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180 · Nov 2019
Post scriptum
Ce n'est pas parce que mes mots
Tournent en rond dans ta bouche d'eaux
Et se déhanchent en te poudrant de cendre
Que ce sont de doux cadavres
À moins que par cadavres
Tu entendes chair exquise donnée aux vers
Corps parfumé embaumé et veillé.
Cette cendre est vestige de combustion
De petite mort partagée
Ci-*** certes un arrière-goût rétroflexe
Qui se précipite dans ton arrière-bouche perplexe
Mais ce n'est pas celui des oraisons funèbres
Ni celui de l'amer adieu
C'est le goût du volcan repu qui s'apaise
Le goût de la lave qui reprend son etiage
Le goût des abysses qui ont vu le ciel
Le goût de la sauce grand veneur
Que j'ai lentement sécrétée en moi
Pour que tu la lapes
Dans la distance et l'allégresse
Sans honte sans tabou sans regrets
Jusqu'à ce que faim s'en suive
Encalminée en plein *** au noir.
Alors là, Baby Doll !

Tu as commis l'irréparable

Dans la surface de réparation.

Tu as dit textuellement, ma poupée :

"Ce sein c'est Le Saint c'est Mon sein Mien à Moi "

A moins que ce ne soit :

"Ce Saint c'est l'essaim c 'est Mon sang Mien à moi "

Ou bien encore

"Ce Sang c'est Le Sein c 'est Mon seing Mien à moi. "

Alors moi je crie haut et fort : SACRILEGE

Peu importe tes réclamations phonétiques et phonémiques

La faute est flagrante. Pas besoin de ralenti ni d'arrêt sur image :

Tu as fait sein majuscule dans la surface de réparation.

Tu as enfreint les règles de notre jeu

Alors l'arbitre a sorti le carton rouge

Eh oui l'arbitre logiquement a sifflé pénalty.

Souviens-t'en une bonne fois pour toutes :

Ton Ombre est l'Ombre est Notre Ombre Notre à Nous

Notre : déterminant possessif

Première personne du pluriel

Qui veut aussi bien dire Ton nombre que Mon Ombre

Alors oublie, je t'en prie, la propriété privée

Apprends à partager

Oublie les "no trespassing on the premises "

Les "ne pas entrer", les "private property"

Ce sein, c'est le sein, c'est ton sein, je te l'accorde, mais c'est aussi le mien

Donc par conséquence et par extension le nôtre

Mathématique et grammatical , ma chère !

Alors comme punition tu me traduiras en 88 langues

Pour que ça te rentre bien dans la tête

Cet aphorisme :

"Rouge sur rouge, rien ne bouge

Vert sur vert , tout est clair "

Et je te le dis et le redis encore à toute vitesse et au ralenti

en anglais : this breast is the breast is your breast is our breast

en portugais : esse peito é o peito é seu peito é nosso peito

en hindi :
yah stan hai stan aapake stan hamaare lie hamaare stan hai

en roumain : acest sân este pieptul este pieptul nostru este pieptul nostru la noi

en chinois traditionnel :
Zhè rǔfáng shì rǔfáng shì nǐ de rǔfáng shì wǒmen de rǔfáng

Et en zoulou : lesi sifuba isifuba isifuba sakho sisifuba sethu kithi

Souviens-t'en, Baby Doll !

Nous sommes une équipe

Un duo et non un duel

Et pour te le prouver encore une fois

Je me mets dans les buts

Pour éviter la sanction suprême

Aux deux pianistes-duettistes que nous sommes.
Maître de boucan
Je construis mon ajoupa à flanc de montagne.
Il n 'y a cette nuit ni vent ni pluie
Dans ce pays en suspension
Entre bois, montagnes et précipices.

J'ai franchi avec toi sept rivières à gué
Escaladé les parois abruptes
Tandis que les diables faisaient grand bruit
Sortaient en miaulant et piaillant de leurs repaires
Pour aller voleter au-dessus de la mer.

Malgré leur chant d'effroi je ne désarmais pas, au contraire
C'était pour leur chair noire, douce et exquise
Que j'étais là en plein Carème
Dans cette montagne aux Diables.
Ni grives ni perroquets ni perdriques ni perdrix
Ne m'auraient fait dévier de ma chasse
Sans chiens et sans bâtons
A ce mets délicieux que sont les diablotins.

Je me voyais déjà les déloger de leurs terriers dans les falaises
Et les manger de broche en bouche
Selon les règles boucanières d'antan
Ou dans une feuille de cachibou ou de balisier
Quand tu m'as soufflé en me mordillant l'oreille
Ton envie urgente de pastrama fumé aux sarments de vigne.
Tes désirs sont des ordres
Mais comment trouver en pleine montagne aux Diables
A trois heures et quelques du matin un mouton sauvage,
Un agneau de pré-salé,
Un bélier broutant dans les vignes
Qui accepte de gaîté de coeur d'être sacrifié en holocauste
En pleine période de jeûne ?

Je me mis à prier le Révérend Père et la Vieille Dame
A qui je promis l'abstinence perpétuelle
De ces diablotins et autres cottous
Au goût de poisson
Pourvu qu'ils me fassent tomber du ciel
La divine pitance de tes ovins délicieux .

J'ai commencé à ramasser les herbes et les brindilles
Les branches de cannes sèches et les écorces de coco,
Les branches sèches de manguiers et de citronniers
Le chiendent, le *****-contra pour parfumer.
Et le silex et l'amadou pour mettre le feu.
Un peu d'alizé pour la fumée.
Et de la patience pour que le feu prenne.

Mais en lieu et place des moutons
Il se mit à pleuvoir sur notre bivouac
Une volée de cent un de ces volatiles blancs et noirs
Daciens comme Dalmatiens
Frais, séchés puis marinés aux rayons de lune
Tous volontaires et consentant à la dégustation magique
Du pastrama fumé de diablotins

Goûte-moi donc à ce vin de madère
De derrière les ******
Sans lequel je ne pars jamais en excursion
Et pardonne-moi pour le mouton
Si tu veux demain je te ferai un pastrama d'oies traditionnel
Voire un pastrama de voyelles
Marinées dans le miel, le thym, le sel
Le romarin, le laurier, le poivre et le piment
Le sel, l'ail et l'huile d'olive
La menthe, l 'oignon et le vin rouge à volonté
Ce que tu voudras, tant que tu voudras...

