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Un jardinier, dans son jardin,
Avait un vieux arbre stérile ;
C'était un grand poirier qui jadis fut fertile :
Mais il avait vieilli, tel est notre destin.
Le jardinier ingrat veut l'abattre un matin ;
Le voilà qui prend sa cognée.
Au premier coup l'arbre lui dit :
Respecte mon grand âge, et souviens-toi du fruit
Que je t'ai donné chaque année.
La mort va me saisir, je n'ai plus qu'un instant,
N'assassine pas un mourant
Qui fut ton bienfaiteur. Je te coupe avec peine,
Répond le jardinier ; mais j'ai besoin de bois.
Alors, gazouillant à la fois,
De rossignols une centaine
S'écrie : épargne-le, nous n'avons plus que lui :
Lorsque ta femme vient s'asseoir sous son ombrage,
Nous la réjouissons par notre doux ramage ;
Elle est seule souvent, nous charmons son ennui.
Le jardinier les chasse et rit de leur requête ;
Il frappe un second coup. D'abeilles un essaim
Sort aussitôt du tronc, en lui disant : arrête,
Ecoute-nous, homme inhumain :
Si tu nous laisses cet asile,
Chaque jour nous te donnerons
Un miel délicieux dont tu peux à la ville
Porter et vendre les rayons :
Cela te touche-t-il ? J'en pleure de tendresse,
Répond l'avare jardinier :
Eh ! Que ne dois-je pas à ce pauvre poirier
Qui m'a nourri dans sa jeunesse ?
Ma femme quelquefois vient ouïr ces oiseaux ;
C'en est assez pour moi : qu'ils chantent en repos.
Et vous, qui daignerez augmenter mon aisance,
Je veux pour vous de fleurs semer tout ce canton.
Cela dit, il s'en va, sûr de sa récompense,
Et laisse vivre le vieux tronc.

Comptez sur la reconnaissance
Quand l'intérêt vous en répond.
Eh quoi ! prier déjà.... tu bégayes encore ;
De la vie, ici-bas, tu n'as vu que l'aurore ;
Pour loi, le beau printemps n'est venu que deux fois ;
À peine connaît-on le doux son de ta voix.
Et cependant, docile aux leçons d'une mère,
Tu bégayes déjà quelques mots de prière !
Oh ! laisse la prière au cœur des malheureux,
Et toi, petit enfant, va reprendre tes jeux !

Pourvu qu'à ton réveil, s'échappant de sa cage,
L'oiseau qui te connaît commence son ramage,
Qu'il reste près de toi ; que d'un bouquet nouveau,
Ta mère, en souriant, vienne orner ton berceau ;
Pourvu que vers le soir, sa voix mélodieuse
T'endorme doucement, ou que, silencieuse,
Elle ébranle ta couche, et d'un léger effort,
En longs balancements t'endorme mieux encor :
C'est là tout le bonheur de ta paisible enfance.
Et comment prierais-tu ? tu n'as pas d'espérance !
À ton âge charmant, l'existence est un jour,
Où le rire et les pleurs s'effacent tour à tour.

Plus ****, petit enfant, poursuivant ton voyage,
Ton cœur s'agitera du trouble du jeune âge ;
Tu sentiras alors les charmes enivrants
De nos illusions, rêves purs et charmants.
Un doux espoir, ainsi qu'une ombre fugitive,
Apparaîtra soudain à ton âme naïve,
Te faisant pressentir l'amour et le bonheur...
Alors, il sera temps de prier le Seigneur !

À genoux devant lui, plein de foi, d'espérance,
On dit tout sans parler ; - Dieu comprend le silence.
Ô mon Dieu ! que l'on aime à vous prier longtemps,
Lorsqu'on veut être heureux et que l'on a seize ans !

