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Come unto these yellow sands,
  And then take hands:
Court’sied when you have, and kiss’d,—
  The wild waves whist,—
Foot it featly here and there;
And, sweet sprites, the burthen bear.
      Hark, hark!
        Bow, wow,
      The watch-dogs bark:
        Bow, wow.
      Hark, hark! I hear
  The strain of strutting chanticleer
  Cry, ****-a-******-dow!
Paul d'Aubin Apr 2016
Éloge de Monsieur de Montaigne

(Dédié à Jean-Pierre)

Toi seigneur de Montaigne, au si beau nom d'Eyquem
que nul amateur de Bordeaux ne saurait négliger.
Tu fus l'ami de La Boétie et un sage joyeux,
Tu vécus en ton château, dont l'une des tours rondes,
contenait une bibliothèque fournie.
Toi, qui faisait cultiver ce vin de Bordeaux,
qui sied au palais et plait tant aux anglais.
Cher Montaigne ayant étudié à Bordeaux,
au collège de Guyenne,
Tu vécus en un temps empoisonné
par les guerres de religion et ses sombres fureurs.
Temps affreux ou l'homme égorgeait l'homme,
qui ne partageait pas sa même lecture de la  Bible.
Et dire que nous avions cru, ces temps-là, révolus !
C'est peut-être ce qui te poussa à choisir l'école stoïcienne,
Bien que par ton tempérament et ta vie.
Tu fus beaucoup plus proche des bonheurs de Lucrèce.
Tu fus, un long temps, magistrat au Parlement de Bordeaux,
bien que les chicaneries du Droit t'eussent vite lassées,
et plus encore, la cruauté de ses modes de preuve.
et cet acharnement infini des plaideurs,
à n'en jamais finir, à faire rebondir les procès
que tant d’énergie vaine te semblait pure perte.
Mais tu voulais être utile et l'égoïsme étroit de l' «otium»,
choquait ta conscience.
Tu eus un ami cher, Prince de Liberté et de distinction,
Etienne de la Boétie, qui réfléchit avec profondeur,
sur les racines de la tyrannie en nos propres faiblesses.
Et de cette amitié, en recherchant les causes,
Tu conclus et répondit ainsi :
«Parce que c’était lui, parce que c’était moi»
Révélant ainsi que la quintessence du bonheur de  vivre
luit au cœur  de cette amitié dont nous sommes,
à la fois, le réceptacle et l’offrande.
Cher Michel de Montaigne, je voulais,
te saluer ici et te faire savoir en quelle estime
Je te tiens avec  tes «Essais» d’une bienveillante sagesse
Qui font songer aux meilleurs vins mûris en barriques de chêne
Et à ces cognacs qui éveillent l’Esprit et les sens,
Même lorsque l’hiver nous pèse et nous engourdit
Je voulais aussi te dire que de ton surnom
J’ai nommé Jean-Pierre qui te ressemble si fort
Et apporte une douce ironie à mes passions tumultueuses.
Paul Arrighi
Ce n'est pas Pierrot en herbe

Non plus que Pierrot en gerbe,

C'est Pierrot, Pierrot, Pierrot.

Pierrot gamin, Pierrot gosse,

Le cerneau hors de la cosse,

C'est Pierrot, Pierrot, Pierrot !


Bien qu'un rien plus haut qu'un mètre,

Le mignon drôle sait mettre

Dans ses yeux l'éclair d'acier

Qui sied au subtil génie

De sa malice infinie

De poète-grimacier.


Lèvres rouge-de-blessure

Où sommeille la luxure,

Face pâle aux rictus fins,

Longue, très accentuée,

Qu'on dirait habituée

À contempler toutes fins,


Corps fluet et non pas maigre,

Voix de fille et non pas aigre,

Corps d'éphèbe en tout petit,

Voix de tête, corps en fête,

Créature toujours prête

À soûler chaque appétit.


Va, frère, va, camarade,

Fais le diable, bats l'estrade

Dans ton rêve et sur Paris

Et par le monde, et sois l'âme

Vile, haute, noble, infâme

De nos innocents esprits !


Grandis, car c'est la coutume,

Cube ta riche amertume,

Exagère ta gaieté,

Caricature, auréole,

La grimace et le symbole

De notre simplicité !
Un bœuf, un baudet, un cheval,
Se disputaient la préséance.
Un baudet ! direz-vous, tant d'orgueil lui sied mal.
A qui l'orgueil sied-il ? et qui de nous ne pense
Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance,
Elèvent au-dessus de nous ?
Le bœuf, d'un ton modeste et doux,
Alléguait ses nombreux services,
Sa force, sa docilité ;
Le coursier, sa valeur, ses nobles exercices ;
Et l'âne son utilité.
Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres :
En voici venir trois ; exposons-leur nos titres.
Si deux sont d'un avis, le procès est jugé.
Les trois hommes venus, notre bœuf est chargé
D'être le rapporteur ; il explique l'affaire,
Et demande le jugement.
Un des juges choisis, maquignon bas-normand,
Crie aussitôt : La chose est claire,
Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrère,
Dit le second jugeur ; c'était un gros meunier ;
L'âne doit marcher le premier :
Tout autre avis serait d'une injustice extrême.
Oh ! que nenni, dit le troisième,
Fermier de sa paroisse et riche laboureur,
Au bœuf appartient cet honneur.
Quoi ! reprend le coursier, écumant de colère,
Votre avis n'est dicté que par votre intérêt ?
Eh mais ! dit le Normand, par quoi donc, s'il vous plaît ?
N'est-ce pas le code ordinaire ?
À Madame *.

Il est donc vrai, vous vous plaignez aussi,
Vous dont l'oeil noir, *** comme un jour de fête,
Du monde entier pourrait chasser l'ennui.
Combien donc pesait le souci
Qui vous a fait baisser la tête ?
C'est, j'imagine, un aussi lourd fardeau
Que le roitelet de la fable ;
Ce grand chagrin qui vous accable
Me fait souvenir du roseau.
Je suis bien **** d'être le chêne,
Mais, dites-moi, vous qu'en un autre temps
(Quand nos aïeux vivaient en bons enfants)
J'aurais nommée Iris, ou Philis, ou Climène,
Vous qui, dans ce siècle bourgeois,
Osez encor me permettre parfois
De vous appeler ma marraine,
Est-ce bien vous qui m'écrivez ainsi,
Et songiez-vous qu'il faut qu'on vous réponde ?
Savez-vous que, dans votre ennui,
Sans y penser, madame et chère blonde,
Vous me grondez comme un ami ?
Paresse et manque de courage,
Dites-vous ; s'il en est ainsi,
Je vais me remettre à l'ouvrage.
Hélas ! l'oiseau revient au nid,
Et quelquefois même à la cage.
Sur mes lauriers on me croit endormi ;
C'est trop d'honneur pour un instant d'oubli,
Et dans mon lit les lauriers n'ont que faire ;
Ce ne serait pas mon affaire.
Je sommeillais seulement à demi,
À côté d'un brin de verveine
Dont le parfum vivait à peine,
Et qu'en rêvant j'avais cueilli.
Je l'avouerai, ce coupable silence,
Ce long repos, si maltraité de vous,
Paresse, amour, folie ou nonchalance,
Tout ce temps perdu me fut doux.
Je dirai plus, il me fut profitable ;
Et, si jamais mon inconstant esprit
Sait revêtir de quelque fable
Ce que la vérité m'apprit,
Je vous paraîtrai moins coupable.
Le silence est un conseiller
Qui dévoile plus d'un mystère ;
Et qui veut un jour bien parler
Doit d'abord apprendre à se taire.
Et, quand on se tairait toujours,
Du moment qu'on vit et qu'on aime,
Qu'importe le reste ? et vous-même,
Quand avez-vous compté les jours ?
Et puisqu'il faut que tout s'évanouisse,
N'est-ce donc pas une folle avarice,
De conserver comme un trésor
Ce qu'un coup de vent nous enlève ?
Le meilleur de ma vie a passé comme un rêve
Si léger, qu'il m'est cher encor.
Mais revenons à vous, ma charmante marraine.
Vous croyez donc vous ennuyer ?
Et l'hiver qui s'en vient, rallumant le foyer,
A fait rêver la châtelaine.
Un roman, dites-vous, pourrait vous égayer ;
Triste chose à vous envoyer !
Que ne demandez-vous un conte à La Fontaine ?
C'est avec celui-là qu'il est bon de veiller ;
Ouvrez-le sur votre oreiller,
Vous verrez se lever l'aurore.
Molière l'a prédit, et j'en suis convaincu,
Bien des choses auront vécu
Quand nos enfants liront encore
Ce que le bonhomme a conté,
Fleur de sagesse et de gaieté.
Mais quoi ! la mode vient, et tue un vieil usage.
On n'en veut plus, du sobre et franc langage
Dont il enseignait la douceur,
Le seul français, et qui vienne du cœur ;
Car, n'en déplaise à l'Italie,
La Fontaine, sachez-le bien,
En prenant tout n'imita rien ;
Il est sorti du sol de la patrie,
Le vert laurier qui couvre son tombeau ;
Comme l'antique, il est nouveau.
Ma protectrice bien-aimée,
Quand votre lettre parfumée
Est arrivée à votre. enfant gâté,
Je venais de causer en toute liberté
Avec le grand ami Shakespeare.
Du sujet cependant Boccace était l'auteur ;
Car il féconde tout, ce charmant inventeur ;
Même après l'autre, il fallait le relire.
J'étais donc seul, ses Nouvelles en main,
Et de la nuit la lueur azurée,
Se jouant avec le matin,
Etincelait sur la tranche dorée
Du petit livre florentin ;
Et je songeais, quoi qu'on dise ou qu'on fasse,
Combien c'est vrai que les Muses sont sœurs ;
Qu'il eut raison, ce pinceau plein de grâce,
Qui nous les montre au sommet du Parnasse,
Comme une guirlande de fleurs !
La Fontaine a ri dans Boccace,
Où Shakespeare fondait en pleurs.
Sera-ce trop que d'enhardir ma muse
Jusqu'à tenter de traduire à mon tour
Dans ce livre amoureux une histoire d'amour ?
Mais tout est bon qui vous amuse.
Je n'oserais, si ce n'était pour vous,
Car c'est beaucoup que d'essayer ce style
Tant oublié, qui fut jadis si doux,
Et qu'aujourd'hui l'on croit facile.

