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Le Baiser de ton rêve
Est celui de l'Amour !
Le jour, le jour se lève,
Clairons, voici le jour !

Le Baiser de mon rêve
Est celui de l'Amour !
Enfin, le jour se lève !
Clairons, voici le jour !

La caresse royale
Est celle de l'Amour.
Battez la générale,
Battez, battez, tambour !

Car l'Amour est horrible
Au gouffre de son jour !
Pour le tir à la cible
Battez, battez, tambour.

Sa caresse est féline
Comme le point du jour :
Pour gravir la colline
Battez, battez, tambour !

Sa caresse est câline
Comme le flot du jour :
Pour gravir la colline,
Battez, battez, tambour.

Sa caresse est énorme
Comme l'éclat du jour :
Pour les rangs que l'on forme,
Battez, battez, tambour !

Sa caresse vous touche
Comme l'onde et le feu ;
Pour tirer la cartouche,
Battez, battez un peu.

Son Baiser vous enlace
Comme l'onde et le feu :
Pour charger la culasse,
Battez, battez un peu.

Sa Caresse se joue
Comme l'onde et le feu :
Tambour, pour mettre en joue,
Battez, battez un peu.

Sa caresse est terrible
Comme l'onde et le feu :
Pour le cœur trop sensible
Battez, battez un peu.

Sa caresse est horrible,
Comme l'onde et le feu :
Pour ajuster la cible,
Restez, battez un peu.

Cette Caresse efface
Tout, sacré nom de Dieu !
Pour viser bien en face,
Battez, battez un peu.

Son approche vous glace
Comme ses feux passés :
Pour viser bien en face
Cessez.

Car l'Amour est plus belle
Que son plus bel amour :
Battez pour la gamelle,
Battez, battez tambour,

Toute horriblement belle
Au milieu de sa cour :
Sonnez la boute-selle,
Trompettes de l'Amour !

L'arme la plus habile
Est celle de l'Amour :
Pour ma belle, à la ville,
Battez, battez tambour !

Car elle est moins cruelle
Que la clarté du jour :
Sonnez la boute-selle,
Trompettes de l'Amour !

L'amour est plus docile
Que son plus tendre amour :
Pour ma belle, à la ville,
Battez, battez tambour.

Elle est plus difficile
À plier que le jour :
Pour la mauvaise ville,
Battez, battez tambour.

Nul n'est plus difficile
À payer de retour :
Pour la guerre civile,
Battez, battez tambour.

Le Baiser le plus large
Est celui de l'Amour :
Pour l'amour et la charge,
Battez, battez tambour.

Le Baiser le plus tendre
Est celui de l'Amour,
Battez pour vous défendre,
Battez, battez tambour.

Le Baiser le plus chaste
Est celui de l'Amour :
Amis, la terre est vaste,
En avant, le tambour.

Le Baiser le plus grave
Est celui de l'Amour :
Battez, pour l'homme brave,
Battez, battez tambour.

Le Baiser qui se fâche
Est celui de l'Amour :
Battez pour l'homme lâche,
Battez, battez tambour.

Le Baiser le plus mâle
Est celui de l'Amour :
Pour le visage pâle
Battez, battez tambour.

La Caresse en colère
Est celle de l'Amour :
Car l'Amour, c'est la guerre,
Battez, battez tambour.

Le Baiser qu'on redoute
Est celui de l'Amour :
Pour écarter le doute,
Battez, battez tambour.

L'art de jouir ensemble
Est celui de l'Amour :
Or, mourir lui ressemble :
Battez, battez tambour.

L'art de mourir ensemble
Est celui de l'Amour :
Battez fort pour qui tremble,
Battez, battez tambour.

Le Baiser le plus calme
Est celui de l'Amour :
Car la paix, c'est sa palme,
Battez, battez tambour.

La souffrance, la pire,
Est d'être sans l'Amour :
Battez, pour qu'elle expire,
Battez, battez tambour.

Le Baiser qui délivre
Est celui de l'Amour :
Battez pour qui veut vivre,
Battez, battez tambour.

La Caresse éternelle
Est celle de l'Amour :
Battez, la mort est belle,
Battez, battez tambour.

La guerre est la plus large
Des portes de l'Amour :
Pour l'assaut et la charge,
Battez, battez tambour.

La porte la plus sainte
Est celle de la mort :
Pour étouffer la plainte
Battez, battez plus fort.

L'atteinte la moins grave
Est celle de la mort :
L'amour est au plus brave,
La Victoire... au plus fort !
Hilda Mar 2013
~~~~English~~~~

Such beauty takes away my breath
As the sunrays shine across the peaceful path
The trees of this forest sway and nod in the dancing breeze
Which caresses my cheeks

Pastel clouds in the watercolor sky
Makes the forest with its path beautiful
And birds sing and warble in the tall treetops
God alone creates this beauty

The bluebells bordering the path
Are kissed by sparkling dewdrops
And snowdrops have long come out of
Their veil of snow

Lacy green leaves from the blowing trees
Provide shade in the sweet summer
And the breezes provide coolness on a hot day
At this lovely place of beauty

~~~~French~~~~

Une telle beauté enlève mon souffle
Comme les rayons du soleil brille à travers la voie pacifique
Les arbres de cette forêt se balancent et hocher la tête dans la brise dansante
Qui caresse mes joues

Pastels nuages dans le ciel aquarelle
Rend la forêt avec son chemin belle
Et les oiseaux chantent et modulées dans les hautes cimes
Dieu seul crée cette beauté

Les jacinthes qui bordent le chemin
Sont caressées par les gouttes de rosée mousseux
Perce-neige viennent depuis longtemps de
Leur voile de neige

Dentelles feuilles vertes des arbres de soufflage
Fournir de l'ombre en été douce
Et les brises offrent fraîcheur par une chaude journée
À ce bel endroit d'une beauté

**~Hilda~
Pour savoir le jour et l'heure
Où tu es plus portée à l'amour
J'ai entrepris la lecture des Secrets de l'Amour, du poète Koka
Et je sais désormais que tu es femme-lotus
Volupté Parfaite comme il n'en existe qu'une sur un million
Tu me provoques, tu me charmes, tu me fascines
Tu me subjugues, tu es ma Muse, ma courtisane de haut rang
Tu possèdes les soixante-quatre arts libéraux
Et les trente-deux modes musicaux de Radha,
Amante de Krishna,
Tu es multiple de huit, ma biche-jument-éléphante
Tu es magique et ensorceleuse
Tu t'appelles Padmini, Ganika
Tu es espiègle , tu es folâtre, ma Nanyika
Avec toi je peux m'unir sans péché
Ma pudique impudique
Car tu sais tout ce qu'on peut faire
Quand les lumières sont éteintes
Et les passions enflammées.
Tu sais apprendre à parler aux perroquets et aux sansonnets
Tu pratiques les combats de coqs, de cailles et de pigeons
Tout comme les combats de la langue
Tu sais faire un carrosse avec des fleurs.
Je ne sais encore si je suis homme-bleu, Homme-lièvre ou homme-cerf
Moi qui me croyais homme-raccoon,
Homme-orphie et homme-mangouste
J'ai baisé l'image de ton ombre portée
Sur l'oreiller rose ce matin
Un baiser de déclaration
Un plaisir sans merci et sans trève
Que ton ombre m'a rendu
En me besognant
De la langue, des mains et des pieds
Et de toutes nos parties honteuses comme honnêtes
Baiser pour baiser,
Caresse pour caresse,
Coup pour coup,
Corps pour corps,
Yoni pour lingam !
Que d'égratignures tu m'as infligées de tes ongles acérés
La patte de paon et le saut du lièvre
Me marquent à jamais
Et je t'ai imprimé sur ta chair la feuille de lotus bleu.
Et de morsures en morsures
J'ai saisi avec mes lèvres tes deux lèvres
Tandis que tu jouais à me saisir la lèvre inférieure.
Si tu rêves comme moi d'impudiques amours
Si tu rêves comme moi d'écrire un nouveau chapitre
Aux huit cents vers du Ratira-Hasya,
Les Secrets de l'Amour, du poète Koka,
Retrouvons nous en congrès, veux-tu,
Avant que l'été ne s'achève
Au congrès de la femme-lynx-lotus et de l'homme-raccoon-mangouste
Si tu rêves d'impudiques amours
Si tu veux que je chante ta semence d'amour
Ton kama solila, mélange de lys et de musc.
Je festine ici et là
Je festine dans l’au delà
Je festine indécemment
Ma sauvage est de retour.

Je m’accouple aux vents boucs
Je m’accouple aux pluies vipères
Je m’accouple diaboliquement
Ma sage-femme est de retour.

Je sodomise les mares crapauds
Je sodomise les fleuves lézards
Je sodomise exécrablement
Ma guérisseuse est de retour.

Je blasphème aux solstices
Je blasphème aux équinoxes
Je blasphème scandaleusement
Mon infirmière est de retour.

Je me venge en la noyant
Je me venge en la brûlant
Je me venge insidieusement
Mon hérétique est de retour

Je cours après tous onguents
Je cours après tous poisons
Je cours brutalement
Ma dénaturée est de retour.

J’aime sa danse surnaturelle
J’aime ses pas diaboliques
J’aime ardemment
Ma forcluse est de retour.

Je caresse le soufre de son âme
Je caresse son pied gauche
Je caresse amoureusement
Ma Maligne est de retour.

Je m’accointe à sa lumière
Je m’accointe à son derrière
Je m’accointe horriblement
Ma pécheresse est de retour.

Je badine avec la lune
Je badine avec les étoiles
Je badine imprudemment
Ma prêtresse est de retour.

Je pèche des poissons capitaux
Je pèche des poissons capiteux
Je pèche lubriquement
Ma catin est de retour.

Je vénère les toisons
Je vénère les vipères
Je vénère précieusement
Mon dragon est de retour.

Je me frictionne l’entre-deux-jambes
Je me frictionne entre deux outre-tombes
Je me frictionne inlassablement
Mon ombre est de retour.

Je tremble de peur
Je tremble de joie
Je tremble frénétiquement
Ma sorcière est de retour.

Je décharge à tous vents
Je décharge à tout va
Je décharge instantanément
Ma bougresse est de retour.

Je danse en bégayant
Je danse en babillant
Je danse ordement jusqu'au chant du coq
Ma muse est de retour
Paul d'Aubin Oct 2013
Sonnet pour mon épagneul anglais Nils
De son smoking de noir vêtu,
mêmes quand il court dans les rues,
à un artiste de gala
il semble emprunter le pas

Ton ventre est blanc comme une hermine.
Sur ton museau blanc, une truffe
Son dos de noir tout habillé.
Sur le front, il se fait doré.

De « prince », il s’attire le nom
Tant sa démarche est altiere ;
mais de « Nils », il a le surnom,
Car autant qu’un jar, il est fier.

Assis, il paraît méditer,
Sur le monde sa vanité.
De ses yeux noirs il vous regarde,
Comme un reproche qui s’attarde.

Quand il court, parmi les genêts,
Il fend l’air comme un destrier ;
Et le panache de sa queue
En flottant, vous ravit les yeux.

Mon épagneul est très dormeur,
Et aux sofas, il fait honneur.
Mais lorsque se lève le jour,
A se promener, il accourt.

Quand il dort, il est écureuil,
mais jamais, il ne ferme l’œil.
Un léger murmure l’éveille
Tant aérien est son sommeil.
Il semble emprunter le pas

Lorsqu’un aboiement le réveille
De sa voix, il donne l’éveil.
Et les chats, les chiens maraudeurs,
Il met en fuite avec bonheur.

Lorsque dans mes bras, il vient,
Son pelage se fait câlin.
Et la douceur de sa vêture
Lui fait une jolie voilure.

Sur ma table, sa tête repose
Lorsque je taquine la prose,
Comme pour dire ; même par-là,
je veux que tu restes avec moi.

Sous ma caresse, il se blottit,
comme le ferait un petit.
De ma tristesse, il vient à bout,
tant le regard qu’il pose est doux.

Paul d’Aubin (Paul Arrighi), Toulouse.

                     *

Poème à ma chienne Laika dite «Caquine»

Tu as un gros museau,
Cocker chocolatine,
Des yeux entre amandes et noisettes
Teintés  d’une humeur suppliante.

Ta fourrure est quelque peu rêche
Mais prend l’éclat de la noisette
et le reflet du renard roux.
La caresse se fait satin.

Ma fille Célia t’appelle : «Caquine»
Pour des raisons que je ne peux
Au lecteur dévoiler ici,
Mais toute ta place tu tiens.

A ta maitresses adorée
Tu dresses ton gros museau
Et te blottis pour la garder
En menaçant ceux qui approchent.

Tu es peureuse comme un lézard,
Et sait ramper devant Célia.
Mais ton museau, sur mes genoux
Au petit déjeuner veille et guette.

Quand je te sors, tu tires en laisse
Jusqu’à m’en laisser essoufflé,
Après avoir d’énervement
Dans ta gueule, mes chaussons saisis.

Sur les sentiers de senteur,
Ton flair à humer se déploie.
Tu es, ma chienne, compagnie.
De mes longues après-midi.

Paul d’Aubin (Paul Arrighi), Toulouse.
JE VOIS QUE TU SALIVES.
TU AS ENVIE DE MOI ?
SERS-TOI DONC !
PRENDS-MOI COMME TU  VEUX !
PRENDS TOUT CE QUE TU VEUX !
ETIRE-MOI, CARESSE-MOI, BRANLE-MOI
VIDE-MOI, LECHE-MOI
AVALE-MOI
MA SEMENCE A LE GOUT DE VIOLETTE
IMMORTELLE
ET SI TU VEUX
METS-EN QUELQUES PERLES DANS UNE FIOLE
ET METS-LA AU CREUX DE TES HANCHES
POUR TE DEPANNER AU BESOIN
SI UNE PETITE SOIF VENAIT A SE FAIRE SENTIR
ET QUE JE NE SERAIS PAS LA POUR TE SERVIR
DU PRODUCTEUR AU CONSOMMATEUR.
HONORE-MOI DE TA JOUISSANCE
MOI JE RETIENS MON JUS DE JADE POUR TOI
IL NE FAUT PAS GASPILLER CETTE MANNE EN VAIN
ELLE EST A TOI
N'EN  PERDS PAS UNE GOUTTE
ET MEME SI CHAQUE GOUTTE QUI GICLE
ME RAPPROCHE DE LA MORT
C'EST AVEC JOIE ET DELICE QUE JE MEURS
INELUCTABLE
CHAQUE FOIS DANS TA BOUCHE
ET QUE JE BANDE ET DEBANDE
SOUS LES ASSAUTS DES POINTS ET DES TIRETS DE TA LANGUE
QUI ME DECODE ET ME DEGUSTE EN MORSE.
French is just like morse or any other language. A code. A code you have to master. Decode dash and dots or sounds or lights. And *** is also a language in that mattter. Google the text anayway you might- get some clues if not the jade flesh and gold bone texture!
Here 's the link to the poem in morse code :

http://morsecode.world/m/eJw9jssNAjEMRCUOVLAFDHeWFpBJRmxQPhAnEf1XQrIEbuN59pMPx2V5EC05xasSpULFu0a9jCwKxuYIS4TkcIUy61p6tCkanPDMjFbXAU0KYTc01vcfoaRaYPjTT8jiMsfZGUYyVedwyxL9ntGcnaWn2b6dNJk0SP8lMHaz9AXc0wdWnzNf
L'ANGE DE POÉSIE.

Éveille-toi, ma sœur, je passe près de toi !
De mon sceptre divin tu vas subir la loi ;
Sur toi, du feu sacré tombent les étincelles,
Je caresse ton front de l'azur de mes ailes.
À tes doigts incertains, j'offre ma lyre d'or,
Que ton âme s'éveille et prenne son essor !...

Le printemps n'a qu'un jour, tout passe ou tout s'altère ;
Hâte-toi de cueillir les roses de la terre,
Et chantant les parfums dont s'enivrent tes sens,
Offre tes vers au ciel comme on offre l'encens !
Chante, ma jeune sœur, chante ta belle aurore,
Et révèle ton nom au monde qui l'ignore.

LA JEUNE FEMME.

Grâce !.. éloigne de moi ton souffle inspirateur !
Ne presse pas ainsi ta lyre sur mon cœur !
Dans mon humble foyer, laisse-moi le silence ;
La femme qui rougit a besoin d'ignorance.
Le laurier du poète exige trop d'effort...
J'aime le voile épais dont s'obscurcit mon sort.
Mes jours doivent glisser sur l'océan du monde,
Sans que leur cours léger laisse un sillon sur l'onde ;
Ma voix ne doit chanter que dans le sein des bois,
Sans que l'écho répète un seul son de ma voix.

L'ANGE DE POÉSIE.

Je t'appelle, ma sœur, la résistance est vaine.
Des fleurs de ma couronne, avec art je t'enchaîne :
Tu te débats en vain sous leurs flexibles nœuds.
D'un souffle dévorant j'agite tes cheveux,
Je caresse ton front de ma brûlante haleine !

Mon cœur bat sur ton cœur, ma main saisit la tienne ;
Je t'ouvre le saint temple où chantent les élus...
Le pacte est consommé, je ne te quitte plus !
Dans les vallons lointains suivant ta rêverie,
Je prêterai ma voix aux fleurs de la prairie ;
Elles murmureront : « Chante, chante la fleur
Qui ne vit qu'un seul jour pour vivre sans douleur. »
Tu m'entendras encor dans la brise incertaine
Qui dirige la barque en sa course lointaine ;
Son souffle redira : « Chante le ciel serein ;
Qu'il garde son azur, le salut du marin ! »
J'animerai l'oiseau caché sous le feuillage,
Et le flot écumant qui se brise au rivage ;
L'encens remplira l'air que tu respireras...
Et soumise à mes lois, ma sœur, tu chanteras !

LA JEUNE FEMME.

J'écouterai ta voix, ta divine harmonie,
Et tes rêves d'amour, de gloire et de génie ;
Mon âme frémira comme à l'aspect des cieux...
Des larmes de bonheur brilleront dans mes yeux.
Mais de ce saint délire, ignoré de la terre,
Laisse-moi dans mon cœur conserver le mystère ;

Sous tes longs voiles blancs, cache mon jeune front ;
C'est à toi seul, ami, que mon âme répond !
Et si, dans mon transport, m'échappe une parole,
Ne la redis qu'au Dieu qui comprend et console.
Le talent se soumet au monde, à ses décrets,
Mais un cœur attristé lui cache ses secrets ;

Qu'aurait-il à donner à la foule légère,
Qui veut qu'avec esprit on souffre pour lui plaire ?
Ma faible lyre a peur de l'éclat et du bruit,
Et comme Philomèle, elle chante la nuit.
Adieu donc ! laisse-moi ma douce rêverie,
Reprends ton vol léger vers ta belle patrie !