Car, hélas ! jeune enfant, pendant le long voyage,
Nous n'avons pas toujours un beau ciel sans nuage ;
Le limpide ruisseau qui s'en va murmurant,
Se change bien souvent en horrible torrent,
Et l'aquilon, soufflant sur la barque légère,
Vient la briser, le soir, aux écueils de la terre.
Va jouer, bel enfant !... il te faudra plus ****
Souffrir ainsi que nous : ta vie aura sa part !
Tu verras fuir l'espoir qui venait de paraître ;
Un jour, on t'aimera..., l'on t'oubliera peut-être !...
Ah ! qu'ai-je dit, enfant ? -Suspends, suspends tes jeux
Joins tes petites mains, et regarde les cieux.
À Catulle Mendès


La petite marquise Osine est toute belle,

Elle pourrait aller grossir la ribambelle

Des folles de Watteau sous leur chapeau de fleurs

Et de soleil, mais comme on dit, elle aime ailleurs

Parisienne en tout, spirituelle et bonne

Et mauvaise à ne rien redouter de personne,

Avec cet air mi-faux qui fait que l'on vous croit,

C'est un ange fait pour le monde qu'elle voit,

Un ange blond, et même on dit qu'il a des ailes.


Vingt soupirants, brûlés du feu des meilleurs zèles

Avaient en vain quêté leur main à ses seize ans,

Quand le pauvre marquis, quittant ses paysans

Comme il avait quitté son escadron, vint faire

Escale au Jockey ; vous connaissez son affaire

Avec la grosse Emma de qui - l'eussions-nous cru ?

Le bon garçon était absolument féru,

Son désespoir après le départ de la grue,

Le duel avec Gontran, c'est vieux comme la rue ;

Bref il vit la petite un jour dans un salon,

S'en éprit tout d'un coup comme un fou ; même l'on

Dit qu'il en oublia si bien son infidèle

Qu'on le voyait le jour d'ensuite avec Adèle.

Temps et mœurs ! La petite (on sait tout aux Oiseaux)

Connaissait le roman du cher, et jusques aux

Moindres chapitres : elle en conçut de l'estime.

Aussi quand le marquis offrit sa légitime

Et sa main contre sa menotte, elle dit : Oui,

Avec un franc parler d'allégresse inouï.

Les parents, voyant sans horreur ce mariage

(Le marquis était riche et pouvait passer sage)

Signèrent au contrat avec laisser-aller.

Elle qui voyait là quelqu'un à consoler

Ouït la messe dans une ferveur profonde.


Elle le consola deux ans. Deux ans du monde !


Mais tout passe !

Si bien qu'un jour qu'elle attendait

Un autre et que cet autre atrocement tardait,

De dépit la voilà soudain qui s'agenouille

Devant l'image d'une Vierge à la quenouille

Qui se trouvait là, dans cette chambre en garni,

Demandant à Marie, en un trouble infini,

Pardon de son péché si grand, - si cher encore

Bien qu'elle croie au fond du cœur qu'elle l'abhorre.


Comme elle relevait son front d'entre ses mains

Elle vit Jésus-Christ avec les traits humains

Et les habits qu'il a dans les tableaux d'église.

Sévère, il regardait tristement la marquise.

La vision flottait blanche dans un jour bleu

Dont les ondes voilant l'apparence du lieu,

Semblaient envelopper d'une atmosphère élue

Osine qui tremblait d'extase irrésolue

Et qui balbutiait des exclamations.

Des accords assoupis de harpes de Sions

Célestes descendaient et montaient par la chambre

Et des parfums d'encens, de cinnamome et d'ambre

Fluaient, et le parquet retentissait des pas

Mystérieux de pieds que l'on ne voyait pas,

Tandis qu'autour c'était, en cadences soyeuses,

Un grand frémissement d'ailes mystérieuses

La marquise restait à genoux, attendant,

Toute admiration peureuse, cependant.


Et le Sauveur parla :

« Ma fille, le temps passe,

Et ce n'est pas toujours le moment de la grâce.

