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Paul d'Aubin Mar 2016
Littérature et Politique

(Prose poétique en  souvenir de la lecture de Carlo Levi docteur, peintre, militant antifasciste  et écrivain)

Je ne pourrais assez remercier mon père, André (Candria en Corse),  qui pour me permettre un jour de comprendre la langue Corse qu'il n'avait pas eu le temps de m'apprendre car il enseignait déjà l'anglais,  me fit choisir l'Italien, en seconde langue au Lycée Raymond Naves.
Cette classe d'Italien cristallise les meilleurs souvenirs que j'ai eus de ce Lycée qui n'était pas d'élite,  au sens  social de ce terme menteur mais bien plus important, jouait alors,  ce  rôle de creuset social dont nous semblons avoir quelque peu  perdu le secret. J’eus la grande chance d’y connaître  mon meilleur ami, Roland P.., qui aujourd’hui, hélas, n’est hélas plus  mais dont l’Esprit demeure et qui  fut  l'ami si compatissant et fraternel  de mon adolescence tourmentée,  quelque peu Rimbaldienne.  Mes Professeures d'Italien étaient toutes des passionnées et si nous ne nous mîmes pas suffisamment, par paresse, à la grammaire; elles réussirent, tout de même,  à nous  ouvrir grand la porte de cette langue somptueuse,  l’Italien,  si variée et l’amour  de la civilisation Italienne qui a tant irrigué l'art et le bonheur de vivre. Parmi les romans que ces professeures de ce Lycée Laïque  et quelque peu «contestataire» (encore un terme qui s’est évaporé sous la gangue de l’aigreur et de la passion funeste d’une nouvelle intolérance pseudo-jacobine et pseudo « nationaliste »  )  nous firent connaître, il y a  dans ma mémoire et au plus haut de mon panthéon personnel, «Le Christ s’est arrêté à Eboli» écrit par le docteur de Médecine,   devenu rapidement, peintre et militant antifasciste de «Giustizia e Libertà», l’ écrivain Carlo Levi. Son  chef d'œuvre incontesté : «Christo si é fermato a Eboli» («Le Christ s’est pas arrêté à Eboli.») a fait le tour du Monde.

Envoyé  en relégation par  le «Tribunal pour la sûreté de l’Etat» créé par les fascisme (dans ce que l’on nommait le  «confino», dans le petit village d’Aliano en Basilicate,  pour le punir de ses mauvaises pensées et  de ses quelques minuscules actions politiques menée sous la chape de plomb totalitaire en ce  lieu, si perdu que même le Christ, lui-même,  semble-t-il, avait oublié, tout au moins métaphoriquement de s’y arrêter, Carlo Levi, au travers d’un roman presque naturaliste fait un véritable reportage ethnologique sur la condition des paysans et journaliers pauvres que l’on nommait alors : «I cafoni», (les culs terreux, les humbles, les oubliés d'hier et  toujours).