L'ange reste près d'elle, il sourit à ses pleurs,
Et resserre les nœuds de ses chaînes de fleurs ;
Arrachant une plume à son aile azurée,
Il la met dans la main qui s'était retirée.
En vain elle résiste, il triomphe... il sourit...
Laissant couler ses pleurs, la jeune femme écrit.
Marie-Lyne Mar 2018
Ce que j'ai ressenti quand j'ai écouté ses chansons

True sorry
Sa musique t'envahit
Te coupe le souffle
Rien que des sentiments graves, étouffantes
Il te prend par la main
Et t'étrangle soudainement
Il te caresse dans ta gifle
Il est avec toi
et t'abandonne quand tu le désires le plus
Il est là
Sur des vibrations sonores hors norme
Ce qu'il fait t'exaspère
te rend malade
Il ment sans même rougir
L'improbable c'est lui
L'horizon , les jardins vivent dans
ses imaginations
mais il aime me montrer ses démons

Nomade Slang
Je me balade dans tes pensées
Je veille sur tes routines plates
Ton âme danse dans cet espace
Je te voix heureux mais effrayé de
ce monde et ne montrant que ta tristesse

Essentielles
La mer, le vent chaud
les gens qui passent
Tout est familier
Tu revoit ta jeunesse
A l'aise dans un coin
Ce que tu es ne te ressemble plus
El azul estaba inmovilizado entre el rojo y el *****.
El viento iba y venía por la página del llano,
encendía pequeñas fogatas, se revolcaba en la ceniza,
salía con la cara tiznada gritando por las esquinas,
el viento iba y venía abriendo y cerrando puertas y ventanas,
iba y venía por los crepusculares corredores del cráneo,
el viento con mala letra y las manos manchadas de tinta
escribía y borraba lo que había escrito sobre la pared del día.
El sol no era sino el presentimiento del color amarillo,
una insinuación de plumas, el grito futuro del gallo.
La nieve se había extraviado, el mar había perdido el habla,
era un rumor errante, unas vocales en busca de una palabra.

El azul estaba inmovilizado, nadie lo miraba, nadie lo oía:
el rojo era un ciego, el ***** un sordomudo.
El viento iba y venía preguntando ¿por dónde anda Joan Miró?
Estaba ahí desde el principio pero el viento no lo veía:
inmovilizado entre el azul y el rojo, el ***** y el amarillo,
Miró era una mirada transparente, una mirada de siete manos.
Siete manos en forma de orjeas para oír a los siete colores,
siete manos en forma de pies para subir los siete escalones del arco iris,
siete manos en forma de raíces para estar en todas partes y a la vez en Barcelona.

Miró era una mirada de siete manos.
Con la primera mano golpeaba el tambor de la luna,
con la segunda sembraba pájaros en el jardín del viento,
con la tercera agitaba el cubilete de las constelaciones,
con la cuarta escribía la leyenda de los siglos de los caracoles,
con la quinta plantaba islas en el pecho del verde,
con la sexta hacía una mujer mezclando noche y agua, música y electricidad,
con la séptima borraba todo lo que había hecho y comenzaba de nuevo.

El rojo abrió los ojos, el ***** dijo algo incomprensible y el azul se levantó.
Ninguno de los tres podía creer lo que veía:
¿eran ocho gavilanes o eran ocho paraguas?
Los ocho abrieron las alas, se echaron a volar y desaparecieron por un vidrio roto.

Miró empezó a quemar sus telas.
Ardían los leones y las arañas, las mujeres y las estrellas,
el cielo se pobló de triángulos, esferas, discos, hexaedros en llamas,
el fuego consumió enteramente a la granjera planetaria plantada en el centro del espacio,
del montón de cenizas brotaron mariposas, peces voladores, roncos fonógrafos,
pero entre los agujeros de los cuadros chamuscados
volvían el espacio azul y la raya de la golondrina, el follaje de nubes y el bastón florido:
era la primavera que insistía, insistía con ademanes verdes.
Ante tanta obstinación luminosa Miró se rascó la cabeza con su quinta mano,
murmurando para sí mismo: Trabajo como un jardinero.

¿Jardín de piedras o de barcas? ¿Jardín de poleas o de bailarinas?
El azul, el ***** y el rojo corrían por los prados,
las estrellas andaban desnudas pero las friolentas colinas se habían metido debajo de las sábanas,
había volcanes portátiles y fuegos de artificio a domicilio.
Las dos señoritas que guardan la entrada a la puerta de las percepciones, Geometría y Perspectiva,
se habían ido a tomar el fresco del brazo de Miró, cantando Une étoile caresse le sein d'une négresse.

El viento dio la vuelta a la página del llano, alzó la cara y dijo, ¿Pero dónde anda Joan Miró?
Estaba ahí desde el principio y el viento no lo veía:
Miró era una mirada transparente por donde entraban y salían atareados abecedarios.

No eran letras las que entraban y salían por los túneles del ojo:
eran cosas vivas que se juntaban y se dividían, se abrazaban y se mordían y se dispersaban,
corrían por toda la página en hileras animadas y multicolores, tenían cuernos y rabos,
unas estaban cubiertas de escamas, otras de plumas, otras andaban en cueros,
y las palabras que formaban eran palpables, audibles y comestibles  pero impronunciables:
no eran letras sino sensaciones, no eran sensaciones sino Transfiguraciones.

¿Y todo esto para qué? Para trazar una línea en la celda de un solitario,
para iluminar con un girasol la cabeza de luna del campesino,
para recibir a la noche que viene con personajes azules y pájaros de fiesta,
para saludar a la muerte con una salva de geranios,
para decirle buenos días al día que llega sin jamás preguntarle de dónde viene y adónde va,
para recordar que la cascada es una muchacha que baja las escaleras muerta de risa,
para ver al sol y a sus planetas meciéndose en el trapecio del horizontes,
para aprender a mirar y para que las cosas nos miren y entren y salgan por nuestras miradas,
abecedarios vivientes que echan raíces, suben, florecen, estallan, vuelan, se disipan, caen.

Las miradas son semillas, mirar es sembrar, Miró trabaja como un jardinero
y con sus siete manos traza incansable -círculo y rabo, ¡oh! y ¡ah!-
la gran exclamación con que todos los días comienza el mundo.
ALEXANDRE STARK Jan 2014
Il y a des personne qui pour un court instant, comme un petit papillon de Madagascar,
peuvent vous sourie et satisfaire avec une innocence bienveillante si naturelle qu’on ne
trouve dans aucun endroit ou presque :
hammam de luxe !

Il y a des temples enfouis si inouïe qui illumine ma galaxie et te demande, pour guide.…
Oh, steppes arides Mexicaines, mes séculaires puits désert, mes horizons abandonné prés d’
Himalaya qui cherche routard et vie avec.
Huile brulés et larmes séché, enfance volé, démon si prés ne te demande rien : que guide.

Il y à toujours pour nous, les doigts d’une main dans une caresse sublime, parce que tes
bras, courre devant moi, :

Ne t’arête pas, car ton sourire éclate le jade dans blanc si minérale, parfum dans vert
sapin, j’irrigue ainsi et je cultive.Je donne la vie pour que tout ça, anime esprit, Himalaya, donne confiance dans mon éveille,voyage sans fin et vagabonde, les haut plateaux du thé :
« Marquise du haut : regard tout bas ! »

Suis ce fou errant, pour avant ce sale gamin à qui personne dessine :
Ton danse présent pollen mon sens et dans ma voix, je cour couleur de pluie sur ciel pour toi,
libérer mes ailles, un jour pour soie si fine, que tu vêtis dans robe hammam ,
dans Innocence marré Mexique qui Guides ce vol -Vien dans le mien, illumines !

                                                                                                                           ALEXANDRE STARK
I


Mon Dieu m'a dit : Mon fils, il faut m'aimer. Tu vois

Mon flanc percé, mon cœur qui rayonne et qui saigne,

Et mes pieds offensés que Madeleine baigne

De larmes, et mes bras douloureux sous le poids


De tes péchés, et mes mains ! Et tu vois la croix,

Tu vois les clous, le fiel, l'éponge et tout t'enseigne

À n'aimer, en ce monde où la chair règne.

Que ma Chair et mon Sang, ma parole et ma voix.


Ne t'ai-je pas aimé jusqu'à la mort moi-même,

Mon frère en mon Père, ô mon fils en l'Esprit,

Et n'ai-je pas souffert, comme c'était écrit ?


N'ai-je pas sangloté ton angoisse suprême

Et n'ai-je pas sué la sueur de tes nuits,

Lamentable ami qui me cherches où je suis ? »


II


J'ai répondu : Seigneur, vous avez dit mon âme.

C'est vrai que je vous cherche et ne vous trouve pas.

Mais vous aimer ! Voyez comme je suis en bas,

Vous dont l'amour toujours monte comme la flamme.


Vous, la source de paix que toute soif réclame,

Hélas ! Voyez un peu mes tristes combats !

Oserai-je adorer la trace de vos pas,

Sur ces genoux saignants d'un rampement infâme ?


Et pourtant je vous cherche en longs tâtonnements,

Je voudrais que votre ombre au moins vêtît ma houle,

Mais vous n'avez pas d'ombre, ô vous dont l'amour monte,


Ô vous, fontaine calme, amère aux seuls amants

De leur damnation, ô vous toute lumière

Sauf aux yeux dont un lourd baiser tient la paupière !


III


- Il faut m'aimer ! Je suis l'universel Baiser,

Je suis cette paupière et je suis cette lèvre

Dont tu parles, ô cher malade, et cette fièvre

Qui t'agite, c'est moi toujours ! il faut oser


M'aimer ! Oui, mon amour monte sans biaiser

Jusqu'où ne grimpe pas ton pauvre amour de chèvre,

Et t'emportera, comme un aigle vole un lièvre,

Vers des serpolets qu'un ciel cher vient arroser.


Ô ma nuit claire ! Ô tes yeux dans mon clair de lune !

Ô ce lit de lumière et d'eau parmi la brune !

Toute celle innocence et tout ce reposoir !


Aime-moi ! Ces deux mots sont mes verbes suprêmes,

Car étant ton Dieu tout-puissant, Je peux vouloir,

Mais je ne veux d'abord que pouvoir que tu m'aimes.


IV


- Seigneur, c'est trop ? Vraiment je n'ose. Aimer qui ? Vous ?

Oh ! non ! Je tremble et n'ose. Oh ! vous aimer je n'ose,

Je ne veux pas ! Je suis indigne. Vous, la Rose

Immense des purs vents de l'Amour, ô Vous, tous


Les cœurs des saints, ô vous qui fûtes le Jaloux

D'Israël, Vous, la chaste abeille qui se pose

Sur la seule fleur d'une innocence mi-close.

Quoi, moi, moi, pouvoir Vous aimer. Êtes-vous fous


Père, Fils, Esprit ? Moi, ce pécheur-ci, ce lâche,

Ce superbe, qui fait le mal comme sa tâche

Et n'a dans tous ses sens, odorat, toucher, goût.


Vue, ouïe, et dans tout son être - hélas ! dans tout

Son espoir et dans tout son remords que l'extase

D'une caresse où le seul vieil Adam s'embrase ?


V


- Il faut m'aimer. Je suis ces Fous que tu nommais,

Je suis l'Adam nouveau qui mange le vieil homme,

Ta Rome, ton Paris, ta Sparte et ta Sodome,

Comme un pauvre rué parmi d'horribles mets.


Mon amour est le feu qui dévore à jamais

Toute chair insensée, et l'évaporé comme

Un parfum, - et c'est le déluge qui consomme

En son Ilot tout mauvais germe que je semais.


Afin qu'un jour la Croix où je meurs fût dressée

Et que par un miracle effrayant de bonté

Je t'eusse un jour à moi, frémissant et dompté.


Aime. Sors de ta nuit. Aime. C'est ma pensée

De toute éternité, pauvre âme délaissée,

Que tu dusses m'aimer, moi seul qui suis resté !


VI


- Seigneur, j'ai peur. Mon âme en moi tressaille toute.

Je vois, je sens qu'il faut vous aimer. Mais comment

Moi, ceci, me ferais-je, ô mon Dieu, votre amant,

Ô Justice que la vertu des bons redoute ?


Oui, comment ? Car voici que s'ébranle la voûte

Où mon cœur creusait son ensevelissement

Et que je sens fluer à moi le firmament,

Et je vous dis : de vous à moi quelle est la route ?


Tendez-moi votre main, que je puisse lever

Cette chair accroupie et cet esprit malade.

Mais recevoir jamais la céleste accolade.


Est-ce possible ? Un jour, pouvoir la retrouver

Dans votre sein, sur votre cœur qui fut le nôtre,

La place où reposa la tête de l'apôtre ?


VII


- Certes, si tu le veux mériter, mon fils, oui,

Et voici. Laisse aller l'ignorance indécise

De ton cœur vers les bras ouverts de mon Église,

Comme la guêpe vole au lis épanoui.


Approche-toi de mon oreille. Épanches-y

L'humiliation d'une brave franchise.

Dis-moi tout sans un mot d'orgueil ou de reprise

Et m'offre le bouquet d'un repentir choisi.


Puis franchement et simplement viens à ma table.

Et je t'y bénirai d'un repas délectable

Auquel l'ange n'aura lui-même qu'assisté,


Et tu boiras le Vin de la vigne immuable,

Dont la force, dont la douceur, dont la bonté

Feront germer ton sang à l'immortalité.


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Puis, va ! Garde une foi modeste en ce mystère

D'amour par quoi je suis ta chair et ta raison,

Et surtout reviens très souvent dans ma maison,

Pour y participer au Vin qui désaltère.


Au Pain sans qui la vie est une trahison,

Pour y prier mon Père et supplier ma Mère

Qu'il te soit accordé, dans l'exil de la terre,

D'être l'agneau sans cris qui donne sa toison.


D'être l'enfant vêtu de lin et d'innocence,

D'oublier ton pauvre amour-propre et ton essence,

Enfin, de devenir un peu semblable à moi


Qui fus, durant les jours d'Hérode et de Pilate

Et de Judas et de Pierre, pareil à toi

Pour souffrir et mourir d'une mort scélérate !


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


Et pour récompenser ton zèle en ces devoirs

Si doux qu'ils sont encore d'ineffables délices,

Je te ferai goûter sur terre mes prémices,

La paix du cœur, l'amour d'être pauvre, et mes soirs -


Mystiques, quand l'esprit s'ouvre aux calmes espoirs

Et croit boire, suivant ma promesse, au Calice

Éternel, et qu'au ciel pieux la lune glisse,

Et que sonnent les angélus roses et noirs,


En attendant l'assomption dans ma lumière,

L'éveil sans fin dans ma charité coutumière,

La musique de mes louanges à jamais,


Et l'extase perpétuelle et la science.

Et d'être en moi parmi l'aimable irradiance

De tes souffrances, enfin miennes, que j'aimais !


VIII


- Ah ! Seigneur, qu'ai-je ? Hélas ! me voici tout en larmes

D'une joie extraordinaire : votre voix

Me fait comme du bien et du mal à la fois,

Et le mal et le bien, tout a les mêmes charmes.


Je ris, je pleure, et c'est comme un appel aux armes

D'un clairon pour des champs de bataille où je vois

Des anges bleus et blancs portés sur des pavois,

Et ce clairon m'enlève en de fières alarmes.


J'ai l'extase et j'ai la terreur d'être choisi.

Je suis indigne, mais je sais votre clémence.

Ah ! quel effort, mais quelle ardeur ! Et me voici


Plein d'une humble prière, encore qu'un trouble immense

Brouille l'espoir que votre voix me révéla,

Et j'aspire en tremblant.


IX


- Pauvre âme, c'est cela !
I

Mets-toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange
Ce drap glacé qui fait des plis sur ton front d'ange,
Ouvre tes mains, et prends ce livre : il est à toi.

Ce livre où vit mon âme, espoir, deuil, rêve, effroi,
Ce livre qui contient le spectre de ma vie,
Mes angoisses, mon aube, hélas ! de pleurs suivie,
L'ombre et son ouragan, la rose et son pistil,
Ce livre azuré, triste, orageux, d'où sort-il ?
D'où sort le blême éclair qui déchire la brume ?
Depuis quatre ans, j'habite un tourbillon d'écume ;
Ce livre en a jailli. Dieu dictait, j'écrivais ;
Car je suis paille au vent. Va ! dit l'esprit. Je vais.
Et, quand j'eus terminé ces pages, quand ce livre
Se mit à palpiter, à respirer, à vivre,
Une église des champs, que le lierre verdit,
Dont la tour sonne l'heure à mon néant, m'a dit :
Ton cantique est fini ; donne-le-moi, poëte.
- Je le réclame, a dit la forêt inquiète ;
Et le doux pré fleuri m'a dit : - Donne-le-moi.
La mer, en le voyant frémir, m'a dit : - Pourquoi
Ne pas me le jeter, puisque c'est une voile !
- C'est à moi qu'appartient cet hymne, a dit l'étoile.
- Donne-le-nous, songeur, ont crié les grands vents.
Et les oiseaux m'ont dit : - Vas-tu pas aux vivants
Offrir ce livre, éclos si **** de leurs querelles ?
Laisse-nous l'emporter dans nos nids sur nos ailes ! -
Mais le vent n'aura point mon livre, ô cieux profonds !
Ni la sauvage mer, livrée aux noirs typhons,
Ouvrant et refermant ses flots, âpres embûches ;
Ni la verte forêt qu'emplit un bruit de ruches ;
Ni l'église où le temps fait tourner son compas ;
Le pré ne l'aura pas, l'astre ne l'aura pas,
L'oiseau ne l'aura pas, qu'il soit aigle ou colombe,
Les nids ne l'auront pas ; je le donne à la tombe.

