Mon saint amour ! Mon cher devoir ! Si Dieu m'accordait de te voir, Ton logis fût-il pauvre et noir, Trop tendre pour être peureuse, Emportant ma chaîne amoureuse, Sais-tu bien qui serait heureuse ?
C'est moi. Pardonnant aux méchants, Vois-tu ! Les mille oiseaux des champs N'auraient mes ailes ni mes chants ! Pour te rapprendre le bonheur, Sans guide, sans haine, sans peur, J'irais m'abattre sur ton coeur, Ou mourir de joie à ta porte. Ah ! Si vers toi Dieu me remporte, Vivre ou mourir pour toi, qu'importe ?
Mais non ! Rendue à ton amour, Vois-tu ! Je ne perdrais le jour Qu'après l'étreinte du retour. C'est un rêve ! Il en faut ainsi Pour traverser un long souci. C'est mon coeur qui bat : le voici, Il monte à toi comme une flamme ! Partage ce rêve, ô mon âme ! C'est une prière de femme, C'est mon souffle en ce triste lieu, C'est le ciel depuis notre adieu : Prends ! Car c'est ma croyance en Dieu !