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je peux voir des jonquilles en dehors de ma fenêtre
les jonquilles sont magnifiques
les jonquilles sont belles et gratuites
les jonquilles me rappellent
les jonquilles me rappellent l'amour
l'amour que j'ai pour elle
beau et gratuit
parfois je rêve des jonquilles
parfois je rêve d'elle
je rêve que nous sommes ensemble
nous sommes amoureux
je rêve que les autres nous regardent de **** et rêvent de ce que nous avons
je rêve que nous sommes des jonquilles dans l'amour
jonquilles se balançant dans la brise
nous sommes sans soucis

quand je me réveille
je la vois
je la vois dormir à côté de moi
je me souviens
je me souviens que ce n'est pas un rêve
elle n'est pas un rêve
nous ne sommes pas un rêve
nous sommes
nous sommes amoureux
nous sommes des jonquilles
jonquilles se balançant dans la brise
« Amis et frères ! en présence de ce gouvernement infâme, négation de toute morale, obstacle à tout progrès social, en présence de ce gouvernement meurtrier du peuple, assassin de la République et violateur des lois, de ce gouvernement né de la force et qui doit périr par la force, de ce gouvernement élevé par le crime et qui doit être terrassé par le droit, le français digne du nom de citoyen ne sait pas, ne veut pas savoir s'il y a quelque part des semblants de scrutin, des comédies de suffrage universel et des parodies d'appel à la nation ; il ne s'informe pas s'il y a des hommes qui votent et des hommes qui font voter, s'il y a un troupeau qu'on appelle le sénat et qui délibère et un autre troupeau qu'on appelle le peuple et qui obéit ; il ne s'informe pas si le pape va sacrer au maître-autel de Notre-Dame l'homme qui - n'en doutez pas, ceci est l'avenir inévitable - sera ferré au poteau par le bourreau ; - en présence de M. Bonaparte et de son gouvernement, le citoyen digne de ce nom ne fait qu'une chose et n'a qu'une chose à faire : charger son fusil, et attendre l'heure.

Jersey, le 31 octobre 1852.


Déclaration des proscrits républicains de Jersey, à propos de l'empire, publiée par le Moniteur, signée pour copie conforme :

VICTOR HUGO, FAURE, FOMBERTAUX.


« Nous flétrissons de l'énergie la plus vigoureuse de notre âme les ignobles et coupables manifestes du Parti du Crime. »

(RIANCEY, JOURNAL L'UNION, 22 NOVEMBRE.)

« Le Parti du Crime relève la tête. »

(TOUS LES JOURNAUX ÉLYSÉENS EN CHOEUR.)



Ainsi ce gouvernant dont l'ongle est une griffe,
Ce masque impérial, Bonaparte apocryphe,
À coup sûr Beauharnais, peut-être Verhueil,
Qui, pour la mettre en croix, livra, sbire cruel,
Rome républicaine à Rome catholique,
Cet homme, l'assassin de la chose publique,
Ce parvenu, choisi par le destin sans yeux,
Ainsi, lui, ce glouton singeant l'ambitieux,
Cette altesse quelconque habile aux catastrophes,
Ce loup sur qui je lâche une meute de strophes,
Ainsi ce boucanier, ainsi ce chourineur
À fait d'un jour d'orgueil un jour de déshonneur,
Mis sur la gloire un crime et souillé la victoire
Il a volé, l'infâme, Austerlitz à l'histoire ;
Brigand, dans ce trophée il a pris un poignard ;
Il a broyé bourgeois, ouvrier, campagnard ;
Il a fait de corps morts une horrible étagère
Derrière les barreaux de la cité Bergère ;
Il s'est, le sabre en main, rué sur son serment ;
Il a tué les lois et le gouvernement,
La justice, l'honneur, tout, jusqu'à l'espérance
Il a rougi de sang, de ton sang pur, ô France,
Tous nos fleuves, depuis la Seine jusqu'au Var ;
Il a conquis le Louvre en méritant Clamar ;
Et maintenant il règne, appuyant, ô patrie,
Son vil talon fangeux sur ta bouche meurtrie
Voilà ce qu'il a fait ; je n'exagère rien ;
Et quand, nous indignant de ce galérien,
Et de tous les escrocs de cette dictature,
Croyant rêver devant cette affreuse aventure,
Nous disons, de dégoût et d'horreur soulevés :
- Citoyens, marchons ! Peuple, aux armes, aux pavés !
À bas ce sabre abject qui n'est pas même un glaive !
Que le jour reparaisse et que le droit se lève ! -
C'est nous, proscrits frappés par ces coquins hardis,
Nous, les assassinés, qui sommes les bandits !
Nous qui voulons le meurtre et les guerres civiles !
Nous qui mettons la torche aux quatre coins des villes !

Donc, trôner par la mort, fouler aux pieds le droit
Etre fourbe, impudent, cynique, atroce, adroit ;
Dire : je suis César, et n'être qu'un maroufle
Etouffer la pensée et la vie et le souffle ;
Forcer quatre-vingt-neuf qui marche à reculer ;
Supprimer lois, tribune et presse ; museler
La grande nation comme une bête fauve ;
Régner par la caserne et du fond d'une alcôve ;
Restaurer les abus au profit des félons
Livrer ce pauvre peuple aux voraces Troplongs,
Sous prétexte qu'il fut, **** des temps où nous sommes,
Dévoré par les rois et par les gentilshommes
Faire manger aux chiens ce reste des lions ;
Prendre gaîment pour soi palais et millions ;
S'afficher tout crûment satrape, et, sans sourdines,
Mener joyeuse vie avec des gourgandines
Torturer des héros dans le bagne exécré ;
Bannir quiconque est ferme et fier ; vivre entouré
De grecs, comme à Byzance autrefois le despote
Etre le bras qui tue et la main qui tripote
Ceci, c'est la justice, ô peuple, et la vertu !
Et confesser le droit par le meurtre abattu
Dans l'exil, à travers l'encens et les fumées,
Dire en face aux tyrans, dire en face aux armées
- Violence, injustice et force sont vos noms
Vous êtes les soldats, vous êtes les canons ;
La terre est sous vos pieds comme votre royaume
Vous êtes le colosse et nous sommes l'atome ;
Eh bien ! guerre ! et luttons, c'est notre volonté,
Vous, pour l'oppression, nous, pour la liberté ! -
Montrer les noirs pontons, montrer les catacombes,
Et s'écrier, debout sur la pierre des tombes.
- Français ! craignez d'avoir un jour pour repentirs
Les pleurs des innocents et les os des martyrs !
Brise l'homme sépulcre, ô France ! ressuscite !
Arrache de ton flanc ce Néron parasite !
Sors de terre sanglante et belle, et dresse-toi,
Dans une main le glaive et dans l'autre la loi ! -
Jeter ce cri du fond de son âme proscrite,
Attaquer le forban, démasquer l'hypocrite
Parce que l'honneur parle et parce qu'il le faut,
C'est le crime, cela ! - Tu l'entends, toi, là-haut !
Oui, voilà ce qu'on dit, mon Dieu, devant ta face !
Témoin toujours présent qu'aucune ombre n'efface,
Voilà ce qu'on étale à tes yeux éternels !

Quoi ! le sang fume aux mains de tous ces criminels !
Quoi ! les morts, vierge, enfant, vieillards et femmes grosses
Ont à peine eu le temps de pourrir dans leurs fosses !
Quoi ! Paris saigne encor ! quoi ! devant tous les yeux,
Son faux serment est là qui plane dans les cieux !
Et voilà comme parle un tas d'êtres immondes
Ô noir bouillonnement des colères profondes !

Et maint vivant, gavé, triomphant et vermeil,
Reprend : « Ce bruit qu'on fait dérange mon sommeil.
Tout va bien. Les marchands triplent leurs clientèles,
Et nos femmes ne sont que fleurs et que dentelles !
- De quoi donc se plaint-on ? crie un autre quidam ;
En flânant sur l'asphalte et sur le macadam,
Je gagne tous les jours trois cents francs à la Bourse.
L'argent coule aujourd'hui comme l'eau d'une source ;
Les ouvriers maçons ont trois livres dix sous,
C'est superbe ; Paris est sens dessus dessous.
Il paraît qu'on a mis dehors les démagogues.
Tant mieux. Moi j'applaudis les bals et les églogues
Du prince qu'autrefois à tort je reniais.
Que m'importe qu'on ait chassé quelques niais ?
Quant aux morts, ils sont morts. Paix à ces imbéciles !
Vivent les gens d'esprit ! vivent ces temps faciles
Où l'on peut à son choix prendre pour nourricier
Le crédit mobilier ou le crédit foncier !
La république rouge aboie en ses cavernes,
C'est affreux ! Liberté, droit, progrès, balivernes
Hier encor j'empochais une prime d'un franc ;
Et moi, je sens fort peu, j'en conviens, je suis franc,
Les déclamations m'étant indifférentes,
La baisse de l'honneur dans la hausse des rentes. »

Ô langage hideux ! on le tient, on l'entend !
Eh bien, sachez-le donc ; repus au cœur content,
Que nous vous le disions bien une fois pour toutes,
Oui, nous, les vagabonds dispersés sur les routes,
Errant sans passe-port, sans nom et sans foyer,
Nous autres, les proscrits qu'on ne fait pas ployer,
Nous qui n'acceptons point qu'un peuple s'abrutisse,
Qui d'ailleurs ne voulons, tout en voulant justice,
D'aucune représaille et d'aucun échafaud,
Nous, dis-je, les vaincus sur qui Mandrin prévaut,
Pour que la liberté revive, et que la honte
Meure, et qu'à tous les fronts l'honneur serein remonte,
Pour affranchir romains, lombards, germains, hongrois,
Pour faire rayonner, soleil de tous les droits,
La république mère au centre de l'Europe,
Pour réconcilier le palais et l'échoppe,
Pour faire refleurir la fleur Fraternité,
Pour fonder du travail le droit incontesté,
Pour tirer les martyrs de ces bagnes infâmes,
Pour rendre aux fils le père et les maris aux femmes,
Pour qu'enfin ce grand siècle et cette nation
Sortent du Bonaparte et de l'abjection,
Pour atteindre à ce but où notre âme s'élance,
Nous nous ceignons les reins dans l'ombre et le silence
Nous nous déclarons prêts, prêts, entendez-vous bien ?
- Le sacrifice est tout, la souffrance n'est rien, -
Prêts, quand Dieu fera signe, à donner notre vie
Car, à voir ce qui vit, la mort nous fait envie,
Car nous sommes tous mal sous ce drôle effronté,
Vivant, nous sans patrie, et vous sans liberté !