II

Autrefois, quand septembre en larmes revenait,
Je partais, je quittais tout ce qui me connaît,
Je m'évadais ; Paris s'effaçait ; rien, personne !
J'allais, je n'étais plus qu'une ombre qui frissonne,
Je fuyais, seul, sans voir, sans penser, sans parler,
Sachant bien que j'irais où je devais aller ;
Hélas ! je n'aurais pu même dire : Je souffre !
Et, comme subissant l'attraction d'un gouffre,
Que le chemin fût beau, pluvieux, froid, mauvais,
J'ignorais, je marchais devant moi, j'arrivais.
Ô souvenirs ! ô forme horrible des collines !
Et, pendant que la mère et la soeur, orphelines,
Pleuraient dans la maison, je cherchais le lieu noir
Avec l'avidité morne du désespoir ;
Puis j'allais au champ triste à côté de l'église ;
Tête nue, à pas lents, les cheveux dans la bise,
L'oeil aux cieux, j'approchais ; l'accablement soutient ;
Les arbres murmuraient : C'est le père qui vient !
Les ronces écartaient leurs branches desséchées ;
Je marchais à travers les humbles croix penchées,
Disant je ne sais quels doux et funèbres mots ;
Et je m'agenouillais au milieu des rameaux
Sur la pierre qu'on voit blanche dans la verdure.
Pourquoi donc dormais-tu d'une façon si dure
Que tu n'entendais pas lorsque je t'appelais ?

Et les pêcheurs passaient en traînant leurs filets,
Et disaient : Qu'est-ce donc que cet homme qui songe ?
Et le jour, et le soir, et l'ombre qui s'allonge,
Et Vénus, qui pour moi jadis étincela,
Tout avait disparu que j'étais encor là.
J'étais là, suppliant celui qui nous exauce ;
J'adorais, je laissais tomber sur cette fosse,
Hélas ! où j'avais vu s'évanouir mes cieux,
Tout mon coeur goutte à goutte en pleurs silencieux ;
J'effeuillais de la sauge et de la clématite ;
Je me la rappelais quand elle était petite,
Quand elle m'apportait des lys et des jasmins,
Ou quand elle prenait ma plume dans ses mains,
Gaie, et riant d'avoir de l'encre à ses doigts roses ;
Je respirais les fleurs sur cette cendre écloses,
Je fixais mon regard sur ces froids gazons verts,
Et par moments, ô Dieu, je voyais, à travers
La pierre du tombeau, comme une lueur d'âme !

Oui, jadis, quand cette heure en deuil qui me réclame
Tintait dans le ciel triste et dans mon coeur saignant,
Rien ne me retenait, et j'allais ; maintenant,
Hélas !... - Ô fleuve ! ô bois ! vallons dont je fus l'hôte,
Elle sait, n'est-ce pas ? que ce n'est pas ma faute
Si, depuis ces quatre ans, pauvre coeur sans flambeau,
Je ne suis pas allé prier sur son tombeau !

III

Ainsi, ce noir chemin que je faisais, ce marbre
Que je contemplais, pâle, adossé contre un arbre,
Ce tombeau sur lequel mes pieds pouvaient marcher,
La nuit, que je voyais lentement approcher,
Ces ifs, ce crépuscule avec ce cimetière,
Ces sanglots, qui du moins tombaient sur cette pierre,
Ô mon Dieu, tout cela, c'était donc du bonheur !

Dis, qu'as-tu fait pendant tout ce temps-là ? - Seigneur,
Qu'a-t-elle fait ? - Vois-tu la vie en vos demeures ?
A quelle horloge d'ombre as-tu compté les heures ?
As-tu sans bruit parfois poussé l'autre endormi ?
Et t'es-tu, m'attendant, réveillée à demi ?
T'es-tu, pâle, accoudée à l'obscure fenêtre
De l'infini, cherchant dans l'ombre à reconnaître
Un passant, à travers le noir cercueil mal joint,
Attentive, écoutant si tu n'entendais point
Quelqu'un marcher vers toi dans l'éternité sombre ?
Et t'es-tu recouchée ainsi qu'un mât qui sombre,
En disant : Qu'est-ce donc ? mon père ne vient pas !
Avez-vous tous les deux parlé de moi tout bas ?

Que de fois j'ai choisi, tout mouillés de rosée,
Des lys dans mon jardin, des lys dans ma pensée !
Que de fois j'ai cueilli de l'aubépine en fleur !
Que de fois j'ai, là-bas, cherché la tour d'Harfleur,
Murmurant : C'est demain que je pars ! et, stupide,
Je calculais le vent et la voile rapide,
Puis ma main s'ouvrait triste, et je disais : Tout fuit !
Et le bouquet tombait, sinistre, dans la nuit !
Oh ! que de fois, sentant qu'elle devait m'attendre,
J'ai pris ce que j'avais dans le coeur de plus tendre
Pour en charger quelqu'un qui passerait par là !

Lazare ouvrit les yeux quand Jésus l'appela ;
Quand je lui parle, hélas ! pourquoi les ferme-t-elle ?
Où serait donc le mal quand de l'ombre mortelle
L'amour violerait deux fois le noir secret,
Et quand, ce qu'un dieu fit, un père le ferait ?

IV

Que ce livre, du moins, obscur message, arrive,
Murmure, à ce silence, et, flot, à cette rive !
Qu'il y tombe, sanglot, soupir, larme d'amour !
Qu'il entre en ce sépulcre où sont entrés un jour
Le baiser, la jeunesse, et l'aube, et la rosée,
Et le rire adoré de la fraîche épousée,
Et la joie, et mon coeur, qui n'est pas ressorti !
Qu'il soit le cri d'espoir qui n'a jamais menti,
Le chant du deuil, la voix du pâle adieu qui pleure,
Le rêve dont on sent l'aile qui nous effleure !
Qu'elle dise : Quelqu'un est là ; j'entends du bruit !
Qu'il soit comme le pas de mon âme en sa nuit !

Ce livre, légion tournoyante et sans nombre
D'oiseaux blancs dans l'aurore et d'oiseaux noirs dans l'ombre,
Ce vol de souvenirs fuyant à l'horizon,
Cet essaim que je lâche au seuil de ma prison,
Je vous le confie, air, souffles, nuée, espace !
Que ce fauve océan qui me parle à voix basse,
Lui soit clément, l'épargne et le laisse passer !
Et que le vent ait soin de n'en rien disperser,
Et jusqu'au froid caveau fidèlement apporte
Ce don mystérieux de l'absent à la morte !

Ô Dieu ! puisqu'en effet, dans ces sombres feuillets,
Dans ces strophes qu'au fond de vos cieux je cueillais,
Dans ces chants murmurés comme un épithalame
Pendant que vous tourniez les pages de mon âme,
Puisque j'ai, dans ce livre, enregistré mes jours,
Mes maux, mes deuils, mes cris dans les problèmes sourds,
Mes amours, mes travaux, ma vie heure par heure ;
Puisque vous ne voulez pas encor que je meure,
Et qu'il faut bien pourtant que j'aille lui parler ;
Puisque je sens le vent de l'infini souffler
Sur ce livre qu'emplit l'orage et le mystère ;
Puisque j'ai versé là toutes vos ombres, terre,
Humanité, douleur, dont je suis le passant ;
Puisque de mon esprit, de mon coeur, de mon sang,
J'ai fait l'âcre parfum de ces versets funèbres,
Va-t'en, livre, à l'azur, à travers les ténèbres !
Fuis vers la brume où tout à pas lents est conduit !
Oui, qu'il vole à la fosse, à la tombe, à la nuit,
Comme une feuille d'arbre ou comme une âme d'homme !
Qu'il roule au gouffre où va tout ce que la voix nomme !
Qu'il tombe au plus profond du sépulcre hagard,
A côté d'elle, ô mort ! et que là, le regard,
Près de l'ange qui dort, lumineux et sublime,
Le voie épanoui, sombre fleur de l'abîme !

V

Ô doux commencements d'azur qui me trompiez,
Ô bonheurs ! je vous ai durement expiés !
J'ai le droit aujourd'hui d'être, quand la nuit tombe,
Un de ceux qui se font écouter de la tombe,
Et qui font, en parlant aux morts blêmes et seuls,
Remuer lentement les plis noirs des linceuls,
Et dont la parole, âpre ou tendre, émeut les pierres,
Les grains dans les sillons, les ombres dans les bières,
La vague et la nuée, et devient une voix
De la nature, ainsi que la rumeur des bois.
Car voilà, n'est-ce pas, tombeaux ? bien des années,
Que je marche au milieu des croix infortunées,
Échevelé parmi les ifs et les cyprès,
L'âme au bord de la nuit, et m'approchant tout près,
Et que je vais, courbé sur le cercueil austère,
Questionnant le plomb, les clous, le ver de terre
Qui pour moi sort des yeux de la tête de mort,
Le squelette qui rit, le squelette qui mord,
Les mains aux doigts noueux, les crânes, les poussières,
Et les os des genoux qui savent des prières !

Hélas ! j'ai fouillé tout. J'ai voulu voir le fond.
Pourquoi le mal en nous avec le bien se fond,
J'ai voulu le savoir. J'ai dit : Que faut-il croire ?
J'ai creusé la lumière, et l'aurore, et la gloire,
L'enfant joyeux, la vierge et sa chaste frayeur,
Et l'amour, et la vie, et l'âme, - fossoyeur.

Qu'ai-je appris ? J'ai, pensif , tout saisi sans rien prendre ;
J'ai vu beaucoup de nuit et fait beaucoup de cendre.
Qui sommes-nous ? que veut dire ce mot : Toujours ?
J'ai tout enseveli, songes, espoirs, amours,
Dans la fosse que j'ai creusée en ma poitrine.
Qui donc a la science ? où donc est la doctrine ?
Oh ! que ne suis-je encor le rêveur d'autrefois,
Qui s'égarait dans l'herbe, et les prés, et les bois,
Qui marchait souriant, le soir, quand le ciel brille,
Tenant la main petite et blanche de sa fille,
Et qui, joyeux, laissant luire le firmament,
Laissant l'enfant parler, se sentait lentement
Emplir de cet azur et de cette innocence !

Entre Dieu qui flamboie et l'ange qui l'encense,
J'ai vécu, j'ai lutté, sans crainte, sans remord.
Puis ma porte soudain s'ouvrit devant la mort,
Cette visite brusque et terrible de l'ombre.
Tu passes en laissant le vide et le décombre,
Ô spectre ! tu saisis mon ange et tu frappas.
Un tombeau fut dès lors le but de tous mes pas.

VI

Je ne puis plus reprendre aujourd'hui dans la plaine
Mon sentier d'autrefois qui descend vers la Seine ;
Je ne puis plus aller où j'allais ; je ne puis,
Pareil à la laveuse assise au bord du puits,
Que m'accouder au mur de l'éternel abîme ;
Paris m'est éclipsé par l'énorme Solime ;
La hauteNotre-Dame à présent, qui me luit,
C'est l'ombre ayant deux tours, le silence et la nuit,
Et laissant des clartés trouer ses fatals voiles ;
Et je vois sur mon front un panthéon d'étoiles ;
Si j'appelle Rouen, Villequier, Caudebec,
Toute l'ombre me crie : Horeb, Cédron, Balbeck !
Et, si je pars, m'arrête à la première lieue,
Et me dit: Tourne-toi vers l'immensité bleue !
Et me dit : Les chemins où tu marchais sont clos.
Penche-toi sur les nuits, sur les vents, sur les flots !
A quoi penses-tu donc ? que fais-tu, solitaire ?
Crois-tu donc sous tes pieds avoir encor la terre ?
Où vas-tu de la sorte et machinalement ?
Ô songeur ! penche-toi sur l'être et l'élément !
Écoute la rumeur des âmes dans les ondes !
Contemple, s'il te faut de la cendre, les mondes ;
Cherche au moins la poussière immense, si tu veux
Mêler de la poussière à tes sombres cheveux,
Et regarde, en dehors de ton propre martyre,
Le grand néant, si c'est le néant qui t'attire !
Sois tout à ces soleils où tu remonteras !
Laisse là ton vil coin de terre. Tends les bras,
Ô proscrit de l'azur, vers les astres patries !
Revois-y refleurir tes aurores flétries ;
Deviens le grand oeil fixe ouvert sur le grand tout.
Penche-toi sur l'énigme où l'être se dissout,
Sur tout ce qui naît, vit, marche, s'éteint, succombe,
Sur tout le genre humain et sur toute la tombe !

Mais mon coeur toujours saigne et du même côté.
C'est en vain que les cieux, les nuits, l'éternité,
Veulent distraire une âme et calmer un atome.
Tout l'éblouissement des lumières du dôme
M'ôte-t-il une larme ? Ah ! l'étendue a beau
Me parler, me montrer l'universel tombeau,
Les soirs sereins, les bois rêveurs, la lune amie ;
J'écoute, et je reviens à la douce endormie.

VII

Des fleurs ! oh ! si j'avais des fleurs ! si je pouvais
Aller semer des lys sur ces deux froids chevets !
Si je pouvais couvrir de fleurs mon ange pâle !
Les fleurs sont l'or, l'azur, l'émeraude, l'opale !
Le cercueil au milieu des fleurs veut se coucher ;
Les fleurs aiment la mort, et Dieu les fait toucher
Par leur racine aux os, par leur parfum aux âmes !
Puisque je ne le puis, aux lieux que nous aimâmes,
Puisque Dieu ne veut pas nous laisser revenir,
Puisqu'il nous fait lâcher ce qu'on croyait tenir,
Puisque le froid destin, dans ma geôle profonde,
Sur la première porte en scelle une seconde,
Et, sur le père triste et sur l'enfant qui dort,
Ferme l'exil après avoir fermé la mort,
Puisqu'il est impossible à présent que je jette
Même un brin de bruyère à sa fosse muette,
C'est bien le moins qu'elle ait mon âme, n'est-ce pas ?
Ô vent noir dont j'entends sur mon plafond le pas !
Tempête, hiver, qui bats ma vitre de ta grêle !
Mers, nuits ! et je l'ai mise en ce livre pour elle !

Prends ce livre ; et dis-toi : Ceci vient du vivant
Que nous avons laissé derrière nous, rêvant.
Prends. Et, quoique de ****, reconnais ma voix, âme !
Oh ! ta cendre est le lit de mon reste de flamme ;
Ta tombe est mon espoir, ma charité, ma foi ;
Ton linceul toujours flotte entre la vie et moi.
Prends ce livre, et fais-en sortir un divin psaume !
Qu'entre tes vagues mains il devienne fantôme !
Qu'il blanchisse, pareil à l'aube qui pâlit,
A mesure que l'oeil de mon ange le lit,
Et qu'il s'évanouisse, et flotte, et disparaisse,
Ainsi qu'un âtre obscur qu'un souffle errant caresse,
Ainsi qu'une lueur qu'on voit passer le soir,
Ainsi qu'un tourbillon de feu de l'encensoir,
Et que, sous ton regard éblouissant et sombre,
Chaque page s'en aille en étoiles dans l'ombre !

VIII

Oh ! quoi que nous fassions et quoi que nous disions,
Soit que notre âme plane au vent des visions,
Soit qu'elle se cramponne à l'argile natale,
Toujours nous arrivons à ta grotte fatale,
Gethsémani ! qu'éclaire une vague lueur !
Ô rocher de l'étrange et funèbre sueur !
Cave où l'esprit combat le destin ! ouverture
Sur les profonds effrois de la sombre nature !
Antre d'où le lion sort rêveur, en voyant
Quelqu'un de plus sinistre et de plus effrayant,
La douleur, entrer, pâle, amère, échevelée !
Ô chute ! asile ! ô seuil de la trouble vallée
D'où nous apercevons nos ans fuyants et courts,
Nos propres pas marqués dans la fange des jours,
L'échelle où le mal pèse et monte, spectre louche,
L'âpre frémissement de la palme farouche,
Les degrés noirs tirant en bas les blancs degrés,
Et les frissons aux fronts des anges effarés !

Toujours nous arrivons à cette solitude,
Et, là, nous nous taisons, sentant la plénitude !

Paix à l'ombre ! Dormez ! dormez ! dormez ! dormez !
Êtres, groupes confus lentement transformés !
Dormez, les champs ! dormez, les fleurs ! dormez, les tombes !
Toits, murs, seuils des maisons, pierres des catacombes,
Feuilles au fond des bois, plumes au fond des nids,
Dormez ! dormez, brins d'herbe, et dormez, infinis !
Calmez-vous, forêt, chêne, érable, frêne, yeuse !
Silence sur la grande horreur religieuse,
Sur l'océan qui lutte et qui ronge son mors,
Et sur l'apaisement insondable des morts !
Paix à l'obscurité muette et redoutée,
Paix au doute effrayant, à l'immense ombre athée,
A toi, nature, cercle et centre, âme et milieu,
Fourmillement de tout, solitude de Dieu !
Ô générations aux brumeuses haleines,
Reposez-vous ! pas noirs qui marchez dans les plaines !
Dormez, vous qui saignez ; dormez, vous qui pleurez !
Douleurs, douleurs, douleurs, fermez vos yeux sacrés !
Tout est religio
Paul d'Aubin Jan 2016
Fougères en Corse

Petits, elles nous faisaient peur par leurs frémissements,
sous la caresse du vent et par leur tournoiement,
de vert sombre et de senteurs acres de rivière.
Elles nous paraissaient animées d'une vie mystérieuse,
de landes, de lutins et d'enfants disparus ou dérobés,
Ces fougères nous les nommions : «Fizères».
Elles étaient pour nous source d'effroi et de maléfices,
Jamais nous n'aurions consentis à nous perdre dans l’ondulements de leurs vagues vertes, sous peine d'être aspirées par un magnétisme maléfique,
et devenir prisonniers de leurs immensités feuillues.
En automne, leurs couleurs se transformaient en dorées et en feux,
comme une chevelure rousse déployée ou la robe du renard roux, si vif.
Et quand le vent souffle, leurs feuilles font grand bruissement,
comme les tuyaux d'orgue d'une nature en remuement.
Alors les elfes et les esprits des défunts
Semblent s'en donner à cœur joie au-dessus la rivière «Catena»,
Et même les châtaigniers massifs semblent comme entraînés par le vent dans cette sarabande moins réglée que celle d'Haendel.

Paul Arrighi
Donall Dempsey Nov 2015
GOING TASADAY

The Tasadays
(remnants of a Stone Age culture)        

recently discovered in the Philippines

have no words
for war, hate or weapons

but favour
the communicative power

of skin

indulging in constant
warm enfolding embraces

loving touches.

So, this Tuesday
let's be Tasadays

hark back
to Stone Age practice

and indulge in

the process of osmosis

soaking each other up

skin to skin.

