Je t'aime à vol d'oiseau Et j'évalue la distance Qui nous sépare de l'irréversible, De l'irréparable, De l'incommensurable, Ombre déplumée de nous-même. Je t'aime à tire d'aile Et de mots en mots je plane nu Sur un tapis magique de nourritures lubriques Vers des planètes volcaniques Sans laves ni cratères.
Je t'aime comme l'alouette, gentille alouette, Je te plume le bec divin Je te plume le dos angélique Je te plume le cou céleste Et le cou et le dos et le bec Je te plume la nuque diabolique Je te plume les fossettes virginales Et le talon d'Achille ensorceleur Et la toison du Mont de Venus paradisiaque Et les lèvres et les doigts féeriques A distance réglementaire.
Je te plume l'ombre et je garde mes écarts Au pas cadencé de ma transe Et chaque plume arrachée est comme un baiser Sinon volé du moins emprunté Aux mythes obscurs qui nous ont devancés. Et chaque plume plongée dans l'encrier S'imbibe des amours lubriques de jadis Qui se nouèrent entre vie et trépas Entre les draps et oreillers de la page blanche Dont se nourrissent mutuellement les muses et les poètes.