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Lune ! Blanche figure assise à l'horizon,
Que viens-tu regarder au fond de ma maison ? ...
Dans nos chambres, vois-tu ! La fiévreuse insomnie
Sur beaucoup d'oreillers se penche en ennemie ;
Elle entre, et bien des yeux qui paraissent fermés
Sont par des pleurs sans bruit ouverts et consumés.

Oh ! Si tu n'étais, toi, qu'un beau front de madone,
Saintement inondé de l'amour qui pardonne !
Oh ! Si Dieu le voulait que tes tendres clartés
Soient des pardons promis aux pauvres visités !
N'as-tu pas pour cortège un flot de jeunes âmes
Mêlant à tes lueurs leurs vacillantes flammes ?

Dis donc à ces enfants envolés **** de nous
De venir embrasser leurs mères à genoux,
Lune ! Il en est plus d'un qui doit me reconnaître
S'il me regarde ainsi penchée à ma fenêtre,
Qui m'apparut à moi, beau, sans ailes encor,
Et qui m'a brisé l'âme en reprenant l'essor.

Nous avons mis leurs noms sous des touffes de roses.
De tes pâles fraîcheurs, ô toi qui les arroses,
Qui plus forte que nous visites leur sommeil,
Lune, merci ! Je t'aime autant que le soleil !
Merci ! Toi qui descends des divines montagnes
Pour éclairer nos morts épars dans les campagnes.

Dans leur étroit jardin tu viens les regarder,
Et contre l'oubli froid tu sembles les garder.
Je me souviens aussi, devant ton front qui brille,
Douce lampe des morts qui luis sur ma famille !
Au bout de tes rayons promenés sur nos fleurs,
Comme un encens amer prends un peu de mes pleurs :

Nul soleil n'a séché ce sanglot de mon âme,
Et tu peux le mêlant à ton humide flamme,
L'épancher sur le coeur de mon père endormi,
Lui, qui fut mon premier et mon plus tendre ami !
Quel charme de penser, en te voyant si pure
Et cheminant sans bruit à travers la nature,
Que chaque doux sépulcre où je ne peux errer,
En m'éclairant aussi tu vas les éclairer !

À ma bouche confuse enlève une parole
Pour la sanctifier dans ta chaste auréole ;
Et de ta haute église, alors, fais-la tomber
****, par delà les mers, où j'ai vu se courber
Ma tige maternelle enlacée à ma vie,
Puis, mourir sur le sable où je l'avais suivie.

Son sommeil tourmenté par les flots et le vent
Ne tressaille jamais au pas de son enfant.
Jamais je n'ai plié mes genoux sur ma mère ;
Ce doux poids balancé dans une vague amère,
Lune ! Il m'est refusé de l'embrasser encor :
Porte-lui donc mon âme avec ton baiser d'or !
M Apr 2020
je souhaite que tes baisers
ne légitimait pas mon peau,
car tu me visites comme touriste
et vivrai dans mon corps
pour toujours et toujours froide.
je suis une nudiste - pas par choix
mais par l'anxiété
de quoi porter 👗
Sonnet.


Si peu d'œuvres pour tant de fatigue et d'ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l'heure utile a fui...

« Demain ! J'irai demain voir ce pauvre chez lui,
Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
Demain je serai juste et fort... pas aujourd'hui. »

Aujourd'hui, que de soins, de pas et de visites !
Oh ! L'implacable essaim des devoirs parasites
Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

Ainsi chôment le cœur, la pensée et le livre,
Et, pendant qu'on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l'ombre attend la volonté.

— The End —