Mais goûte-moi ce matin avant que le jour ne se lève
Ce pastrama de diablotin fumé
Essaie et dis-moi !

Tout est affaire de goût et d'accoutumance !

Savourons ensemble le panorama et le pastrama
Savourons l'altitude de ces diablotins rôtis à la broche
Et fumés aux sarments de chiendent et *****-contra
Savourons la manne et l 'abstinence
De cette nuit étale de printemps-hiver
Au sommet de la Souphrière
Avant que conformément à ma parole
Je n'entre dans les Ordres.
Caféière rime avec cimetière

Comme doublons rime avec bourdons.

Quel rapport me direz-vous ?

Synonymie. Homonymie. Toponymie. Antonymie. Taphonomie

Je vous en fais la démonstration ?

Revenons des lustres ou des siècles en arrière

Au temps des bois-debout

Quand il n'y avait ni gaulettes ni squelettes

Ni café rat, ni robusta,

Ni machette, ni croix

Mais seulement des trous de crabe,

Des conques et des mordants épars

Jonchés au gré du hasard des vagues et des cyclones.

Revenons aux origines où bonifieur n'était même pas un mot

Way before Gabriel was a thought

Même pas une pensée en parche

Et qu'ainsi caféière n'étant rien

Elle pouvait aussi bien être synonyme, antonyme

Toponyme et antonyme de cimetière

qui lui aussi n'évoquait

ni café ni mandibule,

ni cerise ni tibia,

ni humérus ni libéria,

ni robusta ni radius

ni torréfaction ni putréfaction

ni arabica ni mort...

Dans les pépinières carrées de la mort

Caféière et cimetière se donnaient la main

On murmure même qu'ils étaient amants !

L'un bonifiait l'autre

Pour le meilleur et pour le pire

Tandis que la houe du soleil ne torréfiait pas encore

Dans un cycle immuable leurs terres consacrées,

Sarclées par le temps,

Binées par le vent,

Creusées par les laves,

Repiquées par les cendres,

Paillées par les eaux,

Egourmandées par les croix,

Cueillies par les armes

Trempées par les bénitiers,

Frottées ,

Lavées,

Essorées,

Séchées,

Bonifiées,

Taillées,

Traitées
­
Etait aussi invisible que la galerie creusée dans les ravines

en ce temps-là l'idée même d'une caféière désaffectée semblait incongrue.
Si seulement une nuit, mon ombre
Vient respirer au creux de ta nuque, ma muse,
Le chemin que je forgerai sera parfumé
De mangue mûre et de coco à l'eau.

Je laisserai les nuages moutonneux,
Si tu le souhaites, aux portes de fer
Et je t'épicerai de l'ail et du miel de mon haleine.
Et quand tu auras bien mariné je creuserai encore
Si tu m'y autorises
Je mordillerai l'omoplate pour qu'elle frissonne elle aussi.
.

Nulle parcelle de ton corps ne sera épargnée.
Je me ferai multiple de dix !
Je te baignerai des pieds à la tête
De cette sève de feu,
De cette saumure pimentée.
Je veux seulement que tu me guides
A ton rythme insatiable
Comme si j'étais Décébale aveugle et sourd
Dans les moindres recoins de tes gorges.

Sans un mot !
Rien que par des bruissements subtils
De ton sang et de ton corps fluide
Dans ma bouche et sous mes doigts
Jusqu'à ce que nos a-causalités se rencontrent
Et fassent miel de leurs abysses épanouies !

Sans un cri !
Mais avec un sourire haut perché
Palpitant au plus haut des pitons
Au plus profond de nos entrailles !
Si seulement une nuit, mon ombre...
164 · Aug 2019
Criminel !
Criminel ! Tu m'as appelé criminel.

Tout cela parce que, malgré tout ce que j'avais prétendu être, j'ai fini par tuer.

J'avais pourtant résisté à la tentation. J'avais usé tant de stratagèmes et même prétendu que pour rien au monde, moi, sain de corps et d'esprit, moi, animal parmi les animaux, je ne mettrais fin à l'existence de l'un de mes congénères.

J'avais juré sur tout ce que j'avais de plus cher au monde que jamais je n'arriverais à cette extrémité finale. Jamais je ne tuerais un de mes semblables.

Pire ! Je riais de toi, la meurtrière. Je te faisais la morale. Au diable les allergies que tu me soumettais comme excuses pour pouvoir commettre tes meurtres en série. Je te disais même en bon prêcheur que nous étions tous des créatures de Dieu alors que je ne crois même pas en Dieu.

Je disais que tuer une fois c'était comme tuer mille fois, qu'il n'y avait pas de petite mort et patati et patata et qu'une fois qu'on avait mis le doigt dans l'engrenage on n'avait plus aucun pouvoir sur la gâchette.

Mais voilà tout ça c'est désormais le passé. Oui voilà c'est désormais chose faite. Je te rejoins sur le banc des accusés. Meurtrier ! Meurtrier ! Meurtrier !

J'ai tué. Je suis un criminel.

Ne me condamnez pas à la chaise électrique. J'ai des circonstances atténuantes, Madame le Juge d'Assise, ayez pitié du primo récidiviste. Une erreur de vieillesse mérite le sursis.

J'avais pourtant essayé le vinaigre, je vous le jure, pour me débarrasser de ces vandales. L'essence de citronnelle. J'avais mis le ventilo et la clim. Rien n'y faisait. C'est alors que m'est venue une nuit vers deux heures du matin la lumière. C'est ainsi que j'exécutai sans états d'âme 12 moustiques des plus virulents à la raquette électrique. Il n'y a pas de petit crime, de crime véniel et de crime mortel, votre honneur ! J'ai tué, j'ai tué de sang froid et les veufs et veuves et les orphelins de mes victimes me hantent et me hanteront de génération en génération...

Criminel ! Criminel ! Criminel !
162 · Aug 2019
Un air sur l'oreiller
Muse, Fée Ensorceleuse,
Lucinda Darling !
Ce matin je me suis réveillé
Castrat
Enlacéré
Strephon et Philander
Avec un air sur l'oreiller
Ton parfum libertin qui dansait baroque
Au milieu d'une jungle d'alto, violoncelles,
Violons et contrebasse.
Entre couplets et refrain
Cet air pour soprano
Cette douce suite incidentale
M'a envahi dès la première mesure de l'été
Tu étais Aphra. J'étais Jemmy
Et en même temps Maure,
Abdelazer défiguré
Et toi Lucinda, transfigurée par Purcell,
Tu fredonnais en anglais
"Lucinda is bewitching fair
All o'er engaging is her Air
In ev'ry song Lucinda's fam'd
She is the Queen of Love proclaim'd "
159 · Aug 2019
Cambrures et haiku
J'épie de ma longue-vue

La cendrée des mille et une traces de l'Etoile du Berger.

