Quand je touche rêveuse à ces feuilles sonores D'où montent les parfums des divines amphores, Prise par tout mon corps d'un long tressaillement, Je m'incline, et j'écoute avec saisissement. Ô fièvre poétique ! ô sainte maladie ! Ô jeunesse éternelle ! ô vaste mélodie ! Voix limpide et profonde ! Invisible instrument ! Nid d'abeille enfermé dans un livre charmant ! Trésor tombé des mains du meilleur de mes frères ! Doux Memnon ! Chaste ami de mes tendres misères, Chantez, nourrissez-moi d'impérissable miel ; Car je suis indigente à me nourrir moi-même ! Source fraîche, ouvrez-vous à ma douleur suprême Et m'aidez, par ce monde, à retrouver mon ciel !