"Nilus nil " a écrit Hérodote Sans le Nil l'Egypte n 'est rien. Mais même si je ne suis pas pharaon Porté par un éléphant de guerre Escorté de chattes et d'ichneumons Feulant tels des sphinx dans la fange Je bois aux eaux noires d'Isis Je bois aux sept bras de son delta Je bois son ***** chaude Je bois son or baptismal Je me tatoue de ses crues tumultueuses Je suis ivre de ses dix-huit coudées et dix-huit doigts Je ne suis rien sans ses eaux noires, ses méandres Qui grossissent au solstice d'été Et alors pendant cent jours Je m'abreuve de ses eaux tortueuses Et je m'épanche de toutes ses embouchures Je bois aux sept pis du ventre de la vache Longs de plusieurs milliers d'orgyes égyptiennes. Je tète jusqu'à plus soif Je tète sa bouche pélusienne Je tète sa bouche tanitique Je tète sa bouche mandésienne Je tète sa bouche phanitique Je tète sa bouche sébennytique Je tète sa bouche bolbitine Je tète sa bouche canopique Je suis Thoutmôsis réincarné Et je sculpte mes savons d'humus. Onctueux comme crème Sensuels comme parfum Je taille dans la boue le buste de Néfertiti Je sculpte la fille de Typhaïa la Jouisseuse La chienne en rut du harem Je sculpte la catin du Nil La fille lascive du Aulète, La fille nue des Lagides Je sculpte Isis et ses ailes déployées, Je sculpte Aphrodite Anadycmène Je sculpte Cléopatre la Septième Je sculpte, je taille, je moule, je peins Et ce faisant je frotte le dos de Palmolive De ma muse qui m'abreuve En fredonnant un cantique antique De l'eau de son bain de mousse nilotique.