****** que je suis je filme ses cambrures
Onze minutes et cinquante trois secondes
Soit onze fois soixante plus cinquante trois
qui font sept cent treize secondes
C'est le temps de latence que je te demande,
Alma, très lentement, en fa majeur
Entre une petite mort et une nouvelle
Le temps de prendre conscience
Sur rythme de 4/4
De la Beauté de la Renaissance
Sur un fond de Mahler
S'il suffit d'une seconde pour que naisse une étincelle
Et d'une autre seconde pour que le feu meure
Sept cent treize secondes
Quatre mots pour 3 chiffres
Le temps d'un Adagietto
Est suffisant et nécessaire
Pour nous recueillir
Et repartir de plus belle
En route pour de nouveaux ébats...
158 · Aug 2019
Autoportrait de ma Muse
Ce n'est pas un portrait très orthodoxe
C 'est un autoportrait nu et sincère
Dans le miroir
Flou car la nudité l'exige
Mais néanmoins expressif
Voilà comment se présente ma Muse

Il est minuit
Ma Muse fait mumuse
Et médite sur la valeur lexicale du mot bandante
Que vient de lui chuchoter à l'oreille le prince
Et se proclame séance tenante
Bandante adjective et qualificative
Libertine dans une insouciance avide
Ses cuisses érotiques et bavardes
Solides quoique un peu fainéantes
S'offrent généreuses au miroir sans tain
De sa chambre
Le carrosse peut se transformer en citrouille
Elle n'en a que cure. elle est poissons
Et attend avec plaisir et impatience
Que Venus en feu, régie par Mars gradivus
Entre en bélier
Et lui envoie son ravisseur
Sous la forme d'un prince ******
Surgi du diable vauvert
Derrière le miroir sans tain
153 · Oct 2019
J'ai Goûté Ta Myrtille
J'ai Goûté Ta Myrtille,
Ta juteuse brindille
Bleue violacée et sauvage.
J'ai Goûté ta baie obscure
À la peau entre cire et argile.
Je l'ai longuement goûtée.
Elle me toisait, effrontée
Et je me suis imprégnée
Malgré moi dans la lecture avide
De son poivre et de sa solitude.
C'était comme un sirop d'ermite
Qui egrenait en moi
Ses grains de chapelet
Et j'explorais tes saveurs
Et je te dégustais en confiture
Car tu es digestive
En tisane
Car tu es antihémorragique
En eau de vie
Car tu es astringente
En vin
Car tu es antiseptique
En liqueur
Car tu es antiputride
En beignets, en clafoutis, en muffin
Car tu es diurétique
Je me faufilais entre ton sacré et ton profane
Tandis que tu t'insinuais dans ma chair
Et que ta sauce philosophale Parfumait délicatement le gibier poétique
Qui te poursuivait
Dans l'arrière-train
Qui te menait vers notre nuit bengali.
152 · Aug 2019
J'aime tant ta fruité
Muse, j'aime tant ta fruité
Que je la distille à l'alambic en cuivre
Au feu de bois
En eaux-de-vie de mirabelle.
J'en garde précieusement
Une kyrielle de dames-jeannes en réserve
Et quelques bonnes bouteilles millésimées
Dans la cave et au grenier.
Ces cuvées prestigieuses
Je m'abreuve de leur moelleux,
Acidité et pointe d'amertume
Et je m'étanche de la fine longueur de bouche
De leur neige immortelle sur mes papilles
Frappées à la température de ton corps
Une cuillerée le matin
Et deux cuillerées le soir

J 'aime le nez envoûtant de ces esprits de vin
Au sortir de l'alambic
Et leurs arômes généreux de miel et de vanille
Mourir de soif je ne pourrai
Et de soirs et matins sans une seule goutte
De cet élixir de pruine instillée en moi
Souffrir je ne saurai

Alors chante avec moi à l 'unisson :

"Quand je bois du vin clairet
Ami tout tourne, tourne, tourne, tourne
Aussi désormais je bois Anjou ou Arbois"
150 · Aug 2019
Délires d'orphie
Tu dis que mes délires
D'orphie volante
Pour attendrir ta chair de conque
Sont nuls et non avenus.
Et que le chemin qui mène
A la crête du mont de Vénus
Est ardu et pentu et glissant
Surtout pour celui qui grimpe à bicyclette.

Je serais vantard
Je ne serais que vent fripon et couillonnade
Et tu n'as nul besoin de la marchandise
Que je te présente fraîche et dispose sur l'étal
Avec ce bec aux dents soi-disant acérées.

Je te promets pourtant de t'attendrir
J'ai la recette : elle est rare et je te l'offre
C'est une recette simple et infaillible
Comme gage de notre désir de nous fondre dans nos ombres

Je te chante en latin lubricus
Première classe des adjectifs masculins,
Nominatif singulier
Comme l'ont chanté avant moi Tacite, Horace, Virgile, Pline
Ovide et autres
Qui est la racine de lubrique
Et qui veut dire glissant

C'est-à-dire lisse, poli, gluant, dangereux, périlleux, coulant,
Insaisissable, fuyant, inconstant, incertain, décevant, trompeur, séduisant,

Chancelant, disposé, prêt à, hasardeux, délicat et mobile
Si l'on en croit le Gaffiot de 1934
Et je m'enroule en Aspidelaps lubricus
Serpent corail venimeux autour de ton ombre

Souffre donc que je te lustre de l'antidote
De mon ombre glissante
Et c'est dans l'ombre de nos ombres
Que nous sommes lubriques
Que nous sommes lumière
Haletant, bavant, buvant goutte à goutte
Nos cantiques les plus luxurieux.

Ce sont comme des envies de femme enceinte
Irrépressibles
Inexplicables
Incompréhensibles
Et pourtant sourdes et réelles
Incontournables
Je veux que ces envies jaillissent
De nos inconsciences charnelles
Et prolifèrent, nous mordent
Nous griffent, nous lacèrent
Nous démantibulent.

