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caroline royer Dec 2016
Nous sommes tes filles
nous t'honorons
par nos chants, par nos danses
nous te célébrons
à travers nos mots
nos rimes nos rires

Tu nous livre
ton inspiration
sur le souffle du vent
dans les feuillages
et ton message
porté par le son des tambours
dans des rythmes ethniques et éthiques
est un appel à nos âmes

Nos pieds se ressourcent
à ton contact
et prennent vie
par ta douce magie
Tu nous as faites
Femmes Argiles
Soeurs des Arbres
et du vivant
Tu nous portes en ton coeur
depuis des millénaires
nous couvant de ta bienveillance
Longue marche en avant des Enfants de la Terre

Nous nous rappelons
à notre essence première
dans tes sources cristallines
dans tes cascades émeraudes
où scintillent mille ondines
et lumières de fées
avec pour seules compagnes
des libellules amies
présentes en ces lieux
enchanteurs et enchantés
où se lève le voile de la vérité
Miroir de tout ton Amour
Pour l'infiniment petit
Toi qui est infiniment Grande

caro royer
Jeune fille, crois-moi, s'il en est temps encore,
Choisis un fiancé joyeux, à l'œil vivant,
Au pas ferme, à la voix sonore,
Qui n'aille pas rêvant.

Sois généreuse, épargne aux cœurs de se méprendre.
Au tien même, imprudente, épargne des regrets,
N'en captive pas un trop tendre,
Tu t'en repentirais.

La nature t'a faite indocile et rieuse,
Crains une âme où la tienne apprendrait le souci,
La tendresse est trop sérieuse,
Trop exigeante aussi.

Un compagnon rêveur attristerait ta vie,
Tu sentirais toujours son ombre à ton côté
Maudire la rumeur d'envie
Où marche ta beauté.

Si, mauvais oiseleur, de ses caresses frêles
Il abaissait sur toi le délicat réseau,
Comme d'un seul petit coup d'ailes
S'affranchirait l'oiseau !

Et tu ne peux savoir tout le bonheur que broie
D'un caprice enfantin le vol brusque et distrait,
Quand il arrache au cœur la proie
Que la lèvre effleurait ;

Quand l'extase, pareille à ces bulles ténues
Qu'un souffle patient et peureux allégea,
S'évanouit si près des nues
Qui s'y miraient déjà.

Sois généreuse, épargne à des songeurs crédules
Ta grâce, et de tes yeux les appels décevants :
Ils chercheraient des crépuscules
Dans ces soleils levants ;

Il leur faut une amie à s'attendrir facile,
Souple à leurs vains soupirs comme aux vents le roseau,
Dont le cœur leur soit un asile
Et les bras un berceau,

Douce, infiniment douce, indulgente aux chimères,
Inépuisable en soins calmants ou réchauffants,
Soins muets comme en ont les mères,
Car ce sont des enfants.

Il leur faut pour témoin dans les heures d'étude,
Une âme qu'autour d'eux ils sentent se poser,
Il leur faut une solitude
Où voltige un baiser

Jeune fille, crois-m'en, cherche qui te ressemble,
Ils sont graves ceux-là, ne choisis aucun d'eux ;
Vous seriez malheureux ensemble
Bien qu'innocents tous deux.
En vertu des pouvoirs qui leur sont conférés
Les muses réunies en conclave extraordinaire
Sous le très haut patronage de la révérende muse
Dérébénale
M'ont défait chevalier de la Calypso
Baron du Tiers-Ordre de l'Impénétrable
Avec pour mission expresse la Jouissance plénière
De l'Obéissance et de la Chasteté.
Ainsi investi de Toute Puissance
J'ai usé abusé de mes prérogatives
Pour adouber de mes oxymores
La virginité froissée des muses désabusées.
Or de même que ce n'est pas le bonheur
Mais la quête du bonheur qui nous vivifie
C'est non pas l'orgasme mais la quête de l'orgasme qui sanctifie les muses.
Les muses ne connaissent ni frustration
Ni dégoût ni appétence particulière.
Les muses ont toujours envie
Et offrent tous leurs orifices avides à l'exploration,
Au boire et au manger
Des poètes maudits.
C'est sans peur et sans reproches
Qu'elles cèdent et rient aux éclats
Sous les coups de boutoir des mots
Qui giclent au fond de leur labyrinthe
Et qui les fertilisent et les parfument
De leur piment infiniment précieux.
Les muses sont des hydres gourmandes 
À la fois clitoridiennes, anales
Buccales, vaginales, lustrales,
Visuelles, olfactives, auditives
Et zygomatiques
Et c'est en cela qu'elles sont en même temps inverties
Tendres et cruelles
En dedans et en dehors d'elles mêmes
Fatalement soumises à la passion
Et hystériquement libérées
Par effraction symbolique.
Pour te garder toujours à portée des yeux
Je t’ai mise sous verre,
Ma muse courtoise,
Avec encadrement de bois
Stuqué et doré du dix-neuvième siècle
Avec marie-louise,
Jolie gravure du dix-huitième siècle signée

Sigmond Freudeberg, peintre et Antoine Louis Romanet, graveur !
C’est une scène galante :
Tu prends le bain
Et Justine, ta servante t’apporte sur un plateau
Un billet-doux et ta tasse de chocolat chaud
"De la Lettre ou du Chocolat, que préfère Madame?!."
Dit Justine avec le regard complice de l 'entremetteuse.
Ah ma chère Justine, j'ai le coeur bien plus délicat,
Plus faible infiniment, hélas que la poitrine!"
Puisque c’est toi madame
Tu choisirais d’abord la lettre ou le chocolat ?
La sainte, ta patronne, est surtout vénérée

Dans nos pays du Nord et toute la contrée

Dont je suis à demi, la Lorraine et l'Ardenne.