Profitez de cette heure, ou c'en est fait de vous. »


La vision cessa.

Oui certes, il est doux

Le roman d'un premier amant. L'âme s'essaie,

C'est un jeune coureur à la première haie.

C'est si mignard qu'on croit à peine que c'est mal.

Quelque chose d'étonnamment matutinal.

On sort du mariage habitueux. C'est comme

Qui dirait la lueur aurorale de l'homme

Et les baisers parmi cette fraîche clarté

Sonnent comme des cris d'alouette en été,

Ô le premier amant ! Souvenez-vous, mesdames !

Vagissant et timide élancement des âmes

Vers le fruit défendu qu'un soupir révéla...

Mais le second amant d'une femme, voilà !

On a tout su. La faute est bien délibérée

Et c'est bien un nouvel état que l'on se crée,

Un autre mariage à soi-même avoué.

Plus de retour possible au foyer bafoué.

Le mari, débonnaire ou non, fait bonne garde

Et dissimule mal. Déjà rit et bavarde

Le monde hostile et qui sévirait au besoin.

Ah, que l'aise de l'autre intrigue se fait **** !

Mais aussi cette fois comme on vit ; comme on aime,

Tout le cœur est éclos en une fleur suprême.

Ah, c'est bon ! Et l'on jette à ce feu tout remords,

On ne vit que pour lui, tous autres soins sont morts.

On est à lui, on n'est qu'à lui, c'est pour la vie,

Ce sera pour après la vie, et l'on défie

Les lois humaines et divines, car on est

Folle de corps et d'âme, et l'on ne reconnaît

Plus rien, et l'on ne sait plus rien, sinon qu'on l'aime !


Or cet amant était justement le deuxième

De la marquise, ce qui fait qu'un jour après,

- Ô sans malice et presque avec quelques regrets -

Elle le revoyait pour le revoir encore.

Quant au miracle, comme une odeur s'évapore,

Elle n'y pensa plus bientôt que vaguement.


Un matin, elle était dans son jardin charmant,

Un matin de printemps, un jardin de plaisance.

Les fleurs vraiment semblaient saluer sa présence,

Et frémissaient au vent léger, et s'inclinaient

Et les feuillages, verts tendrement, lui donnaient

L'aubade d'un timide et délicat ramage

Et les petits oiseaux, volant à son passage,

Pépiaient à plaisir dans l'air tout embaumé

Des feuilles, des bourgeons et des gommes de mai.

Elle pensait à lui ; sa vue errait, distraite,

À travers l'ombre jeune et la pompe discrète

D'un grand rosier bercé d'un mouvement câlin,

Quand elle vit Jésus en vêtements de lin

Qui marchait, écartant les branches de l'arbuste

Et la couvait d'un long regard triste. Et le Juste

Pleurait. Et tout en un instant s'évanouit.


Elle se recueillait.

Soudain un petit bruit

Se fit. On lui portait en secret une lettre,

Une lettre de lui, qui lui marquait peut-être

Un rendez-vous.


Elle ne put la déchirer.


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Marquis, pauvre marquis, qu'avez-vous à pleurer

Au chevet de ce lit de blanche mousseline ?

Elle est malade, bien malade.

« Sœur Aline,

A-t-elle un peu dormi ? »

- « Mal, monsieur le marquis. »

Et le marquis pleurait.

« Elle est ainsi depuis

Deux heures, somnolente et calme. Mais que dire

De la nuit ? Ah, monsieur le marquis, quel délire !

Elle vous appelait, vous demandait pardon

Sans cesse, encor, toujours, et tirait le cordon

De sa sonnette. »

Et le marquis frappait sa tête

De ses deux poings et, fou dans sa douleur muette

Marchait à grands pas sourds sur les tapis épais

(Dès qu'elle fut malade, elle n'eut pas de paix

Qu'elle n'eût avoué ses fautes au pauvre homme

Qui pardonna.) La sœur reprit pâle : « Elle eut comme

Un rêve, un rêve affreux. Elle voyait Jésus,

Terrible sur la nue et qui marchait dessus,

Un glaive dans la main droite, et de la main gauche

Qui ramait lentement comme une faux qui fauche,

Écartant sa prière, et passait furieux. »


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Un prêtre, saluant les assistants des yeux,

Entre.