Nos pondaisons ne sont jamais stériles.
Nos jaunes pochés éclatent
Dans l'eau bouillante de nos verbes
De toutes les couleurs de l'arc en ciel
Et nos coquilles ont toutes les formes géométriques
Et s'imbriquent
Comme par miracle
Comme des poupées-gigognes.
150 · Nov 2019
En guise de the end
Le maître du suspense disait :
"Film your murders like love scenes
And film your love scenes like murders"

En matière de meurtre
Comme en matière d'amour
Il faut se rendre aux évidences.
Assouvir les fantasmes d'une hydre muse
C'est assouvir en même temps neuf petites morts
De concert en une seule et unique nuée ardente d'aludes
Au-dessus d'une forêt de brume.
Pour que la petite mort soit presque parfaite
Il ne suffit pas de composer M pour MUSE
Et il en faut plus qu'une tige
Aussi frénétique soit-elle
Pour mordre les fesses offertes
Et laisser son empreinte immortelle
Dans les fantasmes des muses.
Ce n'est une question ni de calibre
Ni d'âge ni d'atomes crochus.
C'est une question purement biologique
Les coqs n'ont pas de dents
Qu'ils soient coqs de bruyère
Ou coqs-games ou coq des prés
Les coqs n'ont pas de dents
Mais des crêtes.
Et même s'ils peuvent picorer
Le grain d'or des muses
Et lui faire rendre leur café volcanique
Ce n'est pas par leurs crêtes rouge sang qu'ils les séduisent
Ni par leur bec ni par leur queue
Ni par leur bréchet ni par leurs cuisses
Ni par leurs suprêmes
Ce n'est pas par leurs crêtes piquées à cent degrés au four de la distance.
C'est le sang du coq et non son chant qui fait sa garniture aromatique
La sangre del gallo
The rooster's blood
A sangue do galo
San a kokla
C'est le sang du coq, le chant nu, L'ethos sans poil ni plume,
La cendre braconnière qui fertilise
De sa lave visqueuse
La forêt luxuriante des hydres-muses,
Le pays où fleurissent les sources du poème.
144 · Aug 2019
Quadrille posthume
Préparez-moi, chers, mon costume de commandeur
Les deux pianos, la flûte, l'harmonica de verre
Je vous demande : est-ce que vous êtes à ma parole ?
L'accordéon et mes souliers vernis
Le xylophone et les deux violons,
Je vous demande : est-ce que vous êtes à ma parole !
La viole, le violoncelle et la contrebasse
Cognez ti-bois, raclez ciac, cognez tambours de basse
Cloches et triangles, remettez la dame
Je vous demande : est-ce que vous êtes à ma parole ?
Cavaliers aux Dames
Première figure : pantalon
Jouez-moi encore cette mesure
En 6/4 et en sol majeur
Ouvrez la barrière de la clé d'ut
Que j 'entame mon dernier quadrille
In mémoriam de Camille et Anna.
Cavaliers aux Dames
Croisez les huit, messieurs et dames
Accompagnez la reine pour sa dernière promenade
Demi-rond, balancez les dames
Remettez les dames, soulagez les mains des dames
Oublions l 'été, la poule et la pastourelle
Et envoyez pour la promenade
A la reprise
Je vous demande : est-ce que vous êtes à ma parole ?
Le cygne mourant avec son costume de madras
Son tutu blanc, ses demi-pointes de satin
Le carnaval des animaux est en deuil
C'est le quadrille posthume de Camille et Anna.
138 · Aug 2019
Pondaison
Je suis enceinte de toi
Je suis le coq pondeur
Mes oeufs sont bleus outre-mer
Et ma gemme est couleur bordeaux.

Tu veux que je te ponde
Que je pullule en toi
A tire larigot
Jusqu'à ce que j'accouche des jumeaux
Ulysse et Olguta,
Bambins dodus aux fesses potelées,
Qui nous ressemblent comme deux coquilles
Et qui concrétisent notre attirance cosmique.

Chaque poème que je ponds est un voyage en germe vers La Médéléni
L'île, l'atoll fétiche en mer d'Aménorrhée
Où flotte le sentiment complice d'être amants depuis toujours.

Chaque Ulysse que je ponds
Chaque Olguta
Naît dans ce va-et-viens de retrouvailles
Physiques et charnelles
Nu et complètement dessiné dans le miroir.

Je suis enceinte de toi
Et je reconnais tiens et miens
Et je légitime devant témoins,
Attendu qu'ils ne sont ni incestueux ni adultérins,
Olguta comme Ulysse
Enfants naturels
Dans ton livre fétiche
Rempli d'aphorismes.
137 · Aug 2019
Cuisine karmique
Ma lune est en Poissons
Mon soleil en Balance
Je suis Scorpion et Pluton
Me gouverne en silence
De l 'axe de mes noeuds lunaires.

Ma lune nage en Poissons
Mon soleil brille en Balance
et mon ascendant en Verseau.
Scorpion, oui, votre Excellence
au pays de Vénus et Mercure.
Scorpion par l 'amour
Scorpion par l 'écriture.

Ma mère est intuitive.
et mon père cyclonique
A quelle sauce les mettre
Dans ce thème astral
Alors que la précession des équinoxes
Nous déplace sur la roue du zodiaque
D'un degré tous les soixante-douze ans.

La cuisine Karmique des Astres et des Auras
Plutôt que celle des Mousquetaires ?
Chiche !
134 · Aug 2019
Myosotis Elphea
MON ELFE DES MYOSOTIS,
MA CREATURE, MA COOLIE, MA FLEUR
On t'a baptisée Nyssia alors que tu étais Aura
Fée exhibée aux quatre vents
Tu aurais pu naître verte plutôt que note bleue.
Je ne suis ni Candaule ni Gygès et tu n 'es pas Nyssia...

MON ELFE DES MYOSOTIS,
MA CREATURE, MA COOLIE, MA FLEUR
Je suis vert de honte,
Moi, le ****** dépravé,
Gravissant à genoux les marches de corail
Qui plongent vers tes abysses.
Je viens ici, non pour payer une quelconque promesse,
Mais pour confesser mon péché capital.

Ton parfum volcanique et charnel infuse en mes flancs
Des laves lubriques :
Sept fois je suis tombé dans les ornières
Mais je me suis redressé Juste,
Revêtu de la ceinture de vérité
Par toi ma DIABLESSE
Vénielle et mortelle.