Il fut donc, dans notre cité,
Selon ce qu'on nous a conté
(Boccace parle ainsi ; la cité, c'est Florence),
Un gros marchand, riche, homme d'importance,
Qui de sa femme eut un enfant ;
Après quoi, presque sur-le-champ,
Ayant mis ordre à ses affaires,
Il passa de ce monde ailleurs.
La mère survivait ; on nomma des tuteurs,
Gens loyaux, prudents et sévères ;
Capables de se faire honneur
En gardant les biens d'un mineur.
Le jouvenceau, courant le voisinage,
Sentit d'abord douceur de cœur
Pour une fille de son âge,
Qui pour père avait un tailleur ;
Et peu à peu l'enfant devenant homme,
Le temps changea l'habitude en amour,
De telle sorte que Jérôme
Sans voir Silvia ne pouvait vivre un jour.
À son voisin la fille accoutumée
Aima bientôt comme elle était aimée.
De ce danger la mère s'avisa,
Gronda son fils, longtemps moralisa,
Sans rien gagner par force ou par adresse.
Elle croyait que la richesse
En ce monde doit tout changer,
Et d'un buisson peut faire un oranger.
Ayant donc pris les tuteurs à partie,
La mère dit : « Cet enfant que voici,
Lequel n'a pas quatorze ans, Dieu merci !
Va désoler le reste de ma vie.
Il s'est si bien amouraché
De la fille d'un mercenaire,
Qu'un de ces jours, s'il n'en est empêché,
Je vais me réveiller grand'mère.
Soir ni matin, il ne la quitte pas.
C'est, je crois, Silvia qu'on l'appelle ;
Et, s'il doit voir quelque autre dans ses bras,
Il se consumera pour elle.
Il faudrait donc, avec votre agrément,
L'éloigner par quelque voyage ;
Il est jeune, la fille est sage,
Elle l'oubliera sûrement ;
Et nous le marierons à quelque honnête femme. »
Les tuteurs dirent que la dame
Avait parlé fort sagement.
« Te voilà grand, dirent-ils à Jérôme,
Il est bon de voir du pays.
Va-t'en passer quelques jours à Paris,
Voir ce que c'est qu'un gentilhomme,
Le bel usage, et comme on vit là-bas ;
Dans peu de temps tu reviendras. »
À ce conseil, le garçon, comme on pense,
Répondit qu'il n'en ferait rien,
Et qu'il pouvait voir aussi bien
Comment l'on vivait à Florence.
Là-dessus, la mère en fureur
Répond d'abord par une grosse injure ;
Puis elle prend l'enfant par la douceur ;
On le raisonne, on le conjure,
À ses tuteurs il lui faut obéir ;
On lui promet de ne le retenir
Qu'un an au plus. Tant et tant on le prie,
Qu'il cède enfin. Il quitte sa patrie ;
Il part, tout plein de ses amours,
Comptant les nuits, comptant les jours,
Laissant derrière lui la moitié de sa vie.
L'exil dura deux ans ; ce long terme passé,
Jérôme revint à Florence,
Du mal d'amour plus que jamais blessé,
Croyant sans doute être récompensé.
Mais. c'est un grand tort que l'absence.
Pendant qu'au **** courait le jouvenceau,
La fille s'était mariée.
En revoyant les rives de l'Arno,
Il n'y trouva que le tombeau
De son espérance oubliée.
D'abord il n'en murmura point,
Sachant que le monde, en ce point,
Agit rarement d'autre sorte.
De l'infidèle il connaissait la porte,
Et tous les jours il passait sur le seuil,
Espérant un signe, un coup d'oeil,
Un rien, comme on fait quand on aime.
Mais tous ses pas furent perdus
Silvia ne le connaissait plus,
Dont il sentit une douleur extrême.
Cependant, avant d'en mourir,
Il voulut de son souvenir
Essayer de parler lui-même.
Le mari n'était pas jaloux,
Ni la femme bien surveillée.
Un soir que les nouveaux époux
Chez un voisin étaient à la veillée,
Dans la maison, au tomber de la nuit,
Jérôme entra, se cacha près du lit,
Derrière une pièce de toile ;
Car l'époux était tisserand,
Et fabriquait cette espèce de voile
Qu'on met sur un balcon toscan.
Bientôt après les mariés rentrèrent,
Et presque aussitôt se couchèrent.
Dès qu'il entend dormir l'époux,
Dans l'ombre vers Silvia Jérôme s'achemine,
Et lui posant la main sur la poitrine,
Il lui dit doucement : « Mon âme, dormez-vous ?
La pauvre enfant, croyant voir un fantôme,
Voulut crier ; le jeune homme ajouta
« Ne criez pas, je suis votre Jérôme.
- Pour l'amour de Dieu, dit Silvia,
Allez-vous-en, je vous en prie.
Il est passé, ce temps de notre vie
Où notre enfance eut loisir de s'aimer,
Vous voyez, je suis mariée.
Dans les devoirs auxquels je suis liée,
Il ne me sied plus de penser
À vous revoir ni vous entendre.
Si mon mari venait à vous surprendre,
Songez que le moindre des maux
Serait pour moi d'en perdre le repos ;
Songez qu'il m'aime et que je suis sa femme. »
À ce discours, le malheureux amant
Fut navré jusqu'au fond de l'âme.
Ce fut en vain qu'il peignit son tourment,
Et sa constance et sa misère ;
Par promesse ni par prière,
Tout son chagrin ne put rien obtenir.
Alors, sentant la mort venir,
Il demanda que, pour grâce dernière,
Elle le laissât se coucher
Pendant un instant auprès d'elle,
Sans bouger et sans la toucher,
Seulement pour se réchauffer,
Ayant au cœur une glace mortelle,
Lui promettant de ne pas dire un mot,
Et qu'il partirait aussitôt,
Pour ne la revoir de sa vie.
La jeune femme, ayant quelque compassion,
Moyennant la condition,
Voulut contenter son envie.
Jérôme profita d'un moment de pitié ;
Il se coucha près de Silvie.
Considérant alors quelle longue amitié
Pour cette femme il avait eue,
Et quelle était sa cruauté,
Et l'espérance à tout jamais perdue,
Il résolut de cesser de souffrir,
Et rassemblant dans un dernier soupir
Toutes les forces de sa vie,
Il serra la main de sa mie,
Et rendit l'âme à son côté.
Silvia, non sans quelque surprise,
Admirant sa tranquillité,
Resta d'abord quelque temps indécise.
« Jérôme, il faut sortir d'ici,
Dit-elle enfin, l'heure s'avance. »
Et, comme il gardait le silence,
Elle pensa qu'il s'était endormi.
Se soulevant donc à demi,
Et doucement l'appelant à voix basse,
Elle étendit la main vers lui,
Et le trouva froid comme glace.
Elle s'en étonna d'abord ;
Bientôt, l'ayant touché plus fort,
Et voyant sa peine inutile,
Son ami restant immobile,
Elle comprit qu'il était mort.
Que faire ? il n'était pas facile
De le savoir en un moment pareil.
Elle avisa de demander conseil
À son mari, le tira de son somme,
Et lui conta l'histoire de Jérôme,
Comme un malheur advenu depuis peu,
Sans dire à qui ni dans quel lieu.
« En pareil cas, répondit le bonhomme,
Je crois que le meilleur serait
De porter le mort en secret
À son logis, l'y laisser sans rancune,
Car la femme n'a point failli,
Et le mal est à la fortune.
- C'est donc à nous de faire ainsi, »
Dit la femme ; et, prenant la main de son mari
Elle lui fit toucher près d'elle
Le corps sur son lit étendu.
Bien que troublé par ce coup imprévu,
L'époux se lève, allume sa chandelle ;
Et, sans entrer en plus de mots,
Sachant que sa femme est fidèle,
Il charge le corps sur son dos,
À sa maison secrètement l'emporte,
Le dépose devant la porte,
Et s'en revient sans avoir été vu.
Lorsqu'on trouva, le jour étant venu,
Le jeune homme couché par terre,
Ce fut une grande rumeur ;
Et le pire, dans ce malheur,
Fut le désespoir de la mère.
Le médecin aussitôt consulté,
Et le corps partout visité,
Comme on n'y vit point de blessure,
Chacun parlait à sa façon
De cette sinistre aventure.
La populaire opinion
Fut que l'amour de sa maîtresse
Avait jeté Jérôme en cette adversité,
Et qu'il était mort de tristesse,
Comme c'était la vérité.
Le corps fut donc à l'église porté,
Et là s'en vint la malheureuse mère,
Au milieu des amis en deuil,
Exhaler sa douleur amère.
Tandis qu'on menait le cercueil,
Le tisserand qui, dans le fond de l'âme,
Ne laissait pas d'être inquiet :
« Il est bon, dit-il à sa femme,
Que tu prennes ton mantelet,
Et t'en ailles à cette église
Où l'on enterre ce garçon
Qui mourut hier à la maison.
J'ai quelque peur qu'on ne médise
Sur cet inattendu trépas,
Et ce serait un mauvais pas,
Tout innocents que nous en sommes.
Je me tiendrai parmi les hommes,
Et prierai Dieu, tout en les écoutant.
De ton côté, prends soin d'en faire autant
À l'endroit qu'occupent les femmes.
Tu retiendras ce que ces bonnes âmes
Diront de nous, et nous ferons
Selon ce que nous entendrons. »
La pitié trop **** à Silvie
Etait venue, et ce discours lui plut.
Celui dont un baiser eût conservé la vie,
Le voulant voir encore, elle s'en fut.
Il est étrange, il est presque incroyable
Combien c'est chose inexplicable
Que la puissance de l'amour.
Ce cœur, si chaste et si sévère,
Qui semblait fermé sans retour
Quand la fortune était prospère,
Tout à coup s'ouvrit au malheur.
À peine dans l'église entrée,
De compassion et d'horreur
Silvia se sentit pénétrée ;
L'ancien amour s'éveilla tout entier.
Le front baissé, de son manteau voilée,
Traversant la triste assemblée,
Jusqu'à la bière il lui fallut aller ;
Et là, sous le drap mortuaire
Sitôt qu'elle vit son ami,
Défaillante et poussant un cri,
Comme une sœur embrasse un frère,
Sur le cercueil elle tomba ;
Et, comme la douleur avait tué Jérôme,
De sa douleur ainsi mourut Silvia.
Cette fois ce fut au jeune homme
A céder la moitié du lit :
L'un près de l'autre on les ensevelit.
Ainsi ces deux amants, séparés sur la terre,
Furent unis, et la mort fit
Ce que l'amour n'avait pu faire.
Introduction before the curtain is opened.
-->The  introducer addresses the audience.


Instead of none-stop
Condemning the past
Let us do our part
To lift our country
From economic morass fast.
Better than licking a wound,
Taking corrective measures
On former leaders’ mistakes
We could
Capitalizing, on what
They did good.

(Open Curtain)

--> Enters Emperor Tewodros II

I had tried
Citizens to unite
So that
They will not
Stop short of might
When invaders they fight!