Oui, sachez-le, vous tous que l'air libre importune
Et qui dans ce fumier plantez votre fortune,
Nous ne laisserons pas le peuple s'assoupir ;
Oui, nous appellerons, jusqu'au dernier soupir,
Au secours de la France aux fers et presque éteinte,
Comme nos grands -aïeux, l'insurrection sainte
Nous convierons Dieu même à foudroyer ceci
Et c'est notre pensée et nous sommes ainsi,
Aimant mieux, dût le sort nous broyer sous sa roue,
Voir couler notre sang que croupir votre boue.

Jersey, le 28 janvier 1853.
Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant
D'ivresse et de grandeur, le front vaste, riant
Comme un clairon d'airain, avec toute sa bouche,
Et prenant ce gros-là dans son regard farouche,
Le Forgeron parlait à Louis Seize, un jour
Que le Peuple était là, se tordant tout autour,
Et sur les lambris d'or traînant sa veste sale.
Or le bon roi, debout sur son ventre, était pâle,
Pâle comme un vaincu qu'on prend pour le gibet,
Et, soumis comme un chien, jamais ne regimbait,
Car ce maraud de forge aux énormes épaules
Lui disait de vieux mots et des choses si drôles,
Que cela l'empoignait au front, comme cela !
" Or tu sais bien, Monsieur, nous chantions tra la la
Et nous piquions les boeufs vers les sillons des autres :
Le Chanoine au soleil filait des patenôtres
Sur des chapelets clairs grenés de pièces d'or
Le Seigneur, à cheval, passait, sonnant du cor
Et l'un avec la hart, l'autre avec la cravache
Nous fouaillaient. - Hébétés comme des yeux de vache,
Nos yeux ne pleuraient plus ; nous allions, nous allions,
Et quand nous avions mis le pays en sillons,
Quand nous avions laissé dans cette terre noire
Un peu de notre chair.., nous avions un pourboire :
On nous faisait flamber nos taudis dans la nuit ;
Nos petits y faisaient un gâteau fort bien cuit. ...
" Oh ! je ne me plains pas. Je te dis mes bêtises,
C'est entre nous. J'admets que tu me contredises.
Or n'est-ce pas joyeux de voir au mois de juin
Dans les granges entrer des voitures de foin
Énormes ? De sentir l'odeur de ce qui pousse,
Des vergers quand il pleut un peu, de l'herbe rousse ?
De voir des blés, des blés, des épis pleins de grain,
De penser que cela prépare bien du pain ?...
Oh ! plus fort, on irait, au fourneau qui s'allume,
Chanter joyeusement en martelant l'enclume,
Si l'on était certain de pouvoir prendre un peu,
Étant homme, à la fin ! de ce que donne Dieu !
- Mais voilà, c'est toujours la même vieille histoire !

" Mais je sais, maintenant ! Moi, je ne peux plus croire,
Quand j'ai deux bonnes mains, mon front et mon marteau,
Qu'un homme vienne là, dague sur le manteau,
Et me dise : Mon gars, ensemence ma terre ;
Que l'on arrive encor quand ce serait la guerre,
Me prendre mon garçon comme cela, chez moi !
- Moi, je serais un homme, et toi, tu serais roi,
Tu me dirais : Je veux !... - Tu vois bien, c'est stupide.
Tu crois que j'aime voir ta baraque splendide,
Tes officiers dorés, tes mille chenapans,
Tes palsembleu bâtards tournant comme des paons :
Ils ont rempli ton nid de l'odeur de nos filles
Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles,
Et nous dirons : C'est bien : les pauvres à genoux !
Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous !
Et tu te soûleras, tu feras belle fête.
- Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tête !

" Non. Ces saletés-là datent de nos papas !
Oh ! Le Peuple n'est plus une putain. Trois pas
Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussière.
Cette bête suait du sang à chaque pierre
Et c'était dégoûtant, la Bastille debout
Avec ses murs lépreux qui nous racontaient tout
Et, toujours, nous tenaient enfermés dans leur ombre !

- Citoyen ! citoyen ! c'était le passé sombre
Qui croulait, qui râlait, quand nous prîmes la tour !
Nous avions quelque chose au coeur comme l'amour.
Nous avions embrassé nos fils sur nos poitrines.
Et, comme des chevaux, en soufflant des narines
Nous allions, fiers et forts, et ça nous battait là...
Nous marchions au soleil, front haut, - comme cela, -
Dans Paris ! On venait devant nos vestes sales.
Enfin ! Nous nous sentions Hommes ! Nous étions pâles,
Sire, nous étions soûls de terribles espoirs :
Et quand nous fûmes là, devant les donjons noirs,
Agitant nos clairons et nos feuilles de chêne,
Les piques à la main ; nous n'eûmes pas de haine,
- Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux !

" Et depuis ce jour-là, nous sommes comme fous !
Le tas des ouvriers a monté dans la rue,
Et ces maudits s'en vont, foule toujours accrue
De sombres revenants, aux portes des richards.
Moi, je cours avec eux assommer les mouchards :
Et je vais dans Paris, noir marteau sur l'épaule,
Farouche, à chaque coin balayant quelque drôle,
Et, si tu me riais au nez, je te tuerais !
- Puis, tu peux y compter tu te feras des frais
Avec tes hommes noirs, qui prennent nos requêtes
Pour se les renvoyer comme sur des raquettes
Et, tout bas, les malins ! se disent : " Qu'ils sont sots ! "
Pour mitonner des lois, coller de petits pots
Pleins de jolis décrets roses et de droguailles,
S'amuser à couper proprement quelques tailles.
Puis se boucher le nez quand nous marchons près d'eux,
- Nos doux représentants qui nous trouvent crasseux ! -
Pour ne rien redouter, rien, que les baïonnettes...,
C'est très bien. Foin de leur tabatière à sornettes !
Nous en avons assez, là, de ces cerveaux plats
Et de ces ventres-dieux. Ah ! ce sont là les plats
Que tu nous sers, bourgeois, quand nous sommes féroces,
Quand nous brisons déjà les sceptres et les crosses !... "
Il le prend par le bras, arrache le velours
Des rideaux, et lui montre en bas les larges cours
Où fourmille, où fourmille, où se lève la foule,
La foule épouvantable avec des bruits de houle,
Hurlant comme une chienne, hurlant comme une mer,
Avec ses bâtons forts et ses piques de fer
Ses tambours, ses grands cris de halles et de bouges,
Tas sombre de haillons saignant de bonnets rouges :
L'Homme, par la fenêtre ouverte, montre tout
Au roi pâle et suant qui chancelle debout,
Malade à regarder cela !
" C'est la Crapule,
Sire. Ça bave aux murs, ça monte, ça pullule :
- Puisqu'ils ne mangent pas, Sire, ce sont des gueux !
Je suis un forgeron : ma femme est avec eux,
Folle ! Elle croit trouver du pain aux Tuileries !
- On ne veut pas de nous dans les boulangeries.
J'ai trois petits. Je suis crapule. - Je connais
Des vieilles qui s'en vont pleurant sous leurs bonnets
Parce qu'on leur a pris leur garçon ou leur fille :
C'est la crapule. - Un homme était à la Bastille,
Un autre était forçat : et tous deux, citoyens
Honnêtes. Libérés, ils sont comme des chiens :
On les insulte ! Alors, ils ont là quelque chose
Qui leur l'ait mal, allez ! C'est terrible, et c'est cause
Que se sentant brisés, que, se sentant damnés,
Ils sont là, maintenant, hurlant sous votre nez !
Crapule. - Là-dedans sont des filles, infâmes ,
Parce que, - vous saviez que c'est faible, les femmes, -
Messeigneurs de la cour, - que ça veut toujours bien, -
Vous avez craché sur l'âme, comme rien !
Vos belles, aujourd'hui, sont là. C'est la crapule.

