de balle.

Et ma Sans-Rivale, ma Déesse, ma Chatte Sainte et Vierge
Ma Muse soi-disant végétarienne se révèle cannibale
De la pire espèce des tribus anthropophages
Et me déchiquette, moi son zmeu, son dragon nuageux,
Sa muse masculine, son pervers narcissique,
Son ombre réfléchie dans le miroir,
Me dépèce comme une hyène frénétique
Aux crocs d'ivoire en chaleur
Elle me saigne tant et tant
Que je suinte de tous mes lambeaux
Résine, sève, latex, musc
Comme une plantation hétéroclite et sauvage
D'hévéas, de pissenlits, de sapotilliers
D'ignames jaunes et de dachines.

Et quand rassasiée de ma gomme à mâcher
Certifiée bio et sans additif
Elle se barbouille les lèvres de ma saignée
Je lui murmure encore que c 'est elle Mon Unique,
Ma Précieuse Ombre, Ma Chatte Immaculée
Entre toutes les chattes, mon chewing gum préféré
Et que je bande pour ses entrailles
Cérébralement
Mystiquement.
J'ai Goûté Ta Myrtille,
Ta juteuse brindille
Bleue violacée et sauvage.
J'ai Goûté ta baie obscure
À la peau entre cire et argile.
Je l'ai longuement goûtée.
Elle me toisait, effrontée
Et je me suis imprégnée
Malgré moi dans la lecture avide
De son poivre et de sa solitude.
C'était comme un sirop d'ermite
Qui egrenait en moi
Ses grains de chapelet
Et j'explorais tes saveurs
Et je te dégustais en confiture
Car tu es digestive
En tisane
Car tu es antihémorragique
En eau de vie
Car tu es astringente
En vin
Car tu es antiseptique
En liqueur
Car tu es antiputride
En beignets, en clafoutis, en muffin
Car tu es diurétique
Je me faufilais entre ton sacré et ton profane
Tandis que tu t'insinuais dans ma chair
Et que ta sauce philosophale Parfumait délicatement le gibier poétique
Qui te poursuivait
Dans l'arrière-train
Qui te menait vers notre nuit bengali.
Muse, j'aime tant ta fruité
Que je la distille à l'alambic en cuivre
Au feu de bois
En eaux-de-vie de mirabelle.
J'en garde précieusement
Une kyrielle de dames-jeannes en réserve
Et quelques bonnes bouteilles millésimées
Dans la cave et au grenier.
Ces cuvées prestigieuses
Je m'abreuve de leur moelleux,
Acidité et pointe d'amertume
Et je m'étanche de la fine longueur de bouche
De leur neige immortelle sur mes papilles
Frappées à la température de ton corps
Une cuillerée le matin
Et deux cuillerées le soir

J 'aime le nez envoûtant de ces esprits de vin
Au sortir de l'alambic
Et leurs arômes généreux de miel et de vanille
Mourir de soif je ne pourrai
Et de soirs et matins sans une seule goutte
De cet élixir de pruine instillée en moi
Souffrir je ne saurai

Alors chante avec moi à l 'unisson :

"Quand je bois du vin clairet
Ami tout tourne, tourne, tourne, tourne
Aussi désormais je bois Anjou ou Arbois"
J'ai rêvé d'un lent périple,

Interminable roulis

Au terme duquel

J'atterrissais sans autre appareil

Que mes lèvres nues et sincères

Entre le grand zygomatique

Et le risorius

En plein arc de Cupidon

D'une ogresse à queue de sirène.

Et quand j'ai posé ma toupie sur la moue lisse,

A l'aplomb de cet oeil en demi-lune

Que je savais être celui du cyclone Désirée,

Une coupe d'amour pleine à ras bord m' attendait

A la commissure gauche de ses lèvres

Ainsi qu'une inquiétude vermillon où je fus

Instantanément bercé.