I had also exemplified
Portraying a spectacular
Self dignity and pride
Whatever sacrifices
Trying times demand,
A coward,
An Ethiopian must not
Yield a hand.


To convey
I had also tried,
Though possible
As a tourist,explorer and
Even a covert spy
To enjoy oneself in
Ethiopia, famed for
A hospitable land
The impossibility
To carry away with
A shoe
Ethiopia’s golden
Silt or a sand.


--> Enters Emperor Yohannes IV



In the battle of Gundat
And Gura
I had shuttered
Egyptians' and Khedivi’s
And their Europian advisers'
And North Americans' aura.

Revolted by
A scramble for domestic power
Or salivating for wealth
And abhorring
Stooping to things glittering,
Defending my country
And faith
Valorous, on the forefront
Of a battle
I did shake hands
With the angel of death.


Successors,
There are lessons
You should learn
Adoring your country
Rent seeking
You have to shun,
Putting my country first
A notable self sacrifice
As I had done!


--> Enters Emperor Menelik II


Simply with
A sword and a spear
Carrying a shield
And riding a horse,
I did chase out
To its teeth
With modern weapon
Armed invading force.

When citizens
Join force and unite
With a golden pen
History they can write
History that flickers light
The oppressed,worldwide,
Could win if they fight
For their
God-bestowed right.

Also to modernization
According focal attention
Must be the task of
A given nation
If ignorance and disease
Their tight grip
Must cease.


--> Enters Emperor Haile selassie I

When many warned me
“You will live to regret
Your good gesture!”
To the development of
My country giving
Focal attention
I allowed students pursue
Further education.

I  also allowed many  here
And   abroad a broad-array of
Subjects learn
And their poor country
Serve in their turn.

A prophet
I exposed League of Nation's
Double standard
So that
The world understand
“Though today
Ethiopia’s turn
The flame of fascism
And ******
Tomorrow
Supper powers too will burn!”
It was my wont
In the diplomatic mission
To bring
My country to the front!

Along with fellow leaders,
It was my dream object,
To de-colonize
And unite the continent.

That is why many
Saw for a continental seat
—OAU later AU—
Ethiopia fit.

--> President Mengistu Haile Mariam

As revolution
Was the day’s talk
With the progressive
I broke
On peasants and
The proletariat
Imposed yoke.

Sied Barre’s
Unexpected attack
And intrusion
I had managed
To reverse back,

Also fighting
Mass illiteracy
Was my
Outstanding task.

In fact,
I did try to keep
My country intact.

-->Prime Minister Meles Zenawi

My long-cherished bent
Was ensuring
Political pluralism
And democracy’s advent
For which cause
My youth and adulthood
I spent.

I and combatants
After tyranny
To a grave sent,
I invited
Soon,
Marginalized states
To come aboard and
Equally enjoy
Development’s boon.

In an astounding
Developmental feat
I was out
The unconquerable

—Blue Nile—

To defeat.
Also against poverty
A similar victory repeat.
What is more
On the road
Of Renaissance
I did inspire
Over 80 ethnic group
Forward to run
Actualizing a leap in
Their life span.

A win-win
Environment smart growth
Was what,charismatic,
On the global arena
I brought forth
Making super powers believe
Giving attention to Africa
Is worth.

--> Prime Minister Hailemariam Desalegn

In trying times
Not to allow
Started mega projects
Suffer a set back
I saw to
Things are on the right track.

More than one cabinet reshuffle
In  the leading party
Deep renewal and reform,
Together with  members,
I did perform!

To a peaceful power transition
I have set a glaring example
A move
In Africa many took unthinkable!
Averse to rent seeking
I am patted on the back
“You have done a nice thing!”


(Close Curtain)

--> Introducer

Conspiracy
To grab the rein
Of power
At the cost of harm
Allowing one ethnic group
On others to tower
Sluggishness in resource
Utilization, not allowing
Development to equally
And fast flower,
Harbouring fright
When citizens exercise
Their allowed democratic right
Are follies
The coming generations
Have to fight
So that
Ensues peace
And days bright,
Off springs of Lucy
We have to always unite!///
Distilling the best from the past warding off hurdles pressing ahead.
Triste et soudain fracas d'un trône héréditaire,

Profond enseignement aux puissants de la terre,

Qui vous eût pu prévoir, et dire : Dans trois jours,

Cette tige de rois par les siècles blanchie

Et ce vaste pouvoir et cette monarchie

Auront fui sans espoir et croulé pour toujours ?


Et toi qui n'es plus rien et qui fus roi naguère,

Charles ! n'avais-tu pas ton droit de paix, de guerre.

Ta large part d'impôts, tes châteaux à choisir,

Tes veneurs, tes laquais, tes chiens, tes équipages,

Tes chambellans dorés, tes hérauts et tes pages

Et tes vastes forêts où chasser à loisir ?


T'empêchait-on d'aller au sein des basiliques,

Courbant ton front royal et baisant les reliques.

Garder, comme un soldat, un prêtre à tes côtés.

Et, du ministre saint implorant l'assistance,

Consumer dans le jeûne et dans la pénitence

Tout le restant des jours que le ciel t'a comptés ?


On t'entourait d'honneurs, de respects, et la France,

Qui voyait tout cela d'un air d'indifférence.

T'eût laissé jusqu'au bout, sans haine et sans effroi.

Saluer de la main du haut des galeries,

Sourire à tes valets et dans tes Tuileries

Mourir tranquillement sur ton fauteuil de roi !


Mais des hommes t'ont dit : « Sire, l'heure est venue,

Où votre volonté, trop longtemps méconnue.

Doit être apprise à tous et s'ouvrir un chemin ;

Et si quelque mutin se dresse et se récrie.

Nous avons-là Foucault et sa gendarmerie ;

C'est l'affaire d'un coup de main.


« On en eut bon marché sous l'autre ministère.

Quelques coups de mitraille à propos l'ont fait taire,

Ce peuple ; il faut qu'il sache, au moins, si c'est en vain

Que Charles Xdix est roi de France et de Navarre

Et si d'un peu de sang il lui sied d'être avare

Pour soutenir le droit divin,


« Et si des gens venaient, artisans d'imposture,

Vous parler de promesse et que c'est forfaiture

Que manquer de la sorte à la foi des serments

Jurés, devant l'autel, sur les saints Évangiles,

Et qu'après tout, la terre a des trônes fragiles,

Et l'avenir des châtiments ;


« Sophismes dangereux, maximes immorales !

Propos séditieux de feuilles libérales !

Mais seulement un mot, un signe de la main,

Et vous verrez pâlir tous ces faiseurs d'émeute,

Comme un gibier peureux qui fuit devant la meute,

Dans les forêts de Saint-Germain. »


Et toi, tu les as crus et, risquant la partie,

Sur un seul coup de dé perdu ta dynastie,

Bien puni maintenant, ô roi, pour avoir mis

Tant d'espoir dans ton Dieu, tant de foi dans sa grâce,

Et compté, pour ton trône et les gens de ta race,

Sur l'avenir sans fin qui leur était promis !


Mais comme au premier coup du marteau populaire

Ta vieille royauté, masure séculaire.

Lézardée et disjointe et qui n'en pouvait plus,

A craqué jusqu'au fond, tant l'heure était critique.

Tant sa chute était mûre et de ce dais gothique

La toile était usée et les ais vermoulus !


Et pour baisser si bas des têtes couronnées,

Qu'a-t-il fallu de temps au peuple ? Trois journées

D'ouvriers descendus en hâte des faubourgs,

Qui couraient sans savoir, au fort de la mêlée,

Ce que c'est qu'une marche, et comme elle est réglée

Sur les sons plus pressés ou plus lents des tambours.


Trois jours, et tout fut dit ; et la pâle bannière

Du faîte des palais a roulé dans l'ornière.

Et les trois fleurs de lis, honneur de ta maison,

N'ont d'asile aujourd'hui, tristes et détrônées,

Que dans quelques foyers de vieilles cheminées.

Ou les feuillets jaunis d'un traité de blason.


Eh quoi ! de tes malheurs le rude apprentissage

N'avait-il pu t'instruire et te faire assez sage,

Sans qu'il fallût encor, vieillard en cheveux gris,

Entendre le fracas de ton trône qui tombe.

Et retrouver si **** et si près de la tombe.

Ces leçons de l'exil qui ne t'ont rien appris ?


Tu l'as voulu pourtant ! Aussi bien, à ton âge.

Quand la mort à ce point est dans le voisinage,

A tout prendre, il vaut mieux, de tous ces vains joyaux

Débarrasser un front qu'a touché le Saint-Chrême,

Car pour qui va paraître au tribunal suprême.

Les plis sont bien persans des ornements royaux !


Va, mais ne songe plus, Majesté solitaire,

Qu'à ce royaume saint qui n'est plus de la terre ;

Songe au soin de ton âme, et, déchargé du faix

De cette royauté dont t'a perdu l'envie,

Songe à bien profiter, au moins pour l'autre vie,

De ces derniers loisirs que le peuple t'a faits.
II.

Le poète s'en va dans les champs ; il admire.
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs.
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs.
Celles qui des paons même éclipseraient les queues.
Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues.
Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets.
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
- Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix.
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables.
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L'orme au branchage noir, de mousse appesanti.
Comme les ulémas quand paraît le muphti ;
Lui font de grands saints et courbent jusqu'à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre.
Contemplent de son front la sereine lueur.
Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !

Les Roches, juin 1831.
Paul Hardwick Mar 2012
1 sat next to 2.
There are having a great time tonight.

3 sat in the conner by himself.
1 said to 2, look at 3 he is so odd, sitting there, the crazy sod.

At this 4 butted in, and with a grin, said did you not know 3 is gay.
On hearing that 5 moved away.

6 then butted in, but before he said anything.
They all at the same time looked up.

Just as google plex walk in.
google plex, surveyed the room, sied then just left, muttering, this is imposable.
Le poète naïf, qui pense avant d'écrire,
S'étonne, en ce temps-ci, des choses qui font rire.
Au théâtre parfois il se tourne, et, voyant
La gaîté des badauds qui va se déployant,

Pour un plat calembour, des loges au parterre,
Il se sent tout à coup tellement solitaire
Parmi ces gros rieurs au ventre épanoui,
Que, le front lourd et l'œil tristement ébloui,

Il s'esquive, s'il peut, sans attendre la toile.
Enfin libre il respire, et, d'étoile en étoile,
Dans l'azur sombre et vaste il laisse errer ses yeux.
Ah ! Quand on sort de là, comme la nuit plaît mieux !

Qu'il fait bon regarder la Seine lente et noire
En silence rouler sous les vieux ponts sa moire,
Et les reflets tremblants des feux traîner sur l'eau
Comme les pleurs d'argent sur le drap d'un tombeau !

