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Paul d'Aubin Nov 2015
Sonnets pour treize  amis Toulousains  

Sonnet pour l’ami Alain  

Il est malin et combatif,
Autant qu’un malin chat rétif,
C’est Alain le beau mécano,
Exilé par la poste au tri.

Avec Nicole, quel beau tapage,
Car il provoque non sans ravages
Quand il en a marre du trop plein
A naviguer il est enclin.

Alain, Alain, tu aimes le filin
Toi qui es un fier mécano,  
A la conscience écolo.

Alain, Alain, tu vas finir  
Par les faire devenir «cabourds [1]»,  
Aux petits chefs à l’esprit lourd.
Paul     Aubin


Sonnet pour l’ami Bernard
  
Cheveux cendrés, yeux noirs profonds
Bernard, surplombe de son balcon.
Son esprit vif est aiguisé
Comme silex entrechoqués.

Sous son sérieux luit un grand cœur
D’humaniste chassant le malheur.
Très attentif à ses amis,
Il rayonne par son l’esprit.

Bernard, Bernard, tu es si sérieux,
Mais c’est aussi ton talisman
Qui pour tes amis est précieux.

Bernard, Bernard, tu es généreux,
Avec ce zeste de passion,  
Qui réchauffe comme un brandon.
Paul     Aubin

Sonnet pour l’ami Christian  

Sous l’apparence de sérieux  
Par ses lunettes un peu masqué.
C’est un poète inspiré,
Et un conférencier prisé.

Dans Toulouse il se promène  
Aventurier en son domaine.
Comme perdu dans la pampa
Des lettres,   il a la maestria

Christian, Christian, tu es poète,
Et ta poésie tu la vis.
Cette qualité est si rare.

Christian, Christian, tu es lunaire.
Dans les planètes tu sais aller
En parcourant Toulouse à pied.
Paul d’   Aubin

Sonnet pour l’ami José
  
Le crâne un peu dégarni
Dans son regard, un incendie.
Vif, mobile et électrisé,
Il semble toujours aux aguets.

Des « hidalgos » des temps jadis
Il a le verbe et l’allure.
Il donne parfois le tournis,
Mais il possède un cœur pur.

José, José, tu as horreur,
De l’injustice et du mépris,
C’est aussi ce qui fait ton prix.

José, José, tu es un roc
Un mousquetaire en Languedoc
Un homme qui sait résister.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami  Jean-Pierre  

Subtil et sage, jamais hautain,
C’est Jean-Pierre,  le Toulousain,
qui de son quartier, Roseraie
apparaît détenir les clefs.

Pensée précise d’analyste,  
Il  est savant et optimiste,
Épicurien en liberté,
magie d’  intellectualité.

Jean-Pierre, Jean-Pierre, tu es plus subtil,
Que l’écureuil au frais babil,  
Et pour cela tu nous fascines.

Jean-Pierre, Jean-Pierre, tu es trop sage,
C’est pour cela que tu es mon ami
A cavalcader mes folies.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Henry  

Henry  est un fougueux audois  
de la variété qui combat.
Dans ses yeux flamboie l’âpre alcool,
du tempérament espagnol.

Henry est un fidèle  ami
Mais en «section» comme «Aramits».
dans tous  les  recoins,  il frétille,
comme dans les torrents l’anguille.

Henry,  Henry, tu es bouillant
Et  te moques  des cheveux gris,
Sans toi même être prémuni.

Henry,  Henry, tu t’ingénies  
A transformer  ce monde gris
dans notre   époque de clinquant.
Paul   d’  Aubin

Sonnet pour l’ami Olivier  

Olivier l’informaticien    
à   un viking me fait penser.
Il aime d’ailleurs les fest noz,
Et  boit la bière autant qu’on ose

Olivier, roux comme  un flamand  
arpente Toulouse, à grand pas
avec cet  air énigmatique
qui nous le rend si sympathique

Olivier, tu es bretteur
dans le monde informatique,  
Tu gardes  un côté sorcier.