" Oh ! tous les Malheureux, tous ceux dont le dos brûle
Sous le soleil féroce, et qui vont, et qui vont,
Qui dans ce travail-là sentent crever leur front...
Chapeau bas, mes bourgeois ! Oh ! ceux-là, sont les Hommes !
Nous sommes Ouvriers, Sire ! Ouvriers ! Nous sommes
Pour les grands temps nouveaux où l'on voudra savoir,
Où l'Homme forgera du matin jusqu'au soir
Chasseur des grands effets, chasseur des grandes causes,
Où, lentement vainqueur il domptera les choses
Et montera sur Tout, comme sur un cheval !
Oh ! splendides lueurs des forges ! Plus de mal,
Plus ! - Ce qu'on ne sait pas, c'est peut-être terrible :
Nous saurons ! - Nos marteaux en main, passons au crible
Tout ce que nous savons : puis, Frères, en avant !
Nous faisons quelquefois ce grand rêve émouvant
De vivre simplement, ardemment, sans rien dire
De mauvais, travaillant sous l'auguste sourire
D'une femme qu'on aime avec un noble amour :
Et l'on travaillerait fièrement tout le jour
Écoutant le devoir comme un clairon qui sonne :
Et l'on se sentirait très heureux ; et personne,
Oh ! personne, surtout, ne vous ferait ployer !
On aurait un fusil au-dessus du foyer...

" Oh ! mais l'air est tout plein d'une odeur de bataille !
Que te disais-je donc ? Je suis de la canaille !
Il reste des mouchards et des accapareurs.
Nous sommes libres, nous ! Nous avons des terreurs
Où nous nous sentons grands, oh ! si grands ! Tout à l'heure
Je parlais de devoir calme, d'une demeure...
Regarde donc le ciel ! - C'est trop petit pour nous,
Nous crèverions de chaud, nous serions à genoux !
Regarde donc le ciel ! - Je rentre dans la foule,
Dans la grande canaille effroyable, qui roule,
Sire, tes vieux canons sur les sales pavés :
- Oh ! quand nous serons morts, nous les aurons lavés
- Et si, devant nos cris, devant notre vengeance,
Les pattes des vieux rois mordorés, sur la France
Poussent leurs régiments en habits de gala,
Eh bien, n'est-ce pas, vous tous ? - Merde à ces chiens-là ! "

- Il reprit son marteau sur l'épaule.
La foule
Près de cet homme-là se sentait l'âme soûle,
Et, dans la grande cour dans les appartements,
Où Paris haletait avec des hurlements,
Un frisson secoua l'immense populace.
Alors, de sa main large et superbe de crasse,
Bien que le roi ventru suât, le Forgeron,
Terrible, lui jeta le bonnet rouge au front !
Victor Hugo  Jun 2017
L'échafaud
Œil pour œil ! Dent pour dent ! Tête pour tête ! A mort !
Justice ! L'échafaud vaut mieux que le remord.
Talion ! talion !

- Silence aux cris sauvages !
Non ! assez de malheur, de meurtre et de ravages !
Assez d'égorgements ! assez de deuil ! assez
De fantômes sans tête et d'affreux trépassés !
Assez de visions funèbres dans la brume !
Assez de doigts hideux, montrant le sang qui fume,
Noirs, et comptant les trous des linceuls dans la nuit !
Pas de suppliciés dont le cri nous poursuit !
Pas de spectres jetant leur ombre sur nos têtes !
Nous sommes ruisselants de toutes les tempêtes ;
Il n'est plus qu'un devoir et qu'une vérité,
C'est, après tant d'angoisse et de calamité.
Homme, d'ouvrir son cœur, oiseau, d'ouvrir son aile
Vers ce ciel que remplit la grande âme éternelle !
Le peuple, que les rois broyaient sous leurs talons.
Est la pierre promise au temple, et nous voulons
Que la pierre bâtisse et non qu'elle lapide !
Pas de sang ! pas de mort ! C'est un reflux stupide
Que la férocité sur la férocité.
Un pilier d'échafaud soutient mal la cité.
Tu veux faire mourir ! Moi je veux faire naître !
Je mure le sépulcre et j'ouvre la fenêtre.
Dieu n'a pas fait le sang, à l'amour réservé.
Pour qu'on le donne à boire aux fentes du pavé.
S'agit-il d'égorger ? Peuples, il s'agit d'être.
Quoi ! tu veux te venger, passant ? de qui ? du maître ?
Si tu ne vaux pas mieux, que viens-tu faire ici ?
Tout mystère où l'on jette un meurtre est obscurci ;
L'énigme ensanglantée est plus âpre à résoudre ;
L'ombre s'ouvre terrible après le coup de foudre ;
Tuer n'est pas créer, et l'on se tromperait
Si l'on croyait que tout finit au couperet ;
C'est là qu'inattendue, impénétrable, immense.
Pleine d'éclairs subits, la question commence ;
C'est du bien et du mal ; mais le mal est plus grand.
Satan rit à travers l'échafaud transparent.
Le bourreau, quel qu'il soit, a le pied dans l'abîme ;
Quoi qu'elle fasse, hélas ! la hache fait un crime ;
Une lugubre nuit fume sur ce tranchant ;
Quand il vient de tuer, comme, en s'en approchant.
On frémit de le voir tout ruisselant, et comme
On sent qu'il a frappé dans l'ombre plus qu'un homme
Sitôt qu'a disparu le coupable immolé.
Hors du panier tragique où la tête a roulé.
Le principe innocent, divin, inviolable.
Avec son regard d'astre à l'aurore semblable.
Se dresse, spectre auguste, un cercle rouge au cou.
L'homme est impitoyable, hélas, sans savoir où.
Comment ne voit-il pas qu'il vit dans un problème.
Que l'homme est solidaire avec ses monstres même.
Et qu'il ne peut tuer autre chose qu'Abel !
Lorsqu'une tête tombe, on sent trembler le ciel.
Décapitez Néron, cette hyène insensée,
La vie universelle est dans Néron blessée ;
Faites monter Tibère à l'échafaud demain,
Tibère saignera le sang du genre humain.
Nous sommes tous mêlés à ce que fait la Grève ;
Quand un homme, en public, nous voyant comme un rêve.
Meurt, implorant en vain nos lâches abandons.
Ce meurtre est notre meurtre et nous en répondons ;
C'est avec un morceau de notre insouciance.
C'est avec un haillon de notre conscience.
Avec notre âme à tous, que l'exécuteur las
Essuie en s'en allant son hideux coutelas.
L'homme peut oublier ; les choses importunes
S'effacent dans l'éclat ondoyant des fortunes ;
Le passé, l'avenir, se voilent par moments ;
Les festins, les flambeaux, les feux, les diamants.
L'illumination triomphale des fêtes.
Peuvent éclipser l'ombre énorme des prophètes ;
Autour des grands bassins, au bord des claires eaux.
Les enfants radieux peuvent aux cris d'oiseaux
Mêler le bruit confus de leurs lèvres fleuries.
Et, dans le Luxembourg ou dans les Tuileries,
Devant les vieux héros de marbre aux poings crispés.
Danser, rire et chanter : les lauriers sont coupés !
La Courtille au front bas peut noyer dans les verres
Le souvenir des jours illustres et sévères ;
La valse peut ravir, éblouir, enivrer
Des femmes de satin, heureuses de livrer
Le plus de nudité possible aux yeux de flamme ;
L'***** peut murmurer son chaste épithalame ;
Le bal masqué, lascif, paré, bruyant, charmant,
Peut allumer sa torche et bondir follement.
Goule au linceul joyeux, larve en fleurs, spectre rose ;
Mais, quel que soit le temps, quelle que soit la cause.
C'est toujours une nuit funeste au peuple entier
Que celle où, conduisant un prêtre, un guichetier
Fouille au trousseau de clefs qui pend à sa ceinture
Pour aller, sur le lit de fièvre et de torture,
Réveiller avant l'heure un pauvre homme endormi,
Tandis que, sur la Grève, entrevus à demi.
Sous les coups de marteau qui font fuir la chouette.
D'effrayants madriers dressent leur silhouette.
Rougis par la lanterne horrible du bourreau.
Le vieux glaive du juge a la nuit pour fourreau.
Le tribunal ne peut de ce fourreau livide
Tirer que la douleur, l'anxiété, le vide,
Le néant, le remords, l'ignorance et l'effroi.