Elle dort.

Ô ses paupières violettes !

Ô ses petites mains qui tremblent maigrelettes !

Ô tout son corps perdu dans les draps étouffants !


Regardez, elle meurt de la mort des enfants.

Et le prêtre anxieux, se penche à son oreille.

Elle s'agite un peu, la voilà qui s'éveille,

Elle voudrait parler, la voilà qui s'endort

Plus pâle.

Et le marquis : « Est-ce déjà la mort ? »

Et le docteur lui prend les deux mains, et sort vite.


On l'enterrait hier matin. Pauvre petite !
L'aimable et tendre Philomèle,
Voyant commencer les beaux jours,
Racontait à l'écho fidèle
Et ses malheurs et ses amours.
Le plus beau paon du voisinage,
Maître et sultan de ce canton,
Elevant la tête et le ton,
Vint interrompre son ramage :
C'est bien à toi, chantre ennuyeux,
Avec un si triste plumage,
Et ce long bec, et ces gros yeux,
De vouloir charmer ce bocage !
A la beauté seule il va bien
D'oser célébrer la tendresse :
De quel droit chantes-tu sans cesse ?
Moi, qui suis beau, je ne dis rien.
Pardon, répondit Philomèle :
Il est vrai, je ne suis pas belle ;
Et si je chante dans ce bois,
Je n'ai de titre que ma voix.
Mais vous, dont la noble arrogance
M'ordonne de parler plus bas,
Vous vous taisez par impuissance,
Et n'avez que vos seuls appas.
Ils doivent éblouir sans doute ;
Est-ce assez pour se faire aimer ?
Allez, puisqu'amour n'y voit goutte,
C'est l'oreille qu'il faut charmer.
À M. l'abbé Delille.

Ô toi, dont la touchante et sublime harmonie
Charme toujours l'oreille en attachant le cœur,
Digne rival, souvent vainqueur,
Du chantre fameux d'Ausonie,
Delille, ne crains rien, sur mes légers pipeaux
Je ne viens point ici célébrer tes travaux,
Ni dans de faibles vers parler de poésie.
Je sais que l'immortalité
Qui t'est déjà promise au temple de mémoire
T'est moins chère que ta gaîté ;
Je sais que, méritant tes succès sans y croire,
Content par caractère et non par vanité,
Tu te fais pardonner ta gloire
À force d'amabilité :
C'est ton secret, aussi je finis ce prologue.
Mais du moins lis mon apologue ;
Et si quelque envieux, quelque esprit de travers,
Outrageant un jour tes beaux vers,
Te donne assez d'humeur pour t'empêcher d'écrire,
Je te demande alors de vouloir le relire.
Dans une belle nuit du charmant mois de mai,
Un berger contemplait, du haut d'une colline,
La lune promenant sa lumière argentine
Au milieu d'un ciel pur d'étoiles parsemé ;
Le tilleul odorant, le lilas, l'aubépine,
Au gré du doux zéphyr balançant leurs rameaux,
Et les ruisseaux dans les prairies
Brisant sur des rives fleuries
Le cristal de leurs claires eaux.
Un rossignol, dans le bocage,
Mêlait ses doux accents à ce calme enchanteur ;
L'écho les répétait, et notre heureux pasteur,
Transporté de plaisir, écoutait son ramage.
Mais tout-à-coup l'oiseau finit ses tendres sons.
En vain le berger le supplie
De continuer ses chansons.
Non, dit le rossignol, c'en est fait pour la vie ;
Je ne troublerai plus ces paisibles forêts.
N'entends-tu pas dans ce marais
Mille grenouilles coassantes
Qui par des cris affreux insultent à mes chants ?
Je cède, et reconnais que mes faibles accents
Ne peuvent l'emporter sur leurs voix glapissantes.
Ami, dit le berger, tu vas combler leurs vœux ;
Te taire est le moyen qu'on les écoute mieux :
Je ne les entends plus aussitôt que tu chantes.
ODE.
(Couronnée aux jeux floraux.)


