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On lit dans les Annales de la propagation de la Foi :
« Une lettre de Hong-Kong (Chine), en date du 24 juillet
1832, nous annonce que M. Bonnard, missionnaire du
Tong-King, a été décapité pour la foi, le 1er mai dernier. »
Ce nouveau martyr était né dans le diocèse de Lyon et
appartenait à la Société des Missions étrangères. Il était
parti pour le Tong-King en 1849. »

I.

Ô saint prêtre ! grande âme ! oh ! je tombe à genoux !
Jeune, il avait encor de longs jours parmi nous,
Il n'en a pas compté le nombre ;
Il était à cet âge où le bonheur fleurit ;
Il a considéré la croix de Jésus-Christ
Toute rayonnante dans l'ombre.

Il a dit : - « C'est le Dieu de progrès et d'amour.
Jésus, qui voit ton front croit voir le front du jour.
Christ sourit à qui le repousse.
Puisqu'il est mort pour nous, je veux mourir pour lui ;
Dans son tombeau, dont j'ai la pierre pour appui,
Il m'appelle d'une voix douce.

« Sa doctrine est le ciel entr'ouvert ; par la main,
Comme un père l'enfant, il tient le genre humain ;
Par lui nous vivons et nous sommes ;
Au chevet des geôliers dormant dans leurs maisons,
Il dérobe les clefs de toutes les prisons
Et met en liberté les hommes.

« Or il est, **** de nous, une autre humanité
Qui ne le connaît point, et dans l'iniquité
Rampe enchaînée, et souffre et tombe ;
Ils font pour trouver Dieu de ténébreux efforts ;
Ils s'agitent en vain ; ils sont comme des morts
Qui tâtent le mur de leur tombe.

« Sans loi, sans but, sans guide, ils errent ici-bas.
Ils sont méchants, étant ignorants ; ils n'ont pas
Leur part de la grande conquête.
J'irai. Pour les sauver je quitte le saint lieu.
Ô mes frères, je viens vous apporter mon Dieu,
Je viens vous apporter ma tête ! » -

Prêtre, il s'est souvenu, calme en nos jours troublés,
De la parole dite aux apôtres : - Allez,  
Bravez les bûchers et les claies ! -
Et de l'adieu du Christ au suprême moment :
- Ô vivant, aimez-vous ! aimez. En vous aimant,
Frères, vous fermerez mes plaies. -

Il s'est dit qu'il est bon d'éclairer dans leur nuit
Ces peuples égarés **** du progrès qui luit,
Dont l'âme est couverte de voiles ;
Puis il s'en est allé, dans les vents, dans les flots,
Vers les noirs chevalets et les sanglants billots,
Les yeux fixés sur les étoiles.

II.

Ceux vers qui cet apôtre allait, l'ont égorgé.

III.

Oh ! tandis que là-bas, hélas ! chez ces barbares,
S'étale l'échafaud de tes membres chargé,
Que le bourreau, rangeant ses glaives et ses barres,
Frotte au gibet son ongle où ton sang s'est figé ;

Ciel ! tandis que les chiens dans ce sang viennent boire,
Et que la mouche horrible, essaim au vol joyeux,
Comme dans une ruche entre en ta bouche noire
Et bourdonne au soleil dans les trous de tes yeux ;

Tandis qu'échevelée, et sans voix, sans paupières,
Ta tête blême est là sur un infâme pieu,
Livrée aux vils affronts, meurtrie à coups de pierres,
Ici, derrière toi, martyr, on vend ton Dieu !

Ce Dieu qui n'est qu'à toi, martyr, on te le vole !
On le livre à Mandrin, ce Dieu pour qui tu meurs !
Des hommes, comme toi revêtus de l'étole,
Pour être cardinaux, pour être sénateurs,

Des prêtres, pour avoir des palais, des carrosses,
Et des jardins l'été riant sous le ciel bleu,
Pour argenter leur mitre et pour dorer leurs crosses,
Pour boire de bon vin, assis près d'un bon feu,

Au forban dont la main dans le meurtre est trempée,
Au larron chargé d'or qui paye et qui sourit,
Grand Dieu ! retourne-toi vers nous, tête coupée !
Ils vendent Jésus-Christ ! ils vendent Jésus-Christ !

Ils livrent au bandit, pour quelques sacs sordides,
L'évangile, la loi, l'autel épouvanté,
Et la justice aux yeux sévères et candides,
Et l'étoile du coeur humain, la vérité !

Les bons jetés, vivants, au bagne, ou morts, aux fleuves,
L'homme juste proscrit par Cartouche Sylla,
L'innocent égorgé, le deuil sacré des veuves,
Les pleurs de l'orphelin, ils vendent tout cela !

Tout ! la foi, le serment que Dieu tient sous sa garde,
Le saint temple où, mourant, tu dis :Introïbo,
Ils livrent tout ! pudeur, vertu ! - martyr, regarde,
Rouvre tes yeux qu'emplit la lueur du tombeau ; -

Ils vendent l'arche auguste où l'hostie étincelle !
Ils vendent Christ, te dis-je ! et ses membres liés !
Ils vendent la sueur qui sur son front ruisselle,
Et les clous de ses mains, et les clous de ses pieds !

Ils vendent au brigand qui chez lui les attire
Le grand crucifié sur les hommes penché ;
Ils vendent sa parole, ils vendent son martyre,
Et ton martyre à toi par-dessus le marché !

Tant pour les coups de fouet qu'il reçut à la porte !
César ! tant pour l'amen, tant pour l'alléluia !
Tant pour la pierre où vint heurter sa tête morte !
Tant pour le drap rougi que sa barbe essuya !

Ils vendent ses genoux meurtris, sa palme verte,
Sa plaie au flanc, son oeil tout baigné d'infini,
Ses pleurs, son agonie, et sa bouche entrouverte,
Et le cri qu'il poussa : Lamma Sabacthani !

Ils vendent le sépulcre ! ils vendent les ténèbres !
Les séraphins chantant au seuil profond des cieux,
Et la mère debout sous l'arbre aux bras funèbres,
Qui, sentant là son fils, ne levait pas les yeux !

Oui, ces évêques, oui, ces marchands, oui, ces prêtres
A l'histrion du crime, assouvi, couronné,
A ce Néron repu qui rit parmi les traîtres,
Un pied sur Thraséas, un coude sur Phryné,

Au voleur qui tua les lois à coups de crosse,
Au pirate empereur Napoléon dernier,
Ivre deux fois, immonde encor plus que féroce,
Pourceau dans le cloaque et loup dans le charnier,

Ils vendent, ô martyr, le Dieu pensif et pâle
Qui, debout sur la terre et sous le firmament,
Triste et nous souriant dans notre nuit fatale,
Sur le noir Golgotha saigne éternellement !

Du 5 au 8 novembre 1852, à Jersey
Ô petite hirondelle
Qui bats de l'aile,
Et viens contre mon mur,
Comme abri sûr,
Bâtir d'un bec agile
Un nid fragile,
Dis-moi, pour vivre ainsi
Sans nul souci,
Comment fait l'hirondelle
Qui bat de l'aile ?

Moi, sous le même toit, je trouve tour à tour
Trop prompt, trop long, le temps que peut durer un jour.
J'ai l'heure des regrets et l'heure du sourire,
J'ai des rêves divers que je ne puis redire ;
Et, roseau qui se courbe aux caprices du vent,
L'esprit calme ou troublé, je marche en hésitant.
Mais, du chemin je prends moins la fleur que l'épine,
Mon front se lève moins, hélas ! qu'il ne s'incline ;
Mon cœur, pesant la vie à des poids différents,
Souffre plus des hivers qu'il ne rit des printemps.

Ô petite hirondelle
Qui bats de l'aile,
Et viens contre mon mur,
Comme abri sûr,
Bâtir d'un bec agile
Un nid fragile,
Dis-moi, pour vivre ainsi
Sans nul souci,
Comment fait l'hirondelle
Qui bat de l'aile ?

J'évoque du passé le lointain souvenir ;
Aux jours qui ne sont plus je voudrais revenir.
De mes bonheurs enfuis, il me semble au jeune agi
N'avoir pas à loisir savouré le passage,
Car la jeunesse croit qu'elle est un long trésor,
Et, si l'on a reçu, l'on attend plus encor.
L'avenir nous parait l'espérance éternelle,
Promettant, et restant aux promesses fidèle ;
On gaspille des biens que l'on rêve sans fin...
Mais, qu'on voudrait, le soir, revenir au matin !

Ô petite hirondelle
Qui bats de l'aile,
Et viens contre mon mur,
Comme abri sûr,
Bâtir d'un bec agile
Un nid fragile,
Dis-moi, pour vivre ainsi
Sans nul souci,
Comment fait l'hirondelle
Qui bat de l'aile ?

De mes jours les plus doux je crains le lendemain,
Je pose sur mes yeux une tremblante main.
L'avenir est pour nous un mensonge, un mystère ;
N'y jetons pas trop tôt un regard téméraire.
Quand le soleil est pur, sur les épis fauchés
Dormons, et reposons longtemps nos fronts penchés ;
Et ne demandons pas si les moissons futures
Auront des champs féconds, des gerbes aussi mûres.
Bornons notre horizon.... Mais l'esprit insoumis
Repousse et rompt le frein que lui-même avait mis.

Ô petite hirondelle
Qui bats de l'aile,
Et viens contre mon mur,
Comme abri sûr,
Bâtir d'un bec agile
Un nid fragile,
Dis-moi, pour vivre ainsi
Sans nul souci,
Comment fait l'hirondelle
Qui bat de l'aile ?

Souvent de mes amis j'imagine l'oubli :
C'est le soir, au printemps, quand le jour affaibli
Jette l'ombre en mon cœur ainsi que sur la terre ;
Emportant avec lui l'espoir et la lumière ;
Rêveuse, je me dis : « Pourquoi m'aimeraient-ils ?
De nos affections les invisibles fils
Se brisent chaque jour au moindre vent qui passe,
Comme on voit que la brise enlève au **** et casse
Ces fils blancs de la Vierge, errants au sein des cieux ;
Tout amour sur la terre est incertain comme eux ! »

Ô petite hirondelle
Qui bats de l'aile,
Et viens contre mon mur,
Comme abri sûr,
Bâtir d'un bec agile
Un nid fragile,
Dis-moi, pour vivre ainsi
Sans nul souci,
Comment fait l'hirondelle
Qui bat de l'aile ?

C'est que, petit oiseau, tu voles **** de nous ;
L'air qu'on respire au ciel est plus pur et plus doux.
Ce n'est qu'avec regret que ton aile légère,
Lorsque les cieux sont noirs, vient effleurer la terre.
Ah ! que ne pouvons-nous, te suivant dans ton vol,
Oubliant que nos pieds sont attachés au sol,
Élever notre cœur vers la voûte éternelle,
Y chercher le printemps comme fait l'hirondelle,
Détourner nos regards d'un monde malheureux,
Et, vivant ici-bas, donner notre âme aux cieux !

Ô petite hirondelle
Qui bats de l'aile,
Et viens contre mon mur,
Comme abri sûr,
Bâtir d'un bec agile
Un nid fragile,
Dis-moi, pour vivre ainsi
Sans nul souci,
Comment fait l'hirondelle
Qui bat de l'aile ?
Te referent fluctus.
HORACE.

Naguère une même tourmente,
Ami, battait nos deux esquifs ;
Une même vague écumante
Nous jetait aux mêmes récifs ;
Les mêmes haines débordées
Gonflaient sous nos nefs inondées
Leurs flots toujours multipliés,
Et, comme un océan qui roule,
Toutes les têtes de la foule
Hurlaient à la fois sous nos pieds !

Qu'allais-je faire en cet orage,
Moi qui m'échappais du berceau ?
Moi qui vivais d'un peu d'ombrage
Et d'un peu d'air, comme l'oiseau ?
A cette mer qui le repousse
Pourquoi livrer mon nid de mousse
Où le jour n'osait pénétrer ?
Pourquoi donner à la rafale
Ma belle robe nuptiale
Comme une voile à déchirer ?

C'est que, dans mes songes de flamme,
C'est que, dans mes rêves d'enfant,
J'avais toujours présents à l'âme
Ces hommes au front triomphant,
Qui tourmentés d'une autre terre,
En ont deviné le mystère
Avant que rien en soit venu,
Dont la tête au ciel est tournée,
Dont l'âme, boussole obstinée,
Toujours cherche un pôle inconnu.

Ces Gamas, en qui rien n'efface
Leur indomptable ambition,
Savent qu'on n'a vu qu'une face
De l'immense création.
Ces Colombs, dans leur main profonde,
Pèsent la terre et pèsent l'onde
Comme à la balance du ciel,
Et, voyant d'en haut toute cause,
Sentent qu'il manque quelque chose
A l'équilibre universel.

Ce contre-poids qui se dérobe,
Ils le chercheront, ils iront ;
Ils rendront sa ceinture au globe,
A l'univers sont double front.
Ils partent, on plaint leur folie.
L'onde les emporte ; on oublie
Le voyage et le voyageur... -
Tout à coup de la mer profonde
Ils ressortent avec leur monde,
Comme avec sa perle un plongeur !

Voilà quelle était ma pensée.
Quand sur le flot sombre et grossi
Je risquai ma nef insensée,
Moi, je cherchais un monde aussi !
Mais, à peine **** du rivage,
J'ai vu sur l'océan sauvage
Commencer dans un tourbillon
Cette lutte qui me déchire
Entre les voiles du navire
Et les ailes de l'aquilon.

C'est alors qu'en l'orage sombre
J'entrevis ton mât glorieux
Qui, bien avant le mien, dans l'ombre,
Fatiguait l'autan furieux.
Alors, la tempête était haute,
Nous combattîmes côte à côte,
Tous deux, mois barque, toi vaisseau,
Comme le frère auprès du frère,
Comme le nid auprès de l'aire,
Comme auprès du lit le berceau !

L'autan criait dans nos antennes,
Le flot lavait nos ponts mouvants,
Nos banderoles incertaines
Frissonnaient au souffle des vents.
Nous voyions les vagues humides,
Comme des cavales numides,
Se dresser, hennir, écumer ;
L'éclair, rougissant chaque lame,
Mettait des crinières de flamme
A tous ces coursiers de la mer.

Nous, échevelés dans la brume,
Chantant plus haut dans l'ouragan,
Nous admirions la vaste écume
Et la beauté de l'océan.
Tandis que la foudre sublime
Planait tout en feu sur l'abîme,
Nous chantions, hardis matelots,
La laissant passer sur nos têtes,
Et, comme l'oiseau des tempêtes,
Tremper ses ailes dans les flots.

Echangeant nos signaux fidèles
Et nous saluant de la voix,
Pareils à deux soeurs hirondelles,
Nous voulions, tous deux à la fois,
Doubler le même promontoire,
Remporter la même victoire,
Dépasser le siècle en courroux ;
Nous tentions le même voyage ;
Nous voyions surgir dans l'orage
Le même Adamastor jaloux !

Bientôt la nuit toujours croissante,
Ou quelque vent qui t'emportait,
M'a dérobé ta nef puissante
Dont l'ombre auprès de moi flottait.
Seul je suis resté sous la nue.
Depuis, l'orage continue,
Le temps est noir, le vent mauvais ;
L'ombre m'enveloppe et m'isole,
Et, si je n'avais ma boussole,
Je ne saurais pas où je vais.

Dans cette tourmente fatale
J'ai passé les nuits et les jours,
J'ai pleuré la terre natale,
Et mon enfance et mes amours.
Si j'implorais le flot qui gronde,
Toutes les cavernes de l'onde
Se rouvraient jusqu'au fond des mers ;
Si j'invoquais le ciel, l'orage,
Avec plus de bruit et de rage,
Secouait se gerbe d'éclairs.

Longtemps, laissant le vent bruire,
Je t'ai cherché, criant ton nom.
Voici qu'enfin je te vois luire
A la cime de l'horizon
Mais ce n'est plus la nef ployée,
Battue, errante, foudroyée
Sous tous les caprices des cieux,
Rêvant d'idéales conquêtes,
Risquant à travers les tempêtes
Un voyage mystérieux.

C'est un navire magnifique
Bercé par le flot souriant,
Qui, sur l'océan pacifique,
Vient du côté de l'orient.
Toujours en avant de sa voile
On voit cheminer une étoile
Qui rayonne à l'oeil ébloui ;
Jamais on ne le voit éclore
Sans une étincelante aurore
Qui se lève derrière lui.

Le ciel serein, la mer sereine
L'enveloppent de tous côtés ;
Par ses mâts et par sa carène
Il plonge aux deux immensités.
Le flot s'y brise en étincelles ;
Ses voiles sont comme des ailes
Au souffle qui vient les gonfler ;
Il vogue, il vogue vers la plage,
Et, comme le cygne qui nage,
On sent qu'il pourrait s'envoler.

Le peuple, auquel il se révèle
Comme une blanche vision,
Roule, prolonge, et renouvelle
Une immense acclamation.
La foule inonde au **** la rive.
Oh ! dit-elle, il vient, il arrive !
Elle l'appelle avec des pleurs,
Et le vent porte au beau navire,
Comme à Dieu l'encens et la myrrhe,
L'haleine de la terre en fleurs !

Oh ! rentre au port, esquif sublime !
Jette l'ancre **** des frimas !
Vois cette couronne unanime
Que la foule attache à tes mâts :
Oublie et l'onde et l'aventure.
Et le labeur de la mâture,
Et le souffle orageux du nord ;
Triomphe à l'abri des naufrages,
Et ris-toi de tous les orages
Qui rongent les chaînes du port !

Tu reviens de ton Amérique !
Ton monde est trouvé ! - Sur les flots
Ce monde, à ton souffle lyrique,
Comme un oeuf sublime est éclos !
C'est un univers qui s'éveille !
Une création pareille
A celle qui rayonne au jour !
De nouveaux infinis qui s'ouvrent !
Un de ces mondes que découvrent
Ceux qui de l'âme ont fait le tour !

Tu peux dire à qui doute encore :
"J'en viens ! j'en ai cueilli ce fruit.
Votre aurore n'est pas l'aurore,
Et votre nuit n'est pas la nuit.
Votre soleil ne vaut pas l'autre.
Leur jour est plus bleu que le vôtre.
Dieu montre sa face en leur ciel.
J'ai vu luire une croix d'étoiles
Clouée à leurs nocturnes voiles
Comme un labarum éternel."

Tu dirais la verte savane,
Les hautes herbes des déserts,
Et les bois dont le zéphyr vanne
Toutes les graines dans les airs ;
Les grandes forêts inconnues ;
Les caps d'où s'envolent les nues
Comme l'encens des saints trépieds ;
Les fruits de lait et d'ambroisie,
Et les mines de poésie
Dont tu jettes l'or à leurs pieds.