Contrairement à trop d'écrivains contemporains qui fuient les questions qui fâchent et surtout la question sociale  ( il est vrai que j’entends dire même par nombre de mes chers amis d’aujourd’hui  qu’il n’y aurait plus d’ouvriers, ce qui est inexact ;  il est  hélas bien exact qu’il n’y a plus guère d’écrivains provenant des milieux ouvriers, paysans et plus largement populaires. ) A l'inverse de notre littérature européenne contemporaine, laquelle s'est très largement abimée dans le nombrilisme ou,  pire,  la rancœur racornie et nihiliste, Carlo Levi,  lui, a réussi à atteindre la profondeur la condition humaine  et la véracité des plus grands peintres de l'Esprit ,  tels les écrivains Russes comme Gogol , Gorki , Tolstoï et Soljenitsyne, dans «le pavillon des cancéreux» ainsi que les écrivains Méditerranéens à la « générosité solaire » comme le crétois Nikos Kazantzakis  (dans la liberté ou la mort), Albert Camus, dans «la Peste» et  Mouloud Feraoun  (dans son  «Journal»).  Bref dans son roman, Carlo Levi va au plus profond de la tragédie intime et collective des êtres et ne masque pas les ébranlements sociaux,  et les Révolutions à venir qui font tant peur à notre époque de «nouveaux rentiers» de la finance et de la pensée  sans jamais verser dans le prêchi-prêcha. Ce sont de tels écrivains, sortis du terreau de leurs Peuples,  le connaissant  et l’aimant profondément,  qui nous manquent tant aujourd’hui. Ces écrivains furent d’irremplaçables témoins de leur époque comme Victor Hugo, avec «Les Misérables» avec ses personnages  littérairement immortels comme  le forçat en rédemption,  Jean Valjean, la touchante Cosette et bien sûr le jeune et éclatant  Gavroche. Ils restent au-delà de toute mode et atteignent l'Universel en s’appropriant la vérité profonde de ce qu’en Occitan,  l’on nomme nos  «Pais» ou la diversité de nos terroirs. Encore un immense merci à mon père et à mes professeures; il faut lire ou relire : «Le Christ s'est arrêté à Eboli». Car si nous regardions un  peu au-delà de notre Europe  tétanisée de peur et barricadée,  il  y a encore bien d'autres Eboli et encore tant de «Cafoni » méprisés, brutalisés et tyrannisés dans le Monde d'aujourd'hui !
Paul Arrighi
solenn fresnay Mar 2012
Je ne sais plus quel jour nous sommes
J'ai peur du temps qui passe, qu'il s'en aille et me laisse, toute seule et toute bleue, la corde au cou, pendue au cerisier, du gravier plein la bouche
Ce n'est pas moi la folle mais bien toi et juste toi
Écoute mon cri
Compare-le à ton silence, à tes mensonges
C’est bon, tellement bon, d’écrire sur ta musique
J’ai peur de perdre la tête
JE VAIS PERDRE LA TETE
Il y a Kerouac, ses mots, tes mots et encore Kerouac
Il y a l’espoir, aussi
L’espoir sur ta musique
J’écris à en perdre la tête
JE VAIS PERDRE LA TETE
Mais cela ne m’appartient plus, tu ne m’appartiens plus et je voudrais tant m’endormir dans tes bras sur mon sofa rouge
M’endormir avec toi, m’endormir dans tes bras et juste, s’il te plaît, que ton prochain appel soit celui qui m’avertira de ta mort.
Personne ne peut comprendre
Qu’il ne comprend rien
Je ne me sens pas très bien ce soir
J’écris, mais je n’ai pas la tête suffisamment hors de mon corps
Je n’attends plus rien
Ne m’attends plus à rien
Je voudrais que ça s’arrête
Çà va s’arrêter
Je ne savais pas
Je n’avais pas compris
Je vais me faire cuire du riz
Je voudrais disparaître maintenant
Fais-moi disparaître
Car tout à jamais t’appartiendra
Y compris mon cadavre dans le fossé.

Ce n'est pas moi la folle mais toi et juste toi
Désolée d'avoir dû te couper la tête.

Maintenant que le trou s'est refermé
Que le vide s'est rempli
Je me tais pour toujours.

Je ne me sens vraiment pas bien
J’écris sans exister, à me tapoter le thymus dans un vide noirâtre et purulent
Mais ça va aller
Bien sûr que ça va aller
Je suis bien plus forte que le néant.

Laisse- moi disparaître.
Adam était fort amoureux.
Maigre comme un clou, les yeux creux ;
Son Ève était donc bien heureuse
D'être sa belle Ève amoureuse,
Mais... fiez-vous donc à demain !
Un soir, en promenant sa main
Sur le moins beau torse du monde,
Ah !... sa surprise fut profonde !
Il manquait une côte... là.
Tiens ! Tiens ! que veut dire cela ?
Se dit Ève, en baissant la tête.
Mais comme Ève n'était pas bête,
Tout d'abord Ève ne fit rien
Que s'en assurer bel et bien.
« Vous, Madame, avec cette mine ?
Qu'avez-vous donc qui vous chagrine ? »
Lui dit Adam, le jour suivant.
« Moi, rien... dit Ève... c'est... le vent. »
Or, le vent donnait sous la plume,
Contrairement à sa coutume.
Un autre eût été dépité,
Mais comme il avait la gaieté
Inaltérable de son âge,
Il s'en fut à son jardinage
Tout comme si de rien n'était.