C'est ainsi que je m'éveille, fier oiseau d'onyx,
Baignant mon bec de rubis, saphir et émeraude
Dans le sans-fin obscur de tes eaux
Salubres d'arrogance, avarice,
Envie, colère, luxure, gourmandise et paresse
Où je me délecte de ces ardences cachées
Muettes derrière la barrière de plastique.

Ma petite FLEUR, MA COOLIE
Enchanté !
Me suis-je seulement présenté ?
Sais-tu même qui je suis ?
Sais-tu que même moi je l'ignore ?
On m'a baptisé ZEPHYR
Bien avant que je ne sois pensée
Destiné à satisfaire ton esprit
Baise-fleurs, abeille de myosotis orchidée.

Je poursuis, ma CREATURE,
De cette langue élancée
Cette rivière d'OR
Qui dévale impétueux de la haute montagne
Et qui charrie scandaleusement
Ton nectar de Styx interdit.
Même si je sais que je n'ai pas,
Et que je n'aurai jamais,
Accès mort ou vif à ces délices,
Je cours après le sillage
De ce joyau limpide
Dans une collecte solitaire
Sans peur d'être réduit à néant

Je vais, je vais, je viens
Tel un colibri qui volète entre sépales et pétales
Au-dessus de ton labelle
De chair pourpre qui se dresse et exige
Que je te butine
De cette faim désespérée de la Grâce
Tandis que je bataille pour que le fer de ma hache
Surnage comme une voile dans le vent de tes eaux.

Je suis ZEPHYR qui guide les abeilles natives sans dard
Qui affleurent
Vers le filon de ta mine
Afin qu'il ne s'épuise ni s'assèche
A défaut d'être exploré et joui
Sans cesse.
A minha Iansã não veste vermelho.

Nem uma gota de vermelho.

Nada.

Calcinha, sutiã, nada de vermelho.

É a senhora das Iansãs ,

Oyá Balé !

Ela destruiu uma cidade na África.

Ela é o vento.

Ela mora no cemitério.

É a Santa Bárbara dos cemitérios.

Ela entra muda e sai calada.

Essa menina é impacto de beleza, o ápice do exagero.

Quando ando zanzando pelos becos e as vielas

Sua voz se faz ouvir no sereno

Cantando Caetano pela voz de Betânia

E faz assépsia total da minha cabeça.

"Abelha rainha
Faz de mim o instrumento do seu prazer."
129 · Aug 2019
A notre premier rendez-vous
A notre premier rendez-vous , dis !
T'oublieras pas d'amener tes poupées
et ta corde à sauter et Robinson Crusoë
et moi c'est promis je ramènerai mes billes, mes osselets
et Vendredi.
On jouera au cerf-volant aussi c'est promis.
S'il y a du vent
Et s'il fait beau et qu'on en a envie
On fera du toboggan et on jouera à chat perché.
S 'il pleut on se mettra sous un porche et on jouera aux cartes.
tu sais jouer aux jeu des sept familles ?
sinon on pourra toujours essayer
les petits chevaux ou le jeu de l'oie.
Je te laisserai jouer avec mes soldats de plomb
et j'espère que tu me prêteras pour la journée
Ta dînette pour que je te prépare
Une menthe à l'eau ou un diabolo fraise.
S'il fait trop soleil
On se mettra à l'ombre
Et je te lirai les lignes de la main
et je te montrerai ma collection de timbres roumains.
Et s'il fait nuit et qu'on voit des fantômes
On se cachera sous les couvertures
Je t'apprendrai à faire de la bicyclette
Et des cocottes en papier
tu verras c'est fastoche
Et ça fout les chocottes aux fantômes !

Ah j 'oubliais ! J 'amènerai ma fronde aussi
Pour te dégommer de l'arbre une mangue bien mûre
Qu'on dégustera tous les deux en même temps
Et on promettra-jurera-crachera qu'on est amis pour toujours !
125 · Aug 2019
L 'heure idéale
Il y a, disent les Ombres,
Une heure idéale
Pour naître,
Pour mourir.
Une heure universelle
Pour sourire,
Pour écrire.
Une heure stratégique !

Les Ombres disent encore
Qu'il faut que ce soit à l'heure pile
Et non une minute
Ni avant ni après.

Il y une heure idéale
Pour tomber raide mort.
Pöur tomber amoureux
Une heure propice.

Une heure lisse
Une heure sublime
Où les secondes glissent au ralenti
Presque en catimini.

Une heure pour le baptême
Une heure pour l'extrême onction
Une heure ni orthodoxe ni catholique
Une heure ni médiatique ni anecdotique

Il y a midi, vierge martyre,
L'heure sans ombre
L'heure veuve et orpheline
L'heure riche et soudaine de la faim
L'heure riche et soudaine de la foi
L'heure riche et soudaine de l 'amour
L'heure riche et soudaine du karma.
124 · Aug 2019
Ricochets
Ris, cocher, ris !

Et tant que tu riras je ricocherai avec toi.

Fouette, cocher, fouette cette mule

Et tant que tu la fouetteras

Les garde-barrières se dissiperont

Dans des hénissements de libellules.

Ris, cocher, ris !

Ris à gorge déployée,

Fais de moi tes gorges chaudes,

Tes fontaines bouillantes !

Et tant que tu riras je ricocherai avec toi.

Envoie-moi valdinguer tel un galet désarticulé

Sur le tapis volant de tes chaudes larmes.

Ris, cocher, ris !

Sans vergogne, sans pitié.

Ris à perdre a haleine.

Ris de toutes tes larmes de caïman.

Ris ! Ris ! Ris !

Montre au grand jour

Tes dents de lait cariées de cyclone !

Fais briller l'or et l'argent et l'émeraude

De tes molaires, incisives et canines !

Et tant que tu riras je ricocherai avec toi.

Chacun de tes éclats de lèpre ricoche en moi et me chatouille.

N'arrête pas pour tous les plaisirs du monde !

Ou j'appelle les singes capucins

Pour prendre la relève.
122 · Aug 2019
Mon île vierge
Mon île vierge,
Mon Aura,
Ma soeur de martyre,
J'ai nuitamment interrogé les astres,
Les constellations qui gouvernent
Ton port de tête.

