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La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles

Est une œuvre de choix qui veut beaucoup d'amour :

Rester *** quand le jour triste succède au jour,

Être fort, et s'user en circonstances viles ;


N'entendre, n'écouter aux bruits des grandes villes

Que l'appel, ô mon Dieu, des cloches dans la tour,

Et faire un de ces bruits soi-même, cela pour

L'accomplissement vil de tâches puériles ;


Dormir chez les pécheurs étant un pénitent ;

N'aimer que le silence et converser pourtant

Le temps si grand dans la patience si grande,


Le scrupule naïf aux repentirs têtus,

Et tous ces soins autour de ces pauvres vertus !

- Fi, dit l'Ange Gardien, de l'orgueil qui marchande !
Paul Arrighi Mar 2014
Notre ami, le Mouflon

Parfois ses cornes tire-bouchon e font ressembler le mâle à un faune farceur,
Peu haut sur pattes mais véloce, le Mouflon se révèle un remarquable Athlète bondissant de rochers en rochers,
Escaladant les rocs avec effronterie, il se   rend parfois en été ou lorsque la nourriture se fait rare, au cœur des clairières et dans le creux des vals
Pour goûter avec gourmandise ces mets de choix que sont pour lui les baies, glands, faînes, châtaignes et surtout les mannes du frêne à fleurs,
Le Mouflon est, avant tout animal des cimes et des à-pics ; il est aimant de tous les lieux inaccessibles sans le secours de jumelles ou de téléobjectifs.

Pour Mouflons et Mouflonnes, la saison de l’amour est l’automne ce qui révèle un goût de seigneur,
Car la vêture des clairières est alors rougeoyante de beauté, à l’instar de tapis persans,
Le Mouflon ne serait-il pas animal sauvage certes mais romantique car il se plait à admirer l’encolure des Mouflonnes, qui s’harmonise si bien avec les couleurs automnales ;  
Mais pour les Mouflons, le plaisir d’amour doit rester subtil et ne pas verser dans ces luttes meurtrières : l’ami Mouflon est un épicurien qui donne leçon de sagesse à tous les jaloux.

Le Mouflon fut longtemps, le maître des Montagnes et du maquis Corse qu'il ne partageait qu'avec l’aigle royal, les sangliers les plus hardis et quelques bandits ou patriotes traqués,
Mais trop chassé par certains Hommes, dépourvus de sagesse et à la gâchette trop faciles, il faillit disparaître de son île emblématique.
Aujourd'hui il revient de l'île sœur, la Sardaigne, mais reste encore plus caché dans quelques massifs impénétrables comme le «Monte Cinto» et les «aiguilles de Bavella».
C’est ainsi que la Corse retrouve l'un de ses plus beaux animaux dont le nom de ses enfants, "I Muvrini", a fait le tour des scènes du Monde pour magnifier son emblème et sa terre nourricière, la Corse.
Paul Arrighi
« Amis et frères ! en présence de ce gouvernement infâme, négation de toute morale, obstacle à tout progrès social, en présence de ce gouvernement meurtrier du peuple, assassin de la République et violateur des lois, de ce gouvernement né de la force et qui doit périr par la force, de ce gouvernement élevé par le crime et qui doit être terrassé par le droit, le français digne du nom de citoyen ne sait pas, ne veut pas savoir s'il y a quelque part des semblants de scrutin, des comédies de suffrage universel et des parodies d'appel à la nation ; il ne s'informe pas s'il y a des hommes qui votent et des hommes qui font voter, s'il y a un troupeau qu'on appelle le sénat et qui délibère et un autre troupeau qu'on appelle le peuple et qui obéit ; il ne s'informe pas si le pape va sacrer au maître-autel de Notre-Dame l'homme qui - n'en doutez pas, ceci est l'avenir inévitable - sera ferré au poteau par le bourreau ; - en présence de M. Bonaparte et de son gouvernement, le citoyen digne de ce nom ne fait qu'une chose et n'a qu'une chose à faire : charger son fusil, et attendre l'heure.

Jersey, le 31 octobre 1852.


Déclaration des proscrits républicains de Jersey, à propos de l'empire, publiée par le Moniteur, signée pour copie conforme :

VICTOR HUGO, FAURE, FOMBERTAUX.


« Nous flétrissons de l'énergie la plus vigoureuse de notre âme les ignobles et coupables manifestes du Parti du Crime. »

(RIANCEY, JOURNAL L'UNION, 22 NOVEMBRE.)

