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Paul d'Aubin May 2016
Le manifestant

Il avait manifesté, tant et plus.
Dans l'après 68, casqué,
parmi tant de jeunes copines et copains.
Il courait vite alors et cela valait mieux.
Car la police n'était pas tendre.
Mais c'était comme un rituel
de courses, de lacrymos
et de chevelures dénouées.
L'époque semblait alors grand ouverte,
à la jeunesse, aux guitares et aux robes à fleurs.
Tandis que les posters du «Che» régnaient sur les murs des chambres d'adolescents.
Lorsque Franco, le cacochyme, l’infâme,
voulut, avant de mourir, accroître sa moisson de victimes.
Cela chauffa fort devant le consulat
Espagnol, à Toulouse.
Il fallait maîtriser la peur des détonations,
et se tenir bien droit dans la chaîne,
lorsque les hommes casqués qui
avaient aussi peur que nous,
reçurent l'ordre de charger.
Sales moments pour les services d'ordre,
Entre chocs de casques contre casques,
Tels des chevaliers des temps jadis,
avec leurs heaumes.
Puis les années passèrent, les copains s'égayèrent.
La venue de l'âge adulte déboulait dans nos vies,
avec sa part de réalisations et d'oublis des serments.
Certains tournèrent complètement casaque,
et commencèrent à se prendre au sérieux,
en jouant aux patrons branches ou aux conseilleurs officieux.
D'autres furent laissés pour compte.
et s'en prirent aux plus faibles qu'eux,
votèrent pour le borgne et sa fille
qui leur promettaient de rendre de
rebâtir la France en rendant la vie
plus dure a de pauvres hères basanés.
qu'ils suspectaient si sottement
de réduire leur part de droits sociaux.
C'était des temps bien médiocres à
l'haleine fétide.
Dans les cafés, les propos volaient bas,
Comme des projectiles
et les plus hargneux régnaient par leurs outrances,
comme le loup cervier sur la meute apeurée.
Et puis, fut élu, François Hollande, non par son charisme mais surtout par défaut.
Il avait l'air bonhomme paraissait bienveillant.
Et puis Sarko nous avait épuisés
et exaspères,
par son ego de montgolfière, son agitation incessante,
et sa manie de dresser les uns contre les autres,
et de courir sus aux boucs émissaires.
Nous n'attendions pas un Zorro, mais nous eûmes droit au sergent Garcia,
Et funeste erreur, ce Président apaisé, trop tranquille,
fit appel à Manuel Valls, ce querelleur, cet hidalgo ombrageux.
Alors s'instaura le temps des reniements et des provocations répétées,
ou il fallait battre sa coulpe et ne plus prononcer le mot «socialisme».
C’était l’éternelle fable du nouveau et des vieux !
Mais ce nouveau avait un air et un goût de ranci et de Finances aussi.
Comme comme une cerise bien amère sur le gâteau et ces goûts d'alcool frelaté,
surgit la «loi Travail» comme un pied de nez
fait à celles et ceux qui en manquaient
Et dont le cout baissait incessamment
Nous fumes beaucoup à nous réveiller hagards,
et à reprendre le chemin des manifs,
Ou nous virent des «robocops» super équipés,
nous serrer de trop près; ambiance détestable,
pendant que nos mandants, élus pour faire tout autre chose.
S'efforçaient de nous enfumer et de créer maintes diversions.
C'était moins marrant qu'en notre jeunesse.
Mais il fallait ne pas lâcher, pour transmettre l'Esprit et la Flamme.
Nous avions quand même, la gorge serrée,
de voir d'ancien amis raconter des salades,
et se battre désormais pour la préservation de leurs postes,
Et de quelques prébendes.
Mais comment était-ce arrive ?
Comment avaient-ils pu oublier ce qu'ils avaient été !
Et venir défendre ce qu'ils avaient combattu ?
L'histoire est bien cyclique et l'être fragile comme un roseau.
Ça ne fait rien, j'étais redevenu manifestant, opposant.
Je gardais comme l'oiseau bleu ma conscience pour moi.
Et je pourrais dire un Jour à mon enfant,
«Le plus beau diamant est ta vérité intérieure et ta conscience
Maintien ton Esprit pur avant que de prétendre changer le Monde.»

