Submit your work, meet writers and drop the ads. Become a member
Mon triste coeur bave à la poupe,
Mon coeur couvert de caporal :
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste coeur bave à la poupe :
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire général,
Mon triste coeur bave à la poupe,
Mon coeur couvert de caporal !

Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs quolibets l'ont dépravé !
Au gouvernail on voit des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques.
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon coeur, qu'il soit lavé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs quolibets l'ont dépravé !

Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô coeur volé ?
Ce seront des hoquets bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques :
J'aurai des sursauts stomachiques,
Moi, si mon coeur est ravalé :
Quand ils auront tari leurs chiques
Comment agir, ô coeur volé ?
I


La fuite est verdâtre et rose

Des collines et des rampes,

Dans un demi-jour de lampes

Qui vient brouiller toute chose.


L'or sur les humbles abîmes,

Tout doucement s'ensanglante,

Des petits arbres sans cimes,

Où quelque oiseau faible chante.


Triste à peine tant s'effacent

Ces apparences d'automne.

Toutes mes langueurs rêvassent,

Que berce l'air monotone.


II


L'allée est sans fin

Sous le ciel, divin

D'être pâle ainsi !

Sais-tu qu'on serait

Bien sous le secret

De ces arbres-ci ?


Des messieurs bien mis,

Sans nul doute amis

Des Royers-Collards,

Vont vers le château.

J'estimerais beau

D'être ces vieillards.


Le château, tout blanc

Avec, à son flanc,

Le soleil couché,

Les champs à l'entour...

Oh ! que notre amour

N'est-il là niché !


Estaminet du Jeune Renard, août 1872.
Mon triste cœur bave à la poupe...
Mon cœur est plein de caporal !
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe...
Sous les quolibets de la troupe
Qui lance un rire général,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur est plein de caporal !

Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l'ont dépravé ;
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques,
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l'ont dépravé !

Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé ?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques
J'aurai des sursauts stomachiques :
Si mon cœur triste est ravalé !
Quand ils auront tari leurs chiques
Comment agir, ô cœur volé ?

Mai 1871.
À travers la forêt de folles arabesques

Que le doigt du sommeil trace au mur de mes nuits,

Je vis, comme l'on voit les Fortunes des fresques,

Un jeune homme penché sur la bouche d'un puits.


Il jetait, par grands tas, dans cette gueule noire

Perles et diamants, rubis et sequins d'or,

Pour faire arriver l'eau jusqu'à sa lèvre, et boire ;

Mais le flot flagellé ne montait pas encore.


Hélas ! Que d'imprudents s'en vont aux puits, sans corde,

Sans urne pour puiser le cristal souterrain,

Enfouir leur trésor afin que l'eau déborde,

Comme fit le corbeau dans le vase d'airain !


Hélas ! Et qui n'a pas, épris de quelque femme,

Pour faire monter l'eau du divin sentiment,

Jeté l'or de son cœur au puits sans fond d'une âme,

Sur l'abîme muet penché stupidement !
Mon triste coeur bave à la poupe,
Mon coeur couvert de caporal :
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste coeur bave à la poupe :
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire général,
Mon triste coeur bave à la poupe,
Mon coeur couvert de caporal !

Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs quolibets l'ont dépravé !
Au gouvernail on voit des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques.
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon coeur, qu'il soit lavé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs quolibets l'ont dépravé !

Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô coeur volé ?
Ce seront des hoquets bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques :
J'aurai des sursauts stomachiques,
Moi, si mon coeur est ravalé :
Quand ils auront tari leurs chiques
Comment agir, ô coeur volé ?
Mon triste cœur bave à la poupe...
Mon cœur est plein de caporal !
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe...
Sous les quolibets de la troupe
Qui lance un rire général,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur est plein de caporal !

Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l'ont dépravé ;
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques,
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l'ont dépravé !

Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé ?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques
J'aurai des sursauts stomachiques :
Si mon cœur triste est ravalé !
Quand ils auront tari leurs chiques
Comment agir, ô cœur volé ?

Mai 1871.

— The End —