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Paul d'Aubin Nov 2013
Les être, le cosmos, la terre et le vin
(Dédié à l’incomparable génie Charles Baudelaire)

Les ceps murissent longuement sous l’énigmatique lueur des cieux,
irisés par les ondes astrales du Cosmos et ses grands vents de feu.  
Des gelées de janvier aux averses d’avril, le vigneron soigne ses vignes.  
qui souffrent des fournaises de l’été jusqu’à la bouilloire dorée de l’automne.
Le vin est d’abord fruit des astres et des cieux, mais aussi de la patience et de l’art du vigneron.

Il y a une magie du vin qui vient sceller les noces mystiques de l’azur, de la terre, du cosmos et des graves.
Il existe dans le vin comme une consécration des noces d’or de la terre, des pierres et de l’azur,
Qui lui donne son caractère âpre ou velouté, son goût inimitable, sa vraie signature, son héraldique.
Un palais exercé saura toujours en déceler l’empreinte pour y trouver sa genèse et gouter ses merveilles.
Mais c’est le vigneron qui consacre ces noces avec son savoir, son doigté, sa manière d’opérer le grand œuvre des vendanges.


Le choix de la date des vendanges dépend de l’intuition humaine et correspond au sacre de l’automne.
Au moment où les grappes pèsent et ou les raisins sont gonflés comme de lourds pendentifs,
alors que les raisins mûrs sont prêts à sortir de leur enveloppe dorée pour se transformer en élixir.
Le vigneron prend la décision sacrale de celle dont dépend la qualité du vin à naître.
Et les vendanges vont se mener dans une atmosphère d’excitation et de sentiment de franchissement du danger.

Désormais le vin sorti du pressoir va murir dans des barriques de chêne
Le bois peut apporter sa chauffe méthodique afin que se mêlent au jus   des arômes de bois et de forêts,
C’est sûr, cette année, les forces de la nature et de l’Homme nous préparent un grand vin.
Aussi quel honneur et quel rite magique que d’en boire les premières gorgées dans des coupes d’argent ou des verres de cristal,
avant même que le vin ne soit fait et tiré pour en détecter les grands traits et les failles.

Enfin, vient le moment de boire, comme une élévation des cœurs et des esprits.
L’on ne boit bien qu’en groupe, qu’avec de vrais amis, sa chérie ou des belles.
Boire c’est d’abord humer et découvrir par le nez les secrets d’un terroir et des pampres,
puis humecter ses lèvres afin de s’imprégner des sucs et des saveurs,  
et puis boire surtout, c’est œuvre de finesse, d’expression de l’Esprit et de bonne humeur; qu’il y ait de l’ivresse, fort bien, mais jamais d’ivrognerie

Paul Arrighi ; Toulouse(France), le 3 novembre 2013
Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière, sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
A l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
A se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son oeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots !
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment !

A sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
- Huit ans - la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons ;
- Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
- Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor !

Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
- Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, - seul, et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile !
Je lape les laves vertes et jaunes de ma flamme jumelle
Comme si ce n'était qu'élixir végétal de chartreuse
Je bois, je me désaltère
Je me sers, je me ressers
Je répète le cocktail sans fin
Pure, on the rocks,
Deux doses de verte, une dose de jaune
Et vice versa
Histoire de bien sentir en bouche
Les cent trente saveurs sacrées
De cette liqueur en transe
Qui dévale du volcan réveillé qui dégorge.
Ma langue plonge et pêche en apnée
Dans les profondeurs de la roche mère
Des cris muets en fusion qui giclent en poissons étincelants
Comme des fumerolles des cratères.
J 'étanche, moine liquoriste,
Autant que faire se peut,
La soif perpétuelle
De cet élixir de vie
Qu 'une fois lapé
J 'avale et engloutis
Malgré la canicule
Malgré mes voeux d'abstinence
Malgré moi.
Paul d'Aubin Feb 2014
Les nèfles de Kabylie