« Le Parti du Crime relève la tête. »

(TOUS LES JOURNAUX ÉLYSÉENS EN CHOEUR.)



Ainsi ce gouvernant dont l'ongle est une griffe,
Ce masque impérial, Bonaparte apocryphe,
À coup sûr Beauharnais, peut-être Verhueil,
Qui, pour la mettre en croix, livra, sbire cruel,
Rome républicaine à Rome catholique,
Cet homme, l'assassin de la chose publique,
Ce parvenu, choisi par le destin sans yeux,
Ainsi, lui, ce glouton singeant l'ambitieux,
Cette altesse quelconque habile aux catastrophes,
Ce loup sur qui je lâche une meute de strophes,
Ainsi ce boucanier, ainsi ce chourineur
À fait d'un jour d'orgueil un jour de déshonneur,
Mis sur la gloire un crime et souillé la victoire
Il a volé, l'infâme, Austerlitz à l'histoire ;
Brigand, dans ce trophée il a pris un poignard ;
Il a broyé bourgeois, ouvrier, campagnard ;
Il a fait de corps morts une horrible étagère
Derrière les barreaux de la cité Bergère ;
Il s'est, le sabre en main, rué sur son serment ;
Il a tué les lois et le gouvernement,
La justice, l'honneur, tout, jusqu'à l'espérance
Il a rougi de sang, de ton sang pur, ô France,
Tous nos fleuves, depuis la Seine jusqu'au Var ;
Il a conquis le Louvre en méritant Clamar ;
Et maintenant il règne, appuyant, ô patrie,
Son vil talon fangeux sur ta bouche meurtrie
Voilà ce qu'il a fait ; je n'exagère rien ;
Et quand, nous indignant de ce galérien,
Et de tous les escrocs de cette dictature,
Croyant rêver devant cette affreuse aventure,
Nous disons, de dégoût et d'horreur soulevés :
- Citoyens, marchons ! Peuple, aux armes, aux pavés !
À bas ce sabre abject qui n'est pas même un glaive !
Que le jour reparaisse et que le droit se lève ! -
C'est nous, proscrits frappés par ces coquins hardis,
Nous, les assassinés, qui sommes les bandits !
Nous qui voulons le meurtre et les guerres civiles !
Nous qui mettons la torche aux quatre coins des villes !

Donc, trôner par la mort, fouler aux pieds le droit
Etre fourbe, impudent, cynique, atroce, adroit ;
Dire : je suis César, et n'être qu'un maroufle
Etouffer la pensée et la vie et le souffle ;
Forcer quatre-vingt-neuf qui marche à reculer ;
Supprimer lois, tribune et presse ; museler
La grande nation comme une bête fauve ;
Régner par la caserne et du fond d'une alcôve ;
Restaurer les abus au profit des félons
Livrer ce pauvre peuple aux voraces Troplongs,
Sous prétexte qu'il fut, **** des temps où nous sommes,
Dévoré par les rois et par les gentilshommes
Faire manger aux chiens ce reste des lions ;
Prendre gaîment pour soi palais et millions ;
S'afficher tout crûment satrape, et, sans sourdines,
Mener joyeuse vie avec des gourgandines
Torturer des héros dans le bagne exécré ;
Bannir quiconque est ferme et fier ; vivre entouré
De grecs, comme à Byzance autrefois le despote
Etre le bras qui tue et la main qui tripote
Ceci, c'est la justice, ô peuple, et la vertu !
Et confesser le droit par le meurtre abattu
Dans l'exil, à travers l'encens et les fumées,
Dire en face aux tyrans, dire en face aux armées
- Violence, injustice et force sont vos noms
Vous êtes les soldats, vous êtes les canons ;
La terre est sous vos pieds comme votre royaume
Vous êtes le colosse et nous sommes l'atome ;
Eh bien ! guerre ! et luttons, c'est notre volonté,
Vous, pour l'oppression, nous, pour la liberté ! -
Montrer les noirs pontons, montrer les catacombes,
Et s'écrier, debout sur la pierre des tombes.
- Français ! craignez d'avoir un jour pour repentirs
Les pleurs des innocents et les os des martyrs !
Brise l'homme sépulcre, ô France ! ressuscite !
Arrache de ton flanc ce Néron parasite !
Sors de terre sanglante et belle, et dresse-toi,
Dans une main le glaive et dans l'autre la loi ! -
Jeter ce cri du fond de son âme proscrite,
Attaquer le forban, démasquer l'hypocrite
Parce que l'honneur parle et parce qu'il le faut,
C'est le crime, cela ! - Tu l'entends, toi, là-haut !
Oui, voilà ce qu'on dit, mon Dieu, devant ta face !
Témoin toujours présent qu'aucune ombre n'efface,
Voilà ce qu'on étale à tes yeux éternels !