Elle fut courageuse et douce et mourut vierge

Et martyre. Or il faut lui brûler un beau cierge

En ce jour de ta fête et de quelque fredaine

De plus, peut-être, en son honneur, ô ma païenne !


Tu n'es pas vierge, hélas ! mais encore martyre

Non pour Dieu, mais qui te plut. (Qu'ont-ils à rire ?)

A cause de ton cœur saignant resté sublime.

Courageuse, tu l'es, pauvre chère adorée,

Pour supporter tant de douleur démesurée

Avec cette fierté qui pare une victime,

Avec tout ce pardon joyeux et longanime.


Et douce ? Ah oui ! malgré ton allure si vive

Et si forte et rude parfois. Douce et naïve

Comme ta voix d'enfant aux notes paysannes.

Douce au pauvre et naïve envers tous et que bonne

Sous un dehors souvent brutal qui vous étonne,

Vous, les gens, mais dont j'ai vite su les arcanes !


Douce et bonne et naïve, âme exquise qui planes

Au-dessus de tout préjugé bête ou féroce,

Au-dessus de l'hypocrisie et du cant rosse

Et du jargon menteur et de l'argot fétide

Dans la région pure où la haine s'ignore,

Où la rancune expire, où l'amour pur arbore

Sur la blancheur des cieux sa bannière candide.

Ô résignation infiniment splendide.


En ce jour de ta fête et malgré nos frivoles

Préoccupations moins coupables que folles

De baisers redoublés pour le cas, et l'antienne

Plus gentille encor qu'excessive des mots lestes,

Recueillons-nous pourtant, pensons aux fins célestes

Afin qu'après ma mort ou, las ! après la tienne,

Le survivant pour l'absent prie, ô ma chrétienne !
Mon ami, ma plus belle amitié, ma meilleure,

- Les morts sont morts, douce leur soit l'éternité !

Laisse-moi te le dire en toute vérité,

Tu vins au temps marqué, tu parus à ton heure ;


Tu parus sur ma vie et tu vins dans mon cœur

Au jour climatérique où, noir vaisseau qui sombre,

J'allais noyer ma chair sous la débauche sombre.

Ma chair dolente, et mon esprit jadis vainqueur,


Et mon âme naguère et jadis toute blanche !

Mais tu vins, tu parus, tu vins comme un voleur,

- Tel Christ viendra - Voleur qui m'a pris mon malheur !

Tu parus sur ma mer non pas comme une planche


De salut, mais le Salut même ! Ta vertu

Première, la gaieté, c'est elle-même, franche

Comme l'or, comme un bel oiseau sur une brandie

Qui s'envole dans un brillant turlututu.


Emportant sur son aile électrique les ires

Et les affres et les tentations encor ;

Ton bon sens, - tel après du fifre c'est du cor, -

Vient paisiblement mettre fin aux délires,


N'étant point, ô que non ! le prud'homisme affreux,

Mais l'équilibre, mais la vision artiste,

Sûre et sincère et qui persiste et qui résiste

A l'argumentateur plat comme un songe creux ;


Et ta bonté, conforme à ta jeunesse, est verte,

Mais elle va mûrir délicieusement !

Elle met dans tout moi le renouveau charmant

D'une sève éveillée et d'une âme entr'ouverte.


Elle étend, sous mes pieds, un gazon souple et frais

Où ces marcheurs saignants reprennent du courage,

Caressés par des fleurs au *** parfum sauvage,

Lavés de la rosée et s'attardant exprès.


Elle met sur ma tête, aux tempêtes calmées.

Un ciel profond et clair où passe le vent pur

Et vif, éparpillant les notes dans l'azur

D'oiseaux volant et s'éveillant sous les ramées.


Elle verse à mes yeux, qui ne pleureront plus,

Un paisible sommeil dans la nuit transparente

Que de rêves légers bénissent, troupe errante

De souvenirs et d'espoirs révolus.


Avec des tours naïfs et des besoins d'enfance,

Elle veut être fière et rêve de pouvoir

Être rude un petit sans pouvoir que vouloir

Tant le bon mouvement sur l'autre prend d'avance.


J'use d'elle et parfois d'elle j'abuserais

Par égoïsme un peu bien surérogatoire,

Tort d'ailleurs pardonnable en toute humaine histoire

Mais non dans celle-ci, de crainte des regrets.