Qu'il frappe au nom du peuple ou venge au nom du roi.
Justice ! dites-vous. - Qu'appelez-vous justice ?
Qu'on s'entr'aide, qu'on soit des frères, qu'on vêtisse
Ceux qui sont nus, qu'on donne à tous le pain sacré.
Qu'on brise l'affreux bagne où le pauvre est muré,
Mais qu'on ne touche point à la balance sombre !
Le sépulcre où, pensif, l'homme naufrage et sombre.
Au delà d'aujourd'hui, de demain, des saisons.
Des jours, du flamboiement de nos vains horizons,
Et des chimères, proie et fruit de notre étude,
A son ciel plein d'aurore et fait de certitude ;
La justice en est l'astre immuable et lointain.
Notre justice à nous, comme notre destin.
Est tâtonnement, trouble, erreur, nuage, doute ;
Martyr, je m'applaudis ; juge, je me redoute ;
L'infaillible, est-ce moi, dis ? est-ce toi ? réponds.
Vous criez : - Nos douleurs sont notre droit. Frappons.
Nous sommes trop en butte au sort qui nous accable.
Nous sommes trop frappés d'un mal inexplicable.
Nous avons trop de deuils, trop de jougs, trop d'hivers.
Nous sommes trop souffrants, dans nos destins divers.
Tous, les grands, les petits, les obscurs, les célèbres.
Pour ne pas condamner quelqu'un dans nos ténèbres. -
Puisque vous ne voyez rien de clair dans le sort.
Ne vous hâtez pas trop d'en conclure la mort.
Fût-ce la mort d'un roi, d'un maître et d'un despote ;
Dans la brume insondable où tout saigne et sanglote,
Ne vous hâtez pas trop de prendre vos malheurs.
Vos jours sans feu, vos jours sans pain, vos cris, vos pleurs.
Et ce deuil qui sur vous et votre race tombe.
Pour les faire servir à construire une tombe.
Quel pas aurez-vous fait pour avoir ajouté
A votre obscur destin, ombre et fatalité.
Cette autre obscurité que vous nommez justice ?
Faire de l'échafaud, menaçante bâtisse.
Un autel à bénir le progrès nouveau-né,
Ô vivants, c'est démence ; et qu'aurez-vous gagné
Quand, d'un culte de mort lamentables ministres.
Vous aurez marié ces infirmes sinistres,
La justice boiteuse et l'aveugle anankè ?
Le glaive toujours cherche un but toujours manqué ;
La palme, cette flamme aux fleurs étincelantes,
Faite d'azur, frémit devant des mains sanglantes.
Et recule et s'enfuit, sensitive des cieux !
La colère assouvie a le front soucieux.
Quant à moi, tu le sais, nuit calme où je respire,
J'aurais là, sous mes pieds, mon ennemi, le pire,
Caïn juge, Judas pontife, Satan roi.
Que j'ouvrirais ma porte et dirais : Sauve-toi !

Non, l'élargissement des mornes cimetières
N'est pas le but. Marchons, reculons les frontières
De la vie ! Ô mon siècle, allons toujours plus haut !
Grandissons !

Qu'est-ce donc qu'il nous veut, l'échafaud.
Cette charpente spectre accoutumée aux foules.
Cet îlot noir qu'assiège et que bat de ses houles
La multitude aux flots inquiets et mouvants.
Ce sépulcre qui vient attaquer les vivants,
Et qui, sur les palais ainsi que sur les bouges.
Surgit, levant un glaive au bout de ses bras rouges ?
Mystère qui se livre aux carrefours, morceau
De la tombe qui vient tremper dans le ruisseau,
Bravant le jour, le bruit, les cris ; bière effrontée
Qui, féroce, cynique et lâche, semble athée !
Ô spectacle exécré dans les plus repoussants.
Une mort qui se fait coudoyer aux passants,
Qui permet qu'un crieur hors de l'ombre la tire !
Une mort qui n'a pas l'épouvante du rire.
Dévoilant l'escalier qui dans la nuit descend,
Disant : voyez ! marchant dans la rue, et laissant
La boue éclabousser son linceul semé d'astres ;
Qui, sur un tréteau, montre entre deux vils pilastres
Son horreur, son front noir, son œil de basilic ;
Qui consent à venir travailler en public,
Et qui, prostituée, accepte, sur les places,
La familiarité des fauves populaces !

Ô vivant du tombeau, vivant de l'infini,
Jéhovah ! Dieu, clarté, rayon jamais terni.
Pour faire de la mort, de la nuit, des ténèbres,
Ils ont mis ton triangle entre deux pieux funèbres ;
Et leur foule, qui voit resplendir ta lueur.
Ne sent pas à son front poindre une âpre sueur.
Et l'horreur n'étreint pas ce noir peuple unanime.
Quand ils font, pour punir ce qu'ils ont nommé crime.
Au nom de ce qu'ils ont appelé vérité.
Sur la vie, o terreur, tomber l'éternité !
Victor Hugo  Jun 2017
Claire
Quoi donc ! la vôtre aussi ! la vôtre suit la mienne !
Ô mère au coeur profond, mère, vous avez beau
Laisser la porte ouverte afin qu'elle revienne,
Cette pierre là-bas dans l'herbe est un tombeau !

La mienne disparut dans les flots qui se mêlent ;
Alors, ce fut ton tour, Claire, et tu t'envolas.
Est-ce donc que là-haut dans l'ombre elles s'appellent,
Qu'elles s'en vont ainsi l'une après l'autre, hélas ?

Enfant qui rayonnais, qui chassais la tristesse,
Que ta mère jadis berçait de sa chanson,
Qui d'abord la charmas avec ta petitesse
Et plus **** lui remplis de clarté l'horizon,

Voilà donc que tu dors sous cette pierre grise !
Voilà que tu n'es plus, ayant à peine été !
L'astre attire le lys, et te voilà reprise,
Ô vierge, par l'azur, cette virginité !

Te voilà remontée au firmament sublime,
Échappée aux grands cieux comme la grive aux bois,
Et, flamme, aile, hymne, odeur, replongée à l'abîme
Des rayons, des amours, des parfums et des voix !

Nous ne t'entendrons plus rire en notre nuit noire.
Nous voyons seulement, comme pour nous bénir,
Errer dans notre ciel et dans notre mémoire
Ta figure, nuage, et ton nom, souvenir !

Pressentais-tu déjà ton sombre épithalame ?
Marchant sur notre monde à pas silencieux,
De tous les idéals tu composais ton âme,
Comme si tu faisais un bouquet pour les cieux !

En te voyant si calme et toute lumineuse,
Les coeurs les plus saignants ne haïssaient plus rien.
Tu passais parmi nous comme Ruth la glaneuse,
Et, comme Ruth l'épi, tu ramassais le bien.

La nature, ô front pur, versait sur toi sa grâce,
L'aurore sa candeur, et les champs leur bonté ;
Et nous retrouvions, nous sur qui la douleur passe,
Toute cette douceur dans toute ta beauté !

Chaste, elle paraissait ne pas être autre chose
Que la forme qui sort des cieux éblouissants ;
Et de tous les rosiers elle semblait la rose,
Et de tous les amours elle semblait l'encens.

Ceux qui n'ont pas connu cette charmante fille
Ne peuvent pas savoir ce qu'était ce regard
Transparent comme l'eau qui s'égaie et qui brille
Quand l'étoile surgit sur l'océan hagard.

Elle était simple, franche, humble, naïve et bonne ;
Chantant à demi-voix son chant d'illusion,
Ayant je ne sais quoi dans toute sa personne
De vague et de lointain comme la vision.

On sentait qu'elle avait peu de temps sur la terre,
Qu'elle n'apparaissait que pour s'évanouir,
Et qu'elle acceptait peu sa vie involontaire ;
Et la tombe semblait par moments l'éblouir.

Elle a passé dans l'ombre où l'homme se résigne ;
Le vent sombre soufflait ; elle a passé sans bruit,
Belle, candide, ainsi qu'une plume de cygne
Qui reste blanche, même en traversant la nuit !

Elle s'en est allée à l'aube qui se lève,
Lueur dans le matin, vertu dans le ciel bleu,
Bouche qui n'a connu que le baiser du rêve,
Ame qui n'a dormi que dans le lit de Dieu !

Nous voici maintenant en proie aux deuils sans bornes,
Mère, à genoux tous deux sur des cercueils sacrés,
Regardant à jamais dans les ténèbres mornes
La disparition des êtres adorés !

Croire qu'ils resteraient ! quel songe ! Dieu les presse.
Même quand leurs bras blancs sont autour de nos cous,
Un vent du ciel profond fait frissonner sans cesse
Ces fantômes charmants que nous croyons à nous.

Ils sont là, près de nous, jouant sur notre route ;
Ils ne dédaignent pas notre soleil obscur,
Et derrière eux, et sans que leur candeur s'en doute,
Leurs ailes font parfois de l'ombre sur le mur.

Ils viennent sous nos toits ; avec nous ils demeurent ;
Nous leur disons : Ma fille, ou : Mon fils ; ils sont doux,
Riants, joyeux, nous font une caresse, et meurent.
Ô mère, ce sont là les anges, voyez-vous !

C'est une volonté du sort, pour nous sévère,
Qu'ils rentrent vite au ciel resté pour eux ouvert ;
Et qu'avant d'avoir mis leur lèvre à notre verre,
Avant d'avoir rien fait et d'avoir rien souffert,

Ils partent radieux ; et qu'ignorant l'envie,
L'erreur, l'orgueil, le mal, la haine, la douleur,
Tous ces êtres bénis s'envolent de la vie
A l'âge où la prunelle innocente est en fleur !

Nous qui sommes démons ou qui sommes apôtres,
Nous devons travailler, attendre, préparer ;
Pensifs, nous expions pour nous-même ou pour d'autres ;
Notre chair doit saigner, nos yeux doivent pleurer.

Eux, ils sont l'air qui fuit, l'oiseau qui ne se pose
Qu'un instant, le soupir qui vole, avril vermeil
Qui brille et passe ; ils sont le parfum de la rose
Qui va rejoindre aux cieux le rayon du soleil !

Ils ont ce grand dégoût mystérieux de l'âme
Pour notre chair coupable et pour notre destin ;
Ils ont, êtres rêveurs qu'un autre azur réclame,
Je ne sais quelle soif de mourir le matin !