Il est des souvenirs d’enfance qui dominent longtemps l’esprit et ont des goûts de saveurs douces telles les madeleines de Proust.
Pour moi qui suis né à Bougie Ce sont les nèfles de Kabylie.
C’était en mai soit en juin que ces fruits blonds arrivaient sur la table de formica dans des couffins tressés de paille,
comme le signe d’un printemps qui bientôt deviendrait fournaise mais vibrionnant de Soleil.
Il fallait enlever la peau et en séparer les noyaux qui me faisaient penser à des billes Mais leur chair était succulente avec des zestes de vanille. et de bonbons acidulés.

J’avais huit ans, c’était la guerre !

Mais quand les nèfles arrivaient, j’oubliais les soucis des «grands» pour goûter à la chair des nèfles, jouer aux billes avec leurs noyaux.
C’est ainsi que parmi les drames, le regard de l’enfance est lointain.
Car la mort leur reste chimère. bien moins réelle que les jeux et les fruits dorés, bref privilège de l’enfance.

Paul d’Aubin (Paul Arrighi)
Toulouse- février 2014.
Paul d'Aubin Jul 2016
La plage de la tour Génoise
de Sagone en Corse.

Sur le mol étendu
De la crique aux rochers
Ou le sable nous offre
Un couchage argenté
Et d'où le clapotis
Des vagues qui se meurent
Offre un balancement
Si propice à la sieste
Nous ne nous lassons pas
De regarder la mer
Qui se montre si douce
Mais peut, être, féroce
Mais nous n'y songeons pas
Occupés à laisser
La torpeur nous saisir.
Mais le meilleur moment
Est quand le soleil
S'étire, paressant
Sur l'horizon, comme
Une orange mure.
Un zeste de fraîcheur
Vient nous revigorer
Et un léger zéphyr
Aiguise notre incessant
Besoin de nous bouger
Alors que nous étions précédemment apaisés.
Une salinité un peu plus épicée
Fait songer aux poissons,
Peut être que ce soir ?
Là-bas sous les « paillotes »
et d’autres «brises de mer»
où des cuisiniers s'affairent
Pour nous donner envie
De découvrir quelques saveurs
Et ces vins blancs si frais
Qui font claquer la langue
Et vont si bien avec des poissons grillés,
Ce soir, aucune restriction
Ni régime fâcheux,
Laissons l'austérité
A ses propagandistes intéressés
Et vivons selon ce moment
Ou vivre est une fête.
A Sagone, ce soir,
Comme si cette fête
Ne devait pas finir.

Paul Arrighi
Paul d'Aubin Jul 2016
A la terrasse du café «Le Matin» aux Carmes

(Dédié à Abder, Jean-Pierre et Toinou)

