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Comment voulez-vous que je vous croque, marquise,
Votre Seigneurie de haute voltige ?
Comment voulez-vous que votre amant cunnibale croque
L'exquis vertige que son pinceau déflagre
Quand de sa tige délicate et poetique
Il esquisse sur la toile le portrait de votre boutique arrière ?
Dans le tableau vous posez élégamment nue
Le postérieur au premier plan
Et un  sucrier à fal jaune
Qui sent le vent de gingembre
Et la mer de noix de muscade
Becquette d'un regard gourmand le cul corossol
Que vous lui offrez avec langueur et nonchalance.
L'analyse infra rouge de ce charmant spectacle
Révèle cependant que l'artiste au fin bec
En vous a semé ses regrets
Car sous ce derrière plantureux de Dame corossol
Un essaim d'abeilles invisible à l'Œil nu bourdonne
Et l'oiseau a laissé pour tout aiguillon tendre
À la mine d'argent l'empreinte double de ses pattes
Comme d'amoureuses morsures
Dans le sable mouvant de vos lunes rebondies.
Tu es ma seconde peau, ma mue, ma muse,
Mon hydre-muse  aux neuf chattes aux aguets,
Je t'use, tu me consumes, on se mange,
Je t'accomplis, tu m'achèves, on se prend,
Je te finis, tu m'emploies, on se dépense,
Je te couronne, tu m'absorbes, on s'épuise,
Je te termine, tu me réalises, on se pratique,
Et je convoque, tu convoques, on convoque
Tour à tour
La morphologie, la lexicographie, l'étymologie,
La synonymie, l'antonymie, la proxémie et la concordance.
Je te boucle, tu me parachèves, on se commet,
Je te brûle, tu me vis, on s'utilise,
Je te nourris, tu me parfais, on se détruit,
Je te bois, tu me bouffes, on se complète,
Je fais la bête à deux dos, tu me perpètres, on  se tape.
Bref on se consomme donc on se consume,
On danse donc on est
À tous les modes actif comme passif
Infinitif, indicatif, subjonctif et conditionnel
Consommer c'est faire la somme de littéralement
Et consumer c'est perdre, détruire et dévorer.
Sartre dit : "Une chose n'est belle que lorsqu'elle est consommable, c'est-à-dire  qu'elle meurt quand on en jouit ".
Je proteste et je préfère Bourdieu et son "**** oeconomicus"
Toute relation est économique, tout est affaire de pertes et profits.
Au diable Vaugelas, au diable Sartre
Entre Consumare et Consumere je ne choisis pas
Je laisse les verbes se faire chair, banane jaune, eau, miel
À la première, deuxième et troisième personne du singulier tropical.
Sous les draps de ta pyramide

On a vue en 3D sur la mangrove

Rhomboïde

De rhizomes entrelacés

À perte de vue.

Et j'essaie le sabre aux lèvres

Grâce à mon géo-radar

De me frayer un chemin dans le feu inextricable

Vers ta chambre nuptiale

D'eau enchevêtrée d'éclairs et de lave en fusion.

Sous les draps de ta pyramide

J'emprunte ta face Nord

À travers une oubliette à l'abri des regards

Des crabes et des salamandres

J'emprunte la descenderie

Et au bout du couloir

Me voici à l'antichambre

Et un sphynx exige de moi un mot de passe

Pour accéder au nec plus ultra de tes entrailles.

Et je dis : soldat du feu !

Et ce que je croyais être un simple feu de broussailles

De mangle rouge momifié

Se révèle un feu de jungle folle

Où sauterelles et criquets grésillent

Sous les flammes humides de ta chrysalide.

Et j'ouvre ma pompe et j'arrose

De mon eau de rose ton sanctuaire

De fleur de grenade inviolée

Et je comble ta faim

D'un bon mortier fait de venin de sable et de sève d'argile

Montante et descendante

Que tu dégustes en te pourléchant les lèvres.

