Quand je ne te vois pas, le temps m'accable, et l'heure A je ne sais quel poids impossible à porter. Je sens languir mon cœur, qui cherche à me quitter, Et ma tête se penche, et je souffre et je pleure.
Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir, Je tressaille, j'écoute... et j'espère immobile ; Et l'on dirait que Dieu touche un roseau débile ; Et moi, tout moi répond : Dieu ! faites-le venir !
Quand sur tes traits charmants j'arrête ma pensée, Tous mes traits sont empreints de crainte et de bonheur ; J'ai froid dans mes cheveux ; ma vie est oppressée, Et ton nom, tout à coup, s'échappe de mon cœur.
Quand c'est toi-même, enfin ! quand j'ai cessé d'attendre, Tremblante, je me sauve en te tendant les bras : Je n'ose te parler, et j'ai peur de t'entendre ; Mais tu cherches mon âme, et toi seul l'obtiendras !
Suis-je une sœur tardive à tes vœux accordée ? Es-tu l'ombre promise à mes timides pas ? Mais je me sens frémir : moi, ta sœur ! quelle idée ! Toi, mon frère !... ô terreur ! Dis que tu ne l'es pas !