Le soleil était brûlant
Et la chaleur comme du plomb
Pas possible de rester à l'intérieur,
Dans l'étuve, alors je sorti
Me protéger sous un parasol,
ou ce qui en tenait lieu
Tenant le verre
De «coca-glaçons» a la main.
Les parasols tamisaient mal
L'ardeur du soleil.
Mais un Zéphyr nous donnait
un souffle de fraîcheur,
Si bienfaisante,
Que je commençais
A me sentir bien et être
moins oppressé par le rythme fou
la fureur et les violences
du Monde et à me réconcilier
avec cette myriade de visages
Si variés de l'humanité
parcourant, rapides et pressés
allez savoir pourquo ?  En ce
Dix-huit juillet,  la «rue des Filatiers».
Les demoiselles, courts vêtues.
Étaient ravissantes, en cet été,
Ou ne manquaient que les faunes,
décidés à les  séduire,
Et parfois, un éclair de chair
Entrevue, virevoltant, comme
un poisson volant.
Venait troubler mon calme
En aiguiser des désirs enfouis.
Je vis passer l'ami d'Abder
Étrangement pressé; je le hélais
Il me dit aller prendre son café Italien,
Et être enfin en vacances,
L'après-midi s'annonçait
Délicieuse et je commençais
A congédier tout stress
Et toute entrave à la délicieuse
Sensation de se sentir vivre,
Je me pris a songer aux lézards
Des rochers de notre Corse
Et aux chants des oiseaux.
Le temps, s'était comme arrêté
et l’ une horloge s’était cassée
Seul, s'imposait, à moi
L'impératif et le goût de vivre
Mais aussi de ressentir intensément,
cette sensation aiguë et finalement trop rare,
De se sentir vivre, partie prenante
Du rythme de la rue et de des flâneurs.
Je songeais à Jean-Sol Partre
A ces philosophies de l'existence
Qui sont, le Maître l’a dit: «un Humanisme»
Et à ce quartier des Carmes,
Enchanteur et fébrile,
que j'ai toujours aimé
pour sa variété de lumières
d'accents et de saveurs.
J'ai voulu durant de longs instants
pouvoir figer ce moment
Et à ce que les visages de la vie
restent si charmeurs et variés
J'avais face à moi ce bouquet de vie
s'écoulant à ce coin de rues
Devant le café «Le Matin»
Faisant assurément partie.
De mes bars préférés à Toulouse
Car l'on y voit passer
Tant d'inconnus et de figures amies.

Paul Arrighi
Ma douce main de maîtresse et d'amant

Passe et rit sur ta chère chair en fête,

Rit et jouit de ton jouissement.

Pour la servir tu sais bien qu'elle est faite,

Et ton beau corps faut que je le dévête

Pour l'enivrer sans fin d'un art nouveau

Toujours dans la caresse toujours prête.

Je suis pareil à la grande Sappho.


Laisse ma tête errant et s'abîmant

À l'aventure, un peu farouche, en quête

D'ombre et d'odeur et d'un travail charmant

Vers les saveurs de ta gloire secrète.

Laisse rôder l'âme de ton poète

Partout par là, champ ou bois, mont ou vau,

Comme tu veux et si je le souhaite.

Je suis pareil à la grande Sappho.


Je presse alors tout ton corps goulûment,

Toute ta chair contre mon corps d'athlète

Qui se bande et s'amollit par moment,

Heureux du triomphe et de la défaite

En ce conflit du cœur et de la tête.

Pour la stérile étreinte où le cerveau

Vient faire enfin la nature complète

Je suis pareil à la grande Sappho.


Envoi


Prince ou princesse, honnête ou malhonnête,

Qui qu'en grogne et quel que soit son niveau,

Trop su poète ou divin proxénète,

Je suis pareil à la grande Sappho.
cindy Jun 2020
Je me surprenais à songer aux saveurs de l'âme
Chaque moment où j'avais le corps endolori
Je me soumettais aux tentations les plus profondes, ces flammes
C'est dans la combustion que j'ai pu savourer la vie

Je me souvenais des oublis volontaires de mes récits
Chaque peine est l'origine d'une poésie
J'évite la littérature de mes inquiétudes
C'est dans l'oubli que j'ai conforté ma solitude
Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond ;

Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,

Je me dis : Qu'elle est belle ! et bizarrement fraîche !
Le souvenir massif, royale et lourde tour,
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche,
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.

Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines ?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs ?

Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques
Qui ne recèlent point de secrets précieux ;
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,
Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux !

Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,
Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité ?
Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ?
Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté.
Je veux en vider un grand litre.
C'est très chic le cidre, et d'abord
C'est le tien ! je l'aime à ce titre.
Il est clair, derrière sa vitre,
Comme une aube des Ciels du Nord.

C'était le cidre de Corneille,
Ne pas confondre avec le Cid :
Le premier sort de la bouteille,
L'autre, le casque sur l'oreille,
Doit venir de Valladolid.

