Ce matin Décébale, ton petit diablotin,
Ton filleul, boude
Et refuse obstinément de chanter
Pour sa muse !
Il boude et fait le gros dos.
Son chant royal, nu et sincère
A failli ne pas planer, majestueux,
Comme à son habitude
Comme une étoile à l 'orient
Au creux de ta nuque.
J 'ai dû le raisonner, tu sais !
Il est têtu comme une mule !
Ce n'est pas qu'il soit fatigué ni triste
C'est qu'il sait que le cri strident
Des marjolaines qu'il a plantées en toi
Au tréfonds de tes sabots dondaine
Te bouleverse dans ta chair
Et fait que ta sève s'évapore en nuages
Qui s'amoncellent et se déversent
En ruisseaux de grêle.
J 'ai beau lui dire de se dresser sur ses sabots dondaine
Ce n 'est plus le fils du roi
Ni l'un des fringants trois capitaines
L'oiseau ne bande plus !
J 'ai beau lui dire de se dresser sur ses ergots
Et de fredonner la chanson qui te ressemble
La chanson royale, nue et sincère
Monsieur boude.
Au creux de ta nuque.
il s'est à ma demande agenouillé devant ton icone
Auprès de la fenêtre
Et la crête basse il a prié
Lui dont le bec ne picore guère que le vide des rêves de Dieu.
C 'est sans doute dû à l'orage
Ne dramatisons pas
Bientôt le soleil noir de tes yeux
Ravivera sa flamme
Le couvera de ta lumière ludique
Et son chant strident pénétrera
Comme un vin gouleyant
Ton sourire cajoleur de lynx
De ses flèches musicales et parfumées.
Marraine ? Ton filleul me prie de te soumettre
Le menu de la grasse matinée :
Jus de mangue et coco. Oeufs en cocotte
Et plus si affinités.
Présente-toi à la table nuptiale
Royale, nue et sincère
Ce dimanche il sera sur son trente-et-un
Royal, nu et sincère
Dans son habit de bal
Pour te proposer une valse à distance
Sur une sonate d'amitié de foi et de raison.
Il t'envoie ses humbles câlynx à la puissance 10
Avec accent circonflexe
Partout partout, a-t-il insisté, et nulle part ailleurs
Plantons, te fait-il dire, un pied de marjolaine dans le creux de nos plaines
S 'il fleurit tu seras reine
Et s'il meurt
Tu y perdras ta peine
Oh oh oh avec mes sabots.