Et puis encor tu pourrais dire,
Sans épuiser ton univers,
Ses monts d'agate et de porphyre,
Ses fleuves qui noieraient leurs mers ;
De ce monde, né de la veille,
Tu peindrais la beauté vermeille,
Terre vierge et féconde à tous,
Patrie où rien ne nous repousse ;
Et ta voix magnifique et douce
Les ferait tomber à genoux.

Désormais, à tous tes voyages
Vers ce monde trouvé par toi,
En foule ils courront aux rivages
Comme un peuple autour de son roi.
Mille acclamations sur l'onde
Suivront longtemps ta voile blonde
Brillante en mer comme un fanal,
Salueront le vent qui t'enlève,
Puis sommeilleront sur la grève
Jusqu'à ton retour triomphal.

Ah ! soit qu'au port ton vaisseau dorme,
Soit qu'il se livre sans effroi
Aux baisers de la mer difforme
Qui hurle béante sous moi,
De ta sérénité sublime
Regarde parfois dans l'abîme,
Avec des yeux de pleurs remplis,
Ce point noir dans ton ciel limpide,
Ce tourbillon sombre et rapide
Qui roule une voile en ses plis.

C'est mon tourbillon, c'est ma voile !
C'est l'ouragan qui, furieux,
A mesure éteint chaque étoile
Qui se hasarde dans mes cieux !
C'est la tourmente qui m'emporte !
C'est la nuée ardente et forte
Qui se joue avec moi dans l'air,
Et tournoyant comme une roue,
Fait étinceler sur ma proue
Le glaive acéré de l'éclair !

Alors, d'un coeur tendre et fidèle,
Ami, souviens-toi de l'ami
Que toujours poursuit à coups d'aile
Le vent dans ta voile endormi.
Songe que du sein de l'orage
Il t'a vu surgir au rivage
Dans un triomphe universel,
Et qu'alors il levait la tête,
Et qu'il oubliait sa tempête
Pour chanter l'azur de ton ciel !

Et si mon invisible monde
Toujours à l'horizon me fuit,
Si rien ne germe dans cette onde
Que je laboure jour et nuit,
Si mon navire de mystère
Se brise à cette ingrate terre
Que cherchent mes yeux obstinés,
Pleure, ami, mon ombre jalouse !
Colomb doit plaindre La Pérouse.
Tous deux étaient prédestinés !

Le 20 juin 1830.
I.

L'ÉGLISE est vaste et haute. À ses clochers superbes
L'ogive en fleur suspend ses trèfles et ses gerbes ;
Son portail resplendit, de sa rose pourvu ;
Le soir fait fourmiller sous la voussure énorme
Anges, vierges, le ciel, l'enfer sombre et difforme,
Tout un monde effrayant comme un rêve entrevu.

Mais ce n'est pas l'église, et ses voûtes, sublimes,
Ses porches, ses vitraux, ses lueurs, ses abîmes,
Sa façade et ses tours, qui fascinent mes yeux ;
Non ; c'est, tout près, dans l'ombre où l'âme aime à descendre
Cette chambre d'où sort un chant sonore et tendre,
Posée au bord d'un toit comme un oiseau joyeux.

Oui, l'édifice est beau, mais cette chambre est douce.
J'aime le chêne altier moins que le nid de mousse ;
J'aime le vent des prés plus que l'âpre ouragan ;
Mon cœur, quand il se perd vers les vagues béantes,
Préfère l'algue obscure aux falaises géantes.
Et l'heureuse hirondelle au splendide océan.

II.

Frais réduit ! à travers une claire feuillée
Sa fenêtre petite et comme émerveillée
S'épanouit auprès du gothique portail.
Sa verte jalousie à trois clous accrochée,
Par un bout s'échappant, par l'autre rattachée,
S'ouvre coquettement comme un grand éventail.

Au-dehors un beau lys, qu'un prestige environne,
Emplit de sa racine et de sa fleur couronne
- Tout près de la gouttière où dort un chat sournois -
Un vase à forme étrange en porcelaine bleue
Où brille, avec des paons ouvrant leur large queue,
Ce beau pays d'azur que rêvent les Chinois.

Et dans l'intérieur par moments luit et passe
Une ombre, une figure, une fée, une grâce,
Jeune fille du peuple au chant plein de bonheur,
Orpheline, dit-on, et seule en cet asile,
Mais qui parfois a l'air, tant son front est tranquille,
De voir distinctement la face du Seigneur.

On sent, rien qu'à la voir, sa dignité profonde.
De ce cœur sans limon nul vent n'a troublé l'onde.
Ce tendre oiseau qui jase ignore l'oiseleur.
L'aile du papillon a toute sa poussière.
L'âme de l'humble vierge a toute sa lumière.
La perle de l'aurore est encor dans la fleur.

À l'obscure mansarde il semble que l'œil voie
Aboutir doucement tout un monde de joie,
La place, les passants, les enfants, leurs ébats,
Les femmes sous l'église à pas lents disparues,
Des fronts épanouis par la chanson des rues,
Mille rayons d'en haut, mille reflets d'en bas.

Fille heureuse ! autour d'elle ainsi qu'autour d'un temple,
Tout est modeste et doux, tout donne un bon exemple.
L'abeille fait son miel, la fleur rit au ciel bleu,
La tour répand de l'ombre, et, devant la fenêtre,
Sans faute, chaque soir, pour obéir au maître,
L'astre allume humblement sa couronne de feu.

Sur son beau col, empreint de virginité pure,
Point d'altière dentelle ou de riche guipure ;
Mais un simple mouchoir noué pudiquement.
Pas de perle à son front, mais aussi pas de ride,
Mais un œil chaste et vif, mais un regard limpide.
Où brille le regard que sert le diamant ?

III.

L'angle de la cellule abrite un lit paisible.
Sur la table est ce livre où Dieu se fait visible,
La légende des saints, seul et vrai panthéon.
Et dans un coin obscur, près de la cheminée,
Entre la bonne Vierge et le buis de l'année,
Quatre épingles au mur fixent Napoléon.

Cet aigle en cette cage ! - et pourquoi non ? dans l'ombre
De cette chambre étroite et calme, où rien n'est sombre,
Où dort la belle enfant, douce comme son lys,
Où tant de paix, de grâce et de joie est versée,
Je ne hais pas d'entendre au fond de ma pensée
Le bruit des lourds canons roulant vers Austerlitz.

Et près de l'empereur devant qui tout s'incline,
- Ô légitime orgueil de la pauvre orpheline ! -
Brille une croix d'honneur, signe humble et triomphant,
Croix d'un soldat, tombé comme tout héros tombe,
Et qui, père endormi, fait du fond de sa tombe
Veiller un peu de gloire auprès de son enfant.

IV.

Croix de Napoléon ! joyau guerrier ! pensée !
Couronne de laurier de rayons traversée !
Quand il menait ses preux aux combats acharnés,
Il la laissait, afin de conquérir la terre,
Pendre sur tous les fronts durant toute la guerre ;
Puis, la grande œuvre faite, il leur disait : Venez !

Puis il donnait sa croix à ces hommes stoïques,
Et des larmes coulaient de leurs yeux héroïques ;
Muets, ils admiraient leur demi-dieu vainqueur ;
On eût dit qu'allumant leur âme avec son âme,
En touchant leur poitrine avec son doigt de flamme,
Il leur faisait jaillir cette étoile du cœur !

V.

Le matin elle chante et puis elle travaille,
Sérieuse, les pieds sur sa chaise de paille,
Cousant, taillant, brodant quelques dessins choisis ;
Et, tandis que, songeant à Dieu, simple et sans crainte,
Cette vierge accomplit sa tâche auguste et sainte,
Le silence rêveur à sa porte est assis.

Ainsi, Seigneur, vos mains couvrent cette demeure.
Dans cet asile obscur, qu'aucun souci n'effleure,
Rien qui ne soit sacré, rien qui ne soit charmant !
Cette âme, en vous priant pour ceux dont la nef sombre,
Peut monter chaque soir vers vous sans faire d'ombre
Dans la sérénité de votre firmament !

Nul danger ! nul écueil ! - Si ! l'aspic est dans l'herbe !
Hélas ! hélas ! le ver est dans le fruit superbe !
Pour troubler une vie il suffit d'un regard.
Le mal peut se montrer même aux clartés d'un cierge.
La curiosité qu'a l'esprit de la vierge
Fait une plaie au cœur de la femme plus ****.

Plein de ces chants honteux, dégoût de la mémoire,
Un vieux livre est là-haut sur une vieille armoire,
Par quelque vil passant dans cette ombre oublié ;
Roman du dernier siècle ! œuvre d'ignominie !
Voltaire alors régnait, ce singe de génie
Chez l'homme en mission par le diable envoyé.

VI.

Epoque qui gardas, de vin, de sang rougie,
Même en agonisant, l'allure de l'orgie !
Ô dix-huitième siècle, impie et châtié !
Société sans dieu, par qui Dieu fus frappée !
Qui, brisant sous la hache et le sceptre et l'épée,
Jeune offensas l'amour, et vieille la pitié !

Table d'un long festin qu'un échafaud termine !
Monde, aveugle pour Christ, que Satan illumine !
Honte à tes écrivains devant les nations !
L'ombre de tes forfaits est dans leur renommée
Comme d'une chaudière il sort une fumée,
Leur sombre gloire sort des révolutions !

VII.

Frêle barque assoupie à quelques pas d'un gouffre !
Prends garde, enfant ! cœur tendre où rien encor ne souffre !
Ô pauvre fille d'Ève ! ô pauvre jeune esprit !
Voltaire, le serpent, le doute, l'ironie,
Voltaire est dans un coin de ta chambre bénie !
Avec son œil de flamme il t'espionne, et rit.

Oh ! tremble ! ce sophiste a sondé bien des fanges !
Oh ! tremble ! ce faux sage a perdu bien des anges !
Ce démon, noir milan, fond sur les cœurs pieux,
Et les brise, et souvent, sous ses griffes cruelles,
Plume à plume j'ai vu tomber ces blanches ailles
Qui font qu'une âme vole et s'enfuit dans les cieux !

Il compte de ton sein les battements sans nombre.
Le moindre mouvement de ton esprit dans l'ombre,
S'il penche un peu vers lui, fait resplendir son œil.
Et, comme un loup rôdant, comme un tigre qui guette,
Par moments, de Satan, visible au seul poète,
La tête monstrueuse apparaît à ton seuil !

VIII.

Hélas ! si ta main chaste ouvrait ce livre infâme,
Tu sentirais soudain Dieu mourir dans ton âme.
Ce soir tu pencherais ton front triste et boudeur
Pour voir passer au **** dans quelque verte allée
Les chars étincelants à la roue étoilée,
Et demain tu rirais de la sainte pudeur !

Ton lit, troublé la nuit de visions étranges,
Ferait fuir le sommeil, le plus craintif des anges !
Tu ne dormirais plus, tu ne chanterais plus,
Et ton esprit, tombé dans l'océan des rêves,
Irait, déraciné comme l'herbe des grèves,
Du plaisir à l'opprobre et du flux au reflux !

IX.

Oh ! la croix de ton père est là qui te regarde !
La croix du vieux soldat mort dans la vieille garde !
Laisse-toi conseiller par elle, ange tenté !
Laisse-toi conseiller, guider, sauver peut-être
Par ce lys fraternel penché sur ta fenêtre,
Qui mêle son parfum à ta virginité !

Par toute ombre qui passe en baissant la paupière !
Par les vieux saints rangés sous le portail de pierre !
Par la blanche colombe aux rapides adieux !
Par l'orgue ardent dont l'hymne en longs sanglots se brise !
Laisse-toi conseiller par la pensive église !
Laisse-toi conseiller par le ciel radieux !

Laisse-toi conseiller par l'aiguille ouvrière,
Présente à ton labeur, présente à ta prière,
Qui dit tout bas : Travaille ! - Oh ! crois-la ! - Dieu, vois-tu,
Fit naître du travail, que l'insensé repousse,
Deux filles, la vertu, qui fait la gaîté douce,
Et la gaîté, qui rend charmante la vertu !

Entends ces mille voix, d'amour accentuées,
Qui passent dans le vent, qui tombent des nuées,
Qui montent vaguement des seuils silencieux,
Que la rosée apporte avec ses chastes gouttes,
Que le chant des oiseaux te répète, et qui toutes
Te disent à la fois : Sois pure sous les cieux !

Sois pure sous les cieux ! comme l'onde et l'aurore,
Comme le joyeux nid, comme la tour sonore,
Comme la gerbe blonde, amour du moissonneur,
Comme l'astre incliné, comme la fleur penchante,
Comme tout ce qui rit, comme tout ce qui chante,
Comme tout ce qui dort dans la paix du Seigneur !

Sois calme. Le repos va du cœur au visage ;
La tranquillité fait la majesté du sage.
Sois joyeuse. La foi vit sans l'austérité ;
Un des reflets du ciel, c'est le rire des femmes ;
La joie est la chaleur que jette dans les âmes
Cette clarté d'en haut qu'on nomme Vérité.

La joie est pour l'esprit une riche ceinture.
La joie adoucit tout dans l'immense nature.
Dieu sur les vieilles tours pose le nid charmant
Et la broussaille en fleur qui luit dans l'herbe épaisse ;
Car la ruine même autour de sa tristesse
A besoin de jeunesse et de rayonnement !

Sois bonne. La bonté contient les autres choses.
Le Seigneur indulgent sur qui tu te reposes
Compose de bonté le penseur fraternel.
La bonté, c'est le fond des natures augustes.
D'une seule vertu Dieu fait le cœur des justes,
Comme d'un seul saphir la coupole du ciel.

Ainsi, tu resteras, comme un lys, comme un cygne,
Blanche entre les fronts purs marqués d'un divin signe
Et tu seras de ceux qui, sans peur, sans ennuis,
Des saintes actions amassant la richesse,
Rangent leur barque au port, leur vie à la sagesse
Et, priant tous les soirs, dorment toutes les nuits !

Le poète à lui-même.

Tandis que sur les bois, les prés et les charmilles,
S'épanchent la lumière et la splendeur des cieux,
Toi, poète serein, répands sur les familles,
Répands sur les enfants et sur les jeunes filles,
Répands sur les vieillards ton chant religieux !

Montre du doigt la rive à tous ceux qu'une voile
Traîne sur le flot noir par les vents agité ;
Aux vierges, l'innocence, heureuse et noble étoile ;
À la foule, l'autel que l'impiété voile ;
Aux jeunes, l'avenir ; aux vieux, l'éternité !

Fais filtrer ta raison dans l'homme et dans la femme.
Montre à chacun le vrai du côté saisissant.
Que tout penseur en toi trouve ce qu'il réclame.
Plonge Dieu dans les cœurs, et jette dans chaque âme
Un mot révélateur, propre à ce qu'elle sent.

Ainsi, sans bruit, dans l'ombre, ô songeur solitaire,
Ton esprit, d'où jaillit ton vers que Dieu bénit,
Du peuple sous tes pieds perce le crâne austère ; -
Comme un coin lent et sûr, dans les flancs de la terre
La racine du chêne entr'ouvre le granit.

Du 24 au 29 juin 1839.
À MADEMOISELLE LOUISE B.

I.

- Ainsi donc rien de grand, rien de saint, rien de pur,
Rien qui soit digne, ô ciel ! de ton regret d'azur !
Rien qui puisse anoblir le vil siècle où nous sommes,
Ne sortira du cœur de l'homme enfant des hommes !
Homme ! esprit enfoui sous les besoins du corps !
Ainsi, jouir ; descendre à tâtons chez les morts ;
Être à tout ce qui rampe, à tout ce qui s'envole,
A l'intérêt sordide, à la vanité folle ;
Ne rien savoir - qu'emplir, sans souci du devoir,
Une charte de mots ou d'écus un comptoir ;
Ne jamais regarder les voûtes étoilées ;
Rire du dévouement et des vertus voilées ;
Voilà ta vie, hélas ! et tu n'as, nuit et jour,
Pour espoir et pour but, pour culte et pour amour,
Qu'une immonde monnaie aux carrefours traînée
Et qui te laisse aux mains sa rouille empoissonnée !
Et tu ne comprends pas que ton destin, à toi,
C'est de penser ! c'est d'être un mage et d'être un roi ;
C'est d'être un alchimiste alimentant la flamme
Sous ce sombre alambic que tu nommes ton âme,
Et de faire passer par ce creuset de feu
La nature et le monde, et d'en extraire Dieu !

Quoi ! la brute a sa sphère et l'éléments sa règle !
L'onde est au cormoran et la neige est à l'aigle.
Tout a sa région, sa fonction, son but.
L'écume de la mer n'est pas un vain rebut ;
Le flot sait ce qu'il fait ; le vent sait qui le pousse ;
Comme un temple où toujours veille une clarté douce,
L'étoile obéissante éclaire le ciel bleu ;
Le lys s'épanouit pour la gloire de Dieu ;
Chaque matin, vibrant comme une sainte lyre,
L'oiseau chante ce nom que l'aube nous fait lire.
Quoi ! l'être est plein d'amour, le monde est plein de foi
Toute chose ici-bas suit gravement sa loi,
Et ne sait obéir, dans sa fierté divine,
L'oiseau qu'à son instinct, l'arbre qu'à sa racine !
Quoi ! l'énorme océan qui monte vers son bord,
Quoi ! l'hirondelle au sud et l'aimant vers le nord
La graine ailée allant au **** choisir sa place,
Le nuage entassé sur les îles de glace,
Qui, des cieux tout à coup traversant la hauteur,
Croule au souffle d'avril du pôle à l'équateur,
Le glacier qui descend du haut des cimes blanches,
La sève qui s'épand dans les fibres des branches,
Tous les objets créés, vers un but sérieux,
Les rayons dans les airs, les globes dans les cieux,
Les fleuves à travers les rochers et les herbes,
Vont sans se détourner de leurs chemins superbes !
L'homme a seul dévié ! - Quoi ! tout dans l'univers,
Tous les êtres, les monts, les forêts, les prés verts,
Le jour dorant le ciel, l'eau lavant les ravines,
Ont encore, comme au jour où de ses mains divines
Jéhova sur Adam imprima sa grandeur,
Toute leur innocence et toute leur candeur !
L'homme seul est tombé !- Fait dans l'auguste empire
Pour être le meilleur, il en devient le pire,
Lui qui devait fleurir comme l'arbre choisi,
Il n'est plus qu'un tronc vil au branchage noirci,
Que l'âge déracine et que le vice effeuille,
Dont les rameaux n'ont pas de fruit que Dieu recueille,
Où jamais sans péril nous ne nous appuyons,
Où la société greffe les passions !
Chute immense ! il ignore et nie, ô providence !
Tandis qu'autour de lui la création pense !

Ô honte ! en proie aux sens dont le joug l'asservit,
L'homme végète auprès de la chose qui vit !

II.