C'était le cidre de Guillaume,
Duc des Normands pleins de valeur,
Qui fit, sur leur nouveau royaume,
Flotter les plumes de son heaume,
Plus doux que les pommiers en fleur !

Ah ! vos pommiers criblés de pommes,
Savez-vous qu'ils ne sont pas laids !
Il me semble que nous y sommes,
Non **** des flots, où sont les hommes,
Près du sable, où sont les mollets.

Et les pommes donc ! qui n'adore
Leurs jolis rouges triomphants !
Qu'elles soient deux ou plus encore ;
Sans les pommes que l'on dévore,
Personne ne ferait d'enfants.

L'humanité serait peu flère ;
Vos cœurs, Femmes, seraient glacés.
Sans les pommes... qu'avait ton père,
Sans celles qu'adorait ma mère
Oh !... plutôt trop, que pas assez.

Ah ! bienheureuses sont les branches,
Qui cachent, dans leur *** fouillis,
Le cidre d'Harfleur ou d'Avranches,
Que l'on boit gaiement, les dimanches,
Aux cabarets de ton pays !

Et bienheureux sont ceux qui portent
Ces fruits dans toutes leurs saveurs ;
Que jamais, jamais ils n'avortent,
Puisque aussi bien c'est d'eux que sortent
Les Buveuses et les Buveurs !
Sonnet.


Nature, accomplis-tu tes œuvres au hasard,
Sans raisonnable loi ni prévoyant génie ?
Ou bien m'as-tu donné par cruelle ironie
Des lèvres et des mains, l'ouïe et le regard ?

Il est tant de saveurs dont je n'ai point ma part,
Tant de fruits à cueillir que le sort me dénie !
Il voyage vers moi tant de flots d'harmonie,
Tant de rayons qui tous m'arriveront trop **** !

Et si je meurs sans voir mon idole inconnue,
Si sa lointaine voix ne m'est point parvenue,
À quoi m'auront servi mon oreille et mes yeux ?

À quoi m'aura servi ma main hors de la sienne ?
Mes lèvres et mon cœur, sans qu'elle m'appartienne ?
Pourquoi vivre à demi quand le néant vaut mieux ?
Au pays de mon père on voit des bois sans nombre,

Là des loups font parfois luire leurs yeux dans l'ombre

Et la myrtile est noire au pied du chêne vert.

Noire de profondeur, sur l'étang découvert,

Sous la bise soufflant balsamiquement dure

L'eau saute à petits flots, minéralement pure.

Les villages de pierre ardoisière aux toits bleus

Ont leur pacage et leur labourage autour d'eux.

Du bétail non pareil s'y fait des chairs friandes,

Sauvagement un peu parmi les hautes viandes ;

Et l'habitant, grâce à la Foi sauve, est heureux.

Au pays de ma mère est un sol plantureux

Où l'homme, doux et fort, vit prince de la plaine

De patients travaux pour quelles moissons pleine,

Avec, rares, des bouquets d'arbres et de l'eau.

L'industrie a sali par places ce tableau

De paix patriarcale et de campagne dense

Et compromis jusqu'à des points cette abondance,

Mais l'ensemble est resté, somme toute, très bien.

Le peuple est froid et chaud, non sans un fond chrétien.

Belle, très au dessus de toute la contrée,

Se dresse éperdument la tour démesurée

D'un gothique beffroi sur le ciel balancé

Attestant les devoirs et les droits du passé,

Et tout en haut de lui le grand lion de Flandre

Hurle en cris d'or dans l'air moderne : « Osez les prendre ! »


Le pays de mon rêve est un site charmant

Qui tient des deux aspects décrits précédemment :

Quelque âpreté se mêle aux saveurs géorgiques.

L'amour et le loisir même sont énergiques,

Calmes, équilibrés sur l'ordre et le devoir.

La vierge en général s'abstient du nonchaloir

Dangereux aux vertus, et l'amant qui la presse

A coutume avant tout d'éviter la paresse

Où le vice puisa ses larmes en tout temps,

Si bien qu'en mon pays tous les cœurs sont contents,

Sont, ou plutôt étaient.

