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EM Dec 2014
Il avait le regard le plus doux qu'elle n'aie jamais vu et un sourire a en mourir.. pour combien de temps celui ci va t'il durer? Ce demande -elle en le contemplant.. Elle adorait le regarder entrain d’étudier. elle trouvait un grand charme dans son côté travailleur. Les opposés s'attirent se dit elle avec un léger sourire.. Évidement ils étaient des opposés. Il était romantique, elle ne l'était pas. Il était sérieux, elle ne l'était pas du tout. Il aimait le chocolat blanc, elle le détestait. Il aimait le whisky, elle ne le supportait pas.. mais pourtant il a su la conquérir: ce qu'elle n'aimait pas admettre; elle a toujours essayer d'éviter l'amour qui, pour elle, était un synonyme de peine et misère, dieu sait que sa dernière -et d’ailleurs première- confrontation avec ce dernier n'as pas était des plus joyeuse et elle aurait préférer mourir mille fois avant de retomber dans ce tourbillon de pleurs et d'agonie amoureuse, mais pourtant maintenant plus que tout elle adorait sa présence, entendre sa respiration de bébé, son rire, ses mots doux, son tout, elle l'adorait finalement lui ,car, voyez vous, certains gens donnent valeur au choses, certains gens on devrait jamais les laisser partir, certains gens méritent tout l'amour qu'on leur donne, ils rendent les choses meilleur, ils sont tout simplement des anges, des cadeaux de dieu et lui faisait partie de ces gens ce qui fait qu'il a vite pris une place dans son cœur en dissipant ses doutes et ses peurs, prenant possession complète de celui ci et a fait de sa présence un élément indispensable chez elle, qui trouvait quelque chose de dévastateur, voir effrayant dans son absence.. tel faire face à sa plus grande peur.. un mélange de tristesse, de peur, de curiosité et en même temps un immense vide s'emparent d'elle a chaque fois qu'il s'en va..  elle ne sait pas, elle ne sait juste pas comment ce gars est devenu si important, si vital pour elle mais il l'est, peut être serait-il "le bon"? elle l’espérait anxieusement. elle avait hâte de se réveiller chaque matin a ses cotés, de passer ses jours avec lui ayant des fous rires, parlant de tout et de rien, jouant comme des gamins, construisant leurs rêves ensemble et de passer ses nuits a lui faire passionnément l'amour ou a se blottir dans ses bras en attendant que Morphée vienne l'emmener ****, **** dans un monde ou elle rêvera de lui, de ses lèvres parfaites, de sa douce barbe et  la chaleur de son enlacement. oui, elle avait hâte pour tout ça, elle avait hâte pour lui, mais quelque chose en elle, un monstre habitant les pénombres de son âme, lui disait de se méfier et de prendre ses distances avec lui, se monstre était sa raison. dans le monde fou, absurde, empirique, irrationnel, farfelue,fantaisiste, antilogique, et confus de l'amour la raison est un monstre désastreux, se trouvant alors déchirée entre son idiot de cœur et sa stricte raison elle se rappela de quelque chose qu'il lui a dit. "quand j'ai des doutes,quand des questions mal saines me tiennent, quand n'importe quel chose arrive, je ne donne a moi même qu'une seule repense, je me dit que je t'aime, et cela est toujours suffisant pour faire disparaître tout de mal, rien d'autre n'as d'importance" "je l'aime" se dit-elle alors écrasant le monstre de son jugement et en se rapprochant de lui avec un regard coquin qui en disait long sur ses intentions pour ce soir.
Mon coeur, lassé de tout, même de l'espérance,
N'ira plus de ses voeux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort.

Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée :
Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais,
Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
Me couvrent tout entier de silence et de paix.

Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure
Tracent en serpentant les contours du vallon ;
Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure,
Et non **** de leur source ils se perdent sans nom.

La source de mes jours comme eux s'est écoulée ;
Elle a passé sans bruit, sans nom et sans retour :
Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée
N'aura pas réfléchi les clartés d'un beau jour.

La fraîcheur de leurs lits, l'ombre qui les couronne,
M'enchaînent tout le jour sur les bords des ruisseaux,
Comme un enfant bercé par un chant monotone,
Mon âme s'assoupit au murmure des eaux.

