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Pourtant, si tu m'aimais ! si cette raillerie

Avait jeté racine et germé sourdement ;

Si, moi qui me jouais, si tu m'avais, Marie,

De la bouche et du cœur appelé ton amant !


Si je t'avais trompée, et si j'avais su rendre

Si puissant et si doux mon sourire moqueur.

Que ton âme crédule ait pu se laisser prendre

Aux semblants d'un amour qui n'est point dans mon cœur,


Malheur à tous les deux ! Tôt ou **** l'imposture

Rapportera ses fruits d'angoisse et de douleur ;

Et toi, qui n'a rien fait, toi, pauvre créature,

Tu prendras comme moi ta moitié du malheur.


Et si j'avais dit vrai ; cependant, quand j'y songe...

Ô femme ! vois un peu ce que c'est que de nous !

Pour peu que cette voix, qui riait du mensonge.

Eût de torrents d'amour inondé tes genoux !


Comme un berceau d'enfant à la branche fleurie,

Si j'avais suspendu mon bonheur à tes pas,

Malheur, encor malheur ! car cette fois, Marie,

Hélas ! ce serait toi qui ne m'aimerais pas !


Était-ce donc ta loi, pitoyable nature.

De reculer toujours le but que j'entrevois,

Et de ne mettre au cœur de chaque créature

Qu'un désir sans espoir, et qu'un écho sans voix.


Ô malédiction ! était-ce ton envie

De n'accomplir jamais qu'une part du souhait,

Et le seul avenir est-il pour cette vie,

De haïr qui nous aime, ou d'aimer qui nous hait.
Audrey Apr 2014
Octobre venira, et il trouvera
Nous ensemble,
Perdue dans la brume blanche.
Je tiendra ta main
Nous nous reposerons dans les feuilles
Y aura partout.
Nous croiserons le soir, et
Je t'offrirai ma cœur et tu la prendras.
Nous tiendrons la lune d'Octobre et
Nous volerons part ****.


October will come, and he will find
Us together,
Lost in the white mist.
I will take your hand
We will lie in the leaves
That are everywhere.
We will walk in the evening, and
I will offer you my heart and you will take it.
We will hold onto the October moon and
We will fly far away.
Ces hommes passeront comme un ver sur le sable.
Qu'est-ce que tu ferais de leur sang méprisable ?
Le dégoût rend clément.
Retenons la colère âpre, ardente, électrique.
Peuple, si tu m'en crois, tu prendras une trique
Au jour du châtiment.

Ô de Soulouque-deux burlesque cantonade !
Ô ducs de Trou-Bonbon, marquis de Cassonade,
Souteneurs du larron,
Vous dont la poésie, ou sublime ou mordante,
Ne sait que faire, gueux, trop grotesques pour Dante,
Trop sanglants pour Scarron,

Ô jongleurs, noirs par l'âme et par la servitude,
Vous vous imaginez un lendemain trop rude,
Vous êtes trop tremblants,
Vous croyez qu'on en veut, dans l'exil où nous sommes,
À cette peau qui fait qu'on vous prend pour des hommes ;
Calmez-vous, nègres blancs !

Cambyse, j'en conviens, eût eu ce cœur de roche
De faire asseoir Troplong sur la peau de Baroche
Au bout d'un temps peu long,
Il eût crié : Cet autre est pire. Qu'on l'étrangle !
Et, j'en conviens encore, eût fait asseoir Delangle
Sur la peau de Troplong.

Cambyse était stupide et digne d'être auguste ;
Comme s'il suffisait pour qu'un être soit juste,
Sans vices, sans orgueil,
Pour qu'il ne soit pas traître à la loi, ni transfuge,
Que d'une peau de tigre ou d'une peau de juge
On lui fasse un fauteuil !

Toi, peuple, tu diras : - Ces hommes se ressemblent.
Voyons les mains. - Et tous trembleront comme tremblent
Les loups pris aux filets.
Bon. Les uns ont du sang, qu'au bagne on les écroue,
À la chaîne ! Mais ceux qui n'ont que de la boue,
Tu leur diras : - Valets !

La loi râlait, ayant en vain crié : main-forte !
Vous avez partagé les habits de la morte.
Par César achetés,
De tous nos droits livrés vous avez fait des ventes ;
Toutes ses trahisons ont trouvé pour servantes
Toutes vos lâchetés !