Des longs ennuis du jour quand le soir me délivre,
Poète aux chants divins, j'ouvre en rêvant ton livre,
Je me recueille en toi, dans l'ombre et **** du bruit ;
De ton monde idéal, j'ose aborder la rive :
Tes chants que je répète, à mon âme attentive
Semblent plus purs la nuit !

Mais qu'il reste caché, ce trouble de mon âme,
De moi rien ne t'émeut, ni louange, ni blâme.
Quelques hivers à peine ont passé sur mon front...
Et qu'importe à ta muse, en tous lieux adorée,
Qu'au sein de ses foyers une femme ignorée
S'attendrisse à ton nom !

Qui te dira qu'aux sons de ta lyre sublime,
À ses accords divins, ma jeune âme s'anime,
Laissant couler ensemble et ses vers et ses pleurs ?
Quand près de moi ta muse un instant s'est posée,
Je chante.... ainsi le ciel, en versant sa rosée,
Entr'ouvre quelques fleurs.

Poètes ! votre sort est bien digne d'envie.
Le Dieu qui nous créa vous fit une autre vie,
L'horizon ne sert point de limite à vos yeux,
D'un univers plus grand vous sondez le mystère,
Et quand, pauvres mortels, nous vivons sur la terre,
Vous vivez dans les cieux !

Et si, vous éloignant des voûtes éternelles,
Vous descendez vers nous pour reposer vos ailes,
Notre monde à vos yeux se dévoile plus pur ;
L'hiver garde des fleurs, les bois un vert feuillage,
La rose son parfum, les oiseaux leur ramage,
Et le ciel son azur.

Si Dieu, vous révélant les maux de l'existence,
Au milieu de vos chants fait naître la souffrance,
Votre âme, en sa douleur poursuivant son essor,
Comme au temps des beaux jours vibre dans ses alarmes ;
Le monde s'aperçoit, quand vous montrez vos larmes,
Que vous chantez encor !

Le malheur se soumet aux formes du génie,
En passant par votre âme, il devient harmonie.
Votre plainte s'exhale en sons mélodieux.
L'ouragan qui, la nuit, rugit et se déchaîne,
S'il rencontre en son cours la harpe éolienne,
Devient harmonieux.

Moi, sur mes jeunes ans j'ai vu gronder l'orage,
Le printemps fut sans fleurs, et l'été, sans ombrage ;
Aucun ange du ciel n'a regardé mes pleurs.
Que ne puis-je, changeant l'absinthe en ambroisie,
Comme vous, aux accords d'un chant de poésie
Endormir mes douleurs !

À notre âme, ici-bas , il n'est rien qui réponde ;
Poètes inspirés, montrez-nous votre monde !
À ce vaste désert, venez nous arracher.
Pour le divin banquet votre table se dresse...
Oh ! laissez, de la coupe où vous puisez l'ivresse,
Mes lèvres s'approcher !

Oui, penchez jusqu'à moi voire main que j'implore ;
Votre coupe est trop ****, baissez, baissez encore !...
Répandez dans mes vers l'encens inspirateur.
Pour monter jusqu'à vous, mon pied tremble et chancelle...
Poètes ! descendez, et portez sur votre aile
Une timide sœur !
Déjà j'ai vu le verger
Se parer de fleurs nouvelles ;
Le Zéphyr, toujours léger,
Déjà folâtre autour d'elles.