Ce deuil fait oublier ces rires qu'on abhorre.
Hélas ! Où donc la joie est-elle saine encore ?
Quel vice a donc en nous gâté le sang gaulois ?
Quand rirons-nous le rire honnête d'autrefois ?

Ce ne sont aujourd'hui qu'absurdes bacchanales ;
Farces au masque impur sur des planches banales ;
Vil patois qui se fraye impudemment accès
Parmi le peuple illustre et cher des mots français ;

Couplets dont les refrains changent la bouche en gueule ;
Romans hideux, miroir de l'abjection seule,
Commérage où le fiel assaisonne des riens :
Feuilletons à voleurs, drames à galériens,

Funestes aux cœurs droits qui battent sous les blouses ;
Vaudevilles qui font, corrupteurs des épouses,
Un ridicule impie à l'affront des maris ;
Spectacles où la chair des femmes, mise à prix,

Comme aux crocs de l'étal exhibée en guirlande,
Allèche savamment la luxure gourmande ;
Parades à décors dont les fables sans art
N'esquivent le sifflet qu'en soûlant le regard ;

Coups d'archets polissons sur la lyre d'Homère,
Et tous les jeux maudits d'un amour éphémère
Qui va se dégradant du caprice au métier :
Voilà ce qui ravit un peuple tout entier !

Bêtise, éternel veau d'or des multitudes,
Toi dont le culte aisé les plie aux servitudes
Et complice du joug les y soumet sans bruit,
Monstre cher à la force et par la ruse instruit

À bafouer la libre et sévère pensée,
Règne ! Mais à ton tour, brute, qu'à la risée,
Au comique mépris tu serves de jouet !
Que sur toi le bon sens fasse claquer son fouet,

Qu'il se lève, implacable à son tour, et qu'il rie,
Et qu'il raille à son tour l'inepte raillerie,
Et qu'il fasse au soleil luire en leur nudité
Ta grotesque laideur et ta stupidité !

Molière, dresse-toi ! Debout, Aristophane !
Allons ! Faites entendre au vulgaire profane
L'hymne de l'idéal au fond du rire amer,
Du grand rire où, pareil au cliquetis du fer,

Sonne le choc rapide et franc des pensers justes,
Du beau rire qui sied aux poitrines robustes,
Vengeur de la sagesse, héroïque moqueur,
Où vibre la jeunesse immortelle du cœur !
Muse, un nommé Ségur, évêque, m'est hostile ;
Cet homme violet me damne en mauvais style ;
Sa prose réjouit les hiboux dans leurs trous.
Ô Muse, n'ayons point contre lui de courroux.
Laissons-lui ce joujou qu'il prend pour un tonnerre,
Sa haine.

Il est d'ailleurs à plaindre. Au séminaire,
Un jour que ce petit bonhomme plein d'ennui
Bêlait un oremus au hasard devant lui,
Comme glousse l'oison, comme la vache meugle,
Il s'écria : - Mon Dieu ! Je voudrais être aveugle ! -
Ne trouvant pas qu'il fît assez nuit comme ça.
Le bon Dieu, le faisant idiot, l'exauça.

L'insulte est aujourd'hui très perfectionnée.
On prend un peu de suie en une cheminée,
Un peu d'ordure au coin d'une borne, à l'égoût
De la fange, et cela tient lieu d'esprit, de goût,
De bon sens, de syntaxe et d'honneur ; c'est la mode.
Bons ulémas, tel est le procédé commode
Que votre zèle met au service du ciel,
Et c'est avec la bouche écumante de fiel,
Avec la diatribe en guise de sourire,
Que vous venez, damnant ceux qu'on n'ose proscrire,
Nous faire vos gros yeux, nous montrer vos gros poings,
Nous dire vos gros mots, ô nos chers talapoins !

On vous pardonne. Eh bien, quoi, Ségur m'exorcise.
Après ?

Il me maudit d'une façon concise ;
Il me peint de son mieux, et voici le pastel
À peu près :

- « Monstre horrible. On n'a rien vu de tel.
Informe, épouvantable et ténébreux. Un homme
Qui brûlerait Paris et démolirait Rome.
Voluptueux. Un peu le chef des assassins.
Bref, capable de tout. Foulant aux pieds les saints,
Les lois, l'église et Dieu. Ruinant son libraire. »
Faisons chorus. Hurler avec le loup, et braire
Avec l'évêque, eh bien, c'est un droit. Usons-en.
J'aime en ce noble abbé ce style paysan.
C'est poissard, c'est exquis. Bravo. Cela vous plonge
Dans une vague extase où l'on sent le mensonge.
Doux prêtre ! On entend rire aux éclats Diderot,
Molière, Rabelais, et l'on ne sait pas trop,
Dans cette vision où le démon chuchote,
Si l'on voit un évêque ayant au dos la hotte
Ou bien un chiffonnier ayant la mitre au front.
L'antienne, quand un peu de bave l'interrompt,
À du charme ; on est prêtre et l'on a de la bile.
D'ailleurs, Muse, chacun sur terre a son Zoïle,
Et Voltaire a Fréron comme Dante a Cecchi.
Et puis cela se vend. Combien ? Six sous. À qui ?
Aux sots. C'est un public. Les mâchoires fossiles
Veulent rire ; le clan moqueur des imbéciles
Veut qu'on l'amuse ; il est fort nombreux aujourd'hui ;
N'a-t-il donc pas le droit qu'on travaille pour lui ?
Depuis quand n'est-il plus permis d'emplir les cruches ?
Tout a son instinct. Comme un frelon vole aux ruches,
Comme à Lucrèce au lit court Alexandre six,
Comme Corydon suit le charmant Alexis,
Comme un loup suit les boucs, et le bouc les cytises,
Comme avril fait des fleurs, Ségur fait des sottises.
Il le faut.

Muse, il sied que le sage indulgent
Rêve, écoute, et devienne un bon homme en songeant,
Qu'il regarde passer les vivants, qu'il les pèse,
Et qu'au lieu de l'aigrir, ce spectacle l'apaise.
Ainsi soit-il.

Et puis, allons au fait. Voyons,
Suis-je correct ? L'hostie avec tous ses rayons
M'éblouit-elle autant que le soleil ? Ce prêtre
Me voit-il le dimanche à sa messe apparaître ?
Ai-je même jamais fait semblant de vouloir
Lui conter mes péchés tous bas dans son parloir ?
Quand suis-je allé chez lui, reniant ma doctrine,
Me donner de grands coups de poing dans la poitrine ?
Je suis un endurci. Ségur s'en aperçoit.
Je suis athée au point de douter que Dieu soit
Charmé de se chauffer les mains au feu du diable,
Qu'il ait mis l'incurable et l'irrémédiable
Dans l'homme, être ignorant, faible, chétif, charnel,
Afin d'en faire hommage au supplice éternel,
Qu'il ait exprès fourré Satan dans la nature,
Et qu'il ait, lui, l'auteur de toute créature,
Pouvant vider l'enfer et le fermer à clé,
Fait un brûleur, afin de créer un brûlé ;
Que les mille soleils dont là-haut le feu tremble
Se mettent un beau jour à tomber tous ensemble,
J'en doute ; et quand je vois, au fond du zénith bleu,
Les sept astres de l'Ourse allumés, je crois peu
Que jamais le plafond céleste se délabre
Jusqu'à ne pouvoir plus porter ce candélabre.
Je sais que dans la bible on trouve ce cliché,
La Fin du Monde ; mais la science a marché.
Moïse est vieux ; est-il sur terre un quadrumane
Qui lève au ciel les yeux pour voir pleuvoir la manne ?
Je trouve par moments plus d'esprit, je le dis,
Aux singes d'à présent qu'aux hommes de jadis.
Pape, Dieu, ce n'est pas le même personnage.
J'aime la cathédrale et non le moyen-âge.

Qu'est-ce qu'un dogme, un culte, un rite ? Un objet d'art.
Je puis l'admirer ; mais s'il égare un soudard,
S'il grise un fou, s'il tue un homme, je l'abhorre.
Plus d'idole ! Et j'oppose à l'encens l'ellébore.
Quand une abbesse, à qui quelque nonne déplaît,
Lui fait brouter de l'herbe à côté d'un mulet,
J'ose dire que c'est mal nourrir une femme ;
J'admire un arbre en fleurs plus qu'un bûcher en flamme ;
Je suis peu furieux ; j'aime Voltaire enfin
Mieux que saint Cupertin et que saint Cucufin,
Et je préfère à tout ce que dit saint Pancrace,
Saint Loup, saint Labre ou saint Pacôme, un vers d'Horace.
Tels sont mes goûts. Je suis incorrigible. Et quand
Floréal, comme un chef qui réveille le camp,
Met les nids en rumeur, et quand mon vers patauge,
Éperdu, dans le thym, la verveine et la sauge,
Quand la plaine est en joie, et quand l'aube est en feu,
Je crois tout bonnement, tout bêtement en Dieu.

En même temps j'ai l'âme âprement enivrée
Du sombre ennui de voir tant d'hommes en livrée,
Tant de deuils, tant de fronts courbés, tant de cœurs bas,
Là, tant de lits de pourpre, et là, tant de grabats.
Mon Dieu n'est ni payen, ni chrétien, ni biblique ;
Ce Dieu-là, je l'implore en la douleur publique ;
C'est vers lui que je suis tourné, vieux lutteur las,
Quand je crie au milieu des ténèbres : - Hélas !
Sur la grève que bat toute la mer humaine,
Grève où le flux apporte, où le reflux remmène
Les flots hideux jetant l'écume aux alcyons,
Qui donc apportera dans l'ombre aux nations
Ou l'éclair de Paris ou le rayon de France ?
Qui donc rallumera ce phare, l'espérance ? -

Donc j'ai ce grave tort de n'être point dévot ;
Je ne le suis pas même au parti qui prévaut ;
Je n'aime pas qu'après la victoire on sévisse ;
C'est affreux, je pardonne ; et je suis au service
Des vaincus ; et, songeant que ma mère aux abois
Fut jadis vendéenne, en fuite dans les bois,
J'ose de la pitié faire la propagande ;
Je suis le fils brigand d'une mère brigande.
Être clément, c'est être atroce ; ou pour le moins,
Stupide. Je le suis, toujours, devant témoins,
Partout. Les autres sont les vautours ; je suis l'oie.
Oui, quand la lâcheté publique se déploie,
Il me plaît d'être seul et d'être le dernier.
Quand le væ victis règne, et va jusqu'à nier
La quantité de droit qui reste à ceux qui tombent,
Quand, nul ne protestant, les principes succombent,
Cette fuite de tous m'attire. Me voilà.