Paul Daubin
C'est la nuit ; la nuit noire, assoupie et profonde.
L'ombre immense élargit ses ailes sur le monde.
Dans vos joyeux palais gardés par le canon,
Dans vos lits de velours, de damas, de linon,

Sous vos chauds couvre-pieds de martres zibelines
Sous le nuage blanc des molles mousselines,
- Derrière vos rideaux qui cachent sous leurs plis
Toutes les voluptés avec tous les oublis,

Aux sons d'une fanfare amoureuse et lointaine,
Tandis qu'une veilleuse, en tremblant, ose à peine
Eclairer le plafond de pourpre et de lampas,
Vous, duc de Saint-Arnaud, vous, comte de Maupas,

Vous, sénateurs, préfets, généraux, juges, princes,
Toi, César, qu'à genoux adorent tes provinces,
Toi qui rêvas l'empire et le réalisas,
Dormez, maîtres... - Voici le jour. Debout, forçats !

Jersey, le 28 octobre 1852.
cindy Jun 2020
Je me surprenais à songer aux saveurs de l'âme
Chaque moment où j'avais le corps endolori
Je me soumettais aux tentations les plus profondes, ces flammes
C'est dans la combustion que j'ai pu savourer la vie

Je me souvenais des oublis volontaires de mes récits
Chaque peine est l'origine d'une poésie
J'évite la littérature de mes inquiétudes
C'est dans l'oubli que j'ai conforté ma solitude
Ô Don Quichotte, vieux paladin, grand Bohème,

En vain la foule absurde et vile rit de toi :

Ta mort fut un martyre et ta vie un poème,

Et les moulins à vent avaient tort, ô mon roi !


Va toujours, va toujours, protégé par ta foi,

Monté sur ton coursier fantastique que j'aime.

Glaneur sublime, va ! - les oublis de la loi

Sont plus nombreux, plus grands qu'au temps jadis lui-même.


Hurrah ! nous te suivons, nous, les poètes saints

Aux cheveux de folie et de verveine ceints.

Conduis-nous à l'assaut des hautes fantaisies,


Et bientôt, en dépit de toute trahison,

Flottera l'étendard ailé des Poésies

Sur le crâne chenu de l'inepte raison !
Stances irrégulières.
À Madame la princesse D'Hatzfeld.


Le bonheur ici-bas tient à bien peu de chose.
Vous ne l'ignorez pas ; vous savez, d'après vous,
Que le sort au hasard porte souvent ses coups,
Et que l'aquilon en courroux
N'épargne pas même la rose.

Aussi n'êtes-vous pas de ces cœurs rigoureux
Qui, prompts à condamner ceux que le sort opprime,
Dans un revers n'ont jamais vu qu'un crime ;
Compatissante aux malheureux,
Étrangère aux calculs d'une froide prudence,
Aussi vous voyons-nous réparer envers eux
Les oublis de la Providence.

Bien qu'à l'agneau tondu Dieu mesure le vent,
J'aime qu'une bergère ait un cœur secourable.
Dieu ne souffle pas seul, hélas ! et plus souvent
Aux tondeurs qu'aux tondus le vent est favorable.

Au vent qui m'a fané reverdit Richelieu.
Pauvres humains ! point de milieu :
Oui, dans ce siècle impitoyable,
Dès qu'on vous recommande à Dieu,
C'est qu'on vous abandonne au diable.

Le doigt divin pourtant se révèle à moitié
Dans les maux dont il frappe une âme peu commune.
Didon devint meilleure au sein de l'infortune ;
En éprouvant la peine elle apprit la pitié.
L'or s'épure ainsi dans la flamme.
Comme elle, belle et bonne, ah ! qu'il vous sied, madame,
D'apprendre à cette école autant qu'elle en apprit.
C'est le propre d'un bon esprit,
Tout autant que d'une belle âme.

— The End —