Ce ne sont qu'horizons calmes et pacifiques ; On voit sur les coteaux des chasses magnifiques ; Le reste du pays, sous le ciel gris ou bleu, Est une plaine avec une église au milieu. Un lierre monstrueux à tige arborescente Qui sort de l'herbe, ainsi qu'une griffe puissante, Comme un des mille bras de Cybèle au front vert, Semble, en ce champ aride et de ronces couvert, Avoir un jour saisi l'église solitaire, Et la tirer d'en bas lentement dans la terre. Tour, arcs-boutants, chevet, portail aux larges fûts, Il cache et ronge tout sous ses rameaux touffus. Sans doute que dans l'ombre il parle à ces murailles Et qu'il leur dit : « Jadis vous-dormiez aux entrailles Des collines d'où l'homme arrache incessamment Le marbre, le granit, l'argile et le ciment. Ô pierres, vous devez être lasses d'entendre Les hommes bourdonner, les orages s'épandre, Et les cloches d'airain gémir dans les clochers. Redevenez cailloux, galets, débris, rochers ! Dans la terre au flanc noir retombez pêle-mêle ! Rentrez au sein profond de l'aïeule éternelle ! »