Cependant, Ève s'em...bêtait
Comme s'ennuie une Princesse.
« Il faut, nom de Dieu ! que ça cesse »,
Se dit Ève, d'un ton tranchant.
« Je veux le voir, oui, sur-le-champ »,
Je dirai : « Sire, il manque à l'homme
Une côte, c'est sûr ; en somme,
En général, ça ne fait rien,
Mais ce général, c'est le mien.
Il faut donc la lui donner vite.
Moi, j'ai mon compte, ça m'évite
De vous importuner ; mais lui,
N'a pas le sien, c'est un ennui.
Ce détail me gâte la fête.
Puisque je suis toute parfaite,
J'ai bien droit au mari parfait.
Il ne peut que dire : en effet »,
Ici la Femme devint... rose,

« Et s'il dit, prenant mal la chose :
« Ton Adam n'est donc plus tout nu !
Que lui-même il n'est pas venu ?
A-t-il sa langue dans sa poche ?
Sur la mèche où le cœur s'accroche,
La casquette à n'en plus finir ?
Est-il en train de devenir...
Soutenu ?... » Que répliquerai-je ?
La Femme ici devint... de neige.

Sitôt qu'Adam fut de retour
Ève passa ses bras autour
Du cou, le plus fort de son monde,
Et, renversant sa tête blonde,
Reçut deux grands baisers joyeux ;
Puis fermant à demi les yeux,
Pâmée au rire de sa bouche,
Elle l'attira vers sa couche,
Où, commençant à s'incliner,
L'on se mit à se lutiner.
Soudain : « Ah ! qu'as-tu là ? » fit Ève.
Adam parut sortir d'un rêve.
« Là... mais, rien... », dit-il. « Justement,
Tu n'as rien, comme c'est charmant !
Tu vois, il te manque une côte.
Après tout, ce n'est pas ta faute,
Tu ne dois pas te tourmenter ;
Mais sur l'heure, il faut tout quitter,
Aller voir le Prince, et lui dire
Ce qu'humblement ton cœur désire ;
Que tu veux ta côte, voilà.
Or, pour lui, qu'est-ce que cela ?
Moins que rien, une bagatelle. »
Et prenant sa voix d'Immortelle :
« Allons ! Monsieur... tout de ce pas. »
Ève changea de ritournelle,
Et lorsqu'Adam était... sur elle,
Elle répétait d'un ton las :
« Pourquoi, dis, que tu m'aimes pas ? »
« Mais puisque ça ne se voit pas »,
Dit Adam. « Ça se sent », dit Ève,
Avec sa voix sifflante et brève.

Adam partit à contrecœur,
Car dans le fond il avait peur
De dire, en cette conjoncture,
À l'Auteur de la créature :
Vous avez fait un pas de clerc
En ratant ma côte, c'est clair.
Sa démarche impliquait un blâme.
Mais il voulait plaire à sa femme.

Ève attendit une heure vingt
Bonnes minutes ; il revint
Souriant, la mine attendrie,
Et, baisant sa bouche fleurie,
L'étreignant de son bras musclé :
« Je ne l'ai pas, pourtant je l'ai.
Je la tiens bien puisque je t'aime,
Sans l'avoir, je l'ai tout de même. »

Ève, sentant que ça manquait
Toujours, pensa qu'il se moquait ;
Mais il lui raconta l'histoire
Qu'il venait d'apprendre, il faut croire,
De l'origine de son corps,
Qu'Ève était sa côte, et qu'alors...
La chose...

« Ah ! c'est donc ça..., dit-elle,
Que le jour, oui, je me rappelle,
Où nous nous sommes rencontrés
Dans les parterres diaprés,
Tu m'as, en tendant tes mains franches,
Dit : « Voici la fleur de mes branches,
Et voilà le fruit de ma chair ! »
« En effet, ma chère ! »

« Ah !... mon cher !
J'avais pris moi cette parole
Au figuré... Mais j'étais folle ! »

« Je t'avais prise au figuré
Moi-même », dit Adam, paré
De sa dignité fraîche éclose
Et qui lui prêtait quelque chose
Comme un ton de maître d'hôtel,
Déjà suffisamment mortel ;
« L'ayant dit un peu comme on tousse.
Vois, quand la vérité nous pousse,
Il faut la dire, malgré soi. »

« Je ne peux pas moi comme toi »,
Fut tout ce que répondit Ève.