Ils sont l'étoile d'or se couchant dans l'aurore,
Mourant pour nous, naissant pour l'autre firmament ;
Car la mort, quand un astre en son sein vient éclore,
Continue, au delà, l'épanouissement !

Oui, mère, ce sont là les élus du mystère,
Les envoyés divins, les ailés, les vainqueurs,
A qui Dieu n'a permis que d'effleurer la terre
Pour faire un peu de joie à quelques pauvres coeurs.

Comme l'ange à Jacob, comme Jésus à Pierre,
Ils viennent jusqu'à nous qui **** d'eux étouffons,
Beaux, purs, et chacun d'eux portant sous sa paupière
La sereine clarté des paradis profonds.

Puis, quand ils ont, pieux, baisé toutes nos plaies,
Pansé notre douleur, azuré nos raisons,
Et fait luire un moment l'aube à travers nos claies,
Et chanté la chanson du ciel dam nos maisons,

Ils retournent là-haut parler à Dieu des hommes,
Et, pour lui faire voir quel est notre chemin,
Tout ce que nous souffrons et tout ce que nous sommes,
S'en vont avec un peu de terre dans la main.

Ils s'en vont ; c'est tantôt l'éclair qui les emporte,
Tantôt un mal plus fort que nos soins superflus.
Alors, nous, pâles, froids, l'oeil fixé sur la porte,
Nous ne savons plus rien, sinon qu'ils ne sont plus.

Nous disons : - A quoi bon l'âtre sans étincelles ?
A quoi bon la maison où ne sont plus leurs pas ?
A quoi bon la ramée où ne sont plus les ailes ?
Qui donc attendons-nous s'ils ne reviendront pas ?

Ils sont partis, pareils au bruit qui sort des lyres.
Et nous restons là, seuls, près du gouffre où tout fuit,
Tristes ; et la lueur de leurs charmants sourires
Parfois nous apparaît vaguement dans la nuit.

Car ils sont revenus, et c'est là le mystère ;
Nous entendons quelqu'un flotter, un souffle errer,
Des robes effleurer notre seuil solitaire,
Et cela fait alors que nous pouvons pleurer.

Nous sentons frissonner leurs cheveux dans notre ombre ;
Nous sentons, lorsqu'ayant la lassitude en nous,
Nous nous levons après quelque prière sombre,
Leurs blanches mains toucher doucement nos genoux.

Ils nous disent tout bas de leur voix la plus tendre :
"Mon père, encore un peu ! ma mère, encore un jour !
"M'entends-tu ? je suis là, je reste pour t'attendre
"Sur l'échelon d'en bas de l'échelle d'amour.

"Je t'attends pour pouvoir nous en aller ensemble.
"Cette vie est amère, et tu vas en sortir.
"Pauvre coeur, ne crains rien, Dieu vit ! la mort rassemble.
"Tu redeviendras ange ayant été martyr."

Oh ! quand donc viendrez-vous ? Vous retrouver, c'est naître.
Quand verrons-nous, ainsi qu'un idéal flambeau,
La douce étoile mort, rayonnante, apparaître
A ce noir horizon qu'on nomme le tombeau ?

Quand nous en irons-nous où vous êtes, colombes !
Où sont les enfants morts et les printemps enfuis,
Et tous les chers amours dont nous sommes les tombes,
Et toutes les clartés dont nous sommes les nuits ?

Vers ce grand ciel clément où sont tous les dictames,
Les aimés, les absents, les êtres purs et doux,
Les baisers des esprits et les regards des âmes,
Quand nous en irons-nous ? quand nous en irons-nous ?

Quand nous en irons-nous où sont l'aube et la foudre ?
Quand verrons-nous, déjà libres, hommes encor,
Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre,
Et nos pieds faits de nuit éclore en ailes d'or ?

Quand nous enfuirons-nous dans la joie infinie
Où les hymnes vivants sont des anges voilés,
Où l'on voit, à travers l'azur de l'harmonie,
La strophe bleue errer sur les luths étoilés ?

Quand viendrez-vous chercher notre humble coeur qui sombre ?
Quand nous reprendrez-vous à ce monde charnel,
Pour nous bercer ensemble aux profondeurs de l'ombre,
Sous l'éblouissement du regard éternel ?
light cursed falling in a singular block
her,rain-warm-naked
                                   exquisitely hashed

(little careful hunks-of-lilac laughter splashed
from the world prettily upward,mock
us….)
         and there was a clock.   tac-tic.   tac-toc.

Time and lilacs….minutes and love….do you?and
Always
            (i simply understand
the gnashing petals of *** which lock
me seriously.

                       Dumb for a while.my

god—a patter of kisses,the chewed stump

of a mouth,huge dropping of a flesh from
hinging thighs
                       ….merci….i want to die
nous sommes heureux

                                    My soul a limp lump

of lymph
               she kissed
                                and i

                                       ….chéri….nous sommes
Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant
D'ivresse et de grandeur, le front vaste, riant
Comme un clairon d'airain, avec toute sa bouche,
Et prenant ce gros-là dans son regard farouche,
Le Forgeron parlait à Louis Seize, un jour
Que le Peuple était là, se tordant tout autour,
Et sur les lambris d'or traînant sa veste sale.
Or le bon roi, debout sur son ventre, était pâle,
Pâle comme un vaincu qu'on prend pour le gibet,
Et, soumis comme un chien, jamais ne regimbait,
Car ce maraud de forge aux énormes épaules
Lui disait de vieux mots et des choses si drôles,
Que cela l'empoignait au front, comme cela !
" Or tu sais bien, Monsieur, nous chantions tra la la
Et nous piquions les boeufs vers les sillons des autres :
Le Chanoine au soleil filait des patenôtres
Sur des chapelets clairs grenés de pièces d'or
Le Seigneur, à cheval, passait, sonnant du cor
Et l'un avec la hart, l'autre avec la cravache
Nous fouaillaient. - Hébétés comme des yeux de vache,
Nos yeux ne pleuraient plus ; nous allions, nous allions,
Et quand nous avions mis le pays en sillons,
Quand nous avions laissé dans cette terre noire
Un peu de notre chair.., nous avions un pourboire :
On nous faisait flamber nos taudis dans la nuit ;
Nos petits y faisaient un gâteau fort bien cuit. ...
" Oh ! je ne me plains pas. Je te dis mes bêtises,
C'est entre nous. J'admets que tu me contredises.
Or n'est-ce pas joyeux de voir au mois de juin
Dans les granges entrer des voitures de foin
Énormes ? De sentir l'odeur de ce qui pousse,
Des vergers quand il pleut un peu, de l'herbe rousse ?
De voir des blés, des blés, des épis pleins de grain,
De penser que cela prépare bien du pain ?...
Oh ! plus fort, on irait, au fourneau qui s'allume,
Chanter joyeusement en martelant l'enclume,
Si l'on était certain de pouvoir prendre un peu,
Étant homme, à la fin ! de ce que donne Dieu !
- Mais voilà, c'est toujours la même vieille histoire !

" Mais je sais, maintenant ! Moi, je ne peux plus croire,
Quand j'ai deux bonnes mains, mon front et mon marteau,
Qu'un homme vienne là, dague sur le manteau,
Et me dise : Mon gars, ensemence ma terre ;
Que l'on arrive encor quand ce serait la guerre,
Me prendre mon garçon comme cela, chez moi !
- Moi, je serais un homme, et toi, tu serais roi,
Tu me dirais : Je veux !... - Tu vois bien, c'est stupide.
Tu crois que j'aime voir ta baraque splendide,
Tes officiers dorés, tes mille chenapans,
Tes palsembleu bâtards tournant comme des paons :
Ils ont rempli ton nid de l'odeur de nos filles
Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles,
Et nous dirons : C'est bien : les pauvres à genoux !
Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous !
Et tu te soûleras, tu feras belle fête.
- Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tête !

" Non. Ces saletés-là datent de nos papas !
Oh ! Le Peuple n'est plus une putain. Trois pas
Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussière.
Cette bête suait du sang à chaque pierre
Et c'était dégoûtant, la Bastille debout
Avec ses murs lépreux qui nous racontaient tout
Et, toujours, nous tenaient enfermés dans leur ombre !

- Citoyen ! citoyen ! c'était le passé sombre
Qui croulait, qui râlait, quand nous prîmes la tour !
Nous avions quelque chose au coeur comme l'amour.
Nous avions embrassé nos fils sur nos poitrines.
Et, comme des chevaux, en soufflant des narines
Nous allions, fiers et forts, et ça nous battait là...
Nous marchions au soleil, front haut, - comme cela, -
Dans Paris ! On venait devant nos vestes sales.
Enfin ! Nous nous sentions Hommes ! Nous étions pâles,
Sire, nous étions soûls de terribles espoirs :
Et quand nous fûmes là, devant les donjons noirs,
Agitant nos clairons et nos feuilles de chêne,
Les piques à la main ; nous n'eûmes pas de haine,
- Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux !

