Criminel ! Tu m'as appelé criminel.
Tout cela parce que, malgré tout ce que j'avais prétendu être, j'ai fini par tuer.
J'avais pourtant résisté à la tentation. J'avais usé tant de stratagèmes et même prétendu que pour rien au monde, moi, sain de corps et d'esprit, moi, animal parmi les animaux, je ne mettrais fin à l'existence de l'un de mes congénères.
J'avais juré sur tout ce que j'avais de plus cher au monde que jamais je n'arriverais à cette extrémité finale. Jamais je ne tuerais un de mes semblables.
Pire ! Je riais de toi, la meurtrière. Je te faisais la morale. Au diable les allergies que tu me soumettais comme excuses pour pouvoir commettre tes meurtres en série. Je te disais même en bon prêcheur que nous étions tous des créatures de Dieu alors que je ne crois même pas en Dieu.
Je disais que tuer une fois c'était comme tuer mille fois, qu'il n'y avait pas de petite mort et patati et patata et qu'une fois qu'on avait mis le doigt dans l'engrenage on n'avait plus aucun pouvoir sur la gâchette.
Mais voilà tout ça c'est désormais le passé. Oui voilà c'est désormais chose faite. Je te rejoins sur le banc des accusés. Meurtrier ! Meurtrier ! Meurtrier !
J'ai tué. Je suis un criminel.
Ne me condamnez pas à la chaise électrique. J'ai des circonstances atténuantes, Madame le Juge d'Assise, ayez pitié du primo récidiviste. Une erreur de vieillesse mérite le sursis.
J'avais pourtant essayé le vinaigre, je vous le jure, pour me débarrasser de ces vandales. L'essence de citronnelle. J'avais mis le ventilo et la clim. Rien n'y faisait. C'est alors que m'est venue une nuit vers deux heures du matin la lumière. C'est ainsi que j'exécutai sans états d'âme 12 moustiques des plus virulents à la raquette électrique. Il n'y a pas de petit crime, de crime véniel et de crime mortel, votre honneur ! J'ai tué, j'ai tué de sang froid et les veufs et veuves et les orphelins de mes victimes me hantent et me hanteront de génération en génération...
Criminel ! Criminel ! Criminel !