J'ai tenté de débroussailler les lignes et les points
Où se cristallisent les pistes
Où se terrent tes gîtes et tes raisons d'être.
Ni microscope ni télescope ni longue vue
Ni jumelles n'ont permis que je cerne
Au détour d'un arbre renversé
Dans la chair de la nuit
Le sentier astral qui mène à ta comète .

Je te croyais Cassiopée
Au-dessus des Equateurs
C'est Lynx et Pollux que tu m'es apparue
Au-dessus de la Mer Noire
Et quand, photographe à l 'affût,
J'ai cru toucher le pelage de Pollux
C'est Lynx qui a hurlé du haut des crêtes
Et fait le gros dos dans le crépuscule.

Il ne m'est resté comme proie sur la pellicule
Que le regard magique de ton oeil de lynx
Où miroitaient les flots perçants de la Mer Noire.

J'ai pensé alors que ce n'est pas le ciel qui te gouverne
Mais la mer, inlassablement
Et dans chaque port de cette Mer Noire
Je cherche encore ton auréole martyre qui cabote.

Parfois je vois ton île vierge poindre,
Souveraine,
Comme une bouteille à la mer
Au détour d'un sourire-poème
Qui flaire tel un cerf-volant multicolore
Le vent d'Est du Tout-Monde.

Et j'essaie de décrypter à distance les indices
Qui mènent inexorablement à ta tanière karmique.
121 · Aug 2019
Fleur vagabonde
C'était une fleur banale sans doute
Minuscule presque infinitésimale
Pourtant bien que je sois myope et astigmate
Je l'avais à travers mes lunettes de soleil repérée.
C'était une fleur de celles qu'on dit sauvage ou des champs
Et pourtant elle poussait tout juste en face de la gare de Biarritz
Près de l'arrêt du bus 10, quartier de la Négresse.
Ce n'était rien qu'un minuscule bouton rouge
Elle était entourée de fleurs bleues
Et jaunes
Et comme j'ignorais le nom d'elles toutes
J'interrogeai l'oeil de mon portable
Pour qu'il me souffle à l'oreille le nom de la belle.
Mais cet oeil n'avait d'yeux que pour les fleurs bleues et jaunes
S'extasiant que les premières possédaient toutes 4 pétales
Dont une blanche.
Et que les jaunes n'étaient à coup sûr pas des anémones.
Mais il ne me souffla mot de ma vagabonde.
Ainsi baptisai-je les bleues myosotis sans trop savoir.
Et les jaunes boutons d'or
Tout en sachant fort bien que ce n'en était pas.
Et du coup ma jolie fleur rouge sauvage minuscule toute gringalette
J'en fis une elfe des myosotis.

Je ne sais pas regarder une elfe des myosotis sans la cueillir.

Je n'ai su regarder mon brin de sauvageonne
Sans vouloir me l'offrir
Et je l'ai cueillie comme pour la desceller de son trône en la suppliant de m'épeler son nom.
Il n'y avait même pas d'effeuillage à faire
Juste quelques gouttes rouges de rosée versée
Avant que la friponne ne m'avoue son prénom:
Chabine !
Ce feu oiseau de feu que tu dédaignes
Dont tu refuses d'être la marraine
Quoi que tu en dises
Sera ton éternel filleul.
Chétif il sommeille au creux de ta nuque
Et quand il prend son envol lent
C'est pour guider de son bec funambule
Comme un chef d'orchestre
Tes pas sur le chemin de la Délivrance.
118 · Aug 2019
Mon I
Mon Alius

Et si l'on effaçait d'un saut dans le vide

Du chemin de la Caféière

D'un commun accord, la barrière de ce cimetière,

Dont l'écorce défunte déploie ses quatre-chemins

entre le pangolin et la fourmilière ?

Mon Alter,

Et si au lieu de se poursuivre,

A coups de **** bougie,

De se frôler à se confondre,

On enterrait la flamme tremblante de sueur qui nous hache

Et nous envoie valdinguer de terrier en terrier

en zigzaguant comme des crabes en déshérance

Dans des toiles d'araignées musicales?

Mon I

Si on signait unilatéralement de nos pas pour la xième fois

A la énième heure du énième jour du énième mois

Un énième armistice sur un air de calypso

Sous le haut patronage de Mighty Sparrow ?

Mon Ombre

Abolissons donc cette frontière de pulpe rouge,

Cette parche mince qui nous encapsule,

Plongeons ensemble dans l'eau torréfiée

De la rivière de rhum qui dévale du volcan

Et dansons notre calypso en couple sans meneur

Sans frein, sans selle, sans harnais

Soyons cavaliers et montures de nous mêmes ! Et vice-versa !

Menons ensemble notre transe
Au shopping des petites morts
J'ai accroché la distance
Qui nous sépare
d'Orphée et Eurydice.

J'ai esquissé quelques mots
Quelques voyelles aux allures d'opéra
J'ai griffonné en guise de valse et tango
Quelques pas pour petit rat angora
Comme si j'étais ton chat Orphée
Je t 'ai invitée à poursuivre nos figures
Sur le parquet impromptu de sable mouillé.

Et comme tu ne refuses jamais quand on t'invite
Tu m'as accepté comme cavalier d'infortune
Tu m'as accordé une danse nocturne jusqu'à minuit
Contre un pin sec qui dressait ses aiguilles près des vagues
Tes escarpins dorés pétillaient
Entre rumba fox-trot et paso-doble
Et la voilette noire de ton chapeau
M'entraînait comme une voile
Vers l'océan de tes entrechats.
117 · Aug 2019
Ce matin, Décébale boude
Ce matin Décébale, ton petit diablotin,
Ton filleul, boude
Et refuse obstinément de chanter
Pour sa muse !

Il boude et fait le gros dos.
Son chant royal, nu et sincère
A failli ne pas planer, majestueux,
Comme à son habitude
Comme une étoile à l 'orient
Au creux de ta nuque.

J 'ai dû le raisonner, tu sais !
Il est têtu comme une mule !

Ce n'est pas qu'il soit fatigué ni triste
C'est qu'il sait que le cri strident
Des marjolaines qu'il a plantées en toi
Au tréfonds de tes sabots dondaine
Te bouleverse dans ta chair
Et fait que ta sève s'évapore en nuages
Qui s'amoncellent et se déversent
En ruisseaux de grêle.