" Et depuis ce jour-là, nous sommes comme fous !
Le tas des ouvriers a monté dans la rue,
Et ces maudits s'en vont, foule toujours accrue
De sombres revenants, aux portes des richards.
Moi, je cours avec eux assommer les mouchards :
Et je vais dans Paris, noir marteau sur l'épaule,
Farouche, à chaque coin balayant quelque drôle,
Et, si tu me riais au nez, je te tuerais !
- Puis, tu peux y compter tu te feras des frais
Avec tes hommes noirs, qui prennent nos requêtes
Pour se les renvoyer comme sur des raquettes
Et, tout bas, les malins ! se disent : " Qu'ils sont sots ! "
Pour mitonner des lois, coller de petits pots
Pleins de jolis décrets roses et de droguailles,
S'amuser à couper proprement quelques tailles.
Puis se boucher le nez quand nous marchons près d'eux,
- Nos doux représentants qui nous trouvent crasseux ! -
Pour ne rien redouter, rien, que les baïonnettes...,
C'est très bien. Foin de leur tabatière à sornettes !
Nous en avons assez, là, de ces cerveaux plats
Et de ces ventres-dieux. Ah ! ce sont là les plats
Que tu nous sers, bourgeois, quand nous sommes féroces,
Quand nous brisons déjà les sceptres et les crosses !... "
Il le prend par le bras, arrache le velours
Des rideaux, et lui montre en bas les larges cours
Où fourmille, où fourmille, où se lève la foule,
La foule épouvantable avec des bruits de houle,
Hurlant comme une chienne, hurlant comme une mer,
Avec ses bâtons forts et ses piques de fer
Ses tambours, ses grands cris de halles et de bouges,
Tas sombre de haillons saignant de bonnets rouges :
L'Homme, par la fenêtre ouverte, montre tout
Au roi pâle et suant qui chancelle debout,
Malade à regarder cela !
" C'est la Crapule,
Sire. Ça bave aux murs, ça monte, ça pullule :
- Puisqu'ils ne mangent pas, Sire, ce sont des gueux !
Je suis un forgeron : ma femme est avec eux,
Folle ! Elle croit trouver du pain aux Tuileries !
- On ne veut pas de nous dans les boulangeries.
J'ai trois petits. Je suis crapule. - Je connais
Des vieilles qui s'en vont pleurant sous leurs bonnets
Parce qu'on leur a pris leur garçon ou leur fille :
C'est la crapule. - Un homme était à la Bastille,
Un autre était forçat : et tous deux, citoyens
Honnêtes. Libérés, ils sont comme des chiens :
On les insulte ! Alors, ils ont là quelque chose
Qui leur l'ait mal, allez ! C'est terrible, et c'est cause
Que se sentant brisés, que, se sentant damnés,
Ils sont là, maintenant, hurlant sous votre nez !
Crapule. - Là-dedans sont des filles, infâmes ,
Parce que, - vous saviez que c'est faible, les femmes, -
Messeigneurs de la cour, - que ça veut toujours bien, -
Vous avez craché sur l'âme, comme rien !
Vos belles, aujourd'hui, sont là. C'est la crapule.

" Oh ! tous les Malheureux, tous ceux dont le dos brûle
Sous le soleil féroce, et qui vont, et qui vont,
Qui dans ce travail-là sentent crever leur front...
Chapeau bas, mes bourgeois ! Oh ! ceux-là, sont les Hommes !
Nous sommes Ouvriers, Sire ! Ouvriers ! Nous sommes
Pour les grands temps nouveaux où l'on voudra savoir,
Où l'Homme forgera du matin jusqu'au soir
Chasseur des grands effets, chasseur des grandes causes,
Où, lentement vainqueur il domptera les choses
Et montera sur Tout, comme sur un cheval !
Oh ! splendides lueurs des forges ! Plus de mal,
Plus ! - Ce qu'on ne sait pas, c'est peut-être terrible :
Nous saurons ! - Nos marteaux en main, passons au crible
Tout ce que nous savons : puis, Frères, en avant !
Nous faisons quelquefois ce grand rêve émouvant
De vivre simplement, ardemment, sans rien dire
De mauvais, travaillant sous l'auguste sourire
D'une femme qu'on aime avec un noble amour :
Et l'on travaillerait fièrement tout le jour
Écoutant le devoir comme un clairon qui sonne :
Et l'on se sentirait très heureux ; et personne,
Oh ! personne, surtout, ne vous ferait ployer !
On aurait un fusil au-dessus du foyer...

" Oh ! mais l'air est tout plein d'une odeur de bataille !
Que te disais-je donc ? Je suis de la canaille !
Il reste des mouchards et des accapareurs.
Nous sommes libres, nous ! Nous avons des terreurs
Où nous nous sentons grands, oh ! si grands ! Tout à l'heure
Je parlais de devoir calme, d'une demeure...
Regarde donc le ciel ! - C'est trop petit pour nous,
Nous crèverions de chaud, nous serions à genoux !
Regarde donc le ciel ! - Je rentre dans la foule,
Dans la grande canaille effroyable, qui roule,
Sire, tes vieux canons sur les sales pavés :
- Oh ! quand nous serons morts, nous les aurons lavés
- Et si, devant nos cris, devant notre vengeance,
Les pattes des vieux rois mordorés, sur la France
Poussent leurs régiments en habits de gala,
Eh bien, n'est-ce pas, vous tous ? - Merde à ces chiens-là ! "

- Il reprit son marteau sur l'épaule.
La foule
Près de cet homme-là se sentait l'âme soûle,
Et, dans la grande cour dans les appartements,
Où Paris haletait avec des hurlements,
Un frisson secoua l'immense populace.
Alors, de sa main large et superbe de crasse,
Bien que le roi ventru suât, le Forgeron,
Terrible, lui jeta le bonnet rouge au front !
Prohemium.

But al to litel, weylaway the whyle,
Lasteth swich Ioye, y-thonked be Fortune!
That semeth trewest, whan she wol bygyle,
And can to foles so hir song entune,
That she hem hent and blent, traytour comune;  
And whan a wight is from hir wheel y-throwe,
Than laugheth she, and maketh him the mowe.

From Troilus she gan hir brighte face
Awey to wrythe, and took of him non hede,
But caste him clene out of his lady grace,  
And on hir wheel she sette up Diomede;
For which right now myn herte ginneth blede,
And now my penne, allas! With which I wryte,
Quaketh for drede of that I moot endyte.

For how Criseyde Troilus forsook,  
Or at the leste, how that she was unkinde,
Mot hennes-forth ben matere of my book,
As wryten folk through which it is in minde.
Allas! That they sholde ever cause finde
To speke hir harm; and if they on hir lye,  
Y-wis, hem-self sholde han the vilanye.

O ye Herines, Nightes doughtren three,
That endelees compleynen ever in pyne,
Megera, Alete, and eek Thesiphone;
Thou cruel Mars eek, fader to Quiryne,  
This ilke ferthe book me helpeth fyne,
So that the los of lyf and love y-fere
Of Troilus be fully shewed here.

Explicit prohemium.

Incipit Quartus Liber.

Ligginge in ost, as I have seyd er this,
The Grekes stronge, aboute Troye toun,  
Bifel that, whan that Phebus shyning is
Up-on the brest of Hercules Lyoun,
That Ector, with ful many a bold baroun,
Caste on a day with Grekes for to fighte,
As he was wont to greve hem what he mighte.  

Not I how longe or short it was bitwene
This purpos and that day they fighte mente;
But on a day wel armed, bright and shene,
Ector, and many a worthy wight out wente,
With spere in hond and bigge bowes bente;  
And in the herd, with-oute lenger lette,
Hir fomen in the feld anoon hem mette.

The longe day, with speres sharpe y-grounde,
With arwes, dartes, swerdes, maces felle,
They fighte and bringen hors and man to grounde,  
And with hir axes out the braynes quelle.
But in the laste shour, sooth for to telle,
The folk of Troye hem-selven so misledden,
That with the worse at night homward they fledden.

At whiche day was taken Antenor,  
Maugre Polydamas or Monesteo,
Santippe, Sarpedon, Polynestor,
Polyte, or eek the Troian daun Ripheo,
And othere lasse folk, as Phebuseo.
So that, for harm, that day the folk of Troye  
Dredden to lese a greet part of hir Ioye.

Of Pryamus was yeve, at Greek requeste,
A tyme of trewe, and tho they gonnen trete,
Hir prisoneres to chaungen, moste and leste,
And for the surplus yeven sommes grete.  
This thing anoon was couth in every strete,
Bothe in thassege, in toune, and every-where,
And with the firste it cam to Calkas ere.

Whan Calkas knew this tretis sholde holde,
In consistorie, among the Grekes, sone  
He gan in thringe forth, with lordes olde,
And sette him there-as he was wont to done;
And with a chaunged face hem bad a bone,
For love of god, to don that reverence,
To stinte noyse, and yeve him audience.  

Thanne seyde he thus, 'Lo! Lordes myne, I was
Troian, as it is knowen out of drede;
And, if that yow remembre, I am Calkas,
That alderfirst yaf comfort to your nede,
And tolde wel how that ye sholden spede.  
For dredelees, thorugh yow, shal, in a stounde,
Ben Troye y-brend, and beten doun to grounde.

