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Mon aimée, ma presque feue
Chatte masquée
Qui se délecte à se faire désirer !
Je veux te mater.
Je suis désolé d'avoir à te le dire
Mais je vais devoir, oui, te mater
Avec et sans accent circonflexe
Ou plutôt te démâter d'abord
De poupe en proue
Pour te remâter ensuite.
Seul ainsi entre nous
L'extase sera envisageable.
Tu dis que tu m'aimes malgré toi
Mais tu refuses obstinément
De te montrer nue à distance
La nudité selon toi est affaire de présence
Quand je serai physiquement à portée de tes lèvres
Tu exauceras toutes mes volontés
Te bornes-tu à ma dire.
Tu m'invites même à venir sans tarder
Auprès de toi et là tu te montreras sous toutes les coutures
Et je pourrai te prendre sans limite, c'est promis.

Alors que nous pouvons rire à distance
Nous fâcher à distance, nous émouvoir et rêver de nous à distance
Tu te refuses à accéder à mon délire de te voir nue à distance
Nue et sincère nue et sincère nue et sincère.
Il te serait impossible de me montrer l'objet de mon désir fatal
Que je puisse boire des yeux jusqu'à la lie
Le calice de ta chatte démasquée, ta vulve fraîche et bombée
Nue et sincère
Dépouillée de toutes ses parures.

Sais tu ma chatte que l 'amour
C'est une steppe de petites morts
Et que pour chaque petite mort
Il faut franchir les sept portes de l'Enfer ?

Oui, je sais, tu te dis immortelle et divine
Tu es la Muse, les lois de l'Enfer ne s'appliquent pas à toi, penses-tu.

Voilà ce qu'il en coûte de s'acoquiner à un mortel !

En vue de notre premier congrès amoureux
Tu t'es déjà dépouillée de six de tes talismans
Tu as tour à tour,
Porte après porte,
Délaissé tes parures.

A la première porte tu m'as laissé
Ta couronne de buis odorant
Et j 'ai souri d'aise

A la deuxième porte tu m'as abandonné
Tes lunettes de vue et de soleil
Et j'ai souri d'aise

A la troisième porte tu t'es débarrassée
De tes boucles d'oreille en forme de piment rouge
Et j'ai souri d'aise

A la quatrième porte tu m'as décroché
Ton collier de perles noires
Et j'ai souri d'aise

A la cinquième porte tu as envoyé valdinguer
Ton soutien-gorge en velours côtelé
Et j'ai souri d'aise

A la sixième porte tu as désagrafé
Le collier de coquillages qui ceignait tes hanches
Et j'ai souri d'aise

Tu es désormais coincée entre la sixième et la septième porte
A cause de ce string où volettent de petits papillons farceurs
Ce string qui me prive de la jouissance visuelle de ton être intime.

Vas-tu enfin m'enlever cette toilette,
Prendre pied résolument dans l 'Enfer
Et laper les flammes de la petite mort primale ?

Vas-tu enfin me laisser m'assurer
Que tu n 'es ni satyre ni hermaphrodite
Mais au contraire femelle chatte muse
Dégoulinante de cyprine ?

Toi, tu me parles de blocage.
Moi, nue, au téléphone, jamais
Nu non niet
Moi, jouir, au téléphone, jamais
Nu non niet
retire ce cheval de la pluie !
Je t'aime malgré moi
C'est tout ce que tu trouves à me dire !
Accepte donc, ma chatte
Que je te mate malgré moi.
Car je te veux
Obéissante et docile
Apprivoisée
Je veux que tu couines, que tu miaules que tu frémisses
En te montrant à moi en tenue d'Eve
Je veux que tu t'exhibes à moi ton ******
Que tu sois impudique
Je veux j 'exige, ma presque feue,
Je suis Roi, souviens-toi !
Je ne te donne pas d'ultimatum !
Je suis avec mon temps ! Je suis post-moderne !
Car il est écrit dans les livres
Depuis plus de mille ans
Que les lois de l 'Amour
Sont comme les lois de l'Enfer
Incontournables et implacables :
En Enfer on arrive nu,
En Amour aussi !
Alors bien sûr je sais, tu trouveras bien quelque part
Une exégète pour me prouver l'exact contraire
Que l'amour c'est le paradis et la feuille de figuier
Et surtout pas l 'Enfer.
Alors explique-moi, je t'en conjure, mon archéologue,
Pourquoi l 'amour est fait de petites morts.

Moi, ma chatte, je te propose
Non pas une petite mort par ci, une petite mort par là
Mais un enterrement festif de première classe
Un Te Deum
Dans un sarcophage de marbre blanc
Sculpté de serpents et de figues
Evadés des prisons d'Eden.