La mer molle de ses lèvres bouillait

Tiède et folle comme un tapis de miel

Je dérivais ainsi entre lèvre haute

Et lèvre basse dans mon rocking chair aubergine

Constricteur et dilatateur

Je drivais sans savoir trop comment à la godille

Entre ses ourlets humides à peine décollés

Et du gouffre de ses fossettes pleuvaient des abeilles d'or et de plomb.
Muse Reine
Tu veux et tu exiges que je me retienne
Que je ne m'exhibe pas au tout venant
Et que je ne bande que sur ordre exprès de toi
Le cachet de la poste faisant foi
A la minute heure seconde que tu t'es choisie
Pour me déguster à distance.
Tu dis que c'est la présence et non l'absence qui te stimule
Et tu me dis que je te manque
et que ma présence volcanique
Te couvre de toutes parts
en dépit de la distance.
Moi je m'interroge
Et je pense que c'est cette absence qui te met en transe
Et je veux t'aimer profondément dans cette distance
Comme tu n'as jamais été aimée. désirée, choyée, goûtée, savourée
Léchée, embrassée, pénétrée, visitée, hantée, caressée, avalée, touchée
Consommée, étreinte, engrossée, jouie, priée, chantée, dénudée
Comblée, tétée, mordillée, mouillées, aspergé, respectée
Mais pour cela il faut que ton âme et chair soient à nu
Et la nudité dans la distance passe par la photographie ou la vidéo
Et si tu veux que l'oiseau te respecte
Il faut que tu le fasses voler et siffler d'aise à ta vue
Car il n'aspire qu'à cela soir et matin :
Voler au-dessus de tes collines et tes plaines
Plonger dans tes lacs et rivières
Nager dans tes eaux poissonneuses
Plonger son bec dans ta chair ouverte et complice
Et en tirer des petits poissons multicolores et chanteurs
Chuchoter à ton oreille
Les mots qui te font fondre de rires et de désir
Ma muse précieuse et généreuse...
Alors pour t'être agréable ma bien-aimée
C 'est promis juré craché
Désormais je ne banderai plus que des yeux
Je ne banderai plus que des lèvres
Tu pourras me bander les yeux et me bâillonner les lèvres
Tant que tu voudras
Je banderai encore
Et si cela ne suffit pas
Pour te prouver mon amour
Je banderai aussi des oreilles et du nez
Je banderai des mains et des doigts de pieds
Je banderai de ma langue
Mi pangolin mi orphie
Je banderai de mon ombre
Une fois deux fois trois fois
Autant de fois qu'il le faudra
Ce ne sera jamais dans le vide
Car je banderai en toi
Et même l'air qui t'environne
Le soleil et la lune banderont de concert
Jusqu'à ce que nous soyons orphies nues, chair et arêtes en rut,
Sublimement réunis pour notre danse farandole et tantrique
Enfin retrouvée.
Je lape les laves vertes et jaunes de ma flamme jumelle
Comme si ce n'était qu'élixir végétal de chartreuse
Je bois, je me désaltère
Je me sers, je me ressers
Je répète le cocktail sans fin
Pure, on the rocks,
Deux doses de verte, une dose de jaune
Et vice versa
Histoire de bien sentir en bouche
Les cent trente saveurs sacrées
De cette liqueur en transe
Qui dévale du volcan réveillé qui dégorge.
Ma langue plonge et pêche en apnée
Dans les profondeurs de la roche mère
Des cris muets en fusion qui giclent en poissons étincelants
Comme des fumerolles des cratères.
J 'étanche, moine liquoriste,
Autant que faire se peut,
La soif perpétuelle
De cet élixir de vie
Qu 'une fois lapé
J 'avale et engloutis
Malgré la canicule
Malgré mes voeux d'abstinence
Malgré moi.
"Nilus nil " a écrit Hérodote
Sans le Nil l'Egypte n 'est rien.
Mais même si je ne suis pas pharaon
Porté par un éléphant de guerre
Escorté de chattes et d'ichneumons
Feulant tels des sphinx dans la fange
Je bois aux eaux noires d'Isis
Je bois aux sept bras de son delta
Je bois son ***** chaude
Je bois son or baptismal
Je me tatoue de ses crues tumultueuses
Je suis ivre de ses dix-huit coudées et dix-huit doigts
Je ne suis rien sans ses eaux noires, ses méandres
Qui grossissent au solstice d'été
Et alors pendant cent jours
Je m'abreuve de ses eaux tortueuses
Et je m'épanche de toutes ses embouchures
Je bois aux sept pis du ventre de la vache
Longs de plusieurs milliers d'orgyes égyptiennes.
Je tète jusqu'à plus soif
Je tète sa bouche pélusienne
Je tète sa bouche tanitique
Je tète sa bouche mandésienne
Je tète sa bouche phanitique
Je tète sa bouche sébennytique
Je tète sa bouche bolbitine
Je tète sa bouche canopique
Je suis Thoutmôsis réincarné
Et je sculpte mes savons d'humus.
Onctueux comme crème
Sensuels comme parfum
Je taille dans la boue le buste de Néfertiti
Je sculpte la fille de Typhaïa la Jouisseuse
La chienne en rut du harem
Je sculpte la catin du Nil
La fille lascive du Aulète,
La fille nue des Lagides
Je sculpte Isis et ses ailes déployées,
Je sculpte Aphrodite Anadycmène
Je sculpte Cléopatre la Septième
Je sculpte, je taille, je moule, je peins
Et ce faisant je frotte le dos de Palmolive
De ma muse qui m'abreuve
En fredonnant un cantique antique
De l'eau de son bain de mousse nilotique.
Tu es foisonnement de Ganges,
Ma cousine sublime,
Ma princesse du sang,
Mon aimante guérisseuse,
Et je remonte avec toi
Ta généalogie prolifique.
En toi je vois l'aieule,
En toi je vois le nouveau-né,
Et toutes les arrière arrière générations
Qui se relaient inlassablement
Et têtent
Dans le cours de tes eaux tribales.
Tu es confluence
Bouillonnement
Effervescence
De tous ces sangs qui se bousculent
S'entrechoquent
Se jalousent
Se regardent en chiens de faïence
Se mordent et se rebellent
Se saignent et se régénèrent
Dans la dérive des continents.
Ta langue est ronde comme la terre
Et c'est le vaisseau fidèle qui m'entraîne, aspirine et suppositoire,
Entre les contreforts de ta chair ferme
Dimanche après dimanche
Pour faire mes dévotions tourbillonnantes
À toutes les reines thaumaturges
Qui t'ont précédée
Et sont en marche solidaire et perpétuelle en toi.
Pour savoir le jour et l'heure
Où tu es plus portée à l'amour
J'ai entrepris la lecture des Secrets de l'Amour, du poète Koka
Et je sais désormais que tu es femme-lotus
Volupté Parfaite comme il n'en existe qu'une sur un million
Tu me provoques, tu me charmes, tu me fascines
Tu me subjugues, tu es ma Muse, ma courtisane de haut rang
Tu possèdes les soixante-quatre arts libéraux
Et les trente-deux modes musicaux de Radha,
Amante de Krishna,
Tu es multiple de huit, ma biche-jument-éléphante
Tu es magique et ensorceleuse
Tu t'appelles Padmini, Ganika
Tu es espiègle , tu es folâtre, ma Nanyika
Avec toi je peux m'unir sans péché
Ma pudique impudique
Car tu sais tout ce qu'on peut faire
Quand les lumières sont éteintes
Et les passions enflammées.
Tu sais apprendre à parler aux perroquets et aux sansonnets
Tu pratiques les combats de coqs, de cailles et de pigeons
Tout comme les combats de la langue
Tu sais faire un carrosse avec des fleurs.
Je ne sais encore si je suis homme-bleu, Homme-lièvre ou homme-cerf
Moi qui me croyais homme-raccoon,
Homme-orphie et homme-mangouste
J'ai baisé l'image de ton ombre portée
Sur l'oreiller rose ce matin
Un baiser de déclaration
Un plaisir sans merci et sans trève
Que ton ombre m'a rendu
En me besognant
De la langue, des mains et des pieds
Et de toutes nos parties honteuses comme honnêtes
Baiser pour baiser,
Caresse pour caresse,
Coup pour coup,
Corps pour corps,
Yoni pour lingam !
Que d'égratignures tu m'as infligées de tes ongles acérés
La patte de paon et le saut du lièvre
Me marquent à jamais
Et je t'ai imprimé sur ta chair la feuille de lotus bleu.
Et de morsures en morsures
J'ai saisi avec mes lèvres tes deux lèvres
Tandis que tu jouais à me saisir la lèvre inférieure.
Si tu rêves comme moi d'impudiques amours
Si tu rêves comme moi d'écrire un nouveau chapitre
Aux huit cents vers du Ratira-Hasya,
Les Secrets de l'Amour, du poète Koka,
Retrouvons nous en congrès, veux-tu,
Avant que l'été ne s'achève
Au congrès de la femme-lynx-lotus et de l'homme-raccoon-mangouste
Si tu rêves d'impudiques amours
Si tu veux que je chante ta semence d'amour
Ton kama solila, mélange de lys et de musc.
Je suis Orphie, fils d'Orphée et d'Eurydice
Petits fils d'Oeagre et de Calliope,
Bercé par les Muses et les Naïades
J'ai hérité de la lyre à sept cordes
D'Apollon et j'en ai rajouté deux
Rien que pour caresser ma Muse
Ma voix est miel
Ma voix est feu
Ma voix est pierre