'And in what forme, or in what maner wyse
This town to shende, and al your lust to acheve,
Ye han er this wel herd it me devyse;  
This knowe ye, my lordes, as I leve.
And for the Grekes weren me so leve,
I com my-self in my propre persone,
To teche in this how yow was best to done;

'Havinge un-to my tresour ne my rente  
Right no resport, to respect of your ese.
Thus al my good I loste and to yow wente,
Wening in this you, lordes, for to plese.
But al that los ne doth me no disese.
I vouche-sauf, as wisly have I Ioye,  
For you to lese al that I have in Troye,

'Save of a doughter, that I lafte, allas!
Slepinge at hoom, whanne out of Troye I sterte.
O sterne, O cruel fader that I was!
How mighte I have in that so hard an herte?  
Allas! I ne hadde y-brought hir in hir sherte!
For sorwe of which I wol not live to morwe,
But-if ye lordes rewe up-on my sorwe.

'For, by that cause I say no tyme er now
Hir to delivere, I holden have my pees;  
But now or never, if that it lyke yow,
I may hir have right sone, doutelees.
O help and grace! Amonges al this prees,
Rewe on this olde caitif in destresse,
Sin I through yow have al this hevinesse!  

'Ye have now caught and fetered in prisoun
Troians y-nowe; and if your willes be,
My child with oon may have redempcioun.
Now for the love of god and of bountee,
Oon of so fele, allas! So yeve him me.  
What nede were it this preyere for to werne,
Sin ye shul bothe han folk and toun as yerne?

'On peril of my lyf, I shal nat lye,
Appollo hath me told it feithfully;
I have eek founde it be astronomye,  
By sort, and by augurie eek trewely,
And dar wel seye, the tyme is faste by,
That fyr and flaumbe on al the toun shal sprede;
And thus shal Troye turne to asshen dede.

'For certeyn, Phebus and Neptunus bothe,  
That makeden the walles of the toun,
Ben with the folk of Troye alwey so wrothe,
That thei wol bringe it to confusioun,
Right in despyt of king Lameadoun.
By-cause he nolde payen hem hir hyre,  
The toun of Troye shal ben set on-fyre.'

Telling his tale alwey, this olde greye,
Humble in speche, and in his lokinge eke,
The salte teres from his eyen tweye
Ful faste ronnen doun by eyther cheke.  
So longe he gan of socour hem by-seke
That, for to hele him of his sorwes sore,
They yave him Antenor, with-oute more.

But who was glad y-nough but Calkas tho?
And of this thing ful sone his nedes leyde  
On hem that sholden for the tretis go,
And hem for Antenor ful ofte preyde
To bringen hoom king Toas and Criseyde;
And whan Pryam his save-garde sente,
Thembassadours to Troye streyght they wente.  

The cause y-told of hir cominge, the olde
Pryam the king ful sone in general
Let here-upon his parlement to holde,
Of which the effect rehersen yow I shal.
Thembassadours ben answered for fynal,  
Theschaunge of prisoners and al this nede
Hem lyketh wel, and forth in they procede.

This Troilus was present in the place,
Whan axed was for Antenor Criseyde,
For which ful sone chaungen gan his face,  
As he that with tho wordes wel neigh deyde.
But nathelees, he no word to it seyde,
Lest men sholde his affeccioun espye;
With mannes herte he gan his sorwes drye.

And ful of anguissh and of grisly drede  
Abood what lordes wolde un-to it seye;
And if they wolde graunte, as god forbede,
Theschaunge of hir, than thoughte he thinges tweye,
First, how to save hir honour, and what weye
He mighte best theschaunge of hir withstonde;  
Ful faste he caste how al this mighte stonde.

Love him made al prest to doon hir byde,
And rather dye than she sholde go;
But resoun seyde him, on that other syde,
'With-oute assent of hir ne do not so,  
Lest for thy werk she wolde be thy fo,
And seyn, that thorugh thy medling is y-blowe
Your bother love, there it was erst unknowe.'

For which he gan deliberen, for the beste,
That though the lordes wolde that she wente,  
He wolde lat hem graunte what hem leste,
And telle his lady first what that they mente.
And whan that she had seyd him hir entente,
Ther-after wolde he werken also blyve,
Though al the world ayein it wolde stryve.  

Ector, which that wel the Grekes herde,
For Antenor how they wolde han Criseyde,
Gan it withstonde, and sobrely answerde: --
'Sires, she nis no prisoner,' he seyde;
'I noot on yow who that this charge leyde,  
But, on my part, ye may eft-sone hem telle,
We usen here no wommen for to selle.'

The noyse of peple up-stirte thanne at ones,
As breme as blase of straw y-set on fyre;
For infortune it wolde, for the nones,  
They sholden hir confusioun desyre.
'Ector,' quod they, 'what goost may yow enspyre
This womman thus to shilde and doon us lese
Daun Antenor? -- a wrong wey now ye chese --

'That is so wys, and eek so bold baroun,  
And we han nede to folk, as men may see;
He is eek oon, the grettest of this toun;
O Ector, lat tho fantasyes be!
O king Priam,' quod they, 'thus seggen we,
That al our voys is to for-gon Criseyde;'  
And to deliveren Antenor they preyde.

O Iuvenal, lord! Trewe is thy sentence,
That litel witen folk what is to yerne
That they ne finde in hir desyr offence;
For cloud of errour let hem not descerne  
What best is; and lo, here ensample as yerne.
This folk desiren now deliveraunce
Of Antenor, that broughte hem to mischaunce!

For he was after traytour to the toun
Of Troye; allas! They quitte him out to rathe;  
O nyce world, lo, thy discrecioun!
Criseyde, which that never dide hem skathe,
Shal now no lenger in hir blisse bathe;
But Antenor, he shal com hoom to toune,
And she shal out; thus seyden here and howne.  

For which delibered was by parlement
For Antenor to yelden out Criseyde,
And it pronounced by the president,
Al-theigh that Ector 'nay' ful ofte preyde.
And fynaly, what wight that it with-seyde,  
It was for nought, it moste been, and sholde;
For substaunce of the parlement it wolde.

Departed out of parlement echone,
This Troilus, with-oute wordes mo,
Un-to his chaumbre spedde him faste allone,  
But-if it were a man of his or two,
The whiche he bad out faste for to go,
By-cause he wolde slepen, as he seyde,
And hastely up-on his bed him leyde.

And as in winter leves been biraft,  
Eche after other, til the tree be bare,
So that ther nis but bark and braunche y-laft,
Lyth Troilus, biraft of ech wel-fare,
Y-bounden in the blake bark of care,
Disposed wood out of his wit to breyde,  
So sore him sat the chaunginge of Criseyde.

He rist him up, and every dore he shette
And windowe eek, and tho this sorweful man
Up-on his beddes syde a-doun him sette,
Ful lyk a deed image pale and wan;  
And in his brest the heped wo bigan
Out-breste, and he to werken in this wyse
In his woodnesse, as I shal yow devyse.

Right as the wilde bole biginneth springe
Now here, now there, y-darted to the herte,  
And of his deeth roreth in compleyninge,
Right so gan he aboute the chaumbre sterte,
Smyting his brest ay with his festes smerte;
His heed to the wal, his body to the grounde
Ful ofte he swapte, him-selven to confounde.  

His eyen two, for pitee of his herte,
Out stremeden as swifte welles tweye;
The heighe sobbes of his sorwes smerte
His speche him refte, unnethes mighte he seye,
'O deeth, allas! Why niltow do me deye?  
A-cursed be the day which that nature
Shoop me to ben a lyves creature!'

But after, whan the furie and the rage
Which that his herte twiste and faste threste,
By lengthe of tyme somwhat gan asswage,  
Up-on his bed he leyde him doun to reste;
But tho bigonne his teres more out-breste,
That wonder is, the body may suffyse
To half this wo, which that I yow devyse.

Than seyde he thus, 'Fortune! Allas the whyle!  
What have I doon, what have I thus a-gilt?
How mightestow for reuthe me bigyle?
Is ther no grace, and shal I thus be spilt?
Shal thus Criseyde awey, for that thou wilt?
Allas! How maystow in thyn herte finde  
To been to me thus cruel and unkinde?

'Have I thee nought honoured al my lyve,
As thou wel wost, above the goddes alle?
Why wiltow me fro Ioye thus depryve?
O Troilus, what may men now thee calle  
But wrecche of wrecches, out of honour falle
In-to miserie, in which I wol biwayle
Criseyde, allas! Til that the breeth me fayle?

'Allas, Fortune! If that my lyf in Ioye
Displesed hadde un-to thy foule envye,  
Why ne haddestow my fader, king of Troye,
By-raft the lyf, or doon my bretheren dye,
Or slayn my-self, that thus compleyne and crye,
I, combre-world, that may of no-thing serve,
But ever dye, and never fully sterve?  

'If that Criseyde allone were me laft,
Nought roughte I whider thou woldest me stere;
And hir, allas! Than hastow me biraft.
But ever-more, lo! This is thy manere,
To reve a wight that most is to him dere,  
To preve in that thy gerful violence.
Thus am I lost, ther helpeth no defence!

'O verray lord of love, O god, allas!
That knowest best myn herte and al my thought,
What shal my sorwful lyf don in this cas  
If I for-go that I so dere have bought?
Sin ye Cryseyde and me han fully brought
In-to your grace, and bothe our hertes seled,
How may ye suffre, allas! It be repeled?

'What I may doon, I shal, whyl I may dure  
On lyve in torment and in cruel peyne,
This infortune or this disaventure,
Allone as I was born, y-wis, compleyne;
Ne never wil I seen it shyne or reyne;
But ende I wil, as Edippe, in derknesse  
My sorwful lyf, and dyen in distresse.