De mon côté, c'est vrai qu'à travers mes caprices,

Mes nerfs et tout le train de mon tempérament.

Je t'estime et je t'estime, ô si fidèlement,

Trouvant dans ces devoirs mes plus chères délices.


Déployant tout le peu que j'ai de paternel

Plus encor que de fraternel, malgré l'extrême

Fraternité, tu sais, qu'est notre amitié même,

Exultant sur ce presque amour presque charnel !


Presque charnel à force de sollicitude

Paternelle vraiment et maternelle aussi.

Presque un amour à cause, ô toi de l'insouci

De vivre sinon pour cette sollicitude.


Vaste, impétueux donc, et de prime-saut, mais

Non sans prudence en raison de l'expérience

Très douloureuse qui m'apprit toute nuance.

Du jour lointain, quand la première fois j'aimais :


Ce presque amour est saint ; il bénit d'innocence

Mon reste d'une vie en somme toute au mal,

Et c'est comme les eaux d'un torrent baptismal

Sur des péchés qu'en vain l'Enfer déçu recense.


Aussi, précieux toi plus cher que tous les moi

Que je fus et serai si doit durer ma vie,

Soyons tout l'un pour l'autre en dépit de l'envie,

Soyons tout l'un à l'autre en toute bonne foi.


Allons, d'un bel élan qui demeure exemplaire

Et fasse autour le monde étonné chastement,

Réjouissons les cieux d'un spectacle charmant

Et du siècle et du sort défions la colère.


Nous avons le bonheur ainsi qu'il est permis.

Toi de qui la pensée est toute dans la mienne,

Il n'est, dans la légende actuelle et l'ancienne

Rien de plus noble et de plus beau que deux amis,


Déployant à l'envi les splendeurs de leurs âmes,

Le Sacrifice et l'Indulgence jusqu'au sang,

La Charité qui porte un monde dans son flanc

Et toutes les pudeurs comme de douces flammes !


Soyons tout l'un à l'autre enfin ! et l'un pour l'autre

En dépit des jaloux, et de nos vains soupçons,

A nous, et cette foi pour de bon, renonçons

Au vil respect humain où la foule se vautre,


Afin qu'enfin ce Jésus-Christ qui nous créa

Nous fasse grâce et fasse grâce au monde immonde

D'autour de nous alors unis, - paix sans seconde ! -

Définitivement, et dicte: Alléluia.


« Qu'ils entrent dans ma joie et goûtent mes louanges ;

Car ils ont accompli leur tâche comme dû,

Et leur cri d'espérance, il me fut entendu,

Et voilà pourquoi les anges et les archanges


S'écarteront de devant Moi pour avoir admis,

Purifiés de tous péchés inévitables

Et des traverses quelquefois épouvantables,

Ce couple infiniment bénissable d'Amis. »
Sonnet.


Entre mille débris au hasard amassés,
Un Christ en vieil ivoire, exposé dans la rue,
Jette l'adieu suprême à sa foi disparue
Et sent fuir ses genoux infiniment lassés.

En face, une Vénus, gloire des arts passés,
Sort de la draperie à ses flancs retenue,
Naturelle et divine, offrant sa beauté nue,
Sans bras, pareille aux troncs de lierres enlacés.

La Volupté sereine et l'immense Tendresse
Aux passants affairés n'offrent plus de caresse :
L'une a les bras cloués, l'autre a les bras rompus.

L'homme, sans charité, revend ce qu'il achète ;
La femme lui marchande une nuit inquiète :
Les beaux embrassements ne se prodiguent plus.
Ciel ! après tes splendeurs, qui rayonnaient naguères,
Liberté sainte ; après toutes ces grandes guerres,
Tourbillon inouï ;
Après ce Marengo qui brille sur la carte,
Et qui ferait lâcher le premier Bonaparte
À Tacite ébloui ;

Après ces messidors, ces prairials, ces frimaires,
Et tant de préjugés, d'hydres et de chimères,
Terrassés à jamais ;
Après le sceptre en cendre et la Bastille en poudre,
Le trône en flamme ; après tous ces grands coups de foudre
Sur tous ces grands sommets :

Après tous ces géants, après tous ces colosses,
S'acharnant malgré Dieu, comme d'ardents molosses,
Quand Dieu disait : va-t'en !
Après ton océan, République française,
Où nos pères ont vu passer Quatre-vingt-treize
Comme Léviathan ;

Après Danton, Saint-Just et Mirabeau, ces hommes,
Ces titans, aujourd'hui cette France où nous sommes
Contemple l'embryon,
L'infiniment petit, monstrueux et féroce,
Et, dans la goutte d'eau, les guerres du volvoce
Contre le vibrion !

Honte ! France, aujourd'hui, voici ta grande affaire :
Savoir si c'est Maupas ou Morny qu'on préfère,
Là-haut, dans le palais ;
Tous deux ont sauvé l'ordre et sauvé les familles ;
Lequel l'emportera ? l'un a pour lui les filles,
Et l'autre, les valets.

Bruxelles, janvier 1852.

— The End —