L'hiver fuit ; tout va changer,
Tout renaît : à ce bocage
Le printemps rend le feuillage,
Aux verts tapis leur fraîcheur,
Aux rossignols leur ramage ;
Et non la paix à mon cœur.

Le soleil, fondant la glace
Qui blanchissait le coteau,
Revêt d'un éclat nouveau
Le gazon qui la remplace.

Le ruisseau libre en son cours,
Avec son ancien murmure,
Reprend ses anciens détours.
Son eau, plus calme et plus pure,
Suit sa pente sans efforts ;
Et, fuyant dans la prairie,
Féconde l'herbe fleurie
Dont Flore embellit ses bords.

Voyez-vous le vieil érable
Couronner de rameaux verts
Son front large et vénérable
Qui se rit de cent hivers ?
Une naissante verdure
Revêt aussi ses vieux bras,
Dégagés des longs frimas
Que suspendait la froidure.

Oh ! que les champs ont d'appas !
La plaine, au ****, se colore
De l'émail changeant des fleurs,
Que n'outragea pas encore
Le fer cruel des faneurs.

La passagère hirondelle
À son nid est de retour :
La douce saison d'amour
Dans nos climats la rappelle.
Elle accourt à tire-d'aile,
L'imprudente, et ne voit pas
L'insidieuse ficelle
Dont l'homme a tissu ses lacs :
À travers l'onde et l'orage,
Quand elle affrontait la mort,
La pauvrette, **** du port,
Ne prévoyait pas le sort
Qui l'attendait au rivage !

Désormais en liberté,
La pastourelle enflammée
Court à l'onde accoutumée
Qui lui peignait sa beauté.
Contre l'infidélité
Le clair miroir la rassure,
Et lui dit que les autans,
Ces fléaux de la nature,
Moins à craindre que le temps,
N'ont pas gâté sa figure.

Déjà j'ai vu les agneaux,
Oubliant la bergerie,
Brouter l'herbe des coteaux
Et bondir dans la prairie.
L'impatient voyageur
Sort de sa retraite oisive,
Et la barque du pêcheur
Flotte plus **** de la rive.

De la cime du rocher
D'où son regard se promène,
Déjà le hardi nocher
Affronte l'humide plaine ;
Fatigué du long repos
Dans lequel l'hiver l'enchaîne,
Il retourne sur les flots.
**** des paternels rivages
Qu'il ne doit jamais revoir,
Il court, hélas ! plein d'espoir,
Chercher de plus riches plages.
Intrépide, il fuit le port.
À la gaîté qui l'anime,
Le croirait-on sur l'abîme
Où cent fois il vit la mort ?

Et moi seul, quand l'espérance
Luit au fond de tous les cœurs,
Je vois la saison des fleurs,
Sans voir finir ma souffrance !
**** de partager mes feux,
Daphné rit de ma tristesse.
Hélas ! le trait qui me blesse
Ne part-il pas de ses yeux ?

Mille fois, dans mon délire,
Ceint de lauriers toujours verts,
J'ai célébré dans mes vers,
Et la beauté que je sers,
Et l'amour qu'elle m'inspire.

Ah ! si d'éternels mépris,
Daphné, sont encor le prix
D'une éternelle constance,
Tremble : l'amour outragé
Peut être à la fin vengé
De ta longue indifférence :
Je puis, de la même voix
Qui te chanta sur ma lyre,
Publier tout à la fois
Tes rigueurs et mon martyre.

Qu'ai-je dit ? pardonne-moi ;
Pardonne, ô ma douce amie !
D'un cœur qui se plaint de toi
Idole toujours chérie.
Un siècle entier, nuit et jour,
J'ai langui dans la contrainte ;
Et c'est un excès d'amour
Qui m'arrache cette plainte.

Mais, ô Daphné ! soit que ton cœur
Dédaigne ou partage ma flamme,
Dans ta pitié, dans ta rigueur,
Sois toujours l'âme de mon âme.