'O wery goost, that errest to and fro,
Why niltow fleen out of the wofulleste
Body, that ever mighte on grounde go?
O soule, lurkinge in this wo, unneste,  
Flee forth out of myn herte, and lat it breste,
And folwe alwey Criseyde, thy lady dere;
Thy righte place is now no lenger here!

'O wofulle eyen two, sin your disport
Was al to seen Criseydes eyen brighte,  
What shal ye doon but, for my discomfort,
Stonden for nought, and wepen out your sighte?
Sin she is queynt, that wont was yow to lighte,
In veyn fro-this-forth have I eyen tweye
Y-formed, sin your vertue is a-weye.  

'O my Criseyde, O lady sovereyne
Of thilke woful soule that thus cryeth,
Who shal now yeven comfort to the peyne?
Allas, no wight; but when myn herte dyeth,
My spirit, which that so un-to yow hyeth,  
Receyve in gree, for that shal ay yow serve;
For-thy no fors is, though the body sterve.

'O ye loveres, that heighe upon the wheel
Ben set of Fortune, in good aventure,
God leve that ye finde ay love of steel,  
And longe mot your lyf in Ioye endure!
But whan ye comen by my sepulture,
Remembreth that your felawe resteth there;
For I lovede eek, though I unworthy were.

'O olde, unholsom, and mislyved man,  
Calkas I mene, allas! What eyleth thee
To been a Greek, sin thou art born Troian?
O Calkas, which that wilt my bane be,
In cursed tyme was thou born for me!
As wolde blisful Iove, for his Ioye,  
That I thee hadde, where I wolde, in Troye!'

A thousand sykes, hottere than the glede,
Out of his brest ech after other wente,
Medled with pleyntes newe, his wo to fede,
For which his woful teres never stente;  
And shortly, so his peynes him to-rente,
And wex so mat, that Ioye nor penaunce
He feleth noon, but lyth forth in a traunce.

Pandare, which that in the parlement
Hadde herd what every lord and burgeys seyde,  
And how ful graunted was, by oon assent,
For Antenor to yelden so Criseyde,
Gan wel neigh wood out of his wit to breyde,
So that, for wo, he niste what he mente;
But in a rees to Troilus he wente.  

A certeyn knight, that for the tyme kepte
The chaumbre-dore, un-dide it him anoon;
And Pandare, that ful tendreliche wepte,
In-to the derke chaumbre, as stille as stoon,
Toward the bed gan softely to goon,  
So confus, that he niste what to seye;
For verray wo his wit was neigh aweye.

And with his chere and loking al to-torn,
For sorwe of this, and with his armes folden,
He stood this woful Troilus biforn,  
And on his pitous face he gan biholden;
But lord, so often gan his herte colden,
Seing his freend in wo, whos hevinesse
His herte slow, as thoughte him, for distresse.

This woful wight, this Troilus, that felte  
His freend Pandare y-comen him to see,
Gan as the snow ayein the sonne melte,
For which this sorwful Pandare, of pitee,
Gan for to wepe as tendreliche as he;
And specheles thus been thise ilke tweye,  
That neyther mighte o word for sorwe seye.

But at the laste this woful Troilus,
Ney deed for smert, gan bresten out to rore,
And with a sorwful noyse he seyde thus,
Among his sobbes and his sykes sore,  
'Lo! Pandare, I am deed, with-oute
Sage King Nov 2011
Les jours passent si rapidement quand la vie est à l'arrêt
Un flou de gris et de bruns
Créer un fanées bouquet incomplète
Une fois qu'ils ont donné la beauté lys blancs et des violettes magnifiques
Puis il y avait une rose
Puis il n'y avait rien
Arpenter rythme rythme rythme
Fleurs sur le plancher de la chambre
Couleur dans la poussière, les pétales en gris
Fondu la décoloration à la décoloration à la cendre
Coincé dans les images
Se cacher dans les rêves
Nuits passent si lentement quand la vie est la fugue
Courir courir courir
Laissant mon bouquet fané.

Days pass so quickly when life is standing still
A blur of grays and browns
Creating a withered, incomplete bouquet
Once they gave beauty,  white lilies and magnificent violets
Then there was a rose
Then there was nothing
Pacing, pacing, pacing, pacing
Flowers on the bedroom floor
Color into dust, petals into gray
Fading, fading, fading  to ash
Lingering in  pictures
Hiding in dreams
Nights pass so slowly when life is running away
Running, running, running,
Leaving my withered bouquet.
marriegegirl Jun 2014
<p><p>peu près sûr de l'ouverture tourné à droite à travers le dernier baiser .vous allez être tous sur ce mariage  <a href="http://www.modedomicile.com/robe-de-cocktail-c-6"><b>robe cocktail</b></a>  et ses bits vraiment remarquables .Des détails comme les trompettes pour célébrer l' M. nouvellement couronné et Mme ou la palette de couleurs tout à fait inattendu qui fonctionne dans une très belle manière .Prélasser dans la gloire de jolies fleurs par des conceptions et des images d'une abondance par Ashley Kelemen douce Marie et lorsque vous avez terminé ?Il ya même plus de cette soirée de fantaisie ici .\u003cp\u003ePartager cette superbe galerie ColorsSeasonsSpringSettingsEvent VenueStylesWhimsical <p>de la mariée .Notre goût typique peut être moderne .lumineux et coloré .et assez simple .Ce qui était amusant de notre mariage est nous avons délibérément décidé d'aller avec un design esthétique différent de ce que nous gravitons toujours vers .C'est tellement amusant de ne pas faire la même chose tout le temps!Nous ne voulions pas que nos amis disent: « Oui.c'est ce que nous avons pensé que nous verrions d'eux " .mais en même temps toujours voulu travailler dans tous les petits détails qui font toute l'affaire nous ( si traduisons par maladroitet bizarre ) .Nous sommes allés pour une vue d'ensemble et le sentiment que c'était plus glam et riche que <b>robe cocktail</b>  nous-mêmes tous les jours .comme il se doit pour notre mariage !Donc.à côté de vases d'or .magnifique profondes fleurs rouges et du linge de paillettes émeraude nous avions Tron jouer sur le grand écran et serviettes de cocktail de fantaisie avec des faits comme " requins mangent des personnes pour le plaisir . "Fondamentalement c'est ce que vous obtenez lorsque deux dorks décidé de jeter leur version d'une soirée de fantaisie .<p>Nous nous avions prévu et nous avons obtenu de bricolage beaucoup.ce qui signifie tous les détails reflètent exactement ce que nous aimons .Il était une tonne de travail et un travail d'amour .mais vraiment la peine pour le niveau de contrôle que nous avons pu avoir sur l'ensemble du processus .Nous sommes tous les deux perfectionnistes et nous sommes allés de l'autre fou avec tous les ajustements et  <p><a href="http://modedomicile.com/goods.php?id=2547" target="blank"><img width="240" height="320" src="http://188.138.88.219/imagesld/td//t35/productthumb/1/1664635353535393372.jpeg"></a></p>  tergiversations sur les petites choses .Je suis un chef de projet dans la construction et Brian est un électricien .alors je suis de planifier et d'expliquer ma vision .puis Brian compris comment y arriver dans la vie réelle .Il était un excellent partenariat !<p>Nous étions tellement heureux de nous associer avec les fournisseurs étonnantes qui ont obtenu totalement notre vision .Douce Marie Designs soufflé notre esprit avec l' arrangement floral jusqu'à vases super cool .TACT était incroyable pour aider à planifier tous les détails d'une journée .Nous aurions été perdus sans eux.Et bien sûr .rien ne vaut Marvimon pour créer l'ambiance et la sensation que nous allions pour Photographie <p>: Ashley Kelemen | Coordinateur: . TACTco | Floral Design : Sweet Marie Designs | gâteau : Wonder boulangerie | Cupcakes : My Sweet Cupcake | Brides Chaussures: Steve Madden | Restauration : Huntington  <a href="http://www.modedomicile.com/robe-de-cocktail-pour-mariage-c-69"><b>robe de cocktail pour mariage</b></a>  Restauration | Barman : Huntington Restauration | Brides robe : Watters Brides | DJ \u0026 Eclairage : DJ Twigz | Film Lab : Indie Film Lab | cheveux + Maquillage : 10.11 Maquillage | Linge de maison: La Tavola | Autres Desserts : Lecolonie suisse | photo Booth mobile Photo Booth | Photographie adjoint : Ryan Johnson Photographie | Location : Huntington Restauration | Lieu de mariage : MarvimonWatters est un membre de notre Look Book .Pour plus d'informations sur la façon dont les membres sont choisis .cliquez ici .Mobile Photo Booth est un membre de notre Little Black Book .Découvrez comment les membres sont choisis en visitant notre page de FAQ .Mobile Photo Booth voir le</p>
Krusty Aranda Jan 2015
They can **** our voice,
but they'll never muffle our screams.
Peppy Miller May 2013
I feel my opposable thumbs
The taste of blood in my mouth
The galactic waves have swallowed us
the shock is hitting our bodies
slower and faster
all at once eyes go black

reason is no longer
instinct is our only conscious
lives are minimal
men driven by procreation;women by fear

hearts feign
claws sharpen
jaws unfurl
reality manifests;
we are all animals

— The End —