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Donc, c'est moi qui suis l'ogre et le bouc émissaire.
Dans ce chaos du siècle où votre coeur se serre,
J'ai foulé le bon goût et l'ancien vers françois
Sous mes pieds, et, hideux, j'ai dit à l'ombre : « Sois ! »
Et l'ombre fut. -- Voilà votre réquisitoire.
Langue, tragédie, art, dogmes, conservatoire,
Toute cette clarté s'est éteinte, et je suis
Le responsable, et j'ai vidé l'urne des nuits.
De la chute de tout je suis la pioche inepte ;
C'est votre point de vue. Eh bien, soit, je l'accepte ;
C'est moi que votre prose en colère a choisi ;
Vous me criez : « Racca » ; moi je vous dis : « Merci ! »
Cette marche du temps, qui ne sort d'une église
Que pour entrer dans l'autre, et qui se civilise ;
Ces grandes questions d'art et de liberté,
Voyons-les, j'y consens, par le moindre côté,
Et par le petit bout de la lorgnette. En somme,
J'en conviens, oui, je suis cet abominable homme ;
Et, quoique, en vérité, je pense avoir commis,
D'autres crimes encor que vous avez omis.
Avoir un peu touché les questions obscures,
Avoir sondé les maux, avoir cherché les cures,
De la vieille ânerie insulté les vieux bâts,
Secoué le passé du haut jusques en bas,
Et saccagé le fond tout autant que la forme.
Je me borne à ceci : je suis ce monstre énorme,
Je suis le démagogue horrible et débordé,
Et le dévastateur du vieil A B C D ;
Causons.

Quand je sortis du collège, du thème,
Des vers latins, farouche, espèce d'enfant blême
Et grave, au front penchant, aux membres appauvris ;
Quand, tâchant de comprendre et de juger, j'ouvris
Les yeux sur la nature et sur l'art, l'idiome,
Peuple et noblesse, était l'image du royaume ;
La poésie était la monarchie ; un mot
Était un duc et pair, ou n'était qu'un grimaud ;
Les syllabes, pas plus que Paris et que Londres,
Ne se mêlaient ; ainsi marchent sans se confondre
Piétons et cavaliers traversant le pont Neuf ;
La langue était l'état avant quatre-vingt-neuf ;
Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes :
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versailles aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqué d'une F ;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : « Qu'il s'en aille ;  »
Et Voltaire criait :  « Corneille s'encanaille ! »
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins ; je m'écriai :  « Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ? »
Et sur l'Académie, aïeule et douairière,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,

Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ;
Et je dis :  « Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur ! »
Discours affreux ! -- Syllepse, hypallage, litote,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns les Scythes et les Daces,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?
Guichardin a nommé le Borgia ! Tacite
Le Vitellius ! Fauve, implacable, explicite,
J'ôtai du cou du chien stupéfait son collier
D'épithètes ; dans l'herbe, à l'ombre du hallier,
Je fis fraterniser la vache et la génisse,
L'une étant Margoton et l'autre Bérénice.
Alors, l'ode, embrassant Rabelais, s'enivra ;
Sur le sommet du Pinde on dansait Ça ira ;
Les neuf muses, seins nus, chantaient la Carmagnole ;
L'emphase frissonna dans sa fraise espagnole ;
Jean, l'ânier, épousa la bergère Myrtil.
On entendit un roi dire : « Quelle heure est-il ? »
Je massacrais l'albâtre, et la neige, et l'ivoire,
Je retirai le jais de la prunelle noire,
Et j'osai dire au bras : « Sois blanc, tout simplement. »
Je violai du vers le cadavre fumant ;
J'y fis entrer le chiffre ; ô terreur! Mithridate
Du siège de Cyzique eût pu citer la date.
Jours d'effroi ! les Laïs devinrent des catins.
Force mots, par Restaut peignés tous les matins,

Et de Louis-Quatorze ayant gardé l'allure,
Portaient encor perruque ; à cette chevelure
La Révolution, du haut de son beffroi,
Cria : « Transforme-toi ! c'est l'heure. Remplis-toi
- De l'âme de ces mots que tu tiens prisonnière ! »
Et la perruque alors rugit, et fut crinière.
Liberté ! c'est ainsi qu'en nos rébellions,
Avec des épagneuls nous fîmes des lions,
Et que, sous l'ouragan maudit que nous soufflâmes,
Toutes sortes de mots se couvrirent de flammes.
J'affichai sur Lhomond des proclamations.
On y lisait : « Il faut que nous en finissions !
- Au panier les Bouhours, les Batteux, les Brossettes
- A la pensée humaine ils ont mis les poucettes.
- Aux armes, prose et vers ! formez vos bataillons !
- Voyez où l'on en est : la strophe a des bâillons !
- L'ode a des fers aux pieds, le drame est en cellule.
- Sur le Racine mort le Campistron pullule ! »
Boileau grinça des dents ; je lui dis :  « Ci-devant,
Silence ! » et je criai dans la foudre et le vent :
« Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxe ! »
Et tout quatre-vingt-treize éclata. Sur leur axe,
On vit trembler l'athos, l'ithos et le pathos.
Les matassins, lâchant Pourceaugnac et Cathos,
Poursuivant Dumarsais dans leur hideux bastringue,
Des ondes du Permesse emplirent leur seringue.
La syllabe, enjambant la loi qui la tria,
Le substantif manant, le verbe paria,
Accoururent. On but l'horreur jusqu'à la lie.
On les vit déterrer le songe d'Athalie ;
Ils jetèrent au vent les cendres du récit
De Théramène ; et l'astre Institut s'obscurcit.
Oui, de l'ancien régime ils ont fait tables rases,
Et j'ai battu des mains, buveur du sang des phrases,
Quand j'ai vu par la strophe écumante et disant
Les choses dans un style énorme et rugissant,
L'Art poétique pris au collet dans la rue,
Et quand j'ai vu, parmi la foule qui se rue,
Pendre, par tous les mots que le bon goût proscrit,
La lettre aristocrate à la lanterne esprit.
Oui, je suis ce Danton ! je suis ce Robespierre !
J'ai, contre le mot noble à la longue rapière,
Insurgé le vocable ignoble, son valet,
Et j'ai, sur Dangeau mort, égorgé Richelet.
Oui, c'est vrai, ce sont là quelques-uns de mes crimes.
J'ai pris et démoli la bastille des rimes.
J'ai fait plus : j'ai brisé tous les carcans de fer
Qui liaient le mot peuple, et tiré de l'enfer
Tous les vieux mots damnés, légions sépulcrales ;
J'ai de la périphrase écrasé les spirales,
Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel
L'alphabet, sombre tour qui naquit de Babel ;
Et je n'ignorais pas que la main courroucée
Qui délivre le mot, délivre la pensée.

L'unité, des efforts de l'homme est l'attribut.
Tout est la même flèche et frappe au même but.

Donc, j'en conviens, voilà, déduits en style honnête,
Plusieurs de mes forfaits, et j'apporte ma tête.
Vous devez être vieux, par conséquent, papa,
Pour la dixième fois j'en fais meâ culpâ.
Oui, si Beauzée est dieu, c'est vrai, je suis athée.
La langue était en ordre, auguste, époussetée,
Fleur-de-lys d'or, Tristan et Boileau, plafond bleu,
Les quarante fauteuils et le trône au milieu ;
Je l'ai troublée, et j'ai, dans ce salon illustre,
Même un peu cassé tout ; le mot propre, ce rustre,
N'était que caporal : je l'ai fait colonel ;
J'ai fait un jacobin du pronom personnel ;
Dur participe, esclave à la tête blanchie,
Une hyène, et du verbe une hydre d'anarchie.

Vous tenez le reum confitentem. Tonnez !
J'ai dit à la narine : « Eh mais ! tu n'es qu'un nez !  »
J'ai dit au long fruit d'or : « Mais tu n'es qu'une poire !  »
J'ai dit à Vaugelas : « Tu n'es qu'une mâchoire ! »
J'ai dit aux mots : « Soyez république ! soyez
La fourmilière immense, et travaillez ! Croyez,
Aimez, vivez ! » -- J'ai mis tout en branle, et, morose,
J'ai jeté le vers noble aux chiens noirs de la prose.

Et, ce que je faisais, d'autres l'ont fait aussi ;
Mieux que moi. Calliope, Euterpe au ton transi,
Polymnie, ont perdu leur gravité postiche.
Nous faisons basculer la balance hémistiche.
C'est vrai, maudissez-nous. Le vers, qui, sur son front
Jadis portait toujours douze plumes en rond,
Et sans cesse sautait sur la double raquette
Qu'on nomme prosodie et qu'on nomme étiquette,
Rompt désormais la règle et trompe le ciseau,
Et s'échappe, volant qui se change en oiseau,
De la cage césure, et fuit vers la ravine,
Et vole dans les cieux, alouette divine.

Tous les mots à présent planent dans la clarté.
Les écrivains ont mis la langue en liberté.
Et, grâce à ces bandits, grâce à ces terroristes,
Le vrai, chassant l'essaim des pédagogues tristes,
L'imagination, tapageuse aux cent voix,
Qui casse des carreaux dans l'esprit des bourgeois ;
La poésie au front triple, qui rit, soupire
Et chante, raille et croit ; que Plaute et Shakspeare
Semaient, l'un sur la plebs, et l'autre sur le mob ;
Qui verse aux nations la sagesse de Job
Et la raison d'Horace à travers sa démence ;
Qu'enivre de l'azur la frénésie immense,
Et qui, folle sacrée aux regards éclatants,
Monte à l'éternité par les degrés du temps,

La muse reparaît, nous reprend, nous ramène,
Se remet à pleurer sur la misère humaine,
Frappe et console, va du zénith au nadir,
Et fait sur tous les fronts reluire et resplendir
Son vol, tourbillon, lyre, ouragan d'étincelles,
Et ses millions d'yeux sur ses millions d'ailes.

Le mouvement complète ainsi son action.
Grâce à toi, progrès saint, la Révolution
Vibre aujourd'hui dans l'air, dans la voix, dans le livre ;
Dans le mot palpitant le lecteur la sent vivre ;
Elle crie, elle chante, elle enseigne, elle rit,
Sa langue est déliée ainsi que son esprit.
Elle est dans le roman, parlant tout bas aux femmes.
Elle ouvre maintenant deux yeux où sont deux flammes,
L'un sur le citoyen, l'autre sur le penseur.
Elle prend par la main la Liberté, sa soeur,
Et la fait dans tout homme entrer par tous les pores.
Les préjugés, formés, comme les madrépores,
Du sombre entassement des abus sous les temps,
Se dissolvent au choc de tous les mots flottants,
Pleins de sa volonté, de son but, de son âme.
Elle est la prose, elle est le vers, elle est le drame ;
Elle est l'expression, elle est le sentiment,
Lanterne dans la rue, étoile au firmament.
Elle entre aux profondeurs du langage insondable ;
Elle souffle dans l'art, porte-voix formidable ;
Et, c'est Dieu qui le veut, après avoir rempli
De ses fiertés le peuple, effacé le vieux pli
Des fronts, et relevé la foule dégradée,
Et s'être faite droit, elle se fait idée !

Paris, janvier 1834.
Le poète

Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve.
Je n'en puis comparer le lointain souvenir
Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève,
Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.

La muse

Qu'aviez-vous donc, ô mon poète !
Et quelle est la peine secrète
Qui de moi vous a séparé ?
Hélas ! je m'en ressens encore.
Quel est donc ce mal que j'ignore
Et dont j'ai si longtemps pleuré ?

Le poète

C'était un mal vulgaire et bien connu des hommes ;
Mais, lorsque nous avons quelque ennui dans le coeur,
Nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes,
Que personne avant nous n'a senti la douleur.

La muse

Il n'est de vulgaire chagrin
Que celui d'une âme vulgaire.
Ami, que ce triste mystère
S'échappe aujourd'hui de ton sein.
Crois-moi, parle avec confiance ;
Le sévère dieu du silence
Est un des frères de la Mort ;
En se plaignant on se console,
Et quelquefois une parole
Nous a délivrés d'un remord.

Le poète

S'il fallait maintenant parler de ma souffrance,
Je ne sais trop quel nom elle devrait porter,
Si c'est amour, folie, orgueil, expérience,
Ni si personne au monde en pourrait profiter.
Je veux bien toutefois t'en raconter l'histoire,
Puisque nous voilà seuls, assis près du foyer.
Prends cette lyre, approche, et laisse ma mémoire
Au son de tes accords doucement s'éveiller.

La muse

Avant de me dire ta peine,
Ô poète ! en es-tu guéri ?
Songe qu'il t'en faut aujourd'hui
Parler sans amour et sans haine.
S'il te souvient que j'ai reçu
Le doux nom de consolatrice,
Ne fais pas de moi la complice
Des passions qui t'ont perdu,

Le poète

Je suis si bien guéri de cette maladie,
Que j'en doute parfois lorsque j'y veux songer ;
Et quand je pense aux lieux où j'ai risqué ma vie,
J'y crois voir à ma place un visage étranger.
Muse, sois donc sans crainte ; au souffle qui t'inspire
Nous pouvons sans péril tous deux nous confier.
Il est doux de pleurer, il est doux de sourire
Au souvenir des maux qu'on pourrait oublier.

La muse

Comme une mère vigilante
Au berceau d'un fils bien-aimé,
Ainsi je me penche tremblante
Sur ce coeur qui m'était fermé.
Parle, ami, - ma lyre attentive
D'une note faible et plaintive
Suit déjà l'accent de ta voix,
Et dans un rayon de lumière,
Comme une vision légère,
Passent les ombres d'autrefois.

Le poète

Jours de travail ! seuls jours où j'ai vécu !
Ô trois fois chère solitude !
Dieu soit loué, j'y suis donc revenu,
À ce vieux cabinet d'étude !
Pauvre réduit, murs tant de fois déserts,
Fauteuils poudreux, lampe fidèle,
Ô mon palais, mon petit univers,
Et toi, Muse, ô jeune immortelle,
Dieu soit loué, nous allons donc chanter !
Oui, je veux vous ouvrir mon âme,
Vous saurez tout, et je vais vous conter
Le mal que peut faire une femme ;
Car c'en est une, ô mes pauvres amis
(Hélas ! vous le saviez peut-être),
C'est une femme à qui je fus soumis,
Comme le serf l'est à son maître.
Joug détesté ! c'est par là que mon coeur
Perdit sa force et sa jeunesse ;
Et cependant, auprès de ma maîtresse,
J'avais entrevu le bonheur.
Près du ruisseau, quand nous marchions ensemble,
Le soir, sur le sable argentin,
Quand devant nous le blanc spectre du tremble
De **** nous montrait le chemin ;
Je vois encore, aux rayons de la lune,
Ce beau corps plier dans mes bras...
N'en parlons plus... - je ne prévoyais pas
Où me conduirait la Fortune.
Sans doute alors la colère des dieux
Avait besoin d'une victime ;
Car elle m'a puni comme d'un crime
D'avoir essayé d'être heureux.

La muse

L'image d'un doux souvenir
Vient de s'offrir à ta pensée.
Sur la trace qu'il a laissée
Pourquoi crains-tu de revenir ?
Est-ce faire un récit fidèle
Que de renier ses beaux jours ?
Si ta fortune fut cruelle,
Jeune homme, fais du moins comme elle,
Souris à tes premiers amours.

Le poète

Non, - c'est à mes malheurs que je prétends sourire.  
Muse, je te l'ai dit : je veux, sans passion,
Te conter mes ennuis, mes rêves, mon délire,
Et t'en dire le temps, l'heure et l'occasion.
C'était, il m'en souvient, par une nuit d'automne,
Triste et froide, à peu près semblable à celle-ci ;
Le murmure du vent, de son bruit monotone,
Dans mon cerveau lassé berçait mon noir souci.
J'étais à la fenêtre, attendant ma maîtresse ;
Et, tout en écoutant dans cette obscurité,
Je me sentais dans l'âme une telle détresse
Qu'il me vint le soupçon d'une infidélité.
La rue où je logeais était sombre et déserte ;
Quelques ombres passaient, un falot à la main ;
Quand la bise sifflait dans la porte entr'ouverte,
On entendait de **** comme un soupir humain.
Je ne sais, à vrai dire, à quel fâcheux présage
Mon esprit inquiet alors s'abandonna.
Je rappelais en vain un reste de courage,
Et me sentis frémir lorsque l'heure sonna.
Elle ne venait pas. Seul, la tête baissée,
Je regardai longtemps les murs et le chemin,
Et je ne t'ai pas dit quelle ardeur insensée
Cette inconstante femme allumait en mon sein ;
Je n'aimais qu'elle au monde, et vivre un jour sans elle
Me semblait un destin plus affreux que la mort.
Je me souviens pourtant qu'en cette nuit cruelle
Pour briser mon lien je fis un long effort.
Je la nommai cent fois perfide et déloyale,
Je comptai tous les maux qu'elle m'avait causés.
Hélas ! au souvenir de sa beauté fatale,
Quels maux et quels chagrins n'étaient pas apaisés !
Le jour parut enfin. - Las d'une vaine attente,
Sur le bord du balcon je m'étais assoupi ;
Je rouvris la paupière à l'aurore naissante,
Et je laissai flotter mon regard ébloui.
Tout à coup, au détour de l'étroite ruelle,
J'entends sur le gravier marcher à petit bruit...
Grand Dieu ! préservez-moi ! je l'aperçois, c'est elle ;
Elle entre. - D'où viens-tu ? Qu'as-tu fait cette nuit ?
Réponds, que me veux-tu ? qui t'amène à cette heure ?
Ce beau corps, jusqu'au jour, où s'est-il étendu ?
Tandis qu'à ce balcon, seul, je veille et je pleure,
En quel lieu, dans quel lit, à qui souriais-tu ?
Perfide ! audacieuse ! est-il encor possible
Que tu viennes offrir ta bouche à mes baisers ?
Que demandes-tu donc ? par quelle soif horrible
Oses-tu m'attirer dans tes bras épuisés ?
Va-t'en, retire-toi, spectre de ma maîtresse !
Rentre dans ton tombeau, si tu t'en es levé ;
Laisse-moi pour toujours oublier ma jeunesse,
Et, quand je pense à toi, croire que j'ai rêvé !

La muse

Apaise-toi, je t'en conjure ;
Tes paroles m'ont fait frémir.
Ô mon bien-aimé ! ta blessure
Est encor prête à se rouvrir.
Hélas ! elle est donc bien profonde ?
Et les misères de ce monde
Sont si lentes à s'effacer !
Oublie, enfant, et de ton âme
Chasse le nom de cette femme,
Que je ne veux pas prononcer.

Le poète

Honte à toi qui la première
M'as appris la trahison,
Et d'horreur et de colère
M'as fait perdre la raison !
Honte à toi, femme à l'oeil sombre,
Dont les funestes amours
Ont enseveli dans l'ombre
Mon printemps et mes beaux jours !
C'est ta voix, c'est ton sourire,
C'est ton regard corrupteur,
Qui m'ont appris à maudire
Jusqu'au semblant du bonheur ;
C'est ta jeunesse et tes charmes
Qui m'ont fait désespérer,
Et si je doute des larmes,
C'est que je t'ai vu pleurer.
Honte à toi, j'étais encore
Aussi simple qu'un enfant ;
Comme une fleur à l'aurore,
Mon coeur s'ouvrait en t'aimant.
Certes, ce coeur sans défense
Put sans peine être abusé ;
Mais lui laisser l'innocence
Était encor plus aisé.
Honte à toi ! tu fus la mère
De mes premières douleurs,
Et tu fis de ma paupière
Jaillir la source des pleurs !
Elle coule, sois-en sûre,
Et rien ne la tarira ;
Elle sort d'une blessure
Qui jamais ne guérira ;
Mais dans cette source amère
Du moins je me laverai,
Et j'y laisserai, j'espère,
Ton souvenir abhorré !

La muse

Poète, c'est assez. Auprès d'une infidèle,
Quand ton illusion n'aurait duré qu'un jour,
N'outrage pas ce jour lorsque tu parles d'elle ;
Si tu veux être aimé, respecte ton amour.
Si l'effort est trop grand pour la faiblesse humaine
De pardonner les maux qui nous viennent d'autrui,
Épargne-toi du moins le tourment de la haine ;
À défaut du pardon, laisse venir l'oubli.
Les morts dorment en paix dans le sein de la terre :
Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints.
Ces reliques du coeur ont aussi leur poussière ;
Sur leurs restes sacrés ne portons pas les mains.
Pourquoi, dans ce récit d'une vive souffrance,
Ne veux-tu voir qu'un rêve et qu'un amour trompé ?
Est-ce donc sans motif qu'agit la Providence
Et crois-tu donc distrait le Dieu qui t'a frappé ?
Le coup dont tu te plains t'a préservé peut-être,
Enfant ; car c'est par là que ton coeur s'est ouvert.
L'homme est un apprenti, la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert.
C'est une dure loi, mais une loi suprême,
Vieille comme le monde et la fatalité,
Qu'il nous faut du malheur recevoir le baptême,
Et qu'à ce triste prix tout doit être acheté.
Les moissons pour mûrir ont besoin de rosée ;
Pour vivre et pour sentir l'homme a besoin des pleurs ;
La joie a pour symbole une plante brisée,
Humide encor de pluie et couverte de fleurs.
Ne te disais-tu pas guéri de ta folie ?
N'es-tu pas jeune, heureux, partout le bienvenu ?
Et ces plaisirs légers qui font aimer la vie,
Si tu n'avais pleuré, quel cas en ferais-tu ?
Lorsqu'au déclin du jour, assis sur la bruyère,
Avec un vieil ami tu bois en liberté,
Dis-moi, d'aussi bon coeur lèverais-tu ton verre,
Si tu n'avais senti le prix de la gaîté ?
Aimerais-tu les fleurs, les prés et la verdure,
Les sonnets de Pétrarque et le chant des oiseaux,
Michel-Ange et les arts, Shakspeare et la nature,
Si tu n'y retrouvais quelques anciens sanglots ?
Comprendrais-tu des cieux l'ineffable harmonie,
Le silence des nuits, le murmure des flots,
Si quelque part là-bas la fièvre et l'insomnie
Ne t'avaient fait songer à l'éternel repos ?
N'as-tu pas maintenant une belle maîtresse ?
Et, lorsqu'en t'endormant tu lui serres la main,
Le lointain souvenir des maux de ta jeunesse
Ne rend-il pas plus doux son sourire divin ?
N'allez-vous pas aussi vous promener ensemble
Au fond des bois fleuris, sur le sable argentin ?
Et, dans ce vert palais, le blanc spectre du tremble
Ne sait-il plus, le soir, vous montrer le chemin ?
Ne vois-tu pas alors, aux rayons de la lune,
Plier comme autrefois un beau corps dans tes bras,
Et si dans le sentier tu trouvais la Fortune,
Derrière elle, en chantant, ne marcherais-tu pas ?
De quoi te plains-tu donc ? L'immortelle espérance
S'est retrempée en toi sous la main du malheur.
Pourquoi veux-tu haïr ta jeune expérience,
Et détester un mal qui t'a rendu meilleur ?
Ô mon enfant ! plains-la, cette belle infidèle,
Qui fit couler jadis les larmes de tes yeux ;
Plains-la ! c'est une femme, et Dieu t'a fait, près d'elle,
Deviner, en souffrant, le secret des heureux.
Sa tâche fut pénible ; elle t'aimait peut-être ;
Mais le destin voulait qu'elle brisât ton coeur.
Elle savait la vie, et te l'a fait connaître ;
Une autre a recueilli le fruit de ta douleur.
Plains-la ! son triste amour a passé comme un songe ;
Elle a vu ta blessure et n'a pu la fermer.
Dans ses larmes, crois-moi, tout n'était pas mensonge.
Quand tout l'aurait été, plains-la ! tu sais aimer.