Je veux t'aimer nue et sincère
Mortelle et vibrante de désir
Je veux jouir de toutes les parcelles de ta chair et de tes os
je veux pétrir ton sang sans artifices et sans blocages
Et je n 'ai d'autre choix
Que de te mater de ma fougue
A moins que tu ne préfères
Rester bloquée sempiternellement
Dans la solitude confortable
Entre la pénultième et l'ultime porte
Qui nous sépare de nos sourires d'aise

Complices et lubriques.
Élégie VII.

Cher ange, vous êtes belle
A faire rêver d'amour,
Pour une seule étincelle
De votre vive prunelle,
Le poète tout un jour.

Air naïf de jeune fille,
Front uni, veines d'azur,
Douce haleine-de vanille,
Bouche rosée où scintille
Sur l'ivoire un rire pur ;

Pied svelte et cambré, main blanche,
Soyeuses boucles de jais,
Col de cygne qui se penche,
Flexible comme la branche
Qu'au soir caresse un vent frais ;

Vous avez, sur ma parole,
Tout ce qu'il faut pour charmer ;
Mais votre âme est si frivole,
Mais votre tête est si folle
Que l'on n'ose vous aimer.
Hummmm.
Mon Immortelle, mes aïeux !
Comme tu es appétissante !
Je n'en crois pas mes yeux !
J'ai agrandi ta photo jusqu'à ce qu'elle crève l 'écran.
J 'aurais pu t'embrasser si je l 'avais voulu,
Tellement tu étais proche, magnifiée !
Mais je me suis retenu
et j 'ai décidé de détourner le regard de ta chair et de me concentrer sur les accessoires
car le risque d'atteindre une illumination visuelle à distance aurait été grand
si j 'avais seulement pris le temps de m'attarder
Une demi-seconde sur le lac de tes yeux profonds
et la moue sur tes lèvres couleur aubergine
Je me suis donc consacré exclusivement à l 'examen minutieux,
Détail après détail,  
de tes accessoires, de tes épices.
Oh ne m'en veux pas
Si ce n 'était pas toi, la déesse, que je regardais défiler
Sur l 'écran à vitesse lente chevauchant une tigresse blanche
Mais tes accessoires
Et tes accessoires en disent long sur ton essentiel !
Ce sont des accessoires magiques, physiques, magnétiques, chimiques
Un simple verre de vin de letchi devient entre tes doigts du divin jus de jade
Tes boucles d'oreille et ton collier  d'argent assorti d'une fleur blanche odorante majestueuse!
Jasmin ? Frangipanier ? Rose ? Orchidée ? Lotus ? Dis moi !
Tes bagues dorées au majeur et à l 'annulaire, main droite comme main gauche, deux par main
Des fleurs, encore des boutons de fleurs !
De veuvage ? De mariage ? De fiançailles ?
Tes deux bracelets  d'argent au poignet gauche
Sans oublier ta robe bleue imprimée à fleurs
Et tes mocassins bleus assortis.
Et ton pantalon blanc bien évidemment !
Laissons de côté ce sublime rouge à lèvres couleur aubergine !
Bref j 'ai passé en ***** tout ce qui t'enlumine et t'illumine
Sans être toi tout en étant toi.
Comme ton sac en bandoulière et ce verre de vin de letchi ou de jade que tu presses entre tes doigts.
Tes accessoires sont la voie royale vers ton essentiel !
Et je sais désormais que tu es fleur caméléon,
Je sais les couleurs de ta quintessence :
Tigresse de jade blanc aux oreilles et au cou
Dorée au bout des doigts
et marron et blanche sur fond bleu,
Toute de lianes et feuilles et clochettes
Toute fleurs de  safran, gingembre, curcuma
Piment, tamarin et cannelle
Des épaules aux cuisses !
Me voilà bien avancé, n 'est-ce pas, ma fleur,
Dragon de jade, sur ton chemin de Compostelle ! ?
Aventurier conduit par le louche destin,
Pour y passer la nuit, jusqu'à demain matin,
Entre à l'auberge Louvre avec ta rosse Empire.
Molière te regarde et fait signe à Shakspeare ;
L'un te prend pour Scapin, l'autre pour Richard trois.
Entre en jurant, et fais le signe de la croix.
L'antique hôtellerie est toute illuminée.
L'enseigne, par le temps salie et charbonnée,
Sur le vieux fleuve Seine, à deux pas du Pont-Neuf,
Crie et grince au balcon rouillé de Charles neuf ;
On y déchiffre encor ces quelques lettres : - Sacre ; -
Texte obscur et tronqué, reste du mot Massacre.