Comment veut-on qu'un prêtre accepte tout cela !
Quelqu'un qui jamais ne se trompe,
M'appelle juif... Moi, juif ? Pourquoi ?
Je suis chrétien, sans que je rompe
Le pain bénit à son de trompe,
Bien qu'en mon trou... je reste coi.

Je sais juif, ah ! c'est bien possible !
Je n'ai le nez spirituel
Ni l'air résigné d'une cible ;
Je ne montre un cœur insensible.
Tout juif est-il en Israël ?

Mais si juif signifie avare
Économisant sur le suif,
Sur l'eau qui pourtant n'est pas rare
Sur une corde de guitare,
Je me fais honneur d'être juif.

Je prends pour moi seul cette injure,
Quoique je ne possède rien ;
Je me l'écris sur la figure
En trois mots, sans une rature ;
Voyez : je suis juif. Lisez bien.

Regardez-moi : ma barbe est sale
Comme en chaire un prédicateur
Qui vide une fosse nasale,
Et j'ai l'aspect froid d'une stalle,
Dans le temple où prêche un pasteur.

Moi, juif, je mens, je calomnie,
Comme un misérable chrétien,
Lorsqu'à tort il affirme ou nie,
Ou qu'il dispute, ô vilenie !
En parlant du mien et du tien ;

J'adore un veau d'or... dans ma bague,
Le veau qu'on débite en bijoux ;
Au seul mot d'argent, je divague,
Comme le catholique vague
Qui ne se passe de joujoux ;

Moi, fils de ceux qui portaient l'Arche,
Je ris, et je laisse périr,
Je perds la foi du patriarche,
Comme tout un peuple qui marche
Vers l'ombre où le corps doit pourrir.

Moi, juif, je doute de mon âme,
Moi, juif, je doute de l'Amour,
Je ne suis sûr que de ma femme,
(N'est-ce pas étrange, Madame ?)
Comme bien des... maris du jour.

Car elle se fout de la vogue
Qu'a tout argument inventé
Par notre science un peu rogne ;
Elle aime mieux la synagogue
Si fraîche, dès l'aube, en été.

Elle est blanche, elle a sur les tempes
Une perruque où rit sa fleur ;
Faite à souhait pour les estampes ;
Quand elle adore sous les lampes
Dans ses voiles d'une couleur ;

Elle se consume en prières,
Conservant, sans en rien verser,
L'eau de ses croyances entières,
Car... une douzaine de pierres
Ça suffit pour recommencer.

Jérusalem les garde encore,
Salomon les reçut du Ciel
Qu'avec des larmes elle implore ;
Comme une juive que j'adore,
L'épouse de Nathaniel.

Ce qu'on admire fort sur elle,
C'est l'honneur de faire de l'art
Par une pente naturelle,
Pas pour vendre son aquarelle,
Ni pour manger un peu de lard.

J'ai pu contempler sa peinture,
Dans une salle au Luxembourg :
C'est très bien peint d'après nature ;
C'est avec l'eau, sous la toiture,
Ça me semble, un coin de faubourg.

Sur la cimaise elle est sous verre,
Je puis donc y mettre un baiser
**** des yeux du gardien sévère ;
Bref, l'art charmant qu'elle sait faire,
C'est, comme il sied, pour s'amuser.

Cela ne fait l'ombre d'un doute
Pour tous, dans la société ;
Oui, ma belle Mignonne, écoute,
Elle pourrait épater toute
La pâle catholicité.

Tiens ! En veux-tu rien qu'un exemple ?
Que le sultan soit décavé,
Et trouve sa poche bien ample :
« Vends-les-nous, ces pierres du Temple »,
Et Notre-Seigneur a rêvé !

Je suis juif ! ah ! ce nom m'inonde
De sa plus sainte émotion !
Souffre que pour eux je réponde :
La plus noble race du monde,
Ce sont les juifs de nation.

Eux, au moins, ont du caractère ;
Ils sont, oui, par les traits de feu
Du Décalogue salutaire,
Le plus grand peuple de la Terre !
N'est-ce pas vrai, ça, nom de Dieu !

Sotte habitude, oui, sur mon âme,
Bonne au plus pour les ateliers ;
Excusez moi, si je m'en blâme.
Et si vous m'entendez, Madame,
Que je me prosterne à vos pieds.
Cette vallée est triste et grise : un froid brouillard

Pèse sur elle ;

L'horizon est ridé comme un front de vieillard ;

Oiseau, gazelle,

Prêtez-moi votre vol ; éclair, emporte-moi !

Vite, bien vite,

Vers ces plaines du ciel où le printemps est roi,

Et nous invite

À la fête éternelle, au concert éclatant

Qui toujours vibre,

Et dont l'écho lointain, de mon cœur palpitant

Trouble la fibre.

Là, rayonnent, sous l'oeil de Dieu qui les bénit,

Des fleurs étranges,

Là, sont des arbres où gazouillent comme un nid

Des milliers d'anges ;

Là, tous les sons rêves, là, toutes les splendeurs

Inabordables

Forment, par un ***** miraculeux, des chœurs

Inénarrables !

Là, des vaisseaux sans nombre, aux cordages de feu

Fendent les ondes

D'un lac de diamant où se peint le ciel bleu

Avec les mondes ;

Là, dans les airs charmés, volèrent des odeurs

Enchanteresses,

Enivrant à la fois les cerveaux et les cœurs

De leurs caresses.

Des vierges, à la chair phosphorescente, aux yeux

Dont l'orbe austère

Contient l'immensité sidérale des cieux

Et du mystère,

Y baisent chastement, comme il sied aux péris,

Le saint poète,

Qui voit tourbillonner des légions d'esprits

Dessus sa tête.

L'âme, dans cet Éden, boit à flots l'idéal,

Torrent splendide,

Qui tombe des hauts lieux et roule son cristal

Sans une ride.

Ah ! pour me transporter dans ce septième ciel,

Moi, pauvre hère,

Moi, frêle fils d'Adam, cœur tout matériel,

**** de la terre,

**** de ce monde impur où le fait chaque jour

Détruit le rêve,

Où l'or remplace tout, la beauté, l'art, l'amour,

Où ne se lève

Aucune gloire un peu pure que les siffleurs

Ne la déflorent,

Où les artistes pour désarmer les railleurs

Se déshonorent,

**** de ce bagne où, hors le débauché qui dort,

Tous sont infâmes,

**** de tout ce qui vit, **** des hommes, encor

Plus **** des femmes,

Aigle, au rêveur hardi, pour l'enlever du sol,

Ouvre ton aile !

Éclair, emporte-moi ! Prêtez-moi votre vol,

Oiseau, gazelle !
Stances irrégulières.
À Madame la princesse D'Hatzfeld.


Le bonheur ici-bas tient à bien peu de chose.
Vous ne l'ignorez pas ; vous savez, d'après vous,
Que le sort au hasard porte souvent ses coups,
Et que l'aquilon en courroux
N'épargne pas même la rose.

Aussi n'êtes-vous pas de ces cœurs rigoureux
Qui, prompts à condamner ceux que le sort opprime,
Dans un revers n'ont jamais vu qu'un crime ;
Compatissante aux malheureux,
Étrangère aux calculs d'une froide prudence,
Aussi vous voyons-nous réparer envers eux
Les oublis de la Providence.

Bien qu'à l'agneau tondu Dieu mesure le vent,
J'aime qu'une bergère ait un cœur secourable.
Dieu ne souffle pas seul, hélas ! et plus souvent
Aux tondeurs qu'aux tondus le vent est favorable.

Au vent qui m'a fané reverdit Richelieu.
Pauvres humains ! point de milieu :
Oui, dans ce siècle impitoyable,
Dès qu'on vous recommande à Dieu,
C'est qu'on vous abandonne au diable.

Le doigt divin pourtant se révèle à moitié
Dans les maux dont il frappe une âme peu commune.
Didon devint meilleure au sein de l'infortune ;
En éprouvant la peine elle apprit la pitié.
L'or s'épure ainsi dans la flamme.
Comme elle, belle et bonne, ah ! qu'il vous sied, madame,
D'apprendre à cette école autant qu'elle en apprit.
C'est le propre d'un bon esprit,
Tout autant que d'une belle âme.
Je l'avais saisi par la bride ;
Je tirais, les poings dans les noeuds,
Ayant dans les sourcils la ride
De cet effort vertigineux.

C'était le grand cheval de gloire,
Né de la mer comme Astarté,
À qui l'aurore donne à boire
Dans les urnes de la clarté ;

L'alérion aux bonds sublimes,
Qui se cabre, immense, indompté,
Plein du hennissement des cimes,
Dans la bleue immortalité.

Tout génie, élevant sa coupe,
Dressant sa torche, au fond des cieux,
Superbe, a passé sur la croupe
De ce monstre mystérieux.

Les poètes et les prophètes,
Ô terre, tu les reconnais
Aux brûlures que leur ont faites
Les étoiles de son harnais.

Il souffle l'ode, l'épopée,
Le drame, les puissants effrois,
Hors des fourreaux les coups d'épée,
Les forfaits hors du coeur des rois.

Père de la source sereine,
Il fait du rocher ténébreux
Jaillir pour les Grecs Hippocrène
Et Raphidim pour les Hébreux.

Il traverse l'Apocalypse ;
Pâle, il a la mort sur son dos.
Sa grande aile brumeuse éclipse
La lune devant Ténédos.

Le cri d'Amos, l'humeur d'Achille
Gonfle sa narine et lui sied ;
La mesure du vers d'Eschyle,
C'est le battement de son pied.

Sur le fruit mort il penche l'arbre,
Les mères sur l'enfant tombé ;
Lugubre, il fait Rachel de marbre,
Il fait de pierre Niobé.

Quand il part, l'idée est sa cible ;
Quand il se dresse, crins au vent,
L'ouverture de l'impossible
Luit sous ses deux pieds de devant.

Il défie Éclair à la course ;
Il a le Pinde, il aime Endor ;
Fauve, il pourrait relayer l'Ourse
Qui traîne le Chariot d'or.

Il plonge au noir zénith ; il joue
Avec tout ce qu'on peut oser ;
Le zodiaque, énorme roue,
A failli parfois l'écraser.

Dieu fit le gouffre à son usage.
Il lui faut les cieux non frayés,
L'essor fou, l'ombre, et le passage
Au-dessus des pics foudroyés.

Dans les vastes brumes funèbres
Il vole, il plane ; il a l'amour
De se ruer dans les ténèbres
Jusqu'à ce qu'il trouve le jour.

Sa prunelle sauvage et forte
Fixe sur l'homme, atome nu,
L'effrayant regard qu'on rapporte
De ces courses dans l'inconnu.