Le poète

Tu dis vrai : la haine est impie,
Et c'est un frisson plein d'horreur
Quand cette vipère assoupie
Se déroule dans notre coeur.
Écoute-moi donc, ô déesse !
Et sois témoin de mon serment :
Par les yeux bleus de ma maîtresse,
Et par l'azur du firmament ;
Par cette étincelle brillante
Qui de Vénus porte le nom,
Et, comme une perle tremblante,
Scintille au **** sur l'horizon ;
Par la grandeur de la nature,
Par la bonté du Créateur,
Par la clarté tranquille et pure
De l'astre cher au voyageur.
Par les herbes de la prairie,
Par les forêts, par les prés verts,
Par la puissance de la vie,
Par la sève de l'univers,
Je te bannis de ma mémoire,
Reste d'un amour insensé,
Mystérieuse et sombre histoire
Qui dormiras dans le passé !
Et toi qui, jadis, d'une amie
Portas la forme et le doux nom,
L'instant suprême où je t'oublie
Doit être celui du pardon.
Pardonnons-nous ; - je romps le charme
Qui nous unissait devant Dieu.
Avec une dernière larme
Reçois un éternel adieu.
- Et maintenant, blonde rêveuse,
Maintenant, Muse, à nos amours !
Dis-moi quelque chanson joyeuse,
Comme au premier temps des beaux jours.
Déjà la pelouse embaumée
Sent les approches du matin ;
Viens éveiller ma bien-aimée,
Et cueillir les fleurs du jardin.
Viens voir la nature immortelle
Sortir des voiles du sommeil ;
Nous allons renaître avec elle
Au premier rayon du soleil !
Julian Aug 2022
A bisel: A little
A biseleh: A very little
A breyre hob ich: I have no alternative
A breyte deye hob'n: To do all the talking (To have the greatest say or authority)
A broch!: Oh hell! **** it!! A curse!!!
A broch tzu dir!: A curse on you!
A broch tzu Columbus: A curse on Columbus
A brocheh: A blessing
A chazer bleibt a chazer: A pig remains a pig
A chorbn: Oh, what a disaster (Oh ****! an expletive)
A choleryeh ahf dir!: A plague on you! (Lit., wishing someone to get Cholera.)
A deigeh hob ich: I don't care. I should worry.
A farshlepteh krenk: A chronic ailment
A feier zol im trefen: He should burn up! (Lit., A fire should meet him.)
A finstere cholem auf dein kopf und auf dein hent und fiss: (a horrible wish on someone) A dark dream (nightmare) on your head, hands and feet!
A foiler tut in tsveyen: A lazy person has to do a task twice
A gesheft hob nicht: I don't care
A gezunt ahf dein kop!: Good health to you (lit., Good health on your head)
A glick ahf dir!: Good luck to you (Sometimes used sarcastically about minor good fortunes) Big thing!
A glick hot dich getrofen!: Big deal! Sarcastic; lit., A piece of luck happened to you.
A groyser tzuleyger: A big shot (sarcastically.)
A grubber yung: A coarse young man
A kappore: A catastrophe.
A khasuren die kalleh is tsu shayn: A fault that the bride is too beautiful
A klog iz mir!: Woe is me!
A klog tzu meineh sonim!: A curse on my enemies!
A langer lucksh: A tall person (a long noodle)
A leben ahf dein kepele: A life on your head (A grandparent might say to a grandchild meaning "you are SO smart!")
A leben ahf dir!: You should live! And be well!
A lung un leber oyf der noz: Stop talking yourself into illness! (Lit., Don't imagine a lung and a liver upon the nose)
A maidel mit a vayndel: A pony-tailed nymphet.
A maidel mit a klaidel: A cutie-pie showing off her (new) dress.
A mentsh on glik is a toyter mensh: An unlucky person is a dead person.
A mentsh tracht und Gott lacht: A person plans and God laughs.
A metsieh far a ganef: It's a steal (Lit., A bargain for a thief.)
A nahr bleibt a nahr: A fool remains a fool
A nechtiker tog!: Forget it! (Lit., "A day that's a night.")
A nishtikeit!: A nobody!
A piste kayleh: A shallow person (an empty barrel)
A ritch in kop: Crazy (in the head.)
A schwartz yor: Bad luck. (LIT., A black year)
A schwartzen sof: A bad end.
A shandeh un a charpeh: A shame and a disgrace
A shittern mogn: Loose bowel movement
A shtik fleish mit tzvei eigen: A piece of meat with two eyes (insult)
A shtik naches: A great joy
A shtyfer mogn: Constipated
A sof! A sof!: Let's end it ! End it!
A tuches un a halb: A person with a very large backside. (Lit., A backside and a half.)
A volf farlirt zayne hor, ober nit zayn natur: A wolf loses his hair but hot his nature. "A leopard cannot change his spots."
Abi gezunt!: As long as you're healthy!
Achrahyes: Responsibility
Afn gonif brennt das hittel: "He thinks everyone knows he committed a crime." (a thief's hat burns)
Ahf mir gezogt!: I wish it could be said about me!
Ahf tsores: In trouble
Afh yenems tukhes is gut sepatchen: Someone else's *** is easy to smack.
Ahf zu lochis: Spitefully (Lit: Just to get (someone) angry.)
Ahntoisht: Disappointed
Ahzes ponim: Impudent fellow
Aidel: Cultured or finicky
Aidel gepotchket: Delicately brought up
Aidim: Son-in-law
Ainikle: Grandchild
Aitzeh: Advice
Aiver butelt: Absent minded; mixed up
Alaichem sholom: To you be peace. Used in response to the the greeting Shalom aleichem.
Ale:bais - Alphabet; the first two letters of the Jewish alphabet
Alevei!: It should happen to me (to you)!
Alle ziben glicken: Not what it's cracked up to be (all 7 lucky things)
Alles in einem is nisht do bei keine: All in one (person) is to be found in no one.
Alrightnik: One who has succeeded
Alrightnikeh: Feminine form of "alrightnik."
Alteh moid: Spinster, old maid
Alter bocher: Bachelor
Alter bok: Old goat
Alter Kocker: An old man or old woman.
An alteh machashaifeh: An old witch
An alter bakahnter: An old acquaintance
An alter trombenick: An old ***
An emmisse meisse: An (absolutely) true tale
Apikoros: An unbeliever, a skeptic, an athiest
Arbit: Work
Arein: Come in!
Aroisgevorfen: Thrown out, wasted, (wasted opportunities)
Aroisgevorfene gelt: Thrown out money (Wasted money)
Arumgeflickt!: Plucked! Milked!
Arumloifer: Street urchin; person who runs around
Aydem: Son-in-law
Ayn klaynigkeit: Ya, sure!! (very derogatory)
Az a yor ahf mir.: I should have such good luck.
Az di bobe volt gehat beytsim volt zi geven mayn zeyde!: If my grandmother had testicles she would be my grandfather.
Az mir vill schlugen a hunt, gifintmin a schtecken: If one wants to beat a dog, one finds a stick.
Az och un vai!: Tough luck! Too bad! Misfortune!
Az tzvei zuggen shiker, leigst zich der driter shloffen: If two people say you're drunk, the third one goes to sleep. If two people confirm something, it's true.
Azoy?: Really?
Azoy gait es!: That's how it goes!
Azoy gich?: So soon?
Azoy vert dos kichel tzekrochen!: That's how the cookie crumbles!
B
Babka: Coffee cake style pastry
Badchan: Jester, merry maker or master of ceremonies at a wedding; at the end of the meal he announces the presents, lifting them up and praising the giver and the gift in a humorous manner
Bagroben: To bury
Baitsim: Testicles
Balebatim: Persons of high standing
Balbatish: Quiet, respectable, well mannered
Balebatisheh yiden: Respectable Jews, people of substance and good standing in the community
Baleboosteh: Mistress of the house. A compliment to someone who is a terrific housekeeper. "She is some baleboosteh!"
Balegoola: Truckdriver or sloppy person of low standing.
Balmalocha: An expert (sometimes used sarcastically- Oy, is he an expert!)
Balnes: Miracle-worker
Bal Toyreh: Learned man, scholar
Bal: Sure
Bandit: Menace, outlaw, pain-in-the-neck
Bareden yenem: To gossip
Baren (taboo): Fornicate: bother, annoy
Barimer: Braggart, show-off
Bashert: Fated or predestined
Ba:yekhide - A female only child
Bashert zein: To be destined
Batampte: Tasty , delicious
Batlan: Someone without a trade or a regular means of livelihood
Baysn zikh di finger vos: Regret strongly that........
Becher: Wine goblet
Behaimeh: Animal, cow (when referring to a human being, means dull-witted)
Bei mir hust du gepoylt: You've gotten your way with me.
Be:yokhid - A male only child
Benken: "To yearn for" or "to long for."
Benkshaft: Homesickness, nostalgia
Bentsh: To bless, to recite a blessing
Bentshen lecht: Recite prayer over lit candles on Sabbath eve or Holy Day candles
Beryeh: Efficient, competent housewife
Bes medresh: Synagogue
Bialy: Named for the Polish city of Bialystock, the bialy is of Jewish origin. A Bialy is a fairly large (about 6 inches) chewy round yeast roll. Somewhat similar to a bagel, it has a depression rather than a hole in the centre, and is sprinkled with chopped sauteed onion before baking.
Bikur cholem: Visiting the sick
Billik: Cheap, inexpensive
Bist meshugeh?: Are you crazy?
Biteh: Please
Blondjen: To wander, be lost
Boarderkeh: A female boarder
Boch: A punch
Bohmer: *** (masc.)
Bohmerkeh: *** (fem.)
Boorvisser fiss: Barefoot
Boreke borsht: Beet borsht which the wealthy could afford.
Borekes: Pastries with cheese inside
Borsht: Beet soup
Borsht circuit: Hotels in the Catskill Mountains of New York State, with an almost entirely Jewish clientele, who are fond of borsht; term is used by entertainers
Borviss: Barefoot
Botvenye borsht: Borsht made from beet leaves for the poor.
Boychik: Young boy (term of endearment)
Boykh: Stomach, abdomen
Boykhvehtig: Stomachache
Breeye: Creature, animal
Breire: choice
Bris: Circumcision
Bristen: *******
Broitgeber: Head of family (Lit., Bread giver)
Bronfen: Whiskey
Broygis: Not on speaking terms
B'suleh: ******
Bubbeh: Grandmother
Bubbe maisse: Grandmother's tale.
Bubbee: Friendly term for anybody you like
Bubeleh: Endearing term for anyone you like regardless of age
Bulvan: Man built like an ox; boorish, coarse, rude person
Bupkis: Nothing. Something totally worthless (Lit., Beans)
Butchke: chat, tete-a-tete, telling tales
C
Chai: Hebrew word for LIFE, comprised of the two Hebrew letters, Chet and Yod. There is a sect of Jewish mysticism that assigns a numeric value to each letter in the Hebrew alphabet and is devoted to finding hidden meanings in the numeric values of words. The letter "Chet" has the numeric value of 8, and the letter "Yod", has the value of 10, for a total of 18.
Chaider: Religious School
Chaim Yonkel: any Tom, **** or Harry
Chaimyankel kooternooz: The perennial cuckold
Chaleria: Evil woman. Probably derived from cholera.
Chaleshen: Faint
Challa: Ceremonial "egg" bread. Either round or shaped long. Used on Shabbat and most religious observances with the exception of Pesach (Passover)
Chaloshes: Nausea, faintness, unconsciousness
Chamoole: Donkey, *******, numbskull, fool
Chamoyer du ainer!: You blockhead! You dope, You ***!
Chanukah: Also known as the "Festival of Lights", commemorates the rebuilding of the temple in Jerusalem. Chanukah is celebrated for 8 days during which one additional candle is added to the menorah on each night of the holiday.
Chap a gang!: Beat it! (Lit., Catch a way, catch a road)
Chap ein a meesa meshina!: "May you suffer an ugly fate!"
Chap nit!: Take it easy! Not so fast! (Lit., Don't grab)
Chaptsem: Catch him!
Chassene: Wedding
Chassene machen: To plan and execute a wedding.
Chas v'cholileh!: G-d forbid!
Chavver: Friend
Chaye: Animal
Chazen: Cantor
Chazenteh: Wife of chazen (cantor)
Chazzer: A pig (one who eats like a pig)
Chazzerei: Swill; pig's feed; anything bad, unpalatable, rotten. In other words, "junk food." This word can also be used to describe a lot of house hold or other kinds of junk.
Chazzershtal: Pigpen; slovenly kept room or house.
Chei kuck (taboo): Nothing, infinitesimal, worthless, unimportant (Lit., human dung)
Chev 'r' mann: Buddy
Chmalyeh!: Bang, punch; Slam! Wallop!
Chochem : A wise man (Slang: A wise guy)
Chochmeh: Wisdom, bright saying, witticism
Choleryeh: Cholera; a curse, plague
Choshever mentsh: Man of worth and dignity; elite person; respected person
Chosid: Rabid fan
Chossen: Bridegroom
Chosse:kalleh - Bride and groom; engaged couple
Choyzik machen: Make fun of, ridicule
Chrain: Horseradish
Chropen: Snore
Chub Rachmones: "Have pity"
Chug: Activity group
Chupah: Canopy under which a bride and groom stand during marriage ceremony.
Chutzpeh: Brazenness, gall, baitzim
Chutzpenik: Impudent fellow
Chvalye: Ocean wave
Columbus's medina: It's not what it's cracked up to be. (Columbus's country.
D
Danken Got!: Thank G-d!
Darf min gehn in kolledj?: For this I went to college? Usually said when describing a menial task.
Davenen: Pray
Deigeh nisht!: Don't worry!
Der mensch trakht un Gott lahkht: Man thinks (plans) and God laughs
Der oyg: Eye
Der tate oysn oyg: Just like his father
Der universitet: University
Der zokn: Old man
Derech erets: Respect
Derlebn: To live to see (I should only live to see him get married, already!)
Der oysdruk: Expression
Dershtikt zolstu veren!: You should choke on it!
Di khemye: Chemistry
Di skeyne: Old woman
Di Skeynes: Old women
Di skeynim: Old men
Die goldene medina: the golden country
Die untershte sheereh: the bottom line
Dine Essen teg: Yeshiva students would arrange to be fed by various householders on a daily basis in different houses. (Lit., Eat days)
Dingen: Bargain, hire, engage, lease, rent
Dis fayntin shneg: It's starting to snow
Dis fayntin zoraiganin: It's starting to rain
Dos gefelt mir: This pleases me
Dos hartz hot mir gezogt: My heart told me. I predicted it.
Dos iz alts: That's all.
Dos zelbeh: The same
Drai mir nit kain kop!: Don't bother me! (Lit., Don't twist my head)
Drai zich!: Keep moving!
Draikop: Scatterbrain
Dreidal: Spinning top used in a game that is associated with the holiday of Chanukah.
Drek: Human dung, feces, manure or excrement; inferior merchandise or work; insincere talk or excessive flattery
Drek auf dem teller: Mean spirited, valueless Lit.crap on a plate.
Drek mit Leber: Absolutely nothing; it's not worth anything.
Druchus: The sticks (way out in the wild)
Du fangst shoyn on?: Are you starting up again?
Du kannst nicht auf meinem rucken pishen unt mir sagen class es regen ist.: You can't *** on my back and tell me that it's rain!
Dumkop: Dumbbell, dunce (Lit., Dumb head)
Durkhfall: A flop or failure
Dybbuk: Soul condemned to wander for a time in this world because of its sins. (To escape the perpetual torments inflicted upon it by evil spirits, the dybbuk seeks refuge in the body of some pious man or woman over whom the demons have no power. The dybbuk is a Cabalistic conception)
E
Ech: A groan, a disparaging exclamation
Ech mir (eppes): Humorous, disparaging remark about anything. e.g. "American Pie ech mir a movie?"
Efsher: Maybe, could be
Ei! Ei!: Yiddish exclamation equivalent to the English "Oh!"
Eingeshpahrt: Stubborn
Eingetunken: Dipped, dunked
Einhoreh: The evil eye
Eizel: Fool, dope
Ek velt: End of the world
Emes: The truth
Emitzer: Someone
Enschultig meir: "Well excuuuuuuse ME!" (Can also bu used in a non-sarcastic manner depending on the tone of voice and situation.)
Entoisht: Disappointed
Eppes: Something
Er bolbet narishkeiten: He talks nonsense
Er drayt sich arum vie a fortz in russell: He wanders around like a **** in a barrel (aimless)
Er est vi noch a krenk.: He eats as if he just recovered from a sickness.
Er frest vi a ferd.: He eats like a horse.
Er hot a makeh.: He has nothing at all (Lit., He has a boil or a minor hurt.)
Er hot nit zorg.: He hasn't got a worry.
Er iz a niderrechtiker kerl!: He's a low down good-for-nothing.
Er iz shoyn du, der nudnik!: The nuisance is here already!
Er macht a tel fun dem.: He ruins it.
Er macht zack nisht visindicht: He pretends he doesn't know he is doing something wrong. Example: Sneaking into a movie theatre, or sneaking to the front of a line.
Er toig (****) nit: He's no good, worthless
Er varved zakh: Lit: He's throwing himself. Example: He's getting angry, agitated, ******-off.
Er zitst oyf shpilkes.: He's restless. (Lit., He sits on pins and needles.)
Er zol vaksen vi a tsibeleh, mit dem kop in drerd!: He should grow like an onion, with his head in the ground!
Eretz Yisroel: Land of Israel
Es brent mir ahfen hartz.: I have a heartburn.
Es gait nit!: It doesn't work! It isn't running smoothly!
Es gefelt mir.: I like it. (Lit., It pleases, me.)
Es hot zich oysgelohzen a boydem!: Nothing came of it! (Lit., There's nothing up there but a small attic.)
Es iz a shandeh far di kinder!: It's a shame for the children!
Es iz (tsu) shpet.: It is (too) late.
Es ken gemolt zein.: It is conceivable. It is imaginable.
Es macht mir nit oys.: It doesn't matter to me.
Es iz nit dayn gesheft: It's none of your business.
Es past nit.: It is not becoming. It is not fitting.
Es tut mir a groisseh hanoeh!: It gives me great pleasure!(often said sarcastically)
Es tut mir bahng.: I'm sorry. (Lit., It sorrows me)
Es tut mir vai: It hurts me.
Es vert mir finster in di oygen.: This is a response to receiving extremely upsetting information or news. (Lit., It's getting dark in my eyes.)
Es vet gornit helfen!: Nothing will help!!
Es vet helfen vi a toiten bahnkes!: It won't help (any)! (Lit., It will help like blood-cupping on a dead body.)
Ess vie ein foygl sheise vie ein feirt!: Eat like a bird, **** like a horse!
Ess, bench, sei a mensch: Eat, pray, don't act like a ****!
Ess gezunterhait: Eat in good health
Essen: To eat
Essen mitik: Eating midday or having dinner.
F
Fahrshvindn: Disappeared
Faigelah: Bird (also used as a derogatory reference to a gay person).
Fantazyor: Man who builds castles in the air
Farbissener: Embittered; bitter person
Farblondzhet: Lost, bewildered, confused
Farblujet: Bending your ear
Farbrecher: Crook, conman
Fardeiget: Distressed, worried, full of care, anxiety
Fardinen a mitzveh: Earn a blessing or a merit (by doing a good deed)
Fardrai zich dem kop!: Go drive yourself crazy!
Fardross: Resentment, disappointment, sorrow
Farfolen: Lost
Farfoylt: Mildewed, rotten, decayed
Farfroyren: Frozen
Fargessen: Forgot
Farklempt: Too emotional to talk. Ready to cry. (See "Verklempt)
Farklempt fis: Not being able to walk right, clumsy as in "clumsy feet."
Far Knaft: Engaged
Farkakte (taboo): Dungy, ******
Farmach dos moyl!: Shut up! Quiet. (Lit., Shut your mouth.)
Farmatert: Tired
Farmisht: Befuddled
Farmutshet: Worn out, fatigued, exhausted
Farpitzed: To get all dressed up to the "nines."
Farschimmelt: Moldy or rotten. An analogous meaning could be that a person's mind has become senile.
Farshlepteh krenk: Fruitless, endless matter (Lit., A sickness that hangs on)
Farshlugginer: Refers to a mixed-up or shaken item. Generally indicates something of little or dubious value.
Farshmeieter: Highly excitable person; always on the go
Farshnickert: Drunk, high as a kite
Farshnoshket: Loaded, drunk
Farshtaist?: You understand?
Farshtopt: Stuffed
Farshtunken: Smells bad, stinks
Farshvitst: sweaty
Fartik: finished, ready, complete
Fa:tshadikt - Confused, bewildered, befuddled, as if by fumes, gas
Feh!: Fooey, It stinks, It's no good
Feinkoche: Omelet, scrambled eggs
Feinshmeker: Hi falutin'
Fendel: pan
Ferd: Horse, (slang) a fool
Ferkrimpter ponim: Twisted-up, scowling face
Ferprishte punim: pimple-face
Fet: Fat, obese
Fetter: Uncle (also onkel)
Finster un glitshik: Miserable (Lit., Dark and slippery)
Fisfinger: Toes
Fisslach: (chickens'/duck's) feet, often in ptsha
Fliegel: Fowl's wing
Focha: Fan
Foigel: Smart guy (Lit: bird)
Foiler: Lazy man
Foilishtik: Foolishness
Folg mikh!: Obey me!
Folg mikh a gang!: Quite a distance! Why should I do it? It's hardly worth the trouble!
Fonfen: Speak through the nose
For gezunterhait!: Bon voyage! Travel in good health!
Forshpeiz: Appetizer
Fortz: ****
Fortz n' zovver: A foul, soul-smelling ****.
Frageh: Question
Frailech: Happy
Frassk in pis: Slap in the face
Freint: Friend,
Mr. Fremder: Stranger
Fress: Eat....pig out.
Fressen: Eat like a pig, devour
Fressing: Gourmandizing (By adding the English suffix "ing" to the Yiddish word "fress", a new English word in the vocabulary of American Jews has been created.)
Froy: Woman,
Mrs. Frum, (frimer): Pious, religious, devout
Funfeh: Speaker's fluff, error
G
*** avek!: Go away
*** feifen ahfen yam!: Go peddle your fish elsewhere!
*** gezunterhait!: Go in good health
*** in drerd arein!: Go to hell!
*** kaken oifen yam!: Get lost (Lit: Go **** in the ocean!)
*** mit dein kop in drerd: "Go with your head in the ground." "Stick your head in the mud"
*** platz!: Go split your guts!
*** shlog dein kup en vant!: Go bang your head against the wall
*** shoyn, ***.: Scram! also, Don't be silly!
*** strasheh di vantzen: You don't frighten me! (Lit., Go threaten the bed bugs)
*** tren zich. (taboo): Go **** yourself
Gait, gait!: Come now!
Gait es nit!: It doesn't work!
Galitsianer: Jewish native of Galicia
Gants gut: Very good
Gantseh K'nacker!: "Big Shot"
Gantseh Macher: "Big shot."
Gantseh megilleh: Big deal! (derisive)
Gantseh mentsh: Manly, a whole man, a complete man; an adult; a fellow who assumes airs
Gatkes: Long winter underwear
Geben shoychad: To bribe
Gebentsht mit kinder: Blessed with children
Gebentshte boych: Literally-blesses stomach (womb) (Said of a lady with a fabulous child or children,
Gebrenteh tsores: Utter misery
Gebrochener english: Fractured English
Gedainkst?: Remember?
Gedempte flaysh: Mystery meat
Gedicht: Thick, full, ample
Geferlech: Dangerous
Geharget zolstu veren!: Drop dead! (Lit., You should get killed.)
Gelaimter: Person who drops whatever he touches
Gelibteh: Beloved
Gelt: Money
Gelt gait tzu gelt.: Money goes to money.
Gelt is nisht kayn dayge: Money is not a problem.
Gembeh!: Big mouth!
Gemitlich: Slowly, unhurried, gently
Genaivisheh shtiklech: Tricky, sharp, crooked actions or doings
Genevishe oigen: Shifty eyes
Genug iz genug.: Enough is enough!
Gesheft: Business
Geshmak: Tasty, delicious
Geshtorben: The state of being dead.
Geshtroft: Cursed, accursed; punished
Geshvollen: Swollen, puffed up (Also applied to person with haughty pride)
Get: Divorce
Getchke: Statue
Gevaldikeh Zach!: A terrible thing! (often ironically)
Gevalt!: Heaven Forbid! (Exclamatory in the extreme.)
Gevalt geshreeyeh: good grief ("help" screamed)
Gezunde tzores: Healthy troubles. Troubles one should not take too seriously.
Gezunt vi a ferd: Strong as a horse
Gezunteh moid!: Brunhilde, a big healthy dame
Gezunterhait: In good health
Gib mir nit kain einorah!: Don't give me a canary! (Americanism, Lit., Don't give me an evil eye)
Gib zich a traisel: Get a move on
Gib zich a shukl: Hurry up! (Give yourself a shake)
Gitte neshomah: good soul
Gleichvertel: Wisecrack, pun, saying, proverb, bon mot, witticism
Glezel tai: Glass of tea
Glezel varms: comforting or soothing (Lit: Glass of warmth)
Glick: Luck, piece of luck
Gloib mir!: Believe me!
Glustiyah: Enema
G'nossen tsum emess!: The sneeze confirmed the truth!
Goldeneh chasseneh: Fiftieth wedding anniversary
Goniff: Crook, thief, burglar, swindler, racketeer
Gopel: Fork
Gornisht: Nothing
Got in himmel!: G-d in heaven! (said in anguish, despair, fear or frustration)
Got tsu danken: Thank G-d
Got zol ophiten!: G-d forbid!
Got:Vorte - A good piece of information or short concise Torahy commentary.
Gotteniu!: Oh G-d! (anguished cry)
Goy: Any person who is not Jewish
Goyeh: Gentile woman
Goyim: Group of non-Jewish persons
Goyishe kop: Opposite of Yiddishe kop. Generally used to indicate someone who is not particularly smart or shrewd. (Definitely offensive.)
Greps: Blech; a burp if it's a mild one
Grob: Coarse, crude, profane, rough, rude
Grober: Coarse, uncouth, crude person
Grober finger: Thumb
Groi:halter - Show-off, conceited person
Groisseh gedilleh!: Big deal! (said sarcastically)
Groisser gornisht: Big good-for-nothing
Groisser potz! (taboo): Big *****! Big *****! (derogatory or sarcastic)
Grooten: To take after, to favour.
Groyser finger: *******
Guggle muggle: A concoction made of warm milk and honey for sore throats
Gunsel: A young goose. Also used to describe a young man who accompanies a ***** or a young *****.
Gut far him!: Serves him right!
Gut gezugt: Well said
Gut Shabbos: Good Sabbath
Gut Yontif: Happy Holiday
G'vir: Rich man
H
Haimish ponem: A friendly face
Haiseh vanneh: Hot bath
Haissen: To hate
Haken a chainik: Boring, long-winded and annoying conversation; talking for the sake of talking (Lit., To bang on the tea-kettle)
Hak flaish: Chopped meat
Hak mir nit in kop!: Stop bending my ear (Lit.; Stop banging on my head)
Hak mir nit kayn chainik (arain): Don't get on my nerves; Stop nagging me. (Lit., Don't bang my teapot.)
Halevei!: If only...
Hamoyn: Common people
Handlen: To bargain; to do business
Hanoe hobn: to enjoy
Harte mogen: constipation
Hartsvaitik: Heart ache.
Hecher: Louder
Hefker: A mess
Heizel: *******
Hekdish: Decrepit place, a slumhouse, poorhouse; a mess
Heldish: Brave
Heldzel: Stuffed neck flesh; sort of a neck-kishke
Hendl: Chicken
Hert zich ein!: Listen here!
Hetsken zich: Shake and dance with joy
Hikevater: Stammerer Hinten - Rear, rear parts, backside, buttocks; in the rear
Hit zich!: Look out!
Hitsik: Hothead
Hitskop: Excitable person
Hob derech erets: Have respect
Hob dir in arbel: Lit., I've got you by the elbow (Used as a response to a derogatory remark as you would use "sticks and stones"
Hob nit kain deiges: Don't worry
Hoben tsu zingen un tsu zogen: Have no end of trouble (Lit.,To sing and to talk)
Hobn groyse oygn: To be greedy
Hock mir nisht en chinik: Don't hit me in the head. or Dont' give me a headache.
Hoizer gaier: Beggar
Hoizirer: Peddler (from house to house)
Holishkes: Stuffed Cabbage
Host du bie mir an avleh!: So I made a mistake. So what!
Hulyen: A hellraiser
I
Ich bin ahntoisht: I am disappointed
Ich bin dich nit mekaneh: I don't envy you
Ich darf es ahf kapores: It's good for nothing! I have no use for it. (Lit., I need it for a [useless] fowl sacrifice)
Ich darf es vi a loch in kop!: I need it like a hole in the head!
Ich hob dir lieb: I love you!
Ich eil zich (nit): I am (not) in a hurry
Ich feif oif dir!: I despise you! Go to the devil! (Lit., I whistle on you!)
Ich *** chaleshen bald avek: I'm about to faint (from sheer exhaustion)
Ich hob dich in ***!: To hell with you! (Lit., I have you in the bath house!)
Ich hob dir!: Drop dead! Go flap you ears! (Lit., I have you....!) (Americanism!)
Ich hob es in drerd!: To hell with it.
Ich hob im feint: I hate him.
Ich hob im in ***!: To hell with him.
Ich hob mir fer pacht: I have you in my pocket. (I know you for what you are.)
Ich hob nicht kain anung: I have no idea.
Ich ken dir nisht farfeeren: I can't lead you astray
Ich loif: I'm running
Ich vais: I know
Ich vais nit.: I don't know.
Ich vel dir geben a khamalye: I'll give you such a smack
Ich vel dir geben kadoches!: I'll give you nothing! (Lit., I'll give you malaria or a fever.)
Ich yog zich nit.: I'm not in a hurry.
Ich zol azoy vissen fun tsores.: I should know as little about trouble (as I know about what you are asking me)
Iker: Substance; people of substance
In a noveneh: For a change; once in a blue moon
In di alteh guteh tseiten!: In the good old days!
In di oygn: To one's face
In drerd mein gelt!: My money went down the drain! (Lit., My money went to burial in the earth, to hell.)
In miten drinen: In the middle of; suddenly
Ipish: Bad odor, stink
Ir gefelt mir zaier.: You please me a great deal.
Iz brent mir ahfen hartz.: I have a heartburn.
K
Kaas (in kaas oyf): Angry (with)
Kabaret forshtelung: Floorshow
Kabtzen, kaptsen: Pauper
Kaddish: A mourner's prayer
Kaddishel: Baby son; endearing term for a boy or man
Kadoches: Fever
Kadoches mit koshereh fodem!: Absolutely nothing! (Lit., fever with a kosher thread)
Kaftan: Long coat worn by religious Jews
Kakapitshi: Conglomeration
Kalamutneh: Dreary, gloomy, troubled
Kalleh: Bride
Kalleh moid: A girl of marriageable age
Kallehniu: Little bride
Kalta neshomeh: A cold soul
Kalekeh: A new bride who cannot even boil an egg.
Kalyeh: Bad, wrong, spoiled
Kam derlebt: Narrowly achieved (Lit., hardly lived to see)
Kam mit tsores!: Barely made it! (Lit., with some troubles) The word "Kam," also is pronounced "Kom" or "Koim" depending on the region people come from.
Kam vos er kricht: Barley able to creep; Mr. Slowpoke
Kam vos er lebt: He's hardly (barely) alive.
Kamtsoness: To be miserly
Kaneh: An enema
Kaporeh, (kapores): Atonement sacrifice; forgiveness; (slang) good for nothing
Karabeinik: Country peddler
Karger: Miser, tightwad
Kaseer: enema
Kasheh: Groats, mush cereal, buckwheat, porridge; a mess, mix-up, confusion
Kasheh varnishkes: Cooked groats and broad (or bowtie) noodles
Kashress: Kosher condition; Jewish religious dietary law
Kasnik, (keisenik): Angry person; excitable person, hot head
Kasokeh: Cross-eyed
Katchka: Duck (quack, quack)
Katshkedik (Americanism): Ducky, swell, pleasant
Katzisher kop: Forgetful (Lit., Cat head)
Kaynahorah: Lit: the evil eye. Pronounced in order to ward of the evil eye, especially when speaking of one's good fortune. "Everyone in the family is happy and healthy kaynahorah."
Kazatskeh: Lively Russian dance
Kein briere iz oich a breire: Not to have any choice available is also a choice.
Kemfer: Fighter (usually for a cause)
Ken zein: Maybe, could be
Kenen oyf di finger: Have facts at one's fingertips
Ketzele: Kitten
(To) Kibbitz: To offer unsolicited advice as a spectator
Kibbitzer: Meddlesome spectator
Kiddish (Borai pri hagofen): Blessing over wine on the eve of Sabbath or Festivals
Kimpe:tzettel - Childbirth amulet or charm (from the German "kind-bet-tzettel" meaning childbirth label containing Psalm 121, names of angels, patriarchs
Kimpetoren: Woman in labour or immediately after the delivery
Kind un kait: Young and old
Kinderlech: Diminutive, affectionate term for children
Kish mir en toches: Kiss my backside (slang)
Kishef macher: Magic-worker
Kishkeh: Stuffed derma (Sausage shaped, stuffed with a mixture of flour, onions, salt, pepper and fat to keep it together, it is boiled, roasted and sliced) Also used to describe a person's innards. "You sweat your kishkehs out to give your children an good education, and what thanks do you get?"
(A) Kitsel: Tickle
Klainer gornisht: Little **** (Lit., A little nothing)
Klemt beim hartz: Clutches at my heartstrings
Klaperkeh: Talkative woman
Klipeh: Gabby woman, shrew, a female demon
Klo: Plague
Klogmuter: Complainer, chronic complainer
(A) Klog iz mir!: Woe is me!
Kloolye: A curse
Klop: Bang, a real hard punch or wallop
Klotz (klutz): Ungraceful, awkward, clumsy person; bungler
Klotz kasheh: Foolish question; fruitless question
Kloymersht: Not in reality, pretended (Lit., as if it were)
Knacker: A big shot
Knackerke: The distaff k'nacker, but a real cutie-pie.
Knaidel (pl., k'naidlech): Dumplings usually made of matzoh meal, cooked in soup
Knippel: Button, knot; *****, virginity; money tied in a knot in a handkerchief. Also, a little money (cash, usually) set aside for special needs or a rainy day. (Additional meaning thanks to Carl Proper.)
Knish (taboo): ****** [this translation is disputed by at least one reader]
Knishes: Baked dumplings filled with potato, meat, liver or barley
Kochalain: Summer boarding house with cooking privileges (Lit., cook by yourself)
Kochedik: Petulant, excitable
Kochleffel: One who stirs up trouble; gadabout, busy-body (Lit., a cooking ladle)
Kolboynik: Rascally know-it-all
(A) Kop oif di plaitses!: Good, common sense! (Lit., A head on the shoulders!)
Komisch: Funny
Kopvaitik: Headache
Kosher: Jewish dietary laws based on "cleanliness". Also referring to the legitimacy of a situation. "This plan doesn't seem kosher".
Koved: Respect, honour, reverence, esteem
Krank: Sick
Kran:heit - Sickness
Krassavitseh: Beauty, a doll, beautiful woman
Krechts: Groan, moan
Krechtser: Blues singer, a moaner
Kreplach: Small pockets of dough filled with chopped meat which look like ravioli, or won ton, and are eaten in soup; (slang) nothing, valueless
Kroivim: Relatives
Krolik: Rabbit
Kuch leffel: A person who mixes into other people's business (cooking spoon)
Kuck im on (taboo): Defecate on him! The hell with him!
Kuck zich oys! (taboo): Go take a **** for yourself!
Kugel: Pudding
Kukn durkh di finger oyf: Shut one's eyes to....., connive at......, wink at.....
*** ich nisht heint, *** ich morgen: If I don't come today, I'll come tomorrow (procrastinator's slogan)
Kumen tsu gast: To visit
Kuntzen: Tricks
Kuni leml: A nerd
Kunyehlemel: Naive, clumsy, awkward person; nincompoop; Casper Milquetoast
Kuppe dre: A piece of ***** matter (s--t)
Kurveh: *****, *******
Kush in toches arein! (taboo): Kiss my behind! (said to somebody who is annoying you)
Kushinyerkeh: Cheapskate; woman who comes to a store and asks for a five cents' worth of vinegar in her own bottle
K'vatsh: Boneless person, one lacking character; a whiner, weakling
K'velen: Glow with pride and happiness, beam; be delighted
K'vetsh: Whine, complain; whiner, a complainer
K'vitsh: Shriek, scream, screech
L
Lachen mit yas:tsherkes - Forced or false laugh; laugh with anguish
Laidi:gaier - Idler, loafer
Lakeh: A funnel
Lamden: Scholar, erudite person, learned man
Lamed Vovnik: Refers to the Hebrew number "36" and traditionally each generation produces 36 wise and righteous persons who gain the approbation of "lamed vovnik."
Lang leben zolt ir!: Long may you live!
Lange loksch: A very tall thin person , A long tall drink of water.
Lantslaite: Plural of lantsman
Lantsman: Countryman, neighbour, fellow townsman from "old country".
Lapeh: Big hand
Layseh mogen: Diarrhea
(A) Lebedikeh velt!: A lively world!
(A) Lebediker: Lively person
(A) Leben ahf dein kop!: Words of praise like; Well said! Well done! (Lit., A long life upon your head.)
Lebst a chazerishen tog!: Living high off the hog!
Leck, shmeck: Done superficially (lick, smell)
L'che:im, le'chayim! - To life! (the traditional Jewish toast); To your health, skol
Leffel: Spoon
Leibtzudekel: Sleeveless shirt (like bib) with fringes, worn by orthodox Jews
Leiden: To suffer
Lemechel: Milquetoast, quiet person
Lemeshkeh: Milquetoast, bungler
Leshem shomaim: Idealistically, "for the sake of heaven."
Leveiyeh: Funeral
Lezem gayne: leave them be
Lig in drerd!: Get lost! Drop dead! (Lit., Bury yourself!)
Ligner: Liar
Litvak: Lithuanian; Often used to connote shrewdness and skepticism, because the Lithuanian Jews are inclined to doubt the magic powers of the Hasidic leaders; Also, a person who speaks with the Northeastern Yiddish accent.
Lobbus: Little monster
Loch: Hole Loch in kop - Hole in the head.
Loksch: An Italian gentleman.
Lokshen: Noodles
Lokshen strop: a "cat- o- nine tails"
Lominer gaylen: Clumsy fool (a golem-Frankenstein monster -- created by the Lominer rebbe)
Loz mich tzu ru!: Leave me alone! (Lit., Let me be in peace!)
Luftmentsh: Person who has no business, trade, calling, nor income.
Luch in kup: A hole in the head ( " I need this like a luch in kup").
M
Machareikeh: Gimmick, contraption
Macher: big shot, person with access to authorities, man with contacts.
Machshaifeh: Witch
Maidel: Unmarried girl, teenager
Maideleh: Little girl (affectionate term)
Maiven: Expert, connoisseur, authority
Maisse: A story
Maisse mit a deitch: A story with a (moral) twist
Makeh: Plague, wound, boil, curse
Mameleh: Mother dear