La nuit s'en va, le jour se lève,
Adam saisit son arrosoir,
Et : « Ma belle enfant, à ce soir ! »
Sa belle enfant ! pauvre petite !
Elle, jadis sa... favorite,
Était son enfant, à présent.
Quoi ? Ce n'était pas suffisant
Qu'Adam n'eût toujours pas sa côte,
À présent c'était de sa faute !
Elle en avait les bras cassés !
Et ce n'était encore assez.
Il fallait cette côte absente
Qu'elle en parût reconnaissante !

Doux Jésus !
Tout fut bien changé.

Ève prit son air affligé,
Et lorsqu'Adam parmi les branches
Voyait bouder ses... formes blanches
Et que, ne pouvant s'en passer,
Il accourait, pour l'embrasser,
Tout rempli d'une envie affreuse :
« Ah ! que je suis donc malheureuse ! »
Disait Ève, qui s'affalait.

Enfin, un jour qu'Adam parlait
D'une voix trop brusque et trop haute :
« Pourquoi, dis, que t'as pas ta côte ? »

« Voyons ! vous vous... fichez de moi !
Tu le sais bien,... comment, c'est toi,
Toi, ma côte, qui se réclame ! »
« Ça n'empêche pas, dit la Femme,
À ta place, j'insisterais. »

« Si je faisais de nouveaux frais,
Dit Adam, j'aurais trop de honte.
Nous avons chacun notre compte,
Toi comme moi, tu le sais bien,
Et le Prince ne nous doit rien ;
Car nul en terme de boutique
Ne tient mieux son arithmétique. »
Ce raisonnement était fort,
Ève pourtant n'avait pas tort.

Sur ces entrefaites, la femme
S'en vint errer, le vague à l'âme,
Autour de l'arbre défendu.
Le serpent s'y trouvait pendu
Par la queue, il leva la tête.
« Ève, comme vous voilà faite ! »
Dit-il, en la voyant venir.

La pauvre Ève n'y put tenir ;
Elle lui raconta sa peine,
Et même fit voir... une veine.
Le bon Vieux en parut navré.
« Tiens ! Tiens ! dit-il ; c'est pourtant vrai.
Eh ! bien ! moi : j'ai votre remède ;
Et je veux vous venir en aide,
Car je sais où tout ça conduit.
Écoute-moi, prends de ce fruit. »
« Oh ! non ! » dit Ève « Et la défense ? »
« Ton prince est meilleur qu'il ne pense
Et ne peut vous faire mourir.
Prends cette pomme et va l'offrir
À ton mari, pour qu'il en mange,
Et, dit, entr'autres choses, l'Ange,
Parfaits alors, comme des Dieux,
En lui, plus de vide odieux !
Vois quelle épine je vous ôte.
Ce pauvre Adam aura sa côte. »
C'était tout ce qu'Ève voulait.
Le fruit était là qui parlait,
Ève étendît donc sa main blanche
Et le fit passer de la branche
Sous sa nuque, dans son chignon.

Ève trouva son compagnon
Qui dormait étendu sur l'herbe,
Dans une pose peu superbe,
Le front obscurci par l'ennui.

Ève s'assit auprès de lui,
Ève s'empara de la pomme,
Se tourna du côté de l'Homme
Et la plaçant bien sous son nez,
**** de ses regards étonnés :
« Tiens ! regarde ! la belle pêche ! »
- « Pomme », dit-il d'une voix sèche.
« Pêche ! Pêche ! » - « Pomme. » - « Comment ?
Ce fruit d'or, d'un rose charmant,
N'est pas une pomme bien ronde ?
Voyons !... demande à tout le monde ? »
- « Qui, tout le monde ? » Ève sourit :
« J'ai dit tout le monde ? » et reprit,
Lui prenant doucement la tête :
« Eh ! oui, c'est une pomme, bête,
Qui ne comprends pas qu'on voulait
T'attraper... Ah ! fi ! que c'est laid !
Pour me punir, mon petit homme,
Je vais t'en donner, de ma pomme. »
Et l'éclair de son ongle luit,
Qui se perd dans la peau du fruit.