Il n'est docile, il n'est propice
Qu'à celui qui, la lyre en main,
Le pousse dans le précipice,
Au-delà de l'esprit humain.

Son écurie, où vit la fée,
Veut un divin palefrenier ;
Le premier s'appelait Orphée ;
Et le dernier, André Chénier.

Il domine notre âme entière ;
Ézéchiel sous le palmier
L'attend, et c'est dans sa litière
Que Job prend son tas de fumier.

Malheur à celui qu'il étonne
Ou qui veut jouer avec lui !
Il ressemble au couchant d'automne
Dans son inexorable ennui.

Plus d'un sur son dos se déforme ;
Il hait le joug et le collier ;
Sa fonction est d'être énorme
Sans s'occuper du cavalier.

Sans patience et sans clémence,
Il laisse, en son vol effréné,
Derrière sa ruade immense
Malebranche désarçonné.

Son flanc ruisselant d'étincelles
Porte le reste du lien
Qu'ont tâché de lui mettre aux ailes
Despréaux et Quintilien.

Pensif, j'entraînais **** des crimes,
Des dieux, des rois, de la douleur,
Ce sombre cheval des abîmes
Vers le pré de l'idylle en fleur.

Je le tirais vers la prairie
Où l'aube, qui vient s'y poser,
Fait naître l'églogue attendrie
Entre le rire et le baiser.

C'est là que croît, dans la ravine
Où fuit Plaute, où Racan se plaît,
L'épigramme, cette aubépine,
Et ce trèfle, le triolet.

C'est là que l'abbé Chaulieu prêche,
Et que verdit sous les buissons
Toute cette herbe tendre et fraîche
Où Segrais cueille ses chansons.

Le cheval luttait ; ses prunelles,
Comme le glaive et l'yatagan,
Brillaient ; il secouait ses ailes
Avec des souffles d'ouragan.

Il voulait retourner au gouffre ;
Il reculait, prodigieux,
Ayant dans ses naseaux le soufre
Et l'âme du monde en ses yeux.

Il hennissait vers l'invisible ;
Il appelait l'ombre au secours ;
À ses appels le ciel terrible
Remuait des tonnerres sourds.

Les bacchantes heurtaient leurs cistres,
Les sphinx ouvraient leurs yeux profonds ;
On voyait, à leurs doigts sinistres,
S'allonger l'ongle des griffons.

Les constellations en flamme
Frissonnaient à son cri vivant
Comme dans la main d'une femme
Une lampe se courbe au vent.

Chaque fois que son aile sombre
Battait le vaste azur terni,
Tous les groupes d'astres de l'ombre
S'effarouchaient dans l'infini.

Moi, sans quitter la plate-longe,
Sans le lâcher, je lui montrais
Le pré charmant, couleur de songe,
Où le vers rit sous l'antre frais.

Je lui montrais le champ, l'ombrage,
Les gazons par juin attiédis ;
Je lui montrais le pâturage
Que nous appelons paradis.

- Que fais-tu là ? me dit Virgile.
Et je répondis, tout couvert
De l'écume du monstre agile :
- Maître, je mets Pégase au vert.
Il en est encore une au monde,
Je la rencontre quelquefois,
Je dois vous dire qu'elle est blonde
Et qu'elle habite au fond des bois.

N'était que Vous, Vous êtes brune
Et que Vous habitez Paris,
Vous vous ressemblez... sous la lune,
Et quand le temps est un peu gris.

Or, dernièrement, sur ma route
J'ai vu ma fée aux yeux subtils :
« Que faites-vous ? - Je vous écoute.
- Et les amours, comment vont-ils ?

- Ah ! ne m'en parlez pas, Madame,
C'est toujours là que l'on a mal ;
Si ce n'est au corps... c'est à l'âme.
L'amour, au diable l'animal !

- Méchant ! voulez-vous bien vous taire,
Vous n'iriez pas en Paradis ;
Si son nom n'est pas un mystère,
Dites-le moi » - Je le lui dis.

- « Que fait-elle ? - Elle... attend sa fête.
- C'est dire qu'elle ne fait rien.
Comment est-elle ! - Elle est parfaite.
- Et vous l'aimez ? - Je le crois bien.

- Vous l'adorez ! - J'en perds la tête.
- Vous la suivriez n'importe où ;
Ah ! mon ami... quel grand poète
Vous faites... oui, vous êtes fou.

Mais si votre femme est sans tache,
Sans le moindre... petit défaut,
Inutile qu'on vous le cache,
Ce n'est pas celle qu'il vous faut.

Il faut partir... battre les routes,
Et vous verrez à l'horizon
Luire enfin la femme entre toutes
Que vous destine... la Raison.

Voulez-vous que je vous la peigne
Comme on se peint dans les miroirs ?
Ses cheveux mordus par le peigne
Ont des fils blancs dans leurs fils noirs ;

Elle n'a... qu'une faim de louve,
Et du cœur... si vous en avez ;
C'est une femme qui se trouve
Un peu comme vous vous trouvez.

Elle n'est ni laide ni bête,
Avec... comment dire... un travers...
Un petit coup... quoi ! sur la tête,
Et capable d'aimer les vers ;

Ni très mauvaise ni très bonne,
Tâchant de vivre... comme il sied,
Et... dans un coin de sa personne
Elle a... mettons... un cor au pied !

- Ah !... quelle horreur !... jamais, Madame !
- Je vous dis, clair comme le jour :
Ce qu'il faut avoir dans la femme
N'est pas la femme, c'est l'amour.

Pour avoir l'amour, imbécile !
On ne prend pas trente partis,
La chanson le dit, c'est facile :
Il faut des époux assortis.

L'amour n'est pas fils de Bohême ;
Il a parfaitement sa loi :
Si tu n'es digne que je t'aime
Je me fiche pas mal de toi.

Bonsoir ». Ainsi parla ma fée
Qui parle... presque avec ta voix ;
Puis je la vis, d'aube coiffée,
Reprendre le chemin des bois.

Son conseil est bon ; qu'il se perde,
Saint Antoine, on peut vous prier ;
Mais partir !... au ****... et puis, merde !
Je ne veux pas me marier.
C'est en deuil surtout que je l'aime ;
Le noir sied à son front poli,
Et par ce front le chagrin même
Est embelli.

Comme l'ombre le deuil m'attire,
Et c'est mon goût de préférer,
Pour amie, à qui sait sourire
Qui peut pleurer.

J'aime les lèvres en prière ;
J'aime à voir couler les trésors
D'une longue et tendre paupière
Fidèle aux morts,

Vierge, heureux qui sort de la vie
Embaumés de tes pleurs pieux ;
Mais plus heureux qui les essuie :
Il a tes yeux !
Sur fond sombre noyant un riche vestibule

Où le buste d'Horace et celui de Tibulle

Lointain et de profil rêvent en marbre blanc,

La main gauche au poignard et la main droite au flanc,

Tandis qu'un rire doux redresse la moustache,

Le duc César, en grand costume, se détache.

Les yeux noirs, les cheveux noirs et le velours noir

Vont contrastant, parmi l'or somptueux d'un soir,

Avec la pâleur mate et belle du visage

Vu de trois quarts et très ombré, suivant l'usage

Des Espagnols ainsi que des Vénitiens,

Dans les portraits de rois et de patriciens.

Le nez palpite, fin et droit. La bouche, rouge,

Est mince, et l'on dirait que la tenture bouge

Au souffle véhément qui doit s'en exhaler.

Et le regard errant avec laisser-aller,

Devant lui, comme il sied aux anciennes peintures,

Fourmille de pensers énormes d'aventures.

Et le front, large et pur, sillonné d'un grand pli,

Sans doute de projets formidables rempli,

Médite sous la toque où frissonne une plume

S'élançant hors d'un nœud de rubis qui s'allume.
Chose italienne où Shakspeare a passé
Mais que Ronsard fit superbement française,
Fine basilique au large diocèse,
Saint-Pierre-des-Vers, immense et condensé,

Elle, ta marraine, et Lui qui t'a pensé,
Dogme entier toujours debout sous l'exégèse
Même edmondschéresque ou francisquesarceyse,
Sonnet, force acquise et trésor amassé,

Ceux-là sont très bons et toujours vénérables,
Ayant procuré leur luxe aux misérables
Et l'or fou qui sied aux pauvres glorieux,

Aux poètes fiers comme les gueux d'Espagne,
Aux vierges qu'exalte un rhythme exact, aux yeux
Epris d'ordre, aux coeurs qu'un voeu chaste accompagne.
NGANGO HONORÉ Nov 2021
Dieu une profondeur, une pureté, un amour vrai, limpide
On peut s'épanouir pleinement avec lui
Se lâcher dans sa Présence
Se donner sans retenu.
Il est fidèle.
Il surveille nos arrières.
Il est digne de confiance.
Faisons-le pas de l'échéance.

Le doute est normal.
On vous parle des mérites de quelqu'un que vous ne connaissez pas.
Ça pourrait bien être des fables, je vous l'accorde.
La meilleure fiction jamais inventée, tellement proche de la réalité.
Et si c'était la réalité ?
Accordez-nous le bénéfice du doute à nous Chrétiens, à ceux qui vous parlent de leur amour pour Jésus.
Arrêté de râler et de vous trouver des raisons.
On mérite  son amour , tous autant que nous sommes , Sa rédemption nous sied peu importe ce qu'on a fait ou ce qu'on n'a pas fait .

Essayez, Acceptez de risquer ce qu'il y a à risquer. 
Lancez-vous sincèrement, même pour un jour dans la voie de Dieu. 
Emprunter avec nous le chemin resserré,  la porte étroite. Et si ça ne vaut pas la peine, Si Dieu ne vous soutient pas sur cette voie, si vous ne trouvez pas la paix qu'on essaie de vous décrire, reprenez votre train-là ou vous l'avez laissé et vous pourrez nous dire avec raison, qu'on vit un conte de fée. 
Si ce n'est pas votre cas , sachez que c'est a tort que vous râler et que vous vociférer quand on vous parle de ce JÉSUS .
🙏🏽🙏🏽🙏🏽
Non, tu n'auras pas mon bouquet
Traite-moi de capricieuse,
De volage, d'ambitieuse,
D'esprit léger, vain ou coquet ;
Non, tu n'auras pas mon bouquet.

Comme l'incarnat du plaisir,
On dit qu'il sied à ma figure :
Veux-tu de ma simple parure
Ôter ce qui peut l'embellir,
Comme l'incarnat du plaisir ?

Je veux le garder sur mon cœur ;
Il est aussi pur que mon âme ;
Un soupir, un souffle de flamme
En pourrait ternir la fraîcheur :
Je veux le garder sur mon cœur.