Mamoshes: Substance, people of substance.
Mamzer: *******, disliked person, untrustworthy
Mamzerook: A naughty little boy
Mashgiach: Inspector, overseer or supervisor of Kashruth in restaurants & hotels.
Mashugga: Crazy
Matkes: Underpants
Maynster: Mechanic, repairman, workshop proprietor
Mayster: Master craftsman, champion,
Mazel Tov: Good Luck (lit) Generally used to convey "congratulations".
Me ken brechen!: You can ***** from this!
Me ken lecken di finger!: It's delicious!
Me krechts, me geht veyter: I complain and I keep going.
Me lost nit leben!: They don't let you live!
Me redt zich oys dos hartz!: Talk your heart out!
Mechuten: In-Law
Mechutonim: In-Laws (The parents of your child's spouse)
Mechutainista: Mother-In-Law
Megillah: A long story
Mein bobbeh's ta'am: Bad taste! Old fashioned taste!
Mein cheies gait oys!: I'm dying for it!
Mekheye: An extreme pleasure, *******, out of this world wonderful!
Mekler: Go-between
Menner vash tsimmer: Men's room
Mentsh: A special man or person. One who can be respected.
Menuvel: A person who is always causing grief, can get nothing right, and is always in the way.
Meshpokha: Extended family
Meshugass: Madness, insanity, craze
Meshugeh: Crazy
Meshugeh ahf toit!: Crazy as a loon. Really crazy!
Meshugeneh: Mad, crazy, insane female.
Meshugener: Mad, crazy, insane man
Meshugoyim: Crazy people
Messer: Knife
Me zogt: They say; it is said.
Mezinka: A special dance for parents whose last child is getting married
Mezuzah: Tiny box affixed to the right side of the doorway of Jewish homes containing a small portion of Deuteronomy, handwritten on parchment.
Mies: Ugly
Mieskeit: Ugly thing or person.
Mikveh: Ritual bath used by women just prior to marriage as well as after each monthly cycle. This represents a "spiritual cleansing after a potential to create a new life was not actualized. There are some religious men who also use mikvehs prior to festivals and the Sabbath. Some Chassidim immerse every morning before praying.
Min tor nit: One (or you) mustn't
Minyan: Quorum of ten men necessary for holding public worship (must be over 13 years of age)
Mirtsishem: G-d willing
Mitn derinnen: All of a sudden, suddenly
Mitn grobn finger: Quibbling, stretching a point
Mitzvah: Good deed
Mizinik: The youngest child in an immediate family
Mogen Dovid: Star of David
Moisheh kapoyer: Mr. Upside-Down! A person who does everything backwards. Not knowing what one wants.
Mosser: Squealer
Mossik: Mischief maker, prankster, naughty little boy, imp
Moyel: Person (usually a rabbi) who performs circumcisions.
Mutek: Brave
Mutshen zich: To sweat out a job
Muttelmessig: Meddlesome person, kibbitzer
N
N'vayle: Shroud; inept person
Na!: Here! Take it. There you have it.
Naches: Joy: Gratification, especially from children.
Nacht falt tsu.: Night is falling; twilight
Nadan: Dowry
Nafkeh: *******
Nafkeh ba:is - *******
Naidlechech: Rare thing
Nar: Fool
Nar ainer!: You fool, you!
Narish: Foolish
Narishkeit: Foolishness
Narvez: Nervous
Nebach: It's a pity. Unlucky, pitiable person.
Nebbish: A nobody, simpleton, weakling, awkward person
Nebechel: Nothing, a pitiful person; or playing role of being one
(A) Nechtiker tog!: He's (it's) gone! Forget it! Nonsense! (Lit., a yesterday's day)
Nechuma: Consolation
Nechvenin: To *******
Nem zich a vaneh!: Go take a bath! Go jump in the lake!
Neshomeh: Soul, spirit
Neshomeleh: Sweetheart, sweet soul
Nisht geshtoygen, nisht gefloygen: neither here nor there
Nifte:shmifter, a leben macht er? - What difference does it make as long as he makes a living? (Lit., nifter means deceased.)
Nishkosheh: Not so bad, satisfactory. (This has nothing to do with the word "kosher", but comes from the Hebrew and means "hard, heavy," thus "not bad."
Nisht araynton keyn finger in kalt vaser: Loaf, not do a thing, be completely inactive
Nisht fur dich gedacht!: It shouldn't happen! G-d forbid! (Lit., May we be saved from it! [sad event] )
Nishtgedeiget: Don't worry; doesn't worry
Nisht geferlech: Not so bad, not too shabby (Lit. not dangerous.)
Nishtkefelecht: No big deal!
Nisht gefloygen, nisht getoygen: It doesn't matter
Nisht gefonfit!: Don't hedge. Don't fool around. Don't double-talk.
Nisht getoygen, nisht gefloygen: It doesn't fly, it doesn't fit
Nisht getrofen!: So I guessed wrong!
Nisht gut: Not good, lousy
Nisht naitik: Not necessary
Nishtgutnick: No-good person
Nishtikeit!: A nobody!
Nishtu gedacht!: It shouldn't happen! G-d forbid!
Nit kain farshloffener: A lively person
Nit ahin, nit aher: Neither here nor there
Nit gidacht!: It shouldn't happen! (Same as nishtu gedacht)
Nit gidacht gevorn.: It shouldn't come to pass.
Nit kosher: Impure food. Also, slang, anything not good
Nit heint, nit morgen!: Not today, not tomorrow!
Nito farvos!: You're welcome!
Nitsn: To use
Noch a mool: One more time
Noch nisht: Not yet
Nochshlepper: Hanger-on, unwanted follower
Nor Got vaist: Only G-d knows.
Nosh: Snack
Nosherie: Snack food
Nu?: So? Well?
Nu, dahf men huben kinder?: Does one have children? (When a child does something bad)
Nu, shoyn!: Move, already! Hurry up! Let's go! Aren't you finished?
Nudnik: Pesty nagger, nuisance, a bore, obnoxious person
Nudje: Annoying person, badgerer (Americanism)
Nudjen: Badger, annoy persistently
O
Ober yetzt?: So now? (Yetzt is also spelled itzt)
Obtshepen: Get rid of
Och un vai!: Alas and alack: woe be to it!
Oder a klop, oder a fortz (taboo): Either too much or not enough (Lit., either a wallop or a ****)
Oder gor oder gornisht: All or nothing
Ohmain: Amen
Oi!!: Yiddish exclamation to denote disgust, pain, astonishment or rapture
Oi, a shkandal!: Oh, what a scandal!
Oi, gevald: Cry of anguish, suffering, frustration or for help
Oi, Vai!: Dear me! Expression of dismay or hurt
Oi vai iz mir!: Woe is me!
Oif tsalooches: For spite
Oisgeshtrobelt!: Overdressed woman.
Oisgeshtrozelt: Decorated (beautiful)
Oisgevapt: Flat (as in "the fizz has gone out of it.)
Oi:shteler - Braggart
Oiver botel: Absentminded: getting senile
Okurat: That's right! Ok! Absolutely! (Sarcastically: Ya' sure!) Okuratner mentsh - Orderly person
Olreitnik!: Nouveau riche!
On langeh hakdomes!: Cut it short! (Lit., without long introductions.)
Ongeblozzen: Conceited: peevish, sulky, pouting
Ongeblozzener: Stuffed shirt
Ongematert: Tired out
Ongepatshket: Cluttered, disordered, scribbled, sloppy, muddled, overly-done
Ongeshtopt: Very wealthy
Ongeshtopt mit gelt: Very wealthy; (Lit., stuffed with money)
Ongetrunken: Drunk
Ongetshepter: Bothersome hanger-on
Ongevarfen: Cluttered, disordered
Onshikenish: Hanger-on
Onshikenish: Pesty nagger
Onzaltsen: Giving you the business; bribe; soft-soap; sweet-talk (Lit., to salt)
Opgeflickt!: Done in! Suckered! Milked!
Opgehitener: Pious person
Opgekrochen: Shoddy
Opgekrocheneh schoireh: Shoddy merchandise
Opgelozen(er): Careless dresser
Opgenart: Cheated, fooled
Opnarer: Trickster, shady operator
Opnarerei: Deception
Orehman: Poor man, without means
Oremkeit: Poverty
Ot azaih: That's how, just like that
Ot kimm ich: Here I come!
Ot gaist du: There you go (again)
Oy mi nisht gut gevorn: "Oh my, I'm growing weary."
Oy vey tsu meina baina: Woe is me (down to my toes)
Oybershter in himmel: G-d in heaven
Oych a bashefenish: Also a V.I.P.! A big person! (said derogatorily, sarcastically, or in pity)
Oych mir a leben!: This too is a living! This you call a living?
Oyfen himmel a yarid!: Much ado about nothing! Impossible! (Lit., In heaven there's a big fair!)
Oyfgekumener: Come upper, upstart
Oyfn oyg: Roughly, approximately
Oyg oyf oyg: In private, face-to-face
Oys shiddech: The marriage is off!
Oysznoygn fun finger: Concoct, invent (a story)
Oysergeveynlekh: Unusual (sometimes used as "great.")
Oysgedart: Skinny, emaciated
Oysgehorevet: Exhausted
Oysgematert: Tired out, worn out
Oysgemutshet: Worked to death, tired out
Oysgeposhet: "Well grazed," in the sense of being fat.
Oysgeputst: Dressed up, overdressed; over decorated
Oysgeshprait: Spread out
Oysvurf: Outcast, bad person
P
Paigeren: To die (animal)
Paigeren zol er!: He should drop dead!
Pamelech: Slow, slowly
Parech: Low-life, a bad man
Parnosseh: Livelihood
Parshiveh: Mean, cheap
Parshoin: He-man
Partatshnek: Inferior merchandise or work
Parveh: Neutral food, neither milchidik (dairy) nor flaishidik (meat)
Paskidnye: Rotten, terrible
Paskudnik, paskudnyak: Ugly, revolting, evil person; nasty fellow
Past nit.: It isn't proper.
Patsh: Slap, smack on the cheek
Patsh zich in tuchis und schrei "hooray": Said to a child who complains he/she has nothing to do (slap your backside and yell "hooray")
Patshkies around: Anglicized characterization of one who wastes time.
Patteren tseit: To lounge around; waste time
Payess: Long side-curls worn by Hasidic and other ultra-Orthodox Jewish men.
Petseleh: Little *****
Phooey! fooey, pfui: Designates disbelief, distaste, contempt
Pinkt kahpoyer: Upside down; just the opposite
Pipek: Navel, belly button
Pishechtz: *****
Pisher: Male infant, a little squirt, a nobody
Pisk: Slang, for mouth; insultingly, it means a big mouth, loudmouth
Pis:Malocheh - Big talker-little doer! (man who talks a good line but does nothing)
Pitseler: Toddler, small child
Pitshetsh: Chronic complainer
Pitsel: Wee, tiny
Pitsvinik: Little nothing
Plagen: Work hard, sweat out a job, suffer
Plagen zich: To suffer
Plaplen: Chatter Plats! - Burst! Bust your guts out! Split your guts!!
Platsin zuls du: May you explode
Plimenik: Nephew
Plimenitse: Niece
Plotz: To burst
Pluchet: Heavy rain (from Polish "Plucha")
Plyoot: Bull-*******; Loudmouth
Plyotkenitzeh: A gossip
Ponem: Face
Poo, poo, poo: Simulate spitting three times to avoid the evil eye
Pooter veren: Getting rid of (Lit: making butter)
Pooter veren fon emitzer: Getting rid of someone; eg: "ich geh' veren pooter fon ihr" - "I'm going to be getting rid of her!"
Poseyakh: Rolling out dough
Potchke: Fool around or "mess" with
Potzevateh: ******, someone who is "out of it."
Praven: Celebrate
Preplen: To mutter, mumble
Prezhinitse: Scrambled eggs with milk added.
Prietzteh: Princess; finicky girl; (having airs, giving airs; being snooty) prima donna!
Pripitchok: Long, narrow wood-burning stove
Prost: Coarse, common, ******
Prostaches: Low class people
Prostak: Ignorant boor, coarse person, ****** man
Proster chamoole: Low-class *******
Prosteh leit: Simple people, common people; ******, ignorant, "low class" people
Proster mentsh: ****** man, common man
Ptsha: Cows feet in jelly
Pulke: The upper thigh
Pupik: Navel, belly button, gizzard, chicken stomachs
Pupiklech: Dish of chicken gizzards
Pushkeh: Little box for coins
Pustunpasnik: Loafer, idler
Putz: Slang word for "*****." Also used when describing someone someone as being "a ****."
Pyesseh: A play, drama
R
Rachmones: Compassions, mercy, pity
Rav: Rabbi, religious leader of the community
Reb: Mr., Rabbi; title given to a learned and respected man
Rebbe fon Stutz: A phrase used to explain the unexplainable. Similar to blaming something on the fairies or a mystical being.
Rebiniu: "Rabbi dear!" Term of endearment for a rabbi
Rebitsin: Literally, the rabbi's wife (often sarcastically applied to a woman who gives herself airs, or acts excessively pious) ; pompous woman
Rechielesnitseh: Dowdy, gossipy woman
Reden on a moss: To chatter without end
Redn tzu der vant: Talk in vain or to talk and receive no answer (Lit. , talk to the wall for all the good it will do you)
Redlshtul: Wheelchair
Redt zich ayn a kreynk!: Imaginary sickness
Redt zich ayn a kind in boich: Imaginary pregnancy (Imaginary anything)
*****: Rich, wealthy
Reisen di hoit: Skin someone alive (Lit., to tear the skin)
Reissen: To tear
Retsiche: ******
Rib:fish, gelt oyfen tish! - Don't ask for credit! Pay in cash in advance! Cash on the barrel-head!
Riboyno:shel-oylom! (Hebrew) God in heaven, Master of the Universe
Richtiker chaifetz: The real article! The real McCoy!
Rirevdiker: A lively person
Rolleh: Role in a play
Rooshisher: Definitely NOT a Litvak; coming from Ukraine, White Russia; the Crimea, Russia itself.
Roseh: Mean, evil person
Rossel flaysh: Yiddish refritos
(A) Ruach in dein taten's taten arein!: Go to the devil! (Lit., A devil (curse) should enter your father's father!)
Ruf mich k'na:nissel! - I did wrong? So call me a nut!
Ruktish: Portable table
S
S'vet helfen azoy vie a toytn baynkes: Lit: It will help as much as applying cups to a dead person.
S'art eich?: What does it matter to you? Does it matter to you?
Saykhel: Common sense
Schochet: A ritual slaughterer of animals and fowl.
Se brent nit!: Don't get excited! (Lit., It's not on fire!)
Se shtinkt!: It stinks!
Se zol dir grihmen in boych!: You should get a stomach cramp!
Sh' gootzim: Plural of shaigetz
Sha! (gently said): Please keep quiet.
Shabbes goy: Someone doing the ***** work for others (Lit;, gentile doing work for a Jew on Sabbath)
Shabbes klopper: A resident of a neighbourhood who's job it was to "klop" or bang on the shutters of Jewish homes to announce the hour of sundown on Friday
Shadchen: Matchmaker or marriage broker. There is the professional type who derives his or her living from it, but many Jewish people engage in matchmaking without compensation.
Shaigitz: Non-Jewish boy; wild Jewish boy
Shaigetz ainer!: Berating term for irreligious Jewish boy, one who flouts Jewish law
Shaile: A question
Shain vi der lavoone: As pretty as the moon
Shain vi di zibben velten: Beautiful as the seven worlds
Shaineh maidel: pretty girl
Shaineh raaineh keporah: Beautiful, clean sacrifice. Nothing to regret.
Shainer gelechter: Hearty laugh (sarcastically, Some laughter!)
Shainkeit: Beauty
Shaitel, (sheitel): Wig (Ultra-orthodox married women cover their hair. Some use a shaitel)
Shalach mohnes: Customary gifts exchanges on Purim, usually goodies Shalom - Peace (a watchword and a greeting)
Shamus: Sexton, beadle of the synagogue, also, the lighter taper used to light other candles on a menorah, a policeman (slang)
Shandeh: Shame or disgrace
Shandhoiz: Brothel, *******
Shpatzir: A walk without a particular destination
Shat, shat! Hust!: Quiet! Don't get excited
Shatnes: Proscription against wearing clothes that are mixed of wool and linen
Shav: Cold spinach soup, sorrel grass soup, sour leaves soup
Shayneh kepeleh: Pretty head (lit) Good looking, good thoughts
Shemevdik: Bashful, shy
Shepen naches: Enjoy; gather pleasure, draw pleasure, especially from children
Shidech (pl., shiduchim): Match, marriage, betrothal
Shih:pihi - Mere nothings
****:yingel - Messenger
Shikker: Drunkard
Shikseh: Non-Jewish girl
Shlissel: A key
Shissel: A basin or bowl
*******: Sparse, lean, meager
Shiva: Mourning period of seven days observed by family and friends of deceased
Shkapeh: A hag, a mare; worthless
Shkotz: Berating term for mischievous Jewish boy
Shlak: Apoplexy; a wretch, a miserable person; shoddy; shoddy merchandise
Shlang: Snake, serpent; a troublesome wife; ***** (taboo)
Shlatten shammes: Communal busybody, tale bearer; messenger
Shlecht: Bad
Shlecht veib: Shrew (Lit., a bad wife)
Shlemiel: Clumsy bungler, an inept person, butter-fingered; ***** person
Shlep: Drag, carry or haul, particularly unnecessary things, parcels or baggage; to go somewhere unwillingly or where you may be unwanted
Shleppen: To drag, pull, carry, haul
Shlepper: Sponger, panhandler, hanger-on; dowdy, gossipy woman, free-loader
Shlimazel: Luckless person. Unlucky person; one with perpetual bad luck (it is said that the shlemiel spills the soup on the shlimazel!)
Shlog zich kop in vant.: Break your own head! (Lit., bang your head on the wall)
Shlog zich mit Got arum!: Go fight City Hall! (Lit., Go fight with God.)
Shlogen: To beat up
Shlok: A curse; apoplexy
Shlooche: ****
Shloof: Sleep, nap
Shlosser: Mechanic
Shlub: A ****; a foolish, stupid or unknowing person, second rate, inferior.
Shlump: Careless dresser, untidy person; as a verb, to idle or lounge around
Shlumperdik: Unkempt, sloppy
Shmaltz: Grease or fat; (slang) flattery; to sweet talk, overly praise, dramatic
Shmaltzy: Sentimental, corny
Shmatteh: Rag, anything worthless
Shmeis: Bang, wallop
Shmek tabik: Nothing of value (Lit., a pinch of *****)
Shmeer: The business; the whole works; to bribe, to coat like butter
Shmegegi: Buffoon, idiot, fool
Shmeichel: To butter up
Schmeikel: To swindle, con, fast-talk.
Shmendrik: nincompoop; an inept or indifferent person; same as shlemiel
Shmo(e): Naive person, easy to deceive; a goof (Americanism)
Shmontses:Trifles, folly
Shmooz; (shmuess): Chat, talk
Shmuck (tabboo): Self-made fool; obscene for *****: derisive term for a man
Shmulky!: A sad sack!
Shmuts: Dirt, slime
Shmutzik: *****, soiled
Shnapps: Whiskey, same as bronfen
Shnecken: Little fruit and nut coffee rolls
Shneider: Tailor; in gin rummy card game, to win game without opponent scoring
Shnell: Quick, quickly
Shnook: A patsy, a sucker, a sap, easy-going, person easy to impose upon, gullible
Shnorrer: A beggar who makes pretensions to respectability; sponger, a parasite
Shnur: Daughter-in-law
Shokklen: To shake
Shoymer: Watchman; historically refers also to the armed Jewish watchman in the early agricultural settlements in the Holy Land
Shoymer mitzves: Pious person
Shoyn ainmol a' metse:eh! - Really a bargain
Shoyn fargessen?: You have already forgotten?
Shoyn genug!: That's enough!
Shpiel: Play
Shpilkes: Pins and needles
Shpits: end, the heel of the bread
Shpitsfinger: Toes
Shpitzik: Pointed sense of humour, witty, sarcastic, caustic
Shpogel nei: Brand-new
Shreklecheh zach: A terrible thing
Shtarben: To die
Shtark, shtarker: Strong, brave
Shtark gehert: Smelled bad (used only in reference to food; Lit., strongly heard)
Shtark vi a ferd: Strong as a horse
Shteln zikh oyg oyf oyg mit....: To confront
Shtetl: Village or small town (in the "old country")
Shtik: Piece, bit: a special bit of acting
Shtik drek (taboo): *******; ****-head
Shtik goy: Idiomatic expression for one inclined to heretical views, or ignorance of Jewish religious values
Shtik naches: Grandchild, child, or relative who gives you pleasure; a great joy
Shtikel: Small bit or piece; a morsel
Shtiklech: Tricks; small pieces
Shtilinkerait: Quietly
Shtimm zic: Shut up!
Shtoltz: Pride; unreasonably and stubbornly proud, excessive self-esteem
Shtrafeeren: To threaten
Shtrudel: Sweet cake made of paper-thin dough rolled up with various fillings
Shtuk: Trouble
Shtum: Quiet
(A) Shtunk: A guy who doesn't smell too good; a stink (bad odor) a lousy human
Shtup: Push, shove; vulgarism for ****** *******
Shtup es in toches! (taboo): Shove (or stick) it up your ****** (***)!
Shtuss: A minor annoyance that arises from nonsense
Shudden: A big mess
Shul: Colloquial Yiddish for synagogue
Shule: School
Shushkeh: A whisper; an aside
Shutfim: Associates
Shvach: Weak, pale
Shvachkeit: Weakness
Shvantz: tail, *****
Shvartz: Black
Shvegerin: Sister-in-law
Shvengern: Be pregnant
Shver: Father-in-law; heavy, hard, difficult
Shvertz azayan ***: It's hard to be a Jew
Shviger: Mother-in-law
Shvindel: Fraud, deception, swindle
Shvindeldik: Dizzy, unsteady
Shvitz: Sweat, sweating
Shvitz ***: Steam bath
Shvoger: Brother-in-law
Sidder: Jewish prayer book for weekdays and Saturday
Simantov: A good sign (lit) Often used with mazel tov to wish someone good luck or to express congratulations
Simcheh: Joy; also refers to a joyous occasion
Sitzfleish: Patience that can endure sitting (Lit., sitting flesh)
Smetteneh: Sour cream; Cream
Sobaka killev: Very doggy dog
Sof kol sof: Finally
Sonem: Enemy, or someone who thwarts your success.
S'teitsh!: Listen! Hold on! How is that? How is that possible? How come?
Strasheh mich nit!: Don't threaten me!
Strashen net de genz: Lit., Do not disturb the geese. (You are full of yourself and making too much noise)
T
Ta'am: Taste, flavor; good taste
Ta'am gan eyden: Fabulous (Lit: A taste of the Garden of Eden)
Tachlis: Practical purpose, result
Tahkeh: Really! Is that so? Certainly!
Tahkeh a metsieh: Really a bargain! (usually said with sarcasm)
Taiglech: Small pieces of baked dough or little cakes dipped in honey
Tallis: Rectangular prayer-shawl to whose four corners, fringes are attached
Talmud: The complete treasury of Jewish law interpreting the Torah into livable law
Talmud Torah: The commandment to study the Law; an educational institution for orphans and poor children, supported by the community; in the United States, a Hebrew school for children
Tamavate: Feebleminded
Tamaveter: Feebleminded person
Tandaitneh: Inferior
Tararam: Big noise, big deal
Tashlich: Ceremony of the casting off of sins on the Jewish New Year (crumbs of bread symbolizing one's sins are cast away into a stream of water in the afternoon of the Jewish New Year, Rosh Hashoneh)
Tateh, tatteh, tatteh, tatteleh, tatinka, tatteniu: Father, papa, daddy, pop
Tate:mameh, papa-mama - Parents
Tatenui: Father dear (The suffix "niu" in Yiddish is added for endearing intimacy; also, G-d is addressed this way by the pious; Tateniu-Foter means G-d, our Father
Tchotchkes: Little playthings, ornaments, bric-a-brac, toys
Teier: Dear, costly, expensive
Te:yerinkeh! - Sweetheart, dearest
Temp: Dolt
Temper kop: Dullard
Ti mir nit kayn toyves: "Don't do me any favours" (sarcastic)
Tinef: Junk, poorly made
T'noim: Betrothal, engagement
Toches: Buttocks, behind, ***** (***)
Toches ahfen tish!: Put up or shut up! Let's conclude this! (Lit., ***** on the table!)
Toches in droissen: Bare behind
Toche:lecker - Brown-noser, apple-polisher, ***-kisser
Togshul: Day school
Toig ahf kapores!: Good for nothing! It's worth nothing!
Traif: Forbidden food, impure, contrary to the Jewish dietary laws, non-kosher
Traifener bain: Jew who does not abide by Jewish law (derisive, scornful expression
Traifeneh bicher: Forbidden literature
Traifnyak: Despicable person; one who eats non-kosher food
Trefn oyfn oyg: To make a guess
Trenen: To tear, rip
Trepsverter: Lit. step words. The zinger one thinks of in retreat. The perfect retort one summons after mulling over the insult.
Trogedik: Pregnant
Trog gezunterhait!: Wear it in good health!
Trombenik: A ***, no-good person, ne'er-do-well; a faker
Tsaddik: Pious, righteous person
Tsalooches: Spite
Tsaloochesnik: Spiteful person
Tsatskeh: Doll, plaything; something cute; an overdressed woman; a **** girl
Tsatskeleh der mamehs!: Mother's favorite! Mother's pet!
Tsebrech a fus!: Break a leg!
Tsedrait: Nutty, crazy, screwy
Tsedraiter kop: Bungler
Tseereh: Face (usually used as put-down)
Tseeshvimmen: Blurred
Tsegait zich in moyl: It melts in the mouth, delicious, yummy-yummy
Tsemishnich: Confusion
Tsemisht: Confused, befuddled, mixed-up
Tsevishe:shtotisheh telefonistkeh - Long distance operator
Tshatshki: Toy, doo-dad
Tshepen: To annoy, irk, plague, bother, attack
Tsigeloisen: Compassionate, rather nice
Tsiklen zich: The cantor's ecstatic repetition of a musical phrase
Tsimmes: Sweet carrot compote; (slang) a major issue made out of a minor event
Tsitskeh: Breast, ****, udder
Tsivildivit: Crazy, wild, overwhelmed with too many choices
Tsnueh: Chaste
Tsores: Troubles, misery
Tsu undzer tsukunft tzuzamen: To our future together.
Tsutsheppenish: Hanger-on; unwanted companion; pest; nuisance
Tsum glik, tsum shlimazel: For better, for worse
Tsumakhn an oyg: To fall asleep
Tsvilling: Twins
Tu mir a toiveh.: Do me a favor.
Tu mir nit kain toives.: Don't do me any favors.
Tumel: Confusion, noise, uproar
Tumler: A noise-maker (person); an agitator
Tut vai dos harts: Heartbroken
Tzadrait: Scattered
Tzedakeh: Spirit of philanthropy; charity, benevolence
Tziginner bobkes: Jocular, truly valueless. Also used to describe black olives. Lit: goat droppings
Tziter: To tremble
Tziterdik: Tremulous or trembling
Tzitzis: Fringes attached to the four corners of the tallis
Tzufil!: Too much! Too costly!
U
U:be-rufen - Unqualified, uncalled for; God forbid; (A deprecation to ward off the evil eye)
U:be-shrien - God forbid! It shouldn't happen!
Umgeduldik: Petulant
Ummeglich!: Impossible!
Umglick: A misfortune; (masc) A born loser; an unlucky one
Umshteller: Braggart
Umzist: For nothing
Umzitztiger fresser: free loader, especially one who shows up only to eat (and EAT!)
Unger bluzen: Bad mood. Swollen with anger.
Ungerissen beheiman: A totally stupid person. Lit., an untamed animal. Not wild, just dumb.
Un langeh hakdomes!: Cut it short! (lit., Without a long introduction)
Unter fir oygn: Privately
Unterkoifen: To bribe
Untershmeichlen: To butter up
Untervelt mentsh: Racketeer
Untn: Below
Utz: To goad, to needle
V
Vahksin zuls du vi a tsibeleh, mitten kup in drerd: May you grow like an onion, with your head in the ground!
Vahksin zuls du, tsu gezunt, tsu leben, tsu langeh yor: May you grow to health, to life, to long years. (Each may me said when someone sneezes)
Vai!: Woe, pain; usually appears as "oy vai!"
Vai is mir!: Woe is me!
Vai vind iz meine yoren: "Woe is me!"
Vais ich vos: Stuff and nonsense! Says you! (Lit., Know from what)
Vaitik: An ache
Valgeren zich: Wander around aimlessly
Valgerer: Homeless wanderer
Vaneh: Bath, bathtub
Vannit: Where (from) "Fon vannit kimmt ihr?" (Where do you come from?)
Vantz: Bedbug; (slang) a nobody
Varenikehs: Round shaped noodle dough stuffed with meat, potato, etc. and fried
Varfen an oyg: To look out for; to guard; to mind (Lit., To throw an eye at)
Varnishkes: Kasha and noodles
Vart!: Wait! Hold on!
Vas:tsimmer - Bathroom, washroom
Vas:tsimmer far froyen - Ladie's room
Vas:tsimmer far menner - Men's room
Vayt fun di oygn,vayt fun hartsn: Far from the eyes, far from the heart. Equivalent to "Out of sight, out of mind."
Vechter: Watchman
Veibernik: Debauchee
Veibershe shtiklach: Female tricks
Veis vi kalech!: Pale as a sheet!
Ve:zaiger - Alarm clock
Vemen barestu?: (taboo) Whom are you kidding? (Lit., Whom are you *******?)
Vemen narstu?: Whom are you fooling?
Ver derharget!: Get killed! Drop dead! (Also "ver geharget)
Ver dershtikt!: Choke yourself!
Ver farblondjet!: Get lost! Go away!
Verklempt: Extremely emotional. On the verge of tears. (See "Farklempt")
Ver tsuzetst: "Go to hell" (or its equivalent)
Ver vaist?: Who knows?
Ver volt dos gegleybt?: Who would have believed it?
Veren a tel: To be ruined
Veren ferherret: To get married
Vi a barg: Large as a mountain
Vi der ruach zogt gut morgen: Where the devil says good morning! (has many meanings; usually appended to another phrase)
Vi gait dos gesheft?: How's business?
Vi gait es eich?: How goes it with you? How are you? How are you doing?
Vi gaits?: How goes it? How are things? How's tricks?
Vi haistu?: What's your name?
Vi ruft men...?: What is the name of...?
Vi ruft men eich?: What is your name?
Viazoy?: How come?
Vie Chavele tsu der geht: Literally: Like Chavele on her way to her divorce; meaning "all spruced up."
Vifil?: How much?
Vilder mentsh: A wild one; a wild person
Vilder chaiah: Wild animal or out of control child or adult
Vilstu: Do you want...
Vo den?: What else?
Voglen: To wander around aimlessly
Voiler yung!: Roughneck (sarcastic expression)
Voncin: Bed bug
Vortshpiel: Pun, witticism
Vos art es (mich)?: What does it matter (to me)? What do I care?
Vos barist du?: (taboo) What are you ******* around for? What are you fooling around for?
Vos bei a nichteren oyfen lung, is bei a shikkeren oyfen tsung.: What a sober man has on his lung (mind), a drunk has on his tongue.
Vos draistu mir a kop?: What are you bothering me for? (Lit., Why are you twisting my head?)
Vos failt zai?: What are they lacking?
Vos gicher, alts besser: The faster, the better
Vos hakst du mir in kop?: What are you talking my head off for?
Vos hert zich?: What do you hear around? What's up?
Vos hert zich epes ne:es? - What's new?
Vos heyst: what does it mean?
Vos hob ich dos gedarft?: What did I need it for?
Vo:in-der-kort - Capable of doing anything bad (applied to bad person; Lit., everything in the cards)
Vos iz?: What's the matter?
Vos iz ahfen kop, iz ahfen tsung!: What's on his mind is on his tongue!
Vos iz der chil'lek?: What difference does it make?
Vos iz der tachlis?: What's the purpose? Where does it lead to?
Vos iz di chochmeh?: What is the trick?
Vos iz di untershteh shureh?: What's the point? What's the outcome? (Lit., What on the bottom line?)
Vos iz mit dir?: What's wrong with you?
Vos kocht zich in teppel?: What's cooking?
Vos macht a ***?: How's it going?
Vos macht vos oys?: What difference does it make?
Vos macht es mir oys?: What difference does it make to me?
Vos macht ir?: How are you? (pl.); How do you do?
Vos Machstu?: How are you? (singular)
Vos maint es?: What does it mean?
Vos noch?: What else? What then?
Vos ret ir epes?: What are you talking about?
Vos tut zich?: What's going on? What's cooking?
Vos vet zein: What will be
Vos vet zein, vet zein!: What will be, will be!
Vos zogt ir?: What are you saying?
Vu tut dir vai?: Where does it hurt?
Vus du vinsht mir, vinsh ikh dir.: What you wish me, I wish you.
Vuhin gaitsu?: Where are you going?
Vund: Wound
Vursht: Bologna
Vyzoso: Idiot (named after youngest son of Haman, archenemy of Jews in Book of esther); also, *****
W
Wen der tati/fater gibt men tsu zun, lachen baiden. Wen der zun gibt men tsu tati/fater, vainen baiden.: When the father gives to his son, both laugh. When the son gives to the father, both cry.
Wen ich ess, ch'ob ich alles in dread.: (Lit. When I am eating, I have everything in the ground.) When I am eating, everybody can go to hell!
Y
Yachneh: A coarse, loud-mouthed woman; a gossip; a slattern
Yachsen: Man of distinguished lineage, highly connected person, privileged character
Yarmelkeh: Traditional Jewish skull cap, usually worn during prayers; worn at all times by observant Orthodox Jews.
Yahrtzeit: Anniversary of the day of death of a loved-one.
Yashir koyech: May your strength continue
Yatebedam: A man who threatens; one who thinks he's a "big shot"; a blusterer
Yedies: News; cablegrams; announcements
Yefayfiyeh: Beauty; woman of great beauty
Yenems: Someone else's; (the brand of cigarettes moochers smoke!)
Yeneh velt: The other world; the world to come
Yenteh: Gabby, talkative woman; female blabbermouth
Yente telebente: Mrs. National Enquirer
Yentzen (taboo): To fornicate, to *****
Yeshiveh: Jewish traditional higher school, talmudical academy
Yeshiveh bocher: Student of talmudic academy
Yeshuvnik: Farmer, rustic
Yichus: Pedigree, ancestry, family background, nobility
Yiddisher kop: Jewish head
Yiddishkeit: Having to do with all things relating to Jewish culture.
Yingeh tsat:keh! - A young doll! A living doll!
Yiskor: Prayer in commemoration of the dead (Lit., May God remember.)
Yom Kippur: Day of Atonement (the most holy of holy days of the Jewish calendar)
Yontefdik: Festive, holiday-ish; sharp (referring to clothes)
Yortseit: Anniversary of the day of death of parents or relatives; yearly remembrance
Yoysher: Justice, fairness, integrity
Yukel: Buffoon
(A) Yung mit bainer!: A powerhouse! Strongly built person
Yung un alt: Young and old
Yungatsh: Street-urchin, scamp, young rogue
Yungermantshik: A young, vigorous lad; A newlywed
Yusoimeh: Orphan
Z
Zaft: Juice
Zaftik: Pleasantly plump and pretty. Sensuous looking (Lit., juicy)
Zaftikeh moid!: Sexually attractive girl
Zaideh: Grandfather
Zaier gut: O.K. (Lit., very good)
Zaier shain gezogt!: Well said! (Lit., Very beautifully said!)
Zee est vee a feigele: She eats like a bird
Zeh nor, zeh nor!: Look here, look here!
Zei (t) gezunt: Be well! Goodbye! Farewell
Zei mir frailich!: Be Happy!
Zei mir gezunt!: Be well!
Zei mir matriach: Be at pains to... Please; make an effort.
Zei nit a nar!: Don't be a fool!
Zei nit kain vyzoso!: Don't be an idiot! Don't be a **** fool!
Zeit azoy gut: Please (Lit., Be so good)
Zeit ir doch ahfen ferd!: You're all set! (Lit., You're on the horse!)
Zeit (mir) moychel: Excuse me! Be so good as...Forgive me!
Zelig: Blessed (used mostly among German Jews in recalling a beloved deceased ----- mama zelig)
Zeltenkeit: Rare thing
Zetz: Shove, push, bang! Also slang for a ****** experience (taboo)
Zhaleven: To be sparing, miserly
Zhlob: A ****; slob, uncouth
Zhu met (mir) in kop: A buzzing in one's (mind) head
Zhulik: Faker
Zi farmacht nit dos moyl: She doesn't stop talking (Lit., She doesn't close her mouth)
Zindik nit: Don't complain. Don't tempt the Gods.
Zingen: To sing
Ziseh neshomeh: Sweet soul
Ziseh raidelech: Sweet talk
Ziskeit: Sweetness, sweetheart, (Also endearing term for a child)
Zitsen ahf shpilkes: Sitting on pins and needles; to fidget
Zitsen shiveh: Sit in mourning (Shiveh means 7 which is the number of days in the period of mourning
Zitsflaish: Patience (Lit., Sitting meat)
Zog a por verter: Say a few words!
Zogen a ligen: Tell a lie
Zogerkeh: Woman who leads the prayers in the women's section in the synagogue
Zoineh: *******
Zok nit kin vey: Don't worry about it (Lit: Do not say woe)
Zol dich chapen beim boych.: You should get a stomach cramp!
Zol dir klappen in kop!: It should bang in your head (the way it is bothering me!)
Zol er tsebrechen a fus!: May he break a leg! He should break a leg!
Zol es brennen!: The hell with it! (Lit., Let it burn!)
Zol Got mir helfen: May God help me!
Zol Got ophiten!: May God prevent!
Zol ich azoy vissen fun tsores!: I haven't got the faintest idea! (Lit., I should so know from trouble as I know about this!)
Zol makekhs voxen offen tsung!: Pimples should grow on your tongue!
Zol vaksen tzibbelis fun pipek!: Onions should grow from your bellybutton!
Zol ze vaksen ze ve a tsibble mit de kopin dreid: You should grow like an onion with your head in the ground.
Zol zein!: Let it be! That's all!
Zol zein azoy!: O.K.! Let it be so!
Zol zein gezunt!: Be well!
Zol zein mit glik!: Good luck!
Zol zein shah!: Be quiet. Shut up!!
Zol zein shtil!: Silence! Let's have some quiet!
Zolst geshvollen veren vi a barg!: You should swell up like a mountain!
Zolst helfen vi a toyten bankes: It helps like like cupping helps a dead person.
Zolst hobn tzen haizer, yeder hoiz zol hobn tzen tzimern, in yeder tzimer zoln zain tzen betn un zolst zij kaiklen fun ein bet in der tzweiter mit cadojes!: I wish you to have ten houses, each house with ten rooms, each room with ten beds and you should roll from one bed to the other with cholera. (not a very nice thing to say.)
Zolst leben un zein gezunt!: You should live and be well!
Zolst ligen in drerd!: Drop dead! (Lit., You should lie in the earth!)
Zolst nit vissen fun kain shlechts.: You shouldn't know from evil.
Zolst es shtipin in toches!: (taboo) Shove it up your ******!
Zolst zein vi a lom:am tug sollst di hangen, in der nacht sollst di brennen - You should be like a lamp, you should hang during the day and burn during the night!
Zolstu azoy laiben!: You should live so!
Zorg zich nit!: Don't worry!
Zuninkeh!: Dear son! Darling son!
Paul d'Aubin Dec 2013
Ulysse, la Méditerranée et ses rapports avec les  Femmes.

