J'ai l'esprit tout ennuyé D'avoir trop étudié Les phénomènes d'Arate ; Il est temps que je m'ébatte Et que j'aille aux champs jouer. Bons Dieux ! qui voudrait louer Ceux qui collés sur un livre, N'ont jamais souci de vivre ?
Que nous sert l'étudier, Sinon de nous ennuyer ? Et soin dessus soin accroître À nous, qui serons peut-être Ou ce matin ou ce soir Victime de l'Orque noir ? De l'Orque qui ne pardonne, Tant il est fier, à personne.
Corydon, marche devant ; Sache où le bon vin se vend ; Fais rafraîchir ma bouteille, Cherche une feuilleuse treille Et des fleurs pour me coucher. Ne m'achète point de chair, Car tant soit-elle friande, L'été je hais la viande ;
Achète des abricots, Des pompons (1), des artichauts, Des fraises et de la crème C'est en été ce que j'aime, Quand sur le bord d'un ruisseau, Je les mange au bruit de l'eau, Etendu sur le rivage, Ou dans un antre sauvage.
Alors que je suis dispo, Je veux rire sans repos, De peur que la maladie Un de ces jours ne me dit, Je t'ai maintenant vaincu : "Meurs, galant, c'est trop vécu !"