Non, non, point de bouquet pour toi :
L'éclat de la rose est trop tendre ;
Demain tu pourrais me le rendre ;
Demain... qu'en ferais-je ? dis-moi.
Non, non, point de bouquet pour toi.
Un jour entier peut-on bouder !
Cela passerait raillerie.
Si j'ai cherché la brouillerie,
C'était pour le plaisir de nous raccommoder.

Pour notre utilité commune,
Déride ce front soucieux :
L'air fou du plaisir te sied mieux
Que l'œil sournois de la rancune.

Mon désespoir te touchera,
Si mon repentir ne te touche.
Pour gronder ose ouvrir la bouche,
Un baiser te la fermera.

L'amour a voulu nous instruire ;
Mettons à profit la leçon :
Raccommodons-nous tout de bon
Après avoir boudé pour rire.

Écrit en 1787.
À Louis-Xavier de Ricard.


I


La Vie est triomphante et l'Idéal est mort,

Et voilà que, criant sa joie au vent qui passe,

Le cheval enivré du vainqueur broie et mord

Nos frères, qui du moins tombèrent avec grâce.


Et nous que la déroute a fait survivre, hélas !

Les pieds meurtris, les yeux troubles, la tête lourde,

Saignants, veules, fangeux, déshonorés et las,

Nous allons, étouffant mal une plainte sourde,


Nous allons, au hasard du soir et du chemin,

Comme les meurtriers et comme les infâmes,

Veufs, orphelins, sans toit, ni fils, ni lendemain,

Aux lueurs des forêts familières en flammes !


Ah ! puisque notre sort est bien complet, qu'enfin

L'espoir est aboli, la défaite certaine,

Et que l'effort le plus énorme serait vain,

Et puisque c'en est fait, même de notre haine,


Nous n'avons plus, à l'heure où tombera la nuit,

Abjurant tout risible espoir de funérailles,

Qu'à nous laisser mourir obscurément, sans bruit,

Comme il sied aux vaincus des suprêmes batailles.


II


Une faible lueur palpite à l'horizon

Et le vent glacial qui s'élève redresse

Le feuillage des bois et les fleurs du gazon ;

C'est l'aube ! tout renaît sous sa froide caresse.


De fauve l'Orient devient rose, et l'argent

Des astres va bleuir dans l'azur qui se dore ;

Le coq chante, veilleur exact et diligent ;

L'alouette a volé, stridente : c'est l'aurore !


Éclatant, le soleil surgit : c'est le matin !

Amis, c'est le matin splendide dont la joie

Heurte ainsi notre lourd sommeil, et le festin

Horrible des oiseaux et des bêtes de proie.


Ô prodige ! en nos coeurs le frisson radieux

Met à travers l'éclat subit de nos cuirasses,

Avec un violent désir de mourir mieux,

La colère et l'orgueil anciens des bonnes races.


Allons, debout ! allons, allons ! debout, debout !

Assez comme cela de hontes et de trêves !

Au combat, au combat ! car notre sang qui bout

A besoin de fumer sur la pointe des glaives !


III


Les vaincus se sont dit dans la nuit de leurs geôles :

Ils nous ont enchaînés, mais nous vivons encor.

Tandis que les carcans font ployer nos épaules,

Dans nos veines le sang circule, bon trésor.


Dans nos têtes nos yeux rapides avec ordre

Veillent, fins espions, et derrière nos fronts

Notre cervelle pense, et s'il faut tordre ou mordre,

Nos mâchoires seront dures et nos bras prompts.


Légers, ils n'ont pas vu d'abord la faute immense

Qu'ils faisaient, et ces fous qui s'en repentiront

Nous ont jeté le lâche affront de la clémence.

Bon ! la clémence nous vengera de l'affront.


Ils nous ont enchaînés ! mais les chaînes sont faites

Pour tomber sous la lime obscure et pour frapper

Les gardes qu'on désarme, et les vainqueurs en fêtes

Laissent aux évadés le temps de s'échapper.


Et de nouveau bataille ! Et victoire peut-être,

Mais bataille terrible et triomphe inclément,

Et comme cette fois le Droit sera le maître,

Cette fois-là sera la dernière, vraiment !


IV


Car les morts, en dépit des vieux rêves mystiques,

Sont bien morts, quand le fer a bien fait son devoir

Et les temps ne sont plus des fantômes épiques

Chevauchant des chevaux spectres sous le ciel noir.


La jument de Roland et Roland sont des mythes

Dont le sens nous échappe et réclame un effort

Qui perdrait notre temps, et si vous vous promîtes

D'être épargnés par nous vous vous trompâtes fort.


Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance

Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains.

La justice le veut d'abord, puis la vengeance,

Puis le besoin pressant d'opportuns lendemains.


Et la terre, depuis longtemps aride et maigre,

Pendant longtemps boira joyeuse votre sang

Dont la lourde vapeur savoureusement aigre

Montera vers la nue et rougira son flanc,


Et les chiens et les loups et les oiseaux de proie

Feront vos membres nets et fouilleront vos troncs,

Et nous rirons, sans rien qui trouble notre joie,

Car les morts sont bien morts et nous vous l'apprendrons.
Parmi l'obscur champ de bataille

Rôdant sans bruit sous le ciel noir

Les loups obliques font ripaille

Et c'est plaisir que de les voir,


Agiles, les yeux verts, aux pattes

Souples sur les cadavres mous,

- Gueules vastes et têtes plates -

Joyeux, hérisser leurs poils roux.


Un rauquement rien moins que tendre

Accompagne les dents mâchant

Et c'est plaisir que de l'entendre,

Cet hosannah vil et méchant.


- « Chair entaillée et sang qui coule

Les héros ont du bon vraiment.

La faim repue et la soif soûle

Leur doivent bien ce compliment.

« Mais aussi, soit dit sans reproche,

Combien de peines et de pas

Nous a coûtés leur seule approche,

On ne l'imaginerait pas.


« Dès que, sans pitié ni relâches,

Sonnèrent leurs pas fanfarons

Nos cœurs de fauves et de lâches,

À la fois gourmands et poltrons,


« Pressentant la guerre et la proie

Pour maintes nuits et pour maints jours

Battirent de crainte et de joie

À l'unisson de leurs tambours.


« Quand ils apparurent ensuite

Tout étincelants de métal,

Oh, quelle peur et quelle fuite

Vers la femelle, au bois natal !


« Ils allaient fiers, les jeunes hommes,

Calmes sous leur drapeau flottant,

Et plus forts que nous ne le sommes

Ils avaient l'air très doux pourtant.


« Le fer terrible de leurs glaives

Luisait moins encor que leurs yeux

Où la candeur d'augustes rêves

Éclatait en regards joyeux.


« Leurs cheveux que le vent fouette

Sous leurs casques battaient, pareils

Aux ailes de quelque mouette,

Pâles avec des tons vermeils.


« Ils chantaient des choses hautaines !

Ça parlait de libres combats,

D'amour, de brisements de chaînes

Et de mauvais dieux mis à bas. -


« Ils passèrent. Quand leur cohorte

Ne fut plus là-bas qu'un point bleu,

Nous nous arrangeâmes en sorte

De les suivre en nous risquant peu.


« Longtemps, longtemps rasant la terre,

Discrets, **** derrière eux, tandis

Qu'ils allaient au pas militaire,

Nous marchâmes par rangs de dix,


« Passant les fleuves à la nage

Quand ils avaient rompu les ponts

Quelques herbes pour tout carnage,

N'avançant que par faibles bonds,


« Perdant à tout moment haleine...

Enfin une nuit ces démons

Campèrent au fond d'une plaine

Entre des forêts et des monts.


« Là nous les guettâmes à l'aise,

Car ils dormaient pour la plupart.

Nos yeux pareils à de la braise

Brillaient autour de leur rempart,


« Et le bruit sec de nos dents blanches

Qu'attendaient des festins si beaux

Faisaient cliqueter dans les branches

Le bec avide des corbeaux.


« L'aurore éclate. Une fanfare

Épouvantable met sur pied

La troupe entière qui s'effare.

Chacun s'équipe comme il sied.


« Derrière les hautes futaies

Nous nous sommes dissimulés

Tandis que les prochaines haies

Cachent les corbeaux affolés.


« Le soleil qui monte commence

À brûler. La terre a frémi.

Soudain une clameur immense

A retenti. C'est l'ennemi !


« C'est lui, c'est lui ! Le sol résonne

Sous les pas durs des conquérants.

Les polémarques en personne

Vont et viennent le long des rangs.


« Et les lances et les épées

Parmi les plis des étendards

Flambent entre les échappées

De lumières et de brouillards.


« Sur ce, dans ses courroux épiques

La jeune bande s'avança,

Gaie et sereine sous les piques,

Et la bataille commença.


« Ah, ce fut une chaude affaire :

Cris confus, choc d'armes, le tout

Pendant une journée entière

Sous l'ardeur rouge d'un ciel d'août.


« Le soir. - Silence et calme. À peine

Un vague moribond tardif

Crachant sa douleur et sa haine

Dans un hoquet définitif ;


« À peine, au lointain gris, le triste

Appel d'un clairon égaré.

Le couchant d'or et d'améthyste

S'éteint et brunit par degré.


« La nuit tombe. Voici la lune !

Elle cache et montre à moitié

Sa face hypocrite comme une

Complice feignant la pitié.


« Nous autres qu'un tel souci laisse

Et laissera toujours très cois,

Nous n'avons pas cette faiblesse,

Car la faim nous chasse du bois,


« Et nous avons de quoi repaître

Cet impérial appétit,

Le champ de bataille sans maître

N'étant ni vide ni petit.


« Or, sans plus perdre en phrases vaines

Dont quelque sot serait jaloux

Cette heure de grasses aubaines,

Buvons et mangeons, nous, les Loups ! »
Guerrière, militaire et virile en tout point,

La sainte Chasteté que Dieu voit la première,

De toutes les vertus marchant dans sa lumière

Après la Charité distante presque point,


Va d'un pas assuré mieux qu'aucune amazone

A travers l'aventure et l'erreur du Devoir,

Ses yeux grands ouverts pleins du dessein de bien voir,

Son corps robuste et beau digne d'emplir un trône,


Son corps robuste et nu balancé noblement.

Entre une tête haute et des jambes sereines,

Du port majestueux qui sied aux seules reines,

Et sa candeur la vêt du plus beau vêtement.


Elle sait ce qu'il faut qu'elle sache des choses.

Entre autres que Jésus a fait l'homme de chair

Et mis dans notre sang un charme doux-amer

D'où doivent découler nos naissances moroses.


Et que l'amour charnel est bénit en des cas.