Elle joue, elle chante, elle danse

Elle s'insinue comme un fleuve secret sous la roche et la fissure
L'attendrit et elle s'élève tel un ballon et flotte dans le vent

Elle dévie le cours des laves en fusion
Et pénètre au coeur du Stromboli intime
De la colère des Muses
Quand elles se font Furies.

Elle dompte les bêtes féroces et charnelles
A distance elle fait fondre
Les résistances et les fantômes

On m'appelle aussi Amore

Les Furies pourront me déchiqueter

Me mettre en lambeaux

Me jeter comme mon père du haut du mont Rhodope

Je chanterai encore du fond des mers

L 'amour de mon éternelle Muse

Ma naïade bien aimée

Nue.
Je t'aime à vol d'oiseau
Et j'évalue la distance
Qui nous sépare de l'irréversible,
De l'irréparable,
De l'incommensurable,
Ombre déplumée de nous-même.
Je t'aime à tire d'aile
Et de mots en mots je plane nu
Sur un tapis magique de nourritures lubriques
Vers des planètes volcaniques
Sans laves ni cratères.

Je t'aime comme l'alouette, gentille alouette,
Je te plume le bec divin
Je te plume le dos angélique
Je te plume le cou céleste
Et le cou et le dos et le bec
Je te plume la nuque diabolique
Je te plume les fossettes virginales
Et le talon d'Achille ensorceleur
Et la toison du Mont de Venus paradisiaque
Et les lèvres et les doigts féeriques
A distance réglementaire.

Je te plume l'ombre et je garde mes écarts
Au pas cadencé de ma transe
Et chaque plume arrachée est comme un baiser
Sinon volé du moins emprunté
Aux mythes obscurs qui nous ont devancés.
Et chaque plume plongée dans l'encrier
S'imbibe des amours lubriques de jadis
Qui se nouèrent entre vie et trépas
Entre les draps et oreillers de la page blanche
Dont se nourrissent mutuellement les muses et les poètes.
Je te dis Vous
Ta Majesté
Car vous êtes plurielle
Je vous dis tu
Votre Seigneurie
Car tu es singulière.
Tu ou vous
Vous ou tu
Êtes la dyade
La deuxième personne
Les sœurs siamoises
Démultipliées dans le labyrinthe
De la conjugaison
À tous les temps du verbe et de la chair
Et c'est pour cette raison unique
Que je vous t'aime
Et que je te vous aime
Dodécaphoniquement
Et que je vous conjugue
Et que je vous hume les notes du cou
Et que je te renifle les lunes en rut
Et que les temps s'abolissent
Que les silences deviennent bis
Et les pauses deviennent ut
Et que les dièses et les bémols ouvrent
Les clés de fa et les portées
Et que moderato cantabile je respire
Les noires et les blanches
Les croches et les rondes
Du bas du dos de dentelle
De votre tienne excellence
Ad libitum...
Oh dear Aida ! Ma soprano lyrique
Je te mordille le lobule de l 'auricule
Je grignote l'hélix et je fouine dans l 'anthélix
Je visite ton auricule.
Ce soir je suis chaton de lynx
Ténor lyrique
Je te danse ma marche triomphale
Je suis Général cinq étoiles
Radamès l'Egyptien
Et je m'entortille la trompette dans le labyrinthe de tes cheveux
Comme dans une pelote de laine
Et je miaule et je ronronne :
"Aïda, mon éthiopienne,
Fille d'Amonasro,
Ci-devant esclave d'Amnéris, ta rivale,
Je suis ton esclave patenté
Ensevelis-moi vivant
Quand le moment viendra
et pends un de mes osselets à tes boucles d'oreille
Pour chanter ma mémoire "
Et joignant l'acte à la parole
Je t'administre un gentil piercing de mes griffes.
Et pendant que je te fais mon piercing
Toi tu joues aux osselets avec mon marteau,
Mon enclume et mon étrier.
Tu me dévores le vestige de mon oreille
Et tu me dis : "tu m'aimes maintenant !"