Olivier, tu as un grand cœur,
Tu réponds toujours, je suis là,  
Pour nous tirer de l’embarras.
Paul  d’   Aubin


Sonnet pour l’ami  Philippe  

Cheveux  de geai, les yeux luisants
Voici, Philippe le toulousain.
de l’ «Arsenal» à «Saint Sernin»
Il vous  salut de son allant.

Il est cordial et enjoué,
mais son esprit est aux aguets.
C’est en fait un vrai militant,
traçant sa   vie en se battant.

Philippe, Philippe, tu es partout,
Avec tes gestes du Midi
qui te valent  bien   des  amis.

Philippe, Philippe, tu es batailleur,
Et  ta voix chaude est ton atout,  
Dans notre  Toulouse frondeur.
Paul   d’  Aubin


Sonnet pour l’ami Pierre
  
Pierre est un juriste fin
Qui ne se prend pas au sérieux.
Et sait garder  la tête froide,
Face aux embûches et aux fâcheux.

Surtout, Pierre est humaniste
Et sait d’un sourire allumer.
le cœur  humains et rigoler,
Il doit être un peu artiste.

Pierre,  Pierre, tu es indulgent,
Mais tu as aussi un grand talent,
De convaincre et puis d’enseigner.

Pierre,  Pierre, tu manquerais
A l’ambiance du Tribunal
Quittant le «vaisseau amiral».
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Pierre-Yves    

Pierre-Yves est fin comme un lapin
mais c’est un si  gentil goupil,
à l’œil vif,  au regard malin;
en plus pense  européen.

Pierre-Yves est un fils d’historien,  
qui goûte  à la philosophe,
usant des plaisirs de la vie
en prisant le bon vin, aussi.

Pierre-Yves,   tu les connais bien,
tous nos notables toulousains,

Pierre-Yves,   tu nous as fait tant rire,
En parlant gaiement  des «pingouins»,
du Capitole,  avec ses  oies.
Paul  d’   Aubin


Sonnet pour l’ami  Rémy    
De son haut front, il bat le vent,
Son bras pointé, comme l’espoir,
C’est notre, Rémy, l’occitan,
Vigoureux comme un « coup à boire ».

De sa chemise rouge vêtue,
Il harangue tel un  Jaurès,
dans les amphis et dans les rues,
pour la belle Clio, sa déesse.

Olivier, Olivier,  ami  
Dans un bagad tu as ta place,  
Mais à Toulouse, on ne connait pas.

Rémy, Rémy, ils ne t’ont pas
Car tout Président  qu’ils t’ont fait,  
Tu gardes en toi, ta liberté.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Sylvain    

Sylvain est un perpignanais
mais plutôt secret qu’enjoué.
N’allez pas croire cependant,
qu’il  vous serait indifférent.

Sylvain,   a aussi le talent  
de savoir diriger les gens,
simple, précis et amical,
il pourrait être cardinal.

Sylvain,   Sylvain,    tu es très fin
et dans la «com..» est ton destin,
sans être en rien superficiel.

Sylvain,   Sylvain,    tu es en  recherche
d’une excellence  que tu as.
Il faut que tu la prennes en toi.
Paul  d’   Aubin

Sonnet pour l’ami Toinou    

Tonnerre et bruits, rires et paris,
«Toinou » est fils de l’Oranie,
Quand sur Toulouse, il mit le cap,
On le vit,   entre houle et ressacs.

Dans la cité «Deromedi»
Au Mirail ou à Jolimont,
Emporté par un hourvari
On le connaît tel le « loup gris ».  

Toinou, Toinou, à la rescousse !
Dans la ville, y’a de la secousse!
Chez les «archis», dans les «amphis.»

Toinou, Toinou, encore un verre   !
Tu as oublié de te taire,
Et tes amis viennent tantôt.
Paul d’   Aubin
Serafeim Blazej Sep 2016
ils étaient petits princes
attaché par des cordes
suspendus comme des marionnettes
lié à la volonté des sorcier
ils étaient des oiseaux avec des ailes rognées
de sorte qu'ils ne pouvaient pas voler
de ne jamais rentrer chez eux
Poem.
Inspired by "Ribbon" and "Butterfly" of BEAST (korean group).

