Ce fut un jour pareil à ce beau jour Que, pour tout perdre, incendiait l'amour !
C'était un jour de charité divine Où dans l'air bleu l'éternité chemine ; Où dérobée à son poids étouffant La terre joue et redevient enfant ; C'était partout comme un baiser de mère, Long rêve errant dans une heure éphémère ; Heure d'oiseaux, de parfums, de soleil, D'oubli de tout... hors du bien sans pareil.
Nous étions deux !... C'est trop d'un quand on aime Pour se garder... Hélas ! nous étions deux. Pas un témoin qui sauve de soi-même ! Jamais au monde on n'eut plus besoin d'eux Que nous l'avions ! Lui, trop près de mon âme, Avec son âme éblouissait mes yeux ; J'étais aveugle à cette double flamme, Et j'y vis trop quand je revis les cieux.
Pour me sauver, j'étais trop peu savante ; Pour l'oublier... je suis encor vivante !
C'était un jour pareil à ce beau jour Que, pour tout perdre, incendiait l'amour !