Quoi ! le sang fume aux mains de tous ces criminels !
Quoi ! les morts, vierge, enfant, vieillards et femmes grosses
Ont à peine eu le temps de pourrir dans leurs fosses !
Quoi ! Paris saigne encor ! quoi ! devant tous les yeux,
Son faux serment est là qui plane dans les cieux !
Et voilà comme parle un tas d'êtres immondes
Ô noir bouillonnement des colères profondes !

Et maint vivant, gavé, triomphant et vermeil,
Reprend : « Ce bruit qu'on fait dérange mon sommeil.
Tout va bien. Les marchands triplent leurs clientèles,
Et nos femmes ne sont que fleurs et que dentelles !
- De quoi donc se plaint-on ? crie un autre quidam ;
En flânant sur l'asphalte et sur le macadam,
Je gagne tous les jours trois cents francs à la Bourse.
L'argent coule aujourd'hui comme l'eau d'une source ;
Les ouvriers maçons ont trois livres dix sous,
C'est superbe ; Paris est sens dessus dessous.
Il paraît qu'on a mis dehors les démagogues.
Tant mieux. Moi j'applaudis les bals et les églogues
Du prince qu'autrefois à tort je reniais.
Que m'importe qu'on ait chassé quelques niais ?
Quant aux morts, ils sont morts. Paix à ces imbéciles !
Vivent les gens d'esprit ! vivent ces temps faciles
Où l'on peut à son choix prendre pour nourricier
Le crédit mobilier ou le crédit foncier !
La république rouge aboie en ses cavernes,
C'est affreux ! Liberté, droit, progrès, balivernes
Hier encor j'empochais une prime d'un franc ;
Et moi, je sens fort peu, j'en conviens, je suis franc,
Les déclamations m'étant indifférentes,
La baisse de l'honneur dans la hausse des rentes. »

Ô langage hideux ! on le tient, on l'entend !
Eh bien, sachez-le donc ; repus au cœur content,
Que nous vous le disions bien une fois pour toutes,
Oui, nous, les vagabonds dispersés sur les routes,
Errant sans passe-port, sans nom et sans foyer,
Nous autres, les proscrits qu'on ne fait pas ployer,
Nous qui n'acceptons point qu'un peuple s'abrutisse,
Qui d'ailleurs ne voulons, tout en voulant justice,
D'aucune représaille et d'aucun échafaud,
Nous, dis-je, les vaincus sur qui Mandrin prévaut,
Pour que la liberté revive, et que la honte
Meure, et qu'à tous les fronts l'honneur serein remonte,
Pour affranchir romains, lombards, germains, hongrois,
Pour faire rayonner, soleil de tous les droits,
La république mère au centre de l'Europe,
Pour réconcilier le palais et l'échoppe,
Pour faire refleurir la fleur Fraternité,
Pour fonder du travail le droit incontesté,
Pour tirer les martyrs de ces bagnes infâmes,
Pour rendre aux fils le père et les maris aux femmes,
Pour qu'enfin ce grand siècle et cette nation
Sortent du Bonaparte et de l'abjection,
Pour atteindre à ce but où notre âme s'élance,
Nous nous ceignons les reins dans l'ombre et le silence
Nous nous déclarons prêts, prêts, entendez-vous bien ?
- Le sacrifice est tout, la souffrance n'est rien, -
Prêts, quand Dieu fera signe, à donner notre vie
Car, à voir ce qui vit, la mort nous fait envie,
Car nous sommes tous mal sous ce drôle effronté,
Vivant, nous sans patrie, et vous sans liberté !

Oui, sachez-le, vous tous que l'air libre importune
Et qui dans ce fumier plantez votre fortune,
Nous ne laisserons pas le peuple s'assoupir ;
Oui, nous appellerons, jusqu'au dernier soupir,
Au secours de la France aux fers et presque éteinte,
Comme nos grands -aïeux, l'insurrection sainte
Nous convierons Dieu même à foudroyer ceci
Et c'est notre pensée et nous sommes ainsi,
Aimant mieux, dût le sort nous broyer sous sa roue,
Voir couler notre sang que croupir votre boue.