("They were little princes marionettes")
Andie Lately  Feb 2010
Je t'aime
Andie Lately Feb 2010
Je t'aime mon ami
Je ne sais pas pourquoi
Une triste histoire d'amour
C'etait ca le fin mot de l'histoire
Immense chagrin
C'est pourquoi
Etre a bout de forces pousser des cris
Je t'aime
Pour rien au monde
Mourir de chagrin
Ce n'est pas sorcier
Originally written in French
Aphrodite, Xochiquetzal, Vénus, Ishtar, Astarté !
Oxum, Inanna, Erzulie Freda
Mes muses en Kâlî polycéphale réunies,
Venez vous ébattre et débattre avec moi !

Et vêtez le masque des savantes hétaïres,
Des nagaravadhu, des femmes matadore
Des tayu, des ahuianime, des harots
Et autres courtisanes de lumière,
Rhétoriciennes scandaleuses d'antan,
Pour m'initier à l'Intime quintessence
Des mystères de vos fils Kama, Eros, Cupidon.

J'ai choisi pour vous, les Immortelles,
La tenue mortelle des Métèques :

Entre Shamhat, la Joyeuse sumérienne
Amrapali , Vasantasena,
Basaui, Kulika, les tantriques
Shinano, Sakura et Bunsui
Diotime, prêtresse Mantinéote
Aspasie, la belle Milésienne,
Omphale, la Lydienne qui domina Hercule,
Lasthénéia, Nicarété, les grandes maquerelles,
Phryné, de son vrai nom Mnésarétè, la demoiselle,
La pudibonde muse de Praxitèle,
Puis encore Thargélia, qui devint reine
Impéria qui vécut en beauté pendant vingt-six ans et douze jours
Veronica, Lamia, Nééra,
Laïs qui vous dédia son miroir,
Toutes érudites catins de haute volée,
Porte-paroles d'Eros,
Indomptables et puissantes concubines
D'amour et d'intelligence,
Je ne peux décider
Avec qui convoler au Banquet des Sophistes ?
Certaines m'enflamment la chair
D'autres l'esprit et l 'âme
Et pour toutes cependant sans exception
Je bande d'égale vigueur.
"Amour, ont assuré ces maîtresses
Au disciple fervent que je suis,
N 'est ni divin ni humain
Ni beau ni laid
Ni bon ni méchant
Amour est un démon, un sorcier
Un magicien, un entremetteur...

Si j 'en crois ces rhétoriciennes,
Honorer l 'Amour
C'est désirer le Beau, assouvir
L 'impérissable désir d'immortalité.
On aime car on engendre
On aime car on féconde
On aime car on se reproduit
Pour les siècles des siècles.
Et c'est Ilithyie qui nous accouche
et nous délivre de la mortalité par la conception et l'enfantement.
Le Beau est éternel
Ce n'est pas un Beau physique
Mais métaphysique
Qu 'il nous faut reproduire
Par des joutes sensuelles
Pour tendre vers l 'immortalité.

Fécondez-moi donc et en honorant la courtisane,
La Métèque, qui vibre sous chacun de vos masques
J 'honore l 'Amour à travers vous,
Mes Etrangères,
Peu importe si mon amour est socratique,
Aristotélicien, platonique ou épicurien
Pour peu que j 'accouche de mes pensées lubriques.
Et si je meurs en couches
Qu'on me célèbre à travers tous vos panthéons
Comme le plus valeureux des guerriers !
C'est une laide de Boucher
Sans poudre dans sa chevelure
Follement blonde et d'une allure
Vénuste à tous nous débaucher.

Mais je la crois mienne entre tous,
Cette crinière tant baisée,
Cette cascatelle embrasée
Qui m'allume par tous les bouts.

Elle est à moi bien plus encor
Comme une flamboyante enceinte
Aux entours de la porte sainte,
L'alme, la dive toison d'or !