Ah ! c'est là qu'entouré d'un rempart de verdure,
D'un horizon borné qui suffit à mes yeux,
J'aime à fixer mes pas, et, seul dans la nature,
A n'entendre que l'onde, à ne voir que les cieux.

J'ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie ;
Je viens chercher vivant le calme du Léthé.
Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l'on oublie :
L'oubli seul désormais est ma félicité.

Mon coeur est en repos, mon âme est en silence ;
Le bruit lointain du monde expire en arrivant,
Comme un son éloigné qu'affaiblit la distance,
A l'oreille incertaine apporté par le vent.

D'ici je vois la vie, à travers un nuage,
S'évanouir pour moi dans l'ombre du passé ;
L'amour seul est resté, comme une grande image
Survit seule au réveil dans un songe effacé.

Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile,
Ainsi qu'un voyageur qui, le coeur plein d'espoir,
S'assied, avant d'entrer, aux portes de la ville,
Et respire un moment l'air embaumé du soir.

Comme lui, de nos pieds secouons la poussière ;
L'homme par ce chemin ne repasse jamais ;
Comme lui, respirons au bout de la carrière
Ce calme avant-coureur de l'éternelle paix.

Tes jours, sombres et courts comme les jours d'automne,
Déclinent comme l'ombre au penchant des coteaux ;
L'amitié te trahit, la pitié t'abandonne,
Et seule, tu descends le sentier des tombeaux.

Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime ;
Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.

De lumière et d'ombrage elle t'entoure encore :
Détache ton amour des faux biens que tu perds ;
Adore ici l'écho qu'adorait Pythagore,
Prête avec lui l'oreille aux célestes concerts.

Suis le jour dans le ciel, suis l'ombre sur la terre ;
Dans les plaines de l'air vole avec l'aquilon ;
Avec le doux rayon de l'astre du mystère
Glisse à travers les bois dans l'ombre du vallon.

Dieu, pour le concevoir, a fait l'intelligence :
Sous la nature enfin découvre son auteur !
Une voix à l'esprit parle dans son silence :
Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur ?
Dieu fit votre corps noble et votre âme charmante.
Le corps sort de la terre et l'âme aspire aux cieux ;
L'un est un amoureux et l'autre est une amante.

Dans la paix d'un jardin vaste et délicieux,
Dieu souffla dans un peu de boue un peu de flamme,
Et le corps s'en alla sur ses pieds gracieux.

Et ce souffle enchantait le corps, et c'était l'âme
Qui, mêlée à l'amour des bêtes et des bois,
Chez l'homme adorait Dieu que contemplait la femme.

L'âme rit dans les yeux et vole avec la voix,
Et l'âme ne meurt pas, mais le corps ressuscite,
Sortant du limon noir une seconde fois.

Dieu fit suave et beau votre corps immortel :
Les jambes sont les deux colonnes de ce temple,
Les genoux sont la chaise et le buste est l'autel.

Et la ligne du torse, à son sommet plus ample,
Comme aux flancs purs de vase antique, rêve et court
Dans l'ordre harmonieux dont la lyre est l'exemple.

Pendant qu'un hymne à Dieu, dans un battement court,
Comme au coeur de la lyre une éternelle phrase,
Chante aux cordes du coeur mélodieux et sourd.

Des épaules, planant comme les bords du vase,
La tête émerge, et c'est une adorable fleur
Noyée en une longue et lumineuse extase.

Si l'âme est un oiseau, le corps est l'oiseleur.
Le regard brûle au fond des yeux qui sont des lampes
Où chaque larme douce est l'huile de douleur.

La mesure du temps tinte aux cloisons des tempes ;
Et les bras longs aux mains montant au firmament
Ont charitablement la sûreté des rampes.

Le coeur s'embrase et fond dans leur embrasement,
Comme sous les pressoirs fond le fruit de la vigne,
Et sur les bras croisés vit le recueillement.

Ni les béliers frisés ni les plumes de cygne,
Ni la crinière en feu des crieurs de la faim
N'effacent ta splendeur, ô chevelure insigne,

Faite avec l'azur noir de la nuit, ou l'or fin
De l'aurore, et sur qui nage un parfum farouche,
Où la femme endort l'homme en une mer sans fin.

Rossignol vif et clair, grave et sonore mouche
Frémis ou chante au bord des lèvres, douce voix !
Douce gloire du rire, épanouis la bouche !

Chaque chose du corps est soumise à tes lois,
Dieu grand, qui fais tourner la terre sous ton geste,
Dans la succession régulière des mois.

