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Mon cœur me l'avait dit : toute âme est sœur d'une âme ;
Dieu les créa par couple et les fit homme ou femme ;
Le monde peut en vain un temps les séparer,
Leur destin tôt ou **** est de se rencontrer ;
Et quand ces sœurs du ciel ici-bas se rencontrent,
D'invincibles instincts l'une à l'autre les montrent ;
Chaque âme de sa force attire sa moitié,
Cette rencontre, c'est l'amour ou l'amitié,
Seule et même union qu'un mot différent nomme,
Selon l'être et le sexe en qui Dieu la consomme,
Mais qui n'est que l'éclair qui révèle à chacun
L'être qui le complète, et de deux n'en fait qu'un.

Quand il a lui, le feu du ciel est moins rapide,
L'œil ne cherche plus rien, l'âme n'a plus de vide,
Par l'infaillible instinct le cœur soudain frappé,
Ne craint pas de retour, ni de s'être trompé,
On est plein d'un attrait qu'on n'a pas senti naître,
Avant de se parler on croit se reconnaître,
Pour tous les jours passés on n'a plus un regard,
On regrette, on gémit de s'être vu trop ****,
On est d'accord sur tout avant de se répondre,
L'âme de plus en plus aspire à se confondre ;
C'est le rayon du Ciel, par l'eau répercuté,
Qui remonte au rayon pour doubler sa clarté ;
C'est le son qui revient de l'écho qui répète,
Seconde et même voix, à la voix qui le jette ;
C'est l'ombre qu'avec nous le soleil voit marcher,
Sœur du corps, qu'à nos pas on ne peut arracher.

De la Grotte, 16 septembre 1793.
cindy Nov 2017
20th September 2016

C'était l'odeur de l'eau de cologne, du tabac, de l'air pollué qui m'enivraient
C'était le ciel en pleine nuit et nos doigts entremêlés qui m'évadaient
Il est étrange l'univers où deux âmes solitaires
Se rencontrent, non pas pour le plaisir de la chair
Où même les grands silences deviennent succulents
Puisqu'ils sont comblés par les tendres mouvements
De ses lèvres contre les miennes
De ma langue sur la sienne
Où seuls comptent les minutes qu'il nous reste
Alors que l'on fixe le noir infini et céleste
En espérant avoir le droit privilégié d'une pause
Juste un simple arrêt bref dans le temps pour que je puisse écrire notre histoire en prose
Les grands appartements qu'elle habite l'hiver
Sont tièdes. Aux plafonds, légers comme l'éther,
Planent d'amoureuses peintures.

Nul bruit ; partout les voix, les pas sont assoupis
Par la laine opulente et molle des tapis
Et l'ample velours des tentures.

Aux fenêtres, dehors, la grêle a beau sévir,
Sous ses balles de glace à peine on sent frémir
L'épais vitrail qui les renvoie ;

Et la neige et le givre aux glaciales fleurs
Restent voilés aux yeux sous les chaudes couleurs
De longs rideaux brochés de soie.

Là, dans de vieux tableaux, le ciel vénitien
Prête au soleil de France un effluve du sien ;
Et sur la haute cheminée,

Dans des vases ravis en Grèce à des autels,
Des lis renouvelés qu'on dirait immortels
Ne font qu'un printemps de l'année.

Sa chambre est toute bleue et suave ; on y sent
Le vestige embaumé de quelque œillet absent
Dont l'air a gardé la mémoire ;

Ses genoux, pour prier, posent sur du satin,
Et ses aïeux tenaient d'un maître florentin
Son crucifix de vieil ivoire.

Elle peut, lasse enfin des salons somptueux,
Goûter de son boudoir le jour voluptueux
Où sommeille un vague mystère ;

Et là ses yeux levés rencontrent un Watteau
Où de sveltes amants, un pied sur le bateau,
Vont appareiller pour Cythère.

L'hiver passe, elle émigre en sa villa d'été.
Elle y trouve le ciel, l'immense aménité
Des monts, des vallons et des plaines ;

Depuis les dahlias qui bordent la maison
Jusques au dernier flot des blés à l'horizon,
Elle ne voit que ses domaines.

Puis c'est la promenade en barque sur les lacs,
La sieste à l'ombre au fond des paresseux hamacs,
La course aux prés en jupes blanches,

Et le roulement doux des calèches au bois,
Et le galop, voilette au front, badine aux doigts,
Sous le mobile arceau des branches ;

Et, par les midis lourds, les délices du bain :
Deux jets purs inondant la vasque dont sa main
Tourne à son gré les cols de cygnes,

Et le charme du frais, suave abattement
Où, rêveuse, elle voit sous l'eau, presque en dormant,
De son beau corps trembler les lignes.

Ainsi coulent ses jours, pareils aux jours heureux ;
Mais un secret fardeau s'appesantit sur eux,
Ils ne sont pas dignes d'envie.

On lit dans son regard fiévreux ou somnolent,
Dans son rare sourire et dans son geste lent
Le dégoût amer de la vie.

