Chaque fois que j 'escalade Les parois des mots vers les pics inviolés J 'emmène avec moi dans l'expédition Mon éclaireuse d'élite.
Ma sherpa me guide et me prévient Des chutes de sérac et des avalanches, Cuisine les rimes embrassées, porte les alexandrins Installe le campement des rimes embrassantes.
Alors elle se repose sous sa tente Et, satisfaite, cure sa pipe Tout en fredonnant inconsciemment Ses deux quatrains suivis de deux tercets Tandis que que moi je suçote Mes surelles poétiques confites. . Ma pisteuse pose ses pitons et ses broches à glace Dans l 'ombre des cimes Sans oxygène sans assistance Dans les nuages de la haute poésie.
Nous avons ainsi planté nos sonnets Dans les vingt-et-un sommets continentaux Ma sherpa c'est mieux qu 'un sur-homme C'est une sur-femme, une sur-muse Une sur-déesse Une vieille briscarde C'est Junko Tabei et Bachendri Pal Et après chaque sommet qu 'elle franchit Sans désagrément Elle se retire sous sa tente Et, satisfaite, cure sa pipe Tout en fredonnant inconsciemment Ses deux quatrains suivis de deux tercets Tandis que moi je suçote Mes surelles poétiques confites.
Parfois la chute d'un sérac imprévisible Nous emporte, nous ensevelit et nous broie presque Mais jamais ma sherpa ne se départit de sa pipe Ni moi de mes surelles Dans nos joutes poétiques.