J'ai Goûté Ta Myrtille, Ta juteuse brindille Bleue violacée et sauvage. J'ai Goûté ta baie obscure À la peau entre cire et argile. Je l'ai longuement goûtée. Elle me toisait, effrontée Et je me suis imprégnée Malgré moi dans la lecture avide De son poivre et de sa solitude. C'était comme un sirop d'ermite Qui egrenait en moi Ses grains de chapelet Et j'explorais tes saveurs Et je te dégustais en confiture Car tu es digestive En tisane Car tu es antihémorragique En eau de vie Car tu es astringente En vin Car tu es antiseptique En liqueur Car tu es antiputride En beignets, en clafoutis, en muffin Car tu es diurétique Je me faufilais entre ton sacré et ton profane Tandis que tu t'insinuais dans ma chair Et que ta sauce philosophale Parfumait délicatement le gibier poétique Qui te poursuivait Dans l'arrière-train Qui te menait vers notre nuit bengali.