Un fourmillement sombre emplit ce noir logis.

Parmi les chants d'ivresse et les refrains mugis,
On rit, on boit, on mange, et le vin sort des outres.
Toute une boucherie est accrochée aux poutres.
Ces êtres triomphants ont fait quelque bon coup.
L'un crie : assommons tout ! et l'autre : empochons tout !
L'autre agite une torche aux clartés aveuglantes.
Par places sur les murs on voit des mains sanglantes.
Les mets fument ; la braise aux fourneaux empourprés
Flamboie ; on voit aller et venir affairés,
Des taches à leurs mains, des taches à leurs chausses,
Les Rianceys marmitons, les Nisards gâte-sauces ;
Et, - derrière la table où sont assis Fortoul,
Persil, Piétri, Carlier, Chapuys le capitoul,
Ducos et Magne au meurtre ajoutant leur paraphe,
Forey dont à Bondy l'on change l'orthographe,
Rouher et Radetzky, Haynau près de Drouyn, -
Le porc Sénat fouillant l'ordure du grouin.
Ces gueux ont commis plus de crimes qu'un évêque
N'en bénirait. Explore, analyse, dissèque,
Dans leur âme où de Dieu le germe est étouffé,
Tu ne trouveras rien. - Sus donc, entre coiffé
Comme Napoléon, botté comme Macaire.
Le général Bertrand te précède ; tonnerre
De bravos. Cris de joie aux hurlements mêlés.
Les spectres qui gisaient dans l'ombre échevelés
Te regardent entrer et rouvrent leurs yeux mornes
Autour de toi s'émeut l'essaim des maritornes,
À beaucoup de jargon mêlant un peu d'argot ;
La marquise Toinon, la duchesse Margot,
Houris au cœur de verre, aux regards d'escarboucles.
Maître, es-tu la régence ? on poudrera ses boucles
Es-tu le directoire ? on mettra des madras.
Fais, ô bel étranger, tout ce que tu voudras.
Ton nom est million, entre ! - Autour de ces belles
Colombes de l'orgie, ayant toutes des ailes,
Folâtrent Suin, Mongis, Turgot et d'Aguesseau,
Et Saint-Arnaud qui vole autrement que l'oiseau.
Aux trois quarts gris déjà, Reibell le trabucaire
Prend Fould pour un curé dont Sibour est vicaire.

Regarde, tout est prêt pour te fêter, bandit.

L'immense cheminée au centre resplendit.
Ton aigle, une chouette, en blasonne le plâtre.
Le bœuf Peuple rôtit tout entier devant l'âtre
La lèchefrite chante en recevant le sang ;
À côté sont assis, souriant et causant,
Magnan qui l'a tué, Troplong qui le fait cuire.
On entend cette chair pétiller et bruire,
Et sur son tablier de cuir, joyeux et las,
Le boucher Carrelet fourbit son coutelas.
La marmite budget pend à la crémaillère.
Viens, toi qu'aiment les juifs et que l'église éclaire,
Espoir des fils d'Ignace et des fils d'Abraham,
Qui t'en vas vers Toulon et qui t'en viens de Ham,
Viens, la journée est faite et c'est l'heure de paître.
Prends devant ce bon feu ce bon fauteuil, ô maître.
Tout ici te vénère et te proclame roi ;
Viens ; rayonne, assieds-toi, chauffe-toi, sèche-toi,
Sois bon prince, ô brigand ! ô fils de la créole,
Dépouille ta grandeur, quitte ton auréole ;
Ce qu'on appelle ainsi dans ce nid de félons,
C'est la boue et le sang collés à tes talons,
C'est la fange rouillant ton éperon sordide.
Les héros, les penseurs portent, groupe splendide,
Leur immortalité sur leur radieux front ;
Toi, tu traînes ta gloire à tes pieds. Entre donc,
Ote ta renommée avec un tire-bottes.

Vois, les grands hommes nains et les gloires nabotes
T'entourent en chantant, ô Tom-Pouce Attila !
Ce bœuf rôtit pour toi ; Maupas, ton nègre, est là ;
Et, jappant dans sa niche au coin du feu, Baroche
Vient te lécher les pieds tout en tournant la broche.