Tes lois sont la santé de ce compagnon leste
De l'âme, ainsi qu'un rythme est l'amour de ses pas,
Mais l'âme solitaire est joyeuse où Dieu reste.

La souffrance du corps s'éteint dans le trépas,
Mais la douleur de l'âme est l'océan sans borne ;
Et ce sont deux présents que l'on estime pas.

Oh ! ne négligez pas votre âme ! L'âme est morne
Que l'on néglige, et va s'effaçant, comme au jour
Qui monte le croissant voit s'effacer sa corne.

Et le corps, pour lequel l'âme n'a pas d'amour,
Dans la laideur, que Dieu condamne, s'étiole,
Comme un fou relégué dans le fond d'une cour.

La grâce de votre âme éclôt dans la parole,
Et l'autre dans le geste, aimant les frais essors,
Au vêtement léger comme une âme qui vole.

Sachez aimer votre âme en aimant votre corps,
Cherchez l'eau musicale aux bains de marbre pâle,
Et l'onde du génie au coeur des hommes forts.

Mêlez vos membres lourds de fatigue, où le hâle
De la vie imprima son baiser furieux,
Au gémissement frais que la Naïade exhale ;

Afin qu'au jour prochain votre corps glorieux,
Plus léger que celui des Mercures fidèles,
Monte à travers l'azur du ciel victorieux.

Dans l'onde du génie, aux sources sûres d'elles,
Plongez votre âme à nu, comme les bons nageurs,
Pour qu'elle en sorte avec la foi donneuse d'ailes !

Dans la nuit, vers une aube aux divines rougeurs,
Marchez par le sentier de la bonne habitude,
Soyez de patients et graves voyageurs.

Que cette jeune soeur charmante de l'étude
Et du travail tranquille et ***, la Chasteté,
Parfume vos discours et votre solitude.

La pâture de l'âme est toute vérité ;
Le corps, content de peu, cueille une nourriture
Dans le baiser mystique où règne la beauté.

Puisque Dieu répandit l'homme dans la nature,
Sachez l'aimer en vous, et d'abord soyez doux
A vous-mêmes, et doux à toute créature.

Si vous ne vous aimez en Dieu, vous aimez-vous ?
Comme une femme, hélas ! vous change !
Ainsi, moi... je fume toujours,
Je ris, je dors, je bois, et mange,
Mais tu m'as rendu bien étrange,
Et de tous les fils, le plus lourd.

Un fils qui foule au pied sa mère,
Ce que le dernier des troupiers
Au pas accéléré peut faire,
Qui s'oublie, ô folie amère,
Jusqu'à l'écraser sous ses pieds !

Eh ! oui, je foule aux pieds la Terre
Qu'à deux genoux a su baiser
Un Romain plein d'amour sévère,
Brutus, que j'appelle mon frère,
J'ai pu quelquefois l'écraser.

Écraser qui ? la Terre où l'homme ?
Les deux, n'en soyons pas surpris :
Le Temps est le grand agronome ;
Il peut aux poussières de Rome
Mêler les cendres de Paris.

Oui, la Terre en travail et soûle,
Notre Mère à tous, n'est-ce pas ?
Mère des fous et de la foule,
Et dont on mange, je la foule
Amoureusement sous mes pas.

Car cette Mère elle ne gronde
Jamais ses fils, et nous avons
Son sang qui circule à la ronde,
Le vin rose et la bière blonde
Dans les verres où nous buvons.

Quant à la vraie ou bien la fausse,
Nous dirons comme nous voudrons,
Elle est morte, elle est dans sa fosse,
Je n'en pleure ni ne m'en gausse
Dans la fosse où nous pourrirons.

C'était une enfant de Pourrières,
Village battu des grands vents,
Où toutes peuvent passer, fières,
De leurs magnifiques derrières
Aussi crânes que leurs devants.

Elle m'adorait pas des flottes !
C'est **** comme les fonds usés,
Les premiers fonds de mes culottes.
Elle m'a foutu deux... calottes
Elle qui comptait les baisers.

Et pourquoi ? Tenez, je m'essuie
Encore, en vous le racontant
(Je cesserai si ça t'ennuie),
C'est parce qu'un beau jour de pluie
J'étais revenu « tout coulant ».

