Cette ville écrasée sous les signaux hallucinés De commerces blindés et de business débridé Jonchée des ordures mentales et des pourritures verbales, à grignoté cet espace comme un rat patriarcal
Hantés par les chimères implantées au scalpel Qui s’éclipsent dans un râle à chaque fois qu’on se réveille Sur des trottoirs miteux qu'on arpente avec peine Avec la boue sous nos pieds, et la crasse dans nos veines
On a plié sous le poids de ce que la ville nous a privé. Dans les formes sa nuit odorante et gluante Influencés par les gangs d'une valeur anarchisante Et plongés en abimes au fond de cette nuit sanguine
On voudrait tout rejouer, vacillant, comme le phare Qui contemple, hagard, la ruée des cafards Et dans un dernier effort pour nous hypnotiser, La ville nous livre en pâture aux chiens carbonisés
Le tintement des coupes dans la brume artificielle Neutralise les rampants de cette tour de Babel Et les sons du stylos sur papier parano Sont remplacés par les cris des couteaux tranchant la peau
Et la chair et les os Et du sang et des larmes Du vacarme infernal Des détonations cérébrales Des entrailles putréfiées Jailli un souffle empoisonné Et nous restons médusé Par l'absence d'humanité
Les rues scintillantes Éclairées par la tété La lueur violente Des bouches noircies et enfumées Les grouillants salissants Anonymes agonisants Des cris que personne n’entend, Des invisibles que personne ne défend
Figé comme crétin qui de colère crispe les poings Étranger parmi les siens humilié comme un larbin On reste allongés dans la poussière face contre terre Mais on reste assuré que notre rage est salutaire
Déjà ça tremble sous les pieds des biens pensants Déjà ça grogne aux oreilles des bienveillants Alors on reste là à observer impunément Des remparts occultants qui se fissurent singulièrement
Et du fond des cimetières revient une herbe un peu plus verte Et du fond des ghettos un asticot rejoint la secte De ceux qui croulent sous la promesse d'une existence Qui maintiendra leur cerveau dans un état de complaisance
Mais on sait qu’un jour, notre printemps reviendra Et on sait qu’un jour la chaleur nous stimulera Et la lumière brillera pour tous les anges et les salauds Et elle consumera tous les faisans et collabo
Et ils sentiront toute la menace des renégats Et ils comprendront que c'en est fini ici-bas Et ils trembleront devant la détermination De ceux qui n'ont rien a perdre armés de pierres et de bâtons
Enfin on pourra se tirer Briser les chaines a nos poignets Et on pourra se libérer De la douleur et de la fièvre Finis les temps répréhensifs Emplis de ténèbres et de peines On cherchera la saveur Et le parfum des jours meilleurs
Mais y'a personne aux commandes Et dans une crise d'indifférence On supprimera de nos états Le ciment de paranoïa Et on pourra s'envoler Vers une idée de liberté Et on pourra se reposer Car on n'est pas fait pour vivre de cauchemars et de haine