Je n'entends plus que le bruit de l'eau
Qui se mélange aux violons et aux cymbales
De l'orchestre philharmonique
Qui m'envahit comme le déluge
Et je te livre tous mes secrets

Et je m'accroche à tes cheveux
Soudain bleus avec des reflets verts
Comme tes ongles d'ailleurs
Tous verts sauf les pouces qui sont bleus
Pour combiner avec mes oreilles noyées.

N'est pas chaton de lynx qui veut
N'est pas maîtresse de chaton de lynx qui veut
Il faut accepter d'être lacérée de coups de griffes
Certes le félin se retient
Mais il a beau retenir ses griffes
Il est encore gamin
Il ne sait pas qu'il blesse
Il ignore que tu saignes
Il est innocent, le petiot,
Il a tout juste un mois bientôt
Et aux innocents les griffes pleines.

Et tu es maternelle
Tu lui prépares son lait
Et quand il pleure la nuit
Tu l'accueilles volontiers dans ta couche

Heureux les chatons de lynx
Gloria in excelsis deo
Car c'est enterrés vivants avec leur muse
Qu'ils connaîtront le paradis.
Je te note, Maitreyi,
Comme je te l'ai promis
Non pas que je te compare à d'autres
Ni que j'évalue ta sismicité
Sur une échelle quelconque de Richter
Ou une valence particulière
À laquelle tu serais prédisposée .
Je te note, ma poétesse, ma philosophe,
Ma peintre, mon actrice, ma nourrice,
Non pas pour te donner une côte
Un numéro dans une course handicap
À la jouissance absolue
À la jouissance infinie
À la jouissance inaccessible.
Dans ma note il n'y a ni favori
Ni outsider ni tocard
Il n'y a pas de trente-huit contre un
Et je ne joue pas le champ sur ton nom
Et peu m'importent ton entraîneur, ton soigneur, ton jockey, ton lad
Peu m'importe le guru qui te drive
Je ne te note ni de zéro à vingt
Je ne te note ni de a à z
Et même si je sais fort bien
Que toute note dénote un à priori
Un parti pris
J'essaie d'être le moins partial possible
J'essaie d'être juste.
Et même quand on chante faux
On ne mérite jamais de zéro pointé
Car on a essayé, on a osé
On a performé.
On a perforé l'air de sa voix.
On a existé.
Je te note donc, ma pantheiste,
Tout en relativisant la portée de mon geste
Je te note les lèvres mineures et majeures,
Les jambes, les chevilles au ralenti
Comme par effraction symbolique
Je t'effleure de ma clé d'ut
Et je te parsème de dièses et de bémols
Subjectivement
Inconsciemment
Je soupèse tes noires et tes blanches
Je te caresse indistinctement tes do
Tes la, tes mi, tes sol, tes fa, tes ré
Qui bouillonnant de concert
Dans un indécryptable maelström
Et je décrète de ma toute-puissance Arbitrale et analytique
Que tu es muse atypique
De chocolat et de vanille
En sempiternelle excursion dans le plaisir
Et donc par définition histrionique
Éternellement insatisfaite
Et la note coquette que je te donne en dot
C'est le silence de la divine comédie
Que j'ai plaisir à déchiffrer
Dans la distance pudique de l'absence incurable
Des Ganges couleur avocat qui couinent muets
Entre trente-deuxième de soupir
Et bâton de pause.
Je festine ici et là
Je festine dans l’au delà
Je festine indécemment
Ma sauvage est de retour.

Je m’accouple aux vents boucs
Je m’accouple aux pluies vipères
Je m’accouple diaboliquement
Ma sage-femme est de retour.

Je sodomise les mares crapauds
Je sodomise les fleuves lézards
Je sodomise exécrablement
Ma guérisseuse est de retour.

Je blasphème aux solstices
Je blasphème aux équinoxes
Je blasphème scandaleusement
Mon infirmière est de retour.

Je me venge en la noyant
Je me venge en la brûlant
Je me venge insidieusement
Mon hérétique est de retour

Je cours après tous onguents
Je cours après tous poisons
Je cours brutalement
Ma dénaturée est de retour.

J’aime sa danse surnaturelle
J’aime ses pas diaboliques
J’aime ardemment
Ma forcluse est de retour.

Je caresse le soufre de son âme
Je caresse son pied gauche
Je caresse amoureusement
Ma Maligne est de retour.

Je m’accointe à sa lumière
Je m’accointe à son derrière
Je m’accointe horriblement
Ma pécheresse est de retour.

Je badine avec la lune
Je badine avec les étoiles
Je badine imprudemment
Ma prêtresse est de retour.

