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Aug 2019
"L'arpenteur mesure la distance d'un point inaccessible en le visant tour à tour de deux points auxquels il a accès. "

Henri Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion,1932, p. 263.

Je t'écris ce poème, ma soeur d'armes

avant qu'il ne soit trop ****

pour que la guerre inéluctable qui se prépare

Ne débouche pas sur le combat nocturne fratricide.

Je t'écris pour que tu choisisses les termes

De l'armistice que nous devrons chaque nuit signer

Au bout de nos campagnes et de nos expéditions

Dans l'outre-reins de nos ombres.

Je t'écris, ma soeur d'armes

Pour que tu laisses de coté à l'entrée du cirque des ébats

ton armure et ta cotte de mailles

Ton hauban et ton écu,

et jusqu'à ton fier destrier de fantaisie.

J'ai moi même abandonné à l'entrée du cirque

mon épée factice dans son fourreau.

Pour le combat singulier qui s'annonce

en épée de Damoclès au dessus de nos sens

Durandal ne sera pas invité. Laissons-le au repos.

Il aura son heure au son du clairon.

C'est mou et désarticulé que je me présenterai

devant les quelques arpents de tes Eaux

Pour leur présenter mes hommages

en te guerroyant ma gladiatrice, d'égal à égal,

nu comme toi, à armes égales

pour ce combat nocturne, sans foi ni loi,

où nul vainqueur ne sera proclamé.

Je ne suis pas comme tu t'imagines peut-être

Un foudre de guerre

Mais il faut dit-on préparer la guerre pour avoir la paix.

Quelle guerre ? Quelle Paix ?

La Paix des Braves , la Guerre des boutons ?

La Paix des corps ? La guerre des Sexes ?

Je me présenterai à toi arpenteur aux yeux bandés !

Je sais que tu aimes ce mot ! Je dirais plus : Tu le vénères !

Je banderai donc des yeux

et c'est les yeux exorbités donc

qu'assermenté je t'arpenterai.

Souffre que je commence non pas par l'évidence mais par l'absence.

Tu te présenteras à moi de dos et de **** dans la mire

je verrai la frontière qui sépare

Le cou de la nuque

et c'est là sur cette ligne d'horizon

que je placerai mon premier voyant,

ma première botte à distance.

Ce ne sera pas un coup de dague ni d'épée

mais il te transpercera de son acuité,

de sa précision géométrique

droit dans le mille, comme le regard plongeant de l'épervier

au-dessus des flots en quête de chair et d'iode.

Je ferai de ta nuque jaillir des perroquets volants étincelants de lumière nacrée

et ton épaule se transformera en épuisette qui recueillera notre pêche miraculeuse.

De mes yeux bandés, un faisceau de lumière

jaillira de la nuit et plongera

dans la raie de ton dos

créant dans son sillage

toute une constellation de plumes chatoyantes

qui crieront ton nom, déclineront ta conjugaison

Au douze temps du Verbe.

Mes yeux bandés partiront alors en reconnaissance.

De leur décamètre, de leur niveau d'eau,

De leur boussole de leur graphomètre

Ils dresseront en bons et loyaux arpenteurs

la topographie des pitons inaccessibles.

Les Failles . Les Crevasses. Les Fissures. Les Marais.

Les Mornes. Les Plages. Les Ecueils. Les Soufrières.

Le Paysage aux cent visages de nos Ebats.
Written by
Cyclone Wolfok Baltimore  66/M/France
(66/M/France)   
213
 
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