Pendant que dans l'auberge ils trinquent à grand bruit,
Dehors, par un chemin qui se perd dans la nuit,
Hâtant son lourd cheval dont le pas se rapproche,
Muet, pensif, avec des ordres dans sa poche,
Sous ce ciel noir qui doit redevenir ciel bleu,
Arrive l'avenir, le gendarme de Dieu.
cindy Sep 2017
tuesday, august 22th 2017

Léger comme ta main
Tes doigts
Tes boucles
Les nuages
Tout à l'inverse de mon esprit
de ton humour
de ton ego
de mes pulsions
Entre nous
tout est si
inconcevable.
Si j'étais la feuille que roule
L'aile tournoyante du vent,
Qui flotte sur l'eau qui s'écoule,
Et qu'on suit de l'oeil en rêvant ;

Je me livrerais, fraîche encore,
De la branche me détachant,
Au zéphyr qui souffle à l'aurore,
Au ruisseau qui vient du couchant.

Plus **** que le fleuve, qui gronde,
Plus **** que les vastes forêts,
Plus **** que la gorge profonde,
Je fuirais, je courrais, j'irais !

Plus **** que l'antre de la louve,
Plus **** que le bois des ramiers,
Plus **** que la plaine où l'on trouve
Une fontaine et trois palmiers ;

Par delà ces rocs qui répandent
L'orage en torrent dans les blés,
Par delà ce lac morne, où pendent
Tant de buissons échevelés ;

Plus **** que les terres arides
Du chef maure au large ataghan,
Dont le front pâle a plus de rides
Que la mer un jour d'ouragan.

Je franchirais comme la flèche
L'étang d'Arta, mouvant miroir,
Et le mont dont la cime empêche
Corinthe et Mykos de se voir.

Comme par un charme attirée,
Je m'arrêterais au matin
Sur Mykos, la ville carrée,
La ville aux coupoles d'étain.

J'irais chez la fille du prêtre,
Chez la blanche fille à l'oeil noir,
Qui le jour chante à sa fenêtre,
Et joue à sa porte le soir.

Enfin, pauvre feuille envolée,
Je viendrais, au gré de mes voeux,
Me poser sur son front, mêlée
Aux boucles de ses blonds cheveux ;

Comme une perruche au pied leste
Dans le blé jaune, ou bien encor
Comme, dans un jardin céleste,
Un fruit vert sur un arbre d'or.

Et là, sur sa tête qui penche,
Je serais, fût-ce peu d'instants,
Plus fière que l'aigrette blanche
Au front étoilé des sultans.
Oh dear Aida ! Ma soprano lyrique
Je te mordille le lobule de l 'auricule
Je grignote l'hélix et je fouine dans l 'anthélix
Je visite ton auricule.
Ce soir je suis chaton de lynx
Ténor lyrique
Je te danse ma marche triomphale
Je suis Général cinq étoiles
Radamès l'Egyptien
Et je m'entortille la trompette dans le labyrinthe de tes cheveux
Comme dans une pelote de laine
Et je miaule et je ronronne :
"Aïda, mon éthiopienne,
Fille d'Amonasro,
Ci-devant esclave d'Amnéris, ta rivale,
Je suis ton esclave patenté
Ensevelis-moi vivant
Quand le moment viendra
et pends un de mes osselets à tes boucles d'oreille
Pour chanter ma mémoire "
Et joignant l'acte à la parole
Je t'administre un gentil piercing de mes griffes.
Et pendant que je te fais mon piercing
Toi tu joues aux osselets avec mon marteau,
Mon enclume et mon étrier.
Tu me dévores le vestige de mon oreille
Et tu me dis : "tu m'aimes maintenant !"

Je n'entends plus que le bruit de l'eau
Qui se mélange aux violons et aux cymbales
De l'orchestre philharmonique
Qui m'envahit comme le déluge
Et je te livre tous mes secrets

Et je m'accroche à tes cheveux
Soudain bleus avec des reflets verts
Comme tes ongles d'ailleurs
Tous verts sauf les pouces qui sont bleus
Pour combiner avec mes oreilles noyées.

N'est pas chaton de lynx qui veut
N'est pas maîtresse de chaton de lynx qui veut
Il faut accepter d'être lacérée de coups de griffes
Certes le félin se retient
Mais il a beau retenir ses griffes
Il est encore gamin
Il ne sait pas qu'il blesse
Il ignore que tu saignes
Il est innocent, le petiot,
Il a tout juste un mois bientôt
Et aux innocents les griffes pleines.

Et tu es maternelle
Tu lui prépares son lait
Et quand il pleure la nuit
Tu l'accueilles volontiers dans ta couche

Heureux les chatons de lynx
Gloria in excelsis deo
Car c'est enterrés vivants avec leur muse
Qu'ils connaîtront le paradis.
Ora pro nobis !


I.