Comme je m'écriais ainsi, vous m'entendîtes ;
Et vous, dont l'âme brille en tout ce que vous dites,
Vous tournâtes alors vers moi paisiblement
Votre sourire triste, ineffable et calmant :

- L'humanité se lève, elle chancelle encore,
Et, le front baigné d'ombre, elle va vers l'aurore.
Tout l'homme sur la terre a deux faces, le bien
Et le mal. Blâmer tout, c'est ne comprendre rien.
Les âmes des humains d'or et de plomb sont faites.
L'esprit du sage est grave, et sur toutes les têtes
Ne jette pas sa foudre au hasard en éclats.
Pour le siècle où l'on vit - comme on y souffre, hélas ! -
On est toujours injuste, et tout y paraît crime.
Notre époque insultée a son côté sublime.
Vous l'avez dit vous-même, ô poète irrité ! -

Dans votre chambre, asile illustre et respecté,
C'est ainsi que, sereine et simple, vous parlâtes.
Votre front, au reflet des damas écarlates,
Rayonnait, et pour moi, dans cet instant profond,
Votre regard levé fit un ciel du plafond.

L'accent de la raison, auguste et pacifique,
L'équité, la pitié, la bonté séraphique,
L'oubli des torts d'autrui, cet oubli vertueux
Qui rend à leur insu les fronts majestueux,
Donnaient à vos discours, pleins de clartés si belles,
La tranquille grandeur des choses naturelles,
Et par moments semblaient mêler à votre voix
Ce chant doux et voilé qu'on entend dans les bois.

III.

Pourquoi devant mes yeux revenez-vous sans cesse,
Ô jours de mon enfance et de mon allégresse ?
Qui donc toujours vous rouvre en nos cœurs presque éteints
Ô lumineuse fleur des souvenirs lointains ?

Oh ! que j'étais heureux ! oh ! que j'étais candide !
En classe, un banc de chêne, usé, lustré, splendide,
Une table, un pupitre, un lourd encrier noir,
Une lampe, humble sœur de l'étoile du soir,
M'accueillaient gravement et doucement. Mon maître,
Comme je vous l'ai dit souvent, était un prêtre
A l'accent calme et bon, au regard réchauffant,
Naïf comme un savant, malin comme un enfant,
Qui m'embrassait, disant, car un éloge excite :
- Quoiqu'il n'ait que neuf ans, il explique Tacite. -
Puis près d'Eugène, esprit qu'hélas ! Dieu submergea,
Je travaillais dans l'ombre, - et je songeais déjà.

Tandis que j'écrivais, - sans peur, mais sans système,
Versant le barbarisme à grands flots sur le thème,
Inventant les auteurs de sens inattendus,
Le dos courbé, le front touchant presque au Gradus, -
Je croyais, car toujours l'esprit de l'enfant veille,
Ouïr confusément, tout près de mon oreille,
Les mots grecs et latins, bavards et familiers,
Barbouillés d'encre, et gais comme des écoliers,
Chuchoter, comme font les oiseaux dans une aire,
Entre les noirs feuillets du lourd dictionnaire.
Bruits plus doux que le bruit d'un essaim qui s'enfuit,
Souffles plus étouffés qu'un soupir de la nuit,
Qui faisaient par instants, sous les fermoirs de cuivre,
Frissonner vaguement les pages du vieux livre !

Le devoir fait, légers comme de jeunes daims,
Nous fuyions à travers les immenses jardins,
Éclatant à la fois en cent propos contraires.
Moi, d'un pas inégal je suivais mes grands frères ;
Et les astres sereins s'allumaient dans les cieux,
Et les mouches volaient dans l'air silencieux,
Et le doux rossignol, chantant dans l'ombre obscure,
Enseignait la musique à toute la nature,
Tandis qu'enfant jaseur aux gestes étourdis,
Jetant partout mes yeux ingénus et hardis
D'où jaillissait la joie en vives étincelles,
Je portais sous mon bras, noués par trois ficelles,
Horace et les festins, Virgile et les forêts,
Tout l'Olympe, Thésée, Hercule, et toi Cérès,
La cruelle Junon, Lerne et l'hydre enflammée,
Et le vaste lion de la roche Némée.

Mais, lorsque j'arrivais chez ma mère, souvent,
Grâce au hasard taquin qui joue avec l'enfant,
J'avais de grands chagrins et de grandes colères.
Je ne retrouvais plus, près des ifs séculaires,
Le beau petit jardin par moi-même arrangé.
Un gros chien en passant avait tout ravagé.
Ou quelqu'un dans ma chambre avait ouvert mes cages,
Et mes oiseaux étaient partis pour les bocages,
Et, joyeux, s'en étaient allés de fleur en fleur
Chercher la liberté bien ****, - ou l'oiseleur.
Ciel ! alors j'accourais, rouge, éperdu, rapide,
Maudissant le grand chien, le jardinier stupide,
Et l'infâme oiseleur et son hideux lacet,
Furieux ! - D'un regard ma mère m'apaisait.

IV.

Aujourd'hui, ce n'est pas pour une cage vide,
Pour des oiseaux jetés à l'oiseleur avide,
Pour un dogue aboyant lâché parmi les fleurs,
Que mon courroux s'émeut. Non, les petits malheurs
Exaspèrent l'enfant ; mais, comme en une église,
Dans les grandes douleurs l'homme se tranquillise.
Après l'ardent chagrin, au jour brûlant pareil,
Le repos vient au cœur comme aux yeux le sommeil.
De nos maux, chiffres noirs, la sagesse est la somme.
En l'éprouvant toujours, Dieu semble dire à l'homme :
- Fais passer ton esprit à travers le malheur ;
Comme le grain du crible, il sortira meilleur. -
J'ai vécu, j'ai souffert, je juge et je m'apaise.
Ou si parfois encor la colère mauvaise
Fait pencher dans mon âme avec son doigt vainqueur
La balance où je pèse et le monde et mon cœur ;
Si, n'ouvrant qu'un seul œil, je condamne et je blâme,
Avec quelques mots purs, vous, sainte et noble femme,
Vous ramenez ma voix qui s'irrite et s'aigrit
Au calme sur lequel j'ai posé mon esprit ;
Je sens sous vos rayons mes tempêtes se taire ;
Et vous faites pour l'homme incliné, triste, austère,
Ce que faisait jadis pour l'enfant doux et beau
Ma mère, ce grand cœur qui dort dans le tombeau !

V.

Écoutez à présent. - Dans ma raison qui tremble,
Parfois l'une après l'autre et quelquefois ensemble,
Trois voix, trois grandes voix murmurent.

L'une dit :
- « Courrouce-toi, poète. Oui, l'enfer applaudit
Tout ce que cette époque ébauche, crée ou tente.
Reste indigné. Ce siècle est une impure tente
Où l'homme appelle à lui, voyant le soir venu,
La volupté, la chair, le vice infâme et nu.
La vérité, qui fit jadis resplendir Rome,
Est toujours dans le ciel ; l'amour n'est plus dans l'homme.
« Tout rayon jaillissant trouve tout œil fermé.
Oh ! ne repousse pas la muse au bras armé
Qui visitait jadis comme une austère amie,
Ces deux sombres géants, Amos et Jérémie !
Les hommes sont ingrats, méchants, menteurs, jaloux.
Le crime est dans plusieurs, la vanité dans tous ;
Car, selon le rameau dont ils ont bu la sève,
Ils tiennent, quelques-uns de Caïn, et tous d'Ève.

« Seigneur ! ta croix chancelle et le respect s'en va.
La prière décroît. Jéhova ! Jéhova !
On va parlant tout haut de toi-même en ton temple.
Le livre était la loi, le prêtre était l'exemple ;
Livre et prêtre sont morts. Et la foi maintenant,
Cette braise allumée à ton foyer tonnant,
Qui, marquant pour ton Christ ceux qu'il préfère aux autres,
Jadis purifiait la lèvre des apôtres,
N'est qu'un charbon éteint dont les petits enfants
Souillent ton mur avec des rires triomphants ! » -

L'autre voix dit : - « Pardonne ! aime ! Dieu qu'on révère,
Dieu pour l'homme indulgent ne sera point sévère.
Respecte la fourmi non moins que le lion.
Rêveur ! rien n'est petit dans la création.
De l'être universel l'atome se compose ;
Dieu vit un peu dans tout, et rien n'est peu de chose.
Cultive en toi l'amour, la pitié, les regrets.
Si le sort te contraint d'examiner de près
L'homme souvent frivole, aveugle et téméraire,
Tempère l'œil du juge avec les pleurs du frère.
Et que tout ici-bas, l'air, la fleur, le gazon ;
Le groupe heureux qui joue au seuil de ta maison ;
Un mendiant assis à côté d'une gerbe ;
Un oiseau qui regarde une mouche dans l'herbe ;
Les vieux livres du quai, feuilletés par le vent,
D'où l'esprit des anciens, subtil, libre et vivant,
S'envole, et, souffle errant, se mêle à tes pensées ;
La contemplation de ces femmes froissées
Qui vivent dans les pleurs comme l'algue dans l'eau ;
L'homme, ce spectateur ; le monde, ce tableau ;
Que cet ensemble auguste où l'insensé se blase
Tourne de plus en plus ta vie et ton extase
Vers l'œil mystérieux qui nous regarde tous,
Invisible veilleur ! témoin intime et doux !
Principe ! but ! milieu ! clarté ! chaleur ! dictame !
Secret de toute chose entrevu par toute l'âme !
« N'allume aucun enfer au tison d'aucun feu.
N'aggrave aucun fardeau. Démontre l'âme et Dieu,
L'impérissable esprit, la tombe irrévocable ;
Et rends douce à nos fronts, que souvent elle accable,
La grande main qui grave en signes immortels
JAMAIS ! sur les tombeaux ; TOUJOURS ! sur les autels. »

La troisième voix dit : - « Aimer ? haïr ? qu'importe !
Qu'on chante ou qu'on maudisse, et qu'on entre ou qu'on sorte,
Le mal, le bien, la mort, les vices, les faux dieux,
Qu'est-ce que tout cela fait au ciel radieux ?
La végétation, vivante, aveugle et sombre,
En couvre-t-elle moins de feuillages sans nombre,
D'arbres et de lichens, d'herbe et de goëmons,
Les prés, les champs, les eaux, les rochers et les monts ?
L'onde est-elle moins bleue et le bois moins sonore ?
L'air promène-t-il moins, dans l'ombre et dans l'aurore,
Sur les clairs horizons, sur les flots décevants,
Ces nuages heureux qui vont aux quatre vents ?
Le soleil qui sourit aux fleurs dans les campagnes,
Aux rois dans les palais, aux forçats dans les bagnes,
Perd-il, dans la splendeur dont il est revêtu,
Un rayon quand la terre oublie une vertu ?
Non, Pan n'a pas besoin qu'on le prie et qu'on l'aime.
Ô sagesse ! esprit pur ! sérénité suprême !
Zeus ! Irmensul ! Wishnou ! Jupiter ! Jéhova !
Dieu que cherchait Socrate et que Jésus trouva !
Unique Dieu ! vrai Dieu ! seul mystère ! seule âme !
Toi qui, laissant tomber ce que la mort réclame,
Fis les cieux infinis pour les temps éternels !
Toi qui mis dans l'éther plein de bruits solennels,
Tente dont ton haleine émeut les sombres toiles,
Des millions d'oiseaux, des millions d'étoiles !
Que te font, ô Très-Haut ! les hommes insensés,
Vers la nuit au hasard l'un par l'autre poussés,
Fantômes dont jamais tes yeux ne se souviennent,
Devant ta face immense ombres qui vont et viennent ! »

VI.

Dans ma retraite obscure où, sous mon rideau vert,
Luit comme un œil ami maint vieux livre entrouvert,
Où ma bible sourit dans l'ombre à mon Virgile,
J'écoute ces trois voix. Si mon cerveau fragile
S'étonne, je persiste ; et, sans peur, sans effroi,
Je les laisse accomplir ce qu'elles font en moi.
Car les hommes, troublés de ces métamorphoses,
Composent leur sagesse avec trop peu de choses.
Tous ont la déraison de voir la Vérité
Chacun de sa fenêtre et rien que d'un côté,
Sans qu'aucun d'eux, tenté par ce rocher sublime,
Aille en faire le tour et monte sur sa cime.
Et de ce triple aspect des choses d'ici-bas,
De ce triple conseil que l'homme n'entend pas,
Pour mon cœur où Dieu vit, où la haine s'émousse,
Sort une bienveillance universelle et douce
Qui dore comme une aube et d'avance attendrit
Le vers qu'à moitié fait j'emporte en mon esprit
Pour l'achever aux champs avec l'odeur des plaines
Et l'ombre du nuage et le bruit des fontaines !

Avril 1840.
DITHYRAMBE.

À M. Eugène de Genoude.

Son front est couronné de palmes et d'étoiles ;
Son regard immortel, que rien ne peut ternir,
Traversant tous les temps, soulevant tous les voiles,
Réveille le passé, plonge dans l'avenir !
Du monde sous ses yeux ses fastes se déroulent,
Les siècles à ses pieds comme un torrent s'écoulent ;
A son gré descendant ou remontant leurs cours,
Elle sonne aux tombeaux l'heure, l'heure fatale,
Ou sur sa lyre virginale
Chante au monde vieilli ce jour, père des jours !

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Ecoutez ! - Jéhova s'élance
Du sein de son éternité.
Le chaos endormi s'éveille en sa présence,
Sa vertu le féconde, et sa toute-puissance
Repose sur l'immensité !

Dieu dit, et le jour fut; Dieu dit, et les étoiles
De la nuit éternelle éclaircirent les voiles ;
Tous les éléments divers
A sa voix se séparèrent ;
Les eaux soudain s'écoulèrent
Dans le lit creusé des mers ;
Les montagnes s'élevèrent,
Et les aquilons volèrent
Dans les libres champs des airs !

Sept fois de Jéhova la parole féconde
Se fit entendre au monde,
Et sept fois le néant à sa voix répondit ;
Et Dieu dit : Faisons l'homme à ma vivante image.
Il dit, l'homme naquit; à ce dernier ouvrage
Le Verbe créateur s'arrête et s'applaudit !

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Mais ce n'est plus un Dieu ! - C'est l'homme qui soupire
Eden a fui !... voilà le travail et la mort !
Dans les larmes sa voix expire ;
La corde du bonheur se brise sur sa lyre,
Et Job en tire un son triste comme le sort.

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Ah ! périsse à jamais le jour qui m'a vu naître !
Ah ! périsse à jamais la nuit qui m'a conçu !
Et le sein qui m'a donné l'être,
Et les genoux qui m'ont reçu !

Que du nombre des jours Dieu pour jamais l'efface ;
Que, toujours obscurci des ombres du trépas,
Ce jour parmi les jours ne trouve plus sa place,
Qu'il soit comme s'il n'était pas !

Maintenant dans l'oubli je dormirais encore,
Et j'achèverais mon sommeil
Dans cette longue nuit qui n'aura point d'aurore,
Avec ces conquérants que la terre dévore,
Avec le fruit conçu qui meurt avant d'éclore
Et qui n'a pas vu le soleil.

Mes jours déclinent comme l'ombre ;
Je voudrais les précipiter.
O mon Dieu ! retranchez le nombre
Des soleils que je dois compter !
L'aspect de ma longue infortune
Eloigne, repousse, importune
Mes frères lassés de mes maux ;
En vain je m'adresse à leur foule,
Leur pitié m'échappe et s'écoule
Comme l'onde au flanc des coteaux.

Ainsi qu'un nuage qui passe,
Mon printemps s'est évanoui ;
Mes yeux ne verront plus la trace
De tous ces biens dont j'ai joui.
Par le souffle de la colère,
Hélas ! arraché à la terre,
Je vais d'où l'on ne revient pas !
Mes vallons, ma propre demeure,
Et cet oeil même qui me pleure,
Ne reverront jamais mes pas !

L'homme vit un jour sur la terre
Entre la mort et la douleur ;
Rassasié de sa misère,
Il tombe enfin comme la fleur ;
Il tombe ! Au moins par la rosée
Des fleurs la racine arrosée
Peut-elle un moment refleurir !
Mais l'homme, hélas!, après la vie,
C'est un lac dont l'eau s'est enfuie :
On le cherche, il vient de tarir.

Mes jours fondent comme la neige
Au souffle du courroux divin ;
Mon espérance, qu'il abrège,
S'enfuit comme l'eau de ma main ;
Ouvrez-moi mon dernier asile ;
Là, j'ai dans l'ombre un lit tranquille,
Lit préparé pour mes douleurs !
O tombeau ! vous êtes mon père !
Et je dis aux vers de la terre :
Vous êtes ma mère et mes sœurs !

Mais les jours heureux de l'impie
Ne s'éclipsent pas au matin ;
Tranquille, il prolonge sa vie
Avec le sang de l'orphelin !
Il étend au **** ses racines ;
Comme un troupeau sur les collines,
Sa famille couvre Ségor ;
Puis dans un riche mausolée
Il est couché dans la vallée,
Et l'on dirait qu'il vit encor.

C'est le secret de Dieu, je me tais et l'adore !
C'est sa main qui traça les sentiers de l'aurore,
Qui pesa l'Océan, qui suspendit les cieux !
Pour lui, l'abîme est nu, l'enfer même est sans voiles !
Il a fondé la terre et semé les étoiles !
Et qui suis-je à ses yeux ?

------

Mais la harpe a frémi sous les doigts d'Isaïe ;
De son sein bouillonnant la menace à longs flots
S'échappe ; un Dieu l'appelle, il s'élance, il s'écrie :
Cieux et terre, écoutez ! silence au fils d'Amos !

------

Osias n'était plus : Dieu m'apparut; je vis
Adonaï vêtu de gloire et d'épouvante !
Les bords éblouissants de sa robe flottante
Remplissaient le sacré parvis !

Des séraphins debout sur des marches d'ivoire
Se voilaient devant lui de six ailes de feux ;
Volant de l'un à l'autre, ils se disaient entre eux :
Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu, le roi des dieux !
Toute la terre est pleine de sa gloire !

Du temple à ces accents la voûte s'ébranla,
Adonaï s'enfuit sous la nue enflammée :
Le saint lieu fut rempli de torrents de fumée.
La terre sous mes pieds trembla !

Et moi ! je resterais dans un lâche silence !
Moi qui t'ai vu, Seigneur, je n'oserais parler !
A ce peuple impur qui t'offense
Je craindrais de te révéler !

Qui marchera pour nous ? dit le Dieu des armées.
Qui parlera pour moi ? dit Dieu : Qui ? moi, Seigneur !
Touche mes lèvres enflammées !
Me voilà ! je suis prêt !... malheur !

Malheur à vous qui dès l'aurore
Respirez les parfums du vin !
Et que le soir retrouve encore
Chancelants aux bords du festin !
Malheur à vous qui par l'usure
Etendez sans fin ni mesure
La borne immense de vos champs !
Voulez-vous donc, mortels avides,
Habiter dans vos champs arides,
Seuls, sur la terre des vivants ?