*

Oh how I yearn for...hunger for this woman's skin...a touch mutating into a caresse...transforming into a kiss...a kiss becoming...!
We spend hours just holding each other...the skin of the other offering love comfort and security and sensuality. Ever since we met in Stratford and inadvertently our thighs touched when seated together...that one touch conveyed all that could be said for now and forever. In that one touch we had everything we needed to know about each other and the rest of our bodies just had to catch up!
Cartwright Mar 2010
I Adore you , I Love the way You speak,
The way you move, I Love to Love Ya.
Through Hellacious events and even moody times.
I love you more in every way. So baby bring it all to me.
I will always Love you til Death do us part and in
sickness and health we shall have our Love as well as Wealth.
Death as well as Poverty,
as I wish upon a star for all to go
Well and superb as the shooting star never stops
I wont ever stop Lovin you
cause you are so hot stick sweet from your head down to you feet.
So pour some sugar on me,
but not to deep for to got as far down
WELL we gotta savour that taste of Love and passion,
The sweetness of truth on the tongue
of passion and the  massage of Exstacy  
within Your arms Flowin down your body as we
intertwine ourselves in a
Portal of seduction which Leads to a
Reproduction of the Lovelyness
that is My Immortal Beloved to Her
King on ancient wings of worldly power
will Give all my Love to you drastically
wanting to Dine on your Platter Like
Romeo and Julliets Hot ***.
Not only to make you wet but as
well to make you mine until death
and beyond in Lovers Lane.
Deaths will not touch our
Coiled embrace as we set
on into the sun were
Earth Hits Wind and Starts to caresse
The Fire which is this passion for
Life Long with You no matter how old
and decrepped we get,
Our passion for each other is left
to be said that A Heart is a House for Love,
and while we ride together to
everlasting Life Exstacy takes a
hold of us just like The key to my
Ever loving Heart to My Empress as
well as my Immortal Daimond in the Ruff,
so I will take one jump ahead of that
line and Show you a whole new world
as we show sweet love face down ***
up in the air toggling my juicy energies
that call out for your sweetness Essence of ******.
so I ask Are you Ready For Me My Immortal,
My Rib, My Everything,
Under this sweet moon we call Life ;
We careese every minute as its our
Last so Scream as Loud as you want
in that pillow as I release My Anocanda
within your cave to explore all the
wonders of My Immortal Goddess....
                             So Are You Ready??
Christopher Nathaniel Cartwright
Copyright © 1983-Present
À Maxime Du Camp.

I

Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !

II

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
La Curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace,
Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où !
Où l'homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
Une voix retentit sur le pont : " Ouvre l'oeil ! "
Une voix de la hune, ardente et folle, crie .
" Amour... gloire... bonheur ! " Enfer ! c'est un écueil !

Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin ;
L'Imagination qui dresse son orgie
Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.

Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques !
Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis ;
Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
Partout où la chandelle illumine un taudis.

III

Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.

Dites, qu'avez-vous vu ?

IV

" Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette,
La gloire des cités dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus grands paysages,
Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages.
Et toujours le désir nous rendait soucieux !

- La jouissance ajoute au désir de la force.  
Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
Cependant que grossit et durcit ton écorce,
Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
Que le cyprès ? - Pourtant nous avons, avec soin,
Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de **** !

Nous avons salué des idoles à trompe ;
Des trônes constellés de joyaux lumineux ;
Des palais ouvragés dont la féerique pompe
Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;

" Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ;
Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
Et des jongleurs savants que le serpent caresse. "

V

Et puis, et puis encore ?

VI

" Ô cerveaux enfantins !
Pour ne pas oublier la chose capitale,
Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ;
L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout ;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
La fête qu'assaisonne et parfume le sang ;
Le poison du pouvoir énervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

Plusieurs religions semblables à la nôtre,
Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
Et, folle maintenant comme elle était jadis,
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
" Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! "

Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
Et se réfugiant dans l'***** immense !
- Tel est du globe entier l'éternel bulletin. "

VII

Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres,
A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d'autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
Nous pourrons espérer et crier : En avant !
De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent : " Par ici ! vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange
Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n'a jamais de fin ? "

A l'accent familier nous devinons le spectre ;
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
" Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! "
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

VIII

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
On voit dans le Musée antique,
Sur un lit de marbre sculpté,
Une statue énigmatique
D'une inquiétante beauté.

Est-ce un jeune homme ? est-ce une femme,
Une déesse, ou bien un dieu ?
L'amour, ayant peur d'être infâme,
Hésite et suspend son aveu.

Dans sa pose malicieuse,
Elle s'étend, le dos tourné
Devant la foule curieuse,
Sur son coussin capitonné.

Pour faire sa beauté maudite,
Chaque sexe apporta son don.
Tout homme dit : C'est Aphrodite !
Toute femme : C'est Cupidon !

Sexe douteux, grâce certaine,
On dirait ce corps indécis
Fondu, dans l'eau de la fontaine,
Sous les baisers de Salmacis.

Chimère ardente, effort suprême
De l'art et de la volupté,
Monstre charmant, comme je t'aime
Avec ta multiple beauté !

Bien qu'on défende ton approche,
Sous la draperie aux plis droits
Dont le bout à ton pied s'accroche,
Mes yeux ont plongé bien des fois.

Rêve de poète et d'artiste,
Tu m'as bien des nuits occupé,
Et mon caprice qui persiste
Ne convient pas qu'il s'est trompé.
Mais seulement il se transpose,
Et, passant de la forme au son,
Trouve dans sa métamorphose
La jeune fille et le garçon.

Que tu me plais, ô timbre étrange !
Son double, homme et femme à la fois,
Contralto, bizarre mélange,
Hermaphrodite de la voix !

C'est Roméo, c'est Juliette,
Chantant avec un seul gosier ;
Le pigeon rauque et la fauvette
Perchés sur le même rosier ;

C'est la châtelaine qui raille
Son beau page parlant d'amour ;
L'amant au pied de la muraille,
La dame au balcon de sa tour ;

Le papillon, blanche étincelle,
Qu'en ses détours et ses ébats
Poursuit un papillon fidèle,
L'un volant haut et l'autre bas ;

L'ange qui descend et qui monte
Sur l'escalier d'or voltigeant ;
La cloche mêlant dans sa fonte
La voix d'airain, la voix d'argent ;

La mélodie et l'harmonie,
Le chant et l'accompagnement ;
A la grâce la force unie,
La maîtresse embrassant l'amant !

Sur le pli de sa jupe assise,
Ce soir, ce sera Cendrillon
Causant prés du feu qu'elle attise
Avec son ami le grillon ;

Demain le valeureux Arsace
A son courroux donnant l'essor,
Ou Tancrède avec sa cuirasse,
Son épée et son casque d'or ;

Desdemona chantant le Saule,
Zerline bernant Mazetto,
Ou Malcolm le plaid sur l'épaule ;
C'est toi que j'aime, ô contralto !

Nature charmante et bizarre
Que Dieu d'un double attrait para,
Toi qui pourrais, comme Gulnare,
Etre le Kaled d'un Lara,

Et dont la voix, dans sa caresse,
Réveillant le coeur endormi,
Mêle aux soupirs de la maîtresse
L'accent plus mâle de l'ami !
Tu ne vas pas me croire.
Moi-même je n'en reviens pas !
Je suis traumatisé, grand brûlé,
Mutilé de guerre
Tout cela à cause de tes huit soeurs
Tes ombres femelles, les Muses.
Je te raconte, excuse les sanglots,
Les spasmes, les soubresauts de ton petit oiseau orphie
Dépecé, déplumé, vide de toute substance.
Ratatiné. Ratiboisé.
Tes fieffées soeurs, ces gredines m'ont violé !
M'entends-tu?
Je ne suis plus que l'ombre de moi-même
Sans tambour ni trompettes
En plein tunnel de Fréjus
Entre la France et l'Italie.
Je ne me souviens plus très bien du début de mon calvaire :
Je dormais à poings fermés
Je rêvais de toi et je sentais tes paumes chaudes
Qui me dorlotaient et me murmuraient des mots doux
Tu disais que j'étais l'oiseau lyre
L'oiseau de feu l'oiseau paon
Tu voulais que je pavane
En toi sur ton balcon
En faisant mine de regarder les étoiles
Et que comme Marlborough je m'en aille en guerre
Mironton mironton mirontaine
On se ravitaillait tous les deux pour supporter l'exil
Et de provisions en provisions nous ne sortions plus du lit.
Tu me disais "qui aime bien châtie bien"
Et "quand on s'aime on sème "
Et tu me châtiais de va et vient subtils
Et tu semais ma semence aux quatre vents
Sur les champs blancs et roses de ta chair
Tu disais no nu niet
Pour battre la mesure
No nu niet de ta petite voix
No nu niet de ta grosse voix
Une caresse pour marraine
Une caresse pour la Muse
J'étais aux anges
Je dormais du sommeil tranquille
Des orphies
Je croyais que c'étaient des formules bibliques
Et que tu baptisais ainsi l'oiseau
Nonuniet
Je croyais que c'était toi,
C'étaient tes ombres qui se relayaient
C'étaient elles qui étaient à la manoeuvre
Pour me punir de t'avoir choisie toi, mon ange,
Et pas elles, ces diablesses
Déguisées sous leurs masques de la comédia dell'arte.
Rien ne me fut épargné sous la férule de ces Amazones
A huit elles m'ont pénétré par mes neuf orifices
Ou étais-tu alors
Quand j'ai crié ton nom ?
J'ai perdu mon dernier pucelage
J'ai eu beau leur dire
Vietato l'ingresso qui !
Leur dire que j'étais Cagnolo Nogerola detto Roméo
Et que ma Muse à moi n'était aucune d'entre elles
Mais bel et bien toi, Giulietta Cappelletti,
Elles m'ont fait endurer ce que je souhaiterai pas
A mon pire ennemi, foi de Montecchi.
Elles m'ont tatoué la peau de long en large
De phrases inintelligibles
Elles ont gravé dans ma chair des choses insensées :
Chiudi gli occhi e sogna, Farinelli !
Dante, ti amo !
Portami ovunque tu sia. No !
Non smettere mai di splendere con il tuo sorriso !
Nacio nustra maravilhosa historia de amor !
Gracais mi amor por compartir un viaje tan romantico !
I love you forever
Elles m'ont dégusté comme on déguste
Un riso venere con gamberi e crema de zafferano
Elles m'ont emmaillotté de chapelets
Et de litanies
Elles m'ont marqué au chewing gum
Comme on marque au fer rouge
En me laissant leurs mots d'amour.
Je me suis retrouvé au centre de l'arène
Comme un gladiateur en guenilles
Et j'ai chanté de ma plus belle voix de castrat
Un Lascia ch'io pianga
Que n'aurait pas désavoué Haendel...
Me voilà à tes pieds ce matin, émasculé,
Implorant ta miséricorde, Muse bienfaitrice,
Je voudrais que tu me cautérises ces plaies
Que tu me soignes de tes Furies de soeurs
Tu me manques !
Concède-moi cent jours d'indulgence
Comme délai de latence
Le Ciel te le rendra au centuple !
Te saludo Mama
Del nostro Dio
Je sais que seul toi pourra effacer le traumatisme
Me débloquer, me redonner le sourire
Aurais-tu un peu de teinture d'arnica
De la racine de ***** contra et un peu de cyprine
Pour lentement me badigeonner?
I.

On ne songe à la Mort que dans son voisinage :
Au sépulcre éloquent d'un être qui m'est cher,
J'ai, pour m'en pénétrer, fait un pèlerinage,
Et je pèse aujourd'hui ma tristesse d'hier.

Je veux, à mon retour de cette sombre place
Où semblait m'envahir la funèbre torpeur,
Je veux me recueillir et contempler en face
La mort, la grande mort, sans défi, mais sans peur.

Assiste ma pensée, austère poésie
Qui sacres de beauté ce qu'on a bien senti ;
Ta sévère caresse aux pleurs vrais s'associe,
Et tu sais que mon cœur ne t'a jamais menti.

Si ton charme n'est point un misérable leurre,
Ton art un jeu servile, un vain culte sans foi,
Ne m'abandonne pas précisément à l'heure
Où, pour ne pas sombrer, j'ai tant besoin de toi.

Devant l'atroce énigme où la raison succombe,
Si la mienne fléchit tu la relèveras ;
Fais-moi donc explorer l'infini d'outre-tombe
Sur ta grande poitrine entre tes puissants bras ;

Fais taire l'envieux qui t'appelle frivole,
Toi qui dans l'inconnu fais crier des échos
Et prêtes par l'accent, plus sûr que la parole,
Un sens révélateur au seul frisson des mots.

Ne crains pas qu'au tombeau la morte s'en offense,
Ô poésie, ô toi, mon naturel secours,
Ma seconde berceuse au sortir de l'enfance,
Qui seras la dernière au dernier de mes jours.

II.

Hélas ! J'ai trop songé sous les blêmes ténèbres
Où les astres ne sont que des bûchers lointains,
Pour croire qu'échappé de ses voiles funèbres
L'homme s'envole et monte à de plus beaux matins ;

J'ai trop vu sans raison pâtir les créatures
Pour croire qu'il existe au delà d'ici-bas
Quelque plaisir sans pleurs, quelque amour sans tortures,
Quelque être ayant pris forme et qui ne souffre pas.

Toute forme est sur terre un vase de souffrances,
Qui, s'usant à s'emplir, se brise au moindre heurt ;
Apparence mobile entre mille apparences
Toute vie est sur terre un flot qui roule et meurt.

N'es-tu plus qu'une chose au vague aspect de femme,
N'es-tu plus rien ? Je cherche à croire sans effroi
Que, ta vie et ta chair ayant rompu leur trame,
Aujourd'hui, morte aimée, il n'est plus rien de toi.

Je ne puis, je subis des preuves que j'ignore.
S'il ne restait plus rien pour m'entendre en ce lieu,
Même après mainte année y reviendrais-je encore,
Répéter au néant un inutile adieu ?

Serais-je épouvanté de te laisser sous terre ?
Et navré de partir, sans pouvoir t'assister
Dans la nuit formidable où tu gis solitaire,
Penserais-je à fleurir l'ombre où tu dois rester ?

III.

Pourtant je ne sais rien, rien, pas même ton âge :
Mes jours font suite au jour de ton dernier soupir,
Les tiens n'ont-ils pas fait quelque immense passage
Du temps qui court au temps qui n'a plus à courir ?

Ont-ils joint leur durée à l'ancienne durée ?
Pour toi s'enchaînent-ils aux ans chez nous vécus ?
Ou dois-tu quelque part, immuable et sacrée,
Dans l'absolu survivre à ta chair qui n'est plus ?

Certes, dans ma pensée, aux autres invisible,
Ton image demeure impossible à ternir,
Où t'évoque mon cœur tu luis incorruptible,
Mais serais-tu sans moi, hors de mon souvenir ?

Servant de sanctuaire à l'ombre de ta vie,
Je la préserve encor de périr en entier.
Mais que suis-je ? Et demain quand je t'aurai suivie,
Quel ami me promet de ne pas t'oublier ?

Depuis longtemps ta forme est en proie à la terre,
Et jusque dans les cœurs elle meurt par lambeaux,
J'en voudrais découvrir le vrai dépositaire,
Plus sûr que tous les cœurs et que tous les tombeaux.

IV.

Les mains, dans l'agonie, écartent quelque chose.
Est-ce aux mots d'ici-bas l'impatient adieu
Du mourant qui pressent sa lente apothéose ?
Ou l'horreur d'un calice imposé par un dieu ?

Est-ce l'élan qu'imprime au corps l'âme envolée ?
Ou contre le néant un héroïque effort ?
Ou le jeu machinal de l'aiguille affolée,
Quand le balancier tombe, oublié du ressort ?

Naguère ce problème où mon doute s'enfonce,
Ne semblait pas m'atteindre assez pour m'offenser ;
J'interrogeais de ****, sans craindre la réponse,
Maintenant je tiens plus à savoir qu'à penser.

Ah ! Doctrines sans nombre où l'été de mon âge
Au vent froid du discours s'est flétri sans mûrir,
De mes veilles sans fruit réparez le dommage,
Prouvez-moi que la morte ailleurs doit refleurir,

Ou bien qu'anéantie, à l'abri de l'épreuve,
Elle n'a plus jamais de calvaire à gravir,
Ou que, la même encor sous une forme neuve,
Vers la plus haute étoile elle se sent ravir !

Faites-moi croire enfin dans le néant ou l'être,
Pour elle et tous les morts que d'autres ont aimés,
Ayez pitié de moi, car j'ai faim de connaître,
Mais vous n'enseignez rien, verbes inanimés !

Ni vous, dogmes cruels, insensés que vous êtes,
Qui du juif magnanime avez couvert la voix ;
Ni toi, qui n'es qu'un bruit pour les cerveaux honnêtes,
Vaine philosophie où tout sombre à la fois ;

Toi non plus, qui sur Dieu résignée à te taire
Changes la vision pour le tâtonnement,
Science, qui partout te heurtant au mystère
Et n'osant l'affronter, l'ajournes seulement.

Des mots ! Des mots ! Pour l'un la vie est un prodige,
Pour l'autre un phénomène. Eh ! Que m'importe à moi !
Nécessaire ou créé je réclame, vous dis-je,
Et vous les ignorez, ma cause et mon pourquoi.

V.

Puisque je n'ai pas pu, disciple de tant d'autres,
Apprendre ton vrai sort, ô morte que j'aimais,
Arrière les savants, les docteurs, les apôtres.
Je n'interroge plus, je subis désormais.

Quand la nature en nous mit ce qu'on nomme l'âme,
Elle a contre elle-même armé son propre enfant ;
L'esprit qu'elle a fait juste au nom du droit la blâme,
Le cœur qu'elle a fait haut la méprise en rêvant.

Avec elle longtemps, de toute ma pensée
Et de tout mon cœur, j'ai lutté corps à corps,
Mais sur son œuvre inique, et pour l'homme insensée,
Mon front et ma poitrine ont brisé leurs efforts.

Sa loi qui par le meurtre a fait le choix des races,
Abominable excuse au carnage que font
Des peuples malheureux les nations voraces,
De tout aveugle espoir m'a vidé l'âme à fond ;

Je succombe épuisé, comme en pleine bataille
Un soldat, par la veille et la marche affaibli,
Sans vaincre, ni mourir d'une héroïque entaille,
Laisse en lui les clairons s'éteindre dans l'oubli ;

Pourtant sa cause est belle, et si doux est d'y croire
Qu'il cherche en sommeillant la vigueur qui l'a fui ;
Mais trop las pour frapper, il lègue la victoire
Aux fermes compagnons qu'il sent passer sur lui.

Ah ! Qui que vous soyez, vous qui m'avez fait naître,
Qu'on vous nomme hasard, force, matière ou dieux,
Accomplissez en moi, qui n'en suis pas le maître,
Les destins sans refuge, aussi vains qu'odieux.

Faites, faites de moi tout ce que bon vous semble,
Ouvriers inconnus de l'infini malheur,
Je viens de vous maudire, et voyez si je tremble,
Prenez ou me laissez mon souffle et ma chaleur !