On était au temps des cerises,
Et justement l'effort des brises,
Qui soufflait dans les cerisiers,
En fit tomber une à leurs pieds !

« Malheureuse ! que vas-tu faire ? »
Crie Adam, rouge de colère,
Qui soudain a tout deviné,
Veut se saisir du fruit damné,
Mais l'homme avait trouvé son maître.
« Je serai seule à la commettre »,
Dit Ève en éloignant ses bras,
Si hautaine... qu'il n'osa pas.

Puis très tranquillement, sans fièvres,
Ève met le fruit sur ses lèvres,
Ève le mange avec ses dents.

L'homme baissa ses yeux ardents
Et de ses mains voila sa face.

« Moi, que voulez-vous que j'y fasse ?
Dit Ève ; c'est mon bon plaisir ;
Je n'écoute que mon désir
Et je le contente sur l'heure.
Mieux que vous... qu'a-t-il donc ? il pleure !
En voulez-vous ?
Non, et pourquoi ?
Vous voyez, j'en mange bien, moi.
D'ailleurs, songez qu'après ma faute
Nous ne vivrons plus côte à côte,
On va nous séparer... c'est sûr,
On me l'a dit, par un grand mur.
En voulez-vous ? »
Lui, tout en larmes,
S'enfonçait, songeant à ses charmes,
Dans le royaume de Sa voix.
Enfin, pour la dernière fois
Prenant sa tête qu'Ève couche,
« En veux-tu, dis ? Ouvre ta bouche ! »

Et c'est ainsi qu'Adam mangea
À peu près tout, Ève déjà
N'en ayant pris qu'une bouchée ;
Mais Ève eût été bien fâchée
Du contraire, pour l'avenir.
Il a besoin de devenir
Dieu, bien plus que moi, pensait-Elle.

Quand l'homme nous l'eut baillé belle,
Tu sais ce qui lors arriva ;
Le pauvre Adam se retrouva
Plus bête qu'avant, par sa faute.
Car s'il eût su plaindre sa côte,
Son Ève alors n'eût point péché ;
De plus, s'il se fût attaché
À son Prince, du fond de l'âme,
S'il n'eût point écouté sa femme,
Ton cœur a déjà deviné
Que le Seigneur eût pardonné,
Le motif d'Ève, au fond valable,
N'ayant pas eu pour détestable
Suite la faute du mari.

Lequel plus **** fut bien chéri
Et bien dorloté par « sa chère »,
Mais quand, mécontent de la chère,
Il disait : « Je suis trop bon, moi !
- Sans doute, disait Ève, toi,
T'es-un-bon-bonhomme, sur terre,
Mais... tu n'as pas de caractère ! »
Paul d'Aubin Nov 2015
Madame la camarde,

Ne soyez pas si empressée,
de venir faire vos emplettes
parmi celles et ceux que nous aimons.
La vie est suffisamment courte,
pour que vous ne veniez
en cueillir le fruit avant l’heure.
Madame la camarde,
Personne ne vous a invité,
à trouver place aux noces de la vie.
Vous n’êtes pas parmi nous bienvenue
et diantre,  avons assez soucis,  
pour butiner à nos tâches qui sont parfois nos souffrances
sans vous demander ni hâte ni secours.
Madame la camarde,
Vous êtes vilaine et bien empressée
de cheminer en curieux attelage,
parfois vous avez recours à vos sœurs, dames Vieillesse et Maladie
et parfois même à la Guerre
qui vient ôter nos vies, plus tôt
à ceux qui croient ainsi régler de mauvaises querelles.

Paul Arrighi à  Toulouse.
J'ai naguère habité le meilleur des châteaux

Dans le plus fin pays d'eau vive et de coteaux :

Quatre tours s'élevaient sur le front d'autant d'ailes,

Et j'ai longtemps, longtemps habité l'une d'elles.

Le mur, étant de brique extérieurement,

Luisait rouge au soleil de ce site dormant,

Mais un lait de chaux, clair comme une aube qui pleure,

Tendait légèrement la voûte intérieure.