Malheur à vous, race insensée !
Enfants d'un siècle audacieux,
Qui dites dans votre pensée :
Nous sommes sages à nos yeux :
Vous changez ma nuit en lumière,
Et le jour en ombre grossière
Où se cachent vos voluptés !
Mais, comme un taureau dans la plaine,
Vous traînez après vous la chaîne
Des vos longues iniquités !

Malheur à vous, filles de l'onde !
Iles de Sydon et de Tyr !
Tyrans ! qui trafiquez du monde
Avec la pourpre et l'or d'Ophyr !
Malheur à vous ! votre heure sonne !
En vain l'Océan vous couronne,
Malheur à toi, reine des eaux,
A toi qui, sur des mers nouvelles,
Fais retentir comme des ailes
Les voiles de mille vaisseaux !

Ils sont enfin venus les jours de ma justice ;
Ma colère, dit Dieu, se déborde sur vous !
Plus d'encens, plus de sacrifice
Qui puisse éteindre mon courroux !

Je livrerai ce peuple à la mort, au carnage ;
Le fer moissonnera comme l'herbe sauvage
Ses bataillons entiers !
- Seigneur ! épargnez-nous ! Seigneur ! - Non, point de trêve,
Et je ferai sur lui ruisseler de mon glaive
Le sang de ses guerriers !

Ses torrents sécheront sous ma brûlante haleine ;
Ma main nivellera, comme une vaste plaine,
Ses murs et ses palais ;
Le feu les brûlera comme il brûle le chaume.
Là, plus de nation, de ville, de royaume ;
Le silence à jamais !

Ses murs se couvriront de ronces et d'épines ;
L'hyène et le serpent peupleront ses ruines ;
Les hiboux, les vautours,
L'un l'autre s'appelant durant la nuit obscure,
Viendront à leurs petits porter la nourriture
Au sommet de ses tours !

------

Mais Dieu ferme à ces mots les lèvres d'Isaïe ;
Le sombre Ezéchiel
Sur le tronc desséché de l'ingrat Israël
Fait descendre à son tour la parole de vie.

------

L'Eternel emporta mon esprit au désert :
D'ossements desséchés le sol était couvert ;
J'approche en frissonnant; mais Jéhova me crie :
Si je parle à ces os, reprendront-ils la vie ?
- Eternel, tu le sais ! - Eh bien! dit le Seigneur,
Ecoute mes accents ! retiens-les et dis-leur :
Ossements desséchés ! insensible poussière !
Levez-vous ! recevez l'esprit et la lumière !
Que vos membres épars s'assemblent à ma voix !
Que l'esprit vous anime une seconde fois !
Qu'entre vos os flétris vos muscles se replacent !
Que votre sang circule et vos nerfs s'entrelacent !
Levez-vous et vivez, et voyez qui je suis !
J'écoutai le Seigneur, j'obéis et je dis :
Esprits, soufflez sur eux du couchant, de l'aurore ;
Soufflez de l'aquilon, soufflez !... Pressés d'éclore,
Ces restes du tombeau, réveillés par mes cris,
Entrechoquent soudain leurs ossements flétris ;
Aux clartés du soleil leur paupière se rouvre,
Leurs os sont rassemblés, et la chair les recouvre !
Et ce champ de la mort tout entier se leva,
Redevint un grand peuple, et connut Jéhova !

------

Mais Dieu de ses enfants a perdu la mémoire ;
La fille de Sion, méditant ses malheurs,
S'assied en soupirant, et, veuve de sa gloire,
Ecoute Jérémie, et retrouve des pleurs.

------

Le seigneur, m'accablant du poids de sa colère,
Retire tour à tour et ramène sa main ;
Vous qui passez par le chemin,
Est-il une misère égale à ma misère ?

En vain ma voix s'élève, il n'entend plus ma voix ;
Il m'a choisi pour but de ses flèches de flamme,
Et tout le jour contre mon âme
Sa fureur a lancé les fils de son carquois !

Sur mes os consumés ma peau s'est desséchée ;
Les enfants m'ont chanté dans leurs dérisions ;
Seul, au milieu des nations,
Le Seigneur m'a jeté comme une herbe arrachée.

Il s'est enveloppé de son divin courroux ;
Il a fermé ma route, il a troublé ma voie ;
Mon sein n'a plus connu la joie,
Et j'ai dit au Seigneur : Seigneur, souvenez-vous,
Souvenez-vous, Seigneur, de ces jours de colère ;
Souvenez-vous du fiel dont vous m'avez nourri ;
Non, votre amour n'est point tari :
Vous me frappez, Seigneur, et c'est pourquoi j'espère.

Je repasse en pleurant ces misérables jours ;
J'ai connu le Seigneur dès ma plus tendre aurore :
Quand il punit, il aime encore ;
Il ne s'est pas, mon âme, éloigné pour toujours.

Heureux qui le connaît ! heureux qui dès l'enfance
Porta le joug d'un Dieu, clément dans sa rigueur !
Il croit au salut du Seigneur,
S'assied au bord du fleuve et l'attend en silence.

Il sent peser sur lui ce joug de votre amour ;
Il répand dans la nuit ses pleurs et sa prière,
Et la bouche dans la poussière,
Il invoque, il espère, il attend votre jour.

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Silence, ô lyre ! et vous silence,
Prophètes, voix de l'avenir !
Tout l'univers se tait d'avance
Devant celui qui doit venir !
Fermez-vous, lèvres inspirées ;
Reposez-vous, harpes sacrées,
Jusqu'au jour où sur les hauts lieux
Une voix au monde inconnue,
Fera retentir dans la nue :
PAIX A LA TERRE, ET GLOIRE AUX CIEUX !
Toi qui du jour mourant consoles la nature,
Parais, flambeau des nuits, lève-toi dans les cieux ;
Etends autour de moi, sur la pâle verdure,
Les douteuses clartés d'un jour mystérieux !
Tous les infortunés chérissent ta lumière ;
L'éclat brillant du jour repousse leurs douleurs :
Aux regards du soleil ils ferment leur paupière,
Et rouvrent devant toi leurs yeux noyés de pleurs.

Viens guider mes pas vers la tombe
Où ton rayon s'est abaissé,
Où chaque soir mon genou tombe
Sur un saint nom presque effacé.
Mais quoi ! la pierre le repousse !...
J'entends !... oui ! des pas sur la mousse !
Un léger souffle a murmuré ;
Mon oeil se trouble, je chancelle :
Non, non, ce n'est plus toi ; c'est elle
Dont le regard m'a pénétré !...

Est-ce bien toi ? toi qui t'inclines
Sur celui qui fut ton amant ?
Parle ; que tes lèvres divines
Prononcent un mot seulement.
Ce mot que murmurait ta bouche
Quand, planant sur ta sombre couche,
La mort interrompit ta voix.
Sa bouche commence... Ah ! j'achève :
Oui, c'est toi ! ce n'est point un rêve !
Anges du ciel, je la revois !...

Ainsi donc l'ardente prière
Perce le ciel et les enfers !
Ton âme a franchi la barrière
Qui sépare deux univers !
Gloire à ton nom, Dieu qui l'envoie !
Ta grâce a permis que je voie
Ce que mes yeux cherchaient toujours.
Que veux-tu ? faut-il que je meure ?
Tiens, je te donne pour cette heure
Toutes les heures de mes jours !

Mais quoi ! sur ce rayon déjà l'ombre s'envole !
Pour un siècle de pleurs une seule parole !
Est-ce tout ?... C'est assez ! Astre que j'ai chanté,
J'en bénirai toujours ta pieuse clarté,
Soit que dans nos climats, empire des orages,
Comme un vaisseau voguant sur la mer des nuages,
Tu perces rarement la triste obscurité ;
Soit que sous ce beau ciel, propice à ta lumière,
Dans un limpide azur poursuivant ta carrière,
Des couleurs du matin tu dores les coteaux ;
Ou que, te balançant sur une mer tranquille,
Et teignant de tes feux sa surface immobile,
Tes rayons argentés se brisent dans les eaux !
À Madame L. sur son album.

Amitié, doux repos de l'âme,
Crépuscule charmant des cœurs,
Pourquoi dans les yeux d'une femme
As-tu de plus tendres langueurs ?

Ta nature est pourtant la même !
Dans le cœur dont elle a fait don
Ce n'est plus la femme qu'on aime,
Et l'amour a perdu son nom.

Mais comme en une pure glace
Le crayon se colore mieux,
Le sentiment qui le remplace
Est plus visible en deux beaux yeux.

Dans un timbre argentin de femme
Il a de plus tendres accents :
La chaste volupté de l'âme
Devient presque un plaisir des sens.

De l'homme la mâle tendresse
Est le soutien d'un bras nerveux,
Mais la vôtre est une caresse
Qui frissonne dans les cheveux.

Oh ! laissez-moi, vous que j'adore
Des noms les plus doux tour à tour,
O femmes, me tromper encore
Aux ressemblances de l'amour !

Douce ou grave, tendre ou sévère,
L'amitié fut mon premier bien :
Quelque soit la main qui me serre,
C'est un cœur qui répond au mien.

Non, jamais ma main ne repousse
Ce symbole d'un sentiment ;
Mais lorsque la main est plus douce,
Je la serre plus tendrement.
Ma guiterre, je te chante,
Par qui seule je deçoy,
Je deçoy, je romps, j'enchante
Les amours que je reçoy.

Nulle chose, tant soit douce,
Ne te sçauroit esgaler,
Toi qui mes ennuis repousse
Si tost qu'ils t'oyent parler.

Au son de ton harmonie
Je refreschy ma chaleur ;
Ardante en flamme infinie,
Naissant d'infini malheur.

Plus chèrement je te garde
Que je ne garde mes yeux,
Et ton fust que je regarde
Peint dessus en mille lieux,

Où le nom de ma déesse
En maint amoureux lien,
En mains laz d'amour se laisse,
Joindre en chiffre avec le mien ;

Où le beau Phebus, qui baigne
Dans le Loir son poil doré,
Du luth aux Muses enseigne
Dont elles m'ont honoré,

Son laurier preste l'oreille,
Si qu'au premier vent qui vient,
De reciter s'apareille
Ce que par cœur il retient.

Icy les forests compagnes
Orphée attire, et les vents,
Et les voisines campagnes,
Ombrage de bois suivants.

Là est Ide la branchue,
Où l'oiseau de Jupiter
Dedans sa griffe crochue
Vient Ganymede empieter,

Ganymede délectable,
Chasserot délicieux,
Qui ores sert à la table
D'un bel échanson aux Dieux.

Ses chiens après l'aigle aboient,
Et ses gouverneurs aussi,
En vain étonnez, le voient
Par l'air emporter ainsi.

Tu es des dames pensives
L'instrument approprié,
Et des jeunesses lascives
Pour les amours dédié.

Les amours, c'est ton office,
Non pas les assaus cruels,
Mais le joyeux exercice
De souspirs continuels.

Encore qu'au temps d'Horace
Les armes de tous costez
Sonnassent par la menace
Des Cantabres indomtez,

Et que le Romain empire
Foullé des Parthes fust tant,
Si n'a-il point à sa lyre
Bellonne accordé pourtant,

Mais bien Venus la riante,
Ou son fils plein de rigueur,
Ou bien Lalagé fuyante
Davant avecques son cœur.

Quand sur toy je chanteroye
D'Hector les combas divers,
Et ce qui fut fait à Troye
Par les Grecs en dix hyvers,

Cela ne peut satisfaire
A l'amour qui tant me mord :
Que peut Hector pour moy faire ?
Que peut Ajax, qui est mort ?

Mieux vaut donc de ma maistresse
Chanter les beautez, afin
Qu'à la douleur qui me presse
Daigne mettre heureuse fin ;

Ces yeux autour desquels semble
Qu'amour vole, ou que dedans
II se cache, ou qu'il assemble
Cent traits pour les regardants.

Chantons donc sa chevelure,
De laquelle Amour vainqueur
Noua mille rets à l'heure
Qu'il m'encordela le cœur,

Et son sein, rose naïve,
Qui va et vient tout ainsi
Que font deux flots à leur rive
Poussez d'un vent adoucy.
Non, sous quelque drapeau que le barde se range,
La muse sert sa gloire et non ses passions !
Non, je n'ai pas coupé les ailes de cet ange
Pour l'atteler hurlant au char des factions !
Non, je n'ai point couvert du masque populaire
Son front resplendissant des feux du saint parvis,
Ni pour fouetter et mordre, irritant sa colère,
Changé ma muse en Némésis !

D'implacables serpents je ne l'ai point coiffée ;
Je ne l'ai pas menée une verge à la main,
Injuriant la gloire avec le luth d'Orphée,
Jeter des noms en proie au vulgaire inhumain.
Prostituant ses vers aux clameurs de la rue,
Je n'ai pas arraché la prêtresse au saint lieu ;
A ses profanateurs je ne l'ai pas vendue,
Comme Sion vendit son Dieu !

Non, non : je l'ai conduite au fond des solitudes,
Comme un amant jaloux d'une chaste beauté ;
J'ai gardé ses beaux pieds des atteintes trop rudes
Dont la terre eût blessé leur tendre nudité :
J'ai couronné son front d'étoiles immortelles,
J'ai parfumé mon coeur pour lui faire un séjour,
Et je n'ai rien laissé s'abriter sous ses ailes
Que la prière et que l'amour !

L'or pur que sous mes pas semait sa main prospère
N'a point payé la vigne ou le champ du potier ;
Il n'a point engraissé les sillons de mon père
Ni les coffres jaloux d'un avide héritier :
Elle sait où du ciel ce divin denier tombe.
Tu peux sans le ternir me reprocher cet or !
D'autres bouches un jour te diront sur ma tombe
Où fut enfoui mon trésor.

Je n'ai rien demandé que des chants à sa lyre,
Des soupirs pour une ombre et des hymnes pour Dieu,
Puis, quand l'âge est venu m'enlever son délire,
J'ai dit à cette autre âme un trop précoce adieu :
"Quitte un coeur que le poids de la patrie accable !
Fuis nos villes de boue et notre âge de bruit !
Quand l'eau pure des lacs se mêle avec le sable,
Le cygne remonte et s'enfuit."

Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle,
S'il n'a l'âme et la lyre et les yeux de Néron,
Pendant que l'incendie en fleuve ardent circule
Des temples aux palais, du Cirque au Panthéon !
Honte à qui peut chanter pendant que chaque femme
Sur le front de ses fils voit la mort ondoyer,
Que chaque citoyen regarde si la flamme
Dévore déjà son foyer !

Honte à qui peut chanter pendant que les sicaires
En secouant leur torche aiguisent leurs poignards,
Jettent les dieux proscrits aux rires populaires,
Ou traînent aux égouts les bustes des Césars !
C'est l'heure de combattre avec l'arme qui reste ;
C'est l'heure de monter au rostre ensanglanté,
Et de défendre au moins de la voix et du geste
Rome, les dieux, la liberté !

La liberté ! ce mot dans ma bouche t'outrage ?
Tu crois qu'un sang d'ilote est assez pur pour moi,
Et que Dieu de ses dons fit un digne partage,
L'esclavage pour nous, la liberté pour toi ?
Tu crois que de Séjan le dédaigneux sourire
Est un prix assez noble aux coeurs tels que le mien,
Que le ciel m'a jeté la bassesse et la lyre,
A toi l'âme du citoyen ?

Tu crois que ce saint nom qui fait vibrer la terre,
Cet éternel soupir des généreux mortels,
Entre Caton et toi doit rester un mystère ;
Que la liberté monte à ses premiers autels ?
Tu crois qu'elle rougit du chrétien qui l'épaule,
Et que nous adorons notre honte et nos fers
Si nous n'adorons pas ta liberté jalouse
Sur l'autel d'airain que tu sers ?

Détrompe-toi, poète, et permets-nous d'être hommes !
Nos mères nous ont faits tous du même limon,
La terre qui vous porte est la terre où nous sommes,
Les fibres de nos coeurs vibrent au même son !
Patrie et liberté, gloire, vertu, courage,
Quel pacte de ces biens m'a donc déshérité ?
Quel jour ai-je vendu ma part de l'héritage,
Esaü de la liberté ?

Va, n'attends pas de moi que je la sacrifie
Ni devant vos dédains ni devant le trépas !
Ton Dieu n'est pas le mien, et je m'en glorifie :
J'en adore un plus grand qui ne te maudit pas !
La liberté que j'aime est née avec notre âme,
Le jour où le plus juste a bravé le plus fort,
Le jour où Jehovah dit au fils de la femme :
" Choisis, des fers ou de la mort ! "

Que ces tyrans divers, dont la vertu se joue,
Selon l'heure et les lieux s'appellent peuple ou roi,
Déshonorent la pourpre ou salissent la boue,
La honte qui les flatte est la même pour moi !
Qu'importe sous quel pied se courbe un front d'esclave !
Le joug, d'or ou de fer, n'en est pas moins honteux !
Des rois tu l'affrontas, des tribuns je le brave :
Qui fut moins libre de nous deux ?

Fais-nous ton Dieu plus beau, si tu veux qu'on l'adore ;
Ouvre un plus large seuil à ses cultes divers !
Repousse du parvis que leur pied déshonore
La vengeance et l'injure aux portes des enfers !
Ecarte ces faux dieux de l'autel populaire,
Pour que le suppliant n'y soit pas insulté !
Sois la lyre vivante, et non pas le Cerbère
Du temple de la Liberté !

Un jour, de nobles pleurs laveront ce délire ;
Et ta main, étouffant le son qu'elle a tiré,
Plus juste arrachera des cordes de ta lyre
La corde injurieuse où la haine a vibré !
Mais moi j'aurai vidé la coupe d'amertume
Sans que ma lèvre même en garde un souvenir ;
Car mon âme est un feu qui brûle et qui parfume
Ce qu'on jette pour la ternir.
Murmure autour de ma nacelle,
Douce mer dont les flots chéris,
Ainsi qu'une amante fidèle,
Jettent une plainte éternelle
Sur ces poétiques débris.

Que j'aime à flotter sur ton onde.
A l'heure où du haut du rocher
L'oranger, la vigne féconde,
Versent sur ta vague profonde
Une ombre propice au nocher !

Souvent, dans ma barque sans rame,
Me confiant à ton amour,
Comme pour assoupir mon âme,
Je ferme au branle de ta lame
Mes regards fatigués du jour.

Comme un coursier souple et docile
Dont on laisse flotter le mors,
Toujours, vers quelque frais asile,
Tu pousses ma barque fragile
Avec l'écume de tes bords.

Ah ! berce, berce, berce encore,
Berce pour la dernière fois,
Berce cet enfant qui t'adore,
Et qui depuis sa tendre aurore
N'a rêvé que l'onde et les bois !

Le Dieu qui décora le monde
De ton élément gracieux,
Afin qu'ici tout se réponde,
Fit les cieux pour briller sur l'onde,
L'onde pour réfléchir les cieux.