Jersey, le 28 janvier 1853.
Silence ! reprenons les travaux de mon âge.
Que le pinceau docile obéisse à mes doigts,
Des lieux que j'ai quittés qu'il retrace l'image,
Que ma harpe se mêle aux accents de ma voix ;
Sur un brillant tissu, que l'aiguille légère
Arrête les contours d'une fleur passagère.

Oh ! pourquoi, dédaignant ces faciles bonheurs,
Mon âme en murmurant s'envole-t-elle ailleurs ?
Tel mugit un torrent quand son onde écumante,
Dans un lit trop étroit, s'agite et se tourmente ;
Sur de noirs rochers, meurt un impuissant effort.
Et je me brise ainsi contre l'arrêt du sort !
Devant moi, sur la rive, il ferme la barrière,
Et mon âme est captive en son étroite sphère ;
Reculant dans la lutte entre elle et le destin,
Sous la main qui l'écrase elle ronge son frein !

Silence ! reprenons les travaux de mon âge.
Que le pinceau docile obéisse à mes doigts,
Des lieux que j'ai quittés qu'il retrace l'image ;
Que ma harpe se mêle aux accents de ma voix ;
Sur un brillant tissu, que l'aiguille légère
Arrête les contours d'une fleur passagère.

Qu'exiger de la vie ? A-t-elle un seul trésor,
Pour qui le pèserait comme on pèse de l'or ?
Sous la froide analyse et sous la main qui sonde,
S'évente le parfum des bonheurs de ce monde.
La nuit répand son deuil quand le soleil a lui ;
Le bonheur qui brillait se couche comme lui,
Et l'âme qui le sait, se sentant immortelle,
Ne voudrait que des biens qui durassent comme elle.
Elle cherche, formant vingt rêves tour à tour...  
Le monde lui répond par ses bonheurs d'un jour !

Silence ! reprenons les travaux de mon âge.
Que le pinceau docile obéisse à mes doigts,
Des lieux que j'ai quittés qu'il retrace l'image ;
Que ma harpe se mêle aux accents de ma voix ;
Sur un brillant tissu, que l'aiguille légère
Arrête les contours d'une fleur passagère.

Mon âme, calme-toi, reprends un vol plus doux,
Et passe sous le joug d'un sort commun à tous.
I.

Bien ! pillards, intrigants, fourbes, crétins, puissances !
Attablez-vous en hâte autour des jouissances !
Accourez ! place à tous !
Maîtres, buvez, mangez, car la vie est rapide.
Tout ce peuple conquis, tout ce peuple stupide,
Tout ce peuple est à vous !

Vendez l'état ! coupez les bois ! coupez les bourses !
Videz les réservoirs et tarissez les sources !
Les temps sont arrivés.
Prenez le dernier sou ! prenez, gais et faciles,
Aux travailleurs des champs, aux travailleurs des villes !
Prenez, riez, vivez !

Bombance ! allez ! c'est bien ! vivez ! faites ripaille !
La famille du pauvre expire sur la paille,
Sans porte ni volet.
Le père en frémissant va mendier dans l'ombre ;
La mère n'ayant plus de pain, dénûment sombre,
L'enfant n'a plus de lait.

II.

Millions ! millions ! châteaux ! liste civile !
Un jour je descendis dans les caves de Lille
Je vis ce morne enfer.
Des fantômes sont là sous terre dans des chambres,
Blêmes, courbés, ployés ; le rachis tord leurs membres
Dans son poignet de fer.

Sous ces voûtes on souffre, et l'air semble un toxique
L'aveugle en tâtonnant donne à boire au phtisique
L'eau coule à longs ruisseaux ;
Presque enfant à vingt ans, déjà vieillard à trente,
Le vivant chaque jour sent la mort pénétrante
S'infiltrer dans ses os.

Jamais de feu ; la pluie inonde la lucarne ;
L'œil en ces souterrains où le malheur s'acharne
Sur vous, ô travailleurs,
Près du rouet qui tourne et du fil qu'on dévide,
Voit des larves errer dans la lueur livide
Du soupirail en pleurs.