Allez, fuyez, vivez ! pourvu que, mauvais prêtre,
Mauvais juge, on vous voie en vos trous disparaître,
Rampant sur vos genoux,
Et qu'il ne reste rien, sous les cieux que Dieu dore,
Sous le splendide azur où se lève l'aurore,
Rien de pareil à vous !

Vivez, si vous pouvez ! l'opprobre est votre asile.
Vous aurez à jamais, toi, cardinal Basile,
Toi, sénateur Crispin,
De quoi boire et manger dans vos fuites lointaines,
Si le mépris se boit comme l'eau des fontaines,
Si la honte est du pain ! -

Peuple, alors nous prendrons au collet tous ces drôles,
Et tu les jetteras dehors par les épaules
À grands coups de bâton ;
Et dans le Luxembourg, blancs sous les branches d'arbre,
Vous nous approuverez de vos têtes de marbre,
Ô Lycurgue, ô Caton !

Citoyens ! le néant pour ces laquais se rouvre
Qu'importe, ô citoyens ! l'abjection les couvre
De son manteau de plomb.
Qu'importe que, le soir, un passant solitaire,
Voyant un récureur d'égouts sortir de terre,
Dise : Tiens ! c'est Troplong !

Qu'importe que Rouher sur le Pont-Neuf se carre,
Que Baroche et Delangle, en quittant leur simarre,
Prennent des tabliers,
Qu'ils s'offrent pour trois sous, oubliés quoique infâmes,
Et qu'ils aillent, après avoir sali leurs âmes,
Nettoyer vos souliers !

Jersey, le 23 novembre 1853.
Elle prend un miroir, s'y regarde, le jette avec horreur, souffle
Son flambeau, et tombe à genoux auprès de son lit.
Oh ! je suis monstrueuse et les autres sont belles !
Cette bosse ! ô mon Dieu !...

Elle cache son visage dans ses mains et laisse tomber sa tête sur le lit.
Elle s'endort.

UNE VOIX.

C'est là que sont tes ailes !
La chambre s'emplit d'une lumière vague. - Elle dort toujours.
Au fond une forme ailée apparaît dans un nimbe de rayons.

Écoute-moi : je suis ton fiancé des cieux.
Tu portes sur ton dos le sac mystérieux,
Tu portes sur ton dos l'oeuf divin de la tombe ;
Sous ce poids bienheureux ton corps chancelle et tombe,
Et le regard humain a cette infirmité
De voir dans ta splendeur une difformité.
Ta gloire dans le ciel est ton fardeau sur terre.
Tu pleures. Mais pour nous, les voyants du mystère,
Qui savons ce que Dieu met dans l'humanité,
De ton épaule sombre il sort une clarté.
Etre qui fais pitié même aux prostituées,
Ô femme en proie au rire, à l'affront, aux huées,
Sur qui semble à jamais s'être accroupi Smarra,
A ta mort ton épaule informe s'ouvrira,
Car la chair s'ouvre alors pour laisser passer l'âme,
Ô femme, et l'on verra de cette bosse infâme,
Moquée et vile, horrible à tout être vivant,
Sortir deux ailes d'ange immenses, que le vent
Gonflera dans les cieux comme il gonfle des voiles,
Et qui se déploieront toutes pleines d'étoiles !
Oui, Lise, écoute-moi. Nous autres nous voyons
L'ange à travers le monstre, et je vois tes rayons !
Du songe où ta laideur rampe, se cache et pleure,
Oui, de ce songe affreux que tu fais à cette heure,
Tu t'éveilleras belle au-delà de tes voeux !
Tu flotteras, voilée avec tes longs cheveux
Et dans la nudité céleste de la tombe,
Et tu resteras femme en devenant colombe.
Tu percevras, dans l'ombre et dans l'immensité,
Un sombre hymne d'amour montant vers ta beauté ;
Les hommes à leur tour te paraîtront difformes ;
Tu verras sur leurs dos leurs fautes, poids énormes ;
Les fleurs éclaireront ton corps divin et beau,
Car leur parfum devient clarté dans le tombeau ;
Les astres t'offriront leur rose épanouie.
Tu prendras pour miroir, de toi-même éblouie,
Ce grand ciel qui te semble aujourd'hui plein de deuil ;
Ailée et frissonnante au bord de ton cercueil,
Comme l'oiseau qui tremble au penchant des ravines,
Tu sentiras frémir dans les brises divines
Ton corps fait de splendeur ; ton sein blanc, ton front pur,
Et tu t'envoleras dans le profond azur !

Le 8 mars 1854.

— The End —