En vertu des pouvoirs qui leur sont conférés Les muses réunies en conclave extraordinaire Sous le très haut patronage de la révérende muse Dérébénale M'ont défait chevalier de la Calypso Baron du Tiers-Ordre de l'Impénétrable Avec pour mission expresse la Jouissance plénière De l'Obéissance et de la Chasteté. Ainsi investi de Toute Puissance J'ai usé abusé de mes prérogatives Pour adouber de mes oxymores La virginité froissée des muses désabusées. Or de même que ce n'est pas le bonheur Mais la quête du bonheur qui nous vivifie C'est non pas l'orgasme mais la quête de l'orgasme qui sanctifie les muses. Les muses ne connaissent ni frustration Ni dégoût ni appétence particulière. Les muses ont toujours envie Et offrent tous leurs orifices avides à l'exploration, Au boire et au manger Des poètes maudits. C'est sans peur et sans reproches Qu'elles cèdent et rient aux éclats Sous les coups de boutoir des mots Qui giclent au fond de leur labyrinthe Et qui les fertilisent et les parfument De leur piment infiniment précieux. Les muses sont des hydres gourmandes À la fois clitoridiennes, anales Buccales, vaginales, lustrales, Visuelles, olfactives, auditives Et zygomatiques Et c'est en cela qu'elles sont en même temps inverties Tendres et cruelles En dedans et en dehors d'elles mêmes Fatalement soumises à la passion Et hystériquement libérées Par effraction symbolique.