Au cœur ou dans la tête,

La tempête est venue. Est-ce bien la tempête ?

Et tous cas, il y eut de la grêle et du feu,

Et la misère, et comme un abandon de Dieu.

La mortalité fut sur les mères taries

Des troupeaux rebutés par l'herbe des prairies

Et les jeunes sont morts après avoir langui

D'un sort qu'on croyait parti d'où, jeté par qui ?

Dans les champs ravagés la terre diluée

Comme une pire mer flotte en une buée.

Des arbres détrempés les oiseaux sont partis,

Laissant leurs nids et des squelettes de petits.

D'amours de fiancés, d'union des ménages

Il n'est plus question dans mes tristes parages.

Mais la croix des clochers doucement toujours luit,

Dans les cages plus d'une cloche encor bruit,

Et, béni signal d'espérance et de refuge,

L'arc-en-ciel apparaît comme après le déluge.
J'ai Goûté Ta Myrtille,
Ta juteuse brindille
Bleue violacée et sauvage.
J'ai Goûté ta baie obscure
À la peau entre cire et argile.
Je l'ai longuement goûtée.
Elle me toisait, effrontée
Et je me suis imprégnée
Malgré moi dans la lecture avide
De son poivre et de sa solitude.
C'était comme un sirop d'ermite
Qui egrenait en moi
Ses grains de chapelet
Et j'explorais tes saveurs
Et je te dégustais en confiture
Car tu es digestive
En tisane
Car tu es antihémorragique
En eau de vie
Car tu es astringente
En vin
Car tu es antiseptique
En liqueur
Car tu es antiputride
En beignets, en clafoutis, en muffin
Car tu es diurétique
Je me faufilais entre ton sacré et ton profane
Tandis que tu t'insinuais dans ma chair
Et que ta sauce philosophale Parfumait délicatement le gibier poétique
Qui te poursuivait
Dans l'arrière-train
Qui te menait vers notre nuit bengali.
NGANGO HONORÉ Nov 2021
Imaginez un prédateur qui peut se camoufler en l'aliment préféré de sa proie.
Drôle et Cruelle
Un lion aura pour crinière la verdure.
Un Tamanoir une langue de miel
Un chat pour moustache le fromage.
Un crocodile pour croc le blé

C'est en effet ça la vie.
Avec son expérience de l'existence humaine
Elle a eu le temps de façonner ses pièges en des désirs humains.
Elle se transforme en un piège à rats pour les désireux paresseux.

La Bible dans sa Sagesse est claire dessus.
Nous avons deux portes au choix.

1) Large est la porte spacieuse, le chemin qui mène a la ruine et beaucoup la prennent.
Faut-il alors dire que les paresseux courent nos rues ??


En fait, qui n'aimerait pas un jardin aux saveurs d'Eden ?
Aux fruits Tropicaux, à volonté ?

Où serait un parc d'attraction à perte de vue qui vous ferait saliver ?
Ou encore une aventure EPIC dans vos fantasmes d'enfance ?

Cette porte vous offre toutes les merveilles,
Et renferme cependant un secret. 
Le jardin est placé dans une mâchoire de loup.
Une vue aérienne nous indiquerait :
Une cage aux monstres,
Une foire aux sorcières,
L'homme n'y a rien à faire là.
Mais il y est attiré.
C'est alors que tous pensent à la porte qu'ils ont laissée derrière.


2) Elle étroite la porte, resserrée  le chemin qui mènent a vie.
Matthieu 7v: 13 - 14 ;
J'ai parlé de 2 portes . Qui pensent qu la vie en à plus de 2 ?
Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière, sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
A l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
A se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son oeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots !
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment !

A sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
- Huit ans - la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons ;
- Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
- Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor !

Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
- Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, - seul, et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile !

— The End —