J 'ai beau lui dire de se dresser sur ses sabots dondaine
Ce n 'est plus le fils du roi
Ni l'un des fringants trois capitaines
L'oiseau ne bande plus !
J 'ai beau lui dire de se dresser sur ses ergots
Et de fredonner la chanson qui te ressemble
La chanson royale, nue et sincère
Monsieur boude.
Au creux de ta nuque.
il s'est à ma demande agenouillé devant ton icone
Auprès de la fenêtre
Et la crête basse il a prié
Lui dont le bec ne picore guère que le vide des rêves de Dieu.

C 'est sans doute dû à l'orage
Ne dramatisons pas
Bientôt le soleil noir de tes yeux
Ravivera sa flamme
Le couvera de ta lumière ludique
Et son chant strident pénétrera
Comme un vin gouleyant
Ton sourire cajoleur de lynx
De ses flèches musicales et parfumées.

Marraine ? Ton filleul me prie de te soumettre
Le menu de la grasse matinée :
Jus de mangue et coco. Oeufs en cocotte
Et plus si affinités.

Présente-toi à la table nuptiale
Royale, nue et sincère
Ce dimanche il sera sur son trente-et-un
Royal, nu et sincère
Dans son habit de bal
Pour te proposer une valse à distance
Sur une sonate d'amitié de foi et de raison.

Il t'envoie ses humbles câlynx à la puissance 10
Avec accent circonflexe
Partout partout, a-t-il insisté, et nulle part ailleurs
Plantons, te fait-il dire, un pied de marjolaine dans le creux de nos plaines
S 'il fleurit tu seras reine
Et s'il meurt
Tu y perdras ta peine
Oh oh oh avec mes sabots.
Comment veux-tu ton colombo d'asperges vertes sauce chien ?
En hors-d'oeuvre ou plat principal ?
Veux-tu que j'émulsionne poudre à colombo, huile, eau citronnée
Et que je badigeonne de cette marinade
Une botte écussonnée
Et que je laisse mariner
Puis que je l'enrobe de jambon à l'os
L'enfourne
pour enfin le dresser de câpres séchées, d'anchois et copeaux de parmesan.
Ou de sauce chien ?
111 · Aug 2019
Rendez-vous
Je tremble
Je tressaille
Quand je lis tes délires
Comme si j 'allais à un premier rendez-vous
Et je savoure ce frémissement qui m'embrouille
Est-ce état d'alarme, de joie, d'amour ou de peur.
Tu me dis
"Va mon petit cheval, va "
Tu m'encourages, tu me rassures
Tu me dis des mots de miel
Tu me mets en confiance
Je suis figée. il faut que je galope
Que je hennisse pour m'apaiser
Ta voix devient ma voix
Je ne comprends pas
Tu dis encore quand tu embrasses mon petit museau rose :
"N 'aie pas peur, je ne te veux que du bien "
Est-ce le dragon d'eau qui parle
Ou le Dragon de feu ?
You say God first !
I say Food first !
You say Pray !
I say Eat !

Initiate me ! Baptize me on your altar with my Sunday best.

Anoint me with my agape feast :

Five loaves of banana bread, a few smoked fish,

Lamb shanks, white hosts, yellow wheat and purple grapes or pomagranates.

Chalices of holy coconut water and sugar cane juice with lime and ice cubes

And braised manna and quail, and pelican and peacock !

And I'll be blessed !

Before my first communion let me have my first confession :

"I'm a greedy man, Lord Have mercy, I'm a greedy man

And I only go to church when they have food."

For first communion give me okra and ***** and conch and dasheen leaves. I want callaloo and nothing else.

Let it simmer, spice it, my mouth will be wide open

And i'll close my eyes when my first chunk of eucharistic purée starts to melt on my tongue.

And don't forget scottish bonnet for the creole flavor.

And I'll be blessed !

I'll wear white gloves and white dress and even a veil
For solemn communion as we start to dance
At Easter Vigil all three sacraments
Baptism, communion and confirmation
At the same time
Breakfast Lunch Dinner !

I want my Sauternes consecrated and don't feed me with baby bottle, will you !

I rather suckle it as baby from the tip of your finger

Let's celebrate, my goddess. Let's worship !

Today I'm seven again.

I've just reached the Age of Reason.

And I'm heading towards the Age of Discretion
105 · Aug 2019
A une ombre quantique...
Pff je n 'aime pas !
Vingt jours que mon ombre
Fait des siennes
Au lieu de me servir
Comme il se doit
Ses farces
De son fou rire
De baryton basse.

Vingt jours que seules me parviennent
Les éclaboussures de ses pas étouffés
Qui divaguent au ralenti
Dans l'océan quantique
En toutes circonstances chic
Des vagues parfumées de bleu nuit.

Reviens mon ombre, reviens !
Oublie un peu la rumba quantique !
Sans toi je boite, mon cavalier,
Telle une lune réfractaire
Chevauchant
Dans la nuit rasée d'étoiles !
104 · Aug 2019
Manzelle Bébé
Le vent en goguette m'a fait échouer sur ton rivage.
Je suis ensablé corps et âme
Tu sais ce que je voudrais ?
Je voudrais que tu me déséchoues !
Que tu me remorques au-dessus de ta fosse
Dans ce golfe de Gascogne !
Que tu m'océanises
Et que je m'enfonce à jamais dans tes profondeurs abyssales
Et je te laisserai comme vestige, le fer de mon hélice de confettis et serpentins.
103 · Aug 2019
In Dyonissia Veritas
Mon ombre, ma jumelle
A convaincre sans péril
On cède sans gloire.
Entre vaincre et céder
Il y a toute une armada de mots
Verbes adverbes proverbes
Fins limiers de mer
Qui s'insinuent à la poursuite
De l'onction
Du parfum indélébile
De tes phrases éparses
Comme des îles
Assoiffées de large...

In Dyonissia Veritas
A mille lieues des trois Grâces en cage
Je retrouve ta trace invincible
Dans une échancrure de miroir
Dans l'oeil du cyclone
A perte de vue
Où s'étend ton repaire
Entre deux phases de lune
Et je te ceins de l'eau bénite des mots
et je te rebaptise Grâce !
Et si sain de corps et d'esprit
Je donnais mon coeur à ta science ?
Par quoi commencerais-tu?
Me dissèquerais-tu à distance
En fredonnant
Au bistouri électronique
Sans gants et sans masque
Et sans anesthésie ?
Ou me mettrais-tu sous sérum
Pour recueillir mon consentement
LIBRE ET ÉCLAIRÉ
Avant d'opérer à coeur ouvert
De sang-froid, sans assistance ?