Parti à contre cœur, ayant même contrefait le fou, pour se soustraire à la guerre et élever ton fils Télémaque, tu dus partir à Troie, et sus t'y montrer brave, mais surtout fin stratège.
La guerre fut bien longue, pas du tout comme celle que chantait les Aèdes. L'ennemi ressemblait tant à nos guerriers Achéens, courageux et aussi sûrs de leur droit que nous l'étions du notre. Que de sang, que de peine ! Tu vis périr Patrocle, ne pus sauver Achille ; et les morts aux corps déchiquetés par les épées se substituèrent aux coupes de ce vin si enivrant qu'est la rhétorique guerrière et à la funeste illusion d'une victoire facile. Ulysse tu eus l'idée de bâtir ce grand vaisseau dont la proue figurait une tête de cheval. Ainsi les Achéens purent entrer dans le port forteresse si bien gardé. Mais quand la nuit noire et le vin mêlés ôtèrent aux courageux Troyens leur vigilance et leur garde, vous sortirent alors des flancs du bateau et vous précipitèrent pour ouvrir grands les portes aux guerriers Achéens. La suite fut un grand carnage de guerriers Troyens mais aussi de non combattants et même de femmes. Et Troie, la fière, la courageuse ne fut plus ville libre et les survivants de son Peuple connurent l'esclavage. Aussi quand Troie fut conquise et que ses rue coulèrent rouges du sang vermeil de ses défenseur, mais aussi de nombreux civils, tu songeas à retourner chez toi, car tu étais roi, et ton fils Télémaque aurait besoin de toi et Pénélope t'aimait. Les souvenirs d'émois et de tendres caresses faisaient encore frissonner la harpe de ton corps de souvenirs très doux. C'est alors que tu dus affronter la Déesse Athéna et ton double, tous deux vigilants, à tester ta sincérité et ta constance. Oh, toi Homme volage et point encore rassasié de voyages et de conquêtes. L'étendue de la mer te fut donnée comme le théâtre même de ta vérité profonde. Après bien des voyages et avoir perdu nombre de tes compagnons, tu fus poussé dans l'île de la nymphe Calypso. Cette immortelle à la chevelure, si joliment bouclée se trouvait dans son île d'arbustes odoriférants. Aussi fit-elle tout pour te garder. Toi-même, tu lui trouvas de l'ardeur et des charmes même si durant le jour tu te laissais aller à la nostalgie d'Ithaque. La belle immortelle te proposas, pour te garder, de te donner cet attribut si recherché qui empêche à jamais de sombrer dans le sommeil perpétuel. Mais toi, Ulysse, tu préféras garder ton destin d'homme mortel et ton inguérissable blessure pour Ithaque. Après sept années d’une prison si douce, l'intervention d'Athéna te rendit aux aventures de la Mer. Tu accostas, avec tes compagnons sur la côte d’une île malfaisante. C'était la demeure des Cyclopes. Parmi ce Peuple de géants, le cyclope Polyphème habitait une grotte profonde d'où il faisait rentrer chaque soir son troupeau. Ulysse quelle folie traversa ton esprit et celui de tes compagnons que de vouloir pénétrer dans cette antre maudite, mû à la fois par la curiosité et la volonté de faire quelques larcins de chèvres ? Vous payèrent bien cher cette offense par la cruelle dévoration que fit l'infâme Polyphème de plusieurs de tes compagnons dont vous entendîtes craquer les os sous la mâchoire du sauvage. Aussi votre courage fut renforcé par votre haine lorsque vous lui plantèrent l'épieu dans son œil unique alors que sa vigilance venait d'être endormie par le vin. Les barques ayant mouillés dans l'île d'Aiaé, tes compagnons imprudents furent transformés en pourceaux par la belle et cruelle Magicienne Circée. Doté d'un contre poison à ses filtres, tu ne restas cependant pas insensible aux charmes de la belle Magicienne mais tu lui fis prononcer le grand serment avant de répondre à tes avances. Elle accepta pour faire de toi son amant de redonner leur forme humaine à tes compagnons, Et vos nuits furent tendres, sensuelles et magiques car la Magicienne excellait dans les arts de l'amour et il en naquit un fils. Toi le rusé et courageux Ulysse, tu espérais enfin voguer avec délice sur une mer d'huile parcourue par les reflets d'argent des poissons volants et te réjouir des facéties des dauphins, Mais c'était oublier et compter pour peu la rancune de Poséidon, le maître des eaux, rendu furieux par le traitement subi par son fils Polyphème. C'est pour cela qu'une masse d'eau compacte, haute comme une haute tour avançant au grand galop ébranla et engloutit ton solide radeau. Seul ton réflexe prompt de t'accrocher au plus grand des troncs te permis de plonger longuement au fonds des eaux en retenant longtemps ton souffle avant d’émerger à nouveaux. La troisième des belles que ton voyage tumultueux te fit rencontrer fut la jeune Nausicaa, fille du roi des Phéaciens, Alcinoos. Celle-ci, dans la floraison de sa jeunesse, ardente et vive, ne cédait en rien à l'éclat des plus belles et subtiles fleurs. Guidée par la déesse Athéna, elle vint auprès du fleuve ou tu dormais laver les habits royaux avec ses suivantes. Les voix des jeunes filles t'éveillèrent. Dans ta détresse et ta nudité, tu jetas l'effroi parmi les jeunes filles. Seule Nausicaa eut le courage de ne pas fuir et d'écouter ta demande d'aide. Elle rappela ses suivantes et te fit vêtir après que ton corps ait été lavé par l'eau du fleuve et enduit d'huile fine. Tu retrouvas ta force et ta beauté. Aussi Nausicaa vit en toi l'époux qu'elle désirait. Mais, ta nostalgie d'Ithaque fut encore plus forte. Alors Nausicaa te pria seulement, en ravalant ses larmes, de ne point oublier qu'elle t'avait sauvé des flots. Amené tout ensommeillé dans le vaisseau mené par les rameurs Phéaciens si bien aguerris à leur tâche, tu étais comme bercé par le bruit régulier des rames et le mouvement profond d'une mer douce mais étincelante. C'était comme dans ces rêves très rares qui vous mènent sur l'Olympe. Jamais tu ne te sentis si bien avec ce goût d’embrun salé sur tes lèvres et ce bruit régulier et sec du claquement des rames sur les flots. Tu éprouvas la sensation de voguer vers un nouveau Monde. Ce fut, Ulysse, l'un des rares moments de félicité absolue dans une vie de combats, de feu et du malheur d'avoir vu périr tous tes valeureux compagnons. Ulysse revenu dans ton palais, déguisé en mendiants pour châtier les prétendants, tu triomphas au tir à l'arc. Mais l'heure de la vindicte avait sonné. La première de tes flèches perça la gorge d'Antinoos, buvant sa coupe. Nul ne put te fléchir Ulysse, pas même, l'éloquent Eurymaque qui t'offrait de t'apporter réparations pour tes provisions goulument mangés et tes biens dilapidés. Le pardon s'effaça en toi car l'offense faite à ta femme et à ton fils et à ton honneur était trop forte. Aussi tu n'eus pas la magnanimité de choisir la clémence et le sang coula dans ton palais comme le vin des outres. Pas un des prétendants ne fut épargné à l'exception du chanteur de Lyre, Phénios et du héraut Médon qui avait protégé Télémaque.
Mais Ulysse, tu ne fus pas grand en laissant condamner à la pendaison hideuse, douze servantes qui avaient outragé Pénélope et partagé leur couche avec les prétendants. Ulysse tu fus tant aimé des déesses, des nymphes et des femmes et souvent sauvé du pire par celles qui te donnèrent plaisir et descendance. Mais obsédé par tes roches d'Ithaque ne sus pas leur rendre l'amour qu'elles te portèrent. Tu ne fus pas non plus à la hauteur de la constance et de la fidélité de Pénélope. Mais Ulysse poursuivi par la fatalité de l'exil et de l'errance et la rancune de Poséidon, tu fus aussi le préféré de la déesse Athéna qui fit tant et plus pour te sauver maintes fois de ta perte. Cette déesse fut la vraie sauvegarde de ta vie aventureuse et les femmes qui te chérirent t'apportèrent maintes douceurs et consolations dans ta vie tumultueuse.

