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Vada Opalenik Aug 2013
My life has been nothing

but a sequence of clever phrases,

nights of feeling alive,

and putting names to faces.

I’d rather be sad with you,

than happy and alone,

because these days go on forever

and my heart is made of stone.

I can only see one shade,

there is only one hue,

and I just can’t seem to picture

this world without you.

So, let’s get into bed,

wrapped in your favorite sweater,

you are my home,

I want to stay here forever.
Rondeau.

Dans son assiette arrondi mollement,
Un pâté chaud, d'un aspect délectable,
D'un peu trop **** m'attirait doucement.
J'allais à lui. Votre instinct charitable
Vous fit lever pour me l'offrir gaiement.

Jupin, qu'Hébé grisait au firmament,
Voyant ainsi Vénus servir à table,
Laissa son verre en choir d'étonnement
Dans son assiette.

Pouvais-je alors vous faire un compliment ?
La grâce échappe, elle est inexprimable ;
Les mots sont faits pour ce qu'on trouve aimable,
Les regards seuls pour ce qu'on voit charmant ;
Et je n'eus pas l'esprit en ce moment
Dans son assiette.
Mon hippocampe,
Donne-moi juste deux minutes
Le temps que je te vaccine
Religieusement
De ma machette
Le temps que je chante ma diane :
La la la la la la la la la lo lé lo la !
La la la la la la la la la lo lé lo la !
Je psalmodie
Un, deux,
Un, deux, trois...
Un, deux,
Un, deux, trois...
J'offre cette rumba à la santé de nos petites morts
De ces petites morts
Qui nous précèdent, nous suivent et nous hantent.
Au son des trois tambours de la rumba
Tu chantes faite bouteille de rhum
Et je te réponds en choeur cuillère et verre vide.
A la première reprise, chassée croisée,
Tu chantes le thème
A la deuxième reprise, mollets cambrés,
Je chante aussi couteau et toi assiette.
A la troisième reprise,
Moi, rayon de lune de lune,
Toi, croissant de soleil,
Frappons des mains à l'unisson
Communions avec nos morts sur l'aire de danse
Qu'ont foulée leurs chevaux de possession
Qui nous tiennent encore en bride
Et contiennent nos ombres.

Je me présente : Orphée
Je bombe le torse et je te dévisage
Tu te présentes : Eurydice
Tu te déhanches avec malice et tu me toises.
Un, deux,
Un, deux, trois...
Un, deux, trois,
Un, deux...
Mélangeons les syncopes,
Pervertissons la parade,
Convoquons un nouveau rituel,
Désarticulons la chorégraphie,
Nos corps interchangeables fusionnent
En une seule ombre :
Tu m'aguiches,
Je trémousse des épaules,
Tu m'habilles et déshabilles de tes passes,
Et je te chevauche de mon foulard écarlate en miroir inversé.
Viens en marchant
Dansons, marchons,
Suivons la clave
Vêtus de blanc
Gratifions nos petites morts d'une rumba
Plions, élevons, sautons, cabriolons
Retombons, tortillons, détortillons
Cambre le dos que je me déhanche !

Entre postures et figures
Improvisons, rusons, sautons-matons
Caracolons
Dans le chaud tempo
Des trois tambours de la rumba.
Et si je te vaccine
A l'improviste
Dérobe-toi, esquive-toi, nargue-moi
Pour que nos petites morts applaudissent à tout rompre
Leurs virtuoses
Et tortillent elles aussi du croupion .
À J.-K. Huysmans.


Il fait nuit dans la chambre étroite et froide où l'homme

Vient de rentrer, couvert de neige, en blouse, et comme

Depuis trois jours il n'a pas prononcé deux mots,

La femme a peur et fait des signes aux marmots.


Un seul lit, un bahut disloqué, quatre chaises,

Des rideaux jadis blancs conchiés des punaises,

Une table qui va s'écroulant d'un côté, -

Le tout navrant avec un air de saleté.


L'homme, grand front, grands yeux pleins d'une sombre flamme

A vraiment des lueurs d'intelligence et d'âme

Et c'est ce qu'on appelle un solide garçon.

La femme, jeune encore, est belle à sa façon.


Mais la Misère a mis sur eux sa main funeste,

Et perdant par degrés rapides ce qui reste

En eux de tristement vénérable et d'humain,

Ce seront la femelle et le mâle, demain.


Tous se sont attablés pour manger de la soupe

Et du boeuf, et ce tas sordide forme un groupe

Dont l'ombre à l'infini s'allonge tout autour

De la chambre, la lampe étant sans abat-jour.


Les enfants sont petits et pâles, mais robustes

En dépit des maigreurs saillantes de leurs bustes

Qui disent les hivers passés sans feu souvent

Et les étés subis dans un air étouffant.


Non **** d'un vieux fusil rouillé qu'un clou supporte

Et que la lampe fait luire d'étrange sorte,

Quelqu'un qui chercherait longtemps dans ce retrait

Avec l'oeil d'un agent de police verrait


Empilés dans le fond de la boiteuse armoire,

Quelques livres poudreux de « science » et d'« histoire »,

N, Et sous le matelas, cachés avec grand soin,

Des romans capiteux cornés à chaque coin.


Ils mangent cependant. L'homme, morne et farouche,

Porte la nourriture écoeurante à sa bouche

D'un air qui n'est rien moins nonobstant que soumis,

Et son eustache semble à d'autres soins promis.


La femme pense à quelque ancienne compagne,

Laquelle a tout, voiture et maison de campagne,

Tandis que les enfants, leurs poings dans leurs yeux clos,

Ronflant sur leur assiette imitent des sanglots.

— The End —