Misère ! l'homme songe en regardant la femme.
Le père, autour de lui sentant l'angoisse infâme
Etreindre la vertu,
Voit sa fille rentrer sinistre sous la porte,
Et n'ose, l'œil fixé sur le pain qu'elle apporte,
Lui dire : D'où viens-tu ?

Là dort le désespoir sur son haillon sordide ;
Là, l'avril de la vie, ailleurs tiède et splendide,
Ressemble au sombre hiver ;
La vierge, rose au jour, dans l'ombre est violette ;
Là, rampent dans l'horreur la maigreur du squelette,
La nudité du ver ;

Là frissonnent, plus bas que les égouts des rues,
Familles de la vie et du jour disparues,
Des groupes grelottants ;
Là, quand j'entrai, farouche, aux méduses pareille,
Une petite fille à figure vieille
Me dit : J'ai dix-huit ans !

Là, n'ayant pas de lit, la mère malheureuse
Met ses petits enfants dans un trou qu'elle creuse,
Tremblants comme l'oiseau ;
Hélas ! ces innocents aux regards de colombe
Trouvent en arrivant sur la terre une tombe
En place d'un berceau !

Caves de Lille ! on meurt sous vos plafonds de pierre !
J'ai vu, vu de ces yeux pleurant sous ma paupière,
Râler l'aïeul flétri,
La fille aux yeux hagards de ses cheveux vêtue,
Et l'enfant spectre au sein de la mère statue !
Ô Dante Alighieri !

C'est de ces douleurs-là que sortent vos richesses,
Princes ! ces dénûments nourrissent vos largesses,
Ô vainqueurs ! conquérants !
Votre budget ruisselle et suinte à larges gouttes
Des murs de ces caveaux, des pierres de ces voûtes,
Du cœur de ces mourants.

Sous ce rouage affreux qu'on nomme tyrannie,
Sous cette vis que meut le fisc, hideux génie,
De l'aube jusqu'au soir,
Sans trêve, nuit et jour, dans le siècle où nous sommes
Ainsi que des raisins on écrase des hommes,
Et l'or sort du pressoir.

C'est de cette détresse et de ces agonies,
De cette ombre, où jamais, dans les âmes ternies,
Espoir, tu ne vibras,
C'est de ces bouges noirs pleins d'angoisses amères,
C'est de ce sombre amas de pères et de mères
Qui se tordent les bras,

Oui, c'est de ce monceau d'indigences terribles
Que les lourds millions, étincelants, horribles,
Semant l'or en chemin,
Rampant vers les palais et les apothéoses,
Sortent, monstres joyeux et couronnés de roses,
Et teints de sang humain !

III.

Ô paradis ! splendeurs ! versez à boire aux maîtres !
L'orchestre rit, la fête empourpre les fenêtres,
La table éclate et luit ;
L'ombre est là sous leurs pieds ! les portes sont fermées
La prostitution des vierges affamées
Pleure dans cette nuit !

Vous tous qui partagez ces hideuses délices,
Soldats payés, tribuns vendus, juges complices,
Évêques effrontés,
La misère frémit sous ce Louvre où vous êtes !
C'est de fièvre et de faim et de mort que sont faites
Toutes vos voluptés !

À Saint-Cloud, effeuillant jasmins et marguerites,
Quand s'ébat sous les fleurs l'essaim des favorites,
Bras nus et gorge au vent,
Dans le festin qu'égaie un lustre à mille branches,
Chacune, en souriant, dans ses belles dents blanches
Mange un enfant vivant !

Mais qu'importe ! riez ! Se plaindra-t-on sans cesse ?
Serait-on empereur, prélat, prince et princesse,
Pour ne pas s'amuser ?
Ce peuple en larmes, triste, et que la faim déchire,
Doit être satisfait puisqu'il vous entend rire
Et qu'il vous voit danser !

Qu'importe ! Allons, emplis ton coffre, emplis ta poche.
Chantez, le verre en main, Troplong, Sibour, Baroche !
Ce tableau nous manquait.
Regorgez, quand la faim tient le peuple en sa serre,
Et faites, au -dessus de l'immense misère,
Un immense banquet !

IV.

Ils marchent sur toi, peuple ! Ô barricade sombre,
Si haute hier, dressant dans les assauts sans nombre
Ton front de sang lavé,
Sous la roue emportée, étincelante et folle,
De leur coupé joyeux qui rayonne et qui vole,
Tu redeviens pavé !