Pour ne pas en perdre une miette.
"Les femmes jouissent d'abord par l'oreille"
Dit Marguerite Duras
Toi, mon HYDRE-MUSE, tu jouis
Par l'oreille absolue et frivole
Magnifiée
Par la danse à contre-temps
De la poésie pénétrante
Du saxo et de la tumba
Du coupé décalé et de l'azonto
Entre violons et accordéons
Qui fait voltiger sur tes hanches
Toute la copelia complicada de ta libido.
Je rentre sans hâte dans la mue de la couleuvre
Et je te ceins la taille.
Réinventons les croisés en cinquième position
Du ballet classique de Noureev, Petipa et Balanchine
Et à quatre pattes virevoltons dans le Bolchoi.
Setenta y ocho :
Je te tatoue le bas des reins
D'un tatou boule qui exécute
Des renversés arrière multicolores
Dans les plus intimes sillons de ta peau.
Cero :
Verbum Sapientiae Principium Est !
De mon pinceau chatoyant je dessine Des pas de bourrée étourdissants
Aux confins de tes cambrures
Setenta y siete :
Tu miaules des entrechats charnels
Et tu tournoies comme un ventilateur
Et tu me dis : viens, mon prince,
Montre-moi tes ronds de jambes doubles
Ochenta y quatro :
je te prends par les orteils tout en te caressant l'oreille
Et je te dis vas-y
Cuarenta y cinco :
Dombolo baroque dès que tu bouges tes fesses pour m'inviter à tes
Messes de sabbat
Très y media :
Demi-pointe sur les tétons qui frémissent et qui clignent des yeux
La peau de ton aréole gauche  danse la biguine
Ton sein droit fait voltiger du jus de grenade
Sesenta :
Un deux trois cinq six sept
Un seul fouetté
Tu enchaînes les figures libres et académiques
Passe après passe
Tu plantes dans le taureau farceur tes aromates
Et je crie Banco et tu me mordilles la paume de la main.
Setenta complicada :
J'aime notre gourmandise choreographee clitoridienne, anale, phallique et vaginale
Cet appétit colossal de ballet épicé à la Merce Cunningham, Alvin Ailey et Martha Graham
Qui nous prend entre deux morts de tous nos lacs des cygnes primaux
Nous en sommes les danseurs étoiles les solistes les premiers danseurs les petits rats les chorégraphes et les maîtres de ballet
À nous deux nous formons une troupe
Réincarnée
Et nous signons de nos plumes de chair notre martingale lubrique :
Un deux trois... Cinq six sept
Un deux trois... Cinq six sept
Un deux trois... Cinq six sept
Le colosse pleure.
Il bouillonne
Il a soif.
Il crie de sa voix frémissante :
H2O !
Ses lèvres sont en ébullition
Il délire
Il voit partout ton eau en mirage
H2O ! H2O !
Hache deux eaux ! Hache deux eaux !
Et tu ne sais que faire
Pour le faire taire.
Tu lui murmures un cantique à l'oreille
Zozo lait, zozo lait rhum
Et tu l'allaites de ton fleuve tiède
Essi ozo
Solide liquide et gazeuse
Il te trait à gros bouillons
Essi ozo
Hache deux eaux
Essi ozo
Les eaux de la Volta
Les eaux de la Seine
Les eaux des Trois Rivières
Et des Vieux-Habitants
Les eaux du Gange
Bouent et s'évaporent
À cent degrés C
En grosses bulles sulfureuses
Au coin de ses lèvres chaudes
Qui s'abreuvent dans l'oasis de ta béatitude .
Écris avec tes hanches, Dimanche
Et plonge ta plume dans mon encrier
Écris avec tes hanches, Dimanche
Et éponge mes éclaboussures de ton buvard
Écris avec tes hanches, Dimanche
Et déhanche sur le parchemin
Tes proportions idéales de femme de Vitruve.
Écris en toutes lettres majuscules
La grammaire des gonadotrophines de l'hypophyse
Vérifie par la preuve par neuf
Le taux de testostérone des gamètes
Écris, chante et danse la spermatogenèse.
Écris avec tes hanches
Analphabètes
Écris avec tes hanches
Illettrées
Écris avec tes hanches diaboliques
Et signe en hyéroglyphes
Tout en les chevauchant
Le mâle et ses râles impubères
Réglés comme du papier à musique.
J'ai Goûté Ta Myrtille,
Ta juteuse brindille
Bleue violacée et sauvage.
J'ai Goûté ta baie obscure
À la peau entre cire et argile.
Je l'ai longuement goûtée.
Elle me toisait, effrontée
Et je me suis imprégnée
Malgré moi dans la lecture avide
De son poivre et de sa solitude.
C'était comme un sirop d'ermite
Qui egrenait en moi
Ses grains de chapelet
Et j'explorais tes saveurs
Et je te dégustais en confiture
Car tu es digestive
En tisane
Car tu es antihémorragique
En eau de vie
Car tu es astringente
En vin
Car tu es antiseptique
En liqueur
Car tu es antiputride
En beignets, en clafoutis, en muffin
Car tu es diurétique
Je me faufilais entre ton sacré et ton profane
Tandis que tu t'insinuais dans ma chair
Et que ta sauce philosophale Parfumait délicatement le gibier poétique
Qui te poursuivait
Dans l'arrière-train
Qui te menait vers notre nuit bengali.
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