Et si je dois fournir aux avides racines
De quoi changer mon être en mille êtres divers,
Dans l'éternel retour des fins aux origines,
Je m'abandonne en proie aux lois de l'univers.
Et vous, l'ancienne esclave à la caresse amère,
Vous le bétail des temps antiques et charnels,
Vous, femmes, dont Jésus fit la Vierge et la Mère,
D'après Celle qui porte en ses yeux maternels
Le reflet le plus grand des rayons éternels,

Aimez ces grands enfants pendus à votre robe,
Les hommes, dont la lèvre est ivre encore du lait
De vos mamelles d'or qu'un linge blanc dérobe ;
Aimez l'homme, il est bon ; aimez-le, s'il est laid.
S'il est déshérité, c'est ainsi qu'il vous plaît.

Les hommes sont vos fruits : partagez-leur votre âme
Votre âme est comme un lait qui ne doit pas tarir,
Ô femmes, pour ces fils douloureux de la femme
Que vous faites pour vivre, hélas ! et pour souffrir ;
Que seul, le Fils de l'homme empêche de mourir !

L'enfant c'est le mystère avec lequel tu joues,
C'est l'inconnu sacré que tu portes neuf mois,
Pendant que la douleur te baise sur les joues,
Mère qui fais des gueux et toi qui fais des rois,
Vous qui tremblez toujours et mourez quelquefois.

Comme autrefois les flancs d'Eve en pleurs sous les branches,
Au jardin favorable où depuis l'amour dort,
Ton labeur est maudit ! Ceux sur qui tu te penches,
Vois, mère, le plus doux, le plus beau, le plus fort,
Il apprend l'amertume et connaîtra la mort.

C'est toi la source, ô femme, écoute, ô mère folle
D'Ésope qui boitait, de Caïn qui griffait,
Vois le fruit noir tombé de ton baiser frivole,
Savoure-le pourtant, comme un divin effet,
En noyant dans l'amour l'horreur de l'avoir fait.

Pour l'amour, tout s'enchante en sa clarté divine.
Aimez comme vos fils les hommes ténébreux ;
Leur cœur, si vous voulez, votre cœur le devine :
Le plus graves au fond sont des enfants peureux ;
Le plus digne d'amour, c'est le plus malheureux.

Eclairez ces savants, ô vous les clairvoyantes,
Ne les avez-vous pas bercés sur vos genoux,
Tout petits ? Vous savez leurs âmes défaillantes ;
Quand ils tombent, venez ; ils sont francs, ils sont doux ;
S'ils deviennent méchants, c'est à cause de vous.

C'est à cause de vous que la discorde allume
Leurs yeux, et c'est pour vous, pour vous plaire un moment
Qu'ils font couler une encre impure sous leur plume.
Cet homme si loyal, ce héros si charmant,
S'il vous adore, il tue, et sur un signe il ment.

L'heure sonne, écoutez, c'est l'heure de la femme ;
Car les temps sont venus, où, tout vêtu de noir,
L'homme, funèbre, a l'air d'être en deuil de son âme
Ah ! rendez-lui son âme, et, comme en un miroir,
Qu'il regarde en la vôtre et qu'il aime à s'y voir.

Au lieu de le tenter, comme un démon vous tente,
Au lieu de garrotter ses membres las, au lieu
De tondre sur son front sa toison éclatante,
Vous, qui foulez son cœur, et vous faites un jeu
De piétiner sa mère, et d'en dissiper Dieu,

Ôtez-lui le vin rouge où son orgueil se grise ;
Retirez-lui l'épée où se crispe sa main ;
Montrez-lui les sentiers qui mènent à l'église,
Parmi l'œillet, le lys, la rose et le jasmin ;
Faites-lui voir le vice un banal grand chemin.

Dites à ces enfants qu'il n'est pas raisonnable
De poursuivre le ciel ailleurs que dans les cieux,
De rêver d'un amour qui cesse d'être aimable,
De se rire du Maître en s'appelant des dieux,
Et de nier l'enter quand ils l'ont dans les yeux.

Cependant l'homme est roi ; s'il courbe son échine
Sur le sillon amer qu'il creuse avec ennui,
S'il traîne ses pieds lourds, le sceau de l'origine
Céleste à son front reste, où l'amour même a lui ;
Et comme il sort de Dieu, femme, tu sors de lui.

Cette paternité brille dans sa faiblesse
Autant que dans sa force ; il a l'autorité.
N'en faites pas un maître irrité qui vous blesse ;
Dans la sombre forêt de l'âpre humanité
L'homme est le chêne, et Dieu lui-même l'a planté.

Respectez ses rameaux, redoutez sa colère,
Car Dieu mit votre sort aux mains de ce proscrit.
Voyez d'abord ce blanc porteur de scapulaire,
Ce moine, votre père auprès de Jésus-Christ :
Il montre dans ses yeux le feu du Saint-Esprit.

En faisant de l'amour leur éternelle étude
Les moines sont heureux à l'ombre de la Croix ;
Ils peuplent avec Dieu leur claire solitude ;
L'étang bleu qui se mêle à la paix des grands bois,
Voilà leur cœur limpide où s'éveillent des voix.

Les apôtres menteurs et les faux capitaines
Qui soumettent les cœurs, mais que Satan soumet,
Vous les reconnaîtrez à des tares certaines :
La luxure a Luther ; l'orgueil tient Mahomet ;
Saint Jean, lui, marchait pur, aussi Jésus l'aimait.

Plus haut que les guerriers, plus haut que les poètes,
Peuple sur lequel souffle un vent mystérieux,
Dominant jusqu'au trône ébloui par les fêtes
Des empereurs blanchis aux regards soucieux,
Et par-dessus la mer des peuples furieux,

À l'ombre de sa belle et haute basilique,
Dans Rome, où vous vivez, cendres du souvenir,
Gouvernant avec fruit sa douce République,
Qu'il mène vers le seul, vers l'unique avenir,
Jaloux de ne lever la main que pour bénir,

Le prêtre luit, vêtu de blanc, comme les marbres,
Dédoublement sans lin du Christ mystérieux,
Berger, comme Abraham qui campe sous les arbres ;
Toute la vérité vieille au fond de ses yeux.
Et maintenant, paissez, long troupeau, sous les cieux.
Paul d'Aubin Jan 2016
Florilèges de  trois poésies sur le café «Naziunale»
de Vicu

1- Premier Poème sur le café de Vicu
(Été 2010)
Un marronnier et trois tilleuls
Sur la fraîcheur comme un clin d'œil
Sous le soleil immobile
Dans l'ombrage des charmilles

Une façade de granit
Sur une salle composite
Sur les murs plusieurs footballeurs
Et d'un vieux berger la vigueur.

Pouvoir s'asseoir, se reposer
Et par-dessus tout siroter
Un verre de bière pression
Sans un souci à l'horizon.

A côté de vous, il fait chaud
Mais le zéphyr souffle tantôt
Sur votre peau, une caresse
Il faut dire que rien ne presse.
Une torpeur qui vous saisit
Un parfum de moments choisis
Mais après tout c'est bien l'été
Et son cortège de beautées.

Dans votre verre un pastis
Comme une senteur d'anis
De jolies filles font le détour
Parées de leurs jolis atours

Verre levé vous plaisantez
Pour l'œil des belles attirer
Mais les coquettes vont leur chemin
En masquant bien leurs vrais desseins





2 - Deuxième Poème au café de Vicu
(Été 2012)

Oh café de Vicu
Tilleuls et marronniers
Aux ombrages si frais
Apaisant les cieux lourds
Et les chaleurs de plomb.

Un chat à la queue courbe
Vient chercher les caresses
Que des femmes distraites
par des hommes ombrageux
Distraitement lui donnent.

Un tempo de langueur
Violone tes douceurs ;
et la « Serena » fraîche
fait plus que rafraichir
notre quête de soifs.

Oh café de Vicu
Tu sais nous préserver
Des vains emballements,
Des fureurs dérisoires
Propres à nous gâcher
Le songe de nos vies.






3 - Troisième poème sur le café «naziunale» de Vicu
(Été 2013)

Une large façade de granit, percée par deux larges portes,
donnant sur une vaste salle a haute cheminée.
Un marronnier et un tilleul vous font don d'une fraîcheur bienvenue,
A l'intérieur comme une icône de la «belle époque» une photographie de groupe d'hommes Corses en canotiers ou feutres mous prenant fièrement la pose devant l'appareil a trépied et le photographe pénétré de son art.

En face l'on voit la mairie de couleur rose, a l'escalier ventru,
Sur le côté droit, une pharmacie antique, aux volets bleus,
Et puis vers onze heure, le tiers des tables sont mises pour les repas,
Et les jeunes serveuse pimpantes s'affairent,
pour poser les serviettes en papier et servir les mélancoliques buveurs de bière «Pietra», a l'arôme fin de châtaigne.

Proche de ma table de Formica vert, deux belles blondes aux coiffures soignées,
sirotent leurs cafés et commentent avec un sérieux excessif une brochure de géographie plastifiée.
Mais parfois sourires et rires viennent donner a l'air léger cette adorable féminité qui manque tant à notre monde de brutes.
L’air est comme cristallin, et la lourde chaleur de Vicu semble conjurée par ce café-terrasse qui est havre de paix et de fraîche douceur.

Deux Corses, à la barbe bien taillée lisent avec une étrange attention, l’édition journalière de «Corse-Matin», interrompus par un ami de leur génération portant beau un feutre gris.
Les épagneuls du café sont curieusement rentrés dans la grande salle, alors qu'hier ils étaient accroupis en terrasse comme aimantes par la chaleur.
Il est maintenant 0nze heure trente docteur Sweitzer et «l'Humanité reste toujours au carrefour» hésitant entre feu vert et feu rouge dont traitèrent si bien Radovan Richta.
Mais, tant pis, la question ne se résoudra pas dans les douces langueurs de Vicu.
Les premiers dineurs ne se pressent pas aux tables dressés.
L’effleure un peu à Vicu, comme un parfum de l'Alambra, ou les repas sont repoussés **** dans l'après-midi ou dans la nuit.
A l'inverse, les couche-**** viennent se convaincre de leur réveil en s'attablant en terrasse demandant un double café, en passant commande d’un double expresso.

Paul Arrighi.
AJ Sep 2015
Tu es comme le printemps,
Comme le vent qui souffle
Par terre, qui me frappe
À cœur, qui me soulève
Et me jete au ciel,
Où les nuages me caressent le visage
Et me disent des mots
D'amour et gentillesse,
De force et de jeunesse.

Tu es comme le printemps,
Comme les arbres qui grossissent
Pour que je puisse les admirer,
Pour que je puisse les toucher,
Et sentir la soie de ses
P'**** cheveux qui restent
Dans l'air timide mais éclatant,
En attendant le couche de soleil
Qui s'avance à l'horizon.

Tu es comme le printemps,
Comme les fleurs bleues et rouges
Qui balancent comme des
Spectateurs qui écoutent au musique,
Qui descendent d'espace et embrasse
La terre, et tu es comme le soleil
Qui brille sur les champs,
Qui réchauffe ma poitrine
Et me caresse les lèvres.

Tu es comme le printemps,
Comme l'air frais en descendant
Le soleil, comme l'orange du ciel
Qui se couvre le monde,
Comme l'odeur souple des pommes
Qui accrochent des branches,
Comme le tranquillité de ne rien se passer.

Tu es comme le printemps,
Comme la nuit qui s'approche
Les villes et les campagnes,
Comme les étoiles qui
Me font penser, espérer
Que je peux t'aimer,
Ou te comprendre,
Même si le printemps devient l'hiver.

/

You're like the spring,
Like the wind that blows
Across the earth,
That knocks on my heart,
That lifts me up
And shoots me to heaven,
Where the clouds caress my face
And tell me words
Of love and kindness,
Of strength and youth.

You are like the spring,
Like the trees that grow
So that I can admire them,
So that I can touch them,
And feel the silk of their
Little hairs that sit
In the timid yet lively air,
Waiting for the sunset
That advances on the horizon.

You are like the spring,
Like the blue and red flowers
That sway like audience members
Listening to music,
Who descend from space and kiss the soil,
And you are like the sun
That shines on the fields,
That heats my chest and kisses my lips.

You are like the spring,
Like the cool air that comes
When the sun goes down,
Like the orange of the sky that covers the world,
Like the supple scent of apples
That hang from branches,
Like the peace of nothing happening.

You are like the spring,
Like the night that approaches
The cities and country-sides,
Like the stars that make me think,
Even hope that I can love you,
Or understand you,
Even if the spring becomes winter.
Chloe Morgan Nov 2017
Il m’a dit qu’il a besoin de moi, comme il a besoin de l’eau
Quand il caresse ma joue, quand il caresse ma peau
‘Je t’aime,’ il m’a dit, quand il touche mon visage
‘L’amour’, je lui dis, ‘est éphémère comme les nuages.’
La vie, c’est un courant, c’est un fleuve, une rivière
T’as besoin de moi, mais moi, j’ai besoin de l’air
‘Ton amour, pour moi, est comme les menottes,’
Je lui dis, quand je prends mes vêtements et ma culotte.
‘Mais tu peux voyager, tu peux courir, si tu veux faire tout ça !’
‘Je voudrais être seule, et je n’peux pas y faire ça si t’es là.’
‘Tu peux faire tout choses ; c’est toi que tu t’arrêtes.’
‘C'est que t’es devoir pour moi, quand je n’veux pas utiliser ma tête.’
L’amour est la roche au fond du ruisseau qui m’a piégé toujours
Donc, je t’aime quand même, mais je vais te voir autour.  
‘Non !’ Il m’a dit, ‘c’est libérer ! C’est la perfection, la vie !’
Par pitié mon chéri, la vie est la vie, mais l’amour est le purgatoire.
He tells me he needs me like he needs water
When he caresses my cheek, when he caresses my skin
'I love you', he says to me when he touches my face
'Love,' I tell him, 'is ephemeral like the clouds.'
Life is a current, is a river, a stream
You need me, but me, I need air
'Your love, for me, is like handcuffs.'
I tell him, as I take my clothes and my underwear.
'But you can travel, you can run, if you want to do all that!'
'I want to be alone, and I can't do that  if you're there.'
'You can do anything, it's only yourself stopping you.'
'It's that you're like homework for me, when I don't want to use my head.'
Love is the rock at the bottom of the stream that always traps me
So, I love you even so, but I'll see you around.
'No!' He says to me, '(love)'s freeing! It's perfection, it's life!
For God's sake my dear, life is life, but love is purgatory.
Avant de nous couvrir de l'or, de la myrrhe et de la rosée
Des eaux de nos volcans secrets
Je voudrais avant l'ultime explication
Avant qu'on n 'enterre sous nos mahots bleus,
Nos arbres à pluie et nos figuiers étrangleurs,
Panthéons naturels de nos divinités
Nos cordons ombilicaux amoureux,
Je voudrais, ma fine amour,
Qu'on fasse ripaille dans les Terres Inconnues
Qu'on fasse les 800 coups dans la Mer Dangereuse
Qu'on mange, qu'on rie, qu'on s'émeuve dans la Mer d'Inimitié
Qu'on prenne à bras le corps nos insaisissables cris et gémissements
Incompréhensibles de dugongs et de baleines à bosses
Qu'on s'en saisisse et qu'on les épingle
Comme des papillons rares sur une planche
Ou des fougères phosphorescentes sur un herbier
Sous du papier buvard avant de les faire sécher
A l'étuve de nos passions microendémiques.
Etudions la fréquence de nos cris
Et de nos épanchements
Grâce aux balises GPS
Inventorions les sauts intimes, les semences nouvelles, les racines-arceaux
Et donnons un nom local et scientifique à chaque nouvelle espèce
A chaque nouvelle danse, morsure, griffure ou caresse
Récupérons des spécimens de nos territoires
Identifions les hot spots de notre patrimoine amoureux
Et en fonction de leur risque d'extinction
Elaborons un plan de sauvegarde de la biodiversité
De notre Carte de Tendre
De nos fonds, de nos mangroves et de nos pitons.
Nous sommes botanistes, océanographes et naturalistes
Nous sommes vétérinaires de notre réserve naturelle
Notre jardin des plantes, notre forêt, notre laboratoire
Notre pépinière, notre refuge, notre corps tropical.
Ma douce main de maîtresse et d'amant

Passe et rit sur ta chère chair en fête,

Rit et jouit de ton jouissement.

Pour la servir tu sais bien qu'elle est faite,

Et ton beau corps faut que je le dévête

Pour l'enivrer sans fin d'un art nouveau

Toujours dans la caresse toujours prête.

Je suis pareil à la grande Sappho.


Laisse ma tête errant et s'abîmant

À l'aventure, un peu farouche, en quête

D'ombre et d'odeur et d'un travail charmant

Vers les saveurs de ta gloire secrète.

Laisse rôder l'âme de ton poète

Partout par là, champ ou bois, mont ou vau,

Comme tu veux et si je le souhaite.

Je suis pareil à la grande Sappho.


Je presse alors tout ton corps goulûment,

Toute ta chair contre mon corps d'athlète

Qui se bande et s'amollit par moment,

Heureux du triomphe et de la défaite

En ce conflit du cœur et de la tête.

Pour la stérile étreinte où le cerveau

Vient faire enfin la nature complète

Je suis pareil à la grande Sappho.


Envoi


Prince ou princesse, honnête ou malhonnête,

Qui qu'en grogne et quel que soit son niveau,

Trop su poète ou divin proxénète,

Je suis pareil à la grande Sappho.
Ce doit être bon de mourir,
D'expirer, oui, de rendre l'âme,
De voir enfin les cieux s'ouvrir ;
Oui, bon de rejeter sa flamme
Hors d'un corps las qui va pourrir ;
Oui, ce doit être bon, Madame,
Ce doit être bon de mourir !

Bon, comme de faire l'amour,
L'amour avec vous, ma Mignonne,
Oui, la nuit, au lever du jour,
Avec ton âme qui rayonne,
Ton corps royal comme une cour ;
Ce doit être bon, ma Mignonne,
Oui, comme de faire l'amour ;

Bon, comme alors que bat mon cœur,
Pareil au tambour qui défile,
Un tambour qui revient vainqueur,
D'arracher le voile inutile
Que retenait ton doigt moqueur,
De t'emporter comme une ville
Sous le feu roulant de mon cœur ;

De faire s'étendre ton corps,
Dont le soupirail s'entrebâille.
Dans de délicieux efforts,
Ainsi qu'une rose défaille
Et va se fondre en parfums forts,
Et doux, comme un beau feu de paille ;
De faire s'étendre ton corps ;

De faire ton âme jouir,
Ton âme aussi belle à connaître,
Que tout ton corps à découvrir ;
De regarder par la fenêtre
De tes yeux ton amour fleurir,
Fleurir dans le fond de ton être
De faire ton âme jouir ;

D'être à deux une seule fleur,
Fleur hermaphrodite, homme et femme,
De sentir le pistil en pleur,
Sous l'étamine toute en flamme,
Oui d'être à deux comme une fleur,
Une grande fleur qui se pâme,
Qui se pâme dans la chaleur.