Encor si c'était la férule !
Mais la main sur la joue, ah ! non !
Bon pour un homme, s'il recule.
L'autre au moins, c'est chaud, ça vous brûle
Pas bien **** du... petit couillon.

Elle s'appelait Augustine
Silvy, beau nom, grand et gaillard,
D'une source, on dirait, latine ;
Elle est morte de la poitrine
Malgré tous les secours de l'art.

Elle était charmante et divine,
Comme l'aveugle et le vieillard.
Je sais que sa jambe était fine,
Je trouve un jour ses bas, ma fine,
Je les mis... pour l'amour de l'art.

Elle me lisait quoi ? devine
Les vers du Petit Savoyard !
Autant mourir de la poitrine.
C'est dans ces vers que se dessine
Ma mère (oh ! c'est rempli d'art)

Qui dit, nom de Dieu de mâtine !
Va-t'en à son enfant qui part !
Autant mourir de la poitrine !
Ce qu'elle fit. J'usai sa mine
De bas noirs, pour l'amour de l'art.

Elle n'avait, ma Valentine,
Pas le quart de ton cœur... le quart !
Le cinquième, dans sa poitrine !
Si je mis ses bas, imagine
Que ce fut pour l'amour de l'art.

Tiens ! qu'entends-je ? mais, là, sans rire...
« Excusez-vous » ce n'est pas Toi,
N'est-il pas vrai, qui l'a pu dire ?
Serait-ce... son ton... plein d'empire ?
Eh ! bien : Madame... excusez-moi.
Je veux en vider un grand litre.
C'est très chic le cidre, et d'abord
C'est le tien ! je l'aime à ce titre.
Il est clair, derrière sa vitre,
Comme une aube des Ciels du Nord.

C'était le cidre de Corneille,
Ne pas confondre avec le Cid :
Le premier sort de la bouteille,
L'autre, le casque sur l'oreille,
Doit venir de Valladolid.

C'était le cidre de Guillaume,
Duc des Normands pleins de valeur,
Qui fit, sur leur nouveau royaume,
Flotter les plumes de son heaume,
Plus doux que les pommiers en fleur !

Ah ! vos pommiers criblés de pommes,
Savez-vous qu'ils ne sont pas laids !
Il me semble que nous y sommes,
Non **** des flots, où sont les hommes,
Près du sable, où sont les mollets.

Et les pommes donc ! qui n'adore
Leurs jolis rouges triomphants !
Qu'elles soient deux ou plus encore ;
Sans les pommes que l'on dévore,
Personne ne ferait d'enfants.

L'humanité serait peu flère ;
Vos cœurs, Femmes, seraient glacés.
Sans les pommes... qu'avait ton père,
Sans celles qu'adorait ma mère
Oh !... plutôt trop, que pas assez.

Ah ! bienheureuses sont les branches,
Qui cachent, dans leur *** fouillis,
Le cidre d'Harfleur ou d'Avranches,
Que l'on boit gaiement, les dimanches,
Aux cabarets de ton pays !