À César ton argent, peuple ; à toi la famine.
N'es-tu pas le chien vil qu'on bat et qui chemine
Derrière son seigneur ?
À lui la pourpre ; à toi la hotte et les guenilles.
Peuple, à lui la beauté de ces femmes, tes filles,
À toi leur déshonneur !

V.

Ah ! quelqu'un parlera. La muse, c'est l'histoire.
Quelqu'un élèvera la voix dans la nuit noire.
Riez, bourreaux bouffons !
Quelqu'un te vengera, pauvre France abattue,
Ma mère ! et l'on verra la parole qui tue
Sortir des cieux profonds !

Ces gueux, pires brigands que ceux des vieilles races,
Rongeant le pauvre peuple avec leurs dents voraces,
Sans pitié, sans merci,
Vils, n'ayant pas de cœur, mais ayant deux visages,
Disent : - Bah ! le poète ! il est dans les nuages ! -
Soit. Le tonnerre aussi.

Le 19 janvier 1853.
Les sots sont un peuple nombreux,
Trouvant toutes choses faciles :
Il faut le leur passer, souvent ils sont heureux ;
Grand motif de se croire habiles.
Un âne, en broutant ses chardons,
Regardait un pasteur jouant, sous le feuillage,
D'une flûte dont les doux sons
Attiraient et charmaient les bergers du bocage.
Cet âne mécontent disait : ce monde est fou !
Les voilà tous, bouche béante,
Admirant un grand sot qui sue et se tourmente
À souffler dans un petit trou.
C'est par de tels efforts qu'on parvient à leur plaire,
Tandis que moi... suffit... allons-nous-en d'ici,
Car je me sens trop en colère.
Notre âne, en raisonnant ainsi,
Avance quelques pas, lorsque sur la fougère
Une flûte oubliée en ces champêtres lieux
Par quelque pasteur amoureux
Se trouve sous ses pieds. Notre âne se redresse,
Sur elle de côté fixe ses deux gros yeux ;
Une oreille en avant, lentement il se baisse,
Applique son naseau sur le pauvre instrument,
Et souffle tant qu'il peut. ô hasard incroyable !
Il en sort un son agréable.
L'âne se croit un grand talent,
Et tout joyeux s'écrie en faisant la culbute :
Eh ! Je joue aussi de la flûte !
xxMinuit ! l'année expire ; et l'année est éclose.
Une reine nouvelle entre dans l'univers :
Reine enfant, dans ses mains que de hochets divers !
Que son sceptre est léger sur l'enfant qui repose !
Je voudrais l'être encor pour te voir plus longtemps,
Pour sentir ton berceau près de ma frêle vie,
Pour enchaîner ma trame à tes premiers instants,
Pour être de toi seul et charmée et suivie !
Au doux frémissement dont l'air est agité,
Aux ardentes lueurs que la lampe a jeté,
On dirait que le ciel entr'ouvre ma demeure ;
La jeune Année y tinte ; et, d'un vœu tourmenté,
Tu reviens avec moi goûter sa première heure !
D'une aile palpitante elle étend les ressorts ;
Ses jours, déjà comptés, couvent sous sa ceinture.
Qu'ils soient riches de fleurs, nos faciles trésors,
Nos parfums, seul encens dont j'aime la culture !

Après tant de contrainte, ô toi qui m'es rendu,
Dans le désordre heureux de la foule écoulée,
Que ta ruse est charmante ! et que j'en suis troublée !
Minuit nous frappe ensemble, et je n'ai rien perdu !
J'enlace dans tes bras à la fois deux années ;
Une chaîne de plus serre nos destinées !
Quel bonheur ! je la vois naître dans ton regard :
En l'écoutant venir tes vœux m'ont embrasée ;
J'ai salué du cœur ta rêveuse pensée ;
Et la force me manque à te dire : Il est ****.