Oui, bon, comme de voir tes yeux
Humides des pleurs de l'ivresse,
Quand le double jeu sérieux
Des langues que la bouche presse,
Fait se révulser jusqu'aux cieux,
Dans l'appétit de la caresse,
Les deux prunelles de tes yeux ;

De jouir des mots que ta voix
Me lance, comme des flammèches,
Qui, me brûlant comme tes doigts,
M'entrent au cœur comme des flèches,
Tandis que tu mêles ta voix
Dans mon oreille que tu lèches,
À ton souffle chaud que je bois ;

Comme de mordre tes cheveux,
Ta toison brune qui ruisselle,
Où s'étalent tes flancs nerveux,
Et d'empoigner les poils de celle
La plus secrète que je veux,
Avec les poils de ton aisselle,
Mordiller comme tes cheveux ;

D'étreindre délicatement
Tes flancs nus comme pour des luttes,
D'entendre ton gémissement
Rieur comme ce chant des flûtes,
Auquel un léger grincement
Des dents se mêle par minutes,
D'étreindre délicatement,

De presser ta croupe en fureur
Sous le désir qui la cravache
Comme une jument d'empereur,
Tes seins où ma tête se cache
Dans la délicieuse horreur
Des cris que je... que je t'arrache
Du fond de ta gorge en fureur ;

Ce doit être bon de mourir,
Puisque faire ce que l'on nomme
L'amour, impérieux plaisir
De la femme mêlée à l'homme,
C'est doux à l'instant de jouir,
C'est bon, dis-tu, c'est bon... oui... comme,
Comme si l'on allait mourir ?
À Mme de P*.

Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
De l'absence du jour pour consoler les cieux,
Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
Comme les bords flottants d'une robe qui traîne,
Balayer lentement le firmament obscur,
Où les astres ternis revivent dans l'azur.
Alors ces globes d'or, ces îles de lumière,
Que cherche par instinct la rêveuse paupière,
Jaillissent par milliers de l'ombre qui s'enfuit
Comme une poudre d'or sur les pas de la nuit ;
Et le souffle du soir qui vole sur sa trace,
Les sème en tourbillons dans le brillant espace.
L'oeil ébloui les cherche et les perd à la fois ;
Les uns semblent planer sur les cimes des bois,
Tel qu'un céleste oiseau dont les rapides ailes
Font jaillir en s'ouvrant des gerbes d'étincelles.
D'autres en flots brillants s'étendent dans les airs,
Comme un rocher blanchi de l'écume des mers ;
Ceux-là, comme un coursier volant dans la carrière,
Déroulent à longs plis leur flottante crinière ;
Ceux-ci, sur l'horizon se penchant à demi,
Semblent des yeux ouverts sur le monde endormi,
Tandis qu'aux bords du ciel de légères étoiles
Voguent dans cet azur comme de blanches voiles
Qui, revenant au port, d'un rivage lointain,
Brillent sur l'Océan aux rayons du matin.

De ces astres brillants, son plus sublime ouvrage,
Dieu seul connaît le nombre, et la distance, et l'âge ;
Les uns, déjà vieillis, pâlissent à nos yeux,
D'autres se sont perdus dans les routes des cieux,
D'autres, comme des fleurs que son souffle caresse,
Lèvent un front riant de grâce et de jeunesse,
Et, charmant l'Orient de leurs fraîches clartés,
Etonnent tout à coup l'oeil qui les a comptés.
Dans la danse céleste ils s'élancent... et l'homme,
Ainsi qu'un nouveau-né, les salue, et les nomme.
Quel mortel enivré de leur chaste regard,
Laissant ses yeux flottants les fixer au hasard,
Et cherchant le plus pur parmi ce choeur suprême,
Ne l'a pas consacré du nom de ce qu'il aime ?
Moi-même... il en est un, solitaire, isolé,
Qui, dans mes longues nuits, m'a souvent consolé,
Et dont l'éclat, voilé des ombres du mystère,
Me rappelle un regard qui brillait sur la terre.
Peut-être ?... ah ! puisse-t-il au céleste séjour
Porter au moins ce nom que lui donna l'Amour !

Cependant la nuit marche, et sur l'abîme immense
Tous ces mondes flottants gravitent en silence,
Et nous-même, avec eux emportés dans leur cours
Vers un port inconnu nous avançons toujours !
Souvent, pendant la nuit, au souffle du zéphire,
On sent la terre aussi flotter comme un navire.
D'une écume brillante on voit les monts couverts
Fendre d'un cours égal le flot grondant des airs ;
Sur ces vagues d'azur où le globe se joue,
On entend l'aquilon se briser sous la proue,
Et du vent dans les mâts les tristes sifflements,
Et de ses flancs battus les sourds gémissements ;
Et l'homme sur l'abîme où sa demeure flotte
Vogue avec volupté sur la foi du pilote !
Soleils ! mondes flottants qui voguez avec nous,
Dites, s'il vous l'a dit, où donc allons-nous tous ?
Quel est le port céleste où son souffle nous guide ?
Quel terme assigna-t-il à notre vol rapide ?
Allons-nous sur des bords de silence et de deuil,
Echouant dans la nuit sur quelque vaste écueil,
Semer l'immensité des débris du naufrage ?
Ou, conduits par sa main sur un brillant rivage,
Et sur l'ancre éternelle à jamais affermis,
Dans un golfe du ciel aborder endormis ?

Vous qui nagez plus près de la céleste voûte,
Mondes étincelants, vous le savez sans doute !
Cet Océan plus pur, ce ciel où vous flottez,
Laisse arriver à vous de plus vives clartés ;
Plus brillantes que nous, vous savez davantage ;
Car de la vérité la lumière est l'image !
Oui : si j'en crois l'éclat dont vos orbes errants
Argentent des forêts les dômes transparents,
Qui glissant tout à coup sur des mers irritées,
Calme en les éclairant les vagues agitées ;
Si j'en crois ces rayons dont le sensible jour
Inspire la vertu, la prière, l'amour,
Et quand l'oeil attendri s'entrouvre à leur lumière,
Attirent une larme au bord de la paupière ;
Si j'en crois ces instincts, ces doux pressentiments
Qui dirigent vers nous les soupirs des amants,
Les yeux de la beauté, les rêves qu'on regrette,
Et le vol enflammé de l'aigle et du poète !
Tentes du ciel, Edens ! temples! brillants palais !
Vous êtes un séjour d'innocence et de paix !
Dans le calme des nuits, à travers la distance,
Vous en versez sur nous la lointaine influence !
Tout ce que nous cherchons, l'amour, la vérité,
Ces fruits tombés du ciel dont la terre a goûté,
Dans vos brillants climats que le regard envie
Nourrissent à jamais les enfants de la vie,
Et l'homme, un jour peut-être à ses destins rendu,
Retrouvera chez vous tout ce qu'il a perdu ?
Hélas ! combien de fois seul, veillant sur ces cimes
Où notre âme plus libre a des voeux plus sublimes,
Beaux astres ! fleurs du ciel dont le lis est jaloux,
J'ai murmuré tout bas : Que ne suis-je un de vous ?
Que ne puis-je, échappant à ce globe de boue,
Dans la sphère éclatante où mon regard se joue,
Jonchant d'un feu de plus le parvis du saint lieu,
Eclore tout à coup sous les pas de mon Dieu,
Ou briller sur le front de la beauté suprême,
Comme un pâle fleuron de son saint diadème ?

Dans le limpide azur de ces flots de cristal,
Me souvenant encor de mon globe natal,
Je viendrais chaque nuit, tardif et solitaire,
Sur les monts que j'aimais briller près de la terre ;
J'aimerais à glisser sous la nuit des rameaux,
A dormir sur les prés, à flotter sur les eaux ;
A percer doucement le voile d'un nuage,
Comme un regard d'amour que la pudeur ombrage :
Je visiterais l'homme ; et s'il est ici-bas
Un front pensif, des yeux qui ne se ferment pas,
Une âme en deuil, un coeur qu'un poids sublime oppresse,
Répandant devant Dieu sa pieuse tristesse ;
Un malheureux au jour dérobant ses douleurs
Et dans le sein des nuits laissant couler ses pleurs,
Un génie inquiet, une active pensée
Par un instinct trop fort dans l'infini lancée ;
Mon rayon pénétré d'une sainte amitié
Pour des maux trop connus prodiguant sa pitié,
Comme un secret d'amour versé dans un coeur tendre,
Sur ces fronts inclinés se plairait à descendre !
Ma lueur fraternelle en découlant sur eux
Dormirait sur leur sein, sourirait à leurs yeux :
Je leur révélerais dans la langue divine
Un mot du grand secret que le malheur devine ;
Je sécherais leurs pleurs ; et quand l'oeil du matin
Ferait pâlir mon disque à l'horizon lointain,
Mon rayon en quittant leur paupière attendrie
Leur laisserait encor la vague rêverie,
Et la paix et l'espoir ; et, lassés de gémir,
Au moins avant l'aurore ils pourraient s'endormir !

Et vous, brillantes soeurs! étoiles, mes compagnes,
Qui du bleu firmament émaillez les campagnes,
Et cadençant vos pas à la lyre des cieux,
Nouez et dénouez vos choeurs harmonieux !
Introduit sur vos pas dans la céleste chaîne,
Je suivrais dans l'azur l'instinct qui vous entraîne,
Vous guideriez mon oeil dans ce brillant désert,
Labyrinthe de feux où le regard se perd !
Vos rayons m'apprendraient à louer, à connaître
Celui que nous cherchons, que vous voyez peut-être !
Et noyant dans son sein mes tremblantes clartés,
Je sentirais en lui.., tout ce que vous sentez !
G Apr 2015
Rouge
Comme les pétales de roses
Envolées
Qui bougent,
Afin que j’ose
Te donner un baiser.

Orange
Comme la pleine lune
Qui séduit
Étrange,
Ta caresse opportune
Qui glisse et s’enfuit.

Jaune
Comme le diamant
De couleur
Trouvé dans la faune,
Je saisi dans l’instant
Et ton sourire cajoleur.

Vert
Comme l’espoir
Qui s’installe
A découvert
Dans tes yeux noirs
Ou rayonne l’amour fatal.

Bleu
Comme le ciel pur
Aux reflets
Délicieux
Qui dessine notre futur,
Sans regrets.

Indigo
Qui es-tu ?
Plus bleu que bleu
Un faux ?
San vertu ?
Alors ami, fais le beau.

Enfin s’immisce le Violet
Dans le noir de l’encre
De tes tatouages.
Alors j’ouvre les volets
De nos amours tendres
Sans ambages.
Amours multicolores-le 16 juillet 2014, pour Charles
À Madame L. sur son album.

Amitié, doux repos de l'âme,
Crépuscule charmant des cœurs,
Pourquoi dans les yeux d'une femme
As-tu de plus tendres langueurs ?

Ta nature est pourtant la même !
Dans le cœur dont elle a fait don
Ce n'est plus la femme qu'on aime,
Et l'amour a perdu son nom.

Mais comme en une pure glace
Le crayon se colore mieux,
Le sentiment qui le remplace
Est plus visible en deux beaux yeux.

Dans un timbre argentin de femme
Il a de plus tendres accents :
La chaste volupté de l'âme
Devient presque un plaisir des sens.

De l'homme la mâle tendresse
Est le soutien d'un bras nerveux,
Mais la vôtre est une caresse
Qui frissonne dans les cheveux.

Oh ! laissez-moi, vous que j'adore
Des noms les plus doux tour à tour,
O femmes, me tromper encore
Aux ressemblances de l'amour !

Douce ou grave, tendre ou sévère,
L'amitié fut mon premier bien :
Quelque soit la main qui me serre,
C'est un cœur qui répond au mien.

Non, jamais ma main ne repousse
Ce symbole d'un sentiment ;
Mais lorsque la main est plus douce,
Je la serre plus tendrement.
Et vos cheveux, alors, de sombres
Deviennent gris, et de gris, blancs,
Comme un peuple aux ailes sans nombres
De colombes aux vols tremblants.

Suis-je sur terre ou bien rêvè-je ?
Quoi, c'est vous, c'est toi que je vois
Sous ta chevelure de neige,
Jeune de visage et de voix ;

Le corps svelte et libre d'allure,
Sans rien de fané ni de las,
Et cependant ta chevelure
Est plus blanche que les lilas.

Pour qu'il meure et pour qu'il renaisse,
Viens-tu verser à mon désir,
Avec le vin de la jeunesse
L'expérience du plaisir ?

Avec ta voix pleine de verve
Et la pureté de tes mains,
Es-tu la déesse Minerve
Sous l'acier du casque romain ?

Viens-tu verser, dans ta largesse,
Au cœur qui ne peut s'apaiser,
Avec le vin de la sagesse,
L'expérience du baiser ?

Jeune Femme aux cheveux de Sage,
Tels qu'un vol de blancs papillons,
C'est la gloire de ton visage
Qui l'entoure de ses rayons ;

Si ce n'est l'Amour, c'est l'image
De l'Amour, qu'en vous je veux voir,
Jeune femme aux cheveux de Mage,
Tels que les neiges du savoir !

Sous votre vieillesse vermeille
La caresse se cache et rit,
Comme une chatte qui sommeille
Sur les griffes de son esprit.

Dans ta vieillesse enchanteresse
Je veux t'étreindre et m'embraser
Dans l'alambic de ta caresse,
Sous l'élixir de ton baiser.
À Manoel de Barros

PSAUME I

Tapi dans la mangrove, bondissant...sautant-matant

Le ciel aux trois-quarts nu

De giraumon, de pissat et de sang...

Assis sur le trottoir, le ciel tousse

Kein-hein kein-hein

Ivre de parfums rouges errants,

De brocarts et de confettis à ses trousses.

Assis à marée basse, électrique...

Insensible aux chevaux des dieux

Qui tournoient

Au-dessus des tambours

Qui chavirent

Insensibles

Aux orgues charnelles

Des moites guérisseuses...

Le ciel caracole,

Glisse, contorsionniste,

Mascarade immobile

Démêlant le cours des amours burlesques

Entre les atolls obscurs

De pistaches et de bonbons,

D’anges et de démons...

Cabriole, tiède et poisseux,

Cisaille à contre-jour

L’orpailleur en transe

Aboyant dans le sérail de mes âmes

Sevrées, esseulées...

L’aube culbute

Dans les lambeaux du gouffre

Dans les calypsos du soleil

D’où sourdent, dégénérées,

Les jambes et les larmes

Qui fraient encore, exotiques

Sur les pilotis

Du carnaval nocturne

D’où va saillir le jour.

PSAUME II

Il pleut sur le kiosque des songes

Des encres mornes

Comme des brindilles

Enfantées de l’œuf tiède

Où s’aimante

Délicieusement noire

La mygale

Fleuve des nuages

Qui emballe

De son ouate ludique

Le rayon nain

Dérobé

Au serpent arc-en-ciel

Enfin rassasié

PSAUME III

Tellurique, dame Terre esquive les amarres

Effervescentes. Le ciel, hameçon entre les îles,

Rayonne, entonne l’odyssée perpétuelle,

Pion libre dans l’espace

Sempiternellement baigné par les baumes

Incendiaires du soleil obèse, son jumeau

Complice des moissons violées, œcuménique,

Humble, jadis et toujours, Terre :

Oasis, océan, oxygène, oeil

Revêtu d’or, jardin où les ombres basses

Exultent, balbutiant des airs amnésiques..."

PSAUME IV

Rebelle lascive

Telle la lune blette

Suçant les corps subtils

Des mangues sauvages

Enroulées dans la pluie d’obsidienne...

Courtisane de toutes les brousses

Avaleuse de poisson vivant

Pour mieux apprendre à nager

Dans les moues du fleuve douillet...

Les lacets se cabrent, dans un baiser de peaux, de tôles et de croix

Les laves du dernier décan affleurent,

Saupoudrent l’écloserie de marbre humide

Et la pellicule humide de feu cru

Enfouit les dieux écartelés

Aux moues du fleuve endiablé..."

PSAUME V

Soudain pagayer dans le vent et découdre l’odeur légère de la forêt

Chasser les désirs cueillis dans la poudre des oiseaux rares

Et repriser dans les entrailles des pétales juteux...

Puis amarrer à la lumière verticale des matins

Un éclair avec le mot “boum”.

PSAUME VI

"Nomades, où sont les nuits ?"

Grince l’arc débandé du soleil

Embrassé à la portée de cristal

Des nuages en menstrues...

Peut-être que la nuit décante
Blottie dans le nid du large

Faite une enfant, se vautre

Sous les flottilles de jasmin

Dévastant les marées,

Traquant le ressac du temps...

Peut-être que la nuit accouche
Bien après les chaleurs

Faite une gueuse, brise

De son cœur de soprano

Les rames de glace de la lune qui s’épand

Dans un banc d’aquarelles...

Ou peut-être, la nuit, peut-être

La nuit, lisse et lasse,

Allaite les étoiles prises

Aux moustiquaires de cendre

Où le ciel foudroyé

Bat en retraite la chamade.

Peut-être qu’elle arraisonne
Les frêles écailles de l’orgasme total

Pour que nul ne sache

Qu’elle est née sans nombril,

Pour que nul ne sache

Qu’elle est grosse d’un jour

Au goût de sel...

PSAUME VII

"Abysses en vue !" vocifère l’huile en larmes

Faisant voler dans l’onguent vagabond

Les feux follets sortis de leur miroir,

Condors de phosphore, cyclones désemparés

Où se bousculent, palefrenières distraites,

Les couleurs qui rient en allant au supplice...

En chapelets, la lumière débouche, foule, broute,

S’autodévore sous la caresse des truelles,

Moud les étincelles, les taches, les brèches

En route vers le seuil du sacrifice,

Et dans l’embellie de l’œil

Éclot le prétendant buriné

Dans l’apothéose du matin soigneusement peint...