Elle préside alors et sourit à ces fêtes,

Dévêt la jeune épouse avec ses mains honnêtes

Et la mène à l'époux par des tours délicats.


Elle entre dans leur lit, lève le linge ultime,

Guide pour le baiser et l'acte et le repos

Leurs corps voluptueux aux fins de bons propos

Et désormais va vivre entre eux leur ange intime.


Puis au-dessus du couple ou plutôt à côté,

- Bien agir fait s'unir les vœux et les nivelle, -

Vers le Vierge et la Vierge isolés dans leur belle

Thébaïde à chacun la sainte Chasteté.


Sans quitter les Amants, par un charmant miracle,

Vole et vient rafraîchir l'Intacte et l'Impollu

De gais parfums de fleurs comme s'il avait plu

D'un bon orage sur l'un et sur l'autre habitacle,


Et vêt de chaleur douce au point et de jour clair

La cellule du Moine et celle de la Nonne,

Car s'il nous faut souffrir pour que Dieu nous pardonne.

Du moins Dieu veut punir, non torturer la chair.


Elle dit à ces chers enfants de l'Innocence :

Dormez, veillez, priez. Priez surtout, afin

Que vous n'ayez pas fait tous ces travaux en vain.

Humilité, douceur et céleste ignorance !


Enfin elle va chez la Veuve et chez le Veuf,

Chez le vieux Débauché, chez l'Amoureuse vieille,

Et leur tient des discours qui sont une merveille

Et leur refait, à force d'art, un corps tout neuf.


Et quand alors elle a fini son tour du monde,

Tour du monde ubiquiste, invisible et présent,

Elle court à son point de départ en faisant

Tel grand détour, espoir d'espérance profonde ;


Et ce point de départ est un lieu bien connu,

Eden même : là sous le chêne et vers la rose.

Puisqu'il paraît qu'il n'a pas faire autre chose,

Rit et gazouille un beau petit enfant tout nu.
Puisque ce monde existe, il sied qu'on le tolère.
Sachons considérer les êtres sans colère.
Cet homme est le bourgeois du siècle où nous vivons.
Autrefois il vendait des suifs et des savons,
Maintenant il est riche ; il a prés, bois, vignobles.
Il déteste le peuple, il n'aime pas les nobles ;
Étant fils d'un portier, il trouve en ce temps-ci
Inutile qu'on soit fils des Montmorency.
Il est sévère. Il est vertueux. Il est membre,
Ayant de bons tapis sous les pieds en décembre,
Du grand parti de l'ordre et des honnêtes gens.
Il hait les amoureux et les intelligents ;
Il fait un peu l'aumône, il fait un peu l'usure ;
Il dit du progrès saint, de la liberté pure,
Du droit des nations : je ne veux pas de ça !
Il a ce gros bon sens du cher Sancho Pança
Qui laisserait mourir à l'hôpital Cervantes ;
Il admire Boileau, caresse les servantes,
Et crie, après avoir chiffonné Jeanneton,
À l'immoralité du roman feuilleton.
À la messe où sans faute il va chaque dimanche,
Il porte sous son bras Jésus doré sur tranche,
La crèche, le calvaire et le Dies illa.
- Non qu'entre nous je croie à ces bêtises-là,
Nous dit-il. - S'il y va, cela tient à sa gloire,
C'est que le peuple vil croira, le voyant croire,
C'est qu'il faut abrutir ces gens, car ils ont faim,
C'est qu'un bon Dieu quelconque est nécessaire enfin.
Là-dessus, rangez-vous, le suisse frappe, il entre,
Il étale au banc d'œuvre un majestueux ventre,
Fier de sentir qu'il prend, dans sa dévotion,
Le peuple en laisse et Dieu sous sa protection.
Il sied de ressembler aux dieux. Ton Dieu, flamine,
Dévore ses enfants ; ton Dieu, mage, extermine ;
Augure, ton Dieu ment ; uléma, ton Dieu met
La terre sous le sabre impur de Mahomet ;
Ton Dieu, Rome, est l'agneau, mais il tette la louve ;
Ô noir dominicain qui rêves, ton Dieu trouve
Agréable l'odeur infâme des bûchers ;
D'affreux temples, ayant pour prêtres des bouchers,
Sont l'habitation de ton Dieu, corybante ;
Brahmine, ton Dieu sombre aime la nuit tombante ;
Rabbin, ton Dieu maudit la race de Japhet,
Et cloue au fond du ciel le soleil stupéfait ;
Sabaoth est cruel, Jupiter est immonde,
Et pas un Dieu ne sait comment est fait le monde ;
Les peuples ont le choix pour fléchir le genou
Entre le monstre Asgar et le monstre Vishnou ;
Ce Dieu brait, celui-là rugit, celui-ci beugle ;
C'est pourquoi l'idéal de l'homme est d'être aveugle,
Ténébreux, vil, féroce, ignorant, odieux,
Afin d'être aussi près que possible des dieux.

Le 4 août 1874.
Toutes les amours de la terre

Laissant au cœur du délétère

Et de l'affreusement amer,

Fraternelles et conjugales,

Paternelles et filiales,

Civiques et nationales.

Les charnelles, les idéales.

Toutes ont la guêpe et le ver.


La mort prend ton père et ta mère,

Ton frère trahira son frère,

Ta femme flaire un autre époux.

Ton enfant, on te l'aliène,

Ton peuple, il se pille ou s'enchaîne

Et l'étranger y pond sa haine.

Ta chair s'irrite et tourne obscène,

Ton âme flue en rêves fous.


Mais, dit Jésus, aime, n'importe !

Puis de toute illusion morte

Fais un cortège, forme un chœur,

Va devant, tel aux champs le pâtre,

Tel le coryphée au théâtre,

Tel le vrai prêtre ou l'idolâtre,

Tels les grands-parents près de l'âtre,

Oui, que devant aille ton cœur !


Et que toutes ces voix dolentes

S'élèvent rapides ou lentes,

Aigres ou douces, composant

À la gloire de Ma souffrance

Instrument de ta délivrance,

Condiment de ton espérance

Et mets de ta propre navrance.

L'hymne qui te sied à présent !
Le jour, d'un bonhomme sage
J'ai l'auguste escarpement ;
Je me conforme à l'usage
D'être abruti doctement,

Je me scrute et me dissèque,
Je me compare au poncif
De l'homme que fit Sénèque
Sur sa table d'or massif.

Je chasse la joie agile.
Je profite du matin
Pour regarder dans Virgile
Un paysage en latin.

Je lis Lactance, Ildefonse,
Saint Ambroise, comme il sied
Et Juste Lipse, où j'enfonce
Souvent, jusqu'à perdre pied.

Je me dis : Vis dans les sages.
Toujours l'honnête homme ouvrit
La fenêtre des vieux âges
Pour aérer son esprit.

Et je m'en vais sur la cime
Dont Platon sait le chemin.
Je me dis : Soyons sublime !
Mais je redeviens humain.

Et mon âme est confondue,
Et mon orgueil est dissous,
Par une alcôve tendue
D'un papier de quatre sous,

Et l'amour, ce doux maroufle,
Est le maître en ma maison,
Tous les soirs, quand Lisbeth souffle
Sa chandelle et ma raison.
Le tréteau qu'un orchestre emphatique secoue

Grince sous les grands pieds du maigre baladin

Qui harangue non sans finesse et sans dédain

Les badauds piétinant devant lui dans la boue.


Le plâtre de son front et le fard de sa joue

Font merveille. Il pérore et se tait tout soudain,

Reçoit des coups de pieds au derrière, badin,

Baise au cou sa commère énorme, et fait la roue.


Ses boniments, de coeur et d'âme approuvons-les.

Son court pourpoint de toile à fleurs et ses mollets

Tournants jusqu'à l'abus valent que l'on s'arrête.


Mais ce qu'il sied à tous d'admirer, c'est surtout

Cette perruque d'où se dresse sur la tête,

Preste, une queue avec un papillon au bout.
A Charles Vesseron


Une chanson folle et légère

Comme le drapeau tricolore

Court furieusement dans l'air,

Fifrant une France âpre encor.


Sa gaîté qui rit d'elle-même

Et du reste en passant se moque

Pourtant veut bien dire : Tandem !

Et vaticine le grand choc.


Écoutez ! le flonflon se pare

Des purs accents de la Patrie,

Espèce de chant du départ

Du gosse effrayant de Paris.


Il est le rythme, il est la joie,

Il est la Revanche essayée,

Il est l'entrain, il est tout, quoi !

Jusqu'au juron luron qui sied,


Jusqu'au cri de reconnaissance

Qu'on pousse quand il faut qu'on meure

De sang-froid, dans tout son bon sens,

Avec de l'honneur plein son cœur !
Mais après les merveilles

Qui n'ont pas de pareilles

De l'épaule et du sein,

Faut sur un autre mode

Dresser une belle ode

Au glorieux bassin.


Faut célébrer la blanche

Souplesse de la hanche

Et sa mate largeur,

Dire le ventre opime

Et sa courbe sublime

Vers le sexe mangeur


Que chastement, encore

Que joliment, décore

Et défend juste assez

L'ombre qui sied aux choses

Divines, peu moroses

Rideaux drûment tressés.


Teutatès adorable,

Saturne plus aimable,

Anthropophage cher

Qui veut aux sacrifices

Non le sang des génisses

Mais le lait de ma chair.


Nous chanterons ensuite

L'aine blonde et sa fuite

Ambrée au sein du Saint...

Mais déposons la lyre.

Livrons-nous au délire

Raisonnable et succinct ?


Non ! fou, braque, orgiaque.

En apache, en canaque

Ivre de tafia :

Nous ne sommes pas l'homme

Pour la docte Sodome

Quand la Femme il y a.
NGANGO HONORÉ Apr 2020
Un mot qui nous fait sourire, nous fait aussi rire et en même temps nous fait  pleurer.
Ce mot à un effet  perplexe et Mystérieux et ne révèle jamais ses fonds.
Une complexité qui sied à l'incompréhension . Qui pourtant ne nous épargne pas .
Une inspiration folle, une déclaration faite pour être vraie et une suite incertaine .

Un mot contextuelle, l'un des qu'elle m'incite à écrire,
Tout ses contexte débouche sur des profondeurs qui nous sont parfois inconnu,et  parfois même  effrayant.  

Sa source la plus pure et la plus immense, découle de son Créateur.
.

Quand il vient à nous :
Gardons nos pieds sur terre
Acceptons le de préférence en Journée

Ce n'est que des mesures pour notre Propre Bien
Parce qu'il est réputé
pour :
donner des ailes
Pour :
aveuglé

05 /20 /19
De quoi s'agit tilleul alors.
Vos reponses en commentaires svp .
Signé : N N H

— The End —