Paul Arrighi, Toulouse, (France) 2013.
Paul d'Aubin Jul 2014
Ulysse adoré par les Femmes, les  Nymphes , protégé par Athéna et traqué par Poséidon.


Parti à contrecœur, ayant même contrefait le fou, pour se soustraire à la guerre et élever ton fils Télémaque, tu dus partir à Troie, et sus t'y montrer brave mais surtout fin stratège.
La guerre fut bien longue, pas du tout comme celle que chantaient les Aèdes. L'ennemi ressemblait tant à nos guerriers Achéens, courageux et aussi sûrs de leur droit que nous l'étions du notre.
Que de sang, que de peine ! Tu vis périr Patrocle, ne pus sauver Achille; et les morts aux corps déchiquetés par les épées se substituèrent aux coupes de ce vin si enivrant qu'est la rhétorique guerrière et à la funeste illusion d'une victoire facile.

Ulysse tu eus l'idée de bâtir ce grand vaisseau dont la proue figurait une tête de cheval. Ainsi les Achéens purent entrer dans le port forteresse si bien gardé. Mais quand la nuit noire et le vin mêlés ôtèrent aux courageux Troyens leur vigilance et leur garde, vous sortirent alors des flancs du bateau et vous précipitèrent pour ouvrir grands les portes aux guerriers Achéens.
La suite fut un grand carnage de guerriers Troyens mais aussi de non combattants et même de femmes. Et Troie, la fière, la courageuse ne fut plus ville libre et les survivants de son Peuple connurent l'esclavage.

Aussi quand Troie fut conquise et que ses rue coulèrent rouges du sang vermeil de ses défenseur, mais aussi de nombreux civils, tu songeas à retourner chez toi, car tu étais roi, et ton fils Télémaque aurait besoin de toi et Pénélope t'aimait. Les souvenirs d'émois et de tendres caresses faisaient encore frissonner la harpe de ton corps de souvenirs très doux.
C'est alors que tu dus affronter la Déesse Athéna et ton double, tous deux vigilants, a tester ta sincérité et ta constance. Oh, toi Homme volage et point encore rassasié de voyages et de conquêtes. L'étendue de la mer te fut donnée comme le théâtre même de ta vérité profonde.


Après bien des voyages et avoir perdu nombre de tes compagnons, tu fus poussé dans l'île de la nymphe Calypso.
Cette immortelle à la chevelure, si joliment bouclée se trouvait dans son île d'arbustes odoriférants. Aussi fit-elle tout pour te garder. Toi-même, tu lui trouvas de l'ardeur et des charmes même si durant le jour tu te laissais aller à la nostalgie d'Ithaque.
La belle immortelle te proposas, pour te garder, de te donner cet attribut si recherché qui empêche à jamais de sombrer dans le sommeil perpétuel.
Mais toi, Ulysse, tu préféras garder ton destin d'homme mortel et ton inguérissable blessure pour Ithaque.

Après sept années d’une prison si douce, l'intervention d'Athéna te rendit aux aventures de la Mer. Tu accostas, avec tes compagnons sur la côte d’une île malfaisante. C’était la demeure des Cyclopes. Parmi ce Peuple de géants, le cyclope Polyphème habitait une grotte profonde d'où il faisait rentrer chaque soir son troupeau.
Ulysse quelle folie traversa ton esprit et celui de tes compagnons que de vouloir pénétrer dans cette antre maudite, mû à la fois par la curiosité et la volonté de faire quelques larcins de chèvres ? Vous payèrent bien cher cette offense par la cruelle dévoration que fit l'infâme Polyphème de plusieurs de tes compagnons dont vous entendîtes craquer les os sous la mâchoire du sauvage. Aussi votre courage fut renforcé par votre haine lorsque vous lui plantèrent l'épieu dans son œil unique alors que sa vigilance venait d'être endormie par le vin.

Les barques ayant mouillés dans l'île d'Aiaé, tes compagnons imprudents furent transformés en pourceaux par la belle et cruelle Magicienne Circée.
Doté d'un contre poison à ses filtres, tu ne restas cependant pas insensible aux charmes de la belle Magicienne mais tu lui fis prononcer le grand serment avant de répondre à tes avances.
Elle accepta pour faire de toi son amant de redonner leur forme humaine à tes compagnons,
Et vos nuits furent tendres, sensuelles et magiques car la Magicienne excellait dans les arts de l'amour et il en naquit un fils.

Toi le rusé et courageux Ulysse, tu espérais enfin voguer avec délice sur une mer d'huile parcourue par les reflets d'argent des poissons volants et te réjouir des facéties des dauphins,
Mais c'était oublier et compter pour peu la rancune de Poséidon, le maître des eaux, rendu furieux par le traitement subi par son fils Polyphème.
C'est pour cela qu'une masse d'eau compacte, haute comme une haute tour avançant au grand galop ébranla et engloutit ton solide radeau.
Seul ton réflexe prompt de t'accrocher au plus grand des troncs te permis de plonger longuement au fonds des eaux en retenant longtemps ton souffle avant d’émerger à nouveaux.

La troisième des belles que ton voyage tumultueux te fit rencontrer fut la jeune Nausicaa, fille du roi des Phéaciens, Alcinoos.
Celle-ci, dans la floraison de sa jeunesse, ardente et vive, ne cédait en rien à l'éclat des plus belles et subtiles fleurs. Guidée par la déesse Athéna, elle vint auprès du fleuve ou tu dormais laver les habits royaux avec ses suivantes. Les voix des jeunes filles t'éveillèrent. Dans ta détresse et ta nudité, tu jetas l'effroi parmi les jeunes filles. Seule Nausicaa eut le courage de ne pas fuir et d'écouter ta demande d'aide. Elle rappela ses suivantes et te fit vêtir après que ton corps ait été lavé par l'eau du fleuve et enduit d'huile fine. Tu retrouvas ta force et ta beauté. Aussi Nausicaa vit en toi l'époux qu'elle désirait. Mais, ta nostalgie d'Ithaque fut encore plus forte. Alors Nausicaa te pria seulement, en ravalant ses larmes, de ne point oublier qu'elle t'avait sauvé des flots.

Amené tout ensommeillé dans le vaisseau mené par les rameurs Phéaciens si bien aguerris à leur tâche, tu étais comme bercé par le bruit régulier des rames et le mouvement profond d'une mer douce mais étincelante. C'était comme dans ces rêves très rares qui vous mènent sur l'Olympe. Jamais tu ne te sentis si bien avec ce goût d’embrun salé sur tes lèvres et ce bruit régulier et sec du claquement des rames sur les flots. Tu éprouvas la sensation de voguer vers un nouveau Monde. Ce fut, Ulysse, l'un des rares moments de félicité absolue dans une vie de combats, de feu et du malheur d'avoir vu périr tous tes valeureux compagnons.

Ulysse revenu dans ton palais, déguisé en mendiants pour châtier les prétendants, tu triomphas au tir à l'arc. Mais l'heure de la vindicte avait sonné. La première de tes flèches perça la gorge d'Antinoüs, buvant sa coupe. Nul ne put te fléchir Ulysse, pas même, l'éloquent Eurymaque qui t'offrait de t'apporter réparations pour tes provisions goulument mangés et tes biens dilapidés. Le pardon s'effaça en toi car l'offense faite à ta femme et à ton fils et à ton honneur était trop forte. Aussi tu n'eus pas la magnanimité de choisir la clémence et le sang coula dans ton palais comme le vin des outres. Pas un des prétendants ne fut épargné à l'exception du chanteur de Lyre, Phénios et du héraut Médon qui avait protégé Télémaque. Mais Ulysse, tu ne fus pas grand en laissant condamner à la pendaison hideuse, douze servantes qui avaient outragé Pénélope et partagé leur couche avec les prétendants.

Ulysse tu fus tant aimé des déesses, des nymphes et des femmes et souvent sauvé du pire par celles qui te donnèrent plaisir et descendance. Mais obsédé par tes roches d'Ithaque ne sus pas leur rendre l'amour qu'elles te portèrent. Tu ne fus pas non plus à la hauteur de la constance et de la fidélité de Pénélope.
Mais Ulysse poursuivi par la fatalité de l'exil et de l'errance et la rancune de Poséidon, tu fus aussi le préféré de la déesse Athéna qui fit tant et plus pour te sauver maintes fois de ta perte. Cette déesse fut la vraie sauvegarde de ta vie aventureuse et les femmes qui te chérirent t'apportèrent maintes douceurs et consolations dans ta vie tumultueuse.

Paul Arrighi
The adventures of Ulysses in the Odyssey as beloved by Women and Nymphs protected by Athena and pursue by Poseidon
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré ;
La pâleur m'en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
À la terre où je dormirai.

Un soir, nous étions seuls, j'étais assis près d'elle ;
Elle penchait la tête, et sur son clavecin
Laissait, tout en rêvant, flotter sa blanche main.
Ce n'était qu'un murmure : on eût dit les coups d'aile
D'un zéphyr éloigné glissant sur des roseaux,
Et craignant en passant d'éveiller les oiseaux.
Les tièdes voluptés des nuits mélancoliques
Sortaient autour de nous du calice des fleurs.
Les marronniers du parc et les chênes antiques
Se berçaient doucement sous leurs rameaux en pleurs.
Nous écoutions la nuit ; la croisée entr'ouverte
Laissait venir à nous les parfums du printemps ;
Les vents étaient muets, la plaine était déserte ;
Nous étions seuls, pensifs, et nous avions quinze ans.
Je regardais Lucie. Elle était pâle et blonde.
Jamais deux yeux plus doux n'ont du ciel le plus pur
Sondé la profondeur et réfléchi l'azur.
Sa beauté m'enivrait ; je n'aimais qu'elle au monde.
Mais je croyais l'aimer comme on aime une soeur,
Tant ce qui venait d'elle était plein de pudeur !
Nous nous tûmes longtemps ; ma main touchait la sienne.
Je regardais rêver son front triste et charmant,
Et je sentais dans l'âme, à chaque mouvement,
Combien peuvent sur nous, pour guérir toute peine,
Ces deux signes jumeaux de paix et de bonheur,
Jeunesse de visage et jeunesse de coeur.
La lune, se levant dans un ciel sans nuage,
D'un long réseau d'argent tout à coup l'inonda.
Elle vit dans mes yeux resplendir son image ;
Son sourire semblait d'un ange : elle chanta.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Fille de la douleur, harmonie ! harmonie !
Langue que pour l'amour inventa le génie !
Qui nous vins d'Italie, et qui lui vins des cieux !
Douce langue du coeur, la seule où la pensée,
Cette vierge craintive et d'une ombre offensée,
Passe en gardant son voile et sans craindre les yeux !
Qui sait ce qu'un enfant peut entendre et peut dire
Dans tes soupirs divins, nés de l'air qu'il respire,
Tristes comme son coeur et doux comme sa voix ?
On surprend un regard, une larme qui coule ;
Le reste est un mystère ignoré de la foule,
Comme celui des flots, de la nuit et des bois !

- Nous étions seuls, pensifs ; je regardais Lucie.
L'écho de sa romance en nous semblait frémir.
Elle appuya sur moi sa tête appesantie.
Sentais-tu dans ton coeur Desdemona gémir,
Pauvre enfant ? Tu pleurais ; sur ta bouche adorée
Tu laissas tristement mes lèvres se poser,
Et ce fut ta douleur qui reçut mon baiser.
Telle je t'embrassai, froide et décolorée,
Telle, deux mois après, tu fus mise au tombeau ;
Telle, ô ma chaste fleur ! tu t'es évanouie.
Ta mort fut un sourire aussi doux que ta vie,
Et tu fus rapportée à Dieu dans ton berceau.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Doux mystère du toit que l'innocence habite,
Chansons, rêves d'amour, rires, propos d'enfant,
Et toi, charme inconnu dont rien ne se défend,
Qui fis hésiter Faust au seuil de Marguerite,
Candeur des premiers jours, qu'êtes-vous devenus ?

Paix profonde à ton âme, enfant ! à ta mémoire !
Adieu ! ta blanche main sur le clavier d'ivoire,
Durant les nuits d'été, ne voltigera plus...

Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré ;
La pâleur m'en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
À la terre où je dormirai.
À MADEMOISELLE LOUISE B.

I.

- Ainsi donc rien de grand, rien de saint, rien de pur,
Rien qui soit digne, ô ciel ! de ton regret d'azur !
Rien qui puisse anoblir le vil siècle où nous sommes,
Ne sortira du cœur de l'homme enfant des hommes !
Homme ! esprit enfoui sous les besoins du corps !
Ainsi, jouir ; descendre à tâtons chez les morts ;
Être à tout ce qui rampe, à tout ce qui s'envole,
A l'intérêt sordide, à la vanité folle ;
Ne rien savoir - qu'emplir, sans souci du devoir,
Une charte de mots ou d'écus un comptoir ;
Ne jamais regarder les voûtes étoilées ;
Rire du dévouement et des vertus voilées ;
Voilà ta vie, hélas ! et tu n'as, nuit et jour,
Pour espoir et pour but, pour culte et pour amour,
Qu'une immonde monnaie aux carrefours traînée
Et qui te laisse aux mains sa rouille empoissonnée !
Et tu ne comprends pas que ton destin, à toi,
C'est de penser ! c'est d'être un mage et d'être un roi ;
C'est d'être un alchimiste alimentant la flamme
Sous ce sombre alambic que tu nommes ton âme,
Et de faire passer par ce creuset de feu
La nature et le monde, et d'en extraire Dieu !

Quoi ! la brute a sa sphère et l'éléments sa règle !
L'onde est au cormoran et la neige est à l'aigle.
Tout a sa région, sa fonction, son but.
L'écume de la mer n'est pas un vain rebut ;
Le flot sait ce qu'il fait ; le vent sait qui le pousse ;
Comme un temple où toujours veille une clarté douce,
L'étoile obéissante éclaire le ciel bleu ;
Le lys s'épanouit pour la gloire de Dieu ;
Chaque matin, vibrant comme une sainte lyre,
L'oiseau chante ce nom que l'aube nous fait lire.
Quoi ! l'être est plein d'amour, le monde est plein de foi
Toute chose ici-bas suit gravement sa loi,
Et ne sait obéir, dans sa fierté divine,
L'oiseau qu'à son instinct, l'arbre qu'à sa racine !
Quoi ! l'énorme océan qui monte vers son bord,
Quoi ! l'hirondelle au sud et l'aimant vers le nord
La graine ailée allant au **** choisir sa place,
Le nuage entassé sur les îles de glace,
Qui, des cieux tout à coup traversant la hauteur,
Croule au souffle d'avril du pôle à l'équateur,
Le glacier qui descend du haut des cimes blanches,
La sève qui s'épand dans les fibres des branches,
Tous les objets créés, vers un but sérieux,
Les rayons dans les airs, les globes dans les cieux,
Les fleuves à travers les rochers et les herbes,
Vont sans se détourner de leurs chemins superbes !
L'homme a seul dévié ! - Quoi ! tout dans l'univers,
Tous les êtres, les monts, les forêts, les prés verts,
Le jour dorant le ciel, l'eau lavant les ravines,
Ont encore, comme au jour où de ses mains divines
Jéhova sur Adam imprima sa grandeur,
Toute leur innocence et toute leur candeur !
L'homme seul est tombé !- Fait dans l'auguste empire
Pour être le meilleur, il en devient le pire,
Lui qui devait fleurir comme l'arbre choisi,
Il n'est plus qu'un tronc vil au branchage noirci,
Que l'âge déracine et que le vice effeuille,
Dont les rameaux n'ont pas de fruit que Dieu recueille,
Où jamais sans péril nous ne nous appuyons,
Où la société greffe les passions !
Chute immense ! il ignore et nie, ô providence !
Tandis qu'autour de lui la création pense !

Ô honte ! en proie aux sens dont le joug l'asservit,
L'homme végète auprès de la chose qui vit !

II.

Comme je m'écriais ainsi, vous m'entendîtes ;
Et vous, dont l'âme brille en tout ce que vous dites,
Vous tournâtes alors vers moi paisiblement
Votre sourire triste, ineffable et calmant :

- L'humanité se lève, elle chancelle encore,
Et, le front baigné d'ombre, elle va vers l'aurore.
Tout l'homme sur la terre a deux faces, le bien
Et le mal. Blâmer tout, c'est ne comprendre rien.
Les âmes des humains d'or et de plomb sont faites.
L'esprit du sage est grave, et sur toutes les têtes
Ne jette pas sa foudre au hasard en éclats.
Pour le siècle où l'on vit - comme on y souffre, hélas ! -
On est toujours injuste, et tout y paraît crime.
Notre époque insultée a son côté sublime.
Vous l'avez dit vous-même, ô poète irrité ! -

Dans votre chambre, asile illustre et respecté,
C'est ainsi que, sereine et simple, vous parlâtes.
Votre front, au reflet des damas écarlates,
Rayonnait, et pour moi, dans cet instant profond,
Votre regard levé fit un ciel du plafond.

L'accent de la raison, auguste et pacifique,
L'équité, la pitié, la bonté séraphique,
L'oubli des torts d'autrui, cet oubli vertueux
Qui rend à leur insu les fronts majestueux,
Donnaient à vos discours, pleins de clartés si belles,
La tranquille grandeur des choses naturelles,
Et par moments semblaient mêler à votre voix
Ce chant doux et voilé qu'on entend dans les bois.

III.

Pourquoi devant mes yeux revenez-vous sans cesse,
Ô jours de mon enfance et de mon allégresse ?
Qui donc toujours vous rouvre en nos cœurs presque éteints
Ô lumineuse fleur des souvenirs lointains ?

Oh ! que j'étais heureux ! oh ! que j'étais candide !
En classe, un banc de chêne, usé, lustré, splendide,
Une table, un pupitre, un lourd encrier noir,
Une lampe, humble sœur de l'étoile du soir,
M'accueillaient gravement et doucement. Mon maître,
Comme je vous l'ai dit souvent, était un prêtre
A l'accent calme et bon, au regard réchauffant,
Naïf comme un savant, malin comme un enfant,
Qui m'embrassait, disant, car un éloge excite :
- Quoiqu'il n'ait que neuf ans, il explique Tacite. -
Puis près d'Eugène, esprit qu'hélas ! Dieu submergea,
Je travaillais dans l'ombre, - et je songeais déjà.

Tandis que j'écrivais, - sans peur, mais sans système,
Versant le barbarisme à grands flots sur le thème,
Inventant les auteurs de sens inattendus,
Le dos courbé, le front touchant presque au Gradus, -
Je croyais, car toujours l'esprit de l'enfant veille,
Ouïr confusément, tout près de mon oreille,
Les mots grecs et latins, bavards et familiers,
Barbouillés d'encre, et gais comme des écoliers,
Chuchoter, comme font les oiseaux dans une aire,
Entre les noirs feuillets du lourd dictionnaire.
Bruits plus doux que le bruit d'un essaim qui s'enfuit,
Souffles plus étouffés qu'un soupir de la nuit,
Qui faisaient par instants, sous les fermoirs de cuivre,
Frissonner vaguement les pages du vieux livre !

Le devoir fait, légers comme de jeunes daims,
Nous fuyions à travers les immenses jardins,
Éclatant à la fois en cent propos contraires.
Moi, d'un pas inégal je suivais mes grands frères ;
Et les astres sereins s'allumaient dans les cieux,
Et les mouches volaient dans l'air silencieux,
Et le doux rossignol, chantant dans l'ombre obscure,
Enseignait la musique à toute la nature,
Tandis qu'enfant jaseur aux gestes étourdis,
Jetant partout mes yeux ingénus et hardis
D'où jaillissait la joie en vives étincelles,
Je portais sous mon bras, noués par trois ficelles,
Horace et les festins, Virgile et les forêts,
Tout l'Olympe, Thésée, Hercule, et toi Cérès,
La cruelle Junon, Lerne et l'hydre enflammée,
Et le vaste lion de la roche Némée.

Mais, lorsque j'arrivais chez ma mère, souvent,
Grâce au hasard taquin qui joue avec l'enfant,
J'avais de grands chagrins et de grandes colères.
Je ne retrouvais plus, près des ifs séculaires,
Le beau petit jardin par moi-même arrangé.
Un gros chien en passant avait tout ravagé.
Ou quelqu'un dans ma chambre avait ouvert mes cages,
Et mes oiseaux étaient partis pour les bocages,
Et, joyeux, s'en étaient allés de fleur en fleur
Chercher la liberté bien ****, - ou l'oiseleur.
Ciel ! alors j'accourais, rouge, éperdu, rapide,
Maudissant le grand chien, le jardinier stupide,
Et l'infâme oiseleur et son hideux lacet,
Furieux ! - D'un regard ma mère m'apaisait.

IV.

Aujourd'hui, ce n'est pas pour une cage vide,
Pour des oiseaux jetés à l'oiseleur avide,
Pour un dogue aboyant lâché parmi les fleurs,
Que mon courroux s'émeut. Non, les petits malheurs
Exaspèrent l'enfant ; mais, comme en une église,
Dans les grandes douleurs l'homme se tranquillise.
Après l'ardent chagrin, au jour brûlant pareil,
Le repos vient au cœur comme aux yeux le sommeil.
De nos maux, chiffres noirs, la sagesse est la somme.
En l'éprouvant toujours, Dieu semble dire à l'homme :
- Fais passer ton esprit à travers le malheur ;
Comme le grain du crible, il sortira meilleur. -
J'ai vécu, j'ai souffert, je juge et je m'apaise.
Ou si parfois encor la colère mauvaise
Fait pencher dans mon âme avec son doigt vainqueur
La balance où je pèse et le monde et mon cœur ;
Si, n'ouvrant qu'un seul œil, je condamne et je blâme,
Avec quelques mots purs, vous, sainte et noble femme,
Vous ramenez ma voix qui s'irrite et s'aigrit
Au calme sur lequel j'ai posé mon esprit ;
Je sens sous vos rayons mes tempêtes se taire ;
Et vous faites pour l'homme incliné, triste, austère,
Ce que faisait jadis pour l'enfant doux et beau
Ma mère, ce grand cœur qui dort dans le tombeau !

V.