Je pèche des poissons capitaux
Je pèche des poissons capiteux
Je pèche lubriquement
Ma catin est de retour.

Je vénère les toisons
Je vénère les vipères
Je vénère précieusement
Mon dragon est de retour.

Je me frictionne l’entre-deux-jambes
Je me frictionne entre deux outre-tombes
Je me frictionne inlassablement
Mon ombre est de retour.

Je tremble de peur
Je tremble de joie
Je tremble frénétiquement
Ma sorcière est de retour.

Je décharge à tous vents
Je décharge à tout va
Je décharge instantanément
Ma bougresse est de retour.

Je danse en bégayant
Je danse en babillant
Je danse ordement jusqu'au chant du coq
Ma muse est de retour
Tu es ma seconde peau, ma mue, ma muse,
Mon hydre-muse  aux neuf chattes aux aguets,
Je t'use, tu me consumes, on se mange,
Je t'accomplis, tu m'achèves, on se prend,
Je te finis, tu m'emploies, on se dépense,
Je te couronne, tu m'absorbes, on s'épuise,
Je te termine, tu me réalises, on se pratique,
Et je convoque, tu convoques, on convoque
Tour à tour
La morphologie, la lexicographie, l'étymologie,
La synonymie, l'antonymie, la proxémie et la concordance.
Je te boucle, tu me parachèves, on se commet,
Je te brûle, tu me vis, on s'utilise,
Je te nourris, tu me parfais, on se détruit,
Je te bois, tu me bouffes, on se complète,
Je fais la bête à deux dos, tu me perpètres, on  se tape.
Bref on se consomme donc on se consume,
On danse donc on est
À tous les modes actif comme passif
Infinitif, indicatif, subjonctif et conditionnel
Consommer c'est faire la somme de littéralement
Et consumer c'est perdre, détruire et dévorer.
Sartre dit : "Une chose n'est belle que lorsqu'elle est consommable, c'est-à-dire  qu'elle meurt quand on en jouit ".
Je proteste et je préfère Bourdieu et son "**** oeconomicus"
Toute relation est économique, tout est affaire de pertes et profits.
Au diable Vaugelas, au diable Sartre
Entre Consumare et Consumere je ne choisis pas
Je laisse les verbes se faire chair, banane jaune, eau, miel
À la première, deuxième et troisième personne du singulier tropical.
Je veux
J'exige
Que tu suives à la lettre
Rigoureusement
Le menu des ébats que j'organise
Minutieusement pour toi.
Je veux
J'exige que tu suives
Mes instructions
Sans dévier d'un iota.
Toutes les étapes,
Toutes les indications,
Tous les menus détails,
Des pages, des chapitres et des lignes
Qui mènent à ton *****
Du samedi soir,
Je veux en être l'architecte et le témoin.
J'exige
Je veux
Que tu t'effeuilles
Que tu sortes de ton corps
Et que tu te regardes
Quand soumise et délurée
Tu offres ton corps en pâture orgamisque
À mes yeux exorbités
À la lumière d'une bougie translucide
Qui te pénètre de sa flamme de cire.
Je veux
J'exige
Je te possède
Je te prends
Scrupuleusement
De mes yeux fous de faucon.
Ce sont des yeux indomptables
Mais tu sais les apprivoiser
Quand ils battent leurs ailes
Au gré de tes envies d'oiseau
Au gré de tes scénarios.
Je veux
J'exige
Que tu m'exhibes
Les moindres pleins et déliés
De ton âme en rut,
Que tu m'implores
D'un mouvement imperceptible
À la commissure de tes lèvres
Un toucher du regard
Au bas du dos,
Un massage à distance,
Et que tu te tortilles
Quand je te délivre
À tire d'aile
Le sceau royal
Du toucher des écrouelles.
Tu es ma fauconnière
Je suis ton faucon royal
Prisonnier sans l'être
De tes appâts rebelles.
Le ciel dont je m'abreuve
Quand je te fais la cour
Est une cage sans filets
Où la meute de nos sens enfouis
Se délecte dans une chasse à courre
Archaïque et délicieuse
Entre ta coupe pleine et tes lèvres
Assoiffées.
C 'est au coeur du punch
Que je vois le reflet de ton infidèle image
C 'est au fond du calice trouble
De pulpe de citron vert écrasé
Et de sirop de batterie
Que je vois enfin le reflet de ton infidèle image.

C'est une image qui tourbillonne
Comme un aiguillon kaléidoscopique
Car tu es cent et un oiseaux orange
A la fois dans la charmille.

Une image, que dis-je, un flot d'images
Secrètes et sourdes qui t'exhibent
Au goutte à goutte
Des lèvres au gosier
Et du gosier au cerveau.

C'est à cinquante-cinq degrés
Dans le coeur de chauffe du rhum blanc
Cent pour cent agricole
Que ton souvenir me vampirise
De ses poèmes lubriques
Et que j'offre mon cou et ma nuque à ta morsure
Douce, nue et sincère,
et à tes griffes amères comme le schrubb !
Je tremble des lèvres et des cils
Tout en moi se raidit, je bande
Je suis possédé

