Blackine, mordeuse de bonheur et de vie
Tu as bientôt cinq mois, et grandis inlassablement.
Ta vivacité s'aiguise comme tes dents nouvelles,
sur ma paume droite lorsque je téléphone.
Ton museau paraît de plus en plus pointu,
Comme si tu oscillais entre cocker et renarde.
Quand je te sors en laisse, j'ai du mal à tempérer ton élan.
Et je tire la laisse comme l'espoir perdu de dompter ta fougue.
Ton pelage noir paraît encore doux oison, entre plumes et velours.
Et tu grandis et tu grandis pour devenir grande chienne Cocker,
dont je serais si fier, un jour, Blackine la bourrasque. Blackine, la tant aimée.
Tu es ivre de bonheur débridé et de vie comme l'on est ivre d'amour et d'espoir.
Mais peu de plantes résistent à ta passion mordeuse.
Lorsque tu t’allonges avec ton pelage noir de geai,
tu parais épuisée mais ce n’est qu’un entracte,
et sitôt réveillée tu deviens antilope,
surtout lorsque tu cours pour libérer ta force.
Et cette vie, en toi, qui court comme un torrent,
Est jeunesse de feu et passion de la vie.
J'aime aussi, quand, sur tes deux pattes dressées, tu me montres ta joie,
et lorsque ton noir museau pointe sur mon bureau.
Comme pour demander la faveur que je t'y accueille aux côtés de l'ordi.
Paul Arrighi