Ma fille, va prier ! - Vois, la nuit est venue.
Une planète d'or là-bas perce la nue ;
La brume des coteaux fait trembler le contour ;
À peine un char lointain glisse dans l'ombre... Écoute !
Tout rentre et se repose ; et l'arbre de la route
Secoue au vent du soir la poussière du jour !

Le crépuscule, ouvrant la nuit qui les recèle,
Fait jaillir chaque étoile en ardente étincelle ;
L'occident amincit sa frange de carmin ;
La nuit de l'eau dans l'ombre argente la surface ;
Sillons, sentiers, buissons, tout se mêle et s'efface ;
Le passant inquiet doute de son chemin.

Le jour est pour le mal, la fatigue et la haine.
Prions, voici la nuit ! la nuit grave et sereine !
Le vieux pâtre, le vent aux brèches de la tour,
Les étangs, les troupeaux avec leur voix cassée,
Tout souffre et tout se plaint. La nature lassée
A besoin de sommeil, de prière et d'amour !

C'est l'heure où les enfants parlent avec les anges.
Tandis que nous courons à nos plaisirs étranges,
Tous les petits enfants, les yeux levés au ciel,
Mains jointes et pieds nus, à genoux sur la pierre,
Disant à la même heure une même prière,
Demandent pour nous grâce au père universel !

Et puis ils dormiront. - Alors, épars dans l'ombre,
Les rêves d'or, essaim tumultueux, sans nombre,
Qui naît aux derniers bruits du jour à son déclin,
Voyant de **** leur souffle et leurs boucles vermeilles,
Comme volent aux fleurs de joyeuses abeilles,
Viendront s'abattre en foule à leurs rideaux de lin !

Ô sommeil du berceau ! prière de l'enfance !
Voix qui toujours caresse et qui jamais n'offense !
Douce religion, qui s'égaye et qui rit !
Prélude du concert de la nuit solennelle !
Ainsi que l'oiseau met sa tête sous son aile,
L'enfant dans la prière endort son jeune esprit !

Juin 1830.
Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
Tu les feras pleurer, enfant belle et chérie,
Tous ces bambins, hommes futurs,
Qui plus **** suspendront leur jeune rêverie
Aux cils câlins de tes yeux purs.

Ils aiment de ta voix la roulade sonore,
Mais plus **** ils sentiront mieux
Ce qu'ils peuvent à peine y discerner encore,
Le timbre au charme impérieux ;

Ils touchent, sans jamais en sentir de brûlure,
Tes boucles pleines de rayons,
Dont l'or fait ressembler ta fauve chevelure
À celle des petits lions.

Ils ne devinent pas, aux jeux dont tu te mêles,
Qu'en leur jetant au cou tes bras,
Rieuse, indifférente et douce, tu décèles
Tout le mal que tu leur feras.

Tu t'exerces déjà, quand tu crois que tu joues,
En leur abandonnant ton front ;
Tes lèvres ont déjà, plus faites que tes joues,
La grâce dont ils souffriront.
On dit communément
"La plus belle fille du monde
Ne peut donner que ce qu'elle a"
Dixit Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort. Et il poursuit :
"Ce qui est très faux : elle donne précisément ce qu'on croit recevoir puisqu'en ce genre c'est l'imagination qui fait le prix de ce qu'on reçoit"
Voilà ce que tu me fredonnes en boucles
Pour me faire comprendre que tu es ma muse
Et tu me chuchotes que tu es généreuse
Et ce généreuse-la génère en moi des génies et des elfes et des étoiles
Géantes
Tu me donnes des ailes et je me gonfle et m'élève et je me fais Musc.
La plus belle Muse du Monde ne peut donner que ce qu'elle a.

Ce que tu possèdes, Muse, c'est ce venin de ton ombre qui m'empoisonne
Et moi Musc, je t'apporte en dot son antidote dont je foisonne.
Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil,
Chio, qu'ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l'onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d'Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu'un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ?
- Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.

Du 8 au 10 juillet 1828.
Nonn Dec 2018
Où es tu allé, mon petit poète?
tu es disparu, comme les rayons de soleil,
si brillants,
que je voyais au ciel cet été.
mais
l'été, c'est passé,
disparu,
parti,
vraiment comme toi.

les petits, trop longues boucles de tes cheveux
m'enchanteraient beaucoup,
une fois--
elles étaient les amants du soleil.

tes yeux, ces yeux verts qui répresentaient l'entière de la nature,
qui étaient réfléchis dans les miens,
une fois,
maintentant ils sont tournés vers le soleil, j'espère
comme moi
toujours

c'était toi
qui était mon soleil de terre
t'étais Apollo
et je suis Clytie, ton oubliée


(c) 2018 Indigo Kenna

— The End —