Et qui pourrait dire ce corps
Sinon moi, son chantre et son prêtre,
Et son esclave humble et son maître
Qui s'en damnerait sans remords,

Son cher corps rare, harmonieux,
Suave, blanc comme une rose
Blanche, blanc de lait pur, et rose
Comme un lys sous de pourpres cieux ?

Cuisses belles, seins redressants,
Le dos, les reins, le ventre, fête
Pour les yeux et les mains en quête
Et pour la bouche et tous les sens ?

Mignonne, allons voir si ton lit
A toujours sous le rideau rouge
L'oreiller sorcier qui tant bouge
Et les draps fous. Ô vers ton lit !
Victor Hugo  Jun 2017
Amour
Amour ! « Loi, » dit Jésus. « Mystère, » dit Platon.
Sait-on quel fil nous lie au firmament ? Sait-on
Ce que les mains de Dieu dans l'immensité sèment ?
Est-on maître d'aimer ? pourquoi deux êtres s'aiment,
Demande à l'eau qui court, demande à l'air qui fuit,
Au moucheron qui vole à la flamme la nuit,
Au rayon d'or qui veut baiser la grappe mûre !
Demande à ce qui chante, appelle, attend, murmure !
Demande aux nids profonds qu'avril met en émoi
Le cœur éperdu crie : « Est-ce que je sais, moi ?
Cette femme a passé : je suis fou. C'est l'histoire.
Ses cheveux étaient blonds, sa prunelle était noire ;
En plein midi, joyeuse, une fleur au corset,
Illumination du jour, elle passait ;
Elle allait, la charmante, et riait, la superbe ;
Ses petits pieds semblaient chuchoter avec l'herbe ;
Un oiseau bleu volait dans l'air, et me parla ;
Et comment voulez-vous que j'échappe à cela ?
Est-ce que je sais, moi ? c'était au temps des roses ;
Les arbres se disaient tout bas de douces choses ;
Les ruisseaux l'ont voulu, les fleurs l'ont comploté.
J'aime ! » Ô Bodin, Vouglans, Delancre ! prévôté,
Bailliage, châtelet, grand'chambre, saint-office,
Demandez le secret de ce doux maléfice
Aux vents, au frais printemps chassant l'hiver hagard,
Au philtre qu'un regard boit dans l'autre regard,
Au sourire qui rêve, à la voix qui caresse,
À ce magicien, à cette charmeresse !
Demandez aux sentiers traîtres qui, dans les bois,
Vous font recommencer les mêmes pas cent fois,
À la branche de mai, cette Armide qui guette,
Et fait tourner sur nous en cercle sa baguette !
Demandez à la vie, à la nature, aux cieux,
Au vague enchantement des champs mystérieux !
Exorcisez le pré tentateur, l'antre, l'orme !
Faite, Cujas au poing, un bon procès en forme
Aux sources dont le cœur écoute les sanglots,
Au soupir éternel des forêts et des flots.
Dressez procès-verbal contre les pâquerettes
Qui laissent les bourdons froisser leurs collerettes ;
Instrumentez ; tonnez. Prouvez que deux amants
Livraient leur âme aux fleurs, aux bois, aux lacs dormants,
Et qu'ils ont fait un pacte avec la lune sombre,
Avec l'illusion, l'espérance aux yeux d'ombre,
Et l'extase chantant des hymnes inconnus,
Et qu'ils allaient tous deux, dès que brillait Vénus,
Sur l'herbe que la brise agite par bouffées,
Danser au bleu sabbat de ces nocturnes fées,
Éperdus, possédés d'un adorable ennui,
Elle n'étant plus elle et lui n'étant plus lui !
Quoi ! nous sommes encore aux temps où la Tournelle,
Déclarant la magie impie et criminelle,
Lui dressait un bûcher par arrêt de la cour,
Et le dernier sorcier qu'on brûle, c'est l'Amour !