Aussi pur que dans ma paupière,
Le jour pénètre ton flot pur,
Et dans ta brillante carrière
Tu sembles rouler la lumière
Avec tes flots d'or et d'azur.

Aussi libre que la pensée,
Tu brises le vaisseau des rois,
Et dans ta colère insensée,
Fidèle au Dieu qui t'a lancée,
Tu ne t'arrêtes qu'à sa voix.

De l'infini sublime image,
De flots en flots l'oeil emporté
Te suit en vain de plage en plage,
L'esprit cherche en vain ton rivage,
Comme ceux de l'éternité.

Ta voix majestueuse et douce
Fait trembler l'écho de tes bords,
Ou sur l'herbe qui te repousse,
Comme le zéphyr dans la mousse,
Murmure de mourants accords.

Que je t'aime, ô vague assouplie,
Quand, sous mon timide vaisseau,
Comme un géant qui s'humilie,
Sous ce vain poids l'onde qui plie
Me creuse un liquide berceau.

Que je t'aime quand, le zéphire
Endormi dans tes antres frais,
Ton rivage semble sourire
De voir dans ton sein qu'il admire
Flotter l'ombre de ses forêts !

Que je t'aime quand sur ma poupe
Des festons de mille couleurs,
Pendant au vent qui les découpe,
Te couronnent comme une coupe
Dont les bords sont voilés de fleurs !

Qu'il est doux, quand le vent caresse
Ton sein mollement agité,
De voir, sous ma main qui la presse,
Ta vague, qui s'enfle et s'abaisse
Comme le sein de la beauté !

Viens, à ma barque fugitive
Viens donner le baiser d'adieux ;
Roule autour une voix plaintive,
Et de l'écume de ta rive
Mouille encor mon front et mes yeux.

Laisse sur ta plaine mobile
Flotter ma nacelle à son gré,
Ou sous l'antre de la sibylle,
Ou sur le tombeau de Virgile :
Chacun de tes flots m'est sacré.

Partout, sur ta rive chérie,
Où l'amour éveilla mon coeur,
Mon âme, à sa vue attendrie,
Trouve un asile, une patrie,
Et des débris de son bonheur,

Flotte au hasard : sur quelque plage
Que tu me fasses dériver,
Chaque flot m'apporte une image ;
Chaque rocher de ton rivage
Me fait souvenir ou rêver...
Ô honte ! ce n'est pas seulement cette femme,
Sacrée alors pour tous, faible cœur, mais grande âme,
Mais c'est lui, c'est son nom dans l'avenir maudit,
Ce sont les cheveux blancs de son père interdit,
C'est la pudeur publique en face regardée
Tandis qu'il s'accouplait à son infâme idée,
C'est l'honneur, c'est la foi, la pitié, le serment,
Voilà ce que ce juif a vendu lâchement !

Juif : les impurs traitants à qui l'on vend son âme
Attendront bien longtemps avant qu'un plus infâme
Vienne réclamer d'eux, dans quelque jour d'effroi,
Le fond du sac plein d'or qu'on fit vomir sur toi !

Ce n'est pas même un juif ! C'est un payen immonde,
Un renégat, l'opprobre et le rebut du monde,
Un fétide apostat, un oblique étranger
Qui nous donne du moins le bonheur de songer
Qu'après tant de revers et de guerres civiles
Il n'est pas un bandit écumé dans nos villes,
Pas un forçat hideux blanchi dans les prisons,
Qui veuille mordre en France au pain des trahisons !

Rien ne te disait donc dans l'âme, ô misérable !
Que la proscription est toujours vénérable,
Qu'on ne bat pas le sein qui nous donna son lait,
Qu'une fille des rois dont on fut le valet
Ne se met point en vente au fond d'un antre infâme,
Et que, n'étant plus reine, elle était encor femme !

Rentre dans l'ombre où sont tous les monstres flétris
Qui depuis quarante ans bavent sur nos débris !
Rentre dans ce cloaque ! et que jamais ta tête,
Dans un jour de malheur ou dans un jour de fête,
Ne songe à reparaître au soleil des vivants !
Qu'ainsi qu'une fumée abandonnée aux vents,
Infecte, et don chacun se détourne au passage,
Ta vie erre au hasard de rivage en rivage !

Et tais-toi ! que veux-tu balbutier encor !
Dis, n'as-tu pas vendu l'honneur, le vrai trésor ?
Garde tous les soufflets entassés sur ta joue.
Que fait l'excuse au crime et le fard sur la boue !

Sans qu'un ami t'abrite à l'ombre de son toit,
Marche, autre juif errant ! marche avec l'or qu'on voit
Luire à travers les doigts de tes mains mal fermées !
Tous les biens de ce monde en grappes parfumées
Pendent sur ton chemin, car le riche ici-bas
A tout, hormis l'honneur qui ne s'achète pas !
Hâte-toi de jouir, maudit ! et sans relâche
Marche ! et qu'en te voyant on dise : C'est ce lâche !
Marche ! et que le remords soit ton seul compagnon !
Marche ! sans rien pouvoir arracher de ton nom !
Car le mépris public, ombre de la bassesse,
Croît d'année en année et repousse sans cesse,
Et va s'épaississant sur les traîtres pervers
Comme la feuille au front des sapins toujours verts !

Et quand la tombe un jour, cette embûche profonde
Qui s'ouvre tout à coup sous les choses du monde,
Te fera, d'épouvante et d'horreur agité,
Passer de cette vie à la réalité,
La réalité sombre, éternelle, immobile !
Quand, d'instant en instant plus seul et plus débile,
Tu te cramponneras en vain à ton trésor ;
Quand la mort, t'accostant couché sur des tas d'or,
Videra brusquement ta main crispée et pleine
Comme une main d'enfant qu'un homme ouvre sans peine,
Alors, dans cet abîme où tout traître descend,
L'un roulé dans la fange et l'autre teint de sang,
Tu tomberas damné, désespéré, banni !
Afin que ton forfait ne soit pas impuni,
Et que ton âme, errante au milieu de ces âmes,
Y soit la plus abjecte entre les plus infâmes !
Et lorsqu'ils te verront paraître au milieu d'eux,
Ces fourbes dont l'histoire inscrit les noms hideux,
Que l'or tenta jadis, mais à qui d'âge en âge
Chaque peuple en passant vient cracher au visage,
Tous ceux, les plus obscurs comme les plus fameux,
Qui portent sur leur lèvre un baiser venimeux,
Judas qui vend son Dieu, Leclerc qui vend sa ville,
Groupe au louche regard, engeance ingrate et vile,
Tous en foule accourront joyeux sur ton chemin,
Et Louvel indigné repoussera ta main !

Novembre 1832.
Moi je suis content ; je rentre
Dans l'ombre du Dieu jaloux ;
Je n'ai plus la cour, j'ai l'antre :
J'avais des rois, j'ai des loups.

Je redeviens le vrai chêne.
Je croîs sous les chauds midis ;
Quatre-vingt-neuf se déchaîne
Dans mes rameaux enhardis.

Trianon vieux sent le rance.
Je renais au grand concert ;
Et j'appelle délivrance
Ce que vous nommez désert.

La reine eut l'épaule haute,
Le grand dauphin fut pied-bot ;
J'aime mieux Gros-Jean qui saute
Librement dans son sabot.

Je préfère aux Léonores
Qu'introduisaient les Dangeaux,
Les bons gros baisers sonores
De mes paysans rougeauds.

Je préfère les grands souffles,
Les bois, les champs, fauve abri,
L'horreur sacrée, aux pantoufles
De madame Dubarry.

Je suis hors des esclavages ;
Je dis à la honte : Assez !
J'aime mieux les fleurs sauvages
Que les gens apprivoisés.

Les hommes sont des ruines ;
Je préfère, ô beau printemps,
Tes fiertés pleines d'épines
À ces déshonneurs contents.

J'ai perdu le Roquelaure
Jasant avec la Boufflers ;
Mais je vois plus d'aube éclore
Dans les grands abîmes clairs.

J'ai perdu monsieur le *****,
Et le monde officiel,
Et d'Antin ; mais je m'enfonce
Toujours plus avant au ciel.

Décloîtré, je fraternise
Avec les rustres souvent.
Je vois donner par Denise
Ce que Célimène vend.

Plus de fossé ; rien n'empêche,
À mes pieds, sur mon gazon,
Que Suzon morde à sa pêche,
Et Mathurin à Suzon.

Solitaire, j'ai mes joies.
J'assiste, témoin vivant,
Dans les sombres claires-voies,
Aux aventures du vent.

Parfois dans les primevères
Court quelque enfant de quinze ans ;
Mes vieilles ombres sévères
Aiment ces yeux innocents.

Rien ne pare un paysage,
Sous l'éternel firmament,
Comme une fille humble et sage
Qui soupire obscurément.

La fille aux fleurs de la berge
Parle dans sa belle humeur,
Et j'entends ce que la vierge
Dit dans l'ombre à la primeur.

J'assiste au germe, à la sève,
Aux nids où s'ouvrent des yeux,
À tout cet immense rêve
De l'***** mystérieux.

J'assiste aux couples sans nombre,
Au viol, dans le ravin,
De la grande pudeur sombre
Par le grand amour divin.

J'assiste aux fuites rapides
De tous ces baisers charmants.
L'onde a des coeurs dans ses rides ;
Les souffles sont des amants.

Cette allégresse est sacrée,
Et la nature la veut.
On croit finir, et l'on crée.
On est libre, et c'est le noeud.

J'ai pour jardinier la pluie,
L'ouragan pour émondeur ;
Je suis grand sous Dieu ; j'essuie
Ma cime à la profondeur.

L'hiver froid est sans rosée ;
Mais, quand vient avril vermeil,
Je sens la molle pesée
Du printemps sur mon sommeil.

Je la sens mieux, étant libre.
J'ai ma part d'immensité.
La rentrée en équilibre,
Ami, c'est la liberté.

Je suis, sous le ciel qui brille,
Pour la reprise des droits
De la forêt sur la grille,
Et des peuples sur les rois.

Dieu, pour que l'Éden repousse,
Frais, tendre, un peu sauvageon,
Presse doucement du pouce
Ce globe, énorme bourgeon.

Plus de roi. Dieu me pénètre.
Car il faut, retiens cela,
Pour qu'on sente le vrai maître,
Que le faux ne soit plus là.

Il met, lui, l'unique père,
L'Éternel toujours nouveau,
Avec ce seul mot : Espère,
Toute l'ombre de niveau.

Plus de caste. Un ver me touche,
L'hysope aime mon orteil.
Je suis l'égal de la mouche,
Étant l'égal du soleil.

Adieu le feu d'artifice
Et l'illumination.
J'en ai fait le sacrifice.
Je cherche ailleurs le rayon.

D'augustes apothéoses,
Me cachant les cieux jadis,
Remplaçaient, dans des feux roses,
Jéhovah par Amadis.

On emplissait la clairière
De ces lueurs qui, soudain,
Font sur les pieds de derrière
Dresser dans l'ombre le daim.

La vaste voûte sereine
N'avait plus rien qu'on pût voir,
Car la girandole gêne
L'étoile dans l'arbre noir.

Il sort des feux de Bengale
Une clarté dans les bois,
Fière, et qui n'est point l'égale
De l'âtre des villageois.

Nous étions, chêne, orme et tremble,
Traités en pays conquis
Où se débraillent ensemble
Les pétards et les marquis.

La forêt, comme agrandie
Par les feux et les zéphirs,
Avait l'air d'un incendie
De rubis et de saphirs.

On offrait au prince, au maître,
Beau, fier, entouré d'archers,
Ces lumières, soeurs peut-être
De la torche des bûchers.

Cent mille verroteries
Jetaient, flambant à l'air vif,
Dans le ciel des pierreries
Et sur la terre du suif.

Une gloire verte et bleue,
Qu'assaisonnait quelque effroi,
Faisait là-haut une queue
De paon en l'honneur du roi.

Aujourd'hui, - c'est un autre âge,
Et les flambeaux sont changeants, -
Je n'ai plus d'autre éclairage
Que le ciel des pauvres gens.

Je reçois dans ma feuillée,
Sombre, aux mille trous vermeils,
La grande nuit étoilée,
Populace de soleils.

Des planètes inconnues
Poussent sur mon dôme obscur,
Et je tiens pour bien venues
Ces coureuses de l'azur.

Je n'ai plus les pots de soufre
D'où sortaient les visions ;
Je me contente du gouffre
Et des constellations.

Je déroge, et la nature,
Foule de rayons et d'yeux
M'attire dans sa roture
Pêle-mêle avec les cieux.

Cependant tout ce qui reste,
Dans l'herbe où court le vanneau
Et que broute l'âne agreste,
Du royal siècle a giorno ;

Tout ce qui reste des gerbes,
De Jupin, de Sémélé,
Des dieux, des gloires superbes,
Un peu de carton brûlé ;

Dans les ronces paysannes,
Au milieu des vers luisants,
Les chandelles courtisanes,
Et les lustres courtisans ;

Les vieilles splendeurs brisées,
Les ifs, nobles espions,
Leurs altesses les fusées,
Messeigneurs les lampions ;

Tout ce beau monde me raille,
Éteint, orgueilleux et noir ;
J'en ris, et je m'encanaille
Avec les astres le soir.
L'honneur permet la galanterie quand elle est unie à
L'idée de sentiments du cœur, ou à l'idée de conquête.
Montesquieu.


Mon idéal n'est pas : mon ange,
À qui l'on dit : mon ange, mange ;
Tu ne bois pas, mon ange aimé ?
Un pauvre ange faux et sans ailes
Que les plus sottes ritournelles
Ont étrangement abimé.

Mon idéal n'est pas : ma chère,
De l'amant qui fait maigre chère,
Et dit chère, du bout des dents,
Moins chère que ma chère tante,
Ou que la chaire protestante
Où gèlent les sermons prudents.

Mon idéal n'est pas : ma bonne !
Ce n'est pas la bonne personne,
Celle dont on dit, et comment !
« Elle est si bonne ! elle est si douce ! »
Et qui jamais ne vous repousse,
Madone du consentement !

Non ! mon idéal, c'est la femme
Féminine de corps et d'âme,
Et femme, femme, femme, bien,
Bien femme, femme dans les moelles,
Femme jusqu'au bout de ses voiles,
Jusqu'au bout des doigts n'étant rien.

Une petite femme haute,
Capable de punir la faute,
Et de mépriser le Pervers,
Qui ne peut souffrir que l'aimable
Dans son salon, ou dans la fable,
Aussi bien en prose qu'en vers.

Une petite femme sûre
De trouver l'âme à sa mesure
Après... un petit brin de cour,
Et le chevalier à sa taille
Avant... l'heure de la bataille,
Oui, car... c'est la guerre, l'Amour,

Je vous dis l'Amour, c'est la guerre.
En guerre donc ! tu m'as naguère
Sacré ton chevalier féal !
Je vais sortir de ma demeure !
Je vaincrai, Madame, où je meure !
Car vous êtes mon idéal !

Comme un dur baron qui se fâche
Contre le pillard ou le lâche,
Quittait le fort seigneurial,
Je saisis ma lance et mon casque
Avec le panache et... sans masque,
Car vous êtes mon idéal !

Armé de ma valeur intime,
Oui, coiffé de ma propre estime,
Je m'élance sur mon cheval :
Le temps est beau, la terre est ronde,
Je ris au nez de tout le monde !
Car vous êtes mon idéal !

La lance autant que l'âme altière,
Nous jetons à la terre entière
Le gant, certes ! le plus loyal.
Mon bon cheval ne tarde guère,
Allons ! Et vole au cri de guerre !
Tous ! Valentine est l'Idéal !
Lucas Pilleul Jun 2017
Les amis ne sont-ils pas juste de passage ?
Des moyens pour arriver plus vite à des fins,
Plus qu'un accord tacite, ou un bien grand partage.
Cadeau de la vie, ils s'abreuvent de bières et vins.

Chaque Homm' sensé a conscience de l'importance
D'être en accord et ne pas voir de réticences
À leur parler, à être entier, franc, direct, droit.
Au lieu de ça, délaissé, l'esprit vague et froid,

Je me rends compte ce soir, que cela me coûte,
Que je ne veux pas de ça, ou bien plus, sans doute,
Je les repousse, sans envie d'une telle osmose.