Écrit en 1785.
Un bouvreuil, un corbeau, chacun dans une cage,
Habitaient le même logis.
L'un enchantait par son ramage
La femme, le mari, les gens, tout le ménage :
L'autre les fatiguait sans cesse de ses cris ;
Il demandait du pain, du rôti, du fromage,
Qu'on se pressait de lui porter,
Afin qu'il voulût bien se taire.
Le timide bouvreuil ne faisait que chanter,
Et ne demandait rien : aussi, pour l'ordinaire,
On l'oubliait ; le pauvre oiseau
Manquait souvent de grain et d'eau.
Ceux qui louaient le plus de son chant l'harmonie
N'auraient pas fait le moindre pas
Pour voir si l'auge était remplie.
Ils l'aimaient bien pourtant, mais ils n'y pensaient pas.
Un jour on le trouva mort de faim dans sa cage.
Ah ! Quel malheur ! Dit-on : las ! Il chantait si bien !
De quoi donc est-il mort ? Certes, c'est grand dommage !
Le corbeau crie encore et ne manque de rien.
T'oseroit bien quelque poète
Nyer des vers, douce alouette ?
Quant à moy je ne l'oserois,
Je veux celebrer ton ramage
Sur tous oyseaus qui sont en cage,
Et sur tous ceus qui sont es bois.

Qu'il te fait bon ouyr ! à l'heure
Que le bouvier les champs labeure
Quand la terre le printems sent,
Qui plus de ta chanson est gaye,
Que couroussée de la playe
Du soc, qui l'estomac lui fend.

Si tost que tu es arrosée
Au point du jour, de la rosée,
Tu fais en l'air mile discours
En l'air des ailes tu fretilles,
Et pendue au ciel, tu babilles,
Et contes aus vens tes amours.

Puis du ciel tu te laisses fondre
Dans un sillon vert, soit pour pondre,
Soit pour esclorre, ou pour couver,
Soit pour aporter la bechée
A tes petis, ou d'une Achée
Ou d'une chenille, ou d'un ver.

Lors moi couché dessus l'herbette
D'une part j'oy ta chansonnette ;
De l'autre, sus du poliot,
A l'abry de quelque fougere
J'ecoute la jeune bergere
Qui degoise son lerelot.

Puis je di, tu es bien-heureuse,
Gentille Alouette amoureuse,
Qui n'as peur ny soucy de riens,
Qui jamais au coeur n'as sentie
Les dedains d'une fiere amie,
Ny le soin d'amasser des biens.

Ou si quelque souci te touche,
C'est, lors que le Soleil se couche,
De dormir, et de reveiller
De tes chansons avec l'Aurore
Et bergers et passans encore,
Pour les envoyer travailler.