Juillet 1843.
Six ans étaient écoulés, et la septième année
Etait presque entière en ses pas retournée,
Quand **** d'affection, de désir et d'amour,
En pure liberté je passais tout le jour,
Et franc de tout souci qui les âmes dévore,
Je dormais dès le soir jusqu'au point de l'Aurore ;
Car seul maître de moi, j'allais, plein de loisir,
Où le pied me portait, conduit de mon désir,
Ayant toujours les mains pour me servir de guide
Aristote ou Platon, ou le docte Euripide,
Mes bons hôtes muets qui ne fâchent jamais ;
Ainsi que je les prends, ainsi je les remets ;
Ô douce compagnie et utile et honnête !
Un autre en caquetant m'étourdirait la tête.

Puis, du livre ennuyé, je regardais les fleurs,
Feuilles, tiges, rameaux, espèces et couleurs,
Et l'entrecoupement de leurs formes diverses,
Peintes de cent façons, jaunes, rouges et perses,
Ne me pouvant saouler, ainsi qu'en un tableau,
D'admirer la Nature, et ce qu'elle a de beau ;
Et de dire, en parlant aux fleurettes écloses :
« Celui est presque Dieu qui connaît toutes choses. »
Eloigné du vulgaire, et **** des courtisans,
De fraude et de malice impudents artisans,
Tantôt j'errais seul par les forets sauvages,
Sur les bords enjonchés des peints rivages,
Tantôt par les rochers reculés et déserts,
Tantôt par les taillis, verte maison des cerfs.

J'aimais le cours suivi d'une longue rivière,
Et voir onde sur onde allonger sa carrière,
Et flot à l'autre flot en roulant s'attacher ;
Et, pendu sur le bord, me plaisait d'y pêcher,
Etant plus réjoui d'une chasse muette
Troubler des écailles la demeure secrète,
Tirer avec la ligne, en tremblant emporté,
Le crédule poisson pris à l'hameçon amorcé,
Qu'un grand Prince n'est aise ayant pris à la chasse
Un cerf, qu'en haletant tout un jour il pourchasse,
Heureux, si vous eussiez, d'un mutuel émoi,
Pris l'appât amoureux aussi bien comme moi,
Que tout seul j'avalais, quand par trop désireux
Mon âme en vos yeux bu le poison amoureux.

Puis alors que Vesper vient embrunir nos yeux,
Attaché dans le Ciel je contemple les Cieux,
En qui Dieu nous écrit en notes non obscures
Les sorts et les destins de toutes créatures.
Car lui, en dédaignant (comme font les humains)
D'avoir encre et papier et plume entre les mains,
Par les astres du Ciel, qui sont ses caractères,
Les choses nous prédit et bonnes et contraires ;
Mais les hommes, chargez de terre et du trépas,
Méprisent tels écrits, et ne le lisent pas.

Or, le plus de mon bien pour décevoir ma peine,
C'est de boire à longs traits les eaux de la fontaine
Qui de votre beau nom se brave, et, en courant
Par les prés, vos honneurs va toujours murmurant,
Et la Reine se dit des eaux de la contrée ;
Tant vaut le gentil soin d'une Muse sacrée,
Qui peut vaincre la Mort et les sorts inconstants,
Sinon pour tout jamais, au moins pour un longtemps.

Là, couché dessus l'herbe, en mes discours je pense
Que pour aimer beaucoup, j'ai peu de récompense,
Et que mettre son cœur aux Dames si avant,
C'est vouloir peindre en l'onde et arrêter le vent ;
M'assurant toutefois, qu'alors que le vieil âge
Aura comme un sorcier changé votre visage,
Et lorsque vos cheveux deviendront argentés,
Et que vos yeux, d'Amour, ne seront plus hantés,
Que toujours vous aurez, si quelque soin vous touche,
En l'esprit mes écrits, mon nom en votre bouche.