C'est Ma Phénicienne qui est à la manoeuvre
C'est ma diablesse qui se manifeste
C'est Jézabel, muse fatale, qui est à l'oeuvre
C'est l'esprit de Jézabel qui m'infeste.
Telle Anat, la Cananéenne, la Sanguine,
Ma prêtresse de Baal, ma Sidonienne
Se farde les paupières d'antimoine
Et se coiffe langoureusement postée à la fenêtre.
Ses yeux de gazelle me dictent les mots
D'une rare luxure
Que je dépèce comme une meute de chiennes lubriques
Ses lèvres entrouvertes dégoulinent
De mots adultères
Et la débauche s'empare de mon trône.
Et le désir me piétine de ses chevaux emballés.
Mais **** de m'apeurer à l 'approche du combat qui s'annonce
Je m'agenouille et je vénère ma guerrière,
Ma prophétesse, mon YHWH
Ma souveraine et seule voix sur terre
Vierge de toute armure ou parure,
Jézabel, mère d'Athalie,
Jézabel dont je suis l 'homme de paille,
Le prostitué rituel,
Le moine poète
Qu'elle a défenestré !
Tu me dis, mon Âme :
"Apprends à me connaître
Aime-moi
Tu verras
Avec moi, mon Ombre,
Tu vivras des choses jamais imaginées "
Alors je m'imagine, j'essaie
Je me mets direct au septième ciel
et je saute à la marelle
Pour rejoindre ton rivage Amour.
Je te vois animale et j'imagine ton règne
J 'imagine tes cris de Muse
Le lundi, tu es chienne, tu me miaules, tu me gazouilles et tu me bêles
Le mardi, cochonne, tu me glousses, tu me glapis et tu me piaules
Le mercredi, louve, tu me siffles, tu me beugles et tu me râles
Le jeudi, vipère, tu m'aboies, tu me hennis et tu me grondes
Le vendredi, tigresse, tu me barètes, tu me trompettes et tu me stridules,
Le samedi, chatte, tu me couines, tu me roucoules et tu me brailles
Et le dimanche, méduse, tu me chantes, sans bruit, dans le silence
Le cantique de nos retrouvailles animales.
Bite Schoen, Fraulein !
Jouons avec les mots rébus
Nus et sincères.
Appelons une chatte une chatte
Et une bite une bite.
Mouillons et bandons
Suçons voluptueusement nos mots tabous
Jusqu'à la moelle
Appelons cul Luc
Et bite Tobie
Lâchons-nous
Sans laisse et sans harnais
Vive la bagatelle sans filet
Quand j'avance tu recules
Comment veux-tu comment veux-tu
Que je te culbute ?
Ou tu préfères encule
Soyons salaud féminin salope
Vicieuse masculin vicieux
Jouissons de toutes nos jutes
Buvons nos vins clairet
Et nos sirops typhon
Universels et panachés
Tu préfères à la cuillère ou directement au pis du mammifère ?
Jouissons, mignonne
Cochon cochonne
Allons voir si la rose
Qui ce matin avait éclose
N'a point perdu cette vesprée
Les plis de sa verge pourprée
Baisons Baisons
Qu'un sang impur arrose nos sillons.
Tu préfères zizi, anguille, oiseau ?
Moi je me présente quand même
Je m'appelle Orphie et si tu veux
Tu peux prononcer Orphée
Et toi ma chatte de lynx, ma pie qui chante,
Tu dis utérus comme si tu voulais me dire
Que tu es musicale et que je dois
Te prendre à la hussarde de ma clé d'ut
Ou ai-je mal compris, serait-ce ma clé de huit ?
Moi j'appelle ton repaire palourde,
Conque de lambi ou hortensia,
Zmeu, car tu te transformes quand tu veux
En nuage de cerfs-volants
Et tu m'emportes avec toi tourbillonneuse
Tourbillonneuse oui car tu réinventes la syntaxe et le lexique
Tourbillonneuse, adjectif qualificatif, féminin singulier
Dans le creux profond de tes dents acérées
Quand tu me suces j'oublie tout
J'oublie que tu t'appelles Eurydice
Et je jouis en Aura dans tous ses orifices
Ne sois pas vulgaire
Ne me dis pas je t'aime
Mais dis-moi chaque fois que ça te chatouille
J'ai envie de toi.
Ou baise-moi là tout de suite
Et tout de suite ne veut pas dire vite
C'est lentement que je veux t'administrer mon vit
A petites doses
Tu préfères devant ou derrière ?
En haut ou en bas ou côte à côte ?
A propos
Tu sais que lès ça veut dire à côté
Et que ça a la même racine latine que latéral ?

Lentement disais-je
Parcourons nos bréviaires
Et chantons nos poèmes lubriques
Et cantiques tantriques

Veux-tu que je te fouette de ma langue rose
Et que j'engloutisse de mes grosses lèvres tes petites lèvres
Fais couler ta liqueur que je m'en pourlèche
Suce-moi le sein
Je veux que mon aréole change de couleur
Et que mon mamelon devienne de la taille de mon dard.
J'aime quand tu dis ça
Tu dis fais moi ça
Ou j'aime ça, tu savoures
Et même dans un simple ça va chez toi
Je sens que tu es dans tous ses états.
Tu veux que je t'apaises et en même temps
Tu ne penses qu'à brûler de plus belle.

Et chaque fois que je renais des cendres de tes caresses
Tu as tes yeux d'anthropologue qui réclament encore le tout et les parties
Et je fais mine de me plaindre
Je te dis que tu es Insatiable
Mais déjà je bande Incurable
Car il suffit que tu me regardes
Avec ces yeux de chatte lynx de ces instants-là
Pour que je batte des cils.