Écoutez à présent. - Dans ma raison qui tremble,
Parfois l'une après l'autre et quelquefois ensemble,
Trois voix, trois grandes voix murmurent.

L'une dit :
- « Courrouce-toi, poète. Oui, l'enfer applaudit
Tout ce que cette époque ébauche, crée ou tente.
Reste indigné. Ce siècle est une impure tente
Où l'homme appelle à lui, voyant le soir venu,
La volupté, la chair, le vice infâme et nu.
La vérité, qui fit jadis resplendir Rome,
Est toujours dans le ciel ; l'amour n'est plus dans l'homme.
« Tout rayon jaillissant trouve tout œil fermé.
Oh ! ne repousse pas la muse au bras armé
Qui visitait jadis comme une austère amie,
Ces deux sombres géants, Amos et Jérémie !
Les hommes sont ingrats, méchants, menteurs, jaloux.
Le crime est dans plusieurs, la vanité dans tous ;
Car, selon le rameau dont ils ont bu la sève,
Ils tiennent, quelques-uns de Caïn, et tous d'Ève.

« Seigneur ! ta croix chancelle et le respect s'en va.
La prière décroît. Jéhova ! Jéhova !
On va parlant tout haut de toi-même en ton temple.
Le livre était la loi, le prêtre était l'exemple ;
Livre et prêtre sont morts. Et la foi maintenant,
Cette braise allumée à ton foyer tonnant,
Qui, marquant pour ton Christ ceux qu'il préfère aux autres,
Jadis purifiait la lèvre des apôtres,
N'est qu'un charbon éteint dont les petits enfants
Souillent ton mur avec des rires triomphants ! » -

L'autre voix dit : - « Pardonne ! aime ! Dieu qu'on révère,
Dieu pour l'homme indulgent ne sera point sévère.
Respecte la fourmi non moins que le lion.
Rêveur ! rien n'est petit dans la création.
De l'être universel l'atome se compose ;
Dieu vit un peu dans tout, et rien n'est peu de chose.
Cultive en toi l'amour, la pitié, les regrets.
Si le sort te contraint d'examiner de près
L'homme souvent frivole, aveugle et téméraire,
Tempère l'œil du juge avec les pleurs du frère.
Et que tout ici-bas, l'air, la fleur, le gazon ;
Le groupe heureux qui joue au seuil de ta maison ;
Un mendiant assis à côté d'une gerbe ;
Un oiseau qui regarde une mouche dans l'herbe ;
Les vieux livres du quai, feuilletés par le vent,
D'où l'esprit des anciens, subtil, libre et vivant,
S'envole, et, souffle errant, se mêle à tes pensées ;
La contemplation de ces femmes froissées
Qui vivent dans les pleurs comme l'algue dans l'eau ;
L'homme, ce spectateur ; le monde, ce tableau ;
Que cet ensemble auguste où l'insensé se blase
Tourne de plus en plus ta vie et ton extase
Vers l'œil mystérieux qui nous regarde tous,
Invisible veilleur ! témoin intime et doux !
Principe ! but ! milieu ! clarté ! chaleur ! dictame !
Secret de toute chose entrevu par toute l'âme !
« N'allume aucun enfer au tison d'aucun feu.
N'aggrave aucun fardeau. Démontre l'âme et Dieu,
L'impérissable esprit, la tombe irrévocable ;
Et rends douce à nos fronts, que souvent elle accable,
La grande main qui grave en signes immortels
JAMAIS ! sur les tombeaux ; TOUJOURS ! sur les autels. »

La troisième voix dit : - « Aimer ? haïr ? qu'importe !
Qu'on chante ou qu'on maudisse, et qu'on entre ou qu'on sorte,
Le mal, le bien, la mort, les vices, les faux dieux,
Qu'est-ce que tout cela fait au ciel radieux ?
La végétation, vivante, aveugle et sombre,
En couvre-t-elle moins de feuillages sans nombre,
D'arbres et de lichens, d'herbe et de goëmons,
Les prés, les champs, les eaux, les rochers et les monts ?
L'onde est-elle moins bleue et le bois moins sonore ?
L'air promène-t-il moins, dans l'ombre et dans l'aurore,
Sur les clairs horizons, sur les flots décevants,
Ces nuages heureux qui vont aux quatre vents ?
Le soleil qui sourit aux fleurs dans les campagnes,
Aux rois dans les palais, aux forçats dans les bagnes,
Perd-il, dans la splendeur dont il est revêtu,
Un rayon quand la terre oublie une vertu ?
Non, Pan n'a pas besoin qu'on le prie et qu'on l'aime.
Ô sagesse ! esprit pur ! sérénité suprême !
Zeus ! Irmensul ! Wishnou ! Jupiter ! Jéhova !
Dieu que cherchait Socrate et que Jésus trouva !
Unique Dieu ! vrai Dieu ! seul mystère ! seule âme !
Toi qui, laissant tomber ce que la mort réclame,
Fis les cieux infinis pour les temps éternels !
Toi qui mis dans l'éther plein de bruits solennels,
Tente dont ton haleine émeut les sombres toiles,
Des millions d'oiseaux, des millions d'étoiles !
Que te font, ô Très-Haut ! les hommes insensés,
Vers la nuit au hasard l'un par l'autre poussés,
Fantômes dont jamais tes yeux ne se souviennent,
Devant ta face immense ombres qui vont et viennent ! »

VI.

Dans ma retraite obscure où, sous mon rideau vert,
Luit comme un œil ami maint vieux livre entrouvert,
Où ma bible sourit dans l'ombre à mon Virgile,
J'écoute ces trois voix. Si mon cerveau fragile
S'étonne, je persiste ; et, sans peur, sans effroi,
Je les laisse accomplir ce qu'elles font en moi.
Car les hommes, troublés de ces métamorphoses,
Composent leur sagesse avec trop peu de choses.
Tous ont la déraison de voir la Vérité
Chacun de sa fenêtre et rien que d'un côté,
Sans qu'aucun d'eux, tenté par ce rocher sublime,
Aille en faire le tour et monte sur sa cime.
Et de ce triple aspect des choses d'ici-bas,
De ce triple conseil que l'homme n'entend pas,
Pour mon cœur où Dieu vit, où la haine s'émousse,
Sort une bienveillance universelle et douce
Qui dore comme une aube et d'avance attendrit
Le vers qu'à moitié fait j'emporte en mon esprit
Pour l'achever aux champs avec l'odeur des plaines
Et l'ombre du nuage et le bruit des fontaines !

Avril 1840.
J'entrai dernièrement dans une vieille église ;

La nef était déserte, et sur la dalle grise,

Les feux du soir, passant par les vitraux dorés,

Voltigeaient et dansaient, ardemment colorés.

Comme je m'en allais, visitant les chapelles,

Avec tous leurs festons et toutes leurs dentelles,

Dans un coin du jubé j'aperçus un tableau

Représentant un Christ qui me parut très-beau.

On y voyait saint Jean, Madeleine et la Vierge ;

Leurs chairs, d'un ton pareil à la cire de cierge,

Les faisaient ressembler, sur le fond sombre et noir,

A ces fantômes blancs qui se dressent le soir,

Et vont croisant les bras sous leurs draps mortuaires ;

Leurs robes à plis droits, ainsi que des suaires,

S'allongeaient tout d'un jet de leur nuque à leurs pieds ;

Ainsi faits, l'on eût dit qu'ils fussent copiés

Dans le campo-Santo sur quelque fresque antique,

D'un vieux maître Pisan, artiste catholique,

Tant l'on voyait reluire autour de leur beauté,

Le nimbe rayonnant de la mysticité,

Et tant l'on respirait dans leur humble attitude,

Les parfums onctueux de la béatitude.


Sans doute que c'était l'œuvre d'un Allemand,

D'un élève d'Holbein, mort bien obscurément,

A vingt ans, de misère et de mélancolie,

Dans quelque bourg de Flandre, au retour d'Italie ;

Car ses têtes semblaient, avec leur blanche chair,

Un rêve de soleil par une nuit d'hiver.


Je restai bien longtemps dans la même posture,

Pensif, à contempler cette pâle peinture ;

Je regardais le Christ sur son infâme bois,

Pour embrasser le monde, ouvrant les bras en croix ;

Ses pieds meurtris et bleus et ses deux mains clouées,

Ses chairs, par les bourreaux, à coups de fouets trouées,

La blessure livide et béante à son flanc ;

Son front d'ivoire où perle une sueur de sang ;

Son corps blafard, rayé par des lignes vermeilles,

Me faisaient naître au cœur des pitiés nonpareilles,

Et mes yeux débordaient en des ruisseaux de pleurs,

Comme dut en verser la Mère de Douleurs.

Dans l'outremer du ciel les chérubins fidèles,

Se lamentaient en chœur, la face sous leurs ailes,

Et l'un d'eux recueillait, un ciboire à la main,

Le pur-sang de la plaie où boit le genre humain ;

La sainte vierge, au bas, regardait : pauvre mère

Son divin fils en proie à l'agonie amère ;

Madeleine et saint Jean, sous les bras de la croix

Mornes, échevelés, sans soupirs et sans voix,

Plus dégoutants de pleurs qu'après la pluie un arbre,

Étaient debout, pareils à des piliers de marbre.


C'était, certes, un spectacle à faire réfléchir,

Et je sentis mon cou, comme un roseau, fléchir

Sous le vent que faisait l'aile de ma pensée,

Avec le chant du soir, vers le ciel élancée.

Je croisai gravement mes deux bras sur mon sein,

Et je pris mon menton dans le creux de ma main,

Et je me dis : « O Christ ! Tes douleurs sont trop vives ;

Après ton agonie au jardin des Olives,

Il fallait remonter près de ton père, au ciel,

Et nous laisser à nous l'éponge avec le fiel ;

Les clous percent ta chair, et les fleurons d'épines

Entrent profondément dans tes tempes divines.

Tu vas mourir, toi, Dieu, comme un homme. La mort

Recule épouvantée à ce sublime effort ;

Elle a peur de sa proie, elle hésite à la prendre,

Sachant qu'après trois jours il la lui faudra rendre,

Et qu'un ange viendra, qui, radieux et beau,

Lèvera de ses mains la pierre du tombeau ;

Mais tu n'en as pas moins souffert ton agonie,

Adorable victime entre toutes bénie ;

Mais tu n'en a pas moins avec les deux voleurs,

Étendu tes deux bras sur l'arbre de douleurs.


Ô rigoureux destin ! Une pareille vie,

D'une pareille mort si promptement suivie !

Pour tant de maux soufferts, tant d'absinthe et de fiel,

Où donc est le bonheur, le vin doux et le miel ?

La parole d'amour pour compenser l'injure,

Et la bouche qui donne un baiser par blessure ?

Dieu lui-même a besoin quand il est blasphémé,

Pour nous bénir encore de se sentir aimé,

Et tu n'as pas, Jésus, traversé cette terre,

N'ayant jamais pressé sur ton cœur solitaire

Un cœur sincère et pur, et fait ce long chemin

Sans avoir une épaule où reposer ta main,

Sans une âme choisie où répandre avec flamme

Tous les trésors d'amour enfermés dans ton âme.


Ne vous alarmez pas, esprits religieux,

Car l'inspiration descend toujours des cieux,

Et mon ange gardien, quand vint cette pensée,

De son bouclier d'or ne l'a pas repoussée.

C'est l'heure de l'extase où Dieu se laisse voir,

L'Angélus éploré tinte aux cloches du soir ;

Comme aux bras de l'amant, une vierge pâmée,

L'encensoir d'or exhale une haleine embaumée ;

La voix du jour s'éteint, les reflets des vitraux,

Comme des feux follets, passent sur les tombeaux,

Et l'on entend courir, sous les ogives frêles,

Un bruit confus de voix et de battements d'ailes ;

La foi descend des cieux avec l'obscurité ;

L'orgue vibre ; l'écho répond : Eternité !

Et la blanche statue, en sa couche de pierre,

Rapproche ses deux mains et se met en prière.

Comme un captif, brisant les portes du cachot,

L'âme du corps s'échappe et s'élance si haut,

Qu'elle heurte, en son vol, au détour d'un nuage,

L'étoile échevelée et l'archange en voyage ;

Tandis que la raison, avec son pied boiteux,

La regarde d'en-bas se perdre dans les cieux.

C'est à cette heure-là que les divins poètes,

Sentent grandir leur front et deviennent prophètes.


Ô mystère d'amour ! Ô mystère profond !

Abîme inexplicable où l'esprit se confond ;

Qui de nous osera, philosophe ou poète,

Dans cette sombre nuit plonger avant la tête ?

Quelle langue assez haute et quel cœur assez pur,

Pour chanter dignement tout ce poème obscur ?

Qui donc écartera l'aile blanche et dorée,

Dont un ange abritait cette amour ignorée ?

Qui nous dira le nom de cette autre Éloa ?

Et quelle âme, ô Jésus, à t'aimer se voua ?


Murs de Jérusalem, vénérables décombres,

Vous qui les avez vus et couverts de vos ombres,

Ô palmiers du Carmel ! Ô cèdres du Liban !

Apprenez-nous qui donc il aimait mieux que Jean ?

Si vos troncs vermoulus et si vos tours minées,

Dans leur écho fidèle, ont, depuis tant d'années,

Parmi les souvenirs des choses d'autrefois,

Conservé leur mémoire et le son de leur voix ;

Parlez et dites-nous, ô forêts ! ô ruines !

Tout ce que vous savez de ces amours divines !

Dites quels purs éclairs dans leurs yeux reluisaient,

Et quels soupirs ardents de leurs cœurs s'élançaient !

Et toi, Jourdain, réponds, sous les berceaux de palmes,

Quand la lune trempait ses pieds dans tes eaux calmes,

Et que le ciel semait sa face de plus d'yeux,

Que n'en traîne après lui le paon tout radieux ;

Ne les as-tu pas vus sur les fleurs et les mousses,

Glisser en se parlant avec des voix plus douces

Que les roucoulements des colombes de mai,

Que le premier aveu de celle que j'aimai ;

Et dans un pur baiser, symbole du mystère,

Unir la terre au ciel et le ciel à la terre.


Les échos sont muets, et le flot du Jourdain

Murmure sans répondre et passe avec dédain ;

Les morts de Josaphat, troublés dans leur silence,

Se tournent sur leur couche, et le vent frais balance

Au milieu des parfums dans les bras du palmier,

Le chant du rossignol et le nid du ramier.


Frère, mais voyez donc comme la Madeleine

Laisse sur son col blanc couler à flots d'ébène

Ses longs cheveux en pleurs, et comme ses beaux yeux,

Mélancoliquement, se tournent vers les cieux !

Qu'elle est belle ! Jamais, depuis Ève la blonde,

Une telle beauté n'apparut sur le monde ;

Son front est si charmant, son regard est si doux,

Que l'ange qui la garde, amoureux et jaloux,

Quand le désir craintif rôde et s'approche d'elle,

Fait luire son épée et le chasse à coups d'aile.


Ô pâle fleur d'amour éclose au paradis !

Qui répands tes parfums dans nos déserts maudits,

Comment donc as-tu fait, ô fleur ! Pour qu'il te reste

Une couleur si fraîche, une odeur si céleste ?

Comment donc as-tu fait, pauvre sœur du ramier,

Pour te conserver pure au cœur de ce bourbier ?

Quel miracle du ciel, sainte prostituée,

Que ton cœur, cette mer, si souvent remuée,

Des coquilles du bord et du limon impur,

N'ait pas, dans l'ouragan, souillé ses flots d'azur,

Et qu'on ait toujours vu sous leur manteau limpide,

La perle blanche au fond de ton âme candide !

C'est que tout cœur aimant est réhabilité,

Qu'il vous vient une autre âme et que la pureté

Qui remontait au ciel redescend et l'embrasse,

comme à sa sœur coupable une sœur qui fait grâce ;

C'est qu'aimer c'est pleurer, c'est croire, c'est prier ;

C'est que l'amour est saint et peut tout expier.


Mon grand peintre ignoré, sans en savoir les causes,

Dans ton sublime instinct tu comprenais ces choses,

Tu fis de ses yeux noirs ruisseler plus de pleurs ;

Tu gonflas son beau sein de plus hautes douleurs ;

La voyant si coupable et prenant pitié d'elle,

Pour qu'on lui pardonnât, tu l'as faite plus belle,

Et ton pinceau pieux, sur le divin contour,

A promené longtemps ses baisers pleins d'amour ;

Elle est plus belle encore que la vierge Marie,

Et le prêtre, à genoux, qui soupire et qui prie,

Dans sa pieuse extase, hésite entre les deux,

Et ne sait pas laquelle est la reine des cieux.


Ô sainte pécheresse ! Ô grande repentante !

Madeleine, c'est toi que j'eusse pour amante

Dans mes rêves choisie, et toute la beauté,

Tout le rayonnement de la virginité,

Montrant sur son front blanc la blancheur de son âme,

Ne sauraient m'émouvoir, ô femme vraiment femme,

Comme font tes soupirs et les pleurs de tes yeux,

Ineffable rosée à faire envie aux cieux !

Jamais lis de Saron, divine courtisane,

Mirant aux eaux des lacs sa robe diaphane,

N'eut un plus pur éclat ni de plus doux parfums ;

Ton beau front inondé de tes longs cheveux bruns,

Laisse voir, au travers de ta peau transparente,

Le rêve de ton âme et ta pensée errante,

Comme un globe d'albâtre éclairé par dedans !

Ton œil est un foyer dont les rayons ardents

Sous la cendre des cœurs ressuscitent les flammes ;

O la plus amoureuse entre toutes les femmes !

Les séraphins du ciel à peine ont dans le cœur,

Plus d'extase divine et de sainte langueur ;

Et tu pourrais couvrir de ton amour profonde,

Comme d'un manteau d'or la nudité du monde !

Toi seule sais aimer, comme il faut qu'il le soit,

Celui qui t'a marquée au front avec le doigt,

Celui dont tu baignais les pieds de myrrhe pure,

Et qui pour s'essuyer avait ta chevelure ;

Celui qui t'apparut au jardin, pâle encore

D'avoir dormi sa nuit dans le lit de la mort ;

Et, pour te consoler, voulut que la première

Tu le visses rempli de gloire et de lumière.


En faisant ce tableau, Raphaël inconnu,

N'est-ce pas ? Ce penser comme à moi t'est venu,

Et que ta rêverie a sondé ce mystère,

Que je voudrais pouvoir à la fois dire et taire ?

Ô poètes ! Allez prier à cet autel,

A l'heure où le jour baisse, à l'instant solennel,

Quand d'un brouillard d'encens la nef est toute pleine.

Regardez le Jésus et puis la Madeleine ;

Plongez-vous dans votre âme et rêvez au doux bruit

Que font en s'éployant les ailes de la nuit ;

Peut-être un chérubin détaché de la toile,

A vos yeux, un moment, soulèvera le voile,

Et dans un long soupir l'orgue murmurera

L'ineffable secret que ma bouche taira.
Chanson.

Voulant, ô ma douce moitié,
T'assurer que mon amitié
Ne se verra jamais finie,
Je fis, pour t'en assurer mieux
Un serment juré par mes yeux
Et par mon cœur et par ma vie.

Tu jures ce qui n'est à toi ;
Ton cœur et tes yeux sont à moi
D'une promesse irrévocable,
Ce médis-tu. Hélas ! au moins
Reçoit mes larmes pour témoins
Que ma parole est véritable !

Alors, Belle, tu me baisas,
Et doucement désattisas
Mon feu, d'un gracieux visage :
Puis tu fis signe de ton œil,
Que tu recevais bien mon deuil
Et mes larmes pour témoignage.
SimpleWritings Dec 2018
Ma
Inħobbok

Mhux dejjem naraw għajn b’għajn
Imma nħobbok

Naf li dejjem pruvajt mill-aħjar li stajt
Biex tagħtini dak li int qatt ma ngħatajt

Imma sfortunatament mhux dejjem irnexxilek
Il-Mulej mhux dejjem provdilek

Jien qatt m’għidtlek meta nqasstni
Meta bin-nuqqas tiegħek warrabtni

Qatt ma ridt niksirlek qalbek
U ngħidlek li ħadd mhu qed jisma talbek

Imma iva Ma,
Weġġgħajt

Għaddejt minn ħafna u int ma taf b’ xejn
Alla ħares tkun taf kif u x’ fatta u fejn

Bħalek Ma,
Għaddejt minn dak li m’ għandu jgħaddi ħadd

Ġarrabt id-dlam
U bkejt fis-solitudni

Imma issa Ma
Sa fl-ahhar...

Inħoss li sibt il-kuntentizza
Inħoss li qbadt it-trejqa li qed nibni jien

Ma rridx nibqa naħbilek iktar
Għajjejt nigdeb u nħaref

Allura għidtlek

Ma flaħtx inżomm iktar
U għidtlek

Kienet diffiċli għax kont beżgħana
Imma ridt naqsam din l-aħbar ferħana

Stennejt li ser tifhimni
Stennejt li xorta waħda ser tibqa tħobbni

Imma

Ir-reazzjoni tiegħek ma kienetx dik li stennejt
Ma kienetx dik li f’ moħħi pinġejt

Għalfejn Ma?
Għalfejn ma tridnix?
Għalfejn mhux taċċettani?

Għidli Ma

Lil min inħobb ma għandux jaffettwa kemm inti tħobb lili
Lil min inħobb ma għandux inessik li jien xorta waħda bintek

Mara offritli dak li dejjem fittixt
Mara għallmitni nagħraf x’inhi l-imħabba

Mara urietni kif jidher id-dawl fost id-dlam
Mara qed tgħini nsir inħobb lili nnifsi

Iva Ma

Inħobb mara
U mhux raġel

Għalfejn qed tħares lejja b’ dak il-mod Ma?

B’ ħarsa ta’ diżappunt
B’ ħarsa ta’ diżgust

Bintek għadni Ma

L-istess b-i-n-t li kont tgħannaq miegħek
Meta kont tħoss li d-dinja qed tikrolla

L-istess b-i-n-t li kont tiftaħar tgħid li hi tiegħek
Lil kull min taf meta tilmaħni fost il-folla

Ħobbni Ma
Nitolbok

L-istess għadni
Biss, ħrigt mill-moħba

15/10/2018
This poem is written in Maltese.
J'ai fait autrefois de la bête,
J'avais des Philis à la tête,
J'épiais les occasions,
J'épiloguais mes passions,
Je paraphrasais un visage.
Je me mettais à tout usage,
Debout, tête nue, à genoux,
Triste, gaillard, rêveur, jaloux,
Je courais, je faisais la grue
Tout un jour au bout d'une rue.
Soleil, flambeaux, attraits, appas,
Pleurs, désespoir, tourment, trépas,
Tout ce petit meuble de bouche
Dont un amoureux s'escarmouche,  
Je savais bien m'en escrimer.
Par là je m'appris à rimer,
Par là je fis, sans autre chose,
Un sot en vers d'un sot en prose.
I


« Minuit ! ma mère dort : je me suis relevée :

Je craignais de laisser ma lettre inachevée ;

J'ai voulu me hâter, car peut-être ma main

Ne sera-t-elle plus assez forte demain !

Tu connais mon malheur ; je t'ai dit que mon père

A voulu me dicter un choix, et qu'il espère

Sans doute me trouver trop faible pour oser

Refuser cet époux qu'il prétend m'imposer.

O toi qui m'appartiens ! ô toi qui me fis naître

Au bonheur, à l'amour que tu m'as fait connaître ;

Toi qui sus le premier deviner le secret

Et trouver le chemin d'un cœur qui s'ignorait,

Crois-tu qu'à d'autres lois ton amante enchaînée

Méconnaisse jamais la foi qu'elle a donnée ;

Qu'elle puisse oublier ces rapides momens

Où nos voix ont ensemble échangé leurs sermens,

Où sa tremblante main a frémi dans la tienne,

Et qu'à d'autre qu'à toi jamais elle appartienne ?

Tu veux fuir, m'as-tu dit : fuis ; mais n'espère pas

M'empêcher de te suivre attachée à tes pas !

Qu'importe où nous soyons si nous sommes ensemble ;

Est-il donc un désert si triste, qui ne semble

Plus riant qu'un palais, quand il est animé

Par l'aspect du bonheur et de l'objet aimé ?

Et que me font à moi tous ces biens qui m'attendent ?

Lorsqu'on s'est dit : je t'aime ! et que les cœurs s'entendent,

Que sont tous les trésors, qu'est l'univers pour eux.

Et que demandent-ils de plus pour être heureux ?

Mais comment fuir ? comment tromper la vigilance

D'un père soupçonneux qui m'épie en silence ?

Je m'abusais ! Eh bien, écoute le serment

Que te jure ma bouche en cet affreux moment :

Puisqu'on l'a résolu, puisqu'on me sacrifie.

Puisqu'on veut mon malheur, eh bien ! je les défie :

Ils ne m'auront que morte, et je n'aurai laissé

Pour traîner à l'autel qu'un cadavre glacé ! »


II


Lorsque je l'ai *****, elle était mariée

Depuis cinq ans passés : « Ah ! s'est-elle écriée,

C'est vous ! bien vous a pris d'être venu nous voir :

Mais où donc étiez-vous ? Et ne peut-on savoir

Pourquoi, depuis un siècle, éloigné de la France,

Vous nous avez ainsi laissés dans l'ignorance ?

Quant à nous, tout va bien : le sort nous a souri.

- J'ai parlé bien souvent de vous à mon mari ;

C'est un homme d'honneur, que j'aime et je révère,

Sage négociant, de probité sévère,

Qui par son zèle actif chaque jour agrandit

L'essor de son commerce, et double son crédit :

Et puisque le hasard à la fin nous rassemble ;

Je vous présenterai, vous causerez ensemble ;

Il vous recevra bien, empressé de saisir

Pareille occasion de me faire plaisir.

Vous verrez mes enfans : j'en ai trois. Mon aînée

Est chez mes belles-sœurs, qui me l'ont emmenée ;

Je l'attends samedi matin : vous la verrez.

Oh, c'est qu'elle est charmante ! ensuite, vous saurez

Qu'elle lit couramment, écrit même, et commence

A jouer la sonate et chanter la romance.

Et mon fils ! il aura ses trois ans et demi

Le vingt du mois prochain ; du reste, mon ami,

Vous verrez comme il est grand et fort pour son âge ;

C'est le plus bel enfant de tout le voisinage.

Et puis, j'ai mon petit. - Je ne l'ai pas nourri :

Mes couches ont été pénibles ; mon mari,

Qui craignait pour mon lait, a voulu que je prisse

Sur moi de le laisser aux mains d'une nourrice.

Mais de cet embarras je vais me délivrer,

Et le docteur a dit qu'on pouvait le sevrer.