Et une fois prélevé ce coeur battant
Le conserverais-tu vitam aeternam
Dans le formol ou l 'azote liquide ?

Ou alors carrément la neige carbonique ?

Et si d'aventure tu procédais à la greffe
De mes veines et artères
Au C.H.U. de l'au-delà des mers
Me transplanterais-tu
Par avion sanitaire
Jusqu'à ce cocotier patient
Où repose depuis des lustres
Mon nombril séché ?

Si et seulement si c 'était toi la chirurgienne
Permets que je formule un voeu :
Prépare-moi avant l 'acte
Juste un plat fêté de riz galanga, pâtes, gombos
Et coquilles Saint-Jacques
Bien assaisonnées.
Non, merci, c'est gentil, mais pas de dessert !
Juste un dernier petit café pour la route
Avec un sucre de sourire-poème
Au goût de carotte et de pêche.
Avant de te connaître
Je dormais comme un bambin
En suçant mon pouce
Je m'effondrais comme une souche
Je dormais d'un trait, les volets clos,
les yeux grand ouverts sur le mobile de mon berceau

Maintenant je me réveille à pas d'heure
Frais comme un gardon
Je garde les yeux mi-clos et dans le rayon de lune
qui franchit en miaulant le triple vitrage de la fenêtre.

Un bébé lynx qui te ressemble
Comme deux grains de rêves mouvants
Se chamaille avec la poussière
Et emmêle la pelote de laine
Que la lune démêle
Inlassablement dans la baie de sable.
Jaune bleu rouge
Tournoie au tempo que tu voudras :
Adagissimo, presto et allegro
Intarissable affamée,
Je suis l'oeil vairon arc-en-ciel de ton cyclone !
A la racine carrée de ton hypoténuse
Je caracole verbe et chair au vent

Fais frissonner l'archet sur les touches du piano
Et pianote les cordes du violoncelle
De tous les do majeurs
De la sonate numéro deux
Pourvu que l'on danse
Pourvu qu'il y ait transe
Pourvu qu'il y ait harmonie dodécaphonique
Entre les récitants
Peu importe la partition et le compositeur !

Jaune bleu rouge
Tournoie tant que tu voudras
Automne, été, hiver, printemps
Insatiable assoiffée
Je suis l'oeil vairon arc-en-ciel de ton cyclone !
A la racine carrée de ton hypoténuse
Je caracole verbe et chair au vent.
89 · Aug 2019
Homme-scorpion
Un mot peut en cacher un autre !
É pericoloso sporgersi !
L 'homme-scorpion écoutait
Sans trop comprendre la justesse
Du chant mélodieux des mots
Qui défilaient à toute vitesse
Au bout de leurs laisses.
Mots muselés, mots castrés, mots

Bâtards croisés de bichon avec griffon
Qui aboyaient et miaulaient
En rongeant les trognons d'hommes
Laissés au bord de la fenêtre entrouverte
Par la femme-bufflesse .
87 · Aug 2019
Eau de burgots
Le jour bégaie

Bébé *** bai *** bée

Le jour bégaie

Frotte Frotte Frotte docteur

Pose tes ventouses

Frotte

Démêle les dés mêlés de cette affaire millénaire.

Le jour bégaie

Et la nuit a beau boire l'eau de burgots

Les heures en cavale au fond de la savane

Restent prises en vol entre trot et galop.

Frottez docteur frottez

La nuit a bu l'eau de burgots

Et malgré cent messes au Saint Esprit

Le jour bégaie encore
83 · Aug 2019
Sourire/poème
Le sourire des chatonnes
A l 'enfourchure de leur somme
Est un poème qui chantonne
Au fond de l 'âme ad libitum!

Qu'elles soient tigrées ou alezanes
Siamoises ou persanes
A quoi rêvent les chatonnes
Le dimanche quand midi sonne ?

Peut-être au midi de leur baptême
Orthodoxe à mille lieues du Danube blème
entre cactus verts sur des radeaux,
Ananas oranges et hérons bordeaux.
81 · Aug 2019
Muse pélagique
Le matin nage, innombrable

Muse aux cent venins de verre

Qui se distillent dans une encre de cendres

Offertes au soleil insatiable…

Dans le calice débordant

Des récoltes que la nuit

Ne grignote qu’à moitié,

Les sargasses du désir plongent,

Cinglant le silence des incohérences…

Hilare, la lune

Se réveille et butine

Le nectar indigo

Qui s’attarde

Comme une musique rétinienne

Aux confins du jour…

Ainsi emmurés vifs

Dans le flux impénétrable des reflets,

Vont à l’aveuglette

Dans le palais des eaux volantes

La muse, son roi et ses méduses aborigènes

Veillant sur la toison rouge du ciel…
78 · Aug 2019
Godille et Cabotage
Je me laisse caboter dans ta mer noire.
Et j'aime le clapotis lent de tes vagues contre la godille.
Visez sa ma las purtat de valuri pe necunoscuta ta marea neagra,
Clipocitul bland al apei impotriva ramelor.
I let myself stream in your black sea
and I love the slow lapping of your waves against the scull.
Eu me deixo cabotar por seu mar *****
E amo o lento marulho das suas ondas contra a ginga.
78 · Aug 2019
Haïku pour l'immortelle
Gilgamesh chavire
Dans les eaux de Dyonissia
Nage In extremis.
75 · Aug 2019
Méharée
J'ai parcouru tes dunes désertiques
C'était la première lune du monde
Les sables s'enfonçaient comme une brise chaude et légère
Sous mes sabots dans le silence
Mes yeux étaient rivés sur les falaises
Derrière lesquelles se cachait une horde de chevaux sauvages
Indomptés
Qui selon le mirage où je m'enlisais
Devenaient scorpions ou coléoptères
J'allais à faible allure puis je forçais le pas
Dans le petit matin minéral
Tu avais soif et comme ma bosse contenait le stock d'eau qui t'était nécessaire

Je me suis agenouillé
Tu es descendue de ta monture et tu as bu
De ma bosse un peu de mon eau tiède
En attendant l'eau fraîche de l'oasis
Qui seule arrivait à te rassasier
Puis tu es remontée en selle
Tu m'as pris par le cou
Et sans qu'il soit besoin de me cravacher
D'une badine légère et sèche
Nous avons continué notre méharée
Notre raid à travers les ombres
Frissonnantes de désir.

— The End —