Tu es caniculaire en permanence
Tu es humide et généreuse quand tu chantes
Je te prends, tu me prends par la barbichette
Le premier qui jouira
Aura une sucette
Et moi je tire la chevillette et la chevillette cherra
Car je sais que tu es mon ombre et que je suis la tienne
Nous nous fondons dans nos ombres respectives dans le miroir
Et c'est dans nos ombres que nous nous faisons tous ces câlins jouissifs
C'est à travers elles que nous montrons
Nos envies et désirs d'immortalité
A travers les petites morts répétées
Les petites extases quotidiennes
Des mots quels qu'il soient qui nous lient
En de petits cailloux sur la route qui mène aux neiges du parinirvana.

Alors pour résumer notre texte

Je commence par le titre,
A toi la dédicace et à moi la préface.
Préliminaires obligatoires.
Tu m''exposes les grandes lignes de notre mémoire
Et je procède à l'introduction et au développement.
A toi la thèse à moi l'antithèse ou vice et versa.
Avant de conclure par une virgule
Je récapitule et j'écris le mot faim
Et toi tu continues sur le même rythme
Car notre histoire n'a pas de fin,
Notre histoire est Insatiable et Immortelle.
Tu es la Muse je suis le Musc
Et notre film se lit non pas en noir et blanc
Mais en yin et yang,
(An mémwa granfré an mwen Dodo, frè jimo a Roderik, ki disparèt an *** lanmè koté Sentlisi lé disèt maws démildisèt anbo kanno ay, In God we Troust, menm jou ti frè an mwen Toto fété swasantkatran ay)

Lè Manzè Frégat, on vyé zwazo épi tèt a sizo lan mè, rivé

Konpè Dodo té ka ba dé kudmachwa adan on ponm arak kon i té ni vyé labitid fè

Dépi lé i té ti manmay chak trwazyèm vandrèdi a mars o pipiri chantan

Sété on sèl pélrinaj pou y té pran gou a sé prèmyé ponm malaka ki té vinn friktifyé

Vyé zwazo la diy konsa: « chaben, apakonsa zafè ka fèt ! avan ou té sèvi kow, avan menm ou té comansé manjé plen vant aw, ou té dwèt ban mwen lajan an mwen, ban mwen sa anfwamenm »

Konpè Dodo pa enmé pon vyé zwazo diy pon vyé biten ! I wondi bouch, i toufé, i manké tranglé :

-Ki pawol a foumi fou ki la ? i taw ?

-i tan mwen. ban mwen lajan an mwen, man, ou alo, ranjé zafè aw byen pas dènyé vandrèdi aw rivé !

ou pé kriyéy jan ou vlé malaba, malaka, kwachimelon, otaheite, pomme d’amour, ponm tayti, manzana malaya, séw ki sav, ou pa papay

sé mwen ki mèt ay, ou tann ! Ou tann byen !? Pa fè mwen trapé dézod épiw

Pa fè mwen jiréw, avan ou ay pran zafè a moun prokiré sav ki moun ki mèt a kann la

mwen ja las jouwé domino épiw, kouté sa byen, wouvè gran zorey aw ! An ja diw sa, yo ka kriyé mwen an lot koté Jambo, Prensès Scisour Lanmè

mwen pa vlé sav si ou métodis si ou advantis si ou ka fè penti

si ou rosikrisyen si ou catolik ou si ou ka trasé lèt asi olivetti

si bon dyé aw vodou, endou, ou témwendjéova, fwa aw sé taw, tan mwen sé tan mwen,

Non an mwen pa Séza non an mwen pa Bondyé sé Jambo

ponm arak ta la sé tan mwen, sé awryè granpapa granpapa mwen ki té arawak

ki plantéy, si ou vlé sav, ban mwen diw on ti biten malgré vyé mannyé érétik ou ni dépi toupiti. ou ka ékri tout koté « In God we Troust » sé pousa ou dwèt ka vinn trousé mwen ! foutémwa likan, espèce de malélivé

manjé kénèt aw ou chenet aw ponmsitè aw fé sa ou vlé épi yo mé pa mannyé vyé pyé ponm arak an mwen

sa ja ka fè plis ki katvensètan ou ka fé la fèt asi pyé ponm arak ta la

Ou pa sa li fransé , chaben ? espèce en voie d’extinction! An ké diw li on lot fwa an nanglè si ou pa vlé tann fransé

Endangered species !

Mé Kompè Dodo pa té vlé tann march ! Kompè Dodo mété koy ri ! I pa té pé rété ! Telman i té ka ri i té ka pléré !

Ki jan i té kay péyé pou on ponm arak pou on vyé frégat malkadik, dapréy non ay té « Prinsès Scisour Lanmè »

Manzè Frégat ou ni on jan dapréw ou sé yen a dan lé trwa Moiw, on Manzé Atropos

Konsidiré séw ki mèt a bobiné é débobiné

Mé apa mwen ou ké kouyoné, sé pa jodi jou disèt mars pon vyé zonbi ké koupé filsèvolan mwen

Banw diw sa, Tiré gran zèl nwè aw anba la pli la é ay pozé kow anba on pyé kowosol

Demen samdi avan jou ouvè mwen ké vinn kué ti ponm arak an mwen

Manzè Fregat pa pèd tan, vitman i poté mannèv, i anki ouvè gran gèl ay, bèk ay té ka parèt sizo

I vorey i varéy i valéy, i wotéy – zyé a zwazo la té ka sanm on sèl fé dartifis woz fichyia –

A las siete y media de la mañana, eran las siete y media en punto de la mañana

Kompè Dodo bat dènyé ti domino ay, a las siete y media de la mañana

Manzè Frégat comansé ranjé tou dousman sé domino la an bwat a domino la

Epi rès a ponm arak la i préparé pouy on ponch ponm malaka.