- Ainsi dans mes enfans, dans un époux qui m'aime,

J'ai trouvé le bonheur domestique ; et vous même,

Vous dépendez de vous, j'imagine, et partant

Qui peut vous empêcher d'en faire un jour autant ?

Je sais qu'en pareil cas le choix est difficile.

Que vous avez parfois une humeur indocile ;

Mais on peut réussir, et vous réussirez :

Vous prendrez une femme, et nous l'amènerez,

Elle viendra passer l'été dans notre terre :

Jusque-là toutefois, libre et célibataire,

Pensez à vos amis, et venez en garçon

Nous demander dimanche à dîner sans façon. »
O toi qui m'apparus dans ce désert du monde,
Habitante du ciel, passagère en ces lieux !
O toi qui fis briller dans cette nuit profonde
Un rayon d'amour à mes yeux ;

A mes yeux étonnés montre-toi tout entière,
Dis-moi quel est ton nom, ton pays, ton destin.
Ton berceau fut-il sur la terre ?
Ou n'es-tu qu'un souffle divin ?

Vas-tu revoir demain l'éternelle lumière ?
Ou dans ce lieu d'exil, de deuil, et de misère,
Dois-tu poursuivre encor ton pénible chemin ?
Ah ! quel que soit ton nom, ton destin, ta patrie,
Ou fille de la terre, ou du divin séjour,
Ah ! laisse-moi, toute ma vie,
T'offrir mon culte ou mon amour.

Si tu dois, comme nous, achever ta carrière,
Sois mon appui, mon guide, et souffre qu'en tous lieux,
De tes pas adorés je baise la poussière.
Mais si tu prends ton vol, et si, **** de nos yeux,
Soeur des anges, bientôt tu remontes près d'eux,
Après m'avoir aimé quelques jours sur la terre,
Souviens-toi de moi dans les cieux.
Enfin échappé du danger
Où mon sort me voulut plonger,
L'expérience indubitable
Me fait tenir pour véritable
Que l'on commence d'être heureux
Quand on cesse d'être amoureux,
Lorsque notre âme s'est purgée
De cette sottise enragée,
Dont le fantasque mouvement
Bricole notre entendement.

Croîs-moi qu'un homme de ta sorte,
Libre des soucis qu'elle apporte,
Ne voit plus loger avec lui
Le soin, le chagrin, ni l'ennui.
Pour moi, qui dans un long servage
A mes dépens me suis fait sage,
Je ne veux point d'autres motifs,
Pour te servir de lénitifs,
Et ne sais point d'autre remède,
A la douleur qui te possède,
Qu'écrivant la félicité
Qu'on goûte dans la liberté
Te faire une si bonne envie
Des douceurs d'une telle vie,
Qu'enfin tu puisses à ton tour
Envoyer au diable l'amour.

Je meure, ami, c'est un grand charme
D'être insusceptible d'alarme,
De n'espérer ni craindre rien,
De se plaire en tout entretien,
D'être maître de ses pensées,
Sans les avoir toujours dressées
Vers une beauté qui souvent
Nous estime moins que du vent,
Et pense qu'il n'est point d'hommage
Que l'on ne doive à son visage.

Tu t'en peux bien fier à moi ;
J'ai passé par-là comme toi ;
J'ai fait autrefois de la bête,
J'avais des Philis à la tête :
J'épiais les occasions ;
J'épiloguais mes passions ;
Je paraphrasais un visage ;
Je me mettais à tout usage,
Debout, tête nue, à genoux,
Triste, gaillard, rêveur, jaloux ;
Je courais, je faisais la grue
Tout un jour au bout d'une rue ;
Soleils, flambeaux, attraits, appas,
Pleurs, désespoirs, tourments, trépas,
Tout ce petit meuble de bouche
Dont un amoureux s'escarmouche,
Je savais bien m'en escrimer.
Par-là, je m'appris à rimer,
Par-là, je fis sans autre chose
Un sot en vers d'un sot en prose ;
Et Dieu sait alors si les feux,
Les flammes, les soupirs, les vœux,
Et tout ce menu badinage,
Servaient de rime et de remplage.

Mais à la fin hors de mes fers,
Après beaucoup de maux soufferts,
Ce qu'à présent je te conseille
C'est de pratiquer la pareille,
Et de montrer à ce bel œil,
Qui n'a pour toi que de l'orgueil,
Qu'un cœur si généreux et brave
N'est pas né pour vivre en esclave.

Puis quand nous nous verrons un jour,
Sans soin tous deux, et sans amour,
Nous ferons de notre martyre
A commun frais une satire ;
Nous incaguerons les beautés ;
Nous rirons de leurs cruautés ;
A couvert de leurs artifices,
Nous pasquinerons leurs malices ;
Impénétrables à leurs traits,
Nous ferons nargue à leurs attraits ;
Et, toute tristesse bannie,
Sur une table bien garnie,
Entre les verres et les pots
Nous dirons le mot à propos ;
On nous orra conter merveilles
En préconisant les bouteilles ;
Nous rimerons au cabaret
En faveur du blanc, du clairet ;
Où, quand nous aurons fait ripaille,
Notre main contre la muraille
Avec un morceau de charbon
Paranymphera le jambon.

Ami, c'est ainsi qu'il faut vivre,
C'est le chemin qu'il nous faut suivre,
Pour goûter de notre printemps
Les véritables passe-temps.
Prends donc, comme moi, pour devise,
Que l'amour n'est qu'une sottise.
Sonnet.

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu'une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts ! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !...

- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ;
Qui dans le bercement des hosannah s'endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !
Plaisir, bourreau des cœurs, vendeur juré des âmes,
Ah ! trop longtemps tu pris le masque de l'amour
Au vestiaire impur des romans et des drames !

Voyageant sous son nom et suivi par ta cour
De Lovelaces fous et de Phèdres navrées,
Plaisir, tyran cruel, voici venir ton tour !

Ah ! trop longtemps tu fis, dans tes mornes Caprées,
Des corps humains liés à tes rouges poteaux
De blancs Saint-Sébastiens pleins de flèches dorées ;

Et depuis trop longtemps, roulé dans tes manteaux,
Tu te glisses le soir dans les tavernes saoules,
Où tu mets les hoquets et les coups de couteaux.

Renard caché qui mord le ventre obscur des foules,
N'es-tu pas las d'errer épié dans tes nuits
Par le crime dans l'ombre horrible où tu te coules ?

Père des sommeils lourds et des mornes ennuis,
N'es-tu pas las de boire au fond des yeux la vie,
Comme un soleil brutal boit l'ombre dans un puits ?

- Tout ce qui vient de Dieu, tout ce qui fait envie :
La grâce des fronts purs, la force des lutteurs,
L'intelligence, lampe à Dieu même ravie,

Jusqu'à la voix qui vibre au gosier des chanteurs,
Jusqu'au trésor de pleurs qui tremble au cœur des femmes,
Tu fais passer sur tout tes souffles destructeurs.

Tu donnes jusqu'au goût des souffrances infâmes,
Et les petits enfants, qui baissent leurs cils noirs,
Pâlissent au passage effrayant de tes flammes.

Tu glanes des savants aux plis de tes peignoirs,
Et tu domptes le cœur des rudes capitaines,
Rien qu'avec le parfum que jettent tes mouchoirs.

Tu traites les vertus d'atroces puritaines,
Mais leur cœur réfléchit, comme un lac de cristal,
La force et la douceur des étoiles hautaines.

Cependant, dur geôlier dont le poignard brutal
Ne se laisse fléchir par les cris de personne,
Tu peuples la prison autant que l'hôpital.

Tu te dis bon vivant, tu t'assieds sur la tonne,
Ton verre dans la main, tu chantes, et pourtant
Aux hideurs que tu fais la science s'étonne.

Tu couves tous les fruits d'un air inquiétant ;
Ton appétit funèbre engloutirait le monde,
Pourvoyeur de la mort, qui n'est jamais content.

Que t'importe ! Tu ris sous ta perruque blonde,
Ou bien tu vas prêcher la modération,
Rhéteur païen, leurré par ta propre faconde.

Fils lugubre de l'homme, et sa punition,
Ennemi de l'amour, tu rêves la conquête
De sa gloire, et maudis sa noble passion...

Mais l'amour triomphant met le pied sur ta tête !
I.

Maintenant il se dit : - L'empire est chancelant
La victoire est peu sûre. -
Il cherche à s'en aller, furtif et reculant.
Reste dans la masure !

Tu dis : - Le plafond croule. Ils vont, si l'on me voit,
Empêcher que je sorte. -
N'osant rester ni fuir, tu regardes le toit,
Tu regardes la porte ;

Tu mets timidement la main sur le verrou.
Reste en leurs rangs funèbres !
Reste ! la loi qu'ils ont enfouie en un trou
Est là dans les ténèbres.

Reste ! elle est là, le flanc percé de leur couteau,
Gisante, et sur sa bière
Ils ont mis une dalle. Un pan de ton manteau
Est pris sous cette pierre !

Pendant qu'à l'Elysée en fête et plein d'encens
On chante, on déblatère,
Qu'on oublie et qu'on rit, toi tu pâlis ; tu sens
Ce spectre sous la terre !

Tu ne t'en iras pas ! quoi ! quitter leur maison
Et fuir leur destinée !
Quoi ! tu voudrais trahir jusqu'à la trahison,
Elle-même indignée !

Quoi ! tu veux renier ce larron au front bas
Qui t'admire et t'honore !
Quoi ! Judas pour Jésus, tu veux pour Barabbas
Etre Judas encore !

Quoi ! n'as-tu pas tenu l'échelle à ces fripons,
En pleine connivence ?
Le sac de ces voleurs ne fut-il pas, réponds,
Cousu par toi d'avance !

Les mensonges, la haine au dard froid et visqueux,
Habitent ce repaire ;
Tu t'en vas ! de quel droit ? étant plus renard qu'eux,
Et plus qu'elle vipère !

II.

Quand l'Italie en deuil dressa, du Tibre au Pô,
Son drapeau magnifique,
Quand ce grand peuple, après s'être couché troupeau,
Se leva république,

C'est toi, quand Rome aux fers jeta le cri d'espoir,
Toi qui brisas son aile,
Toi qui fis retomber l'affreux capuchon noir
Sur sa face éternelle !

C'est toi qui restauras Montrouge et Saint-Acheul,
Écoles dégradées,
Où l'on met à l'esprit frémissant un linceul,
Un bâillon aux idées.

C'est toi qui, pour progrès rêvant l'homme animal,
Livras l'enfant victime
Aux jésuites lascifs, sombres amants du mal,
En rut devant le crime !

Ô pauvres chers enfants qu'ont nourris de leur lait
Et qu'ont bercés nos femmes,
Ces blêmes oiseleurs ont pris dans leur filet
Toutes vos douces âmes !

Hélas ! ce triste oiseau, sans plumes sur la chair,
Rongé de lèpre immonde,
Qui rampe et qui se meurt dans leur cage de fer,
C'est l'avenir du monde !

Si nous les laissons faire, on aura dans vingt ans,
Sous les cieux que Dieu dore,
Une France aux yeux ronds, aux regards clignotants,
Qui haïra l'aurore !

Ces noirs magiciens, ces jongleurs tortueux,
Dont la fraude est la règle,
Pour en faire sortir le hibou monstrueux,
Ont volé l'oeuf de l'aigle !

III.

Donc, comme les baskirs, sur Paris étouffé,
Et comme les croates,
Créateurs du néant, vous avez triomphé
Dans vos haines béates ;

Et vous êtes joyeux, vous, constructeurs savants
Des préjugés sans nombre,
Qui, pareils à la nuit, versez sur les vivants
Des urnes pleines d'ombre !

Vous courez saluer le nain Napoléon ;
Vous dansez dans l'orgie.
Ce grand siècle est souillé ; c'était le Panthéon,
Et c'est la tabagie.

Et vous dites : c'est bien ! vous sacrez parmi nous
César, au nom de Rome,
L'assassin qui, la nuit, se met à deux genoux
Sur le ventre d'un homme.

Ah ! malheureux ! louez César qui fait trembler,
Adorez son étoile ;
Vous oubliez le Dieu vivant qui peut rouler
Les cieux comme une toile !

Encore un peu de temps, et ceci tombera ;
Dieu vengera sa cause !
Les villes chanteront, le lieu désert sera
Joyeux comme une rose !

Encore un peu de temps, et vous ne serez plus,
Et je viens vous le dire.
Vous êtes les maudits, nous sommes les élus.
Regardez-nous sourire !

Je le sais, moi qui vis au bord du gouffre amer
Sur les rocs centenaires,
Moi qui passe mes jours à contempler la mer
Pleine de sourds tonnerres !

IV.

Toi, leur chef, sois leur chef ! c'est là ton châtiment.
Sois l'homme des discordes !
Ces fourbes ont saisi le genre humain dormant
Et l'ont lié de cordes.

Ah ! tu voulus défaire, épouvantable affront !
Les âmes que Dieu crée ?
Eh bien, frissonne et pleure, atteint toi-même au front
Par ton œuvre exécrée !

À mesure que vient l'ignorance, et l'oubli,
Et l'erreur qu'elle amène,
À mesure qu'aux cieux décroît, soleil pâli,
L'intelligence humaine,

Et que son jour s'éteint, laissant l'homme méchant
Et plus froid que les marbres,
Votre honte, ô maudits, grandit comme au couchant
Grandit l'ombre des arbres !

V.

Oui, reste leur apôtre ! oui, tu l'as mérité.
C'est là ta peine énorme !
Regarde en frémissant dans la postérité !
Ta mémoire difforme.

On voit, louche rhéteur des vieux partis hurlants,
Qui mens et qui t'emportes,
Pendre à tes noirs discours, comme à des clous sanglants,
Toutes les grandes mortes,

La justice, la foi, bel ange souffleté
Par la goule papale,
La vérité, fermant les yeux, la liberté
Echevelée et pâle,

Et ces deux soeurs, hélas ! nos mères toutes deux,
Rome, qu'en pleurs je nomme,
Et la France sur qui, raffinement hideux,
Coule le sang de Rome !

Homme fatal ! l'histoire en ses enseignements
Te montrera dans l'ombre,
Comme on montre un gibet entouré d'ossements
Sur la colline sombre !

Jersey, le 24 janvier 1853.
Je connais un charmant ivrogne,
Autant vous le nommer, ma foi !
Dire que vous avez la trogne,
Ce serait mentir sans vergogne.
Pourtant, un soir, écoutez-moi !

Vous aviez bu trop de champagne,
Ça se lisait dans vos yeux pers.
Vous battiez un peu la campagne,
Sans feuille de figuier ni pagne
À votre esprit, vraiment, sans pairs.

Et vous me dérouliez le thème
De tous les jolis mouvements
Que votre corps sait bien que j'aime.
J'étais, d'ailleurs, ivre moi-même,
Au Bon-Bock, tu vois si je mens.

La brasserie était houleuse,
On aurait dit, sur l'Hellespont,
D'une cabine nuageuse,
Quand l'eau, changée en Maufrigneuse,
Choque les gens dans l'entrepont.

Vous aviez l'air *** d'une chatte
Qui joue et sent son ongle armé,
Forte, ambigüe, et délicate,
Comme une rime sous la patte
Magistrale de Mallarmé !

Je flottais comme la moustache
De Paul Verlaine au plectre d'or,
Je voyais couleur de pistache ;
Camille agitait sa cravache,
Sur je ne sais plus quel butor ;

Si bien qu'au milieu des querelles
Je vous retrouvai sur un banc,
Dans l'attitude de ces Belles
Que Forain, dans ses aquarelles,
Habille d'un bout de ruban.

Tu t'endormais sur mon épaule.
Alors, je fis signe au cocher.
Ces choses-là, c'est toujours drôle !
J'entrais d'autant mieux dans ce rôle
Que j'aurais eu peine à marcher ;

Quand on nous déposa sur terre,
Vous fîtes un léger faux pas,
Le seul qu'on vous vit jamais faire ;
Encor, même à l'œil trop sévère,
Peut-être ne l'était-il pas ?

Car, dans l'ombre où s'éteint le rêve
De mes désirs réalisés,
Ton ivresse que l'Art relève
Ouvrait, ô noble Fille d'Ève,
La volière à tous les baisers !
Le conseil municipal de la ville de Paris a refusé de donner six pieds de terre dans le cimetière du
Père-Lachaise pour le tombeau de la veuve de Junot, ancien gouverneur de Paris. Le ministre de
l'intérieur a également refusé un morceau de marbre pour ce monument.
(Journaux de février 1840.)


Puisqu'ils n'ont pas compris, dans leur étroite sphère,
Qu'après tant de splendeur, de puissance et d'orgueil,
Il était grand et beau que la France dût faire
L'aumône d'une fosse à ton noble cercueil ;

Puisqu'ils n'ont pas senti que celle qui sans crainte
Toujours loua la gloire et flétrit les bourreaux
A le droit de dormir sur la colline sainte,
A le droit de dormir à l'ombre des héros ;

Puisque le souvenir de nos grandes batailles
Ne brûle pas en eux comme un sacré flambeau ;
Puisqu'ils n'ont pas de cœur, puisqu'ils n'ont point d'entrailles,
Puisqu'ils t'ont refusé la pierre d'un tombeau ;

C'est à nous de chanter un chant expiatoire !
C'est à nous de t'offrir notre deuil à genoux !
C'est à nous, c'est à nous de prendre ta mémoire
Et de l'ensevelir dans un vers triste et doux !

C'est à nous cette fois de garder, de défendre
La mort contre l'oubli, son pâle compagnon ;
C'est à nous d'effeuiller des roses sur ta cendre,
C'est à nous de jeter des lauriers sur ton nom !

Puisqu'un stupide affront, pauvre femme endormie,
Monte jusqu'à ton front que César étoila,
C'est à moi, dont ta main pressa la main amie,
De te dire tout bas : Ne crains rien ! je suis là !

Car j'ai ma mission ; car, armé d'une lyre.
Plein d'hymnes irrités ardents à s'épancher,
Je garde le trésor des gloires de l'Empire ;
Je n'ai jamais souffert qu'on osât y toucher !

Car ton cœur abondait en souvenirs fidèles !
Dans notre ciel sinistre et sur nos tristes jours,
Ton noble esprit planait avec de nobles ailes,
Comme un aigle souvent, comme un ange toujours !

Car, forte pour tes maux et bonne pour les nôtres,
Livrée à la tempête et femme en proie au sort,
Jamais tu n'imitas l'exemple de tant d'autres,
Et d'une lâcheté tu ne te fis un port !

Car toi, la muse illustre, et moi, l'obscur apôtre,
Nous avons dans ce monde eu le même mandat,
Et c'est un nœud profond qui nous joint l'un à l'autre,
Toi, veuve d'un héros, et moi, fils d'un soldat !

Aussi, sans me lasser dans celte Babylone,
Des drapeaux insultés baisant chaque lambeau,
J'ai dit pour l'Empereur : Rendez-lui sa colonne !
Et je dirai pour toi : Donnez-lui son tombeau !

Février 1840.
C'était en juin, j'étais à Bruxelles ; on me dit :
Savez-vous ce que fait maintenant ce bandit ?
Et l'on me raconta le meurtre juridique,
Charlet assassiné sur la place publique,
Cirasse, Cuisinier, tous ces infortunés
Que cet homme au supplice a lui-même traînés
Et qu'il a de ses mains liés sur la bascule.
Ô Sauveur, ô héros, vainqueur de crépuscule, César !
Dieu fait sortir de terre les moissons,
La vigne, l'eau courante abreuvant les buissons,
Les fruits vermeils, la rose où l'abeille butine,
Les chênes, les lauriers, et toi, la guillotine.

Prince qu'aucun de ceux qui lui donnent leurs voix
Ne voudrait rencontrer le soir au coin d'un bois !

J'avais le front brûlant ; je sortis par la ville.
Tout m'y parut plein d'ombre et de guerre civile ;
Les passants me semblaient des spectres effarés
Je m'enfuis dans les champs paisibles et dorés ;
Ô contre-coups du crime au fond de l'âme humaine !
La nature ne put me calmer. L'air, la plaine,
Les fleurs, tout m'irritait ; je frémissais devant
Ce monde où je sentais ce scélérat vivant.
Sans pouvoir m'apaiser je fis plus d'une lieue.
Le soir triste monta sous la coupole bleue.
Linceul frissonnant, l'ombre autour de moi s'accrut ;
Tout à coup la nuit vint, et la lune apparut
Sanglante, et dans les cieux, de deuil enveloppée,
Je regardai rouler cette tête coupée.

Jersey, le 20 mai 1853.
SimpleWritings Dec 2018
Żmien ta’ ferħ w ’nnoċenza
ta’ sempliċita u purezza
Żmien ħieles mill-inkwiet
u mżejjen bil-paċi fis-skiet

Dak li dejjem smajt
u dak li dejjem tgħallimt
Pero m’ huwiex dak li esperjenzajt
m’ huwiex dak li ngħatajt

Mingħalihom li tawni kollox
Mingħalihom li ma naqsuni f’xejn
Mur għidilhom kemm battejt
Kemm minħabba fihom soffrejt

Noħlom bi tfulija
sempliċi u pura
Nixtieq li ġejt mogħtija
bidu ta’ ħajja sura

16/04/2009
This poem is written in Maltese
Du malheur de recevoir
Un étranger, sans avoir
De lui quelque connaissance,
Tu as fait expérience,
Ménélas, ayant reçu
Pâris dont tu fus déçu :
Et moi je la viens de faire
Qui ore ai voulu retraire (1)
Sottement un étranger
Dans ma chambre, et le loger.

Il était minuit, et l'Ourse
De son char tournait la course
Entre les mains du Bouvier,
Quand le somme vint lier
D'une chaîne sommelière
Mes yeux clos sous la paupière.

Là je dormais en mon lit,
Lorsque j'entr'ouïs le bruit
D'un qui frappait à ma porte,
Et heurtait de telle sorte
Que mon dormir s'en alla :
Je demandai : Qu'est-ce là
Qui fait à mon huis (2) sa plainte ?
Je suis enfant, n'aye crainte,
Ce me dit-il, et adonc (3)
Je lui desserre le gond,  
De ma porte verrouillée.

J'ai la chemise mouillée
Qui me trempe jusqu'aux os,
Ce disait ; dessus le dos
Toute nuit j'ai eu la pluie :
Et pour ce je te supplie
De me conduire à ton feu
Pour m'aller sécher un peu.

Lors je pris sa main humide,
Et plein de pitié le guide
En ma chambre et le fis seoir
Au feu qui restait du soir :
Puis, allumant des chandelles,
Je vis qu'il portait des ailes,
Dans la main un arc turquois,
Et sous l'aisselle un carquois.
Adonc en mon cœur je pense
Qu'il avait quelque puissance.
Et qu'il fallait m'apprêter
Pour le faire banqueter.

Cependant il me regarde
D'un œil, de l'autre il prend garde
Si son arc était séché ;
Puis, me voyant empêché
A lui faire bonne chère,
Me tire une flèche amère
Droit en l'œil : le coup de là
Plus bas au cœur dévala :
Et m'y fit telle ouverture,
Qu'herbe, drogue ni murmure (4)
N'y serviraient plus de rien.

Voilà, Robertet, le bien,
(Mon Robertet qui embrasse  
Les neuf Muses et les Grâces)
Le bien qui m'est advenu
Pour loger un inconnu.


1. Retraire signifie abriter.
2. Huis est une porte.
3. Adonc veut dire alors.
4. Murmure ainsi indique prière.
Mon cher enfant que j'ai vu dans ma vie errante,
Mon cher enfant, que, mon Dieu, tu me recueillis,
Moi-même pauvre ainsi que toi, purs comme lys,
Mon cher enfant que j'ai vu dans ma vie errante !

Et beau comme notre âme pure et transparente,
Mon cher enfant, grande vertu de moi, la rente,
De mon effort de charité, nous, fleurs de lys !
On te dit mort... Mort ou vivant, sois ma mémoire !

Et qu'on ne hurle donc plus que c'est de la gloire
Que je m'occupe, fou qu'il fallut et qu'il faut...
Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres,

Quoi qu'en aient dit et dit tels imbéciles noirs
Compagnon qui ressuscitas les saints espoirs,
Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres !
« Mais que je suis donc heureux d'être né en Chine ! Je possède une maison pour m'abriter,
j'ai de quoi manger et boire, j'ai toutes les commodités de l'existence, j'ai des habits, des
bonnets et une multitude d'agréments ; en vérité, la félicité la plus grande est mon partage ! »
THIEN-CI-KHI, LETTRÉ CHINOIS.


Il est certains bourgeois, prêtres du dieu Boutique,
Plus voisins de Chrysès que de Caton d'Utique,
Mettant par-dessus tout la rente et le coupon,
Qui, voguant à la Bourse et tenant un harpon,
Honnêtes gens d'ailleurs, mais de la grosse espèce,
Acceptent Phalaris par amour pour leur caisse,
Et le taureau d'airain à cause du veau d'or.
Ils ont voté. Demain ils voteront encor.
Si quelque libre écrit entre leurs mains s'égare,
Les pieds sur les chenets et fumant son cigare,
Chacun de ces votants tout bas raisonne ainsi :
Ce livre est fort choquant. De quel droit celui-ci
Est-il généreux, ferme et fier, quand je suis lâche ?
En attaquant monsieur Bonaparte, on me fâche.
Je pense comme lui que c'est un gueux ; pourquoi
Le dit-il ? Soit, d'accord, Bonaparte est sans foi
Ni loi ; c'est un parjure, un brigand, un faussaire,
C'est vrai ; sa politique est armée en corsaire
Il a banni jusqu'à des juges suppléants ;
Il a coupé leur bourse aux princes d'Orléans
C'est le pire gredin qui soit sur cette terre ;
Mais puisque j'ai voté pour lui, l'on doit se taire.
Ecrire contre lui, c'est me blâmer au fond ;
C'est me dire : voilà comment les braves font
Et c'est une façon, à nous qui restons neutres,
De nous faire sentir que nous sommes des pleutres.
J'en conviens, nous avons une corde au poignet.
Que voulez-vous ? la Bourse allait mal ; on craignait
La république rouge, et même un peu la rose
Il fallait bien finir par faire quelque chose
On trouve ce coquin, on le fait empereur ;
C'est tout simple. On voulait éviter la terreur,
Le spectre de monsieur Romieu, la jacquerie
On s'est réfugié dans cette escroquerie.
Or, quand on dit du mal de ce gouvernement,
Je me sens chatouillé désagréablement.
Qu'on fouaille avec raison cet homme, c'est possible
Mais c'est m'insinuer à moi, bourgeois paisible
Qui fis ce scélérat empereur ou consul,
Que j'ai dit oui par peur et vivat par calcul.
Je trouve impertinent, parbleu, qu'on me le dise.
M'étant enseveli dans cette couardise,
Il me déplaît qu'on soit intrépide aujourd'hui,
Et je tiens pour affront le courage d'autrui. »

Penseurs, quand vous marquez au front l'homme punique
Qui de la loi sanglante arracha la tunique,
Quand vous vengez le peuple à la gorge saisi,
Le serment et le droit, vous êtes, songez-y,
Entre Sbogar qui règne et Géronte qui vote ;
Et votre plume ardente, anarchique, indévote,
Démagogique, impie, attente d'un côté
À ce crime ; de l'autre, à cette lâcheté.