Il n'est pas **** : Minuit ! Le timbre vibre encore ;
Écoute : c'est l'adieu d'un si doux souvenir !
Écoute : c'est l'espoir d'un si doux avenir !
Du temps pour les cœurs purs que la voix est sonore !
Comme il est plein d'amour en passant près de toi !
Il compte nos soupirs... Entends-tu comme moi ?
Ce qu'il t'a révélé voudras-tu me l'apprendre ?
Oui, viens ! d'autres que toi ne me font rien comprendre.
On croit mes jours troublés d'un triste égarement,
Et tu les as comblés d'espérance et de joie ;
Mais, pour oser répandre un si cher sentiment,
Il faut que je te parle, il faut que je te voie.
Dans tes bras je sais tout ; et demain tu viendras ;
Laisse-moi donc ce soir me sauver de tes bras.
Quand je t'attends, demain, c'est le nom de la vie ;
C'est le ciel sans mourir ; et tu réponds : Demain !
Tes yeux parlent sur moi, ta main est dans ma main ;
Ne promets rien de plus à mon âme ravie.
Que demander ? J'existe et j'aime ! Ah ! sans remord,
Reprends... si tu le peux, ton âme trop charmée :
Que faire d'un serment quand on se sent aimée ?
Quand on cesse de l'être, empêche-t-il la mort ?

Du feu de tes baisers ne sèche pas mes larmes :
Je te la dois cette heure où nous vivons tout bas :
Je ne donnerais pas ses furtives alarmes
Pour l'éternité même où tu ne serais pas,
Ne promets rien de plus ; forte est la destinée !
Va chercher le repos, il n'est pas en ce lieu ;
Va ! nous n'arrêtons pas la diligente année,
Par nos semblants d'adieux qui prolongent l'adieu.
Aime-la ! que demain sa couronne éphémère
Touche tes yeux fermés sous son premier sommeil !
Qu'elle apporte à ton cœur, dans le plus frais réveil,
Un souvenir d'enfance, un baiser de ta mère !
Ta mère ! et puis ta gloire ; et puis pas un regret.
Moi, si je n'ai plus d'heure à cette heure pareille,
Que son doux souvenir, penché vers mon oreille,
Jusqu'à mon dernier jour m'en reparle en secret !

Me voilà seule : il marche au pied de ma croisée ;
Comme un flambeau, sur lui, la lune s'est posée ;
Elle éclaire ses pas qu'il poursuit lentement :
Les bras tendus vers moi j'ai vu glisser son ombre.
Quelle nuit ! l'amour même enchante l'hiver sombre ;
Et l'heure qui s'oublie escorte mon amant !

Jeune Année ! aujourd'hui ne lui dis rien d'austère ;
Flatte-le de ma vie : il craint la mort pour moi,
Dis que pas un roseau ne tombera sous toi ;
Promets-lui... tous les biens qu'il souhaite à la terre,
Dis qu'un timbre éclatant, sur notre âge arrêté,
Frappera dans ton cours son âme généreuse ;
Dis que ton sein, fécond pour sa jeunesse heureuse,
Enfantera la liberté !

Je suis seule... et c'est Dieu qui juge la prière !
L'ingrat ! il n'a pensé qu'à moi seule aujourd'hui !
Dieu ! je voudrais vers vous remonter la première,
Pour vous la demander, et l'envoyer vers lui !
NGANGO HONORÉ Jun 2021
Nos pères nos Héros
Pour eux, ne soyons pas des zéros

On se plaint souvent que les exemples et les exercices sont plus faciles que les devoirs de maison et les épreuves à l'examen

Avec nos papas, c'est différent
Ils affrontent la vie à manches retroussées
Sans gangs, ils boxent
Tout ça pour nous offrir des gangs quand nous seront dans le ring
Et les protège-dents qu'ils n'ont pas eu


Dans le froid
Sous un soleil ardent
Dans une pluie torrentielle
Il continuent de travailler et de bosser dur
Leurs seuls boucliers qu'ils ont contre les  intempéries de mère nature c'est notre amour et notre l'affection
Leur cœur est la machine la plus robuste carburé à l'amour qu'il ont pour nous


Même quand les médecins les imposent le repos 
Ils n'arrivent pas à se reposer si on manque le nécessaire


Nos papas sont nos premiers modèle de succès
Ils ne nous cachent pas leurs erreurs
Nos tremplins pour le succès
Leur assiduité
Leur volonté
Leur minutieuxité et
Leur détermination
doivent être notre inspiration

Ce n'est pas Parcequ'Ils n'ont pas des bibliographies dans les "best-sellers"
Que nous devons les dévaloriser
En fait, ils partagent leur expérience avec nous,
Pour que nous les partageons avec le reste du monde

Nos papas ne sont pas une mesure de ce qu'il ont
Mais de ce qu'ils sont
Dites moi si vous voulez la suite

— The End —