Sé pa pou ayen ni on proverb ki ka i konsa:

Pa jen jouwé domino épi on frégat si ou ka dwouéy on biten.
I once was told
In Broooklyn New York
I had a lackadaisical attitude.
It was the first time I was hearing
That whimsical adjective !
So lackadaisical I was !
Looked like an illness
The way they said it
It seemed I could contaminate.
So I stopped a few seconds to think  and dissect the word
Lackadaisical
I lacked a daisy somewhere !
Sounded like I lacked a fuse in my brain !
Next thing I know I was checking the word
In my reminiscences of the Oxford English Dictionary
Or may be it was Webster's
And  it said in black and white ferns I lacked purpose
I wasn't properly lazy, I just lacked directions
I lacked enthusiasm, stamina
I was devoid of zest
I was blasé
Insouciant
Careless.
Translated into  more French I was nonchalant and better said
Jemenfoutiste.
It was during an encounter group
And they threw that lackadaisical attitude ******* to my face
And guess what i did ?!
I just kept on smiling
Jemenfoutiste to the extreme.
And they kept saying
See what I mean, you 're so ******* lackadaisical , man !
You're so pathetic !  You're so apathetic !
It was Winter in America like Gil Scott-Heron would say
And it felt so good, so warm,
As far as I could see,
To be called lackadaisical
And not laconical.
I not only lacked a daisy
I lacked a bunch of tropical flowers indeed !
Like bouganvillea, orchid or hibiscus
Anthurium, jasmine or bromeliad
I lacked sun and sea
Strange as it was
Even though I was near Atlantic Avenue, Coney Island
So I was lackaseacal and lackasuncal
But what I didn't lack was ants in my pants
And until today they make me dance
My forever lackadaisical dance.
Comment voulez-vous que je vous croque, marquise,
Votre Seigneurie de haute voltige ?
Comment voulez-vous que votre amant cunnibale croque
L'exquis vertige que son pinceau déflagre
Quand de sa tige délicate et poetique
Il esquisse sur la toile le portrait de votre boutique arrière ?
Dans le tableau vous posez élégamment nue
Le postérieur au premier plan
Et un  sucrier à fal jaune
Qui sent le vent de gingembre
Et la mer de noix de muscade
Becquette d'un regard gourmand le cul corossol
Que vous lui offrez avec langueur et nonchalance.
L'analyse infra rouge de ce charmant spectacle
Révèle cependant que l'artiste au fin bec
En vous a semé ses regrets
Car sous ce derrière plantureux de Dame corossol
Un essaim d'abeilles invisible à l'Œil nu bourdonne
Et l'oiseau a laissé pour tout aiguillon tendre
À la mine d'argent l'empreinte double de ses pattes
Comme d'amoureuses morsures
Dans le sable mouvant de vos lunes rebondies.
Je suis la Muse, Ta Muse
Ta pudique, Ta sage cornemuse
Sisypha, l 'allumeuse, tisseuse de tes envies,
Je t'enflamme,
Je te seconde,
Je te féconde,
Je suis l 'idée, le mot, le rêve, l'espoir
L'image !
Je craque un mot sur le grattoir
Et la flamme jaillit, tu enfantes un monde
Le feu de ton imagination te rend fébrile

Et je savoure, je me délecte et je me décapsule
Quand sous l 'emprise de cette terrible envie de moi
Religieusement tu bandes, tu gonfles, tu te dilates
Tu brûles d'aller boire au plus profond de moi
Tu aspires à m'aspirer en toi.
J 'appuie à distance sur le détonateur
Tu exploses !

Et moi au **** je danse, je cours, je vole, je souris et je dégouline de poèmes !
Tu sais tout, tu es mon ombre
Tu m'as entendue
Tu m'as vue dans le miroir chanter le vin clairet
Tu as aperçu mes lambeaux de poèmes lubriques
Tu me cherches dans chaque enlacement passionné
Je te cherche aussi
On s'est croisé au pied du Vésuve
Je marchais insouciante
Et tu m'as appelée Gradiva.
Tu vois ?
Même si on ne se voit jamais
On se sera déjà vus !

Je suis ta Muse
Notre amour est ainsi fait
Amour-sourire de Muse et Artiste
Nous nous imbriquons l'un dans l'autre
Toi l 'artiste prodige
et moi la sublime Muse
Jamais je ne me suis doutée que j'avais les pieds aussi beaux !
C'est toi qui les as façonnés ainsi ?

Alea jacta est
C'est le destin qui m'a mis dans ta bouche
Ne te mords pas les lèvres
Accomplis tes quatre-vingt-huit travaux d'Hercule

Je suis la résille de soie grège
Que tu tisses lentement de tes doigts agiles
En mailles losanges ou carrées
Cette résille est digne des Pléiades..
Tu dévides ta navette et au fur à mesure que tu crochètes
Le filet de soie prend forme
Et se fait crespine
Je m'inquiète :

Vas-tu vouloir avec ce filet capturer
Sisypha qui palpite au creux de ma nuque
Pour la garder prisonnière de la cage
De l 'oiseau qui me picore ?

Ou vas-tu
En ceindre mes cheveux
Et les emprisonner
Dans ta tour de soie ?

Ou veux -tu que je le porte
Sous ma bombe de cavalière
chaque fois que je te chevauche
Et que je tente de dresser ta monture
Aux sabots gravés de mon monogramme ?

Ou peut-être fétichiste
Concoctes-tu derrière ces mailles
Une surprise pour Sisypha :
Un petit body décolleté en résille jaune
Et un débardeur en résille noire ?
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