Jersey, novembre 1852.
De vous gronder je n'ai plus le courage,
Enfants ! ma voix s'enferme trop souvent.
Vous grandissez, impatients d'orage ;
Votre aile s'ouvre, émue au moindre vent.
Affermissez votre raison qui chante ;
Veillez sur vous comme a fait mon amour ;
On peut gronder sans être bien méchante :
Embrassez-moi, grondez à votre tour.

Vous n'êtes plus la sauvage couvée,
Assaillant l'air d'un tumulte innocent ;
Tribu sans art, au désert préservée,
Bornant vos voeux à mon zèle incessant :
L'esprit vous gagne, ô ma rêveuse école,
Quand il fermente, il étourdit l'amour.
Vous adorez le droit de la parole :
Anges, parlez, grondez à votre tour.

Je vous fis trois pour former une digue
Contre les flots qui vont vous assaillir :
L'un vigilant, l'un rêveur, l'un prodigue,
Croissez unis pour ne jamais faillir,
Mes trois échos ! l'un à l'autre, à l'oreille,
Redites-vous les cris de mon amour ;
Si l'un s'endort, que l'autre le réveille ;
Embrassez-le, grondez à votre tour !

Je demandais trop à vos jeunes âmes ;
Tant de soleil éblouit le printemps !
Les fleurs, les fruits, l'ombre mêlée aux flammes,
La raison mûre et les joyeux instants,
Je voulais tout, impatiente mère,
Le ciel en bas, rêve de tout amour ;
Et tout amour couve une larme amère :
Punissez-moi, grondez à votre tour.

Toi, sur qui Dieu jeta le droit d'aînesse,
Dis aux petits que les étés sont courts ;
Sous le manteau flottant de la jeunesse,
D'une lisière enferme le secours !
Parlez de moi, surtout dans la souffrance ;
Où que je sois, évoquez mon amour :
Je reviendrai vous parler d'espérance ;
Mais gronder... non : grondez à votre tour !
Un scrupule qui m'a l'air sot comme un péché

Argumente.


Dieu vit au sein d'un cœur caché,

Non d'un esprit épars, en milliers de pages,

En millions de mots hardis comme des pages,

A tous les vents du ciel ou plutôt de l'enfer,

Et d'un scandale tel, précisément tout fier.

Il faut, pour plaire à Dieu, pour apaiser sa droite,

Suivre le long sentier, gravir la pente étroite,

Sans un soupir de trop, fût-il mélodieux,

Sans un geste au surplus, même agréable aux yeux,

Laisser à d'autres l'art et la littérature

Et ne vivre que juste à même la nature

Tu pratiquais jadis et naguère ces us

Content de reposer à l'ombre de Jésus

Y pansant de vin, d'huile de lin tes blessures

Et maintenant, ingrat à la Croix, tu t'assures

En la gloire profane et le renom païen,

Comme si iout cela n'était pas trois fois rien,

Comme si tel beau vers, telle phrase sonore,

Chantait mieux qu'un grillon, brillait plus qu'un fulgore

Va, risque ton salut, ton salut racheté

Un temps, par une vie autre, c'est vérité,

Que celle de tes ans primes, enfance molle,

Age pubère fou, jeunesse molle et folle

Risque ton âme, objet de tes soins d'autrefois

Pour quels triomphes vains sur quels banals pavois ?

Malheureux !


Je réponds avec raison, je pense :

Je n'attends, je ne veux pas d'autre récompense

A ce mien grand effort d'écrire de mon mieux

Que l'amitié du jeune et l'estime du vieux

Lettrés qui sont au fond les seules belles âmes,

Car où prendre un public en ces foules infâmes

D'idioterie en haut et folles par en bas ?

Où, - le trouver ou pas, le mériter ou pas,

Le conserver ou pas ! - l'assentiment d'un être

Simple, naïf et bon, sans même le connaître

Que par ce seul lien comme immatériel,

C'est tout mon attentat au seul devoir réel,

Essentiel gagner le ciel par les mérites,

Et je doute, Jésus pieux, que tu t'irrites

Pour quelque doux rimeur chantant ta gloire ou bien

Étalant ses péchés au pilori chrétien ;

Tu ne suscites pas l'aspic et la couleuvre

Contre un poème ou contre un poète. Ton œuvre,

Consolant les ennuis de ce morne séjour

Par un concert de foi, d'espérance et d'amour ;

Puis ne me fis-tu pas, avec le don de vivre,

Le don aussi, sans quoi je meurs ! de faire un livre,

Une œuvre où s'attestât toute ma quantité,

Toute, bien mal, la force et l'orgueil révolta

Des sens et leur colère encore qui sont la même

Luxure au fond et bien la faiblesse suprême,

Et la mysticité, l'amour d'aller au ciel

Par le seul graduel du juste graduel,

Douceur et charité, seule toute-puissance.

Tu m'as donné ce don, et par reconnaissance

J'en use librement, qu'on me blâme, tant pis.

Quant à quêter les voix, quant à tâter les pis

De dame Renommée, à ses heures marâtre,

Fi !


Mais, pour en finir, leur foyer ou son âtre

Souffrent-ils de mon cas ? Quelle poutre en votre œil,

Quelle paille en votre œil de ce fait ? De quel deuil,

De quel scandale, vers ou proses, sont-ils cause

Dont cela vaille un peu la peine qu'on en cause ?
[FR]
Il m’arrive de m’interroger
Sur qui cacha sous les marées de tes yeux
Quand nous tombâmes dans une poche de temps
En pratiquant l’intimité qui nous gardâmes un moment
/
Quand nous parlâmes avec politesse
Est-ce qu'ils me regardèrent depuis un endroit n’importe ou
Ou c’est possible que ton sourire à fossettes
Deux pouces de la mienne - pressas en silence pour plus
/
Tu sais, c'est drôle comme je te vis et je gardai mes distances
Me disant que tu sois occupé, et il ne fut que rien,
Ensuite, vous avez glissé dans la nuit
Et je ne t'ai pas vu depuis
/
Puis, en regardant la pluie à travers le verre,
Je te souvins, et je fis un voeu que nous
Nous retrouvions ensemble sur un coup de tête
et nous nous mettions en place comme si de rien n'était
/
Mais si c'est fini
Il me donne de la joie comment nous passâmes notre temps
Parce qu'il était incroyable
Pour être si proche de toi

[EN]
Sometimes I wonder
What was behind your pools of eyes
When we two fell into a pocket of time
And practiced mutual closeness for a while—
/
When we made polite conversation
Did they look into me from a place so far
Or did your dimpled smile—
Two inches from mine— press silently for more
/
You know, it’s funny how I saw you and I stayed away—
Telling myself you were busy, and it was nothing,
Then you slipped into the evening
And I haven’t seen you since—
/
Then, watching rain through glass,
I remembered, and I wished upon the stars
That we’d find ourselves together on a whim
and we’d fall back into time like it was nothing
/
But if that’s ended
I’m happy how our time was spent
Because, my god, it really was amazing
To be that close to you
(FR/EN)
Vous mîtes votre bras adroit,
Un soir d'été, sur mon bras... gauche.
J'aimerai toujours cet endroit,
Un café de la Rive-Gauche ;

Au bord de la Seine, à Paris :
Un homme y chante la Romance
Comme au temps... des lansquenets gris ;
Vous aviez emmené Clémence.

Vous portiez un chapeau très frais
Sous des nœuds vaguement orange,
Une robe à fleurs... sans apprêts,
Sans rien d'affecté ni d'étrange ;

Vous aviez un noir mantelet,
Une pèlerine, il me semble,
Vous étiez belle, et... s'il vous plaît,
Comment nous trouvions-nous ensemble ?

J'avais l'air, moi, d'un étranger ;
Je venais de la Palestine
À votre suite me ranger,
Pèlerin de ta Pèlerine.

Je m'en revenais de Sion,
Pour baiser sa frange en dentelle,
Et mettre ma dévotion
Entière à vos pieds d'Immortelle.

Nous causions, je voyais ta voix
Dorer ta lèvre avec sa crasse,
Tes coudes sur la table en bois,
Et ta taille pleine de grâce ;

J'admirais ta petite main
Semblable à quelque serre vague,
Et tes jolis doigts de gamin,
Si chics ! qu'ils se passent de bague ;

J'aimais vos yeux, où sans effroi
Battent les ailes de votre Âme,
Qui font se baisser ceux du roi
Mieux que les siens ceux d'une femme ;

Vos yeux splendidement ouverts
Dans leur majesté coutumière...
Étaient-ils bleus ? Étaient-ils verts ?
Ils m'aveuglaient de ta lumière.

Je cherchais votre soulier fin,
Mais vous rameniez votre robe
Sur ce miracle féminin,
Ton pied, ce Dieu, qui se dérobe !

Tu parlais d'un ton triomphant,
Prenant aux feintes mignardises
De tes lèvres d'amour Enfant
Les cœurs, comme des friandises,

La rue où rit ce cabaret,
Sur laquelle a pu flotter l'Arche,
Sachant que l'Ange y descendrait,
Porte le nom d'un patriarche.

Charmant cabaret de l'Amour !
Je veux un jour y peindre à fresque
Le Verre auquel je fis ma cour.
Juin, quatre-vingt-cinq, minuit... presque.
Le vintieme d'Avril couché sur l'herbelette,
Je vy, ce me sembloit, en dormant un chevreuil,
Qui ça, puis là, marchoit où le menoit son vueil,
Foulant les belles fleurs de mainte gambelette.


Une corne et une autre encore nouvellette
Enfloit son petit front, petit, mais plein d'orgueil
Comme un Soleil luisoit par les prets son bel oeil,
Et un carcan pendoit sus sa gorge douillette.


Si tost que je le vy, je voulu courre après,
Et lui qui m'avisa print sa course es forés,
Où se moquant de moi, ne me voulut attendre.


Mais en suivant son trac, je ne m'avisay pas
D'un piege entre les fleurs, qui me lia mes pas,
Et voulant prendre autry moimesme me fis prendre.
Laisse dire la calomnie

Qui ment, dément, nie et renie

Et la médisance bien pire

Qui ne donne que pour reprendre

Et n'emprunte que pour revendre...

Ah ! laisse faire, laisse dire !


Faire et dire lâches et sottes,

Faux gens de bien, feintes mascottes.

Langue d'aspic et de vipère ;

Ils font des gestes hypocrites,

Ils clament, forts de leurs mérites,

Un mal de toi qui m'exaspère,


Moi qui t'estime et te vénère

Au-dessus de tout sur la terre,

T'estime et vénère, ma belle,

De l'amour fou que je le voue,

Toi, bonne et sans par trop de moue,

M'admettant au lit, ma fidèle !


Mais toi, méprise ces menées,

Plus haute que tes destinées,

Grand cœur, glorieuse martyre,

Plane au-dessus de tes rancunes

Contre ces d'aucuns et d'aucunes ;

Bah! laisse faire et laisse dire !


Bah! fais ce que tu veux, ma belle

Et bonne, - fidèle, infidèle, -

Comme tu fis toute ta vie,

Mais toujours, partout, belle et bonne,

Et ne craignant rien de personne,

Quoi qu'en aient la haine et l'envie.


Et puis tu m'as, si tu m'accordes

Un peu de ces miséricordes

Qui siéient envers un birbe honnête.

Tu m'as, chère, pour te défendre,

Te plaire, si tu veux m'entendre

Et voir, encore que laid et bête.
Scorch'd Diana Aug 2021
Focusing-Upon Something is
to be focusing on a thing or upon such a thing,
while any sort or kind of focus loss and the such, as in
the process of losing a focused state or condition of cognitive accuracy, is said to be plainly
unfocused, or otherwise
unfocusing or having unfocused said thing
or, it might also be said to have lost
a focus, maybe together with
on or upon followed by it, such so often is the said thing.

By being focused on focusing bound with either an
on or an upon something, however,
means the meaning of staying focused
exactly that is, though not to forget that
if not instead, metacognitive thinking
is the actual context instead,
changing the actual meaning of
the entire situation again
of the poor forgotten thing we've said
and only if
and that's what a focus
is actually meant for

either lense up or lents down
get your hold over your hands
and your hinchy head again.
Force France Frenzy frown
Fans Fins Thumbs
Forethrown thin tin can
Firecat Cutfella Focus Fez Fossils Fuzzy Fis
Cussings Things Locus Lotus Focal Fatal Local Far-Right Referential Frugal I Find easy to bethieve a faith
Faucault is his name incorrectily misremembered and improperly written by me, or is it?
Let uns feel, steal
nothing like F words anymore
let's concentrate on rehearsive appeal.

It's sounding somelike akin to gobbledygook, Corporate Cantonese Chinese chit-chatter,
Jackie Chan in a checkish kung-fu family film featuring
this fanservice just so it lands
tonguey expressiveness lisp of his it is,
as it is presented to his audience.

And the focus within, - also with an on or upon, of course - to observe
the Great or Single, fair to feit letterwise
Wrong and Right as well, pro or contra
it's numerous consequences
are hidden even deeper within
and nothing, never ever having any
one of these stuffs,
but cognitive resources
well shockshit, too insufficient, just not a single unretarded card landing up at hand
to think through chaos
yet certain cold anxiety noises
easier than reason to listen to
but for colorful light shimmer engorgery
brain is not enough brain?
great
to enjoy
inavailable
the world
in raw unorder
That is not right.

It is wrong.

In the end, what is so significant then
what's the point to poker a *** which
pays you no vendor and
burns more like real **** than hashish
and card metaphors turned to ******
it boils down to the question I beg
analyzing an art
is not really wrong,
I admit, it is hard
and more often than not
impossible.

Elaborations, unneccessary creations
word generations, delusional the most
my meta rule engines
the dull flesh my laziness bears.

When is it whole paragraphs too long
where was awareness gone
what sounds wise
who am I,

and are you
fellow gendered stranger in front of that curious letter user
are you more important than me
you so called
Missesy Lady Madam Bibabuttens who is, from, her, their and your Majesty of Royally?

Abnormally nobel and novel
a genie of next stationing away
from obsession
to forthflowing content!

Really, content, stay to it
avoid going nuts
from overreacting about
the wrong thing
this is your rail.

Just imagine, against the facts
clearly not at hand
Assume:
your curse protects
from, say
Adverse effects
perverted defects
murdering insects

religiously the fallacy acts
the Pope's racial pedigree
bibles brible library liar blessphemy
chapter apes shape the chapel
pslam verses Christian
Territorial hissings
clashings and death wishings
Let me be please preach
Guess that's a way.

So, what is this tiny little tale's lesson here learnt?

Ech, who am I asking there anyway
as if I and my own, wonderful echelon besides me,
entirely made out of all of my positive traits
were out on a hustle for some hustling
or is that me?
Part genie,
art genie
a gentle data editor sprite

or taken off masks
a human being resolving a spite
the cure through hard drive overrides.

What might my friends be thinking now,
without knowing how much I think about them now and simply hope to appeal to them, not to disappoint them, precisely because I trust them as deeply as they trust me too
why must love always hurt so much
and nevertheless, no one is ever to look away from the pain of others
those close to you and about your pain of aware sight, who simply stand around just like you?

Who is taking the reins when
and who is taking amiss when about whom
who decides when is what to be done how and where
who is telling us where we come from and why we do whatever we do?


Is that love. Is this love? This is love? That's love. Friends are the loveliest. They are simply the lovely ones lovely. ***** *** for a second or two, one does **** one another the best way mentally anyway before chilling out on
those ours well-equipoised equivalents
of the cigarette after.
Oh, friendship, wicked substance
but who is the alchemist
and who the philosopher
or the physicist? Or our medical prodigy today? I prefer one role about all the brains, perhaps, white coffee for me.

The Focus and the Ego
who I am, as a sum out of all of you, or you, sum of them and us,

It is defined through the current condition of that approximately relevant situation
since whatever it is directed on or upon
so much a mathematical function alike
and spits out essentials in numbers and clock gear cogs and odds
so that the thankful you, for these volitional line breaks over everywhere, are left gobsmacked
your turn to jaw my drop even downer,

and eventually everything
that you want
that you are, that you eat,
that you're willing to be and to become
is yielded by what you're seeing
and others are seeing about you thatever you've seen
and nothing else but the comparison, this one special process, operation
between letters and thinked thoughts

as final
component to the last trick
for the quiry to insights which still might be left lacking,
and a huge fun it's going to be
to untangzzigle, iron and refubrish
after the after the Lysergical
what pity, has to leave again soon
but still is quite a while around here and there until then

let's enjoy the symmetry of that duck over there!
Et je t'attends en ce café,

Comme je le fis en tant d'autres.

Comme je le ferais, en outre.

Pour tout le bien que tu me fais.


Tu sais, parbleu ! que cela m'est

Égal aussi bien que possible :

Car mon cœur il n'est telles cibles...

Témoin les belles que j'aimais...


Et ce ne m'est plus un lapin

Que tu me poses, salle rosse,

C'est un civet que tu opposes

Vers midi à mes goûts sans freins.
C'est toi, dénaturée ! Oui, te voilà, c'est toi
Qui fis taire ton cœur pour écouter ta foi,
Qui, pour gagner ton ciel de larve et de chouette,
Foulas ton âme aux pieds, mère sourde-muette,
Et qui, lorsque ton fils se couchait en travers
De ta porte, pleurant et les deux bras ouverts,
Marchas sur ton enfant pour entrer dans le cloître.

Quand l'amour décroissait, tu crus sentir Dieu croître ;
Ah ! Folle ! Et te voilà, face d'austérité !
Va, la sainteté froide est fausse sainteté.
Croire qu'on plaît au Dieu de lumière et de gloire
Parce que d'âme blanche on se fait âme noire,
Parce qu'on a d'abord soufflé sur son flambeau,
Parce qu'on vient à lui, n'étant plus qu'un tombeau
Où ceux qui vous aimaient d'avance ont dû descendre,
Et qu'on en est le marbre et qu'ils en sont la cendre !
Ô morne vision ! Mauvais songe que font
Ceux qui désertent Dieu dans le couvent profond !
Dieu, c'est la raison ; Dieu, c'est l'amour ; Dieu, c'est l'être ;
C'est le devoir de vivre après le droit de naître ;
C'est l'immense clarté sur l'immense combat.
Il a voulu que l'homme aimât, conquît, tombât,
Et ne fût pas fantôme et deuil. Le froc de bure
Ne donne point à l'homme une bonne courbure ;
Devenir ombre, c'est obscurcir le saint lieu ;
En s'approchant du spectre, on s'éloigne de Dieu.

Pas de cloître ; la vie. Un voile couvre un rêve.
Le mérite n'est pas, quand vers Dieu l'on s'élève,
De rejeter, ainsi qu'un vêtement quitté,
Ses parents, sa patrie et son humanité ;
De s'enfuir de son cœur ainsi que d'une fange ;
De dire : - Arrachez-moi, Christ, pour que je sois ange,
Mon père, ce lambeau, ma mère, ce haillon ! -
De mettre à la nature effarée un bâillon ;
De crier : - Mes enfants où tout mon sang se mêle,
Mon fils dans son berceau, ma fille à la mamelle,
Tout cela, c'est la nuit, car Dieu seul est le jour. -
De raturer en soi la famille et l'amour
Comme des contre-sens qui vous cachent le texte ;
Et de perdre la forme humaine, sous prétexte
Qu'on monte et qu'on s'en va dans le firmament bleu.
Faisons, tout en fixant notre regard sur Dieu,
Tous nos devoirs de fils ou de frère ou de père.
Soyons l'être penchant, même quand il espère.
Par l'esprit vers le bien, par la chair vers le mal ;
Sans quitter le réel, conquérons l'idéal ;
Restons homme, en montant vers le sépulcre austère.
Il faut aller au ciel en marchant sur la terre.

Le 9 mars 1855.
Dans un missel datant du roi François premier,
Dont la rouille des ans a jauni le papier
Et dont les doigts dévots ont usé l'armoirie,
Livre mignon, vêtu d'argent sur parchemin,
L'un de ces fins travaux d'ancienne orfèvrerie
Où se sentent l'audace et la peur de la main,
J'ai trouvé cette fleur flétrie.

On voit qu'elle est très vieille au vélin traversé
Par sa profonde empreinte où la sève a percé.
Il se pourrait qu'elle eût trois cents ans ; mais n'importe,
Elle n'a rien perdu qu'un peu de vermillon,
Fard qu'elle eût vu tomber même avant d'être morte,
Qui ne brille qu'un jour, et que le papillon,
En passant, d'un coup d'aile emporte ;

Elle n'a pas perdu de son cœur un pistil,
Ni du frêle tissu de sa corolle un fil ;
La page ondule encore où sécha la rosée
De son dernier matin, mêlée à d'autres pleurs ;
La mort en la cueillant l'a seulement baisée,
Et, soigneuse, n'a fait qu'éteindre ses couleurs,
Mais ne l'a pas décomposée.

Une mélancolique et subtile senteur,
Pareille au souvenir qui monte avec lenteur,
L'arome du secret dans les cassettes closes,
Révèle l'âge ancien de ce mystique herbier ;
Il semble que les jours se parfument des choses,
Et qu'un passé d'amour ait l'odeur d'un sentier
Où le vent balaya des roses.

Et peut-être, dans l'air sombre et léger du soir,
Un cœur, comme une flamme, autour du vieux fermoir,
S'efforce, en palpitant, de se frayer passage ;
Et chaque soir peut-être il attend l'angelus,
Dans l'espoir qu'une main viendra tourner la page
Et qu'il pourra savoir si rien ne reste plus
De la fleur qui fut son hommage.

Eh bien ! Rassure-toi, chevalier qui partais
Pour combattre à Pavie et ne revins jamais ;
Ou page qui, tout bas, aimant comme on adore,
Fis un aveu d'amour d'un Ave Maria :
Cette fleur qui mourut sous des yeux que j'ignore,
Depuis les trois cents ans qu'elle repose là,
Où tu l'as mise elle est encore.
Mateuš Conrad Mar 2018
i can't believe it, I own the ****** album,
but did I have to really watch miami vice
(2006) to catch the subtle drift,
like a ghost whispering to a rose
come autumn seeing its petals gentle
fall with the song shape of things
to come
: minus the chorus
    verse on a loop...
                            but there's a first,
like now, drinking kosher *****...
cymes... tss wet snare that C...
cymes? deformed hebrew,
a more subtle variant?
      Yiddish. .. slap bang down the middle
of the European archipelago...
cocoon of Ishmael...
          who would have thought,
kosher *****,
      then again, even the ol'
Haifa curly-wurly rasta with pearl
sheen instead of cobweb dry fudge
of remnant afro, gets to drink with me
on Purim...
    otherwise more lend-words from
ni'm'ecki schloß...
           came the jew baptised as a ***...
ah looky looky... a yew trí...
   because how would you apply
or venture into diacritical markings
to indicate a trill on, zee Ar?
                     schla(')ya(h)...
   or that which lurks in mud
    and bog waters, moving in stealth,
   or to say the least: turns
   a golem to abide with
said summons, in a rebellious
   sloth...

sha shtil, makh nit keyn gerider
der rebe geyt shoyn tantsn vider
sha shtil, makh nit keyn gevald
der rebe geyt shoyn tantsn bald

un az der rebe tantst
tantsn dokh di vent
lomir ale plyasken mit di hent

un az der rebe tantst
tantst dokh mit der tish
lomir ale tupn mit di fis


cymes, or t'zymmes...
spotless, spotless clean,
no dalmatian nor a zebra
to upset the sheen...
    so as ***** nears
it's freezing point, which is below
water, since its boiling
point is also below water,
it turns into a smooth,
anti-sickly-sweet consistency
akin to gomme syrop.
C'était une fleur banale sans doute
Minuscule presque infinitésimale
Pourtant bien que je sois myope et astigmate
Je l'avais à travers mes lunettes de soleil repérée.
C'était une fleur de celles qu'on dit sauvage ou des champs
Et pourtant elle poussait tout juste en face de la gare de Biarritz
Près de l'arrêt du bus 10, quartier de la Négresse.
Ce n'était rien qu'un minuscule bouton rouge
Elle était entourée de fleurs bleues
Et jaunes
Et comme j'ignorais le nom d'elles toutes
J'interrogeai l'oeil de mon portable
Pour qu'il me souffle à l'oreille le nom de la belle.
Mais cet oeil n'avait d'yeux que pour les fleurs bleues et jaunes
S'extasiant que les premières possédaient toutes 4 pétales
Dont une blanche.
Et que les jaunes n'étaient à coup sûr pas des anémones.
Mais il ne me souffla mot de ma vagabonde.
Ainsi baptisai-je les bleues myosotis sans trop savoir.
Et les jaunes boutons d'or
Tout en sachant fort bien que ce n'en était pas.
Et du coup ma jolie fleur rouge sauvage minuscule toute gringalette
J'en fis une elfe des myosotis.

Je ne sais pas regarder une elfe des myosotis sans la cueillir.

Je n'ai su regarder mon brin de sauvageonne
Sans vouloir me l'offrir
Et je l'ai cueillie comme pour la desceller de son trône en la suppliant de m'épeler son nom.
Il n'y avait même pas d'effeuillage à faire
Juste quelques gouttes rouges de rosée versée
Avant que la friponne ne m'avoue son prénom:
Chabine !
Tu m'as, ces pâles jours d'automne blanc, fait mal

À cause de tes yeux où fleurit l'animal,

Et tu me rongerais, en princesse Souris,

Du bout fin de la quenotte de ton souris,

Fille auguste qui fis flamboyer ma douleur

Avec l'huile rancie encor de ton vieux pleur !


Oui, folle, je mourrais de ton regard damné.

Mais va (veux-tu ?) l'étang là dort insoupçonné

Dont du lys, nef qu'il eût fallu qu'on acclamât,

L'eau morte a bu le vent qui coule du grand mât.

T'y jeter, palme ! et d'avance mon repentir

Parle si bas qu'il faut être sourd pour l'ouïr.
Sonnet.

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu'une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts ! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !...

- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ;
Qui dans le bercement des hosannah s'endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

— The End —