PSAUME VIII

Noyée dans la saumure en flammes

Du soir délicieusement grand ouvert, l’indicible lueur

Cloîtrée dans son écrin liquide

Jalonné de boues, moustiques et palétuviers,

Harponne la braise moribonde de charbon rose

Innombrable qui serpente dans le cirque de sable

A force de nager, à force de nager

Éternellement à joncher les grèves de l’arc-en-ciel.

PSAUME IX

Dans la baie, un sein vert flambe

Campant dans un bain de coton...

L’écho, hypnotique, tourne, tourne, prolifique...

Ô îles, les îles

Notes en menottes, ailes balafrées,

Miels de sel, fiels de ciel...

Ô îles, les îles

Filaments de mangue, eaux assoiffées

Larmes chaudes de tambours incoagulables...

Ô îles, les îles

D’où venez-vous, miettes de sang ?

Comment vous êtes-vous posés, papillons,

Au milieu de la grande termitière d’or bleu ?

PSAUME X

Kaki, dans le jour rectiligne,

Le soleil, bibelot tiède et omniprésent,

Affalé dans les sortilèges

De la pluie ensorceleuse..

.
Incrustée dans son terrier maternel,

Luciole équilibriste,

A demi ivre souffre l’espérance,

Soufflant des goélettes de papier...

Les lunes se rétractent lestes et faibles,

La visibilité est bonne

De chenaux en détroits, vont, naufragées,

En débandade, les voluptés,

Roues flamboyantes

Dilacérant les haillons allumés

Des orbites sismiques..

PSAUME XI

Zéro heure, la chauve cascade

Où le délire se découd

Dans les courbes de l’ennui...

Zéro heure, l’édentée

Déchirant les échos

Des obsèques de minuit...

Zéro heure, poupée

Aptère, assoupie

A l’ombre des rêves...

Cartomancienne hérétique

Châtrant les éruptions chagrines,

Châtrant, multipliant les yeux

Vers les plages pourpres...

Zéro heure, nymphe sourde

Défunte à la canne bossue,

Hissant le grand pavois

De la couleur polyphonique,

L’accord,

La peau du poète,

Éclipse magique

De tous les déluges...

PSAUME XII

Songes dans l’extrême sud

Monochromatique

Ancres tapissées,

Couples éteints, inflorescences...

Chevaux cardiaques

Occultés dans un nid lunaire...

Passager de la nef du fou

Fouetté par le roi si bémol

Qui monte à l’échafaud...

Battements rupestres,

Sentiers crevant les lieues

Au rythme des ailes de nuages...

La pluie soudain s’est tue

La liesse s’est tue soudain

Dilapidée dans ce jour rongé...

PSAUME XIII

Éteint dans la lumière, le portraitiste

Brûle l’absence mate,

La suie insolite...

La haute mer se dilue..

L’arche hiberne aussi **** que porte la vie

Dans son sanctuaire de sève

Où la terre saigne ses eaux bouclées

Qui écument des épaves de pierre

Aussi **** que porte la vie.

PSAUME XIV

Les îles du matin m’embrassent

Après une nuit de lune rase

Le ronflement du rayon

Macule en naissant le chœur torride

De l’alcôve qui s’écaille émaillée.

Entre traits, tracés et rayures

Flottent des oranges polymorphes

A portée des mains...

Sous la ménagerie de ses eaux poissonneuses

La gomme méthylique du soleil

Frotte dans le bassin d’étincelles

L’orchestre infime de ce lointain carnaval renié

Qui crépite, savonné...

Entre gravillons et bulles

Flottent des oranges polymorphes

A portée des mains...

Devant l’horloge en rut

Se signent les orangers...

Le soleil consent à la lune

La mare de feu

Greffée dans le pouls vivace de l’ombre ivre...

Entre ruines et volutes

Flottent des oranges polymorphes

Scandaleusement

A portée des mains...

PSAUME XV

Le matin nage, innombrable

Salamandre aux cent venins de verre

Qui se distillent dans une encre de cendres

Offertes au soleil insatiable...

Dans le calice débordant

Des récoltes que la nuit

Ne grignote qu’à moitié,

Les sargasses du désir plongent,

Cinglant le silence des incohérences...

Hilare, la lune

Se réveille et butine

Le nectar indigo

Qui s’attarde

Comme une musique rétinienne

Aux confins du jour...

Ainsi emmurés vifs

Dans le flux impénétrable des reflets,

Vont à l’aveuglette

Dans le palais des singes volants

L’amour et ses tribus aborigènes

Veillant sur la toison rouge du ciel...

PSAUME XVI

Mon deuil échoue à l’aube

Les yeux ouverts sur les laves

De ce volcan éteint

Où s’apaisent les étoiles...

La flèche de l’archer s’évanouit, fauchée...

Le licol de mousseline de l’archipel précieux

Vacille, se dissout,

Orphelin mélancolique

Murmurant des baisers d’aniline

Aux marges du rêve...

Insomnuit d’été

Si seulement je pouvais rêver !

PSAUME XVII

Sur l’échiquier, la nuit chancelle, vénéneuse...

Un vaisseau de pierre au galop s’envole

Au chevet de la mer noyée

Suant la résine...

Sifflotant, le saltimbanque

Éconduit les horizons pétales

Pris du soleil gemme étanche

Dans les écumes du ciel d’étain...

Bientôt, les lunes oscillent

Ondulent, se dérobent frivoles,

L’étalon noir se dissipe

Décochant des flèches en forme de cœur...

Quelque chose se brise dans le noir :

Était-ce un masque ou un miroir ?

Quand luit la dernière tranche d’ombre

Déboussolées, dans la dune de verre, les étoiles

Bégaient...

Les coquilles se détellent de la terre réfractaire...

Le soleil dévastateur s’abreuve de ciel

Cachant les antres de brai...

Tâtant les décadences nacrées

Ointes de sueurs salines

L’amazone enfin répudiée

Chantonne aux aguets

Dans la baie couleur sépia...

PSAUME XVIII

Clic
Hennissement aveugle, l’île

Se déhanche

Toute soie et serpent

Contre l’épi de maïs vert...

Clac
“Marée basse”, dit la reine-mère...

Aucune abeille ne rame,

Ne laboure les pollens de la mer...

Clic
**** des brise-lames

Lisses et bouillonnants

Des crinières sans fin et du goémon,

L’iguane sous la villa jaune...

Le long des bougies

Coule le gouvernail du silence...

Clic
Sous les fleurs délabrées de l’éclair

Dans leur hamac vert

Les vagues veuves, les vagues nues

Courent après les lunes

Et lentement chantent les araignées...

Clic
Parfums de lumière

Qui jouent, jouent, jouent

Se décomposent

Dans une brise d’alcools...

Clic
Chimères de la mer, coup de sifflet final

Rongeant les sables glauques

Les tranchées dans le ciel ouvert

Tapis du soleil et son essaim de sujets...

Clic
La nuit, la mer fructifie

Au ralenti...

PSAUME XIX

"Au feu, au feu !

Feu à la dérive !"

Scandent deux coléoptères...

Le feu fuit !

Le magicien s’est brûlé

A faire sa magie.

Le pôle s’évapore,

Le puits fait l’aumône,

L’enfant aboie,

La moto boite,

La forêt détale,

Le lion se vêt de singe

Noir et doré

Et petit à petit

Va planer

Au-dessus de l’autel fugace

Où gît

Hululant, pullulant, virulent,

Le vol agile craché

Du saxophone ténor...

L’hiver fouette le ciel,

La terre meurt prématurée,

Liane après liane,

Sécrétant comme vestiges

Le tapis de talc

D’une aile de sirène

Et le vertige nuptial

De deux notes jaunes inachevées

Au sein des similitudes.

PSAUME **

Prunelle de gris jaune
Prunelle nuit et mer
Bleu coursier d’argile
Tigresse à la crinière couleur de brume.
Dans le rare verger qu’est l’amour
Audacieuse, elle va, incendiaire
Empaillée dans un paquebot hystérique
Vers le hasard des quais identiques
Les yeux pleins de chaux.

Dans ce chant veuf, dans cette capitale pyromane
La voilà, légère,
Aspirant les équinoxes dans cet air enchaîné
En selle pour un bain d’herbes monastique
Geôlière verte
D’émeraude pure...

PSAUME XXI

L’accordéoniste des abysses
Peint dans l’œil de l’obscur :
Un nuage en zigzaguant
Ancre aux eaux du vide.

Et le gong sue...timide.
Et comme en un tango antique
S’écoule le cri acide

Des teintes atteintes par les balles,
Hoquet du temps incarné
A l’aube d’une pluie sèche de chaleurs vertes.
Et le gong sue...tumide.

Et comme en un tango marin
Caracole la pirogue étoilée du tigre intime
Renversant de son parapluie
Les certitudes les plus ensevelies de la peur.

Et le gong sue...tumide.
Et les papillons enfantent
Des flammes dans les sables mouvants,
Des harpes éoliennes
Comme des gymnastes hués par le soleil en ruines
A la recherche des marées sèches.

Et le gong sue... tumide.
Et comme en un tango de funambules
Les œillères des brebis galeuses
Traversent la toile, vieillissent, exhument le salpêtre
D’un bandonéon dont la sueur incendie les cernes
De la nuit qui jazze...

PSAUME XXII

Tendrement
Le messager lit
Les lignes du vent,
Prend le pouls
Du ventre jaspé
De la basilique d’encre de chine :

-Là-bas, sous les monts de Vénus
Rode le messager,
Troubadour englouti
Par une lave obscure,

Passager invisible
Des failles muettes
Qu’il restaure encore...

Tendrement
Le messager
Harponne
Les coquilles du temps...
A la pointe de l’hameçon,

Un morceau de vitrail
Où à peine filtre
La lueur des entrailles,
On devine soudain
La forme d’un cheval marron
Qui hennit.

PSAUME XXIII

Bleu roi
De ces couleurs pièges.
Bleu de ces teintes imprévisibles.
Issu du venin tribal
Des roses du désert
Le bleu tombe,
Comme un nuage de coton doux,
Sur la brousse atlantique des lèvres
Enflées de secrets,
Où, hystérique, il donne le jour
Sous le kiosque sympathique des pluies cyanes
A une larme de sang,
Daltonienne.

Bleu roi
De ces couleurs mutantes :
Seul le baiser de cobalt réchauffe
Les escales mélancoliques
De ces ailes closes,
Révèle les jeux d’artifice,
Et murmurant des flammes,
Fait évanouir
Le deuil magnétique
Des rênes d’ivoire...

La flèche de l’archer pénètre,
Débridée,
Le voile de mousseline de l’archipel précieux
Qui vacille, se dissout,
Orphelin en suspens, spectre d’aniline
Aux gants d’émeraude
Et aux chaussons d’améthyste...

PSAUME XXIV

Dormir, virgule,
Souffler doucement
Des cases jumelles,
Ramper à nouveau, gigoter,
Jusqu’à ce que tout ne soit plus
Qu’une seule immensité...

Au lieu de l’abîme
La clairière dans la caféière.
Dormir, virgule,
Ça et là,
Lune bleue
Embuée
Sous la baguette du silence...

Le rêve entre et sort

Et jusqu’aux nuages
Craignent la chute
Vers le sommeil...

PSAUME XXV

Les îles et une nuits
Me font chavirer,
Je fuis,
Naufragée inlassable,
Hors du clan tentaculaire
Vers la clarté volatile
Des voiles incendiaires...

Mes nerfs à la fleur du large
Bifurquent,
S’évaporent en filigranes
Plus **** encore...

Bleu nuit devient la mer
Aux portes de son repaire
Ancré à la rive gauche du cœur.

La crique n’est plus ce qu’elle était :
La neige reptile teint les dauphins de rose...
Éden ?
De temps à autre

Passe un trapèze
Balayant le silence.

PSAUME XXVI

Ô Reine, Notre Duc
Sous tes ongles laqués
J’imagine un ciel rouge
Aux parfums de lait de cobra...
Le soleil fait pleuvoir des sceptres sur le fleuve
Et des piranhas aux dents d’eau
Larguent des cerfs-volants sans fin...

“Chantez les très riches heures de l’En-Dehors !”
Crie à la face du levant
Un caméléon qui lisse les ailes du hasard
Planté dans le dédale de ta langue baccarat.

PSAUME XXVII

Près de la passerelle d’ivoire :
“Odyssées,
Métamorphoses,
Mues,
Je vous aime !” "
Des lumières tamisées
Sur vos lèvres irisées
Des couleurs de ses phalanges
Ailées comme deux beaux anges
Vous et votre éternité
Ombres de la noire nuitée
Vous savourez la caresse
De son rythme. Votre détresse
Devient détente divine
Par vos rires on le devine…

Là, la douceur infinie
Tout commence, tout fini
Par ce que ce corps vous fait
Dans ce soir noir si parfait
Lentement, si tendrement 
Par ses doigtés, doucement 
Connaissant votre plaisir
Et comment y parvenir 
Vous lui rendez, soprano
L'extatique mélodie,

Ainsi l'on aurait bien dit,
Que vous êtes son piano…

26 Août 2015 
Lyon, France
Panegyric to softness


Subdued lights
On your iridescent lips
Of their phalanxes' colors
Winged like two beautiful angels
You and your eternity
Shadows in the black night
You relish the caress
Of their rhythm. Your distress
Becomes a divine relaxation
With your laughter, it's easy to tell.

There, through this infinite softness
Through it it begins, through it it ends
With what this body does to yours
In this so perfect a black evening
So slowly, so tenderly
With their fingers, softly
Knowing your pleasure
And how to reach its peak
You give them back, soprano
The ecstatic melody

So we would think maybe,
You're probably their piano.

Translated on August 31, 2015
Aix-Les-Bains
Élégie VII.

Cher ange, vous êtes belle
A faire rêver d'amour,
Pour une seule étincelle
De votre vive prunelle,
Le poète tout un jour.

Air naïf de jeune fille,
Front uni, veines d'azur,
Douce haleine-de vanille,
Bouche rosée où scintille
Sur l'ivoire un rire pur ;

Pied svelte et cambré, main blanche,
Soyeuses boucles de jais,
Col de cygne qui se penche,
Flexible comme la branche
Qu'au soir caresse un vent frais ;

Vous avez, sur ma parole,
Tout ce qu'il faut pour charmer ;
Mais votre âme est si frivole,
Mais votre tête est si folle
Que l'on n'ose vous aimer.
I.

DAVID ! comme un grand roi qui partage à des princes
Les états paternels provinces par provinces,
Dieu donne à chaque artiste un empire divers ;
Au poète le souffle épars dans l'univers,
La vie et la pensée et les foudres tonnantes,
Et le splendide essaim des strophes frissonnantes
Volant de l'homme à l'ange et du monstre à la fleur ;
La forme au statuaire ; au peintre la couleur ;
Au doux musicien, rêveur limpide et sombre,
Le monde obscur des sons qui murmure dans l'ombre.

La forme au statuaire ! - Oui, mais, tu le sais bien,
La forme, ô grand sculpteur, c'est tout et ce n'est rien.
Ce n'est rien sans l'esprit, c'est tout avec l'idée !
Il faut que, sous le ciel, de soleil inondée,
Debout sous les flambeaux d'un grand temple doré,
Ou seule avec la nuit dans un antre sacré,
Au fond des bois dormants comme au seuil d'un théâtre,
La figure de pierre, ou de cuivre, ou d'albâtre,
Porte divinement sur son front calme et fier
La beauté, ce rayon, la gloire, cet éclair !
Il faut qu'un souffle ardent lui gonfle la narine,
Que la force puissante emplisse sa poitrine,
Que la grâce en riant ait arrondi ses doigts,
Que sa bouche muette ait pourtant une voix !
Il faut qu'elle soit grave et pour les mains glacée,
Mais pour les yeux vivante, et, devant la pensée,
Devant le pur regard de l'âme et du ciel bleu,
Nue avec majesté comme Adam devant Dieu !
Il faut que, Vénus chaste, elle sorte de l'onde,
Semant au **** la vie et l'amour sur le monde,
Et faisant autour d'elle, en son superbe essor,
Partout où s'éparpille et tombe en gouttes d'or,
L'eau de ses longs cheveux, humide et sacré voile,
De toute herbe une fleur, de tout œil une étoile !
Il faut, si l'art chrétien anime le sculpteur,
Qu'avec le même charme elle ait plus de hauteur ;
Qu'Âme ailée, elle rie et de Satan se joue ;
Que, Martyre, elle chante à côté de la roue ;
Ou que, Vierge divine, astre du gouffre amer,
Son regard soit si doux qu'il apaise la mer !

II.

Voilà ce que tu sais, ô noble statuaire !
Toi qui dans l'art profond, comme en un sanctuaire,
Entras bien jeune encor pour n'en sortir jamais !
Esprit, qui, te posant sur les plus purs sommets
Pour créer ta grande œuvre, où sont tant d'harmonies,
Près de la flamme au front de tous les fiers génies !
Voilà ce que tu sais, toi qui sens, toi qui vois !
Maître sévère et doux qu'éclairent à la fois,
Comme un double rayon qui jette un jour étrange,
Le jeune Raphaël et le vieux Michel-Ange !
Et tu sais bien aussi quel souffle inspirateur
Parfois, comme un vent sombre, emporte le sculpteur,
Âme dans Isaïe et Phidias trempée,
De l'ode étroite et haute à l'immense épopée !

III.