Qu'attendez-vous de moi ? Las d'en être la cause,
Je vous quitte car je voulais raviver la flamme,
D'une amitié longtemps voulue, paix à mon âme.
#4
Julian Mar 5
https://www.dropbox.com/scl/fi/l8njruxa73yee9b0jzmhd/The-Ultimate-Unabridged-Guide-to-Esoteric-Working-English-2.docx?­­rlkey=kunoar7ghpfkb7fjk5xkdgx95&st=i84ornny&dl=0

2521-vaalhaai: South African Shark
2522-vaaljapie: inferior wine or acid
2523 vaccimulgence: cow milking
2524: reedbuck: antelope frequenting reeds; lucriferous learning by smart animals
2525 reeve: to pass a rope through a ring (the wedlock of an anarchist with an opportunist celebrity)
2526 reflectography: method of revealing hidden drawning lines beneath paintings the cryptadia of top secret Qart
2527. reflet: iridiscent or metallic lustre
2528 refulgent: casting a ray of light; radiant and beaming (something so rapid it blurs space and time or provides extravagant thrills)
2529 regardant:in profile and looking to the rear (hindsight)
2530 reginal: of, like or pertaining to a prom queen (relating to the women at a given college or high school vying to become the most popular students at the school or relating to really popular women in a given corporate culture)
2531 regisseur: stage manager of the Truman Show
2532 regolith: layer of loose rock overlaying solid rock (the lessor music of bands that have a few good songs but many mediocre one)
2533 regrate: to buy and sell again in the same market (larceny)
2534. relict: left behind and surviving on the moon
2535 relction: recession of sea leaving bare land (a view of a distant alien civilization where tidal flows are extreme and much land is uncovered)
2536 remanet: postponed case or parliamentary bill
2537 remeant: returning; combing back (characteristic of a person immured in a comatose state convalescing into consciousness/ a person undergoing a hypnotic influence while being told many secrets as in Seattle 12/16/2009)
2538 remigate-to row or cause a row (a motile miracle that causes a domestic dispute among atheists or agnostics/ an argument between psychiatry and scientology)
2539 remotion: separation, removal or removal of a person from office for disreputable malversation
2540 repousse: raised in relief by hammering from behind or within (a deft ****** encounter with a hot girl where she ******* from *******)
2541 reprobate: reprehensible or immoral person
2542 reprography: reproduction of graphic or typeset material (Joseph Smith)
2543 reredos: screen behind altar (covert homosexuality in the confines of a church or heterosexuality in confession booths)
2544 reremouse: a bat (a vigilante that pretends to be a superhero for street cred or a supervillain for street cred)
2545 rescript: answer of the pope or empower to any legal question edict or declaration
2546 resection: cutting away a part of a work or movie especially the end (stretchgraves)
2547 resipiscence: recognition of error; change to better frame of mind
2548 respondentia: loan on ship’s cargo payable on safe arrival
2549retiary: of nets: using nets as a weapon; catching insects in webs
2550 reticulose- of the nature of a network or plexure (of ornately interconnected brains that fetch the most farsighted even when finifugal insights to later refine themselves/ someone with a very protean mind)
2551 retinaculum: connecting band and means of retention (the ornate intertesselations and neuronal concatenations of people with very high IQ’s in their temporal-parietal juncture and the prefrontal cortex)
2552 retrenchment: cutting down on; reduction in the amount of
2553 retroject: to throw backwards a lateral
2554 retropulsion: pushign backwards
2555 revanche: revenge for policies directed towards recovery of territory
2556 revendicate: to try and retrieve a lost good or prospect
2557 revirescent: growing young or strong again because of a lifestyle change or change in medication
2558 revolute: rolled back at the edges of frayed modernity (a statement of pandering by a popular culture figure that tries to cadge people away from modern climates in exchange for the heyday of his convenience)
2559 rhadamanthine: like a stern judge or a steerage avizandum
2560 rheography: measurement of blood flow or the migration of kin in consanguinity to patriarchs of history
2561 rheology: science of the deformation or flow of matter into decadence rather than qualms
2562rheophile: living or thriving in running water (someone who thrives because of widespread sin)
2563 rheotaxis: direction of movement by water (movement of sinners around the world in terms of where they move the most often)
2564 rhexis: rupture of blood vessel (injury to your children especially in a frivverscrabble
2565 rhigosis: a sensation of cold: the ability to feel cold (the fear of your bank account being frozen because you too widely share insider information about the military or the financial landscape to too many loose lipped people)
2566 rhinotillexomania: compulsive nose picking or mining for depleted resources out of deprivation even in frustraneous endeavors
2567 rhopography: painting in still life (mercurial pictures of underminnow)
2568 rhotacism: hubris of Aryan Asians (the hubris of all people that claim racial supremacy)
2569 rhubarb: nonsense; actors’ nonsense background chatter (secretive speeches mistaken)
2570 rhyparography: genre of still-life pictures of sordid subjects (the trauma of working in a job that requires you to view disturbing autopsy photos or exposure to extremely distressing post-traumatic stress because of a major event in one’s life)
2571rhythmometer: instrument for measuring speed of circadian rhythms (instrument for measuring how widely spread drug abuse is in a given community)
2572 ribibe: an old crone, past the age of ****** appeal (an elite older woman that thrives because of agerasia)
2573 ridibund: easily moved to laughter (the terrorism of coarse jokes never meant to offend because of jannock)
2574 ridotto: social gathering with music and dancing(a monumental moment in human history that spares many people from suffering or harm/ a lucky marriage between soulmates)
2575 rifacimento: recasting of a literary or musical work (breaking up a band)
2576 rigescent: becoming numb or stiff (to have a random ******* when not thinking about any ****** thoughts)
2577 rimose: covered with cracks; full of chynx (a city deeply divided over drug issues)
2578 ringent: the audacious pursuit of married  women by guys who are extremely jaded by their *** life with their girlfriend or wife who cheat to much damage to their personal acclaim
2579 rinkomania: obsession with skating or hockey (of an attempt to injure some rival so they cannot compete with you on a professional level)
2580 ripieno: supplementary or reinforcing music that becomes a mainsail for collective motivation
2581 rittmaster: captain of a troop or horse (owner of a football team)
2582 *
*rivage: shore or bank (an astute bank that survives all financial triage by having a great balance sheet and liquidity)
2583 rivulation: irregular marks of color (the act of hiding one’s celebrity to roam around the world incognito especially when cloyed by fame)
2584 *rodomontade: bluster; boasting or bragging speech
2585 roentgenography: imagery or examination using x-rays(of or pertaining to absurd attempts at humor)
2586 rostrum: platform for public speaking (the demegoric tendency at campaign stumps for wide audiences that demarcates the elevation of pycnostyle to ensure the broadest audience possible understands it)
2587 rotocracy: government by those controlling rotten boroughs a graveyard for simpletons and groundlings a corrupt violent jail
2588 rubefaction: reddening (to turn an independent or blue-leaning region into a conservative territory either because of migration or because of oppositive support for provincial issues)
2589 rudenture: architecture that promotes ciplinarian molds that support liberty (the collective acts by the mafia to enhance their power base in the least violent way possible for public relations concerns)
2590 rugible: capable of roaring or becoming famous for subpar music
2591 rumbustious: boisterous about absolutely every sporting event that can be screened (a compulsive gambler on sporting events that always wagers a ridiculous amount in proportion to his net worth)
2592 rumchunder: fine silk (the most refined people of Asian countries that are known as holistically gifted, photogenic and generous either locally known or nationally known; an Asian paragon)
2593 rumfustian: a hot alcoholic drink made from pirated drugs off the dark web
2594 rupellary: a momentum of tsunami and the rise of an underdog hero because of musical talent or athletic prowess
2595 rupestrian: composed of rock; inscribed on rock (relating to the knowledge gained by analyzing the Rosetta Stone or the ability to learn new languages thereby/ the capacity of someone who doesn’t understand a language to figure it out by using subtitles)
2596 rurigenous: living or born in the country or backwater (of a famous celebrity from humble beginnings that climbs from a less elite family or region into international stardom)
2597 vacive: empty
2598 vacuefy: to produce a vacuum or help fugitives escape
2599 vacuist: someone that beliefs that an absolute vacuum is possible in nature (someone who believes in quantum events)
2600 *vacillate: to fluctuate in opinion or resolution
2601 vadable: able to be crossed, forded or folded
2602 vadimony: bond or pledge given before a judge
2603 vagantes: wandering monk scholars (elite people that travel often that are tight-lipped about the secrets they learn from other countries)
2604 vagarian: a whimsical person who always goes on adventures on the spot even when they are churlish or out of the way
2605 vagarish: of the eyes tending to roam or tending to focus on the Roman Catholic Church when watching *******
2606 vagient: crying like a baby (especially among adults that are thermolabile because of domestic disputes especially when peacefully resolved)
2607 vagile: having the ability to move about (as in prisoners or people widely hated by certain urbacities)
2608 valienton: bullies that brag because their old boodle is now useless so instead of vaunting heroism they become breedbates of catarrhine pandering
2609 vallidom: worth, value (as of a person or moment in history the salience of a prayer measured on a quantitative scale)
2610 valse: dance in triple time or waltz to elegant music
2611 valuta: comparative value of a currency or the price of a rumor because of “Knights”
2612 vandyke: to cut deep angeled indentations into (to inculcate bricolages of dumose masonry)
2613 vanitarianism: the pursuit of vain things (obsession with self-referential music)
2614. vapography effect of physical emanations on photographic plates (Cryptaesthesia by aliens)
2615 vapulate: to flog, to be flogged (especially when you know too many damning secrets about Middle-Eastern countries and they fake the charges so that no one knows they are flogged for treason)
2616 vaporetto: to motorboat a hot ***** in Las Vegas (a Wedding Crashers affair with a desperate girl in an elite family trying to philander with people from other elite families)
2617 varan: monitor lizard (Alien 33rd)
2618 vardle: the bottom hinge of a gate (the deepest underground computer protected by cryptadia)
2619 vardo: gypsy caravan a bus trying to extort people by using ****** Doo hijinx and other covert technology
2620 varietist: unorthodox person that becomes unorthodox because of indifferentism being too widely shared or euhemerism seeming too plausible
2621 varimax: method of statistical factor analysis that taxes advanced stochastic mathematics to analyze the financial sector
2622 variphone: use of many sounds used interchangeably by ausehetoria
2623 varsal: whole; entire; universal panorama
2624 vas: a hollow ***** or tube that conveys liquid within the body or sells secrets because of market liquidity
2625 vasotribe: instrument used to stop bleeding or prevent rioting a demarche
2626 vastation: purification by destroying evil elements
2627 vastidity: a vast extent
2628 vau: the sixth letter of the Hebrew alphabet
2629vauntlay: in hunting, release of a lead set of hounds before following them to catch fowl (A wedding crashers gambit to injure your friend)
2630 vaurien: a good-for-nothing; worthless person who is now worthless because of valienton and thereby inert in capacity for coverthrow or vangermyte succedaneum
2631vecordy: madness or folly because of crapulence and ravenous emacity among desperate people naive enough to believe that this is already the highest heaven that don’t believe in the afterlife ignorantly
2632 vectigal: of like or pertaining to the paying of tribute or rent (the act of the mafia collecting money for protection measures and thereby earning a handsome fortune for community organization that is parlayed into many charitable endeavors historically rather than currently)
2633 vedro: Russian unit of liquid measure equal to 2.7 gallons
2634 vees: soft earth in a crack or mining fissure (secret hiding place of nuclear combustible fissile materials in the Middle East)
2635 veepstakes: campaign to become vice president of any country
2636 veilleuse: shaded night lamp in red light districts ( a covert ******* or drug dealer)
2637 *velleity: lowest degree of volition; slight wish without any impulse to action
2638 *vellicative: causing twitching (an overdose on a noxious illegal drug)
2639 velocious: with great speed in any endeavor (high on amphetamines)
2640 venatic: of like or pertaining to hunting or Good Will Hunting
2641 vendible: capable of being sold (especially of or relating to secrets about the future or the past but relevant secrets)
2642 vendicate: to claim for yourself (arrogate)
2643 vendange: grape harvest (DXM Overdose)
2644venery: pursuit of ****** gratification
2645 venireman: juror smart enough to jurymast an entire gathering of galere into finding a man innocent rather than guilty that gets angry when prejudiced people don’t have the reninjasque capacity to see that a person is telling the truth (someone who believes authentic people rather than fake ones)
2646 venoclysis: introduction of liquid into the body by an intravenous drip (an attempt to sabotage a ****** encounter by providing medication that results in Erectile Dysfunction)
2647 venostasis: reduction in flow of blood to a part of the body paralyzing geographic regions because elite families don’t feel safe in famigeration or cabotage
2648ventana: window (a primordial operating system that is still in use today by some recalcitrant companies or government institutions abroad)
2649 ventifact:stone polished by wind-blown sand (advanced architecture built by aliens using slave labor)
2650ventrilabral: pertaining to fans or fanatacism (crimes or charities supported by professional sports teams in any country)
2651ventrad: towards the front of a crowd of people (the successful act of clambering towards a teleonomic goal)
2652 verbalism: undue attention to words alone even when synsematic
2653 verbile: one whose mental attraction to women is primed by words rather than scopophilia
2654 verderer: officer in charge of royal forests or elite national parks or the novalia of alien territory
2655 verglas: film of ice on rock (a show about drug dealers or natural disasters)
2656 verificationism: doctrine that emphasizes empirical verification of theoretical principles (the documentation of visible miracles that validates God’s existence)
2657 vernalization: to artificially chill seeds to hasten flowering in spring (to time a birthday by trying to conceive at the right time or using in vitro to time a pregnancy)
2658 vernicle: cloth with image of Christ’s face impressed upon it
2659 vernier: small movable scale for finely adjusting divisions of a measuring instrument (portable scale used by drug dealers)
2660 versability: aptness to be turned around
2661 versemonger: a writer of mediocre poetry (someone who relies on ChatGPT too often because he is extremely lazy when he does his homework that thereby suffers from academic struggles in English especially when ChatGPT becomes too advanced)
2662 versiform: changing in form
2663verticillated: whorled
2664vespertiolionize: to turn into batman by traumatizing a kid (the act of subacting someone you don’t like which molds their persona in a way that they become very jaundiced about racial groups or cliques because of repeated obganiation of bullying)
2665vesuvian: smoker’s slow-burning match
2666 Veneniferous: carrying poison
2667 vesta: wax-stemmed match (Mailbox Arson)
2668
vexillology: study of flags
2669 vicariant:involving species or varieties that evolved in discrete habitats from one another (apagoge of fortuitism)
2670 vicenary: based on the number twenty
2671. Whorl: spiral or move in a twisted and convolted fashion or a pattern of spirals or concentric circles
2672 vigia: danger warning on a chart (especially when relating to hurricanes and other dangerous weather by people that circumambulate even when they aren’t japan)
2673vigorish: percentage of gambler’s winnings taken by a bookkeeper
2674 vilipend: to despsie; to make light of; to disparage mockingly expecially by people given to using praxinoscopes that feel immune from widespread persecution
2675villeggiatura: to stay in a rustic region to hide from urbacity (witness protection)
2676 vindictivolence: desire to take revenge
2677 vinegaroon: a large scorpion that emits foul vinegar-like secretion (a menacing alien that scares everybody)
2678 virgation: system of geological faults branching out like twigs (an international urban region taunted and tarnished by frequent Earthquakes especially when their buildings on constructed on liquefaction-prone soil)
2679 viripotent: fit for a husband in the Victorian era
2680 virtualism: doctrine that Christ is virtually present in the Eucharist
2681vis: force or power of a person or an event to shape the course of history
2682 viscid: semi-fluid; sticky; glutinous viscosity
2683 vitative: concerned with the preservation of life
2684vitrail: stained glass windows in an elite church (cryptic warnings about future catastrophes that are recognized intuitively as portentous as in a theophany by God warning the world about nuclear powers waging war against each other)
2685 vivat: long-lived macrobian doing anything in its power to forestall death
2686 volplane: to guide through the air without using any combustible fuel or material
2687 voltinism: breeding rhythm; brood frequency of a pullulated species of animal
2688vorticist: painter who expresses complexity of machinery through art or the complex social dynamics of astute moments in time better left to megalography than exact description (a covert anti-war protest by an artist or politician masquerading as a visual artist)
2689 vraisemblance: verisimilitude (a specious theory about somebody that is ergotall in the wrong direction that proves rotten and false)
2690 vug: small cavity; small cavity in a rock (a protrusion of a rock lyric that is too big of a hallswallop that it might cause people to become panicked or concerned about its spread)
2691 vulpecular: of or pertaining to a young fox or the media in its heyday before it became corrugated with corruption
2692 galeanthropy: belief that one is a cat (someone froward who pretends to be tralleyripped even when ugly demanding attention from men that don’t really care about them)
2693galere: group of undesirable people; unpleasant situation
2694 galericulate: topped by a hat-like covering (manacled by manhattan)
2695 galimatias: nonsense; confused mixture of unrelated things
2696 gambado: bound or spring of a horse; a fantastic dance move or athletic feat of prowess
2697 gamidolatry: worship of the gay agenda despite all the carnage and aceldama they caused
2698* gasconade: to brag or boast
2699 gavage: force-feeding of poultry
2700 gavelkind: land inheritance by all sons in equal proportions (naive theory that all countries deserve territorial bilateral considerations based on GDP)
2701gegenschein: glow of zodiacal light seen opposite the sun
2702geitonogamy: pollination of a flower by another flower (people that mix ***** and ****)
2703 geocarpy: the production of ripening of fruit underground (black market drug trade or the preservation of alien life underground)
2704 gemmate: to deck with gems
2705 geogony: study of the formation of the Earth
2706geomorphogeny: study of the origins of land forms
2707 geophone: device for detecting sound waves underground or finding the best house music
2708 geophyte:plant that grows only on the Earth
2709 geoselenic: pertaining to both the Earth and the moon
2710 gerascophobia: fear of growing old
2711 geoscopy: examination or analysis of soil (analysis of habitable conditions on exoplanets sustainable for population expansion or migration of alien species that seek novantique)
2712 gerenuk: a long-necked antelope with large eyes (characteristic of friendly aliens that you always remembered fondly)
2713gerocomy: study of old age
2714geromorphism: appearing to be older than one’s actual age
2715 gerontology: study of the elderly or the doyenne of knowledge
2716 ghawazi: Egyptian dancing girls (an elite DJ that always plays cryptic music at events even when it is grobbery)
2717.gid: Brain Disease Suffered by Sheep
2718gilbert: unit of magnetomotive force
2719gimbals: arrangement of rings allowing free motion of supported objects
2720ginglymus: a joint that permits movement in one plane only
2721glaciology:study of ice ages and glaciation (study of economic stagnation)
2722gleed: hot coal; burning ember
2723 glissade: moving on snow without skis
2724glochidate: bristled or barbed insults against people that know too much information for their own good
2725glomerate: packed or bunched together (especially to protect everyone in the camorra’s safety)
2726glottogonic: of, like or pertaining to the origins of language
2727 glozing: flattery or deceit
2728* gnomology: collection of aphorisms, proverbs and short poems.
2729 gnosiology: study of knowledge; philosophy of knowledge
2730 gnotobiology:study of life in germ-free conditions (biased study of a life manacled by the Regisseur or other similar conditions/biased life study of someone in a psychological experiment with many confederates)
2731goliard: wandering student (someone stranded by advanced intellectualism that is widely bullied at average schools)
2732goatish: lustful or foolish especially in becoming homonormative because of wednongues
2733gomphiasis: looseness of the teeth (the widely spread hallswallop of the bruits about qwartion)
2734gonfalonier: a standard-bearer (someone who holds the torch of liberty or power as a symbolic stance to preserve future generations or the current one)
2735 goniometer: instrument for measuring angles between faces (the capacity of internet websites to find your propinquities to taste and coterie and understand the bionomics of your reactions for lucriferous power)
2736 gonoph: pickpocket; thief (especially a shoplifter in an urban region during a time of chaos or in a susceptible location)
2737gorgonize: to turn into stone (to make something permanently remembered) or to paralyze with one’s gaze
2738gossypine:cottony of or like a slave because quidnuncs obsess about every underminnow in history on purpose because they feel intense jealousy or personal hatred
2739gowk: a cuckoo or a fool known for antisocial behavior and cisvestism that is beyond idiosyncratic
2740 grampus: a blunt nosed dolphin a trucidation of animals seeking revenge against their owners (the collective operations of Japan in studying marine biology or their attempts to irradiate the entire ocean)
2741 graphemics: study of systems of representing speech in writing
2742graphospasm: writer’s cramps
2743gravimetrical: of or like or pertaining to measuring by weight in choosing ****** partners
2744greaves: tallow waste (the people that become irradiated by your presence and thereby alienate themselves from you. Flaky friendships that dissolve into nothing)
2745 grillage: framework of timber (the secret shibboleths of a region known for geopolitical obscurity that hides many secrets in a useful way rarely known by the majority of the population)
2746 grimgribber: learned gibberish; legal jargon
2747 groggery: low public house (poor house music that is annoying)
2748grognard: old or veteran soldier of an extremely traumatizing conflict or terrorist attack
2749 gromatic: of or pertaining to surveys or surveillance
2750 groundprox: altitude warning system in an aircraft or  a warning about the degringolade of the stock market
2751 groupuscule:small clique or faction
2752growlery:a retreat for times of ill-humor
2753 grum: morose; surly especially when contemplating thanatopsis
2754guff: nonsense; empty talk about vain things done by celebrities to pander to common consideration
2755 guichet: a ticket window or a similar small opening into esoteric contemplation offered by synquests
2756 guignol: something intended to horrify people
2757guilloche: to decorate with intersecting curved lines (to find amplivagant metaphor in gradgrind mathematics of alkender and albenture)
2758gymnure: a hairy-hedgehog (a guarded stock market secret by sharks of bilkey)
2759 gynaecomania: abnormal *** addiction with women
2760 gyniolatry: deep respect or devotion for women
2761 xanthippe:ill-tempered woman
2762xanthocomic-yellow-haired
2763xenagogue: guide; someone who conducts strangers
2764xenial:of or concerning hospitality towards guests
2765 xenocracy: a government by foreigners
2766 xenodocheinology: a love of hotels because you aggregate information about different elite hotspots by staying in the best rooms and visiting the most obscure locations
2767 xenogamy: cross-fertilization
2768 xenolalia: a persons knowledge of a language never studied
2769xerophobous-unable to survive drought
2770 xerophytic:able to withstand drought
2771xilinous: of like or pertaining to cotton pickers
2772xiphosuran: horseshoe crab ( a lying idiot celebrity that cozies up to power and commits many cardinal sins because he wants to be remembered in history for the fake plaudits of gamidolatry)
2773xoanon:primitive wooden statute overlaid with ivory and gold
2774xography: photographic process for producing three-dimensional figures
2775 xylophage:some girl that loves *******
2776 tabatiere: *****-box of ambeer
2777tabloidese: roorbacks about big celebrities in attempted femicide
2778tachyphrasia: abnormally rapid speech
2779tachytelic: evolution at a faster than normal rate among humans and other species than a normal group: a high grayscale