Oh ! Quelle âme entendra sa pauvre âme crier ?
Quel sauveur magnanime et beau, quel chevalier
Doit survenir à l'improviste,

Et l'enlever en croupe, et l'emporter là-bas,
Sous un chaume enfoui dans l'herbe et les lilas,
****, bien **** de ce luxe triste ?

Personne. Elle dédaigne un criminel espoir,
Et se plaît à languir, en proie à son devoir.
Morte sous ses parures neuves,

Elle n'a pas d'amour, l'honneur le lui défend ;
Misérablement riche, elle n'a pas d'enfant ;
Elle est plus seule que les veuves.
C'était la plus belle soirée de ma vie
J'aimerais m'en rappeler comme si c'était hier
C'était la plus horrible journée de ma vie
J'aimerais oublier comme si ce n'était hier:

Je suis dans une gare, le train n'arrive pas
Je me soumet la question, ce que j'aimerais m’éviter
J'attend ma belle et elle n'arrive pas
Je perds le temps que j’essaie de gagner

Je parle aux voyageurs antipathiques
Pour tuer le temps perdu
Coincé dans ce gâchis esthétique.
Avant que le temps ne me tue
Je quitte ce café pathétique,
Purgatoire pour excommuniés
Avant, je commande un autre verre, foutu tic,
Foutue expatriation, je veux t'oublier

Je me retrouve donc dans un carrefour sombre
Où se rencontrent les civilisations
Pas un arbre pour profiter de l’ombre
Il n’y a plus de lumière ni plus de son
On me noie
Au milieu d’une mer de gens qui n’ont pas vécus
Je suis assoiffé d’un ami
Au milieu du désert avec personne en vue
Dans ma propre ville je suis intru.
L’anonymat de l’exil,
On me connait bien à l’institut,
Je m’y reconnais dans chaque tuile,
Dans ses murs peints à l’huile
Je suis ici, et je suis là
Je m’imagine ailleurs mais c’est futile
Détachez-moi, je ne fuirais pas !

Je suis rescapé,
Je suis perdu !
Les heures m’ont échappées,
Le temps m’est perdu
Comment s’en sortir quand on est un débauché ?
Je suis mort, je suis pendu !
Comment repartir quand le train a déraillé ?
Quel guet-apen l’on m’a tendu !

On me somme de rentrer chez moi,
Le dernier train est passé, et je ne l’ai pas pris
Mes oeufs dans le même panier, et j’ai fais le mauvais choix
Je ne me reconnais plus, qu’est-ce qui m’as pris ?

J’essaie de me souvenir
Ce n’est certes pas la dernière fois
On m’a pris mes souvenirs
Comment me suis-je retrouvé là ?

Au retour d'une aventure (rêverie) que je regrette
Mes amis me dévisagent en traître
Je me défend en phrases toutes faites
Ah, si j’avais appris de mes ancêtres...

J’y retourne chaque matin,
Dans l’espoir de retrouver celui-ci (l’espoir)
Pas de libre arbitre pour un pantin
Chaque fois on m’affirme que je ne viens pas d’ici (chaque soir).

L’élégance d’une mort heureuse
Je ne pense plus au car de la malheureuse,
J’attend celui qui me portera **** de ces malheurs;
Jamais n'est-il à l’heure.
Je prendrai par la main les deux petits enfants ;
J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches ;
Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur
Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent
Que l'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent,
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain ;
Théocrite souvent dans le hallier divin
Crut entendre marcher doucement la ménade.
C'est là que je ferai ma lente promenade
Avec les deux marmots. J'entendrai tour à tour
Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour,
Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche
Que mènent les enfants, je réglerai ma marche
Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas,
Et sur la petitesse aimable de leurs pas.
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
Ô vaste apaisement des forêts ! ô murmures !
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer.
Si seulement une nuit, mon ombre
Vient respirer au creux de ta nuque, ma muse,
Le chemin que je forgerai sera parfumé
De mangue mûre et de coco à l'eau.

Je laisserai les nuages moutonneux,
Si tu le souhaites, aux portes de fer
Et je t'épicerai de l'ail et du miel de mon haleine.
Et quand tu auras bien mariné je creuserai encore
Si tu m'y autorises
Je mordillerai l'omoplate pour qu'elle frissonne elle aussi.
.

Nulle parcelle de ton corps ne sera épargnée.
Je me ferai multiple de dix !
Je te baignerai des pieds à la tête
De cette sève de feu,
De cette saumure pimentée.
Je veux seulement que tu me guides
A ton rythme insatiable
Comme si j'étais Décébale aveugle et sourd
Dans les moindres recoins de tes gorges.

Sans un mot !
Rien que par des bruissements subtils
De ton sang et de ton corps fluide
Dans ma bouche et sous mes doigts
Jusqu'à ce que nos a-causalités se rencontrent
Et fassent miel de leurs abysses épanouies !

Sans un cri !
Mais avec un sourire haut perché
Palpitant au plus haut des pitons
Au plus profond de nos entrailles !
Si seulement une nuit, mon ombre...

— The End —