Ô diane des yeux qui vont parler au cœur,

Ô réveil pour les sens éperdus de langueur,

Gloire des fronts d'aïeuls, orgueil jeune des branches,

Innocence et fierté des choses, couleurs blanches !

Parmi des escaliers en vrille, tout aciers

Et cuivres, luxes brefs encore émaciés,

Cette blancheur bleuâtre et si douce, à m'en croire,

Que relevait un peu la longue plinthe noire,

S'emplissait tout le jour de silence et d'air pur

Pour que la nuit y vînt rêver de pâle azur.

Une chambre bien close, une table, une chaise,

Un lit strict où l'on pût dormir juste à son aise,

Du jour suffisamment et de l'espace assez,

Tel fut mon lot durant les longs mois là passés,

Et je n'ai jamais plaint ni les mois ni l'espace,

Ni le reste, et du point de vue où je me place,

Maintenant que voici le monde de retour,

Ah vraiment, j'ai regret aux deux ans dans la tour !

Car c'était bien la paix réelle et respectable,

Ce lit dur, cette chaise unique et cette table,

La paix où l'on aspire alors qu'on est bien soi,

Cette chambre aux murs blancs, ce rayon sobre et coi,

Qui glissait lentement en teintes apaisées,

Au lieu de ce grand jour diffus de vos croisées.

Car à quoi bon le vain appareil et l'ennui

Du plaisir, à la fin, quand le malheur a lui,

(Et le malheur est bien un trésor qu'on déterre)

Et pourquoi cet effroi de rester solitaire

Qui pique le troupeau des hommes d'à présent,

Comme si leur commerce était bien suffisant ?

Questions ! Donc j'étais heureux avec ma vie,

Reconnaissant de biens que nul, certes, n'envie.

(Ô fraîcheur de sentir qu'on n'a pas de jaloux !

Ô bonté d'être cru plus malheureux que tous !)

Je partageais les jours de cette solitude

Entre ces deux bienfaits, la prière et l'étude,

Que délassait un peu de travail manuel.

Ainsi les Saints ! J'avais aussi ma part de ciel,

Surtout quand, revenant au jour, si proche encore,

Où j'étais ce mauvais sans plus qui s'édulcore

En la luxure lâche aux farces sans pardon,

Je pouvais supputer tout le prix de ce don :

N'être plus là, parmi les choses de la foule,

S'y dépensant, plutôt dupe, pierre qui roule,

Mais de fait un complice à tous ces noirs péchés,

N'être plus là, compter au rang des cœurs cachés,

Des cœurs discrets que Dieu fait siens dans le silence,

Sentir qu'on grandit bon et sage, et qu'on s'élance

Du plus bas au plus haut en essors bien réglés,

Humble, prudent, béni, la croissance des blés !

D'ailleurs nuls soins gênants, nulle démarche à faire.

Deux fois le jour ou trois, un serviteur sévère

Apportait mes repas et repartait muet.

Nul bruit. Rien dans la tour jamais ne remuait

Qu'une horloge au cœur clair qui battait à coups larges.

C'était la liberté (la seule !) sans ses charges,

C'était la dignité dans la sécurité !

Ô lieu presque aussitôt regretté que quitté,

Château, château magique où mon âme s'est faite,

Frais séjour où se vint apaiser la tempête

De ma raison allant à vau-l'eau dans mon sang,

Château, château qui luis tout rouge et dors tout blanc,

Comme un bon fruit de qui le goût est sur mes lèvres

Et désaltère encor l'arrière-soif des fièvres,

Ô sois béni, château d'où me voilà sorti

Prêt à la vie, armé de douceur et nanti

De la Foi, pain et sel et manteau pour la route

Si déserte, si rude et si longue, sans doute,

Par laquelle il faut tendre aux innocents sommets.

Et soit aimé l'Auteur de la Grâce, à jamais !
lovelywildflower Nov 2018
je t'aime tellement et je veux être avec toi pour tonjours.
Je pourrais continuer encore et encore et vous dire ce que je ressens,
mais ce poème serait trop long à lire du début à la fin.
sachez simplement que je vous aime plus que tout et que j'aimerais qu'il y ait suffisamment de mots dans l'univers pour vous un dire plus.

i just felt like writing in french

— The End —