Et bienheureux sont ceux qui portent
Ces fruits dans toutes leurs saveurs ;
Que jamais, jamais ils n'avortent,
Puisque aussi bien c'est d'eux que sortent
Les Buveuses et les Buveurs !
Une linotte avait un fils
Qu'elle adorait, selon l'usage,
C'était l'unique fruit du plus doux mariage,
Et le plus beau linot qui fût dans le pays.
Sa mère en était folle, et tous les témoignages
Que peuvent inventer la tendresse et l'amour
Étaient pour cet enfant épuisés chaque jour.
Notre jeune linot, fier de ces avantages,
Se croyait un phénix, prenait l'air suffisant,
Tranchait du petit important
Avec les oiseaux de son âge,
Persiflait la mésange ou bien le roitelet,
Donnait à chacun son paquet,
Et se faisait haïr de tout le voisinage.
Sa mère lui disait :
Mon cher fils, sois plus sage,
Plus modeste surtout.
Hélas ! je conçois bien
Les dons, les qualités qui furent ton partage :
Mais feignons de n'en savoir rien,
Pour qu'on les aime davantage.
A tout cela notre linot
Répondait par quelque bon mot.
La mère en gémissait dans le fond de son âme.
Un vieux merle, ami de la dame,
Lui dit : Laissez aller votre fils au grand bois,
Je vous réponds qu'avant un mois
Il sera sans défauts. Vous jugez des alarmes
De la mère, qui pleure et frémit du danger.
Mais le jeune linot brûlait de voyager :
Il partit donc malgré ses larmes.
A peine est-il dans la forêt,
Que notre petit personnage
Du pivert entend le ramage,
Et se moque de son fausset.
Le pivert, qui prit mal cette plaisanterie,
Vient à bons coups de bec plumer le persifleur.
Et, deux jours après, une pie,
Le dégoûte à jamais du métier de railleur.
Il lui restait encor la vanité secrète
De se croire excellent chanteur
Le rossignol et la fauvette
Le guérirent de son erreur.
Bref, il retourna chez sa mère
Doux, poli, modeste et charmant.
Ainsi l'adversité fit, dans un seul moment,
Ce que tant de leçons n'avaient jamais pu faire.
Enfant, on vous dira plus **** que le grand-père
Vous adorait ; qu'il fit de son mieux sur la terre,
Qu'il eut fort peu de joie et beaucoup d'envieux,
Qu'au temps où vous étiez petits il était vieux,
Qu'il n'avait pas de mots bourrus ni d'airs moroses,
Et qu'il vous a quittés dans la saison des roses ;
Qu'il est mort, que c'était un bonhomme clément ;
Que, dans l'hiver fameux du grand bombardement,
Il traversait Paris tragique et plein d'épées,
Pour vous porter des tas de jouets, des poupées,
Et des pantins faisant mille gestes bouffons ;
Et vous serez pensifs sous les arbres profonds.

Le 1er janvier 1871.
Ami, tu me dis : « Joie extrême !
Donc, ce matin, comblant ton voeu,
Rougissante, elle a dit : Je t'aime !
Devant l'aube, cet autre aveu.

Ta victoire, tu la dévoiles.
On t'aime, ô Léandre, ô Saint-Preux,
Et te voilà dans les étoiles,
Sans parachute, malheureux ! »

Et tu souris. Mais que m'importe !
Ton sourire est un envieux.
Sois *** ; moi, ma tristesse est morte.
Rire c'est bien, aimer c'est mieux.

Tu me croyais plus fort en thème,
N'est-ce pas ? tu te figurais
Que je te dirais : Elle m'aime,
Défions-nous, et buvons frais.

Point. J'ai des manières étranges ;
On fait mon bonheur, j'y consens ;
Je vois là-haut passer des anges
Et je me mêle à ces passants.

Je suis ingénu comme Homère,
Quand cet aveugle aux chants bénis
Adorait la mouche éphémère
Qui sort des joncs de l'Hypanis.

J'ai la foi. Mon esprit facile
Dès le premier jour constata
Dans la Sologne une Sicile,
Une Aréthuse en Rosita.

Je ne vois point dans une femme
Un filou, par l'ombre enhardi.
Je ne crois pas qu'on prenne une âme
Comme on vole un maravedi.

La supposer fausse, et plâtrée,
Non, justes dieux ! je suis épris.
Je ne commence point l'entrée
Au paradis, par le mépris.

Je lui donne un coeur sans lui dire :
Rends-moi la monnaie ! - Et je crois
À sa pudeur, à mon délire,
Au bleu du ciel, aux fleurs des bois.

J'entre en des sphères idéales
Sans fredonner le vieux pont-neuf
De Villon aux piliers des Halles
Et de Fronsac à l'Oeil-de-Boeuf.

Je m'enivre des harmonies
Qui, de l'azur, à chaque pas,
M'arrivent, claires, infinies,
Joyeuses, et je ne crois pas

Que l'amour trompe nos attentes,
Qu'un bien-aimé soit un martyr,
Et que toutes ces voix chantantes
Descendent du ciel pour mentir.

Je suis rempli d'une musique ;
Je ne sens point, dans mes halliers,
La désillusion classique
Des vieillards et des écoliers.

J'écoute en moi l'hymne suprême
De mille instruments triomphaux
Qui tous répètent qu'elle m'aime,
Et dont pas un ne chante faux.

Oui, je t'adore ! oui, tu m'adores !
C'est à ces mots-là que sont dus
Tous ces vagues clairons sonores
Dans un bruit de songe entendus.

Et, dans les grands bois qui m'entourent,
Je vois danser, d'un air vainqueur,
Les cupidons, gamins qui courent
Dans la fanfare du coeur.

— The End —