Dans la féminité brûlante et vélaire Des talons hauts des dimanches De mon ingénue libertine apicale J'essaie entre les tons montants et descendants de Carmina De circonscrire les hauts et les bas De l'empreinte palatale Qui sépare la plume de l'os. Je deviens fou phonétiquement. Mon corps exulte entre soprano et alto. Je ne comprends pas les mots Mais je saisis la différence de parfum Entre labiodentales et bilabiales Quand en mina dans le texte de Carmina Elle m'allaite de ses voyelles crues et consonnes de feu sourdes et sonores :
"Ce qui fait circoncire le cheval Se trouve dans le ventre du cheval"
Je convoque alors mon sélénium et mon chrome Lentement accumulé D'occlusives, de fricatives, de nasales, De continues et de vibrantes. Je convoque la phonétique nue et la phonologie brutale Et même le va et vient de la psychogénéalogie Sans oublier le fantasme de Jeanne Moreau et l'onirisme d'Angélique Kidjo Mais seuls peuvent comprendre Dans le lait caillé Les pouliches nées le dimanche Les jeunes poulains nés eux-mêmes le dimanche Et je suis né caïman un jeudi Et je m'interroge : " Ce qui fait circoncire le caïman Se trouve dans le ventre du caïman ?"