Maintenant que voici l'an septième venir,
Ne pensez plus, Hélène, en vos lacs me tenir ;
La raison m'en délivre et votre rigueur dure ;
Puis, il faut que mon âge obéisse à nature.
Victor Hugo  Jun 2017
Lettre (I)
La Champagne est fort laide où je suis ; mais qu'importe,
J'ai de l'air, un peu d'herbe, une vigne à ma porte ;
D'ailleurs, je ne suis pas ici pour bien longtemps.
N'ayant pas mes petits près de moi, je prétends
Avoir droit à la fuite, et j'y songe à toute heure.
Et tous les jours je veux partir, et je demeure.
L'homme est ainsi. Parfois tout s'efface à mes yeux
Sous la mauvaise humeur du nuage ennuyeux ;
Il pleut ; triste pays. Moins de blé que d'ivraie.
Bientôt j'irai chercher la solitude vraie,
Où sont les fiers écueils, sombres, jamais vaincus,
La mer. En attendant, comme Horace à Fuscus,
Je t'envoie, ami cher, les paroles civiles
Que doit l'hôte des champs à l'habitant des villes ;
Tu songes au milieu des tumultes hagards ;
Et je salue avec toutes sortes d'égards,
Moi qui vois les fourmis, toi qui vois les pygmées.

Parce que vous avez la forge aux renommées,
Aux vacarmes, aux faits tapageurs et soudains,
Ne croyez pas qu'à Bray-sur-Marne, ô citadins,
On soit des paysans au point d'être des brutes ;
Non, on danse, on se cherche au bois, on fait des chutes ;
On s'aime ; on est toujours Estelle et Némorin ;
Simone et Gros Thomas sautent au tambourin ;
Et les grands vieux parents grondent quand le dimanche
Les filles vont tirer les garçons par la manche ;
Le presbytère est là qui garde le troupeau ;
Parfois j'entre à l'église et j'ôte mon chapeau
Quand monsieur le curé foudroie en pleine chaire
L'idylle d'un bouvier avec une vachère.
Mais je suis indulgent plus que lui le ciel bleu,
Diable ! et le doux. printemps, tout cela trouble un peu ;
Et les petits oiseaux, quel détestable exemple !
Le jeune mois de mai, c'est toujours le vieux temple
Où, doucement raillés par les merles siffleurs,
Les gens qui s'aiment vont s'adorer dans les fleurs ;
Jadis c'était Phyllis, aujourd'hui c'est Javotte,
Mais c'est toujours la femme au mois de mai dévote.
Moi, je suis spectateur, et je pardonne ; ayant
L'âme très débonnaire et l'air très effrayant ;
Car j'inquiète fort le village. On me nomme
Le sorcier; on m'évite ; ils disent : C'est un homme
Qu'on entend parler haut dans sa chambre, le soir.
Or on ne parle seul qu'avec quelqu'un de noir.
C'est pourquoi je fais peur. La maison que j'habite,
Grotte dont j'ai fait. choix pour être cénobite,
C'est l'auberge ; on y boit dans la salle d'en bas ;
Les filles du pays viennent, ôtent leurs bas,
Et salissent leurs pieds dans la mare voisine.
La soupe aux choux, c'est là toute notre cuisine ;
Un lit et quatre murs, c'est là tout mon logis.
Je vis ; les champs le soir sont largement rougis ;
L'espace est, le matin, confusément sonore ;
L'angélus se répand dans le ciel dès l'aurore,
Et j'ai le bercement des cloches en dormant.
Poésie : un roulier avec un jurement ;
Des poules becquetant un vieux mur en décombre ;
De lointains aboiements dialoguant dans l'ombre ;
Parfois un vol d'oiseaux sauvages émigrant.
C'est petit, car c'est laid, et le beau seul est grand.
Cette campagne où l'aube à regret semble naître,
M'offre à perte de, vue au **** sous ma fenêtre
Rien, la route, un sol âpre, usé, morne, inclément.
Quelques arbres sont là ; j'écoute vaguement
Les conversations du vent avec les branches ;
La plaine brune alterne avec les plaines blanches ;
Pas un coteau, des prés maigres, peu de gazon ;
Et j'ai pour tout plaisir de voir à l'horizon
Un groupe de toits bas d'où sort une fumée,
Le paysage étant plat comme Mérimée.

— The End —