Mais je vis toujours en tristesse,
Pour les fiertez d'une maistresse
Qui paye ma foi de travaus,
Et d'une plesante mensonge,
Qui jour et nuit tous-jours alonge
La longue trame de mes maus.
Une linotte avait un fils
Qu'elle adorait, selon l'usage,
C'était l'unique fruit du plus doux mariage,
Et le plus beau linot qui fût dans le pays.
Sa mère en était folle, et tous les témoignages
Que peuvent inventer la tendresse et l'amour
Étaient pour cet enfant épuisés chaque jour.
Notre jeune linot, fier de ces avantages,
Se croyait un phénix, prenait l'air suffisant,
Tranchait du petit important
Avec les oiseaux de son âge,
Persiflait la mésange ou bien le roitelet,
Donnait à chacun son paquet,
Et se faisait haïr de tout le voisinage.
Sa mère lui disait :
Mon cher fils, sois plus sage,
Plus modeste surtout.
Hélas ! je conçois bien
Les dons, les qualités qui furent ton partage :
Mais feignons de n'en savoir rien,
Pour qu'on les aime davantage.
A tout cela notre linot
Répondait par quelque bon mot.
La mère en gémissait dans le fond de son âme.
Un vieux merle, ami de la dame,
Lui dit : Laissez aller votre fils au grand bois,
Je vous réponds qu'avant un mois
Il sera sans défauts. Vous jugez des alarmes
De la mère, qui pleure et frémit du danger.
Mais le jeune linot brûlait de voyager :
Il partit donc malgré ses larmes.
A peine est-il dans la forêt,
Que notre petit personnage
Du pivert entend le ramage,
Et se moque de son fausset.
Le pivert, qui prit mal cette plaisanterie,
Vient à bons coups de bec plumer le persifleur.
Et, deux jours après, une pie,
Le dégoûte à jamais du métier de railleur.
Il lui restait encor la vanité secrète
De se croire excellent chanteur
Le rossignol et la fauvette
Le guérirent de son erreur.
Bref, il retourna chez sa mère
Doux, poli, modeste et charmant.
Ainsi l'adversité fit, dans un seul moment,
Ce que tant de leçons n'avaient jamais pu faire.
Un homme riche, sot et vain,
Qualités qui par fois marchent de compagnie,
Croyait pour tous les arts avoir un goût divin,
Et pensait que son or lui donnait du génie.
Chaque jour à sa table on voyait réunis
Peintres, sculpteurs, savants, artistes, beaux esprits,
Qui lui prodiguaient les hommages,
Lui montraient des dessins, lui lisaient des ouvrages,
Écoutaient les conseils qu'il daignait leur donner,
Et l'appelaient Mécène en mangeant son dîner.
Se promenant un soir dans son parc solitaire,
Suivi d'un jardinier, homme instruit et de sens,
Il vit un sanglier qui labourait la terre,
Comme ils font quelquefois pour aiguiser leurs dents.
Autour du sanglier, les merles, les fauvettes,
Surtout les rossignols, voltigeant, s'arrêtant,
Répétaient à l'envi leurs douces chansonnettes,
Et le suivaient toujours chantant.
L'animal écoutait l'harmonieux ramage
Avec la gravité d'un docte connaisseur,
Baissait par fois la hure en signe de faveur,
Ou bien, la secouant, refusait son suffrage.
Qu'est-ce ci ? Dit le financier :
Comment ! Les chantres du bocage
Pour leur juge ont choisi cet animal sauvage !
Nenni, répond le jardinier ;
De la terre par lui fraîchement labourée
Sont sortis plusieurs vers, excellente curée
Qui seule attire ces oiseaux :
Ils ne se tiennent à sa suite
Que pour manger ces vermisseaux ;
Et l'imbécile croit que c'est pour son mérite.
Ni voir flamber au point du jour les roses,
Ni lys planté sur le bord d'un ruisseau,
Ni son de luth, ni ramage d'oiseau,
Ni dedans l'or les gemmes bien encloses,

Ni des Zéphyrs les gorgettes décloses,
Ni sur la mer le ronfler d'un vaisseau,
Ni bal de Nymphe au gazouillis de l'eau,
Ni voir fleurir au printemps toutes choses,

Ni camp armé de lances hérissé,
Ni antre vert de mousse tapissé,
Ni des forêts les cimes qui se pressent,

Ni des rochers le silence sacré,
Tant de plaisirs ne me donnent qu'un Pré,
Où sans espoir mes espérances paissent.
Elena Nickle Jun 25
Some times I feel like
A villain on the power rangers
So out of control that I cannot help but feel like I am a monstrous Ramage
As I walk around I feel like a *******
Of a disaster and I seem to cause
The chaos but I could not be anything
But  a gifted mess and that is walking around.  Though this I say
Even cryptids seem to have more
Control over their ******* emotions.
I am just talking out of my emotions
Or there is water to what I say.  I
Find that I have to fond away to deal with
The green eyed monster and combat it.
Though it is ******* hard at times.
As I feel like an exploding balloon i feel nothing  but  chaos of wanting to pop.
This idea that there someone  out there for everyone obviously
Never met
Me

— The End —