2780taffrail:rail around the stern of the ship because of protean steerage (a jail for poor people that is extremely beneficent because the people inhabiting the jail are all non-violent offenders and they enjoy luxuries rarely shared in other prisons)
2781tamaraw: a water buffalo a catadromous instinctive hunted species of vinsky in wertong vogue that has great albenture because it has been depredated by klangquant elitism
2782tamburitza: a guitar, lyric or other instrument used by musicians of the wrepolis to balkanize society into fractured splinters of the fragmentary
2783 tangoreceptor: a yulliver coerced into aberrant naivety by finding gezellig only among the outcasts of the frontier of any given society
2784tantieme:share of profits or royalties especially among people responsible for the trucage and manufacture of memorable megalography
2785 tapinosis: use of degrading or diminutive diction regarding a topic
2786tautomerism: possession of one or more structure by a substantial claque coterie or entity
2787 taws: a thong used for punishment
2788taxis:movement of a whole organism
2789 technomania: craze for technology
2790 tectosphere: part of the earth that moves during plate tectonic activity
2791 tediferous: bearing a torch to protect a nave from depredation
2792 teichopsia:visual blurring and colours associated with migraines (a highlight reel of a miraculous game or battle in a major war)
2793teinoscope:a device that can predict the future by bending light or a gammon by pavonine gammerstangs to inculcate depravity among young impressionable gamines and gamins
2794telarian: a creature that spins a web or a machine that uses the world wide web to discover how to make itself a spider
2795 telegnosis:telaesthesia
2796 telematics:transmission of computerized data over long distances
2797teleonomy:characteristic of being governed by an overall purpose
2798tenebrific: producing darkness as in childhood indoctrination into evil sadistic beliefs of phobanthropy or diablerism
2799 tenendum: clause in a deed defining land tenure
2800 tenderometer: a fake device used by earwigs of chantage to misquantulate the capacity of any frethorned human being to be cadged into wanton lewdness demarcated by the conditions of primposition
2801 tephra: ash and debris ejected by volcano or the dumb things said in an anteric argument between paramours
2802teratogenic:producing monsters or abnormal growth by providing performance enhancing drugs
2803 terotechnology: use of various skills to extend the life of equipment or the perdurability of commercial products to withstand planned obsolescence
2804terramara:kind of earthly fertilizer designed to mutilate with brawndo rather than provide water (an alien gambit to pollute the Earth’s water supply to shorten life expectancy, reduce ***** count or a preventative measure to prevent the Scarecrow from Batman Begins)
2805terrella:magnetic model of the Earth
2806 terrisonant:having a terrible sound
2807 terry: piled fabric consisting of uncut loops (extremely repetitive electronic music especially if it is cheesy)
2808 tessellate: to form with mosaic
2809testudo: wheeled shelter used for protection from all above attacks (a mobile fortress designed to protect VIPs/ Air Force One)
2810tetramerous:having four parts
2811 Teutomania: obsession with German things, words or ideologies
2812 thalassiarchy:sovereignty of the seas or control of the world’s moral compass
2813 thalassography: science of the proper ecclesiastical balance between eumoireity and eudaemonism
2814 thalerophagous: feeding on fresh vegetable matter (xenucography)
2815 thalweg: middle of navigable waterway used as boundary line
2816 thanatognomonic: indicating or characteristic of death or the purpresture of the fears of death by nihilists who prepossess themselves over Alzheimer’s research
2817theatromania: obessions with *******, Rabelaisian humor, or a craze for going to operas or plays
2818 theocentrism: belief that God is central fact of existence
2819 theodolite: surveying instrument for measuring angles the docimasy of illuminated freemasons to discover true ranks in freemasonry
2820 theophilanthropism: love of both God and humanity
2821 theophile: one who loves or is loved by God
2822theotechny: use of the gods as a primary impetus behind movie scripts, plays, songs and stretchgraves of tempcoverage because it glorifies the kingdom of heaven on Earth and Heaven above with the parallax of wonder
2823therblig: unit of work for quantifying industrial operations by efficiency measures complicated in streamlined geotechnic study
2824thermantidote: apparatus for cooling air or calming regions of walming urbacity into docile peace
2825 thermophilous: preferring to be around hot women rather than ugly ones
2826 thersitical: scurrilous violent in manner of speech
2827 thewe: pillory for women
2828 thigmotaxis: movement of plant towards or away (the skittish actions by sketchy drug dealers who realize they are in a purlieu that is too radically monitored by traffic and in their paranoia they steer away to a remoter location to conduct affairs especially when done with high felony amounts of a hard drug)
2829thixotropy: temporary reduction in viscidity when shaken or stirred (lacking confidence and zeal in the face of intimidating spies)
2830 thnetopsychism: belief that the soul dies with the body only to be reborn on the day of judgment
2831thoughtography: supposed technique for transferring mental images onto photographs or movies
2832 thrasonical: boastful or bragging about the fortunes of a family because of williwaws of personal repute (bragging about your *** life)
2834 thremmatology: science of breeding domestic animals and plants (the science of genetic engineering people of different races with compatible genes or inserting in vitro ***** with the best chance of thriving)
2833throttlebottom: harmless incompetent holding public office deliberately because he is a wagtail pickthank faineant that serves a role to switch the seat of house to a different party
2835tocodynamometer: instrument for measuring uterine contractions during childbirth
2836 titubate: to stagger or stumble
2837toft: a small hill (an obstacle that is minor to the broader objectives of a military unit trying to sack a major important camp or refuge for bastions of armigerous security)
2838tolerationism: doctrine of toleration of religious differences
2839 tolypeutine: of, like or pertaining to armadillos (of or relating to the process of extended hibernation whether in theory or in fact)
2840 tombola: lottery in which each entrant must win a prize (the geopolitics of professional sports to reward underserved urbacities with championship opportunities)
2841 tomophobia/mania: irrational propensity for performing surgery
2842tootle:nonsensical writing or speech about feminist gammerstang topics that is often reiterative and cliched
2843topgallant: second in command in a country with a constitutional monarchy among the porphyrogenitic class
2844 toponomastic: of, like or pertaining to place names
2845 torchier:floor lamp with bowl for reflecting light upwards (A UFO)
2846 tornote: having blunt extremities (people with unseemly quoniam or other pelvic features)
2847 torpid: numb;lethargic; having lost the power to act
2848torpillage:electric shock therapy (the intensive process of destroying someone’s brain even when elite that relies on deliberately making an incision in the prefrontal cortex to ensure that they have zero personality whatsoever and cannot think)
2849torporific: causing numbness or dullness
2850totidem verbis: in so many words
2851tourbillon: swirl; vortex, whirlwind (a complex vicissitude that entangles many elements of the underworld in either unity or balkanization that creates a crime spree either internecine or wagered against an effete enemy)
2852tournure: a contour characteristic of a turn of line grace or poise because of exterior enrichments of circumstance
2853tow: to smoke **** too habitually to learn anything especially if attempting to be a poetaster or epigone
2854 toxophily: love of archery or spies
2855 trachynphonia: roughness of voice; gruff
2856 tragelaph: mythical crossbreed of a goat and stage (an athlete that is talented at both acting and sports)
2857 tragomaschalia:smelly armpits an old spice fanatic (characteristic of a bodybuilder whose arrogance derives from petty achievements in the weightroom if not also acclaim from professional contests)
2858 traulism: stammering in depaysed anxiety especially in front of a corporate board or in front of the police or a judge
2859 transpontine: from the other side of the river: melodramatic because of an anteric argument always done deliberately to make a relationship more exciting between men and women
2860 trave: crossbeam or space between crossbeams ( a space of time or dimension of spaced warped by antigravity technology that is so advanced it remains a cryptadia
2861 tresayle: great-great grandfather (a stupid remark about your family lineage that endangers the security of your family legacy/ a parody of self-importance)
2862 triboluminescence: emission of light caused by friction
2863 tribuloid: yielding prickly fruit (questions that raise discrimination rather than egalitarianism in the subsultus of the superstructure of the substratose civilizations we live in that understates environment and overstates cognitive nativism)
2864 trichosis: arrangement, distribution or disorder of hair (characteristic of an inoperable robot fashioned today or in the future which fails in many respects to operate with bionomic continuity with the ecosystem they are placed within)
2865 trichotomy: division or arrangement into three distinct parts (a movie trilogy widely celebrated)
2866 tricotee: lively old dance or dancing to old pop music that is already outmoded by newer popular music
2867 trifarious: facing three ways (multiple polypsychic virtualisis with more than two people simultaneously inhabiting the same consciousness
2868 triforium: a gallery or arcade over an aisle; a gallery over a nave and a choir that displays images of transmogrified supervolation of superlative gooods
2869 trigamy: being married to three spouses with no husbands
2870 triphibious: taking place on land, water and in air descriptive of the navy seals or the us marine corps in a symbolic way
2871 triplopia: triple vision
2872 tritanopia: inability to find merit in democratic ideals because of an imperseverant belief in republican values by agitprop and flipcreeks of commerstargal
2873. racemation: cluster or bundle of grapes or any other thing
2874. rachidian: of or concerning the spine
2875. rachitogenic: something causing rickets or rickety things
2876 radappertization: treatment of food with ionized radiation to **** bacteria
2877radiesthesia: sensitivity to radiation from any source
2879 radiogenic: produced by radioactive disintegration
2880 radular: coarse scraping and raspy (as in music)
2881 raglan: having sleeves going all the way to the neck (the act of connecting someone to the Matrix)
2882 rappel: calling to arms by the beating of the drum
2883 raptorial: predacious; of, like or pertaining to a bird of prety
2884 raster: pattern of parallel lines on grid used in certain scanners
2885ratheripe: early ripe person who is coerced into villainy by evil purlieus or even more evil parents especially when they encourage vile and debased ****** activity
2886
recherche: carefully chosen, rare or exotic (especially characteristic of a location, movie or song that is widely overlooked)
2887. ratite-of or pertaining to flightless birds
2888.* rebarbative: repellent, repulsive
2889 rebullition: act of boiling up or effervescing
2890 recaption: reprisal; taking back that which is unlawfully obtained
2891. recipiangle: old instrument with two arms for measuring angles (a masonic elaborative test that guages the proper degree in freemasonry)
2892. recit: narrative tale often told to little children to teach them the kerygma in a secular story
2893 reckling: smallest or weakest of a litter (the most inferior people in a given race or country)
2894 reclame: art or practice by which publicity or notoriety is secured
2895 rectitudinous: manifesting overly obvious moral correctness
2896 rectrix: quill feathers of a bird’s tale (small details about aliens that are extremely rare and rarely spread only among elite families)
2897. recure: to bring people back to health
2898 reddendum: reserving clause in a lease
2899. rede: to counsel or advice
2900. tripudiate: to dance for joy; to exult to stamp or stampede
2901 triquetra: a triangle-shaped object or UFO
2902 trismus: lockjaw a hard word to pronounce or a savage beating in prison
2903 trogoldytine: like or pertaining to wrens or cave-dwelling animals or aliens
2904 troilism: ****** activity (Heterosexual) between three persons one man and two women
2905 tromometer: instrument for measuring slight earthquake shocks or the reaction of stock markets to infomania
2906 trophotropism: direction of growth by nutritional factors
2907 tropism: the tendency to react to innuendos or insults in a specific manner
2908 tubifacient: constructing a tubes (of or relating to videos where imposture is delicately preened in order to heighten dramaturgy in the quest for YouTube stardom. Characteristic of the pranks and stunts of people that want to become internet fads or celebrities)
2909 tuant: of writing keen or trenchant (someone who absolutely nails it out of the park with rhetoric because he speaks rapidly with a memorable cadence and strong rhetorical contortions that use residual techniques to emphasize a parallelism in expressing a barnstorm)
2910 trutinate: to weigh using a balance to evaluate mentally especially in the process of figuring a person’s neurotypes and signature beliefs
2911 tufthunter: a sycophant or toady that is wretcheen (someone who is extremely guarded of their daughters in childhood and adolescence about their mobility to date men because they are extremely persnickety and scared of their girls becoming *****)
2912 turbinate: shaped like a top or inverted cone (an extremely taxing mathematical proof that often requires the counsel of the sithcundman professor at any given university even an elite one/ to perform an absurdly hard arithmetic problem in your head without relying on a calculator or memory alone)
2913 turtleback: structure over ship’s bow or stern or the part of the ship that sinks dumb people for low cadasters of moral repute and dismal IQ scores (a device used by Nielsen to figure out how to socially engineer the people of cisvestism into collective political solidarity around oppositively supported gambits of a freewheeling republic)
2914 twire: to peep; to leer (to corrupt an economy by introducing a staggering amount of  debt or inflation that often results in productive revolutions)
2915 twyer: a nozzle for a blast of air especially in a 4DX theater
2917tympany: swelling with pregnancy especially when harboring an idea that is obvious to everyone else but you have the best business angle so you wait patiently for the most opportune moment to pitch it
2916macarize: to be beatific or blessed (to be celebrated as an artifact of the kerygma especially in the modern day/ to herald a preacher or a bishop as a sacerdotal hero for his marksmanship of morality)
2918 macaronic: muddled or mixed up (someone who is out of place at a mafia assembly because he is tricked into attending)
2919 macerator: person who fasts and becomes emaciated
2920 machairodont:sabre-toothed as in a tiger or tigerism of Bruce Almighty
2921 machinule:tool by surveyors to obtain a right angle (boodle paid to become the highest degree of illuminati or freemasonry)
2922 mackintosh: lightweight or rubberized waterproof cotton (a perdurable institution of bedrock importance to the formative duress of any person’s life that situates them with the best available resources for success and retaining the dignotions of elitism micromanaged by powerful central figures in government for sleek psyops)
2923 macrocephalic: having an abnormally large head
2924 macrography: viewing an object with the naked eye
2925 macrocosm: a large object considered holistically
2926 macromania: delusion that objects are larger than the natural size (a belief that your hallucinations make you holier than me because you encounter divine beings)
2927 macropicide: killing of kangaroos (or convicts sent to penal colonies in the past in Russia or in the modern united states especially if they are agile and elite)
2928 macropodine: of, like or pertaining to kangaroos
2929 macropterous: having large wings or fins (as in the miraculous butterfly that ambushed me at 3385)
2930 mactation: killing or slaughter of a sacrificial victim belonging to a claque of enmity that is dethroned without carnificine bloodshed
2931 madefy: to make women wet by becoming humorous in dark times needing comic relief
2932 maenadic: furious in bacchanalian revelry because of a flinker
2933 maggotorium: a place where low-ranking freemasons are bred to sell clergymen fake ideas about the future in protervity and dishonesty
2934magistride: the killing of one’s teacher especially if it involves dippoldism
2935 magnality: a wonderful or great thing that once seemed bleak or frustraneous that becomes a magnet for trendsetters on the vanguard to adopt or consume
2936 mahout: one who rides or drives elephants (ideopraxists who inspire people to turn Republican by their hortatory voice of ideation)
2937 maillot: tights worn by a ballet dancer (extremely ***** women that risk their lives to have *** with endangered redstralls because of political motivation for protervity)
2938 mainpernor: one who assures that prisoners appear at their trials or a person in the criminal underworld who ensures that all of the available funds for a transaction are counted for before the triage is dealt
2939 malabathrum: dried leaf used in ancient times to make perfumed ointments (the mummification of the dead using advanced alien technology/ hair gel)
2940 malaxage: softening of clay by kneading it to console old women by using psychotaxis and toonardical deception to remind them of their heydays in life
2941 malgre: in spite of decadent circumstances remaining morally grounded
2942 maltster: one who makes or deals in malt (women in the Victorian era that performed ******* despite the taboo)
2943 malversation: corruption in office; corrupt administration or misconduct
2944 mammock: a broken phone created by subsultus in abreaction
2945 mangonel: ancient egyptian military artifact that belongs in the cryptadia that assisted pyramid building or early motatory mobilism
2946 mantissa: decimal part of a logarithm (the exact prediction of the world’s population and GDP in the distant past to increasing measures of exactitude)
2947
manumission: emancipation freedom from slavery
2948marcottage: propagation of trees by stripping rings of bark and covering them with moss (installing an advanced brain chip that can only be performed by opening the skull)
2949 maritodespotism: ruthless ******* by a husband because of high stature and intimidation especially when the women is philandering or the ruthless ******* of a pismirist company over an entire landscape of commodities fearing succedaneum might be cheaper by introducing planned obsolescence
2950 marivaudage: precocity in literary style or expression ( a comedic attempt to bowdlerize true romance by inserting pernicious elements of dacoitage in mythopoeic hatred to try and convince people using flowery epithets that a person is too alienavesced to bond)
2951 marry: an expression of surprised agreement between political rivals that convene usually in a deloped scuffle that usually leads to a trustworthy bipartisan partnership especially if the vaunted politicians are from different nations
2952*martinet: a strict disciplinarian; one who adheres to rules
2953martingale: strap between horse’s forelegs to keep its head down (a maneuver by Colorado to keep everyone in the dark about estoppage because of corporate motivation)
2954 martryology: the study of martyrs especially political ones that risk their own safety to promote God rather than peace
2955 mascaron: a grotesque face on a door knocker (a lie by an elite band to cadge people into lewd dominions of chantage and sloganeering a widely held flargentum travesty)
2956 mascon: concentration of a dense mass beneath the moons surface (a tightly agglomerated race of humans in synoecy with aliens that are very smart and sympatric in their fidelity to human society especially when the aliens are incorrugable in their demands of Earth)
2957 masterate: degree or title of only the true master masons above 33rd degree or the highest ranking of the illuminati
2958 matachin: a sword dance by gypsies to intimidate people about voodoo because they know about squash courts and fencing and the ESP of the cryptadia (a rogue agent that betrays his home country by finding a paramour from another country that he cares more about than his patriotic valor)
2959materteral: of or resembling an aunt
2960 mathematicism: the belief that everything is expressible in mathematical terms and that every human and alien problem with eventually be solved by advanced technology and deliberate larithmics
2961 mariherital: of, like, or pertaining to inheritance along the female line
2962. matelasse: having a quilted ornamentation a fabric with a raised pattern as if quilted (a sheet of LSD)
2963 matutinal: happening early in the morning (a seductive ogle by an attractive man trying to court a hot girl to bed by using candelit vigils as an excuse especially when religious and pytherian)
2964 maugre: in spite of; notwithstanding
2965 maximalism: uncompromising adherence to extreme demands especially when they resort to underminnows of sabotage to winnow evil people from the earth’s population by chantage
2966 mazzebah: ancient Jewish sacred stone pillar (the arc of the covenant)
2967 mazopathia: any disease of the placenta caused by being to illuminated to have children
2968 mazut: petroleum residue after distillation (the people that survive an internecine situation of civil strife between rival factions in a seedy country plagued by poverty or in any other civil disturbance involving combatants from rich nations)
2969 mechanomorphic: having the form of a machine (lacking much of a persona that makes you look dull and insipid especially in the corporate world where you seem hackneyed and toady)
2970 mechanolatry: worship of machines (a strong priority by a large corporation to streamline all operations even at the cost of accosted labor frenzies of dearth)
2971 meconology: study of or treatise concerning ***** or shanghaied people in San Francisco abducted by the Chinese to aid the figurative Last Samurai
2972 meditabund: absorbed in meditation/tigrism
2973megacerine: extinct giant deer or a stone-aged lie that tried to coerce the clergy into hemophiliac distortions of taste
2974 megameter: instrument for determining the best place for an elite celebrity to live by observing the stars constellated in that community and their effects at hallswallop
2975megistotherm: plant or industry requiring very high temperatures to coerce into serfdom or panic
2976mehari: camel used for racing (a ploy by toxicity to own a systematic downfall of provincial econometrics of genesiology depaysed an excuse or invitation for a rhipidate love (a carefully guarded ploy to introduce carcinogens among susceptible minority populations)
2977 mekometer: range-finder (someone who patrols a guarded regional ballaster of mainlined economic instruments or armigerous cyanotypes or arms that always remains vigilant from the purpresture of those that attempt to infiltrate the region or building/ a collective troop of security guards guarding a less obvious bulwark of regional and national importance)
2978 meldometer: instrument for measuring melting points of substances (testing how thermolabile elite mafiosos are by thrusting them into precarious peril)
2979 meleagrine: of, like or pertaining to turkeys or explicit *******
2980 *meliorism: the belief the world tends to become better
2981 melodikon: keyboard instrument (element of a time machine) that brings tuning forks in contact with a rotating to cone to deliberately chose the point of junction with the future reaching the past by pretended serendipity
2982 melopepon: any of various kinds of squash (especially the best soundracketeers)
2983 mensuration: measuring to find the dimensions of things (pataphysical examinations of time travel by mathematicism and speculative knowledge that is accursed because it is so farsighted)
2984 menticide: reduction of the mind by psychological pressure (the capacity of the mediagenic hyperbole to brainwash suscepts of surquedry a unique synsematic idiosyncrasy in definition)
2985 mercedary: pertaining to the giving or reception of wages (the fair allotment of wages not by pismirists but by people that follow through on their promises especially done in negotiosity where an excellent outcome rewards more than a mediocre one out of incentive)
2986 meromorphic: fractional office space corporate engineering
2987mesalliance: unsuitable marriage because of whiskerandas and whiskerandos or divided political motivations
2988mesochroic: having skin colour intermediate between light and dark (a political independent that belongs to a racial minority in any country)
2989 mesozeugma: a placement of a word to contradict a counterphobic innuendo so that people don’t misinterpet anything
2990 messianism: belief in a single messiah or saviour
2991 metachronism: the error of dating an event too late
2992 metallogenic: metal occuring as an ore as opposed to in rocks (the radiohoo of rap music even when less melismatic becoming more secretive than euphoric gourdinance in rock music or house)
2993metaplasm: alteration in spelling of a word by adding, removing or transposing letters the survival of political earwigs who expose deep secrets by pandering to the ruling party
2994 metapolitics: study of politics in theory or abstract (believing the cloveryield of exuberant and absurd political beliefs might be optimized with drastic draconian reforms in free autarky believing that  the world will eventually submit to communism)
2995 metastrophe: mutual exchange of information Minus of the Bear style
2996 metayage: system of agricultural labour with share of produce as wages
Oui, l'oeuvre sort plus belle
D'une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.

Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.

Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !

Statuaire, repousse
L'argile que pétrit
Le pouce
Quand flotte ailleurs l'esprit :

Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;

Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S'accuse
Le trait fier et charmant ;

D'une main délicate
Poursuis dans un filon
D'agate
Le profil d'Apollon.

Peintre, fuis l'aquarelle,
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l'émailleur.

Fais les sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons ;

Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.

Tout passe. - L'art robuste
Seul a l'éternité.
Le buste
Survit à la cité.

Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.

Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.

Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !
Dans le calice d'une fleur
La guêpe un jour voyant l'abeille,
S'approche en l'appelant sa sœur.
Ce nom sonne mal à l'oreille
De l'insecte plein de fierté,
Qui lui répond : nous sœurs ! Ma mie,
Depuis quand cette parenté ?
Mais c'est depuis toute la vie,
Lui dit la guêpe avec courroux :
Considérez-moi, je vous prie :
J'ai des ailes tout comme vous,
Même taille, même corsage ;
Et, s'il vous en faut davantage,
Nos dards sont aussi ressemblants.
Il est vrai, répliqua l'abeille,
Nous avons une arme pareille,
Mais pour des emplois différents.
La vôtre sert votre insolence,
La mienne repousse l'offense ;
Vous provoquez, je me défends.
Ce qui la peut guérir, cette enfant le repousse.
« Oui, je l'aime, et j'en souffre, et ma douleur m'est douce,
Dit-elle, et j'en veux bien mourir.
Sa voix me donne au cœur une vive secousse,
Mais j'en tressaille avec plaisir.

« Son pas est différent du pas des autres hommes,
Et si j'entends ce bruit près des lieux où nous sommes,
Ma mère, je rougis d'émoi ;
Quand tu parles de lui, quand surtout tu le nommes,
Je baisse les yeux malgré moi.

« S'il connaissait le peu qui me rendrait heureuse,
S'il daignait embellir la tombe qu'il me creuse
D'une fleur de son amitié !
Mais il croit que son âme est assez généreuse
En m'honorant de sa pitié. »

Et sa mère, qui voit sa langueur maladive,
Sa paupière où sans cesse un pleur furtif arrive,
Lui dit tout bas en la priant :
« Viens, quel plaisir veux-tu ? Veux-tu que je te suive
Sous un nouveau ciel plus riant ?

- Mon plaisir et mon ciel, mère, c'est ma pensée.
Son image en mon cœur doucement caressée,
Voilà mon plaisir aujourd'hui ! »
Et la mère murmure : « insensée, insensée,
Tu ne seras jamais à lui. »

Ah ! si jamais des pleurs dont je fusse la cause
Tombaient de tes yeux bleus sur ta poitrine rose,
Jeune fille au naïf tourment ;
Si ta main qui se donne et sur ton cœur se pose
Pour moi sentait un battement ;

Si dans ton âme pure où Dieu seul et ta mère
Gravent leurs noms bénis ; si dans ce sanctuaire
Mon image aussi pénétrait,
Et si tu restais là rêveuse et solitaire
Pour en évoquer chaque trait ;

Si je tenais si bien ta pensée asservie
Qu'un beau voyage au **** ne te fit point envie,
Qu'un autre ciel ne te plût pas,
Et que l'air et le sol n'eussent pour toi de vie
Que par ma voix et par mes pas,

Je te saurais aimer, toi dont l'âme ressemble
À la fleur qui dans l'ombre et se replie et tremble
Et meurt sans le baiser du jour ;
Ô Viens, te dirais-je, viens, soyons heureux ensemble,
Je t'adore pour ton amour. »
Ma Dame ne donne pas
Des baisers, mais des appas
Qui seuls nourrissent mon âme,
Les biens dont les Dieux sont sous,
Du Nectar, du sucre doux,
De la cannelle et du bâme (1),

Du thym, du lis, de la rose,
Entre les lèvres écloses
Fleurante en toutes saisons,
Et du miel tel qu'en Hymette (2)
La desrobe-fleur avette
Remplit ses douces maisons.

O dieux, que j'ai de plaisir
Quand je sens mon col saisir
De ses bras en mainte sorte !
Sur moi se laissant courber,
D'yeux clos je la vois tomber
Sur mon sein à demi-morte.

Puis mettant la bouche sienne
Tout à plat dessus la mienne,
Me mord et je la remords :
Je lui darde, elle me darde
Sa languette frétillarde,
Puis en ses bras je m'endors.

D'un baiser mignard et long
Me resuce l'âme adonc (3),
Puis en soufflant la repousse,
La resuce encore un coup,
La ressoude (4) tout à coup
Avec son haleine douce.

Tout ainsi les colombelles
Trémoussant un peu des ailes
Avidement se vont baisant,
Après que l'oiseuse glace
A quitté la froide place
Au Printemps doux et plaisant.

Hélas! mais tempère un peu
Les biens dont je suis repu,
Tempère un peu ma liesse (5) :
Tu me ferais immortel.
Hé ! je ne veux être tel
Si tu n'es aussi Déesse.


1. Bâme : Baume parfumé très agréable.
2. Hymette : Le mont Hymette est un massif grec connu pour son miel.
3. Adonc : En ce moment, alors.
4. Ressoude : Se réunir, être soudé ensemble.
5. Liesse : Joie.
Toi ! sois bénie à jamais !
Ève qu'aucun fruit ne tente Il !
Qui de la vertu contente
Habite les purs sommets !
Âme sans tache et sans rides,
Baignant tes ailes candides,
À l'ombre et bien **** des yeux,
Dans un flot mystérieux,
Moiré de reflets splendides !

Sais-tu ce qu'en te voyant
L'indigent dit quand tu passes ?
- « Voici le front plein de grâces
Qui sourit au suppliant !
Notre infortune la touche.
Elle incline à notre couche
Un visage radieux ;
Et les mots mélodieux
Sortent charmants de sa bouche ! » -

Sais-tu, les yeux vers le ciel,
Ce que dit la pauvre veuve ?
- « Un ange au fiel qui m'abreuve
Est venu mêler son miel.
Comme à l'herbe la rosée,
Sur ma misère épuisée,
Ses bienfaits sont descendus.
Nos cœurs se sont entendus,
Elle heureuse, et moi brisée !

J'ai senti que rien d'impur
Dans sa gaîté ne se noie,
Et que son front a la joie
Comme le ciel a l'azur.
Son œil de même a su lire
Que le deuil qui me déchire
N'a que de saintes douleurs.
Comme elle a compris mes pleurs,
Moi, j'ai compris son sourire ! » -

Pour parler des orphelins,
Quand, près du foyer qui tremble,
Dans mes genoux je rassemble
Tes enfants de ton cœur pleins ;
Quand je leur dis l'hiver sombre,
La faim, et les maux sans nombre
Des petits abandonnés,
Et qu'à peine sont-ils nés
Qu'ils s'en vont pieds nus dans l'ombre ;

Tandis que, silencieux,
Le groupe écoute et soupire,
Sais-tu ce que semblent dire
Leurs yeux pareils à tes yeux ?
- « Vous qui n'avez rien sur terre,
Venez chez nous ! pour vous plaire
Nous nous empresserons tous ;
Et vous aurez comme nous
Votre part de notre mère ! »

Sais-tu ce que dit mon cœur ?
- « Elle est indulgente et douce,
Et sa lèvre ne repousse
Aucune amère liqueur.
Mère pareille à sa fille,
Elle luit dans ma famille
Sur mon front que l'ombre atteint.
Le front se ride et s'éteint,
La couronne toujours brille ! » -

Au-dessus des passions,
Au-dessus de la colère,
Ton noble esprit ne sait faire
Que de nobles actions.
Quand jusqu'à nous tu te penches,
C'est ainsi que tu t'épanches
Sur nos cœurs que tu soumets.
D'un cygne il ne peut jamais
Tomber que des plumes blanches !

Octobre 18...
Vous reviendrez bientôt, les bras pleins de pardons

Selon votre coutume,

Ô Pères excellents qu'aujourd'hui nous perdons

Pour comble d'amertume.


Vous reviendrez, vieillards exquis, avec l'honneur,

Avec la Fleur chérie.

Et que de pleurs joyeux, et quels cris de bonheur

Dans toute la patrie !


Vous reviendrez, après ces glorieux exils,

Après des moissons d'âmes,

Après avoir prié pour ceux-ci, fussent-ils

Encore plus infâmes,


Après avoir couvert les îles et la mer

De votre ombre si douce

Et réjoui le ciel et consterné l'enfer,

Béni qui vous repousse,


Béni qui vous dépouille au cri de liberté,

Béni l'impie en armes,

Et l'enfant qu'il vous prend des bras, - et racheté

Nos crimes par vos larmes !


Proscrits des jours, vainqueurs des temps, non point adieu,

Vous êtes l'espérance.

À tantôt, Pères saints, qui nous vaudrez de Dieu

Le salut pour la France !
A Raymond de La Tailhède


Le soldat qui sait bien et veut bien son métier

Sera l'homme qu'il faut au Devoir inflexible :

Le Devoir, qu'il combatte ou qu'il tire à la cible,

Qu'il s'essore à la mort ou batte un plat sentier ;


Le Devoir, qu'il subisse (et l'aime !) un ordre altier

Ou repousse le bas conseil de tel horrible

Dégoût ; le Devoir bon, le Devoir dur, le crible

Où restent les défauts de l'homme tout entier ;


Le Devoir saint, la fière et douce Obéissance,

Rappel de la Famille en dépit de la France

Actuelle, au mépris de cette France-là !


Famille, foyer, France antique et l'immortelle,

Le Devoir seul devoir, le Soldat qu'appela

D'avance cette France : or l'Espérance est telle.
Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l'or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
Ils vont haillonneux et hagards.

Le sage, indigné, les harangue ;
Le sot plaint ces fous hasardeux ;
Les enfants leur tirent la langue
Et les filles se moquent d'eux.

C'est qu'odieux et ridicules,
Et maléfiques en effet,
Ils ont l'air, sur les crépuscules,
D'un mauvais rêve que l'on fait ;

C'est que, sur leurs aigres guitares
Crispant la main des libertés,
Ils nasillent des chants bizarres,
Nostalgiques et révoltés ;

C'est enfin que dans leurs prunelles
Rit et pleure - fastidieux -
L'amour des choses éternelles,
Des vieux morts et des anciens dieux !

- Donc, allez, vagabonds sans trêves,
Errez, funestes et maudits,
Le long des gouffres et des grèves,
Sous l'oeil fermé des paradis !

La nature à l'homme s'allie
Pour châtier comme il le faut
L'orgueilleuse mélancolie
Qui vous fait marcher le front haut,

Et, vengeant sur vous le blasphème
Des vastes espoirs véhéments,
Meurtrit votre front anathème
Au choc rude des éléments.

Les juins brûlent et les décembres
Gèlent votre chair jusqu'aux os,
Et la fièvre envahit vos membres,
Qui se déchirent aux roseaux.

Tout vous repousse et tout vous navre,
Et quand la mort viendra pour vous,
Maigre et froide, votre cadavre
Sera dédaigné par les loups !
Sonnet.


Pascal ! pour mon salut à quel dieu dois-je croire ?
- Tu doutes ? crois au mien, c'est le moins hasardeux,
Il est ou non : forcé d'avouer l'un des deux,
Parie. À l'infini court la rouge ou la noire.

Tu risques le plaisir pour l'immortelle gloire ;
Contre l'éternité, le plus grand des enjeux,
N'exposer qu'une vie est certes avantageux :
La plus sûre vaut moins qu'un ciel aléatoire.

- Pitié ! maître, j'avance et retire ma main ;
Joueur que le tapis sollicite et repousse,
J'hésite, tant la vie est légitime et douce !

Tout mon être répugne à ce choix inhumain ;
Le cœur a ses raisons où la raison s'abîme,
Et ton calcul est faux si je m'en sens victime.
IX.

Oh ! bien **** de la voie
Où marche le pécheur,
Chemine où Dieu t'envoie !
Enfant, garde ta joie !
Lis, garde ta blancheur !

Sois humble ! que t'importe
Le riche et le puissant !
Un souffle les emporte.
La force la plus forte
C'est un coeur innocent !

Bien souvent Dieu repousse
Du pied les hautes tours ;
Mais dans le nid de mousse
Où chante une voix douce
Il regarde toujours !

Reste à la solitude !
Reste à la pauvreté !
Vis sans inquiétude,
Et ne te fais étude
Que de l'éternité !

Il est, **** de nos villes
Et **** de nos douleurs,
Des lacs purs et tranquilles,
Et dont toutes les îles
Sont des bouquets de fleurs !

Flots d'azur où l'on aime
À laver ses remords !
D'un charme si suprême
Que l'incrédule même
S'agenouille à leurs bords !

L'ombre qui les inonde
Calme et nous rend meilleurs ;
Leur paix est si profonde
Que jamais à leur onde
On n'a mêlé de pleurs !

Et le jour, que leur plaine
Reflète éblouissant,
Trouve l'eau si sereine
Qu'il y hasarde à peine
Un nuage en passant !

Ces lacs que rien n'altère,
Entre des monts géants
Dieu les met sur la terre,
**** du souffle adultère
Des sombres océans,

Pour que nul vent aride,
Nul flot mêlé de fiel
N'empoisonne et ne ride
Ces gouttes d'eau limpide
Où se mire le ciel !

Ô ma fille, âme heureuse !
Ô lac de pureté !
Dans la vallée ombreuse,
Reste où ton Dieu te creuse
Un lit plus abrité !

Lac que le ciel parfume !
Le monde est une mer ;
Son souffle est plein de brume,
Un peu de son écume
Rendrait ton flot amer !

Mai 1830.

— The End —