Les grands hommes, héros ou penseurs, - demi-dieux ! -  
Tour à tour sur le peuple ont passé radieux,
Les uns armés d'un glaive et les autres d'un livre,
Ceux-ci montrant du doigt la route qu'il faut suivre,
Ceux-là forçant la cause à sortir de l'effet ;
L'artiste ayant un rêve et le savant un fait ;
L'un a trouvé l'aimant, la presse, la boussole,
L'autre un monde où l'on va, l'autre un vers qui console ;
Ce roi, juste et profond, pour l'aider en chemin,
A pris la liberté franchement par la main ;
Ces tribuns ont forgé des freins aux républiques ;
Ce prêtre, fondateur d'hospices angéliques,
Sous son toit, que réchauffe une haleine de Dieu,
A pris l'enfant sans mère et le vieillard sans feu,
Ce mage, dont l'esprit réfléchit les étoiles,
D'Isis l'un après l'autre a levé tous les voiles ;
Ce juge, abolissant l'infâme tombereau,
A raturé le code à l'endroit du bourreau ;
Ensemençant malgré les clameurs insensées,
D'écoles les hameaux et les cœurs de pensées,
Pour nous rendre meilleurs ce vrai sage est venu ;
En de graves instant cet autre a contenu,
Sous ses puissantes mains à la foule imposées,
Le peuple, grand faiseur de couronnes brisées ;
D'autres ont traversé sur un pont chancelant,
Sur la mine qu'un fort recelait en son flanc,
Sur la brèche par où s'écroule une muraille,
Un horrible ouragan de flamme et de mitraille ;
Dans un siècle de haine, âge impie et moqueur,
Ceux-là, poètes saints, ont fait entendre en chœur,
Aux sombres nations que la discorde pousse,
Des champs et des forêts la voix auguste et douce
Car l'hymne universel éteint les passions ;
Car c'est surtout aux jours des révolutions,
Morne et brûlant désert où l'homme s'aventure,
Que l'art se désaltère à ta source, ô nature !
Tous ces hommes, cœurs purs, esprits de vérité,
Fronts où se résuma toute l'humanité,
Rêveurs ou rayonnants, sont debout dans l'histoire,
Et tous ont leur martyre auprès de leur victoire.
La vertu, c'est un livre austère et triomphant
Où tout père doit faire épeler son enfant ;
Chaque homme illustre, ayant quelque divine empreinte,
De ce grand alphabet est une lettre sainte.
Sous leurs pieds sont groupés leurs symboles sacrés,
Astres, lyres, compas, lions démesurés,
Aigles à l'œil de flamme, aux vastes envergures.
- Le sculpteur ébloui contemple ces figures ! -
Il songe à la patrie, aux tombeaux solennels,
Aux cités à remplir d'exemples éternels ;
Et voici que déjà, vision magnifique !
Mollement éclairés d'un reflet pacifique,
Grandissant hors du sol de moment en moment,
De vagues bas-reliefs chargés confusément,
Au fond de son esprit, que la pensée encombre,
Les énormes frontons apparaissent dans l'ombre !

IV.

N'est-ce pas ? c'est ainsi qu'en ton cerveau, sans bruit,
L'édifice s'ébauche et l'œuvre se construit ?
C'est là ce qui se passe en ta grande âme émue
Quand tout un panthéon ténébreux s'y remue ?
C'est ainsi, n'est-ce pas, ô maître ! que s'unit
L'homme à l'architecture et l'idée au granit ?
Oh ! qu'en ces instants-là ta fonction est haute !
Au seuil de ton fronton tu reçois comme un hôte
Ces hommes plus qu'humains. Sur un bloc de Paros
Tu t'assieds face à face avec tous ces héros
Et là, devant tes yeux qui jamais ne défaillent,
Ces ombres, qui seront bronze et marbre, tressaillent.
L'avenir est à toi, ce but de tous leurs vœux,
Et tu peux le donner, ô maître, à qui tu veux !
Toi, répandant sur tous ton équité complète,
Prêtre autant que sculpteur, juge autant que poète,
Accueillant celui-ci, rejetant celui-là,
Louant Napoléon, gourmandant Attila,
Parfois grandissant l'un par le contact de l'autre,
Dérangeant le guerrier pour mieux placer l'apôtre,
Tu fais des dieux ! - tu dis, abaissant ta hauteur,
Au pauvre vieux soldat, à l'humble vieux pasteur :
- Entrez ! je vous connais. Vos couronnes sont prêtes.
Et tu dis à des rois : - Je ne sais qui vous êtes.

V.

Car il ne suffit point d'avoir été des rois,
D'avoir porté le sceptre, et le globe, et la croix,
Pour que le fier poète et l'altier statuaire
Étoilent dans sa nuit votre drap mortuaire,
Et des hauts panthéons vous ouvrent les chemins !

C'est vous-mêmes, ô rois, qui de vos propres mains  
Bâtissez sur vos noms ou la gloire ou la honte !
Ce que nous avons fait tôt ou **** nous raconte.
On peut vaincre le monde, avoir un peuple, agir
Sur un siècle, guérir sa plaie ou l'élargir, -
Lorsque vos missions seront enfin remplies,
Des choses qu'ici-bas vous aurez accomplies
Une voix sortira, voix de haine ou d'amour,
Sombre comme le bruit du verrou dans la tour,
Ou douce comme un chant dans le nid des colombes,
Qui fera remuer la pierre de vos tombes.
Cette voix, l'avenir, grave et fatal témoin,
Est d'avance penché qui l'écoute de ****.
Et là, point de caresse et point de flatterie,
Point de bouche à mentir façonnée et nourrie,
Pas d'hosanna payé, pas d'écho complaisant
Changeant la plainte amère en cri reconnaissant.
Non, les vices hideux, les trahisons, les crimes,
Comme les dévouements et les vertus sublimes,
Portent un témoignage intègre et souverain.
Les actions qu'on fait ont des lèvres d'airain.

VI.

Que sur ton atelier, maître, un rayon demeure !
Là, dans le silence, l'art, l'étude oubliant l'heure,
Dans l'ombre les essais que tu répudias,
D'un côté Jean Goujon, de l'autre Phidias,
Des pierres, de pensée à demi revêtues,
Un tumulte muet d'immobiles statues,
Les bustes méditant dans les coins assombris,
Je ne sais quelle paix qui tombe des labris,
Tout est grand, tout est beau, tout charme et tout domine.
Toi qu'à l'intérieur l'art divin illumine,
Tu regardes passer, grave et sans dire un mot,
Dans ton âme tranquille où le jour vient d'en haut,
Tous les nobles aspects de la figure humaine.
Comme dans une église à pas lents se promène
Un grand peuple pensif auquel un dieu sourit,
Ces fantômes sereins marchent dans ton esprit.
Ils errent à travers tes rêves poétiques
Faits d'ombres et de lueurs et de vagues portiques,
Parfois palais vermeil, parfois tombeau dormant,
Secrète architecture, immense entassement
Qui, jetant des rumeurs joyeuses et plaintives,
De ta grande pensée emplit les perspectives,
Car l'antique Babel n'est pas morte, et revit
Sous les front des songeurs. Dans ta tête, ô David !
La spirale se tord, le pilier se projette ;
Et dans l'obscurité de ton cerveau végète
La profonde forêt, qu'on ne voit point ailleurs,
Des chapiteaux touffus pleins d'oiseaux et de fleurs !

VII.

Maintenant, - toi qui vas hors des routes tracées,  
Ô pétrisseur de bronze, ô mouleur de pensées,
Considère combien les hommes sont petits,
Et maintiens-toi superbe au-dessus des partis !
Garde la dignité de ton ciseau sublime.
Ne laisse pas toucher ton marbre par la lime
Des sombres passions qui rongent tant d'esprits.
Michel-Ange avait Rome et David a Paris.
Donne donc à ta ville, ami, ce grand exemple
Que, si les marchands vils n'entrent pas dans le temple,
Les fureurs des tribuns et leur songe abhorré
N'entrent pas dans le cœur de l'artiste sacré.
Refuse aux cours ton art, donne aux peuples tes veilles,
C'est bien, ô mon sculpteur ! mais **** de tes oreilles
Chasse ceux qui s'en vont flattant les carrefours.
Toi, dans ton atelier, tu dois rêver toujours,
Et, de tout vice humain écrasant la couleuvre,
Toi-même par degrés t'éblouir de ton œuvre !
Ce que ces hommes-là font dans l'ombre ou défont
Ne vaut pas ton regard levé vers le plafond
Cherchant la beauté pure et le grand et le juste.
Leur mission est basse et la tienne est auguste.
Et qui donc oserait mêler un seul moment
Aux mêmes visions, au même aveuglement,
Aux mêmes vœux haineux, insensés ou féroces,
Eux, esclaves des nains, toi, père des colosses !

Avril 1840.
Meagan Herrera Jun 2013
Morning breaks across
the far horizon, she awakes
the world with her grandeur
you rise up at the ready
to face any challenges you may meet

The face of dawn is here

Soon afternoon will come
bringing with him the midday sun
who burns long and bright
with a caresse to your skin
in the form of beautiful warmth

Noon will come to pass

NIght learned to crawl
within his mighty black coat
you send praise to the noonday sun
as a simple thanks
for the day now long gone

The night has arrived

“Farewell kind sun, thank you
I’ll be sad to see the day go.
But I’m happy to embrace the night
as I need to move on
thank you for your time”

You think as you look for sign of tomorrow

You’ll be back again tomorrow
for as long as the day goes on
for now it is time to face the moon
who holds the promise of dawn
so let it go, come, fall asleep

and I’ll wake you when dawn is due.
À L. De V*.

Le feu divin qui nous consume
Ressemble à ces feux indiscrets
Qu'un pasteur imprudent allume
Aux bord de profondes forêts ;
Tant qu'aucun souffle ne l'éveille,
L'humble foyer couve et sommeille ;
Mais s'il respire l'aquilon,
Tout à coup la flamme engourdie
S'enfle, déborde ; et l'incendie
Embrase un immense horizon !

Ô mon âme, de quels rivages
Viendra ce souffle inattendu ?
Serait-ce un enfant des orages ?
Un soupir à peine entendu ?
Viendra-t-il, comme un doux zéphyre,
Mollement caresser ma lyre,
Ainsi qu'il caresse une fleur ?
Ou sous ses ailes frémissantes,
Briser ses cordes gémissantes
Du cri perçant de la douleur ?

Viens du couchant ou de l'aurore !
Doux ou terrible au gré du sort,
Le sein généreux qui t'implore
Brave la souffrance ou la mort !
Aux coeurs altérés d'harmonie
Qu'importe le prix du génie ?
Si c'est la mort, il faut mourir !...
On dit que la bouche d'Orphée,
Par les flots de l'Ebre étouffée,
Rendit un immortel soupir !

Mais soit qu'un mortel vive ou meurt,
Toujours rebelle à nos souhaits,
L'esprit ne souffle qu'à son heure,
Et ne se repose jamais !
Préparons-lui des lèvres pures,
Un oeil chaste, un front sans souillures,
Comme, aux approches du saint lieu,
Des enfants, des vierges voilées,
Jonchent de roses effeuillées
La route où va passer un Dieu !

Fuyant des bords qui l'ont vu naître,
De Jéthro l'antique berger
Un jour devant lui vit paraître
Un mystérieux étranger ;
Dans l'ombre, ses larges prunelles
Lançaient de pâles étincelles,
Ses pas ébranlaient le vallon ;
Le courroux gonflait sa poitrine,
Et le souffle de sa narine
Résonnait comme l'aquilon !

Dans un formidable silence
Ils se mesurent un moment ;
Soudain l'un sur l'autre s'élance,
Saisi d'un même emportement :
Leurs bras menaçants se replient,
Leurs fronts luttent, leurs membres crient,
Leurs flancs pressent leurs flancs pressés ;
Comme un chêne qu'on déracine
Leur tronc se balance et s'incline
Sur leurs genoux entrelacés !

Tous deux ils glissent dans la lutte,
Et Jacob enfin terrassé
Chancelle, tombe, et dans sa chute
Entraîne l'ange renversé :
Palpitant de crainte et de rage,
Soudain le pasteur se dégage
Des bras du combattant des cieux,
L'abat, le presse, le surmonte,
Et sur son sein gonflé de honte
Pose un genou victorieux !

Mais, sur le lutteur qu'il domine,
Jacob encor mal affermi,
Sent à son tour sur sa poitrine
Le poids du céleste ennemi !...
Enfin, depuis les heures sombres
Où le soir lutte avec les ombres,
Tantôt vaincu, tantôt vainqueur,
Contre ce rival qu'il ignore
Il combattit jusqu'à l'aurore...
Et c'était l'esprit du Seigneur !

Ainsi dans les ombres du doute
L'homme, hélas! égaré souvent,
Se trace à soi-même sa route,
Et veut voguer contre le vent ;
Mais dans cette lutte insensée,
Bientôt notre aile terrassée
Par le souffle qui la combat,
Sur la terre tombe essoufflée
Comme la voile désenflée
Qui tombe et dort le long du mât.

Attendons le souffle suprême ;
Dans un repos silencieux ;
Nous ne sommes rien de nous-même
Qu'un instrument mélodieux !
Quand le doigt d'en haut se retire,
Restons muets comme la lyre
Qui recueille ses saints transports
Jusqu'à ce que la main puissante
Touche la corde frémissante
Où dorment les divins accords !
Poetic T Apr 2014
My mind a shore line
where waves crash ideas
on to my pebble mind,
drenched in word and thought.

Then the times where the
sea of thought is calm, and
only a word will caresse the
pebbles of my mind.

On these days I make sandcastles
of different words to see if I
can build an idea, as the sea is
calm on the shore line of thought,
I dip my mind in to the sea of ideas
and look for a thought.
afza ali Nov 2014
Mom daddy
i have no place to go
No home
No hope
No faith
There is no refuge
i wanna come home daddy
Please
may it be a grave beside your grave
Sing me to sleep mom
Caresse me till i forget everything
Let me come and sleep in your arms
i am tired
I am very tired
There is nothing left of me
I lost everything
I am weaker than a sand wall
I lost my soul mom
I am just left with stinking body which i hate
Don't let me alone in this world
i beg you
for the sake of your daughter
Please........
Qu'il est joyeux aujourd'hui
Le chêne aux rameaux sans nombre,
Mystérieux point d'appui
De toute la forêt sombre !

Comme quand nous triomphons,
Il frémit, l'arbre civique ;
Il répand à plis profonds
Sa grande ombre magnifique.

D'où lui vient cette gaieté ?
D'où vient qu'il vibre et se dresse,
Et semble faire à l'été
Une plus fière caresse ?

C'est le quatorze juillet.
À pareil jour, sur la terre
La liberté s'éveillait
Et riait dans le tonnerre.

Peuple, à pareil jour râlait
Le passé, ce noir pirate ;
Paris prenait au collet
La Bastille scélérate.

À pareil jour, un décret
Chassait la nuit de la France,
Et l'infini s'éclairait
Du côté de l'espérance.

Tous les ans, à pareil jour,
Le chêne au Dieu qui nous crée
Envoie un frisson d'amour,
Et rit à l'aube sacrée.

Il se souvient, tout joyeux,
Comme on lui prenait ses branches !
L'âme humaine dans les cieux,
Fière, ouvrait ses ailes blanches.

Car le vieux chêne est gaulois :
Il hait la nuit et le cloître ;
Il ne sait pas d'autres lois
Que d'être grand et de croître.

Il est grec, il est romain ;
Sa cime monte, âpre et noire,
Au-dessus du genre humain
Dans une lueur de gloire.

Sa feuille, chère aux soldats,
Va, sans peur et sans reproche,
Du front d'Epaminondas
À l'uniforme de Hoche.

Il est le vieillard des bois ;
Il a, richesse de l'âge,
Dans sa racine Autrefois,
Et Demain dans son feuillage.

Les rayons, les vents, les eaux,
Tremblent dans toutes ses fibres ;
Comme il a besoin d'oiseaux,
Il aime les peuples libres.

C'est son jour. Il est content.
C'est l'immense anniversaire.
Paris était haletant.
La lumière était sincère.

Au **** roulait le tambour...?
Jour béni ! jour populaire,
Où l'on vit un chant d'amour
Sortir d'un cri de colère !

Il tressaille, aux vents bercé,
Colosse où dans l'ombre austère
L'avenir et le passé
Mêlent leur double mystère.

Les éclipses, s'il en est,
Ce vieux naïf les ignore.
Il sait que tout ce qui naît,
L'oeuf muet, le vent sonore,

Le nid rempli de bonheur,
La fleur sortant des décombres,
Est la parole d'honneur
Que Dieu donne aux vivants sombres.

Il sait, calme et souriant,
Sérénité formidable !
Qu'un peuple est un orient,
Et que l'astre est imperdable.

Il me salue en passant,
L'arbre auguste et centenaire ;
Et dans le bois innocent
Qui chante et que je vénère,

Étalant mille couleurs,
Autour du chêne superbe
Toutes les petites fleurs
Font leur toilette dans l'herbe.

L'aurore aux pavots dormants
Verse sa coupe enchantée ;
Le lys met ses diamants ;
La rose est décolletée.

Aux chenilles de velours
Le jasmin tend ses aiguières ;
L'arum conte ses amours,
Et la garance ses guerres.

Le moineau-franc, ***, taquin,
Dans le houx qui se pavoise,
D'un refrain républicain
Orne sa chanson grivoise.

L'ajonc rit près du chemin ;
Tous les buissons des ravines
Ont leur bouquet à la main ;
L'air est plein de voix divines.

Et ce doux monde charmant,
Heureux sous le ciel prospère,
Épanoui, dit gaiement :
C'est la fête du grand-père.
Au pays parfumé que le soleil caresse,
J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés
Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.

Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés ;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d'orner les antiques manoirs,

Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites,
Germer mille sonnets dans le coeur des poètes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
Dieu prit sa plus molle argile
Et son plus pur kaolin,
Et fit un bijou fragile,
Mystérieux et câlin.

Il fit le doigt de la femme,
Chef-d'oeuvre auguste et charmant,
Ce doigt fait pour toucher l'âme
Et montrer le firmament.

Il mit dans ce doigt le reste
De la lueur qu'il venait
D'employer au front céleste
De l'heure où l'aurore naît.

Il y mit l'ombre du voile,
Le tremblement du berceau,
Quelque chose de l'étoile,
Quelque chose de l'oiseau.

Le Père qui nous engendre
Fit ce doigt mêlé d'azur,
Très fort pour qu'il restât tendre,
Très blanc pour qu'il restât pur,

Et très doux, afin qu'en somme
Jamais le mal n'en sortît,
Et qu'il pût sembler à l'homme
Le doigt de Dieu, plus petit.

Il en orna la main d'Eve,
Cette frêle et chaste main
Qui se pose comme un rêve
Sur le front du genre humain.

Cette humble main ignorante,
Guide de l'homme incertain,
Qu'on voit trembler, transparente,
Sur la lampe du destin.

Oh ! dans ton apothéose,
Femme, ange aux regards baissés,
La beauté, c'est peu de chose,
La grâce n'est pas assez ;

Il faut aimer. Tout soupire,
L'onde, la fleur, l'alcyon ;
La grâce n'est qu'un sourire,
La beauté n'est qu'un rayon ;

Dieu, qui veut qu'Eve se dresse
Sur notre rude chemin,
Fit pour l'amour la caresse,
Pour la caresse ta main.

Dieu, lorsque ce doigt qu'on aime
Sur l'argile fut conquis,
S'applaudit, car le suprême
Est fier de créer l'exquis.

Ayant fait ce doigt sublime,
Dieu dit aux anges : Voilà !
Puis s'endormit dans l'abîme ;
Le diable alors s'éveilla.

Dans l'ombre où Dieu se repose,
Il vint, noir sur l'orient,
Et tout au bout du doigt rose
Mit un ongle en souriant.

— The End —